➠ 𝘈𝘯𝘥𝘳𝘦𝘸
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Je sais que ce que je m'apprête à faire n'est pas bien... Mais j'ai envie de lui demander des explications. Pourquoi s'est-elle remise avec Luka ?
Quand je me retrouve enfin en face d'elle, je me sens mieux... Plus apaisée... Voir sa chevelure blonde me fait du bien... Quelque chose en elle me rassure... C'est comme si elle était la seule qui pouvait comprendre mon monde et qui j'étais réellement, alors que moi je ne la comprends pas...
Je n'arrive pas à déceler ce qui aurait pu l'attirer dans cet univers sombre. Non, moi qui rêve d'être quelqu'un de basique, je me retrouve à être connue par des hommes qui font semblant de me respecter, mais qui au fond attendront juste le moment opportun pour me faire couler avec un coup de poignard dans le dos.
Me dire que j'ai voulu être en couple avec une femme comme Daye me fait bizarre... Elle est ravissante d'ailleurs, elle pourrait être mon style de fille, le problème ne vient pas de là... Je ne ressens rien... Strictement rien pour elle, ce qui ne m'étonne pas, vu que je ne ressentirai jamais de l'amour pour personne, mais ça me fait chier...
Elle est si douce avec moi, mais en même temps, j'avais l'impression que pendant le petit laps de temps où on était "ensemble", elle voulait avoir le contrôle de tout ce que je faisais, et je hais ça. J'ai toujours été libre à ma façon et ligotée à cause de Santiago, alors je n'ai pas envie qu'une autre personne vienne même me mettre en cage tel un bel oiseau.
— J'aimerais te parler d'un truc.
Nous avons balancé cela à l'unisson.
Bryanna m'affiche un sourire. Je ne sais pas ce qu'elle a à me dire, mais j'ai la sensation que pour une fois, elle sera sincère avec moi. L'odeur qui nous entoure est agréable, due au vent. Je sens son odeur mêlée à celle de la verdure du jardin, et je ne peux éviter de lui rendre son sourire.
— Je te laisse commencer, Bryanna.
— J'ai décidé de -
J'aurais aimé qu'elle finisse sa phrase... Je voulais qu'elle me dise ce qu'elle avait décidé... Mais c'était trop tard... Je me sens tomber, et là seule chose que j'ai pu voir, ce sont ses yeux bleus qui paniquaient et des hommes cagoulés l'attraper... Ma poitrine se met à me faire mal, mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, j'avais déjà perdu connaissance.
Nous sommes là, dans le noir le plus complet que je puisse voir. Il fait froid, et le sol est humide.
J'ai les mains nouées et le dos collé à cette présence rassurante. Je sens ses douces mains sur les miennes qui me caressent, calmant mes angoisses.
Je parais lointain, et les souvenirs de mon enfance reviennent me hanter, pour altérer mes peurs.
Je n'arrive pas à comprendre comment nous sommes arrivés ici et pourquoi nous deux précisément.
Je colle ma tête à la sienne et dis d'une voix rassurante, alors que c'est moi le plus affecté des deux :
— Tout se passera bien, je vais te protéger, je te le jure.
Je ne mens pas, même si au fond de moi, je tremble de peur. Je ne veux pas qu'il lui arrive un truc. Personnellement, j'ai l'habitude de ce genre de situation, et je sens qu'on va s'en sortir parce que nous sommes forts.
Je parais toujours neutre et détaché, pourtant je sais intérieurement que je ne peux pas me mentir à moi-même.
Cette personne est pour moi une énigme, et je la trouve sincèrement bizarre, mais je ne lui souhaite pas du mal non plus.
La porte s'ouvre, et une légère lumière pénètre la pièce. Mes yeux se plissent, s'habituant petit à petit. Une grande silhouette d'homme se présente en face de nous.
Je sens qu'on me serre la main doucement, et que ma respiration s'accélère.
Tout se passera bien, promis...
— Tiens, tiens, mes invités sont enfin réveillés.
La voix de l'homme est grave et me donne froid dans le dos. C'est comme si je l'avais déjà entendue... C'est une voix qu'on oublie sûrement jamais. Je n'arrive pas à voir l'homme, mais il est habillé tout en noir, et sa tête est recouverte d'une cagoule.
— Vous êtes qui, pauvre connard ?!
Bryanna ne garde pas sa langue dans sa poche, et au fond, ça ne m'étonne pas. Elle a ce courage en elle qui me fascine.
— Écoute-moi bien, petite pute, tu ne me parles pas comme ça, et quand je suis présent, tu baisses la tête.
