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By Afroheidi

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Son regard se leva vers l'astre nocturne, s'agenouillant sur le sol en pierre dans un silence religieux. Un s... More

Informations avant lecture de la fiction
Prologue - Mnémosyne
Chapitre 1 - Nouvelle vie à Eel
Chapitre 2 - Le Conseil
Chapitre 3 - Nom d'un crylasm
Chapitre 4 - L'Astral
Chapitre 5 - Invasion
Chapitre 6 - Ashkore
Chapitre 7 - Rejoindre les rangs de la Garde
Chapitre 8 - Fille de la Lune
Chapitre 9 - Première Mission
Chapitre 10 - Alliances et Secrets
Chapitre 11 - L'Ombre
Chapitre 12 - Fenghuangs, Fô et Dragons
Chapitre 13 - Âmes-Sœurs
Chapitre 14 - Lune de sang
Chapitre 15 - Cousins phoenix
Chapitre 16 - Illusion
Chapitre 17 - Submersion
Chapitre 18 - Prison corporelle
Chapitre 20 - Le baiser du vampire
Chapitre 21 - S'appartenir
Chapitre 23 - Agonie
Chapitre 24 - Retrouvailles déchirantes
Chapitre 25 - Fantôme du passé

Chapitre 19 - Le bras droit de l'Ombre

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By Afroheidi

« Alors ? Tu as l'impression de revenir d'outre-tombe ? ironisa Ezarel.

- Ez ! N'ajoute pas une cause supplémentaire à sa tachycardie, s'agaca Eweleïn à ses côtés. »

Moody sentit son coeur s'emballer. Son souffle s'accéléra et elle se redressa avec un bruit de stupéfaction, la main sur la poitrine. Elle eut l'impression qu'on lui insufflait de nouveau la vie. Où était-elle ? Son corps eut du mal à suivre ses mouvements. Son regard balaya la pièce autour d'elle, l'air effaré avant de s'exclamer en voyant la mine narquoise d'Ezarel.

« Qu'est-ce que vous m'avez fait ?!

- Tu es devenue une morte-vivante, surenchérit l'elfe aux cheveux bleus, hilare. Ça te fait un point commun avec ton mec ! »

Moody le foudroya du regard en se tournant vers lui. Prise d'un regain d'énergie, elle s'acharna à lui frapper le bras avant qu'Eweleïn ne la retienne en levant les yeux au ciel.

« Ça suffit ! Ne va pas t'épuiser. » ordonna-t-elle.

La mine boudeuse, la lunienne croisa ses bras sous sa poitrine en dardant un regard noir sur son compère absynthe. L'elfe infirmière fit signe à Ezarel de sortir de la pièce, ne supportant pas l'agitation dans son espace. Elle soupira et se tourna vers la femme aux cheveux mi-blanc mi-argenté.

« Ne nous remercie pas surtout. » s'indigna-t-elle.

Moody pinça les lèvres et baissa le regard.

« Merci de m'avoir sauvé de cette narcolepsie. » marmonna-t-elle.

Eweleïn leva les yeux au ciel, exaspérée par son manque d'entrain. Elle reprit :

« Une dose de plus inspirée, et tu aurais dû attendre un baiser sincère de la part de ton âme-sœur pour te réveiller. »

La lunienne grimaça. Salaud. Plutôt rester endormie que d'embrasser ce vicieux lézard. Elle écarquilla les yeux et se racla la gorge. A vrai dire, elle s'était surprise à penser à lui comme sa potentielle âme-soeur.

« Merci énormément, dit-elle d'une voix claire avant de faire la moue. Est-ce que je peux maintenant quitter l'infirmerie ?

- Non. Tu es sous surveillance jusqu'à ce soir.

- Mais..., commença à contrer la lunienne.

- Il n'y a pas de mais qui compte. Il faut laisser le temps à ton corps de purger ce poison à l'aide du catalytique que je viens de te donner. Leiftan va t'apporter ton repas. Commandé par mes soins pour te remettre sur pied rapidement. Un régime qui te sera en plus ajouté à ton traitement pour au moins un mois, il est hors de question que tu me fasses à nouveau des chutes de tension et des malaises alarmants. » trancha l'infirmière en tournant les talons.

