Le Chantage du Roi Alpha

By Marie0609hs

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Je ne comprends pas ce qui m'anime. Non je ne sais pas. S'il s'agit de douleur, de colère ou bien de peur. ... More

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Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Épilogue
Annonce

Chapitre 15

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By Marie0609hs

PDV ÉMILIE

Je me réveille seule dans le grand lit king size d'Aaron.

Le visage meurtri de Tyler est toujours ancré dans mon esprit, net. Et mon cœur est toujours aussi déchiré face à cette vue qui m'a donné la nausée.

J'ai été dégoûtée d'Aaron. Complètement.

Et je le suis encore au plus profond de moi. Déjà avant c'était pas ouf et maintenant, ce n'est même pas descriptible avec de simples mots.

Je me lève après m'être étirée sous les rayons chauds du soleil. Mon regard se porte sur la baie vitrée.

Je me demande dans quelle contrée je me trouve, parce que je n'en ai pas la moindre idée. Tout ce que je sais, c'est que c'est à plusieurs heures de chez moi.

Chez moi.

Je marche jusqu'à la fenêtre, regardant alors au-delà des arbres. J'aimerais tellement retourner chez moi. Je reviens vers le lit, et m'assois, mes yeux posés sur le tiroir de la table de chevet. Je ne l'ai plus ouvert depuis que je l'ai posé dedans. Je soupire avant de me décider et tends ma main vers le tiroir.

Quelques secondes plus tard, la petite parure d'or est exposée à mon regard peiné.

Sertie de rubis rouges, c'est un cadeau de ma mère. Je portais la parure au bal quand j'ai rencontré Aaron.

Je la prends dans mes mains avec un serrement de cœur. Mes doigts caressent le bijou avec tendresse.

C'était mon cadeau pour mes dix-huit ans. Et c'est le dernier objet qu'il me reste de Suzanne Walter.

« Porte-le lors des plus mauvaises occasions, pour que tu te souviennes à jamais que je serai toujours avec toi, même dans les moments où tu seras au plus bas. »

Je t'aime tellement, Maman...

Mes larmes coulent d'elles-mêmes pour s'échouer sur l'or dans mes mains. Et je le repose rapidement dans sa petite cachette, à l'abri de tous les regards.

Ma mère ne serait pas heureuse si elle voyait que je me morfonds dans mon malheur, si elle savait que sa fille aînée, future Reine des anges, se laisse malmenée par un lien qui l'affaiblit considérablement.

Émilie.

Elle avait demandé à mon père de m'appeler ainsi à ma naissance. Pour que je sois une femme forte.

La meilleure de tous.

La grande rivale de tous les autres princes et rois.

Pour que je me montre tout simplement digne du prénom qu'elle m'a attribué.

Émilie.

Autrement dit, une rivale honorable, une grande travailleuse. Et surtout une émule.

Parce qu'à ses yeux, j'étais la meilleure. Parce que je me surpassais pour atteindre mes objectifs.

Et aujourd'hui encore je me surpasse. Sans cesse. Face à cet homme envoûtant, face à mon corps, face à ma situation.

Pendant toute mon enfance, j'ai cherché à égaler les autres dans tous les domaines. Pour honorer mon prénom et pour faire la fierté de mes parents et de mon peuple entier.

Et j'y suis parvenue. Malgré l'incident, j'y suis arrivée.

Je suis devenue la princesse la plus populaire, l'idole numéro un des surnaturels, la femme la plus respectée de l'univers.

J'ai réussi à me défaire de mon passé en oubliant.

Mais c'était sans compter sur l'arrivée d'Aaron Parker qui a tout chamboulé. Tout cassé.

Décidant de fuir mes pensées douloureuses, je me vêts d'une robe et cache le haut de mon corps sale avec un pull. Puis je descends.

Je passe alors toute la matinée avec Tristan et Élijah, nous lançant des blagues plus pourries les unes que les autres.

Je profite juste de cet instant de bonheur que je n'aurais qu'une seule fois de ma vie.

