Forte pour vous !

By SayuriElendil

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Mon nom est Astrid. J'avais une vie merveilleuse, une famille merveilleuse et j'étais des plus heureuses. J'é... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Petit contretemps ?
Chapitre 12
Chapitre 13

Chapitre 8

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By SayuriElendil

Bonsoir,

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***

J'étais totalement impuissante. Tout ce que je pouvais faire était d'observer ce qu'il se passait et rien d'autre. Cette fois, ce n'était pas à cause d'une punition, enfin pas totalement... Il était vrai que Marco m'avait ordonné de ne rien faire à cause de ma blessure qui était apparemment relativement profonde. Ce fut donc avec une énorme frustration, que je regardais les autres prendre soin de la petite Sigrid et aussi se rendre utile en continuant les réparations de la ville.

Je voyais au loin père boire avec quelques hommes-poissons. Lui aussi semblait s'amuser... Cela allait faire seulement une petite demi-heure que j'attendais sur le pont et j'en avais déjà marre de ne rien faire. Je me risquais donc de m'aventurer hors du Moby Dick, ne voulant plus voir la petite loin de moi. Il fallait que je trouve une occupation afin d'atténuer ma frustration.

Je sautais la rambarde et atterrissais assez lourdement au sol. La blessure m'avait fait mettre un genou au sol. Je me mordis la lèvre en tiquant. Je n'aimais pas me sentir faible et c'était en ce moment le cas. Alors que je me redressais et que j'allais amorcer ma marche une voix retentie.

- Marco ! Astra se fait la malle !

- Félix, sale traitre !

Je ne laissais pas le temps aux autres de réagir que je me mis à courir au loin en espérant que mon ami oiseau ne me rattrape pas. Bien évidemment, quand je me sentis voler, je sus que c'était loupé. L'aura que dégageait Marco était relativement menaçante également.

Il nous reposa au sol en douceur. Je fermais les yeux de peur de recevoir un coup de la part de mon ami. Mais finalement rien ne vint, rien du tout. Je l'entendis simplement soupirer de lassitude, puis il vint me frotter le haut du crane avec douceur. J'ouvris donc les yeux, surprise de sa réaction.

- Ne force pas, c'est tout ce que je te demande, yoi. Tu ne t'en rends peut-être pas complètement compte mais on est nombreux à s'inquiéter pour toi. En plus, il serait dommage que la seule femme combattante finisse avec une méchante cicatrice.

- Les cicatrices n'est pas un problème pour une combattante, au contraire ! Ça montre toutes les batailles auxquelles j'ai participé. C'est une fierté !

J'étais très fière de moi et visiblement Marco était désespéré par ce que je venais de dire, vu qu'il avait baissé la tête et posé sa paume sur son front en secouant la tête de droite à gauche. Je trouvais que les cicatrices étaient une fierté, cela prouvait que j'avais participé et remporté la victoire, que j'avais remporté haut la main mes combats ! Marco se pinça l'arête de son nez en soupirant en voyant que je ne comprenais pas quel était le problème d'avoir des cicatrices. J'avais l'impression qu'il ne savait plus quoi faire de moi. Il finit par me faire signe de partir vadrouiller, ce que je m'empressais de faire.

Je me promenais dans les rues à la recherche d'une quelle conque activité, mais les autres faisaient du bon travail. Tous les habitants dans le besoin étaient pris en charge, soit par mes frères, soit par les gardes royaux. Ce fut donc ennuyée, que je continuais ma recherche d'activité, mais sans grand entrain.

Alors que j'allais abandonner et rejoindre une équipe de reconstruction, je vis Thatch en difficulté pour faire le repas pour tout le monde. Ce fut donc tout naturellement que je vins à sa rencontre pour l'aider. Il y avait plusieurs sacs de légumes. En ce moment même, il était en plein épluchage de carottes et il en restait encore beaucoup avant qu'il n'en voie le bout. Ce fut donc tout naturellement que je pris un économe et pris place à ses côtés avec le sac de courgettes.

- J'épluche le tout ?

- Tu me sauve la vie, il faut qu'on ait fini tout ça pour le repas de ce soir et vu la bande d'affamés, il faut qu'on fasse de grosses quantités !