Moody soupira comme une enfant en se laissant retomber contre les oreillers moelleux de son lit d'infirme. L'elfe serait intransigeante avec elle et la lunienne ne suivait pas toujours à la lettre ce qu'on lui disait, même pour son bien-être. Elle croisa les bras d'un air renfrogné sous sa poitrine.

« Je peux au moins avoir un livre ? quémanda-t-elle.

- Bien sûr, lui sourit malicieusement Eweleïn. Tu vas apprendre ce qu'est un catalytique comme ça et peut-être comprendre que tu dois rester alitée. »

L'infirmière déposa un livre d'alchimie sur les jambes de l'infirme qui geignit, capricieuse. Elle n'aurait pas ce qu'elle voulait, l'elfe ne lui céderait rien. Obtempérant, la jeune femme se plongea dans la lecture du grimoire qui lui semblait être plus que rébarbatif. Comment pouvait-on trouver un quelconque intérêt dans ce genre de science ? Elle soupira assez fort pour agacer l'elfe médecin. La lunienne ne comprenait pas tout à sa lecture, mais elle savait qu'il était important d'éliminer le poison ingéré à l'aide de son métabolisme, et surtout par son foie. Il était en grande phase de désintoxication. Instinctivement, la jeune femme passa une main sur son ventre. Bien qu'elle soit guérie, elle ne serait pas capable d'attaquer un dragon à main nue. La fatigue l'accablait toujours et elle ne tarissait pas de bâillement larmoyant. L'épuisement n'était que passager et les premiers soins lui permettraient de se revivifier pour reprendre le cours normal de sa vie. Un cocktail de vitamine, une dose raisonnable de sommeil et d'activité la remettrait sur pattes en un rien de temps.

***

Leiftan franchit le pas de la porte en milieu d'après-midi, un plateau en main et le déposa sur la tablette à côté du lit de l'infirme.

« Sauve-moi, déclara la lunienne pour toute salutation. Ewelein est un tyran ! »

Le blond eut un rire en tapotant affectueusement la cuisse de son amie qui se faisait tuer par le regard de l'elfe.

« Ça ne va pas durer longtemps, dès que la lune se lèvera tu seras autorisée à sortir, dit-il.

- C'est si long.

- Au moins tu n'as pas à supporter la réunion d'urgence à la salle de cristal, tenta-t-il de la rassurer.

- Je préfèrerai supporter ça que d'être clouée au lit, j'ai assez dormi ! » rétorqua Moody.

Un rire silencieux secoua les épaules du blond et il lui tendit, à deux mains, sa bolée de petits légumes et de morceaux de viande. Moody mangea à la becquée sans rechigner, le regard baissé vers le grimoire. Elle se fichait d'être infantilisée si cela lui permettait d'être cajolée comme elle le souhaitait.

Le reste de l'après-midi sembla être une éternité. Eweleïn lui fit boire une infusion infâme composée d'épinard et de ginseng, et l'obligea à suivre ce traitement trois fois par jour pendant une semaine. L'elfe lui remit entre les mains un planning de repas et activité à faire pour mener à bien sa convalescence. Elle ne lésina pas sur l'importance de suivre chaque instruction consciencieusement. Moody se contenta d'opiner du chef et de lui assurer son prompt rétablissement, bien qu'elle n'en ferait qu'à sa tête. Libre, la lunienne s'engagea hors de la pièce maudite et dévala les escaliers, son sachet de thé et ses feuilles de soin contre sa poitrine. Nevra l'attendait patiemment en bas des marches et l'observa avec un léger sourire.

« Tu as repris du poil de la bête. » constata-t-il.

La lunienne se stoppa dans sa course et releva son visage, une légère surprise dessinée sur ses traits. Elle ne s'attendait pas à le voir ici.