Mais au milieu du plus merveilleux moment que j'ai passé dans la meute jusqu'à maintenant, il y a lui qui fait tache. Comme d'habitude, il doit venir gâcher ma joie à la fréquence plutôt rare.

Juste avec son regard.

Je le sens brûler mon dos, et je commence à regretter de ne pas avoir rajouté une couche de vêtements en plus.

Je continue cependant de blablater avec mes deux amis ainsi qu'avec Inès, sans prendre garde à lui. Et je sais que je le mets en rogne en l'ignorant comme je le fais. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qu'il est appuyé contre le mur, avec une lueur sombre dans les yeux.

Ne pense pas une seule seconde que je vais craquer, Parker. C'est fini maintenant les rougissements face à notre proximité. Je ne veux plus jamais être seule avec toi dans la même pièce.

Finalement la discussion continue des heures durant et je finis par découvrir que Tristan et Élijah sont frères.

- Mais vous ne vous ressemblez pas du tout ! m'écrié-je, surprise.

Je me rends alors compte de ce que vient de lâcher.

- Euh pardon, je ne voulais pas...

- Ne t'inquiète pas, rit Tristan, on est habitué.

Mon regard se pose sur Élijah pour les comparer, et je remarque ses poings serrés, ainsi que son regard qui dévie légèrement vers l'Alpha derrière moi.

Il y a de la haine dans l'air.

Je reporte directement mon attention sur le second frère qui est le seul à se foutre royalement du psychopathe.

- Alors, racontez-moi ! Qui est l'aîné ?

Je cherche à dissiper légèrement la pression qui augmente considérablement la température et le malaise dans la pièce.

- Je suis né avant, répond Tristan qui a enfin paru se rendre compte de l'atmosphère pesante. Mes parents étaient amoureux l'un de l'autre sauf que...

Il se stoppe soudainement après m'avoir dévisagée et baisse le regard.

- Tristan ?

- Ne lui dis pas, ordonne Aaron dans mon dos, ce qui me serrer les dents.

Devant moi, Tristan éprouve un soudain intérêt à examiner ses grandes mains.

Je ne jette même pas un regard noir à l'Alpha alors que je brûle de rage. Car je sais que c'est ce qu'il souhaite, même si c'est pour lui montrer ma haine. Plus je l'ignore, plus il perd son calme olympien. Je sens soudainement un feu ravageur prendre possession de mon corps. Une chaleur intense qui vient de lui. Une chaleur mêlant des flammes ardentes de désir et des flammes destructrices de colère.

Il essaie de me faire plier en jouant avec ce que je peux ressentir via le lien. Il sait que je suis cramoisie face à l'intensité des émotions qu'il fait se propager en moi.

Mais je ne suis pas prête à céder. Par pour un homme comme lui qui a fait souffrir celui pour qui je dois tout. Même ma vie.

Alors pour riposter face à son attaque déloyale, je pose ma main sur l'épaule de son Bêta. Bon je dois avouer que même sans Aaron, je l'aurais fait, mais disons que désormais j'ai une double-raison.

- Tristan, je ne sais pas ce qui est arrivé, mais si c'est terrible, je suis désolée pour toi...

Je sens le feu de colère s'accroître astronomiquement derrière mon dos, et je sais que tout le monde le sent.

- Émilie, ne le touche pas.

Sa voix me fait frissonner. Elle est bien plus rauque que d'habitude et je devine qu'il se retient d'arracher ma main de l'épaule de son Bêta. Il préfère passer par l'ordre. Ce que je n'accepte absolument pas.

Alors je fais comme si je n'avais rien entendu.

Prête à tester le self-control du Roi des loups-garous et du plus possessif de son espèce.

Que la partie commence, Parker.

- Je t'ai demandé de ne pas le toucher.

Sa voix est encore plus menaçante du fait que je continue de l'ignorer comme s'il n'était rien... ce qui est assez insupportable pour un Alpha à l'égo surdimensionné. Dommage pour lui, mon insolence n'a pas de limites.