- Je dirais, que c'est Ace qui risque de manger le plus comparé aux autres. Il mange pour cent ! Et encore, je crois que je sous-estime encore !

- C'est sûr. Pour lui, il faut préparer une marmite entière et encore ça, c'est sans compter sur la viande et les desserts...

- Franchement, comment il fait pour ne pas prendre un gramme ? Soupirais-je. Si je mangeais autant que lui, je serais déjà énorme...

- Plus ou moins que toi lors de notre rencontre ? Me taquina-t-il en coupant les premiers légumes.

Je me retournais précipitamment vers lui, choquée de ses paroles. Il avait osé dire que lors de notre rencontre j'étais grosse ?! Non, mais je n'étais pas grosse ! J'étais même très bien équilibrée pour une femme enceinte !

- Tu peux parler ! Toi, tu ne ressemblais à rien avec tes ecchymoses, bosses et toutes tes autres blessures ! On aurait juste dit que tu ressemblais à une espèce de chose informes, pire qu'un globfish !

Je l'entendis rire de bon cœur à ma remarque. Il était vrai que j'avais été choquée quand Lothart était rentré avec lui sur son dos. Thatch était dans un sale état. Il était passé par-dessus bord suite à une attaque contre sa division par des Marines. Il s'était échoué sur la plage non loin de chez nous. Ses blessures étaient assez graves et cela m'avait pris plusieurs jours avec mon mari pour le remettre sur pied. Puis une fois qu'il fut rétabli, j'accouchais de mon petit bout de chou. Hélas, il n'avait pas pu rester longtemps après la naissance de mon enfant. Il avait pu rejoindre ses amis grâce à un petit bateau que mon père avait entreposé.

- Tu penses souvent à ton île ? À cette époque ? Me demanda-t-il soudainement. Enfin, je veux dire avant que... que tout ça n'arrive.

- Ça m'arrive... mais c'est du passé. Plus rien ne me retient là-bas. Maintenant ma famille est là, tout comme ma vie. Je resterais avec vous, quoi qu'il arrive.

- Je peux te demander quelque chose ?

- Tu le fais déjà.

- Très drôle... Tu me diras, un jour ce qu'il est arrivé à Lothart... Il était si fort... J'ai beaucoup de mal à me dire qu'il soit mort aussi facilement... Je ne suis pas resté longtemps avec vous à cette époque mais pour moi Lothart était déjà comme un frère.

Je fermais les yeux en reposant mon ustensile de cuisine sur la caisse qui me servait de table en soupirant. Je ne lui avais jamais rien dit. Je ne voulais pas qu'il s'en veuille à cause de cela. Après tout, ce n'était pas de sa faute. Mais il était vrai qu'il était aussi en droit de connaitre la vérité bien que partiellement.

- Les marines l'ont tué, eux et mon traitre de meilleur ami, dis-je froidement avec amertume et pleine de haine. Je te jure que si je les revois, ils ne verront jamais le Valhalla. S'il le faut, je les trainerais moi-même jusqu'au Helheim !

J'entendis clairement son couteau s'abattre plus sèchement et bien plus durement sur la planche à découper, avant de reprendre de plus bel son action. Au son et au rythme de la découpe, je comprenais qu'il était hors de lui. Il essayait de garder son calme mais cela n'était pas simple. Il en était de même pour moi.

- Je t'aiderai, compte sur moi. Ils ne l'emporteront pas au paradis. Je te promets de t'aider à les venger, tous les deux.

Nous continuâmes la préparation dans le silence le plus complet, un silence pesant. Un silence qui en disait long sur notre état d'esprit. Je l'entendis soupirer à plusieurs reprises et son couteau être reposé. Pensant qu'il allait faire une pause, je n'y prêtais pas plus attention, mais qu'elle ne fut pas ma surprise quand il me prit contre lui pour une étreinte fraternelle pleine de chaleur. Il me serrait tendrement contre lui.

- Je leur ferais payer. Si tu veux nous pouvons partir te venger dès que nous retournerons dans le Nouveau Monde. Père nous aidera avec joie.

- Thatch... Bien que j'aie envie de me venger, je n'ai aucune envie de retourner là-bas... c'est même l'inverse... Je n'ai pas la force de faire face aux habitants... J'ai... Même peur de voir ce traitre...

