Alison
Le lendemain de la soirée, le réveil sonne à la même heure. J'ai la chance de m'entraîner avec les trois garçons et avec les encouragements de Alyssa au fond de la salle.
Cette dernière sait bien cacher son savoir en combat. Avec son sourire et sa petite taille, toute son apparence nous montre son innocence et par conséquence sa faiblesse seulement imaginaire et hypothétique dans l'esprit des autres. Alyssa se faufile entre les jambes de ces adversaires d'une manière inhumaine qui devrait être interdite lors d'un combat. Sa petite taille et son visage d'ange nous permettent de la sous-estimer au premier abord puis elle nous envoie sont premier coup et cette image d'elle tombe en miette.
Elle me fait beaucoup sourire. Sa joie de vivre lui va bien et sa relation avec Luc me touche beaucoup. En une soirée, j'ai beaucoup appris sur eux, sans trop en dire sur moi.
Contrairement au Layme, qui m'avaient accueilli sans aucune envie de m'avoir avec eux, les Andrews, eux sont vachement plus accueillants et bienveillants avec moi. À leurs yeux, je suis leur sauveuse, celle qui va enfin les libérer. Je tente de ne pas trop penser à tout ce qui pourrait les décevoir, comme mon échec.
Alyssa, Luc et Noah sont quasiment de la même génération et ont tous les trois été entraînés en même temps. Noah, en étant un Andrews « pur-sang » a fini par s'entraîner de son côté. Les deux autres n'ont pas cessé de rester ensemble. Leur cohésion, leur confiance et le lien qui les unit pourraient faire de nombreux jaloux et j'en suis sûrement la première.
C'est quasiment la guerre autour d'eux et pourtant, ils sont tous là, heureux, réuni sous le même toit dans un seul et unique but de s'entraider et de s'aimer. Leur groupe est fabuleux et je comprends assez vite qu'il le reste, parce que Noah est en infiltration et que Ruben gère tout le reste pour eux.
Luc, Dan et Ruben, sont mes entraîneurs pour ce deuxième jour. Je me retrouve donc face à deux agresseurs et Ruben, toujours dans un coin, souligne la moindre de mes erreurs, et cela, toute la journée.
Je me retrouve avec des bleus énormes et des douleurs insupportables dans tous les membres à chaque pause.
Jamais j'aurais pensé qu'apprendre à attaquer quelqu'un de plus fort que moi, serait aussi difficile.
Dan reste toujours le plus attentionné à mon égard. Il ne mâche toujours pas ses coups face à moi, mais il tente constamment de m'apprendre comment le contrer. Bien sûr, bien après qu'il est réussi à me mettre à terre.
C'est lui qui se dévoue pour rester avec moi le soir dans le seul but de m'apprendre davantage. Je commence à devenir folle de ne jamais pourvoir les mettre à terre ou simplement de les attaquer sans moi-même me faire tomber.
Pour eux tous, c'est comme un talent inné.
Pour moi, les choses sont bien plus compliqués.
Dan n'avait pas tort en me parlant de ce groupe. Ils sont quasiment tous les enfants des Andrews de la deuxième génération de Londres. Certain même sont des enfants de traître. Myler m'avait expliqué la rébellion qu'il y avait eux lorsque son grand-père gérait son trafic à Londres et qu'il avait été tuer, ou plutôt assassiné, par ses hommes. C'est Alaric qui avait repris les rênes, en trouvant et en exécutant les menteurs. Il avait simplement épargné leurs enfants. Des hommes et des femmes qui sont aujourd'hui dévoués corps et âme à ce pôle.
Qui l'aurait cru. Peut-être fut un temps où Alaric ne faisait pas que du mal autour de lui. Ou alors est-ce simplement Isaac et ses fils qui ont embelli cet endroit.
Ruben lui, n'a fait que râler dans sa barbe après que Dan se soit porté volontaire pour m'aider. Il n'a cessé de répéter que le repos est une des grandes parties de l'entraînement. Il n'a peut-être pas tort, mais la décision était prise.
-Promis j'irais la coucher à l'heure ! Lui lance le fils des Andrews pour soutenir ma cause.
Luc et Alyssa sont partis pour rejoindre les autres dans le bar d'hier soir, pendant que je passe toute la soirée à me battre avec Dan. Je crois qu'il est une heure du matin quand je comprends comment le mettre à terre en l'attaquant en première et que j'y arrive au bout de plusieurs essais.