Surtout quand on note qu'il ne me l'a pas « demandé » mais ordonné. Ce qui est légèrement différent. Rien que légèrement.

- J'espère qu'ils vont bien, maintenant ?

Élijah prend alors la parole, et je comprends qu'il a décidé de défier son Alpha :

- En fait, nous sommes demi-frères. Les parents de Tristan s'aimaient beaucoup, mais n'étaient pas âme-sœurs.

- Élijah, tu la fermes. Et Émilie, tu lâches Tristan.

Mais Élijah fait preuve d'un culot que jamais je ne lui aurais soupçonné. Et ça m'effraie pour lui. Parce qu'il risque sa peau en tenant ainsi tête à son Alpha.

- Et un jour, notre mère a rencontré mon père, et il l'a reconnue comme son âme-sœur. Il l'a obligée à venir avec lui, malgré le fait que le père de Tristan était un Bêta, car le mien l'était aussi.

Il ne quitte pas des yeux l'homme derrière moi que je sais furibond. Tandis que ses paroles s'alignent dans ma tête.

- Elle a mis plusieurs mois avant de finalement accepter le lien qui avait détruit son couple. Ils ont trouvé un accord, et elle est devenue la femme de mon père. Et je suis né deux ans plus tard. J'ai trois ans de différence avec Tristan.

Je me mords la lèvre pour empêcher ma rage d'échapper à mon contrôle.

Ce lien n'est rien d'autre qu'une malédiction. Et il serait temps que le monde s'en rende compte.

Je me retiens quand même de laisser filer le fond de ma pensée pour ne pas vexer les deux frères qui ont l'air de beaucoup s'apprécier malgré la situation.

- L'important c'est que ça se soit réglé, lâché-je finalement.

Un petit mensonge de rien du tout.

Je me rends alors compte que j'ai lâché l'épaule de Tristan pendant qu'Élijah me contait son histoire.

Celui-ci hausse un sourcil face à ma réplique détachée et je comprends alors que son but en désobéissant son Alpha était de me mettre en colère contre lui. Je décide alors de rajouter discrètement, brisant le silence qui planait dans la pièce :

- J'ai quand même une impression de déjà-vu... pas vous ?

Je vois Tristan trembler, tandis que le sourire de son frère s'agrandit. On se lance alors un regard complice, et je lui souris.

Et ce dernier détail ne semble pas échapper à Aaron qui se met soudainement à grogner longuement, prévenant son Bêta pour la dernière fois.

Celui-ci obtempère finalement et baisse la tête. Mais je vois toujours son sourire scotché sur son visage, ce qui me fait éclater de rire.

J'adore cet homme. Enfin quelqu'un avec qui je peux me foutre de la gueule d'Aaron. C'est génial.

Il m'accompagne dans mon rire, mais on se stoppe quand on entend Aaron s'approcher à grands pas. De moi.

Son bras passe alors autour de ma taille et me fait me lever rapidement.

- Ça suffit.

Sa colère bat son plein. Mais celle du Bêta insolent tout autant.

- Émilie, va dans la chambre, m'ordonne Aaron.

- Si tu rajoutes un « s'il-te-plaît », il y a moyen que je reconsidère ta demande, je réponds du tac au tac.

Non mais il se croit où lui.

- Elle a raison, elle n'est pas une gamine, Aaron, me soutient mon ami.

Ok, il est suicidaire, c'est certain...

Et la réaction du Roi est immédiate : il me repousse violemment en arrière alors qu'il me tenait fortement contre son torse, et fonce droit sur son Bêta. Il le soulève par le col et le plaque durement contre le mur.

Face à la force qu'il y met, je serre les dents. Le mal de dos qu'Élijah doit avoir en ce moment même...

Mais je décide de réagir quand l'Alpha se met à serrer sa gorge, les yeux rouges.

Comme il l'a fait avec moi.

- Arrête !

Mais sa prise sur le cou d'Élijah ne fait que se resserrer. Les yeux de la victime se ferment, me montrant qu'il retient sa respiration.