- Je comprends, mais si jamais tu te sens d'y retourner, alors préviens moi. Je serais de la partie. Jamais je ne te laisserais y retourner seule, petite sœur. Puis, je serais heureux de défigurer un enfoiré pareil !

- Merci, frangin.

Nous nous sourîmes avant de finir la préparation du repas, que nous servîmes de bon cœur. Nous ne fûmes pas surpris de voir Ace manger une marmite entière à lui seul. Nous dûmes même faire du rab vu qu'il commençait à voler dans les assiettes des autres. Il a même essayé de voler dans celle de notre oiseau bleu ! Grave erreur de sa part, nous avions maintenant une nouvelle maison à reconstruire, ou plutôt Ace avait une maison à reconstruire. Marco avait décidé que c'était de sa faute si la maison avait endommagé dans leur "querelle" de quelques secondes. Techniquement, Marco était aussi responsable, voire plus dans la perte de ce bâtiment. Mais personne n'allait lui faire la remarque, il ne fallait mieux pas.

A la fin du repas, je pus enfin récupérer Sigrid et m'occuper d'elle, tout en regardant Ace reconstruire le bâtiment par lequel il avait volé, accompagnée de Marco qui mangeait un ananas. Je soupçonnais Marco de le faire exprès. Je restais un peu en retrait en tenant compagnie à ma banane préférée, qui faisait la vaisselle avec les hommes de sa division.

- La petite est quand même super calme, fit remarquer Thatch en venant à mes côtés en essuyant les assiettes, tout en regardant ne spectacle qu'offraient Ace et Marco. Je pensais que les bébés pleuraient beaucoup plus que ça.

- Ça dépend, certains pleurent beaucoup, d'autres non. Tu préférerais qu'elle pleure tout le temps ? Le taquinais-je avec des yeux rieurs.

- Oh non. Elle est super chou comme elle est actuellement. Et...

Je le vis hésiter et chercher ses mots, tout a coup. En général, quand il se mettait à chercher ses mots et hésiter comme il le faisait, c'était pour dire ou demander quelque chose qui ne me plairait pas.

- La recherche pour lui trouver une famille, s'en est où ? Finit-il par me demander.

- Les infirmières appellent les îles sous la protection de père. Mais pour le moment, personne.

- Ça va aller, toi ? Tu sais, si jamais on trouve une famille, il faudra vous séparer. Ça ira ? S'inquiétait-il.

- Te dire que je ne serai pas triste, ce serait mentir. Ce sera dur aussi, mais ce sera aussi ce qu'il y aura de mieux. Elle n'est pas ma fille, même si la considère tout comme, répondis-je. Elle sera bien plus heureuse sur un des îles de père que sur les mers et en danger.

- Si c'est trop dur à ce moment-là, viens me voir. Je me ferais un grand plaisir à jouer les bébés pour te remonter le moral.

- Un bébé lubrique ? Très peu pour moi, plaisantais-je.

Nous nous mîmes tous les deux à rire en l'imaginant en grenouillère, avec une tétine dans la bouche et un hochet dans la main. C'en était presque effrayant, mais hilarant. Il n'y avait que nous pour délirer ainsi. Sans trop savoir comment nous nous mîmes à imaginer les autres membres de l'équipage habillés en bébé, et nous conclûmes tous les deux que Vista en bébé était bien le plus drôle et malaisant et qu'Haruta serait celui qui porterait le mieux cet accoutrement.

- Je reviens, je vais aller la coucher, il se fait tard, prévenais-je Thatch.

- D'accord, tu devrais en profiter pour aller te coucher ? Voulait-il me conseiller.

- Hum, non. Je ne suis pas fatiguée, et Sigrid fait presque ses nuits, donc je peux me dire que je vais me coucher un peu plus tard.

- Astra, je n'aime pas te savoir en manque de sommeil. Tu veux que je vienne dormir avec toi ?

- Sauf ton respect, tu ronfles, Thatch. Et tu ronfles vraiment fort.

- Pourtant, ça ne t'avait pas gêné quand tu étais dans ma chambre, se moquait-il.

- Thatch, y a un truc extraordinaire et magique qui s'appelle : bouchon d'oreilles.