Je me rappelle surtout avoir sauté de joie à en pleurer tellement la fatigue retombait. Je me suis ensuite écroulée parterre sans pouvoir me relever.
Cette soirée-là, on reste tous les deux, Dan et moi, sans un bruit à contempler les grandes baies vitrées qui remplacent tout un mur dans cette belle salle de sport. Le soleil, couché depuis longtemps, le ciel déjà noir, illuminé de ces petits diamants blancs, je reste immobile, fascinée. Dan a éteint nos lumières, nous laissant plonger dans le noir sans être affecté par le froid hivernal de cette nouvelle saison.
Le bruit de certains animaux arrive jusqu'à nous, laissant un silence plus agréable. Tous les deux concentrés sur les arbres qui bougent selon le sens du vent, aucun de nous essaye de combler de vide qui s'installe, personne vient le combler, et je souffle enfin, sachant que je peux respirer sans être entièrement seule.
Dan a beau être un inconnu pour moi, à ce moment-là, sa présence est plaisante et réellement nécessaire.
Pourtant, j'aurais souhaité mille fois que l'homme à côté de moi ne soit pas lui, mais Kay, Myler ou même dans mes rêves les plus fous, je rêverais y voir Ivann.
Le troisième jour se passe comme le précédent. Luc et Dan m'entraînent, pendant que Ruben et Alyssa m'observent. Cette fois, j'arrive mieux à me défendre et je m'améliore en attaque. Je mets Luc à terre plus d'une fois, même s'il finit toujours par se relever pour m'attaquer encore. Ces hommes ont sans aucun doute une énergie surhumaine pour se relever aussi vite. Ou ils ont simplement été confrontés à pire que moi, ce qui est sans aucune surprise un fait avéré et évident.
Au milieu de cette journée, c'est Finn Fox qui vient m'entraîner pour viser à l'arme à feu. Le garçon, à l'allure silencieuse et discrète, a fini par baisser ses barrières quelques heures après beaucoup d'échange. Son analyse sur moi, c'est sûrement révélé inoffensif pour qu'il me propose son aide.
Il m'emmène dans un stand de tir pas très loin de la capitale, toujours accompagnée de Ruben. Le lieu est fait sur mesure pour tous les débutants qui souhaitent apprendre. Puis plus loin, dans une porte fondue dans le mur, les Andrews ont créés un véritable stand pour les pros avec tout un tas de cible modelé et fixé au sol selon le poids de l'homme, sa taille, sa corpulence et tous les factures de dégât que pourrait engendrer une balle dans le corps humain. Tout est réfléchi et vachement bien agencer.
Mon air surpris fait même rire le tireur professionnel qui m'explique d'où lui est venu l'idée.
Je comprends vite qu'il n'était pas seul à avoir voulu concrétiser un tel projet. Spencer est venu pendant plusieurs mois ici pour l'aider à tout préparer. Les choses sont tellement bien pensées et tellement réelles que ces deux mercenaires ont comme qui dirait créé des cibles qui peuvent être mises en mouvement.
Je reconnais bien la folie de Spencer et sa fascination pour les armes ici.
Je me remets en tête tous les conseils de mon premier entraîneur avant de me mettre en place devant une de cible. Puis je tire du mieux que je peux, écoutant avec attention les conseils de Finn lorsque je vide un chargeur et que la cible est changée pour moi.
Il semble même satisfait quand on enlève chacun nos casques pour la troisième fois et qu'il remarque que les conseils qu'il me donne font leurs effets. Son sourire, en tout cas, me semble positif.
-C'est qui qui t'a appris à tirer ?
-Spencer et Kay, mais surtout Spencer ! Je lui réponds d'une voix heureuse me souvenant des moments passés devant une cible en bois, où je ne devais pas bouger pour bien viser.
Il hoche la tête en souriant. Je ne sais pas ce que ses deux hommes doivent donner ensemble sur une mission qui nécessite des tireurs avisés, mais je ne voudrais pas manquer ça si cela venait à se produire.
Alors qu'il remet en place ses cheveux bruns, j'observe un peu plus ses yeux. Ses émotions ne sont pas inaccessibles comme ceux de Spencer. Je vois et je lis des sentiments bien présent en lui qui pourtant me semblent complètement incompréhensible. J'arrive à lire dans ses yeux, mais il m'est impossible de le comprendre avec précision. Intriguée, j'insiste un peu trop en ancrant mes iris dans les siennes. Je finis par détourner le regard pour ne pas insister.