- AARON !

Mon cri semble réveiller mon âme-sœur qui tourne son regard flamboyant sur moi, ce qui me fait me figer instantanément.

- Tu le défends ?! TU LE DÉFENDS ?!

- Arrête de faire ton jaloux ! C'est mon ami donc oui je le défends merde ! Lâche-le tout de suite !

Je m'approche et essaie de repousser l'Alpha furieux, mais il m'ordonne de me pousser.

- Jamais, Parker. Tu le lâches. Il a raison de point en point. J'ai presque vingt ans et je suis donc bien assez âgée pour être traitée comme une adulte merde !

Et je les sépare violemment en utilisant mon contrôle de l'air, quand je vois la face du Bêta devenir livide. Je me précipite sur son corps étendu par terre tandis qu'Aaron recule rapidement.

À genoux près d'Élijah, je le maintiens assis et il se met à tousser.

- Putain, murmure-t-il.

Je sens encore le feu de jalousie et de colère planer en moi, prenant possession de tous mes membres qui en sont de plus en plus engourdis.

Cet Alpha va finir par me tuer.

Je sens soudainement les pas du concerné se rapprocher rapidement de moi, et il me tire violemment en arrière. J'étouffe un hoquet de stupeur quand je rentre dans un torse imposant. Ses mains entourent ma taille et me serrent fort contre lui. Je tente de me débattre mais il me colle un peu plus contre lui, avant d'ordonner :

- Occupez-vous d'Élijah.

Puis il réussit à m'entraîner jusqu'aux escaliers, malgré le fait que je me débatte.

- Lâche-moi, Parker. Maintenant.

La menace est très bien discernable dans ma voix et il pivote sur lui-même, les yeux rouges.

- Ne t'avise pas de me menacer, Émilie. J'espère que je suis clair.

- Pas assez pour que j'arrête, répliqué-je en fronçant les sourcils de colère.

Il me tire à nouveau contre lui, avant de prendre ma mâchoire dans sa main, m'obligeant à plonger mes yeux dans les siens.

- Ne le touche plus jamais, Émilie. Ne touche plus aucun de mes Bêtas. Même aucun homme, quel qu'il soit.

- Ça, c'est à moi de voir, Parker. Je fais ce qu'il me plaît et je n'ai pas besoin d'un homme que je ne connais pas pour décider de mes moindres faits et gestes.

Nos visages ne sont séparés que par quelques centimètres et je vois sa mâchoire se tordre sous la rage qui l'anime entièrement. Mais elle disparaît soudainement pour faire place à... quelque chose de plus profond.

Il rapproche alors son visage du mien, et je retiens mon souffle en me cambrant pour nous éloigner. Sa main dans le bas de mon dos ne m'aide absolument pas.

- Oh et, autre chose... ne t'avise plus jamais de m'empêcher de voir ton doré.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine et mes yeux s'écarquillent quand sa phrase tourne en boucle dans ma tête, me faisant rougir.

- Tu m'as compris ? Je t'interdis de me priver de lui. Est-ce que c'est clair ?

Je ne réponds pas, rouge comme une pivoine. Mon cœur bat à fond à l'heure dans ma poitrine et je crains de faire un arrêt cardiaque pour de bon.

Ce serait tellement con de mourir ainsi.

Face à ma perte de contrôle, je le vois sourire ce qui me fait fondre sur place. Je perds tous mes moyens et il le sait très bien. Alors il en profite pour poser sa main sur ma joue, sans retirer son regard du mien.

Et je pourrais rester ainsi pendant des lustres sans bouger.

Mais face aux émotions qui m'accablent, je baisse le regard et tente de m'éloigner. Il me bloque avec sa main et je stoppe ma respiration quand il me ramène à lui pour souffler :

- Tu me rends fou.

Sa main quitte lentement le bas de mon dos, laissant une traînée de frissons dans son sillage, ce qui le fait sourire. Mes yeux hésitent entre ses iris sombres et ses lèvres qui m'appellent malgré moi.