Étant dos à la blonde, je ne peux pas réellement voir ce qui se passe, mais je sens qu'il est plus proche. J'imagine alors qu'il s'est penché vers elle. En tout cas, je la sens se crisper. Elle ne répond rien pendant quelques secondes, et quelque chose me dit que ça ne présage pas bon signe.
— Tu veux que je te tue ?! crie l'homme.
Mi rubia commence à prendre un fou rire, et je fronce les sourcils. Ne pas voir ce qui se passe devient contrariant, mais ce qui est sûr, c'est qu'elle a fait quelque chose, et elle risque de nous envoyer tous les deux vers un cercueil si elle continue.
J'entends le bruit d'une gifle, ce qui a le don de la faire encore exploser de rire.
— Tu penses que ça me fera quelque chose ? Mais avant ça, je veux tout de même savoir ce qu'on fout ici.
Ce qui me choque dans cette situation, ce n'est pas d'être kidnappé. Après tout, ce n'est pas la première fois, et on est préparés psychologiquement à encaisser si cela arrive... Enfin, surtout moi...
J'entends Santiago me dire « Tu encaisses, et jamais tu n'oses parler de moi comme un homme », mais là, je suis fasciné par le comportement de Bryanna... Cette blonde est si forte, comme si toute sa vie avait été une bataille.
— Vous le saurez en temps voulu.
J'entends les pas de l'homme s'éloigner, et la porte se refermer. Mes mains tremblent, je le sais, mais je sens tout de même mes muscles se détendre.
— Mi rubia... Arrête de le provoquer, on ne sait même pas d'où il vient.
— Sérieusement ?
Je sens au ton de sa voix de l'amusement.
— Quoi ?
— Tu te soucies d'où il vient, alors que tu ne sais même pas qui je suis...
— Il y a une différence entre toi et ces gens.
— Laquelle ?
— J'en sais rien, c'est pas le moment... On devrait essayer de se détacher !
— J'ai déjà essayé, j'y arrive pas...
— Réessayons...
Je soupire désespéré. Le lieu est sombre, on est presque dans le noir complet. D'ailleurs, où est-ce le cas ? Mais mes yeux se sont habitués au sombre de la pièce, et j'arrive à y voir une chaise au loin et une corde accrochée au toit.
Nous sommes assis sur le sol froid, rempli de taches de sang qui me donnent la gerbe. Cette odeur est immonde, la pire du monde, je pense. Ce genre de lieu me ramène à des souvenirs de mon enfance...
Tu encaisses, et tu ne parles pas.
L'homme me tourne autour avec un regard menaçant et une voix grave. Elle me fiche la trouille, et je n'ai qu'un souhait : avoir une maison où je rentrerais et retrouverais ma maman qui m'aurait préparé le dîner. C'était le monde que je me créais dans la tête chaque jour qui passait, et c'est celui qui me sauvera plus tard...
L'homme me frappe au visage, comme si je pouvais le supporter... J'ai mal... Très mal... Mais plus il frappe, plus je me promets que je n'irai pas pleurer.
— Parle-moi de ton père, petit môme.
— Je n'ai pas de père !
Au fond, je savais qu'il parlait de Santiago... Il y avait des ragots comme quoi les gens pensaient que j'étais son fils, mais qu'il ne l'assumait pas pour ne pas me mettre en danger.
Mais j'ai promis...
Je ne dirai rien...
Je ne dirai pas que je suis attaché à Santiago. Après tout, j'ai peur qu'il m'abandonne un jour lui aussi, mais... C'est le seul qui m'a sauvé... Alors je lui dois tout de même ça ?
J'encaisse comme appris... Chaque coup... Chaque coup m'affaiblit mentalement... Peut-être que je vais mourir ici, et que mon parrain ne viendra pas me sauver... J'en sais rien, mais personne n'irait pleurer pour moi...
Je hais mes parents... Ils n'auraient pas dû me laisser... À chaque fois que ça me brûle, ma haine augmente, me bouffant de l'intérieur à un tel point que je voudrais tuer quelqu'un.
— Andrew, je te parle !?
Je sens mi rubia paniquer quand je reviens à moi... J'ai des sortes de crises qui me retournent à mon enfance... C'est comme si je revivais parfaitement chaque détail de ce que j'avais pu vivre... Je revois tout, je sens tout, chaque sensation, chaque odeur.
L'homme était revenu sans que j'y fasse attention. Il commence à détacher Bryanna avant de la ramener je ne sais où.
— Lâchez-la !!
J'ai peur... Peur qu'il lui fasse du mal... Je suis si impuissant...
Si nul...