Le soleil caressa doucement ma peau. Dan marchait à côté de moi, les mains dans les poches, plutôt détendu. Ce charmant garçon m'avait attendu devant chez moi ce matin, pour m'accompagner à ma rentrée. Il me promit de rester avec moi, les premières semaines.
La nuit dernière m'avait permis de me reposer et de prendre du recul sur ma situation malgré le terrible cauchemar qui m'avait réveillé, complètement humide de sueur. Prise de nausée, j'avais couru vers les toilettes. Mes maux d'estomacs s'étaient calmés après avoir passé quelques minutes, la tête dans la cuvette.
Nous avancions au-delà de l'immense portail pour découvrir l'intérieur de l'école. D'immenses tours et bâtiments rectangulaires constituaient l'école. Les fenêtres étaient immenses comme les portes en bois massif.
Dan m'emmena devant l'une d'entre elles et la poussa. Je fus étonnée par le monde qui était devant moi. Plusieurs personnes étaient assises sur des banquettes en jouant à des jeux de cartes ou à se lancer des sorts. Plusieurs étudiants portant des uniformes, ne se mélangeaient pas aux autres et sortirent rapidement de l'établissement.
En hauteur, d'autres élèves attendaient sur le rebord des escaliers le début des cours. Ces escaliers en colimaçon débouchaient sur plusieurs couloirs assez sombres pour une école constituée d'énormes fenêtres. Mon regard se tourna vers un petit groupe de personnes prenant la direction de ces escaliers.
La première personne qui posa ses pieds après la dernière marche, avait un visage particulièrement doux et inspirait la confiance. De sa main gauche, elle jouait avec un étrange parapluie, qui était sans doute son arme.
Un autre homme la suivait d'assez près : il la dépassait au moins de deux têtes. Une immense lame prenait place dans toute la longueur de son dos. Je remarquais ses jolis tatouages ensevelis sous une chevelure blonde.
Proche de lui, un autre jeune homme lui courait presque derrière. Ses bras derrière la tête, il portait une jolie chemise jaune à fleurs vertes ce qui ne pouvait pas échapper à mon regard. Son chapeau de paille couvrait son crâne lisse. Dans ce petit groupe, personne ne portait d'uniforme.
Pour fermer ce groupe, je revis, encore une fois, la jeune femme. Les immenses boucles blondes lui couvrent désormais le devant de son corps. Sa longue robe en dentelle blanche lui tombait jusqu'à ses pieds alors que celle-ci défiait la loi de la gravité. Son teint très pâle à la lumière lui donnait un charme presque irrationnel. Elle posa quelques secondes son regard vers moi puis ses lèvres s'entrouvrirent dans ma direction.
Une vieille femme cria le nom de mon collègue à ma gauche. Mon regard chercha le groupe qui avait finalement disparu du hall d'entrée. Les cheveux grisonnants de cette femme lui donnaient un certain charme pour son âge. Son blaser vert et sa jupe portefeuille permettaient de lui donner un coup de jeunesse. Ils se serrèrent la main.
Il se lança dans un monologue en parlant de notre rencontre. Son regard se tourna vers moi, cligna des yeux pour ensuite, me sourire. Elle me tendit sa main gauche où une jolie bague décorait son auriculaire.
— Bienvenue, jeune fille. Nous sommes heureux de vous accueillir au sein de notre école.
— C'est très gentil de votre part, répondis-je en soutenant son regard.
— Vous feriez mieux de vous dépêcher, vous allez être en retard, dit-elle en s'écartant.
Dan baissa sa tête, en signe de politesse puis il me sourit.
Nous nous aventurions à travers les couloirs bondés de monde. Les personnes cherchaient leurs salles, posaient différentes questions à d'autres étudiants. Les plus âgés regardaient les nouveaux et se moquaient des plus jeunes, perdus dans cet immense labyrinthe.
Lorsque nous rentrions dans la salle, nous étions presque les derniers. Les regards se pointèrent vers nous : d'abord, sur Dan puis sur moi. Cela me semblait évident puisque j'étais nouvelle dans cet établissement, alors voir un nouveau visage, attirait la curiosité de l'être humain et des autres.
Nous nous assîmes vers le milieu de la salle. Nos vieilles tables étaient en bois et légèrement bancales. Des meubles en verre couvraient les murs jaunis par le temps et conservaient des centaines, voire des milliers de livres.
Après quelques minutes de silence, notre professeure entra dans la salle de cours. Mes yeux s'écarquillèrent lorsque je découvris de fines ailes bleutées et lumineuses qui poussaient derrière son dos. Ses oreilles étaient longues et pointues. Elles étaient décorées par de longues boucles d'oreilles faites de perles et de cristaux colorés. Pendant qu'elle déballait ses affaires sur son bureau, elle leva sa main en direction des placards contre le mur. Leurs portes s'ouvrirent brutalement et les livres s'échappèrent pour rejoindre les étudiants. Elle fit le tour de son bureau pour nous regarder.