Je sens alors sa main glisser dans mes cheveux, et il penche sa tête en rapprochant nos bouches. Signe qu'il s'apprête à m'embrasser. Une chaleur encore plus intense que d'habitude traverse mon bas-ventre et je soupire doucement, tandis que ma poitrine se soulève et s'abaisse irrégulièrement contre son torse.

J'ai envie qu'il m'embrasse. Maintenant.

- Aaron, on amène Élijah à sa chambre, annonce Inès juste avant de sortir du salon.

Je me sépare violemment de l'Alpha qui grommelle, sans retirer mon regard du sien. Je dévie alors le mien vers mon amie qui aide Élijah à marcher.

Le connard ne l'a pas loupé, lui non plus. Son cou est aussi marqué que le mien.

Enfin libre de mes mouvements, je marche vers lui pour voir si je peux aider, mais Aaron me retient en posant ses mains sur mes hanches.

- Je ne veux plus que tu l'approches.

- Je fais ce qu'il me plaît, Parker.

Mon ton est encore plus froid que d'habitude ; je suis encore remuée par ce qu'il vient de se passer entre nous deux.

Il était à deux doigts de m'embrasser. Je n'arrive pas y croire. Surtout quand je sais que je ne suis pas parvenue à le repousser. Que je n'en avais pas envie.

Je m'apprêtais à m'éloigner de lui, quand il me retient par la main.

- C'est un ordre Émilie. Si tu me désobéis, ton peuple en subira les conséquences.

Je lève les yeux au ciel, ce qui n'a pas l'air de lui plaire. Il murmure :

- Tyler en subira les conséquences.

Une rage étouffante se met à pulser dans mes veines lorsque j'entends ces mots.

- Tyler en subira les conséquences ?! Tu te moques de moi ?

Il fronce les sourcils, incompréhensif.

- Alors qu'il est déjà amoché comme s'il avait glissé d'une falaise ? Alors qu'il est seul, dans un cachot dans le noir ? Alors que son sang goutte sur le sol ? Il n'a pas l'air d'avoir assez subi injustement, pour toi ?

Il ne répond pas, surpris. Et je profite de son état pour le bousculer afin de passer et d'atteindre ma chambre.

- Émilie, reviens ici tout de suite ! m'ordonne l'Alpha.

- Va te faire foutre, murmuré-je, pensant qu'il n'allait pas l'entendre.

Sauf que je le sens monter les marches quatre à quatre derrière moi, signe qu'il m'a parfaitement entendue. Élijah, Inès et Tristan regardent le spectacle, déjà effarés par ce qu'il risque de se passer.

Je claque la porte de ma chambre, alors qu'il hurle mon prénom. Et quelques millisecondes plus tard, il la fracasse en mille morceaux. Nos regards haineux se croisent et ne se quittent pas tandis qu'il avance vers moi sans que je ne recule.

- Comment est-ce que tu le sais ?!

Je me mords la lèvre inférieure pour empêcher les insultes de fuser comme des missiles.

- JE T'AI DEMANDÉ COMMENT TU LE SAVAIS !

En moins d'un battement de cil, je suis plaquée contre le mur, et j'étouffe un hoquet de douleur tandis que mon dos me brûle.

Tandis que ma marque me brûle.

Je ferme les yeux, sachant que si je ne lui réponds pas, il me fera du mal. Et je ne souhaite ni lui dire, ni me défendre. Je suis prête à le laisser me frapper sans l'arrêter.

Espérant que cette fois-ci, il me tuera pour de bon.

Je le sens soupirer et s'éloigner de mon corps. J'ouvre un œil, puis, deux, étonnée. Il me tourne le dos, se concentrant sur sa respiration pour se calmer.

Puis il se dirige vers la sortie et avant de sortir, jette impassiblement :

- Ce soir tu dîneras avec moi. Nous avons deux invités.

- Et si je ne veux pas ?

- Tu n'as pas le choix, beauté. Tu es ma Reine après tout.