Il ne trouva rien à redire, il se pinça juste les lèvres pour ne pas exploser de rire suite à ma révélation. Je savais que je ne l'avais pas froissé, juste amusé. Ses ronflements étaient connus, tout comme ceux du reste de l'équipage. Les ronfleurs n'étaient pas rares dans l'équipage de Barbe Blanche, c'était même l'inverse. Ce qui était plus rare, c'étaient les non-ronfleurs. Nous avions fini par faire plusieurs chambres, certaines pour les GROS ronfleurs, d'autres pour les ronfleurs et d'autres encore pour les non-ronfleurs, histoire que tout le monde puisse dormir tranquillement. Mais on était tous d'accord pour dire que le ronfleur le plus problématique, c'était bien père. À un tel point, que sa chambre avait été insonorisée pour qu'il ne puisse déranger personne.

Je fis un signe de la main à Thatch et aidais Sigrid à en faire de même avec le sourire et emmenais la petite pour un repos bien mérité dans ma chambre. La pauvre tombait de sommeil et semblait n'avoir qu'une envie, faire un gros dodo. Je la berçais tout en rentrant sur le Moby Dick et je chantonnais doucement pour l'aider à s'endormir. Quand j'arrivais dans ma chambre, elle dormait déjà profondément. Je n'avais qu'à la coucher et la border, ce que je fis avec une grande délicatesse. J'allumais le Den Den Mushi de surveillance enfant, qui ne captait que le son et ne le retransmettait pas, et allumais également son homologue, que je posais sur mon épaule, qui retransmettait tous les sons que le premier captait. Curiel les avait dégotés sur une des îles où il était parti en mission, pour que je puisse aller prendre l'air ou faire d'autres choses sur le Moby Dick sans m'inquiéter pour elle. Cet objet me changeait vraiment la vie et en bien.

Quand je revins auprès de mon ami cuisinier, il était toujours là, à regarder Marco et Ace, mais cette fois, il n'avait plus de vaisselle. Il s'était assis sur une chaise de fortune et semblait beaucoup s'amuser d'Ace qui se plaignait à Marco. En m'approchant, je compris qu'Ace disait à Marco qu'il était tout aussi en tort que lui dans les dégâts causés à cette maison, ce qui n'était pas faux. Mais Marco, restait Marco, il avait puni Ace, un point c'est tout, il n'écoutait même plus le brun. Ce dernier fini par prendre la mouche et le traitait d'ananas volant bleu cannibale. Le commandant de la première flotte prit tout de suite la mouche, et alors qu'il allait frapper de nouveau Ace, j'éclatais de rire, le faisant s'interrompre dans son action. Mon nouveau camarade en profita pour détaler sans demander son reste.

- C'est malin, Astra, Ace s'est fait la malle, yoi, rouspétait Marco. En plus, il n'avait pas terminé son taf, yoi.

- Marco, il n'avait pas tort, intervenais-je en le rejoignant avec Thatch qui souriait. De base, avant que tu n'envoies Ace valser, la maison était intacte. Il a fait le plus gros, tu pourrais faire le reste.

- Tu m'énerve quand tu as raison, Astra, yoi.

- Tu veux de l'aide ? Lui proposais-je en prenant une brique.

Il vint rapidement me la prendre des mains, la reposait et m'obligea à aller m'asseoir avec un air réprobateur. Qu'est-ce qu'il avait encore ?

- Astra, tu es blessée, ne porte rien de lourd, yoi. T'es points de sutures n'ont rien, yoi ?

- Ah, oui, c'est vrai que j'étais blessée, riais-je.

Je soulevais mon t-shirt pour regarder ma hanche, mais tout avait l'air raccord. Je lui fis juste le signe de la victoire, pour lui faire comprendre que je n'avais rien. Mon ami blond secouait la tête, désespéré par moi, et Thatch se marrait comme la banane qu'il était, à cause de la réaction de Marco.

- Marco, depuis le temps qu'on la connait, tu devrais savoir qu'Astra n'est pas douillette pour un clou. Je pense que même gravement blessée, elle continuera d'en faire qu'à sa tête.

- C'est ce qui m'inquiète, yoi..., soupirait Marco en roulant des yeux. Je voudrais qu'elle apprenne le sens réel du mot, repos, yoi.