— Bonjour à tous. Je suis Emaïa pour ceux qui ne me connaissent pas encore. Je souhaite la bienvenue aux nouvelles personnes qui rejoignent l'école en cours d'année. Je suis professeure d'armes et d'histoire. Je vous accompagnerai partiellement le temps de votre scolarité jusqu'à ce que vous ayez pris la décision de rejoindre l'Armée ou de continuer vos études pour exercer un métier digne de vos compétences apprises ici. Nous allons continuer notre chapitre sur les histoires des Peuples et plus particulièrement sur la géographie.
Elle balaya la salle d'un regard. Elle s'arrêta, quelques secondes sur moi, avant de replonger ses yeux sur un manuel.
— Première impression ? Chuchota Dan.
— Très impressionnante, répondis-je les joues rouges.
— Tu n'as découvert que le début, dit-il en souriant.
Dan sortit une feuille de son sac pour me la tendre. Mes yeux balayèrent rapidement la feuille pour suivre mon cours. Cette feuille expliquait la fonction principale d'Eradale. Construite pour enseigner la magie et développer nos compétences, l'Armée restait au cœur de l'enseignement d'Eradale.
Elle frappa dans ses mains pour réveiller certains qui dormaient déjà. Elle appuya sur une télécommande pour allumer le vidéoprojecteur.
Je scrutai les personnes dans ma salle : certaines personnes avaient l'air d'être terrifiées par ces nouvelles expériences. Les autres avaient l'habitude d'être ici ou bien, de connaître ces milieux surnaturels.
Je commençai à feuilleter le gros manuel, posé devant mes yeux. Ses pages étaient fines et laissaient échapper une odeur d'humidité, la même que si nous sentions l'air d'une forêt après la pluie.
Emaïa nous indiqua d'aller au deuxième chapitre porté sur la géographie.
— Pour aujourd'hui, nous allons étudier les différents territoires que constitue notre monde.
Le monde était divisé en six territoires distincts par le paysage, la température et les êtres. Elle nous montra une carte, totalement différente de ce que j'avais eu dans mon lycée. En effet, nous n'avions vu que le Centre, comme étant le seul continent à regarder.
— La vaste zone verte qui s'étend sur le nord-ouest appartient aux Elfes, aux Fées et aux Nains. Il s'agit d'une région riche en magie qui possèdent énormément de ressources dont tous les peuples ont besoin.
Elle expliqua rapidement chaque zone, une à une. La terre, de couleur orange et jaune, appartenait à celle des Sorciers. Ils vivaient dans une aire désertique où l'eau était une ressource rare. La chaleur était si étouffante que les plantes n'existaient pas.
Les Anges vivaient à l'écart des autres, sur une île surplombant l'océan. Il faisait froid et l'hiver gouvernait le territoire pendant toute l'année. L'agriculture n'était pas possible, ni l'élevage de créatures ou d'animaux.
Plusieurs filles regardèrent Dan, en espérant qu'elles puissent croiser son regard. Il semblait être ailleurs, complètement déconnecté. Il ne semblait même plus bouger.
— Pour terminer, les Terres Sombres...
Quelqu'un frappa à la porte. Elle s'ouvrit pour laisser rentrer un homme.
— Un véritable dieu, un ange tombé du ciel, gloussa une fille devant moi.
Emaïa semblait surprise de sa venue. Les chuchotements se levèrent dans la salle tandis que j'observais l'homme qui venait de traverser le seuil de la porte.
Les longs cheveux blonds de l'homme tombaient jusqu'à ses épaules, ses yeux bleu clair observaient les personnes devant lui. Son survêtement de sport était trop court pour ses longues et fines jambes.
— Je viens m'excuser pour mon absence de cet après-midi puisque le cours d'entraînement n'aura pas lieu.
— Il s'agit d'Andrew, le chef de l'Armée des Uniformes Blancs. C'est un Ange, affirma Dan. Cet homme est impressionnant au combat, une vraie machine de guerre.
Les mots de mon ami masquèrent ceux du professeur. Il partit, dans un coup de vent.
— Un Ange ? Prononçai-je. Il n'avait pas l'allure d'un être divin.
— L'apparence non mais le caractère, c'est autre chose. Tu le découvriras bientôt.
Le cours se termina après les dernières recommandations d'Emaïa. Nous avions l'obligation de passer à la bibliothèque pour emprunter le livre de notre choix ou d'y jeter un œil.
Nous sortîmes dans le couloir. Les étudiants cherchaient leurs prochaines salles. Pour ma part, je décidais d'aller rejoindre cette fameuse bibliothèque.
— Je vais te laisser Meï, j'ai des choses à faire. La matinée est terminée de toute façon. On se rejoint à la prochaine salle. Bisous.
— Salut.
Il resta devant moi pendant quelques secondes. Il me scrutait du regard, avec insistance. Il avait quelque chose en plus, de charmant et d'envoûtant.
J'étais heureuse de me faire un ami.
Dan s'approcha de moi pour me laisser un bisou sur la joue puis il tourna les talons pour disparaître dans la foule.