La Silencieuse
Les journaux me décrivent comme une personne sans cœur, sans compassion, d'autre comme une psychopathe ou une sociopathe. Mais maintenant, mon surnom est devenu taboue.
Il fait peur, même au plus courageux.
Les journaux ne parlent plus de moi aujourd'hui, de peur de tomber sous mon arme. J'ai souvent écouté ce qu'ils disent de moi, certains se trompent, d'autre sont plus réaliste.
« Une nouvelle tueuse en série et personne ne fait rien ! », avait dit une journaliste en colère, « Les victimes sont des pourries, des trafiquants, que l'enfer les accueillent et que Dieux la garde », lui avait répondu un autre. « Et Arnaud Carpinelli, sa première victime, c'était un citoyen normal, sans histoire », « Avec tout le respect que je vous dois, tout le monde à une histoire, madame ».
Tout le monde à une histoire !
Mais il avait tort, Arnaud Carpinelli était comparable à un ange, jusqu'à ce que j'arrive dans sa vie.
On me décrit tel un fantôme du passé. À ce qu'ils disent, des personnes auraient vu mon visage. Ils auraient entendu mes crimes. Pourtant, rien n'est vrai, car me voir, m'entendre ou me sentir, c'est mourir.
Je suis le fantôme de Londres, le cauchemar de toutes et de tous. Je suis le boucher de Rob Médina, la fille dans son ombre qui tue quiconque ose désobéir aux règles. Je suis devenue son arme, sa tueuse et le pire cauchemar de tous ses hommes.
Dans les journaux, où des criminologues sont interrogés pour tenter d'analyser mes crimes, on dit que je suis maudite. Certains me comparent à une femme châtiée pour son passé qui ne peut aimer sans tuer. D'autre me créer des histoires pour tenter d'expliquer mes meurtres et mes actes. Et la chose la plus ironique, c'est qu'ils sont tous des incapables.
Leurs tentatives vaines de chercher des explications plus poussées, pour tenter de me tourner en martyre, ne servent à rien. Je le sais au fond de moi. Rien de ce que je fais n'est pardonnable.
Je suis devenue la terreur de Londres et de tous les membres du gang de Rob. Des hommes, plus fort que moi, tremble à la mention de mon nom dans une conversation banale. Sûrement, de peur que j'apparaisse le soir au-dessus de leur lit, ou dans leurs cauchemars suicidaires.
Et me voilà là, face à lui, une nouvelle victime. Un nouvel amant maudit par ma faute.
On raconte des tas de choses sur moi, mais peu nombreuse sont celles qui ont le mérite de réellement me décrire. La plus réelle d'entre toutes est le fait que je suis devenue un fantôme.
Je ne suis plus moi, je ne suis plus la petite fille sans défense, plus la gamine sous la protection d'un quelconque Layme. Aujourd'hui, je suis comme suivie par quelque chose de plus grand et de plus fort que moi. Quelque chose d'invisible, qui prend le contrôle de mes actes lorsque j'ai besoin d'elle.
Quelque chose qui me dépasse.
Je suis le fantôme de moi-même, or, j'avance et je tue lorsqu'il me contrôle. Et pour mon plus grand malheureux, même sous son emprise, je reste lucide devant mes meurtres.
L'homme en face de moi est attaché à une chaise en bois, le regard perdu. Je vois sa peur, son angoisse, car il sait qui je suis. Je lie en lui aussi facilement que dans tous les autres regards. Il sait ce que je vais lui faire. En fait, il l'a su dès qu'il m'a vu, au bar.
Il savait que c'était inévitable.
Pourtant, il n'est pas méchant comme on pourrait l'entendre. Cet homme travaille pour Rob car il a des dettes, mais sauver des enfants destinés à être tué ne fait pas partie de son boulot. Et je suis là, devant lui, arme à la main, pour montrer aux autres ce qu'il peut leur arriver s'ils désobéissent.
Mon visage est nu, sans cagoule, sans rien pour le cacher. Mais, si je suis à découvert devant lui, ce n'est pas pour qu'il voie mon visage jusqu'à son dernier souffle, comme racontent les histoires. Si je le fais, c'est pour voir avec clarté chacun de mes actes et chacune de mes balles.
J'ai besoin et je dois m'en souvenir.
Me souvenir de lui, de son regard qui hantera, par la suite, mes nuits et mes jours. Me souvenir de son visage sans tache, sans la moindre goutte de sang. Me souvenir de cette vie que je volerais en pensant être supérieur à lui.