- Alors, déjà je suis ici. Après, je connais le sens du mot repos, je fais des siestes tous les jours.

- Parce qu'on te force à les faire ! Riait Thatch aux éclats. Astra, si on ne t'obligeait pas à te détendre et t'arrêter un peu, tu serais tout le temps en première ligne et t'effondrerais et ne me dis pas que c'est faux, tu sais autant que moi que c'est la vérité.

Je ne pouvais pas répliquer, il avait totalement raison et cela ne servirait à rien. Nier les faits n'allait que les faire encore plus rire, alors je me taisais et décidais de partir à la recherche de mon camarade de flotte, en ignorant les rires des deux autres hommes.

La nuit commençait à bien tomber, mais je n'avais vraiment pas envie de dormir, alors je déambulais au hasard entre les bâtiments que je connaissais à connaître avec le temps et les missions que nous avions effectuées pour père. L'île des Hommes-Poissons était vraiment tranquille et j'aimais vraiment bien la vue que j'avais sur les fonds marins, ce n'était pas un spectacle que je pouvais admirer ainsi tous les jours. Ce qui m'étonnerait toujours était la luminosité des lieux, alors que nous étions si éloignés de la surface de la mer.

Je retrouvais Ace un peu plus loin, non loin du Mermaid Café. Il s'était endormi par terre juste devant l'entrée. Je ne pouvais que pouffer en voyant cela. Il s'endormait toujours dans des endroits improbables. Je le secouais légèrement, mais aucune réaction et comme je ne voulais pas avoir de nouveaux ennuis avec Marco, je ne cherchais pas à le porter, mais je le remis juste dans une position un peu plus confortable que le visage sur le sol et les fesses en l'air. Je m'installais à même le sol, entailleur, à ses côtés, attendant qu'il se réveille. Je regardais le ciel en tenant mes genoux avec mes bras. Je profitais du calme de l'extérieur, contrastant avec l'ambiance intérieure du bar d'à côté, où se trouvaient nos frères et les infirmières. Comme toujours quand je ne faisais rien et que je regardais le paysage, ma main d'elle-même saisir mon pendentif pour jouer avec. Quand il se réveilla, il était désorienté et semblait se demander ce qu'il foutait sur le sol. Ce qui me faisais sourire, m'étant tournée vers lui en ayant entendu du mouvement.

- Bien dormi ? Lui demandais-je en douceur.

- Ouais, étonnamment. Je pensais avoir plus de crampes et de courbatures, répondit le brun en bougeant un peu.

- Tu t'étais endormi dans une de ces positions, lui fis-je remarquer en riant doucement. Si je ne t'avais pas fait changer de position, tu aurais sûrement mal au cou.

- Oh. Merci, alors, c'est sympa. Tu fais quoi ici ? Tu n'es pas avec le truc qui braille ? S'étonnait-il.

- Hey ! Ce n'est pas sympa, déjà elle s'appelle Sigrid et c'est un bébé, une personne comme toi et moi. Après, les escargots que m'a ramené Curiel sont, juste, extras. Comme elle dort, je peux m'éloigner et ne retourner sur le Moby Dick que si elle pleure, lui expliquais-je en montrant l'escargot sur mon épaule. En plus, connaissant l'équipage, il y aura toujours quelqu'un pour aller veiller sur elle si jamais elle se met à pleurer.

- Je vois, tu viens boire un coup ? Me proposait-il en me montrant le bar d'à côté.

- Pourquoi pas. J'ai pu récupérer un bon butin sur le dernier navire pirate qui nous a attaqué. Si tu restes raisonnable, je t'invite.

- C'est quoi raisonnable pour toi ? Se moquait-il.

- Hum... Maximum cinq boissons et cinq plats.

- Ça me va. De toute façon, j'ai assez pour me prendre le reste. Tu n'es pas la seule à avoir pillé ce bateau. On est dans la même flotte !

- Estomac sur pattes, comment tu fais pour ne pas prendre un gramme avec tout ce que tu manges ?

- Facile, je suis parfait, que veux-tu ? Cranait-il avec un sourire en coin, tout en faisant le charmeur.

- C'est ça, moque-toi de moi, riais-je avec lui.