- Je ne le suis et ne le serai jamais.

Il se met à rire sombrement avant de revenir à moi et de poser ses deux avant-bras contre le mur, autour de ma tête.

- C'est beau de te voir résister, alors que tout est contre toi.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? soupiré-je, comme étouffée par notre soudaine proximité.

Pitié recule.

- Tu ne peux imaginer à quel point je te veux quand tu cherches à me résister...

Il penche son visage jusqu'à ce que nos deux nez se touchent. Je rougis violemment et baisse la tête, les yeux fermés, espérant qu'il va se décaler. Mais il fait tout le contraire et se met à embrasser le haut de mon cou.

- ... alors que ton corps me dit le contraire, ...

Il retire sa main du mur et la pose sur ma hanche avant de la descendre et de frôler l'extérieur de ma cuisse nue. Des milliers de frissons m'assaillent et je lâche un soupir involontairement.

Pourquoi je me suis mise en robe...

- ... alors que ton doré brillant de désir m'excite, ...

Je relève la tête vers lui, et rougis en constatant la noirceur ténébreuse de ses yeux. Ça me rend tellement folle...

- ... alors que tes lèvres ne demandent qu'à être embrassées...

Il pose son doigt sur ma lèvre inférieure et tout mon corps se met à trembler à son contact.

Il faut que ça s'arrête, c'est plus possible...

Je le repousse désespérément, affligée par les réactions de mon corps que je ne maîtrise plus.

Je sais que nous jouons à un jeu dangereux. Et ça m'effraie de plus en plus. Parce que je ne sais pas combien de temps je vais encore pouvoir lutter contre le désir qui se propage en moi un peu plus intensément à chaque fois.

- Ne me touche pas.

- Pourquoi ? Tu as peur ?

- Non, je suis fidèle.

Il comprend immédiatement le sous-entendu et serre les dents. L'explosion de sa colère est imminente. Et je le vois bien avec le tremblement nerveux qui prend possession de son corps.

- PUTAIN ! TU ES À MOI, ÉMILIE ! IL NE TE TOUCHERA PLUS JAMAIS ! IL MOURRA ! EST-CE QUE TU M'AS COMPRIS ?

Je ferme les yeux en me collant un peu plus au mur, sous son cri poussé à peine à quelques centimètres de moi. Ce n'est pas super agréable. Je ne réponds rien, le laissant se déchaîner contre moi.

Je sais qu'Élijah, Tristan et Inès sont derrière Aaron, ne sachant pas comment agir. Mon regard croise celui de ce premier où je sens la rage faire battre son cœur. Il fronce les sourcils face à mon silence, ne comprenant pas pourquoi je n'ouvre pas la bouche.

- IL N'EST PLUS RIEN POUR TOI, C'EST CLAIR ? C'est fini entre vous désormais ! Admets-le.

Mon regard impassible retourne se perdre dans celui de l'Alpha qui bouillonne sur place.

Comme eux bouillonnaient quand je leur répondais. Alors ils m'ont appris à me taire quand on me gueulait dessus en étant beaucoup trop proche. Et je n'ai jamais perdu cette habitude.

Parce qu'au fond de moi la peur est encore là, dissimulée sous mon insolence.

- ADMETS-LE MERDE !

Il continue de hurler. Sans se rendre compte que plus il le fait, moins je l'entends. Mon ouïe se perd et sa voix passe en arrière-plan. Laissant le silence planer autour de moi, et dans lequel je m'immerge totalement.

Je me laisse perdre dans ce silence reposant. Ça fait du bien. Je n'entends pas ses bruits de voix, même si je sais qu'ils sont là.

Alors je décide de profiter de ce silence que je sens enfin complet.

Mais le coup dans le mur à quelques centimètres de ma tête me fait sortir de mon absence mentale.

- ADMETS QU'IL N'EST PLUS RIEN POUR TOI !

Les ordres fusent. Ne me faisant ni chaud ni froid. Jusqu'à ce que je daigne enfin prononcer un mot :

- Non.