Le fantôme de moi-même est si vide, qu'il pourrait m'effrayer et vous faire peur à vous aussi.
J'ai appris à vie avec, avec le temps.
Mais devant lui, comme devant Rob, je ne ressens rien. Je suis sans émotion, sans peine et sans culpabilité.
Je n'ai pas peur de le tuer.
Je sais que mon visage est froid, alors que je sors mon pistolet de mon manteau puis mon silencieux avec mes mains gantées.
Il n'y a plus de retour en arrière.
Il le comprend aussi.
Il est devenu muet au petit clic d'enclenchement entre mon silencieux et mon Beretta.
Je le lève entre ses yeux, le regarde une dernière fois me supplier de ne pas le tuer, de ne pas lui faire de mal.
-J'ai une famille... Dit-il alors qu'il fait tout pour que je le comprenne même avec le bâillon qu'il a entre les lèvres.
Je le sais. Je sais tout de lui. Malheureusement tous.
J'ignore mes pensées, ignore cette part de moi encore en vie, et laisse le contrôle à cette petite voix qui a fini par prendre plus de place dans ce nouveau pays.
Je m'approche mon index de ma bouche pour lui chuchote d'une voix froide :
-Juste, reste silencieux.
J'appuie sur la détente, un bruit sourd en sort. Un son que je me suis trop souvent habituée à entendre. La balle perfore la peau de son front et du sang tache le mur derrière lui, autre fois blanc comme de la neige. Maintenant éclabousser par des bouts de cervelle.
Je sépare mon arme et mon silencieux, puis sors un mouchoir et essuie le sang que je porte sur mon visage. Je mets ma cagoule puis la capuche de mon manteau, et sors de cette maison, aussi simplement que j'en suis arrivée.
Laissant derrière moi un cadavre et un silencieux. Pas d'empreinte, pas de témoin et pas de preuves. Rien d'autre.
Ma signature.
Je retire mes gants avant de monter sur ma moto, puis je pars, sachant que personne ne m'a vu, personne ne m'a entendu et que personne ne peut me reconnaître ou me retrouver. Car je suis le cauchemar qui anime Londres, et la terreur de tous mes ennemis.
Je suis, La Silencieuse.
***
Alison
Quatre mois plus tôt...
Ruben n'avait pas menti en disant qu'il ne me jetterait pas dans la gueule du loup sans réfléchir. Je suis leur seule et unique chance et aucun des Andrews présent dans cet avion n'a l'intention de gâcher cette opportunité.
Alors que je suis assise confortablement dans leur avion, Ruben expose son « début de plan » à tout le monde.
-On ne sait pas ce que Rob veut à Noah, alors je nous laisse une semaine. Une semaine pour t'entraîner en attaque et davantage en défense. Il faut que tu saches tout ce qu'on sait et comment vivre dans cette ville. Et je crois savoir comme te présenter à Rob.
J'avais compris depuis longtemps qui était la cible, le patron de nos « ennemis » : Rob Médina. C'est Noah qui demande plus d'information à son grand frère.
-Ah bon ? Et comment ?
-Le club de strip-tease où il va souvent. Tu as vu qu'il avait une loge privée, des serveurs et strip-teaseuses rien que pour lui quand il y va. Si une strip-teaseuse est malencontreusement malade, ils seront obligés de vite la remplacer ?
Noah affirme. Je vois déjà la fin de son plan.
-Alors Alison devra faire ses preuves avant cet événement, pour faire en sorte d'être choisi.
-Tu sais qu'il n'est pas souvent accompagné par moi là-bas, mais par deux autres gardes, Ruben. À mon grand regret ! Dit-il comme si cela été un drame de ne pas avoir un show gratuit. Donc c'est dangereux pour elle.
-Je sais, c'est pour ça que tu dois te débrouiller pour y être. Je n'ai pas d'autre idée pour la faire entrer sans problème. Les strip-teaseuses ne sont pas payées aussi cher qu'au États-Unis, alors personne ne verra quelque chose d'étrange à voir une femme demander un travail mieux payée.
-Il n'a pas tort. Fit Isaac. J'annulerais nos contrats pour la semaine, tout le monde sera sur elle pour qu'elle soit prête.
Tout le monde ?
-Vous avez beaucoup de monde dans votre équipe ?