Nous rentrâmes tous les deux dans le bar, sous les regards plus ou moins discrets de nos frères d'armes. Je roulais des yeux avant de nous trouver une table un peu à l'écart, histoire que l'on soit un peu tranquille. Je commandais les cinq premiers plats d'Ace, ainsi qu'un plat pour moi et une boisson pour lui et une pour moi. L'hydromel de mon île natale me manquait, hélas, je n'en trouvais nulle part et devais me contenter de rhum ou de saké. Pour cette soirée-là, je choisissais le rhum. J'aimais bien cette boisson, c'était aussi le premier alcool que j'avais goûté après mon départ de mon île. Thatch m'avait offert une bouteille dès que j'eus l'autorisation du docteur de bord et de Marco, à mon arrivée.

Ace mangeait sans dire un seul mot, tout comme moi. J'aimais bien l'ambiance calme et détendue qui régnait entre nous. Comme toujours, Ace mangeait comme un goret, mais c'était ainsi. J'avais toujours l'impression qu'il n'avait pas mangé pendant des semaines quand on passait à table avec lui.

- Je me demandais, tu viens de quelle île, en fait ? M'interrogeait Ace, tout à coup en relevant la tête de son plat.

- Skáli, répondis-je évasive, une île du Nouveau Monde.

- Skáli ? Je ne connais pas, c'est bien plus loin sur la route, non ?

-Bien plus loin, je ne sais pas. Mais, tout ce que je peux te dire, c'est qu'elle n'est pas agréable, enfin, les gens ne sont pas des plus accueillant.

- Non, sans blague ? Tu m'apprends quelque chose ! Je ne pouvais pas imaginer ça en voyant comment tu m'as accueilli ! Se moquait Ace ouvertement en me rappelant de son passage à tabac par mes soins.

- Oh, ça va, je me suis déjà excusée, soupirais-je en roulant des yeux.

- Je sais. Mais j'avais envie de t'embêter. Sinon, y a quoi d'intéressant là-bas ?

- Rien, sauf si tu veux voir des bandes de barbares, lâchais-je en avec véhémence, montrant ce que je pensais des habitants de mon île.

- Tu n'as pas l'air de les porter dans ton cœur, me fit-il remarquer.

- Ace, le meilleur ami de mon mari est la personne la plus écoutée de mon village et de l'île, et c'est lui qui a orchestré l'assassinat de mon mari et de mon fils, avec les Marines, crachais-je. Je ne peux pas les porter dans mon cœur, c'est impossible.

- C'est sûr que vu ainsi, difficile de les apprécier. Tu sais, sur mon île natal, y a une énorme décharge, le Grey Terminal, c'est là où se trouvent tous les déchets des nobles. Un de mes frères avec qui j'avais échangé une coupe de saké, Sabo, sa famille était noble. Il avait décidé de la fuir en prenant la mer. Il a rencontré un Dragon Céleste. Il est mort, me confiait Ace. Je hais les nobles et les Dragons Célestes.

- Difficile de les apprécier, repris-je ses propres mots. Désolée, pour ton frère.

- J'en ai toujours un, un petit frère turbulent et tapageur. Quand il prendra la mer, on ne pourra pas le manquer ! Je dois veiller sur lui, pour Sabo. J'ai perdu un frère, je ne perdrai pas l'autre.

- Je t'envie. Je n'ai ni frère, ni sœur. Je n'ai grandi qu'avec Lothart et... son assassin. Je n'ai jamais vraiment pu être proche de qui que soit d'autre sur mon île, ça n'a toujours été que nous trois.

- Tu as maintenant l'équipage de Barbe Blanche, non ? Et franchement, Luffy n'est pas un cadeau des fois. Il fonce dans le tas sans réfléchir. Les frères et sœurs, c'est du travail, surtout quand on est le plus vieux.

- J'en connais un autre qui fonce sans réfléchir, répliquais-je en me moquant de lui en le regardant. Tu te plains, mais avec nous, tu fais pareil ! En fait, toute la deuxième flotte est comme ça !

- Hey ! Je réfléchis toujours plus que lui ! Ça ne me viendra jamais à l'esprit de rentrer dans la gueule d'un crocodile !