Dans le fond, ériger cette barrière entre eux et moi est difficile à maintenir. Je n'avais pas eux ce problème avec les autres Layme, du moins pas au début, mais avec eux les choses semblent plus difficile ou est-ce moi qui suis différente...
Je change le chargeur, me concentre sur la cible puis position correctement mon fusil et tire.
C'est au chargeur suivant que Finn actionne le mécanisme pour mettre en mouvent des différentes cibles. Je lui jette un coup d'œil, un sourire amusé aux lèvres. Juste avant, il m'avait averti que nous n'utiliserons sûrement pas cet exercice pour la simple et bonne raison que je serais trop nulle pour ça. C'est ce qu'il avait jugé, avant même de me voir tirer. Il faut croire qu'il vient de changer d'avis.
Mon sourire s'élargit quand je remarque qu'il tient son téléphone à la main et qu'il se met à me filmer en adressant cette vidéo à Spencer. Fière de moi, je me retourne vers les différentes cibles qui font des mouvements de demi-centre à plus de dix ou quinze mètres de moi puis tire dès que je suis sûre de les toucher.
Je sais qu'à la fin de la journée, Finn a envoyé la vidéo aux Layme pour leur montre mes progrès, j'avoue être fière, mes balles ont presque toutes touchées leur cible. Même si ce n'est pas forcément les endroits que je visais en temps normal.
À la fin de la journée, je me couche-tôt, trop fatiguée pour tenir plus longtemps ou pour fêter mes efforts avec eux. Je m'effondre dans mes draps, épuisée et à bout.
Morphée me prend dans ses bras, mais mon passé me rattrape toujours.
« J'ai à peine bougé que je sais déjà où je suis. Allongée dans ce lit miteux, inconfortable et petit, je plonge la tête la première dans le deuxième enfer de mon enfance, le camp de Monsieur et Madame Perce.
Lorsque je bouge, je sens le matelas et le drap humide et froid, comme chaque matin. C'est comme si je dormais dehors sous un vent glacial en pleine tempête. Mon corps tremble pour tenter en vain de contrer le froid et de se créer sa propre chaleur. Mes bras qui se serrent autour de moi et mes jambes qui se replient contre ma poitrine pour tenter de me procurer plus de confort, ne m'amène absolut rien. Je me rends à l'évidence, j'ai froid et ce froid me rappelle où j'ai été prisonnière pendant des années.
Je ne veux même pas ouvrir les yeux, je sais où je suis. Pourtant, obstinée comme une enfant de neuf ans, je me répète en boucle que je suis en sécurité, auprès d'Ivann, loin de notre père et de ses tortures. Je me rassure en me disant que je suis mieux ici. Pourtant, tout est faux. Je sors juste d'un cauchemars que je fais trop souvent. Je suis en âge. Déjà à ce moment-là, mes cauchemars m'épuisent.
-NON ! Crie une voix à côté de moi. Non, laisse la !
Lui aussi, il fait des cauchemars. Ivann est hanté par les traces de notre père, plus que moi. Plus gravement que moi.
Lorsque je vais pour me lever, je sens la brise fraîche passer sur ma peau humide. La lumière du jour passe par notre fenêtre, notre seule sortie grande ouverte alors que l'hiver gronde dehors.
Ils ont encore ouvert la fenêtre pendant qu'on dormait. Amar et ses amis. À croire que nous avons quitté un enfer pour un autre.
Maintenant, je suis même persuadée...
Ivann est sur un matelas similaire au mien, étalé parterre. Son front est chaud et humide quand je pose ma main dessus. Lui aussi, il a froid. Ma peur qu'il tombe malade avec la couche de sueur qu'il porte sur sa peau pour lutter contre ses cauchemars, m'inquiète.
En temps normal, quand ma peau entre en contact avec la sienne, cela suffit à le calmer, à le réveiller. Mais aujourd'hui, rien y fait. Il est plongé dans son cauchemar et je ne sais comme le réveiller.
Alors que je me questionne pour trouver une solution, son corps se met à bouger dans tous les sens, comme s'ils se débattaient. Lorsque je suis prête à enlever ma main de son front, la sienne m'attrape violemment. Un petit cri de surpris sort de ma bouche, et la pression sur mon poignet ce durcie.