-Ce qu'il faut pour pouvoir bien t'entraîner en l'espace de peu de temps.
Ce fut la semaine la plus difficile de ma vie et je sais que je ne suis pas encore au bout de mes peines.
On ne me laisse même pas tranquille pour ranger mes affaires dans l'une des chambres de leur grand palace, aussi grand et aussi protégé que la maison d'Alaric. Noah me prend en grippe à la seconde où je passe la porte de ma nouvelle chambre pour la semaine. M'obligeant à rester dans le salon pour qu'il m'explique quelques trucs sur Rob et son équipe avant qu'il ne parte.
-Il faut qu'on parle de l'équipe dans laquelle tu vas tomber.
-Ton frère l'a déjà fait.
-Ruben ne sait absolument rien d'eux. Me confit sincèrement Noah.
-Pourquoi tu leur caches autant de choses ?
-Tu finiras par comprendre quand tu seras là-bas avec moi.
Il laisse un silence, mais mon regard doit l'inciter à argumenter car il ajoute :
-Rob Médina ne gère pas un trafic comme le nôtre.
-C'est-à-dire ?
-Trafic d'organe, d'enfant et de femme, de drogue et d'arme. Absolument rien de bon. Le pire, c'est qu'il touche-à-tout.
Je grimace.
-Et Ruben ne sait pas ça ?
-Si bien sûr, ce sont les autres pôles qui n'en savent rien.
Dont Myler et Kay.
Dans quoi ils m'embarquent.
-J'ai peu de temps alors ouvre les oreilles.
Je hoche la tête et tente d'enregistrer tout ce qu'il me dit, alors que je viens tout juste de sortir d'un lourd sommeil. J'ai la tête ailleurs et l'urgence de la situation ne me percute pas encore assez.
-Rob a un bras droit, Justin Berry. Dit toi qu'il ne te fera jamais confiance, même si tu fais tes preuves. Il est encore plus dangereux que son chef, car pour le coup, lui, il est très intelligent. Je le vois comme une machine qui n'a pas âme qui vive en lui. Si tu te retrouves en mission avec lui, ce qui sera rare, soit toujours sur tes gardes. Tu t'en approches le moins possible.
Je hoche la tête un peu trop endormie pour parler de chose aussi sérieuse. En plus, nous sommes assis sur un canapé très moelleux qui ne me donne qu'une envie : m'y allonger et laisser Morphée m'attraper.
-Logan Pena, il est fort et c'est le boucher de Rob.
-Comment ça le boucher ?
-Celui qui est envoyé pour faire le sale boulot. Si tu gagnes sa confiance, tu peux être sûre qu'il te sera loyal jusqu'à la tombe. Il me fait penser à Diego ou Myler quand il joue avec ses dagues pour faire peur. Il ne manque jamais sa cible, dans le sens où quand il t'a dans le viseur, tu peux être sûre qu'il arrivera un jour à te tuer. Du genre un peu sadique, il n'aura jamais aucun scrupule à te faire du mal pendant tes entraînements.
-Ce sera lui mon entraîneur ?
-Non. Mais tu te battras au corps-à-corps contre lui pour t'entraîner. Dis-toi que si tu arrives à le battre, tu seras assez forte pour le reste de la mission.
-Tu as réussi à le mettre à terre ?
-On n'est pas des personnes comparables, ma jolie. Je suis né pour vivre dans ce monde, pas toi.
Il ajoute :
-Ton entraîneur, ce sera Milo Jones. C'est le gentil du groupe, mais il te fera passer un sale quart d'heure à t'apprendre les arts mariaux. C'est avec lui que tu apprendras le plus. Sois attentive quand il te donnera des conseils. Il est vraiment très impressionnant.
Je hoche la tête pour le faire poursuivre.
-En suite, il y a Ray Young, c'est un peu un Kay dans ce monde, mais en bien pire. Plus énergique, plus colérique, plus dangereux. Il forme un duo destructeur avec Logan. Ensemble, ils font peur dans le sein même du gang tout entier.
-Ne me dis pas qu'il n'y a que des hommes dans son équipe ? Je le coupe, écœurée.
L'image de Rob ne semble pas avoir le monopole de la gentillesse et de la bonté sur terre, alors en plus s'il est misogyne...
Vous me direz que c'est juste une chose de plus finalement.
