La Tour d'Ivoire - Tome 4

By mmancassola

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La Nation d'Argent a enfin retrouvé sa légendaire princesse perdue, Era se découvre alors une autre famille... More

Tome 4
Prologue
✏️ Fan Art 1 - Morgan
✏️ Fan art 2 - Sofian
Terre natale - Partie I
✏️ Fan art 3 - Seth
✏️ Fan art 4 - Gabriel
Terre natale - Partie II
La Flamme blanche - Partie I
La flamme blanche - Partie II
Le secret de la reine
Traitres
Lysandre - Partie I
👉🏻 Ceci n'est pas un chapitre 👈🏻
Sans Nation
Abandonnés
Le ciel et la terre - Partie I
Le ciel et la terre - Partie II
Adieu - Partie I
Adieu - Partie II
Iris Dolora
La part du Diamant
Rencontre - Partie I
Rencontre - Partie II
Elvira de la Nation de Diamant - Partie I
Elvira de la Nation de Diamant - Partie II
Anna Eléazar
Les Joyaux d'Emeraude
Le retour du roi
Les dieux de jadis - Partie I
Les dieux de jadis - Partie II
La reine noire
Au son du passé
Les Ombres des sables

Lysandre - Partie II

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By mmancassola

« Et je tirais sur le temps, essayant de rattraper ce qui était
perdu, modelant mon présent pour consoler la petite fille que je n'étais plus depuis longtemps déjà. »

MM

-Alors... murmurai-je, un peu gênée de la couper. Déjà à l'époque il avait ce genre d'idéaux ?

Trop absorbée par ses souvenirs, Lyria ne s'offusqua pas de mon interruption.

-Oui. Il a très vite compris qu'en travaillant pour la Tour, ce n'était pas que les autres Nations que nous trahissions, mais nos propres valeurs, notre propre peuple. Notre terre.

-Et les gens le soutenaient ? demandai-je.

-Les gens l'ont toujours soutenu. Ils auraient fait n'importe quoi pour lui. L'aura qu'il dégageait était exceptionnelle.

-T'aimait-il aussi ? demanda Lysandre.

Elle soupira.

-Je ne l'ai jamais su. Il était doux, bon et attentif avec moi. Un mari et un père idéals. Je croyais qu'il m'aimait, même si notre mariage était un mariage de raison, même s'il ne m'avait jamais véritablement fait part de ses sentiments à mon égard. Je voulais être à ses côtés, je voulais être reine, sa reine, dans le monde qu'il, que nous avions, imaginé. Puis la délégation Ivoirienne est arrivée. La raison de cette venue était simple : Alcibiade comptait en profiter pour couper net tout lien avec eux. C'était dangereux, insensé pour certains, mais courageux. Nous avions tous accepté de prendre le risque. Les jours qui ont suivi l'arrivée de la délégation, j'ai compris que je n'avais jamais été la femme de la vie d'Alcibiade.

Elle fit une pause et posa à nouveau les yeux sur moi. Je sentis une tension naitre chez Augustine et Lysandre. Mais pour une fois, Lyria me regardait sans aucune animosité.

-Tu lui ressembles beaucoup. À ta mère. À Maria. Tout comme toi Lysandre.... Ça n'a pas été évident de contempler tous les jours le visage de la femme que l'homme que j'aimais avait aimé plus que tout. Maria Eléazar, outre sa beauté, était d'une intelligence remarquable, et tout comme Alcibiade, elle rêvait d'autre chose, d'un autre monde. Moi, je n'ai jamais réussi à imaginer un monde différent, j'ai simplement été séduit par celui d'Alcibiade. Je me suis battue pour son monde, mais je n'avais pas ce que mon mari et Maria avaient ; un esprit plus libre, un esprit différent. En y repensant, ils étaient certainement faits l'un pour l'autre. Seulement, Alcibiade m'avait épousé lorsqu'il avait 18, je lui ai donné un enfant un an plus tard, et Maria n'était qu'une étrangère, dirigeante d'une des familles fondatrices d'une Nation que nous haïssions, qui nous asservissait et dont nous voulions nous défaire. Mais il l'aimait malgré tout, et elle aussi.