-Tu ne la touches pas !
-Ivann, c'est moi. Je peste avec ma petite voix d'enfant apeurée.
Au fond de moi, je sens la peur me comprimer violemment le cœur.
Il serre davantage ma peau et mon angoisse se multiplie quand je le vois se lever vers moi, près à me frapper, son poing déjà en l'air.
Il me prend pour papa ! Panique ma raison.
Alors je fais la seule chose que je peux faire : crier.
-Ivann ! Ivann ! S'il te plaît, arrête. Réveille-toi !
Mes cris ont le don de le réveiller subitement.
Lorsqu'il comprend ce qu'il se passe, son corps se met à trembler comme une feuille et ses yeux deviennent larmoyant en me regardant.
-Pardon... Dit-il une fois. Pardon...
Les larmes aux joues, la réalité me frappe. Ivann devient violent. Dans ses yeux et dans sa façon de reculer pour mettre une distance entre nous qui ne sera jamais suffisante pour lui, je réalise que lui aussi à peur.
Je n'aurais pas crié, son poing serait atterri sur ma peau aussi violemment qu'il aurait voulu frapper notre père.
Ma panique passe au second plan quand je fonds en larmes et que j'avale les pas qu'il met entre nous. Je me colle à lui alors qu'il n'ose même pas me toucher, de peur d'être resté dans ses rêves. Mes bras viennent s'enlacer dans son dos et il lui suffit de quelques secondes pour me rendre mon étreinte.
La porte s'ouvre quelques minutes plus tard sur Madame Perce et son fils, Amar. Ce dernier à un grand sourire aux lèvres et son côté sadique est ravi de nous voir dans une position aussi délicate. Ivann, protecteur, me place derrière lui pour endosser la responsabilité du cri que j'ai poussé. Madame Perce, elle, est rouge de colère, prête à nous donner notre première punition.
L'humiliation. »
C'est la sonnerie de mon téléphone qui me réveille en sursaut. Lorsque je vois le prénom de Kay s'afficher, je réponds et sa voix joyeuse me fait tout de suite sourire. L'image du poing levé de mon frère disparaît aussi vite que mon sourire arrive.
-Salut ma belle, je ne pensais pas que tu allais répondre si tôt !
-Les réveils sont stricts à Londres. Je lui réponds en rigolant.
Il rigole avec moi.
-Comment tu vas ?
-Tout va bien. Dan m'a pris sous son aile alors je ne crains rien. Et vous tout est calme ?
-C'est même trop calme depuis que tu es plus là. Plus personne ne veut danser avec moi, Ali.
Je rigole et j'imagine qu'il sourit lui aussi de son côté.
-Salut Alison, tu passeras le bonjour à Finn, c'est un vieux copain.
La voix de Spencer me fait un bien fou.
-Tu as vu la vidéo, je me suis améliorée non ?
-Dit toi que si tu l'écoutes bien, tu pourrais devenir aussi forte que moi gamine ! Et comment tu as trouvé la salle de tir ? Elle claque non ?
-Elle est vraiment super bien faite. Je lui affirme en souriant de plus belle.
Je dois avouer que l'idée de devenir meilleure que lui me plaît.
-Sinon, ils te traitent bien à Londres ?
-Mieux que vous, tu veux dire ?
Je l'entends rire de son côté.
-Arrête, on t'a super bien traitée. Râle Lucy de son côté.
C'est une réunion de famille en fait !
J'entends Kay rouspéter et enlever de haut-parleur pour ne parler qu'à moi.
-Myler m'a demandé de te parler les heures d'appel. Il veut que toi ou Noah, puissiez répondre tous les vendredis à dix-huit heures. Tu penses que ce sera possible ?
-Ouais, mais je ne savais pas que je prenais mon vrai téléphone.
-Si tu l'auras. Gavin fait des miracles avec les téléphones, tu verras. Ils te feront tous passer pour un fantôme.
Je suis surprise par l'obligation de ces appels réguliers et je demande en rigolant.
-Vous ne faites plus confiance à Noah maintenant ?
-Ce n'est pas une question de confiance, Ali. On veut juste s'assurer que tu vas bien. Les appels commenceront dès vendredi.