« On ne m'endort pas aussi facilement, voyons. J'ai de l'énergie à donner. » rétorqua-t-elle avec un petit sourire malicieux.

Le vampire eut un sourire narquois en passant un bras derrière ses épaules pour la serrer un instant contre son torse. Elle se laissa faire, déroutée. C'était la première fois qu'il se montrait autant affectueux, en public, avec elle. La lunienne ne savait pas si elle se sentait mal à l'aise ou si elle appréciait cette proximité soudaine. Moody jeta un regard circonscrit à l'endroit où ils se trouvaient, il y avait très peu de passage et de personnes qui leur portaient de l'attention. Elle passa un bras autour de lui.

« J'ai eu peur. » confessa-t-il à son oreille.

Son cœur loupa un battement. Elle sentit le sourire moqueur du vampire contre son oreille. Moody resserra sa prise autour de sa taille, sans rétorquer. C'était sa manière à elle de le rassurer. Ils restèrent dans cette position quelque instant avant que la lunienne ne s'échappe de son étreinte avec le rose aux joues. Nevra se pencha pour embrasser le sommet de son front et Moody rentra la tête entre ses épaules en levant un regard à la fois tendre et suppliant vers lui. Il leva les paumes en signe de reddition.

« Tu devrais aller te reposer, lui conseilla-t-elle à voix basse.

- Tu me rejoins ? demanda-t-il.

- Plus tard. Laisse ta porte ouverte. » promit-elle.

La lunienne remarqua son sourire moqueur. Et il avait de quoi le faire, elle semblait prise de panique par le moindre rapprochement. Ses yeux jetèrent des coups d'œil furtif à son épaule toujours blessée et marquée par cet homme. Son cœur loupait plusieurs battements, et son corps se réchauffait à l'idée de se blottir contre lui. Elle couina en écarquillant les yeux, frappant du plat de sa main le ventre du vampire pour le dégager de son chemin avant de tourner les talons, le visage cramoisi. Il éclata de rire en la laissant partir. Il n'y avait rien de plus adorable à ses yeux qu'une lunienne peu assurée.

« J'entends toujours ton cœur ! taquina-t-il.

- Alors tu sais que je suis au bord du malaise ! Que dis-je ? De l'infarctus ! Je ne veux pas mourir maintenant, je suis trop jeune ! » railla-t-elle en s'enfuyant.

Par la Lune, jura-t-elle intérieurement en marchant d'un pas rapide vers la cité qui commençait à doucement ranger ses commerces. Elle secoua son visage, les rires de ses Zodiaques résonner dans sa tête.

« Laissez-moi faire comme je veux ! railla-t-elle.

- Je te rappelle que c'est absolument le but de mon influence, s'amusa Sagittaire.

- Scorpion... Prends ma défense, s'exaspéra-t-elle.

- Ma déesse, nous sommes beaucoup trop passionnés pour ne pas le laisser faire. »

Moody grogna faiblement en tournant dans une rue, gravissant un petit pavillon pour rentrer dans l'échoppe de Purroy. Elle salua d'une main le félin.

« Oh tu es de retour ! Comment te sens-tu ? » s'enquit-il.

Elle haussa les épaules et se contenta de lui sourire pour toute réponse.

« Je vois, je vois ! » commenta-t-il en se penchant à nouveau vers un tube d'essai, replaçant son monocle loupe sur son œil.

Moody jaugea le laborantin avec un sourire amusé et se dirigea dans le fond de la boutique, vers le matériel herboriste et ésotérique. Purroy avait tout pour subvenir au besoin de ses clients, qu'ils soient simple membre de l'Absynthe, magicien, sorcière ou druide. La lunienne eut un faible soupir en effleurant du bout des doigts les pierres de lune et de nuit avant de s'approcher du grimoire posé sur un pupitre. Son ongle glissa sur le parchemin alors que ses yeux lisaient en diagonal les lignes ancrées, à la recherche de ce dont elle avait besoin. Ses doigts serrèrent ses feuilles de soin contre elle.