Sa phrase me fit rire, son frère devait vraiment être un sacré numéro. Il me tardait de le rencontrer, maintenant. Je voyais bien qu'Ace aimait beaucoup son frère et s'inquiétait pour lui. Je me demandais vraiment qui était ce Luffy. Je me demandais aussi comment était son autre frère, Sabo, si je me souvenais bien de son prénom. Je ne voulais pas lui poser de question sur ce dernier, je n'aimais pas parler des personnes que j'avais perdu, ce n'était pas pour parler de celles des autres.

Nous passâmes ainsi la soirée, à parler de tout et de rien et surtout Ace me parlait de toutes les frasques qu'ils avaient faites tous ensemble. Il me parlait de comment il les avait rencontrés, de son rejet de Luffy, de comment ce dernier avait fini par être accepté, les coupes de saké, de comment ils avaient fini par manger à l'œil dans un restaurant de ramen huppé de la ville et bien d'autres encore. Il n'y avait pas à dire, son enfance avait été pleine d'aventures et heureuses, malgré quelques ombres. Je l'admirais pour avoir réussi à faire son deuil et avancer, alors que moi, je restais bloquée dans les souvenirs. J'étais toujours prisonnière du passé et ne savais pas comment m'en dépêtrer.

- Mais toi, tu n'as jamais rien fais comme bêtises ou frasque petite ? Me questionnait Ace, en fronçant des sourcils. Je te vois mal en petite fille toute sage. Tu n'écoutes jamais véritablement qui que ce soit, quand même. On a juste à voir ce qu'il s'est passé aujourd'hui. Tu n'as même pas attendu le feu vert du poulet bleu.

- Bah, tu sais, j'ai été élevée par le Jarl, je n'avais pas le luxe de faire ce que je voulais. Surtout en étant sa pupille, je me devais d'être irréprochable pour ne pas passer pour une ingrate.

- Le Jarl ?

- Le chef du village, si tu préfères. Mes parents sont décédés quand j'étais petite. En fait, mon père est mort au combat avant ma naissance. Cela a perturbé la grossesse de ma mère, qui est morte en couche. Et plusieurs choses se sont produites, ce qui a rendu mon adoption impossible.

- Bah, on est à peu près pareil. Je n'ai connu ni mon père, ni ma mère. Par contre, mon père n'est qu'un gros enfoiré de première. Bref, j'ai grandi sur une montagne, entouré de bandits sous la demande d'un vieux fou, râlait-il. Mais je suis content, maintenant j'ai une famille, souriait-il.

Je me mis à sourire avec lui. C'était bien la première fois qu'il avouait se sentir bien avec nous, et surtout qu'il nous considérait comme sa famille. Cela me faisait plaisir, il ne s'en était même pas rendu compte. Il avait été spontané, sûrement que l'alcool avait un peu aider. Je ne savais pas et je m'en fichais éperdument. Il s'ouvrait à moi, cela me faisait plaisir.

- Dans mon clan, j'étais une Skjaldmö, une guerrière avec un bouclier de combat, le même que j'ai utilisé quand j'ai perdu les pédales.

- Ouais, je me demandais, il pèse combien ton machin ?

- Je dirais... une dizaine de kilos, réfléchissais-je, peut-être plus vu qu'il est en fer et non en bois et cuir.

- La vache, comment tu arrives à bouger aussi facilement avec un truc aussi lourd ?! T'es pas une femme, t'es un bodybuildeur déguisé en femme !

Une veine apparue sur mon front et sa tête rencontra la table. Nous reprîmes la conversation, moi en colère et lui avec une bosse fumante.

- C'est de l'entraînement, Ace et aussi parce que j'étais... la gardienne de tous, en quelque sorte, expliquais-je du mieux que je le pouvais. Ce collier, ça montre qui je suis, ce que je suis. Dans ma communauté, j'ai un statut à part. Je ne suis pas une simple habitante de Midgard, je suis plus.

- Midgard ?

- Un des neuf Mondes existants.

- J'ai du mal à comprendre là.

- Dans mes croyances, il y a plusieurs Mondes qui se trouvent tous sur l'Arbre Monde, Yggdrasil et l'un d'eux, c'est le notre : Midgard.

- C'est beaucoup à comprendre d'un coup, surtout que je suis plus très sobre, reconnu Ace en se frottant l'arrière de la tête.

