L'épouse de la réconciliation

By Loraline_Bradern

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Second tome de Coeurs ennemis Suite de l'amant du clan ennemi More

Note
2. Retrouvailles
3. Informations
4. Gavin (1e partie)
4 bis. Gavin (2e partie)
5. Lady Anna
6. Discussion père-fils
Chapitre 7 - Inquiétude maternelle
8. Interrogatoire paternel (partie 1)
Chapitre 9
8 bis. Interrogatoire paternel (partie 2)
Chapitre 10
Chapitre 11 (Partie 1)
Chapitre 11 (fin)
12. Fureur vengeresse
Chapitre 13. Suppositions (Partie 1/2)
Chapitre 13. Suppositions (Partie 2/2)

1. Retour au bercail

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By Loraline_Bradern

Le cœur en lambeaux et la vision brouillée par les larmes, Jamesina regardait la côte s'éloigner, l'esprit agité de pensées sombres.

« Sans cette guerre de clans, Cailean et moi aurions pu avoir un avenir. S'il n'y avait pas eu ces alliances maudites... »

Puis les paroles échangées avec la mère de Cailean lui revinrent en tête et elle pensa au jeune Conrad, à sa vie fauchée trop tôt, à la douleur de Duncan et de leurs proches :

« Trop de sang a déjà été versé. Il faut que ça cesse. »

Instinctivement, elle resserra ses doigts autour du médaillon de Cailean et murmura :

— Je jure de tout faire pour démasquer les traîtres qui complotent pour nous dresser les uns contre les autres.

Après avoir essuyé ses larmes une fois de plus, Jamesina murmura une prière pour les membres MacDonald qu'elle laissait derrière elle et pour lesquels elle s'était prise d'affection :

— Seigneur Tout Puissant, je Vous en supplie, prenez soin de la famille de Cailean. Gardez en sécurité Shona, Bruce et le petit Roddy. Protégez-les de la malveillance des MacGregor et des MacKinnon.

Elle resta sur le pont jusqu'à ce que le port d'Ardtoe devienne indistinct et se fonde dans la ligne découpée du littoral. Les quelques marins qui composaient l'équipage du navire vaquaient à leurs occupations tout en lui jetant des regards curieux. Consciente de l'intérêt qu'elle suscitait, la jeune femme préféra rejoindre la petite cabine que le cousin de lady MacDonald lui avait attribuée pour la traversée. L'espace aménagé était exigu et sentait le renfermé, mais Jamesina était heureuse d'avoir un peu d'intimité.

Épuisée par le trop-plein d'émotions vécues ces deux derniers jours, elle s'allongea sur l'étroite couchette. Elle ôta le médaillon de son cou et le garda au creux de sa paume pour l'observer. L'argent brillait doucement, reflétant la lumière qui s'insinuait dans la cabine par la petite ouverture percée en hauteur dans le flanc du navire. De l'index, elle suivit les entrelacs gravés et caressa la pierre enchâssée au centre. De forme oblongue, elle était douce au toucher et sa surface polie s'animait de reflets chatoyants, verts et bleus. Sa couleur rappela à Jamesina celle des yeux de Cailean et sa gorge se serra de nouveau à l'idée de ne plus le revoir.

Après avoir scruté attentivement chaque ligne, chaque nœud et chaque entrelacs, elle se rendit compte que c'était exactement le même dessin qui ornait le bras de son amant. Le tatouage qui entourait son biceps reprenait le motif gravé sur le médaillon de sa mère. Elle en avait retracé les lignes du bout des doigts plusieurs fois au cours de leur nuit d'amour. Les révélations de lady Catriona concernant Janet MacDougall éclairaient d'un jour nouveau l'attachement de Cailean à ce bijou. À de nombreuses reprises, Jamesina avait remarqué le lien de cuir autour de son cou, mais elle n'avait découvert le médaillon que lorsqu'elle l'avait vu torse nu lors d'une séance d'entraînement. Elle en avait déduit que Cailean, comme bon nombre de guerriers, portait un talisman porte-bonheur. Et dans un sens c'était le cas, puisqu'il s'agissait du seul souvenir qu'il gardait de sa mère. Elle se souvenait avoir été intriguée par son tatouage quand elle l'avait surpris avec sa maîtresse dans la forêt lors du rassemblement de Dundonald, mais elle n'avait pas perçu la similitude avec le motif de son médaillon les quelques fois où elle avait vu le bijou. Elle avait senti le poids et la chaleur du métal sur sa poitrine pendant qu'il lui faisait l'amour, mais elle n'avait pas pris le temps de scruter le motif gravé. Si elle l'avait fait, peut-être que Cailean se serait épanché auprès d'elle et lui aurait raconté son histoire... Elle regrettait de ne pas l'avoir entendu de sa bouche.