-Non ! Me confirme-t-il en riant, me lançant un regard amusé. Il y a Tina Allen, c'est leur hackeuse. Elle est intelligente, elle calcule toujours tout et c'est elle notre plus grande menace pour ton infiltration. Elle serait foutue de trouver quelque chose de convainquant pour démentir ton identité, même si elle n'a rien sur toi. Je l'ai mise dans ma poche alors je serais peut-être prévenu si elle découvre quelque chose, même si je préférerais que tout soit parfais. Et si Rob craque sur un fruit interdis comme toi, peut-être qu'elle ne recherchera même pas.
Ses expressions sont plus que douteuses, mais bizarrement elle me font sourire.
Waouh, je crois que je suis vraiment fatiguée.
-La dernière c'est Lexis Lynch. C'est une espionne qui sera t'entraîner et t'apprendre beaucoup de choses. Elle te sera utile. Fait d'elle une amie et pas une ennemie.
-OK, d'accord.
Je lui fais un geste pour qu'il se taise et pour que tout rentre dans ma tête puis demande :
-Maintenant que l'on est seul, tu peux m'en dire plus sur tout ce qu'ils t'ont fait ?
Une petite peur au ventre me vient.
Non, elle est énorme.
-J'ai passé plus de dix mois à attendre la mort de l'un des leur pour pouvoir entrer. Je suis en condition d'infiltration depuis plus d'un an, Alison. Pour moi, la vie normale n'existe plus. Ce n'est qu'un lointain idéal.
Je sens le sol s'ouvrir un peu plus sous mes pieds.
-Pardon ?
-Ça fait peut-être un an que je suis avec eux. Je... J'ai passé un mois d'entraînement avec tous les membres du groupe, à être poussé au bout de mes limites, à être évalué et constamment observé. Ce sont eux qui jugent si tu es prêt à être avec eux. Rob pose simplement une limite de temps pour ton entraînement. Ensuite, ils te font passer un test, selon ce que tu montres, tu es pris où non. Comme j'avais les basses, difficile de me faire progresser davantage. Je sais pas ce qu'ils te feront mais si j'ai un conseille à te donner, c'est de toujours garder la tête froide.
-Comment ça ?
-Si tu montres tes faiblesses, ils appuieront dessus pour que ça ne te fasse plus mal. Dit toi qu'ils ont besoin de tueur pas de garde du corps.
Je le comprends de jour en jour, alors qu'il regarde sur sa montre, il me lance un regard que je ne saurais décrire.
-Il faut croire qu'on se revoit dans une semaine.
Figée, je le vois partir sans demander son reste.
Dans quoi je viens de me lancer !?
Dès le premier jour, je me fait réveiller à sept heure du matin pour mon entraînement de la journée. C'est Dan Morin, un fils des Andrews depuis des années, qui m'entraîne toute la matinée, sous le regard vigilant de Ruben. Ce dernier analyse et scrute mes moindres erreurs et mes moindres failles. Pourtant, je reste parterre une grande partie de l'entraînement, ne sachant comment contrer la force de Dan.
Il ne va pas avec des pincettes avec moi, je pourrais même parier qu'il a reçu l'ordre de tout donner, et dans un certain sens, sa façon muscler et brusque de me pousse à bout me fait penser à autre chose.
Pendant les entraînements, la mort de mon frère passe au second plan et toutes mes attaques deviennent le centre de mon attention.
Ce garçon aux cheveux châtains et aux yeux de la même couleur, semble doux et gentil au premier regard, et le sourire qu'il me lance à chaque fois que le sol frappe mon dos, mes cotes ou mon ventre me semble bizarrement très sincère. Grâce à ça, il me met facilement à l'aise, faisant vite disparaître le regret que je ressens quand mon poing le touche de près avec toute ma force.
Je n'ai plus peur de frapper avec la même puissance que lui et mon corps finit par arrêter de se crisper quand nos peaux viennent à être en contact pour se frapper. On s'arrête juste pour manger ou boire.
Tout est dicté par Ruben et il est intransigeant sur pas mal de chose. Je dois savoir me battre facilement en peu de temps alors toutes les minutes sont importantes à ses yeux.
Ce que je peux comprendre.
Le soir arrive enfin et le repos avec. Ruben me lâche enfin et c'est dans les bras d'un Dan plus doux et gentil, qu'il me confie.
Le soir même, il me prend sous son aile pour me présenter aux autres membres : les fils et filles des Andrews. C'est lors d'une soirée dans un des bars de Londres, bar sûrement à eux, que je fais leur rencontre.