« Tu as l'air d'une Absynthe ainsi penchée sur ce vieux livre. » commenta le Purrekos depuis son comptoir.

Moody eut un sourire amusé.

« Je pense que pour mon bien et celui d'Ezarel, il n'aurait pas fallu que je sois dans sa garde. - Et pourquoi pas ? Tu as l'air de te plaire dans ma boutique. Tu es entrée complètement bouleversée, et te voilà plus calme. » souligna Purroy.

Elle pinça ses lèvres en levant les yeux vers le félin avant de reporter son attention sur les différentes herbes.

« Tes pierres ont de bonnes énergies.

- Et mes herbes non ?

- Je n'ai pas dit ça. Je ne peux pas travailler sans herbe pour purifier mon autel. Mais je suis incapable de l'utiliser pour toute magie. Je suis une sorcière élémentaire, pas... Herboriste. Ou du genre à faire des potions. »

Purroy se mit à ronronner légèrement en retirant son monocle. Il posa son visage dans ses coussinets et scruta la jeune femme qui se hisser sur la pointe des pieds pour prendre une pierre d'ambre et d'hématite, écoutant les pensées à voix haute de sa cliente :

« L'ambre pour la vitalité. Hématite, pierre noire pour se protéger des mauvaises énergies, retrouver la maîtrise de soi et retrouver l'énergie.

- Tu peux toujours avoir ta place dans l'Absynthe. » reprit-il.

Moody lui jeta un regard par-dessus son épaule.

« Après tout, qu'est-ce qui fait que ça te différencie de cette garde ? questionna le félin malicieux.

- Je fais de l'ésotérisme, Purroy. Ce n'est pas assez tangible pour un membre de l'Absynthe, c'est trop... Fantaisiste. Ils n'ont pas les mêmes croyances que moi. Et je voyage sur l'Astral. Tout est symbolique. Eux se basent sur quelque chose de réel. »

Le Purrekos eut un sourire carnassier, ravi de ce débat.

« Pourtant tu utilises l'ésotérisme pour te guérir. Comme le principe de cette Garde. C'est ta science. Tu soignes tes maux par les pierres, l'Absynthe te soigne par des plantes. Quelle est la différence ?»

Moody ouvrit la bouche pour rétorquer et la referma aussitôt. Le félin n'avait pas tort sur ce point. Qu'est-ce que cela aurait changé si elle avait été Absynthe ? Son regard se posa sur les plantes devant elle, l'air absent. Elle secoua la tête. Non, elle ne se voyait pas dans cette Garde. Elle ne ressentait pas le même attachement qu'avec celle actuelle, elle n'avait pas les mêmes affinités. Il y avait quelque chose de plus familial dans son équipe, et cela lui réchauffait le cœur. Cette nouvelle famille temporaire avec qui elle voulait vivre l'instant présent, se créer de nouveaux souvenirs au lieu de courir après ceux perdus. Il lui fallait se rendre à l'évidence : elle devait se reconstruire dans une nouvelle vie.

« Mh. Je préfère être une femme d'action. La Garde de l'Ombre me correspond bien. Je peux manipuler, changer de facette, surveiller tout en étant indépendante. J'aime le terrain, la discrétion malgré ma provocation, user de stratège pour infiltrer... Être au courant des derniers ragots, sourit-elle. J'ai peur que les vapeurs des fioles et les puanteurs d'onguent affectent mon cerveau comme Ezarel. »

Purroy eut un léger rire en descendant du tabouret où il était assis pour rejoindre la lunienne afin de l'aider à tresser un bouquet de plantes à brûler.

« Qu'est-ce qu'il te faut comme plante ?

- Ewelein me drogue avec son infusion immonde. Mais je pense que méditer avec un mélange d'herbe de mer, vétiver et tubéreuse m'aidera tout autant. Peux-tu aussi ajouter des billes de guarana à mastiquer ?

- Un bouquet... Énergisant n'est-ce pas ? » s'amusa le félin qui tressait les plantes entre elles pour en faire un large bâton.