Le bijou serré au creux de sa paume, Jamesina se laissa aller à pleurer sur son amour perdu pendant un long moment. Puis, après avoir embrassé la pierre, elle repassa le cordon autour de son cou et laissa le bijou reposer sur son cœur. Lady Catriona avait eu raison de lui dire que le médaillon serait une source de réconfort. Éprouver la sensation du talisman contre sa peau, la faisait se sentir proche de son amant, comme si la transmission de ce bijou avait établi un lien supplémentaire entre eux. Le porter mettait un peu de baume sur son cœur brisé. Bercée par le tangage du bateau, elle s'assoupit alors que les souvenirs engrangés auprès de Cailean défilaient dans son esprit.

***

Après quelques heures d'un sommeil réparateur, Jamesina fut réveillée par un crépitement. La pluie ! Il ne s'agissait pas d'un gros orage, plutôt d'une averse de pluie fine, mais le bruit des gouttes d'eau s'écrasant sur le bois résonnait dans le calme de la cabine. Une fois réveillée, immobile sur sa couchette, la jeune femme perçut un changement dans le tangage du navire. Le vent était tombé, mais les courants semblaient malmener l'embarcation. La jeune femme quitta son refuge pour se rendre à l'air libre. Elle rabattit son arisaid sur sa tête pour se protéger des éléments et grimpa les quelques barreaux d'échelle qui la séparaient du pont. D'un coup d'œil circulaire, elle vit des falaises se découper au loin de chaque côté du bateau. Neil Stewart la rejoignit dès qu'il s'aperçut de sa présence sur le pont.

— Nous venons à peine d'entrer dans le Sound of Mull. Le rivage d'Aros est encore loin. Vous devriez redescendre vous mettre à l'abri, lass.

— Il faudra encore combien de temps pour atteindre Aros ? demanda Jamesina.

— Le vent est tombé et la pluie alourdit la voile. Cela nous ralentit. Je pense que nous arriverons en vue d'Aros juste avant la nuit.

Une certaine excitation mêlée d'une pointe d'appréhension s'empara de Jamesina. Elle allait bientôt revoir les siens ! Pour tromper son impatience, elle redescendit dans sa cabine et grignota une petite partie des provisions que lady Catriona lui avait données. Ensuite, elle alla voir sa jument pour s'assurer qu'elle supportait bien le voyage avant de retourner s'allonger. La pluie cessa peu de temps après et les nuages cédèrent la place au soleil tandis que le vent du nord se levait. Sous son effet, la houle augmenta et le navire commença à prendre de la gîte. Se doutant qu'étoile ne devait pas apprécier d'être ballottée dans la cale, Jamesina rejoignit la jument et entreprit de la calmer en lui murmurant des paroles apaisantes et lui caressant le chanfrein. Heureusement les effets du vent s'atténuèrent au fur et à mesure que le navire pénétrait plus loin dans le Sound of Mull. La jeune femme put regagner son refuge et s'octroya de nouveau un peu de repos en prévision de ce qui l'attendait.

Le soleil était bas dans le ciel lorsque Neil Stewart vint toquer à la porte de sa cabine.

— Aros est en vue, lass. La marée est descendante, nous n'allons pas pouvoir trop nous rapprocher, notre tirant d'eau est trop important, nous risquons de nous ensabler. Nous allons vous débarquer un peu plus loin au niveau de la pointe de Bailemeonach, les fonds y sont plus profonds.

Même si cela n'était pas ce qui avait été convenu, Jamesina ne protesta pas, bien au contraire. Elle débarquerait ainsi plus près de Duart Castle et aurait moins de trajet à faire avec Étoile. Obéissant aux consignes de lady Catriona, elle se sépara du tartan des MacDonald. Elle savait qu'elle ne pouvait pas le garder, mais s'en séparer était une nouvelle entaille dans son cœur. Elle le plia avec soin et le cacha sous la couchette. Elle vérifia qu'elle n'avait rien oublié et regagna le pont à la suite du capitaine. Accoudée au bastingage, elle observa les manœuvres du navire pour s'approcher au plus près du petit éperon qui allait lui servir de quai de déchargement.

Les marins réussirent à approcher le navire à une bonne toise de la terre ferme et installèrent une large planche en guise de passerelle. Faire remonter Etoile sur le pont depuis la cale grâce au pan incliné ne fut pas une mince affaire, mais quand Jamesina voulut la faire s'engager sur la passerelle, la jument renâcla. Il lui fallut un petit moment pour l'amadouer et la faire débarquer avec l'aide de deux matelots.