Alors qu'on est encore dans la voiture, je commence à questionner mon conducteur pour en savoir davantage sur tout.
-Tu as grandi ici ?
-Ouais, mes parents étaient des Andrews. J'ai grandi dans le Réseau, comme beaucoup d'entre nous en fait.
Je hoche la tête alors qu'il me voit regarder la vue que nous offre un pont que nous traversons.
-La capitale a bien changé depuis la guerre, les royautés et les belles manières qui siégeaient ici et qui faisaient de ce pays un spectacle vivant n'existent plus. Plus de royauté, plus de grande famille de dirigeant. Plus rien.
-C'est dû à la guerre ce changement ?
-Non, en fait... Commence-t-il en réfléchissant les yeux rivés sur la route, concentré. Il y a eux le même événement qu'aux États-Unis, si tu veux. Les militaires ont pris le pouvoir, en racontant qu'ils n'en pouvaient plus des hauts dirigeants qui ne faisaient que donner des ordres dans leurs grands châteaux tout protégé. Il y a eux des révoltes et le gouvernement a bien été obligé de s'adapter. Pour nous, les militaires n'ont pas réussi à prendre l'entièreté du pouvoir. Nos lois sont un peu plus correctes que chez toi, même si ce n'est pas encore ça.
Il me jette un regard, sûrement pour voir si je l'écoute.
J'aimerais lui demander pourquoi il reste dans ce Réseau, mais comme il ne me pose pas de question, je me retiens.
-Le problème maintenant, ajoute-t-il. C'est la surpopulation. Beaucoup d'habitants viennent s'installer là où ils peuvent, venant de tous les pays à causse de la guerre ou du climat qui se détériore dans certains pays. Il n'y a plus de loi dans les rues, plus de justice. La seule règle qui règne dans la rue, c'est celle du plus fort ou du plus riche.
-Tu connais beaucoup de choses sur Rob ou son gang ?
Il soupire puis un sourire fait ressortir ses dents parfaitement alignées. Je ne peux m'empêcher de sourire faiblement.
-Je ne suis pas celui qui pourra t'en dire plus que Noah, Luc en sera peut-être davantage.
Un silence s'installe entre nous, jusqu'à ce qu'il ose me demander :
-Comment tu t'es retrouvée avec nous ? Je veux dire que Myler à plein qu'autre femme plus entraînée qui auraient pu prendre ta place, pourquoi toi ?
-Je suis là pour fuir ceux qui veulent me tuer.
-Du genre, tueur à gages ou...
-Du genre l'armée de mon pays.
Dan rigole sous mon nez.
-Tu es en fait une putain de fugitive ? Dit-il les yeux ronds tournés vers moi. Qu'est-ce que tu as fait pour les avoir à dos ?
Je rigole.
-Sincèrement, je ne sais pas pourquoi l'armée est à mes trousses, mais je sais qu'elle reculera devant rien pour m'avoir. Myler ne voulait pas que je reste dans les parages.
-Ça peut se comprendre. En plus avec la guerre qu'il va devoir gérer.
Alors, ils sont réellement au courant de toutes les merdes de chaque pôle. C'est dingue comment les nouvelles vont vite.
-Dis-toi qu'ici, l'armée ne te trouvera pas. Et puis la seule tête qui doit tomber, c'est celle de Rob.
Il me lance un sourire sans que je ne lui renvoie.
On arrive quelques minutes après devant un bar très lumineux dans une rue complètement déserte et plongée dans le noir. J'avance à reculons pour entrer dans l'établissement.
L'endroit est relativement vide avec quelques danseurs et beaucoup de monde au bar. Dan commande un scotch et il demande pour moi une tequila, prétextant mon besoin de me détendre. Il me mène ensuite près d'un groupe de personnes, tous asseyent autour d'une table, à discuter, comme un groupe d'ami enfin réuni.
-Salut les gars ! S'esclaffe Dan pour tout le groupe, un grand sourire aux lèvres.
Alors que toutes les têtes se tournent vers moi, les trois garçons se mettent à rire en même temps.
-Tu nous as ramené qui aujourd'hui, Morin ? Demande l'un des garçons aux cheveux blonds et aux yeux bleus, avec une cicatrice qui lui traverse tout l'œil droit.