Sa voix était claire, maitrisée, mais je remarquais la tension dans ses épaules, le tic nerveux au coin de sa lèvre. Elle souffrait, encore maintenant, des années après.

-Et nous ? demanda Lysandre. Comment ont-ils pu être aussi imprudents ?

Lyria eut un faible sourire.

-Alcibiade et Maria n'étaient pas imprudents. Si vous êtes là, c'est parce qu'ils le voulaient.

Pour ma part, je jugeais cela imprudent. Comment mes parents ont-ils pu croire que l'enfant d'un Argent et d'une Ivoirienne aurait une vie normale, paisible ? Comment ont-ils pu faire courir un tel risque à leur enfant et mettre en danger leur peuple respectif, par la même occasion ?

-Ils s'aimaient. Cela ne s'explique pas. Il n'y a pas de logique à chercher, ajouta-t-elle d'un ton sec.

-Mais vous avez accepté d'élever l'enfant de Maria, soufflai-je.

Lyria releva la tête d'un air digne.

-Évidemment. Je suis une reine, la jalousie ou autres sentiments destructeurs n'a rien à faire dans ma vie ou dans mon règne. J'aimais Alcibiade, assez pour élever l'enfant d'une autre.

Elle regarda Lysandre.

-Je t'ai élevé et aimé comme mon propre fils. Tu es mon fils.

Lysandre soutint son regard quelques minutes puis détourna les yeux.

-Alors cela veut dire que j'ai ... (Lysandre s'arrêta, cherchant ses mots.) Un autre demi-frère et une demi-sœur.

-Azel et Arianna Eléazar, oui. Mais.... (Ma voix se brisa.) Arianna a été assassiné il y a quelques jours...

-Qui ?

La voix d'Augustin était un bloc de glace. Je compris tout de suite le sens de sa question.

-Melech Malkam.

-Qui est mort à présent, n'est-ce pas ? demanda Lyria.

Ayaan et Azel n'avaient donc pas perdu leur temps à prévenir la Terre entière que la Tour avait de nouveaux maitres.

Je hochai la tête.

-Oui. J'y étais.

-Comment sont-ils ? Azel et Arianna ?

C'était Lysandre, évidemment.

Ses yeux violets étaient fixés sur moi. En quête de réponses, de soutiens, d'aide.

-Arianna était merveilleuse, courageuse et forte. Comme devait surement l'être Alcibiade, notre... père. Elle avait les mêmes yeux que Maria...

Je ne savais pas pourquoi j'avais ajouté cette dernière anecdote, peut-être parce que bien après sa mort – ou sa prétendue mort plutôt – c'était un détail qui m'était resté.

-Un brun profond, compléta Lyria, perdue dans ses pensées.

Je n'étais visiblement pas la seule à avoir été marquée par ce détail.

-Oui... Quant à Azel... Je crains qu'il ne faille rien espérer de lui. Il est aussi vil et cruel que Melech et Ayaan.

Lysandre garda le silence, il contemplait ses mains sans un mot.

Je constatais que sa mère et son frère l'observaient du coin de l'œil, inquiets. Ils l'aimaient. Vraiment. Cela me soulagea de savoir que mon frère avait été aimé durant son enfance, qu'il avait grandi entouré et protégé. Nous n'avions visiblement pas eu la même vie. La seule chose que nous avions en commun était que nous avions grandi dans une famille royale, privilégiée et soumis aux codes stricts de la haute société. Et il savait certainement se battre bien mieux que moi, ce qui enleva une pierre de plus à la montagne de craintes qui s'était accumulée dans mon cœur le concernant.

-Cela veut dire qu'Era peut aussi accéder au trône d'Argent, n'est-ce pas ? demanda soudain Lysandre.

Augustin et Lyria se figèrent. Les épaules de la reine se raidirent tandis qu'Augustin posa sur moi ses yeux clairs. Pensif, il m'observait.

-En effet, mais votre père ne savait pas qu'elle ne serait pas élevée en Nation d'Argent. Elle reste une étrangère. Je ne pense pas qu'il aurait aimé qu'une Ivoirienne trône dans la salle des Pensées, cingla Lyria.

La salle des Pensées. La salle du trône, sans doute.

-Notre père a pourtant été clair, Varok confirmera : ces trois enfants sont susceptibles d'occuper le trône. C'est un droit qu'Era possède tout autant que nous, ajouta Lysandre.