Je finis par accepter. Kay me promet de me faire un topo de tout ce qui se passe chez eux. Il dit que ça m'occupera. J'accepte avec plaisir. Puis on se met d'accord pour des noms de code à dire pendant les appels :
L'oiseau désignera Isaac, le joueur et le brillant seront Noah et Ruben, Myler sera le joker et Kay l'ange.
De ce que m'explique Kay, ces codes seront utiles pour les cas de gros problème ou si je suspecte Rob de nous écouter ou de nous espionner.
Je trouve la mesure excessive, mais je les note pour tous les retenir. On ne sait jamais...
Si ce cas se présente et que tout s'aggrave de notre côté, je peux les appeler ou je dois envoyer le mot « papillon » que ce soit à Noah ou à Myler, pour demander de l'aide.
-Je sais que ces mesures peuvent te faire peur, mais si on veut que tout se passe bien, tu dois être prête à faire face à toutes les situations.
-Je comprends Kay, de toute façon, je sais que si j'ai un problème, tu rappliqueras dans la minute. Dis-je en rigolant.
Il prend une voix plus sérieuse pour me répondre.
-Je te promets que s'il y a le moindre problème, je viendrais te chercher.
À ses paroles, je raccroche, le sourire aux lèvres et pourtant le doute encore en tête. J'avoue être terrifiée par ce qui peut se passer et par ce qu'il va inévitablement se produire.
J'ai peur d'échouer, ou de trop bien réussir la mission.
Je passe le reste de la journée avec Dan et Finn. Cette fois, ils m'apprennent tous les deux à nettoyer une arme et à conduire comme il faut sur une moto. J'apprends que le groupe de Rob ne conduit que des deux-roues et je comprends maintenant la nécessité qu'il y a à savoir en conduire une à la perfection.
Je remercie Alexander de m'avoir appris à en conduire il y a quelques années ce qui facilite grandement la tâche des garçons.
La moto sur laquelle je monde appartient à Ruben. Elle est magique comme toutes les autres. Sa selle est d'un rouge sang étrangement attirant, et son carénage mélange le même rouge avec un noir très sombre.
Un mélange parfait.
Une autre moto, pas très loin de nous, est comme sortie d'un autre univers. Recouverte de couleur, toutes plus vives les unes que les autres, elle explose et attire l'œil contrairement à toutes les autres. Je suppose vite qu'elle appartient à Alyssa. En-tout-cas, cette moto lui ressemble bien.
On finit par faire tous les trois un tour en moto dans la ville. Et je dois avouer adorer la liberté que je ressens à rouler à ma guise. Pendant des heures, je reste assise sur le véhicule, les doigts serrés autour des poignets sans jamais bouger. Sous la volonté des garçons, je roule jusqu'à ce que je sois totalement à l'aise avec la conduite. C'est quand nous sommes sur la route et que j'accélère un bout coup pour les doubler qu'ils décrètent que cette étape est réussie.
Couverte de mon casque, j'adore savoir que personne ne sait qui je suis. Je suis une inconnue dans cette ville. Je peux être qui je veux, qui je souhaite. Je suis à la fois tout le monde et personne.
À la fin de journée, je reste dans la salle d'entraînement. Je me bats pour la première fois contre Finn. Le combat s'avère difficile à cause de sa grande taille qui m'intimide et qui m'empêche de faire toutes les attaques que je maîtrise le plus. En revanche, lui semble plus vouloir se moquer de moi que de vouloir m'entraîner ou m'aide à me battre. Dan aussi ne semble pas plus concentrer sur cet entraînement.
Alors lorsque les autres arrivent à la maison, on finit tous par partir dans le bar de la dernière fois, avec chacun sa moto. Je passe une soirée à boire et à m'amuser avec eux, comme si nous nous connaissions depuis l'enfance.
Je me sens enfin en sécurité pour pouvoir m'amuser. Et je profite de cette soirée normale comme si ça allait être ma dernière.
Je passe mon cinquième jour à Londres avec Gavin et Dan. Je dois avouer que Gavin est foutrement intelligent. Au départ, il n'a fait que me regarder me battre contre Finn et Dan dans le seul but de m'analyser. Il ne lui a suffi que de quelques coups-de-poing et de pied évité de justesse et des prises plus ou moins réussis, pour pointer du doigt ce qui ne va pas dans mon entraînement.