À la fois terrifiant et charismatique, aucune haine et aucun air mal sain traversent son visage. Il semble avoir quelques années de plus que moi, pas grand-chose. Il doit être dans les âges de Noah, et pourtant, l'autorité lui colle déjà à la peau.
C'est son meilleur ami à coup sûr.
-Arrêtez les gars... Fait Dan pour se défendre.
-Alors ? Où tu l'as trouvé ? Demande un autre homme à la peau bronzé et aux yeux d'un vert instance.
Lui semble encore plus jeune que le premier. Il ajoute sans s'arrêter :
-Tu ne devais pas entraîner la nouvelle ? Celle que Noah et Ruben ont ramené avec le boss. Comment tu t'en es échappé ?
-Elle arrivait aujourd'hui ? Demande la seule fille, aux cheveux d'un blanc magnifique.
Elle s'adresse au seul blond de la table.
-Noah et Ruben sont arrivés dans la journée et Myler n'a pas envoyé Meva.
-Alors c'est qui ?
-Je ne sais pas, mais j'espère qu'elle nous débarrassera de ce petit connard...
-Stop ! Crie enfin Dan pour se faire entendre.
À voir la situation, ce n'est pas lui qui se fait le plus respecter dans le groupe.
-C'est elle la nouvelle ! Je vous présente Alison Lodge.
Me faire présenter par mon nom de famille, me donne un frisson de dégoût et de fierté en même temps. Par réflexe, je porte ma main à mon cou, pour prendre entre mes doigts la chaîne de mon frère, mon dernier souvenir de lui, pour lui voler de sa force. Alors que mes doigts s'agitent dans le vide, je me souviens de Kay qui me promet de la garder pour moi.
Je n'ai rien pour me rappeler mon frère, rien pour enterrer avec lui, le deuil que je dois faire. Le deuil de l'enfant qui m'a protégé toute sa vie.
-Alors là, je ne m'y attendais pas. Lâche le blond en se levant de sa place pour se mettre debout face à moi. Noah est un chanceux. Il me tend sa main. Je suis Luc Turner. Je gère le groupe en l'absence de Noah.
Je lui prends la main, sans le lâcher du regard. Il me paraît jeune pour être leur chef. Je me demande pourquoi Ruben ne prend pas ce rôle.
-Tu connais déjà Dan du coup, ainsi que Noah et Ruben. Demande-t-il sans attendre de vraies réponses. Je vais te...
Tout le monde le coupe pour se présenter à leur manière.
Finalement, pas si respecté que ça le « chef ».
-Moi c'est Alyssa ! Alyssa Prince. Se présente la seule fille du groupe, toujours un grand sourire aux lèvres, avec ses magnifiques cheveux blancs qui encadrent son petit visage. C'est un plaisir de te rencontrer.
Elle est plus petite que moi, mais la force qu'elle met en me serrant la main me passe l'envie de me battre avec elle.
Je lui rends son sourire, alors que tout le monde se met à se présenter lui-même.
-Gavin Leroy. M'annonce le garçon au yeux émeraude. Ravis de rencontrer celle qui va nous changer la vie. Fait-il en me lançant un sourire complice avant de me détailler.
Le garçon silencieux depuis tout à heure finit par se présenter.
-Finn Fox.
Il ne dit rien de plus, pourtant, il semble vouloir parler davantage, car ses yeux sont très agités et impulsifs.
Je lui souris pour toute réponse.
Luc m'invite à m'asseoir et tout le monde se met à me bombarder de question, sur ma vie, mon arrivée dans ce monde, comment je me suis retrouvée avec eux et pourquoi. Je réponds à tout, tout en gardant pour moi ce qui est nécessaire.
« Dit ton prénom, mais jamais d'information personnelle. » M'avait dit Myler avant de m'amener au bal des mercenaires. Je comprends aujourd'hui que ce conseille ne valait pas que pour cette soirée-là. Ils ne doivent rien savoir sur moi, je ne dois pas m'attacher à eux. Je les aide juste, ensuite, je rentre chez moi.
***
Premier Chapitre de ce Tome 2
J'espère sincèrement qu'il vous a plu... Je tiens juste prévenir que les chapitres qui vont suivre risque d'être chargé en nouveaux personnages, mais pas de problème, je fais attention à bien rappeler qui est qui.
Soyez prêt à voir une Alison qui va changer...
Je n'en dis pas plus...
Bonne attente et bonne lecture !!
À Mardi soir...