-Certes, fit Lyria, mais Era est déjà princesse, et depuis qu'Ayaan Malkam est arrivé au pouvoir, elle est même devenue reine. Pense à la succession, c'est le fils d'Ayaan Malkam en personne qui règnerait un jour sur notre Nation, c'est tout simplement impensable !

-Elle s'est enfuie ! explosa soudain Lysandre. Elle n'est plus princesse ni reine d'Ivoire. Elle est Argent, tout comme nous.

-Je ne vois rien qui empêcherait Era d'accéder au trône, dit finalement Augustin.

Le silence qui s'ensuivit fut total.

-C'est une Astréa, poursuivit-il, fille d'Alcibiade Astréa, et ce dernier a été clair concernant sa succession. En attendant que nous soyons tous en âge de régner, mère dirigera le pays. Puis Varok choisira parmi nous lequel selon lui sera le plus apte à régner.

Lyria regarda son fils ainé d'un œil perçant, mais ne contesta pas.

-Je ne souhaite pas de ce trône, dis-je finalement. Je ne suis pas une Argent. Je ne peux accepter.

-Tu es née et tu as grandi en Tour d'Ivoire. Ta mère est une Eléazar, mais jamais tu ne pourras nier que du sang Argent – du sang royal qui plus est - coule dans tes veines. Que tu le veuilles ou non, continua Augustin, une partie de toi appartient à ces lieux.

-De toute façon, elle est fiancée au Roi Émeraude, trancha Lyria. Elle ne peut devenir reine Émeraude et reine d'Argent.

La rumeur que nous avions diffusée pour me rendre intouchable était donc arrivée jusqu'en Nation d'Argent, voilà qui était intéressant et à notre avantage.

Augustin et Lysandre ne semblèrent pas surpris par la nouvelle. Ils savaient, mais peut-être pensaient-ils que je n'épouserais pas avec Seth pour pouvoir avoir une chance d'obtenir le trône d'Argent.

-C'est bien vrai ? me demanda Lyria en souriant.

-C'est exact.

Une pointe de culpabilité monta en moi en sachant que je mentais à nouveau à ceux qui comptaient pour moi. Je venais à peine de les rencontrer, et je mentais déjà à Augustin et Lysandre. Même si Seth et moi étions probablement ce qui se rapprochait le plus d'un couple, il n'était en rien question de mariage ou de trône. Je n'étais pas prête pour devenir reine. Je ne savais même pas si je le voulais vraiment, ou si je l'avais un jour voulu.

-Ça ne change rien, elle pourrait très bien rompre les fiançailles, insista Lysandre.

-Mais peut-être que ce n'est pas ce qu'elle veut... fit Augustin.

Tous les regards se tournèrent vers moi.

-Je maintiens mon engagement envers le Roi Émeraude.

-Parfait ! s'exclama Lyria, ravie. L'affaire est donc réglée.

-Non, tonna Augustin. Era concourra au trône, Varok pourra la choisir. Tant qu'elle n'aura pas épousé le Roi, elle sera prétendante au trône. Je ne reviendrai pas sur les dernières volontés de mon père.

Je voyais bien que cela avait de l'importance pour Augustin et Lysandre, alors je me contentai de hocher la tête.

-Très bien, si c'est que vous souhaitez, consentis-je.

-C'est ce qu'il souhaitait, corrigea Augustin. (Il se leva.) Pardonnez-moi, mais je vais devoir me retirer, le devoir m'appelle.

Il baissa la tête vers moi en signe de respect.

-Je suis très heureux de vous rencontrer, ma très chère sœur. Car c'est bien ce que vous êtes à présent, pour moi, une sœur. Au même titre que Lysandre est mon frère. Ça sera pour moi un plaisir de faire plus ample connaissance avec vous dans les prochains jours.

Je souris.

-Le plaisir est partagé, croyez-moi.

Il quitta la pièce, sa mère hésita puis finit par se lever et le suivre.

Je me retrouvai seule avec Lysandre, qui me dévorait des yeux.

-Je crois, ma sœur, que nous avons mille et une choses à nous dire.

Je lui pris la main.

-Je le crois aussi, mon frère.

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