- On en reparlera une autre fois. Je répondrais à tes questions quand tu le voudras sur les croyances de mon peuple.

- Ça marche. Allons-nous coucher.

Je hochais de la tête, nous payâmes nos consommations et retournaient sur le Moby Dick. Il m'accompagna jusqu'à ma cabine, mais à peine avait-il eut le temps d'ouvrir la bouche pour me souhaiter une bonne nuit que Sigrid se mit à pleurer. Il se tendit aussi vite avec un air coupable.

- Elle a faim, ne t'en fais pas. Je vais aller lui faire son biberon. Tu peux veiller sur elle, le temps que je le fasse ? Lui demandais-je en allant chercher la petite et la lui apporter.

- Euh... je... Ce n'est pas une bonne idée, bafouillait-il, en paniquant un peu.

- Tu t'en sortiras très bien. Si tu as vraiment peur, viens avec moi en cuisine, ô grand et courageux pirate.

Je me moquais de lui et surtout le narguais. Je voulais vraiment qu'il se rapproche un peu de Sigrid. Je voyais bien qu'il voulait s'approcher d'elle, mais qu'il y avait comme un obstacle. C'était l'occasion de faire sauter ce mur.

Je lui mettais Sigrid correctement dans ses bras et lui apprenais à la bercer, sur le chemin de la cuisine. Il n'était vraiment pas à l'aise, c'en était mignon et attendrissant. Il avait peur de lui faire mal ou de mal s'y prendre à chaque pas. Je ne pouvais que le rassurer en lui disant qu'il s'y prenait très bien, ce qui était vrai. Il était maladroit et un peu gauche, mais il la tenait très bien.

Je pus faire son biberon tranquillement, pendant que le brun continuait de s'occuper de la petite. Je le voyais tout de même lorgner sur les frigos fermés avec du granite-marin. Désolé, Ace, mais Thatch avait tout verrouillé et moi-même je n'avais pas les clefs.

Je tendis le biberon à Ace, qui me regarda en premier lieu avec incompréhension, puis en panique. Et oui, il allait la nourrir. Je lui montrais comment s'y prendre et il se débrouilla comme un chef. Par contre, il me rendit aussi vite la boule de bave, comme il l'appelait, quand elle lui vomit un peu dessus quand il dû lui faire faire son rôt.

Je ne pus m'empêcher de rire de la situation et l'aidais à s'essuyer le dos. Ace fut d'abord un peu en colère, avant de rire avec moi. Le rire était toujours contagieux. Nous mîmes bien plusieurs minutes avant de nous calmer, et nous dûmes nous séparer pour la nuit. En fait, il prit la fuite quand je fis remarquer que l'on devait changer Sigrid. Je compris rapidement qu'autant pour garder la petite, jouer avec elle et la nourrir, tout irait bien, mais la changer... Le grand Ace au poing ardent préférait fuir vite et loin ! J'avais trouvé son point faible, changer les couches sales d'un bébé ! Cela m'amusait énormément.

Je couchais la petite et ouvris la fenêtre en voyant Oro devant celle-ci à attendre sagement. L'oiseau ne demandait que rarement à rentrer à l'abris, mais sachant que nous étions sur l'île des Hommes-poissons, il devait avoir peur que l'on reparte sans lui s'il ne restait pas sur le navire. Le corbeau partit se poser sur un perchoir de fortune, que je lui avais fabriqué, et commençait à laver son plumage d'un noir scintillant. Je lui offrais plusieurs collations dans une petite coupelle et partais me laver et me mettre à l'aise pour la nuit.

Cette nuit-là fut relativement calme et je pus dormir sans qu'aucun souvenir désagréable ne vienne me perturber. A un tel point que lorsque je me réveillais le lendemain, j'eus la surprise de voir Thatch dans ma chambre, à donner son biberon à Sigrid.

Je ne l'avais pas entendu pleurer, ni entendu mon ami pénétrer dans ma chambre, ni même entendu la nourrir en fredonnant doucement. Cela me faisait un bien fou, d'avoir pu dormir ainsi. D'autant plus que le spectacle que j'eus le droit au réveil m'attendrissais au plus haut point. Cette matinée annonçait une journée merveilleuse. 

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