Je passe ma journée à comprendre pourquoi mes prises ne sont pas efficaces et pourquoi je tombe facilement à la renverse quand j'attaque. Je crois un moment qu'il comprend qu'on est pareille, que nos yeux sont différents, mais je me trompe.
Quand Ruben demande à ce que je me batte contre Gavin et ses yeux émeraude, je tremble de toute part, sachant que je vais perdre à coup sûr.
Pourtant, je sais comment gagner : en changeant mes habitudes. Habitudes qu'il a vues, habitudes qu'il s'attend à ce que j'utilise pour le battre. Alors au lieu de l'attaquer avec mes poings, je me baisse et lui envoie mon pied pour le balayer du sol. Je vois dans ses yeux qu'il est surpris, pris de court par mon attaque et mon changement de technique.
Grâce à l'aide de Finn, j'ai compris comment m'être à bien cette attaque, en renforçant ma jambe et en me montrant où frapper pour faire perdre l'équilibre à mon adversaire. Je suis fière de voir Gavin tomber sur les cotes, alors que je viens sur lui pour lui braquer mon arme déchargée sur son front.
Il se met à sourire bêtement.
-Tu t'y attendais pas à celle-là, avoues le ? Je le nargue en jouant de mes sourcils.
Il se met à rire de bon cœur, plaçant sa main sur mon arme pour changer la trajectoire du canon.
Ce qui est drôle avec Gavin, c'est qu'il déteste par dessus tous les armes. Il n'en porte jamais sur lui, alors que toute son équipe en à au moins une sur eux à longueur de temps. Lui n'est seulement muni d'une ou plusieurs dague et de ses points. Rien de plus.
Ce n'est pas parce qu'il ne sait pas tirer, car je suis persuadée du contraire. Je crois qu'il ne les aime tout simplement pas. Une chose que je suis la mieux placée pour comprendre. Lorsqu'on a le choix de ne pas en porter, car nous n'en avons pas besoin pour nous protéger, je comprends que l'on choisisse de la laisser de côté.
-Je dois l'avouer, tu m'as eux, Ali. Dit-il avec un sourire.
-Elle progresse bien. Affirme Dan, me lançant un regard fière.
En arrivant dans ce nouveau pays, j'avais pensé que ce serait Ruben qui me prendrait sous son aile dans cette maison. J'avais tort. Dan le fait pour lui et il le fait très bien.
-Le but de la mission est de le tuer alors elle doit plus que progresser. Peste le grand frère de la maison.
Il est plus en colère que les autres jours. On dirait qu'une pression supplémentaire lui pèse sur les épaules.
-Il y a un problème ? Je lui demande.
Tous les regards se braquent sur moi. Aucun d'eux ne sait pour mes yeux. Ruben me lance une œillade peu satisfait, lui sait que je remarque la moindre différence dans leurs regards ou leur voix, même infime soit-elle.
-Noah est rentré de sa mission. Tu pars ce soir dans le club de Rob pour faire bonne impression à la patronne. Il faut qu'elle te prenne pour la logue de Rob.
Je ne m'attendais pas cette nouvelle.
Ce soir ?
Je m'infiltre dans quelques heures.
-Oh ! Soufflent à l'unisson Finn et Dan, un peu déçus.
-Elle est prête. Se rassure Luc. Si elle est trop entraînée, ils se poseront des questions.
Alyssa, jamais loin de lui, hoche la tête pour affirmer les dire de son frère.
-Elle pouvait s'infiltrer dès son arrivée ici. Ali tu es prête et pour le coup, tu ne seras pas seule.
Ses mots me rassurent que trop peu.
-Noah vient te chercher dans une ou deux l'heure.
Je hoche la tête.
Luc et Alyssa ont raison. Je suis assez entraînée pour être prise, mais pas trop non plus pour ne pas éveiller les soupçons. Je suis prête. Je connais la ville et ses lois, je connais ma nouvelle identité, mon nouveau parcours de vie et je connais les numéros de téléphone à connaître en cas de besoins ainsi que les noms de code.
Je suis prête.
Je me le répète en boucle dans ma tête, pour m'en convaincre moi-même. Mais merde, la peur qui me prend les tripes à du mal à me laisser tranquille.
Je finis par monter dans ma chambre et ranger mes affaires. Alors que je m'apprête à ranger le livre que j'ai pris dans la bibliothèque de mon ancienne chambre, Dan apparaît devant ma porte.
-Tu ne te sens pas prête ? Demande-t-il, alors que je m'assoie sur le lit en soufflant.