Jamesina attendit que le navire reprenne la mer avant de sortir son arisaid aux couleurs des Lindsay de sa besace. Elle le drapa autour de son corps pour se protéger de la fraîcheur de la nuit qui commençait à tomber, puis sans attendre, elle se mit en chemin. Elle profita du fait que le soleil couchant éclairait encore un peu la lande pour pousser Étoile au galop. Quand le disque orangé plongea dans la ligne d'horizon, elle ralentit et adopta un rythme plus lent. Même si elle connaissait relativement bien le chemin, elle devait faire attention aux trous et pierres qui jalonnaient la route et qui étaient source d'embûches.

Plus les foulées d'Étoile la rapprochaient de Duart, plus Jamesina était partagée entre deux sentiments. Elle aspirait à retrouver les siens, mais craignait en même temps leurs retrouvailles. Elle avait hâte de les revoir, d'être entourée de leur affection, mais ne pouvait oublier que leur dernière entrevue avait aboutie à ses fiançailles avec le chef MacNab et elle en gardait un souvenir amer. Et c'était sans compter les questions auxquelles elle allait devoir répondre. Elle n'avait aucun doute à ce sujet, son père et son frère la harcèleraient pour connaître tous les détails de son enlèvement et de son évasion.

Lorsqu'elle vit la silhouette de Duart Castle se dresser dans le crépuscule, Jamesina fit faire une halte à sa jument. Pendant que l'animal prenait un peu de repos et buvait l'eau d'un ruisseau, la jeune femme tenta de dresser la liste des informations qu'elle pouvait divulguer ou qu'elle devait taire au contraire. Répondre aux questions qui ne manqueraient pas de lui être posées s'avérerait plus simple que lorsqu'elle séjournait chez les MacDonald, mais ne serait pas aisé pour autant, car elle devrait prendre garde à ne jamais révéler son séjour au sein du clan ennemi.

Après avoir fait le tri dans ses pensées, Jamesina reprit le chemin de la forteresse de ses parents en étant un peu rassérénée. La pleine lune éclairait suffisamment la route pour qu'elle puisse discerner les irrégularités du terrain et elle poussa l'allure de sa monture, parcourant le dernier mille au petit galop. Quand elle se présenta devant les portes de la forteresse, la herse était abaissée. Elle héla les hommes d'armes en faction. Elle n'eut pas à attendre longtemps avant que Angus vienne s'assurer en personne de son identité. La jeune femme rejeta aussitôt le pan de son arisaid en arrière pour dégager son visage. Quand il la vit juchée sur sa jument, tête découverte, il ordonna aux gardes de lever immédiatement la herse. Jamesina eut à peine le temps d'amener sa monture devant l'écurie avant d'être saisie à bras le corps par le guerrier. Il la serra contre lui dans une étreinte d'ours en marmonnant :

Buidheachas do Dhia, vous êtes vivante !

— Je suis heureuse de vous revoir Angus, vous m'avez manqué !

— Où étiez-vous donc, mo bheag ? Votre père et votre frère sont à votre recherche depuis des semaines.

— C'est une longue histoire, Angus. Je préférerais ne pas avoir à la raconter plusieurs fois.

— Bien sûr, lass, je comprends, acquiesça-t-i avant de la libérer.

Jamesina fit deux pas en arrière, pour saisir les rênes de sa jument avec l'intention de la mener à son box.

— Je vais aller rassurer mes parents.

— Notre chef et Gavin ne sont pas céans, seule votre mère est au logis. Elle va être folle de joie de vous voir sauve. Laissez votre monture à Ilan et allez vite la rejoindre.

Sans se faire davantage prier, la jeune femme laissa Etoile aux bons soins du lad et se précipita dans le logis seigneurial. Dès qu'elle traversa le grand hall, des exclamations de surprise joyeuse fusèrent. Jamesina dut s'arrêter pour répondre aux salutations enthousiastes des serviteurs et des guerriers encore présents dans la salle. Le bruit attira la dame MacLean hors de ses appartements privés.

— Que se passe-t-il céans ? s'exclama-t-elle en pénétrant dans la pièce.

Aussitôt le silence se fit tandis que tout le monde s'écartait, laissant la châtelaine face à sa fille. Lady Iseabail, blêmit puis fit quelques pas chancelants en tendant les bras.

— Jamie ! Mon enfant ! Tu es vivante !


Buidheachas do Dhia : Grâce à Dieu.

Mo bheag : mon petit, ma petite.

**********

Et voici le début de ce tome 2 provisoire ! Provisoire parce que je ne sais pas encore si cette histoire sera une duologie ou un méga oneshot. En fonction du nombre final de mots, je verrai à la fin si je découpe en duologie ou si je peux me contenter d'un gros pavé comme je l'avais fait pour Enfer au Paradis.

Cette seconde partie de l'histoire reste très ouverte, à vous de me dire comment vous imaginez la suite. J'ai vu dans les coms des derniers chapitres sur l'autre livre que certaines avaient quelques bonnes pistes , d'autres sont à des kilomètres LOL. J'espère que je ne vais pas être trop prévisible...

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