Un silence tombe instantanément dans la pièce. Ils me regardent tous choqués, même Aaron. Ils ne comprennent pas mon calme, mon détachement.

Ni le sourire qui apparaît doucement sur mes lèvres.

Je me penche vers l'Alpha qui a perdu toute fureur, et je lâche calmement :

- Plutôt mourir que de le laisser tomber. Alors qu'il a toujours été là pour moi. Alors qu'il est celui qui m'a sortie de l'Enfer. Qui m'a fait retrouver le bonheur quand j'étais au plus bas.

L'Alpha recule violemment, comme si mes mots l'avaient brûlé.

- Je l'aime. Je l'aime tellement. Parce qu'il a été la personne qui a su me faire rire, qui a su me détourner de mon envie de mourir, qui a su me donner le courage de me battre pour ce que je veux.

Je ne quitte pas ses yeux écarquillés du regard.

- Et ce que je veux, maintenant, c'est le rejoindre. Et t'oublier. Tu n'es pas mon âme-sœur Aaron ; il est mon âme-sœur. Et ça ne changera jamais. Arrête de penser que le monde tourne seulement autour de toi. Parce qu'il le fait autour de plusieurs milliards de personnes.

J'achève ma tirade dans un souffle. Sans quitter son regard. Savourant chaque parcelle de ses iris qui s'assombrissent. J'aime le sentir se fissurer par ma faute. J'aime le faire souffrir comme il aime me le faire.

Nous sommes pareils.

Deux personnes qui se sont toujours senties seules après avoir souffert, et qui ne veulent qu'une seule chose : passer cette étape par n'importe quel moyen. Que ce soit par la vengeance, ou par l'oubli, en se déchaînant sur les autres.

Et sa rage grandit quand il se rend compte que je me délecte de sa stupéfaction et de ses ressentis. Ses yeux deviennent tout d'un coup rouges et il n'attend pas une seconde de plus pour me soulever du sol.

Et serrer.

- AARON !

Non, Aaron. Continue. Perds-moi. Pour qu'ils soient tous libres.

- AARON ! LÂCHE-LA TOUT DE SUITE ! TU VAS LA TUER !

Me tuer, me tuer, me tuer. Mais je suis déjà morte depuis sept ans. Il n'a fait que briser ce qu'il restait de vivant, c'est-à-dire qu'une infime partie de mon âme.

Ces mots hurlés par Élijah semblent réveiller l'homme devant moi qui me laisse glisser au sol, la respiration saccadée. Avant que je ne me mette à nouveau à sourire.

- Me tuer ? répété-je en me relevant difficilement et en souriant. Il m'a déjà tuée. Comme il a tué tout ce qui a croisé son chemin.

Je joue sur les mots. Et ils ne le décèlent pas.

Ils ne comprennent pas que ce n'est pas d'Aaron dont je parle.

Mais c'est mieux ainsi. C'est mieux de laisser le mystère planer pendant longtemps, et de me délecter de les voir perdus.

Non, ce n'est pas Aaron. C'est leur chef qui a tout orchestré. Et qui s'occupait spécialement de mon cas.

Alors je continue d'affronter le regard noir qui me fait face, essayant de me déchiffrer. Désolée Aaron mais je ne te laisserai pas lire en moi.

- Il a tué ce que j'avais de plus cher. Ça.

Et je pose ma main sur mon cœur. Cette fois-ci, mes prochains mots s'adressent enfin à Aaron :

- Il a tué mon moral, et je vais te dire un truc, animal : je n'ai jamais autant rêvé de voir quelqu'un mourir à son tour...

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ensuite. Quand mes mots ont brûlé l'air. Semant la discorde dans toutes les âmes présentes.

Je me souviens juste de l'avoir vu foncer sur moi et de m'être sentie projetée contre un mur contre lequel ma tête s'est heurtée.

Avant que le noir ne m'envahisse. Encore une fois.

Voilà pour ce chapitre ! Bonne semaine !
4570 mots

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