-J'aurais juste aimé avoir plus de temps. Je lui avoue.
Il sourit.
-Il va falloir t'y habituer, Ali, en infiltration, c'est le temps qui nous manque le plus. Mais tu t'en sortiras. Noah sera là et nous aussi, et même les Layme te soutiennent. Tout le monde croit en toi.
-Ça fait plus peur d'autre chose finalement.
-À cause des attentes ?
-Ouais... Je lâche pensive.
-Tu vois les choses sous un mauvais angle de vue, Alison. Pour nous, tu viens du monde normal, donc tu fais partie de ceux qu'on pense devoir protéger, des faibles. Alison, si des mercenaires aussi douer que Myler ou Isaac pense que tu es capable de faire et de réussir cette mission, c'est que tu le peux.
Je baisse les yeux devant l'assurance qu'il met dans ses mots. Il le remarque et insiste.
-Crois-le ou non, mais tu es bien une des seule cible du gouvernement américain que je vois encore respirer. Tu es faite pour survivre, Alison. Que tu réussis ou non à le tuer importe peu, tant que tu arrives à mener Noah à le faire alors la réussite sera la même.
Et si rien ne se passait comme prévu et si je n'étais juste pas faite pour tout ça. C'est à ce moment précis que les paroles de Adam me reviennent :
« Tu as su t'adapter, si ce n'est même, adapté le monde qui t'entoure à toi. »
J'espère qu'il avait raison sur moi. J'espère qu'il ne se trompait pas en analysant la façade qu'il voyait de moi au bal.
-Tu as quelque chose en toi que les enfants nés pour devenir mercenaire n'ont pas. Tu as une volonté de survivre et de réussir qui t'aidera pour cette mission.
Je lui souris pour le remercie. Je prends ses paroles pour un compliment.
Dan vient se planter devant moi, me tendant quelque chose dans ses mains. Je force mes pensées à sortir de ma tête pour me concentrer sur lui.
-Tient ! Dit-il d'une voix un peu excitée.
Quand je regarde ce qu'il me tend, je fronce les sourcils.
C'est un couteau entièrement noir qui possède un fourreau rien que pour lui. Au début, je pense que c'est un couteau comme les autres, mais quand mes doigts viennent s'enrouler autour pour le prendre, j'ai l'impression de soulever une plume.
À mon étonnement, Dan sourit.
-C'est un couteau qui porte chance chez nous. On dit que pour réellement faire de quelqu'un un des nôtres, on lui donne un couteau en microlattice. C'est un métal lège et facile à utiliser. Chaque Andrews en possède un qui lui est propre.
Quand je me mets à la sortir de son étui, je suis étonnée de sa forme. Elle possède trois lames qui finissent par se croiser au bout du couteau.
-Je trouvais qu'elle te représenterait bien. Comme tu avais déjà les dagues de Spencer et que tu les maniais bien, j'ai jugé qu'il était inutile de te faire une lame de combat. Si tu viens à l'utiliser, sache que contrairement à tes dagues, les blessures que tu infligeras avec elle seront irréversible.
Les yeux baissés sur la dague et un sourire apparaît sur mes lèvres. Suis je capable de m'en servir pour tuer ? Je finis juste par le remercier.
-L'équipe trouvait qu'elle te ressemble beaucoup.
-Dans quel sens ?
-Ta volonté de réussir, même dans un domaine qui t'est défavorable, à impressionné tout le monde ici. Si ta volonté est de tuer, ce couteau te le donnera, Ali.
-Tu penses sincèrement que je peux y arriver ? Je lui demande en plantant mes yeux dans les siens, sachant que c'est finalement lui qui me connaît le mieux dans cette maison.
-Tu reviendras pas indemne de cette mission, Alison. Personne ne revient jamais vraiment lui-même après ce genre de mission.
Je ne lis que de la vérité dans ses yeux.
Aucun mensonge.
***
Nouveau Chapitre !!!
Pour ceux qui n'arrivent pas à imaginer le couteau voilà son image exacte :
J'espère que ce chapitre vous a plu. Je sais que les choses vont vite, mais c'est le but. Les prochains chapitres iront à la même vitesse, mais pas de soucis, j'explique l'essentielle.
S'il y a des questions, je réponds toujours à tout.
Bonne lecture et bonne attente !!
À Vendredi...
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