Moody sourit en prenant une pierre de nuit en plus.

« Je voudrais à la fois être vivifiée et dans la capacité de retrouver un sommeil sain, réparateur, pas comme ce genre de paralysie que j'ai pu faire à Balenvia. »

Purroy la sonda avec inquiétude, elle tapota avec douceur le haut du crâne du laborantin entre ses oreilles velues avec un sourire rassurant.

« Ne t'en fais pas. Je pense qu'un après-midi à l'orphelinat m'épuisera comme il faut pour remettre tout dans l'ordre. »

Le félin alchimiste hocha la tête et retourna derrière son comptoir pour préparer l'encaissement des achats. Moody vint à lui et règle sa note avant de quitter l'endroit. La ville s'était endormie, et derrière elle, Purroy baissait le rideau après l'avoir salué d'un signe de la patte. La lunienne se laissa distraire par une marche nocturne sur les pavés exiguës de la cité, le sac de ses achats et médicaments dans sa main. Elle longea une ruelle éclairée par des flammes nocturnes et éternelles. Même le dieu du vent ne pourrait les éteindre. Son regard se posa sur la vitrine de Purrery, stoppant sa marche. Elle observa la nouvelle collection avec un sourire au coin des lèvres, peut-être que demain elle craquerait après avoir reçu sa prime de mission. Pour son anniversaire. Un croassement déchira le silence de la ruelle, faisant relever le nez de la lunienne vers Munin qui se posa sur son épaule meurtrie. Nevra.

« Comment vas-tu ma jolie ? » demanda Moody à son familier.

La Ptérovorcus frotta son crâne contre la mâchoire de sa maîtresse. La jeune femme eut un léger sourire.

« Que penses-tu de cette robe ? Je pensais me la prendre pour mon anniversaire. » confia-t-elle.

L'oiseau sembla juger le choix de la lunienne en scrutant la vitrine, le visage penché sur le côté. Moody porta à nouveau son regard sur la robe avec un sourire amusé. Cette dernière était faite en toile de soie d'araignée, de couleur pourpre et indigo, dévoilant un décolleté en cœur et serré dans un corsage. Les manches partaient à partir des biceps et tombaient jusqu'à cacher les mains. Ses clavicules seraient tout autant dévoilées que sa poitrine généreuse. Le corset ceignait la taille du mannequin en vitrine et le drapé léger qui tombait aux pieds tirait sur le noir.

« Ça sort un peu des mes habitudes, je suis d'accord. Mais c'est un jour spécial, non ? Et puis on s'approche de la Fête des Morts. »

Munin croassa tristement. La lunienne pinça les lèvres et caressa son plumage.

« Pardon, je ne voulais pas te blesser volontairement. J'imagine que toi aussi ta ville te manque... Si tu veux nous irons ensemble au cimetière, l'ambiance devrait te plaire et puis tu participerai à mon rituel. » lui sourit-elle.

La Ptérovorcus sembla hocher du bec et déploya ses ailes pour manifester sa joie.

« Rentrons. Je te prépare ton nid et je vais voir Nevra, je lui ai promis. »

L'oiseau la toisa avec insistance.

« Sans arrière-pensée ! se défendit Moody avant d'éclater de rire. Je n'ai pas envie que ce soit comme avec les autres. Il n'est pas mon défouloir, ni mon mon jouet, même si c'est agréable de le sentir entre mes cuisses. Je veux faire autrement. »

Munin lui donna un coup d'aile et la lunienne rit de plus belle en reprenant sa marche vers le quartier général. Elle passa d'abord par sa chambre pour déposer son sac de course afin de prendre sa médication puis s'offrir une légère toilette et préparer le nid de son familier. Lorsqu'elle fut vêtue de son vêtement de nuit, un peignoir de chambre passa sur ses épaules avant qu'elle ne s'engage dans le corridor des gardes pour rejoindre son Capitaine. Moody vérifia qu'il n'y ait personne aux alentours avant d'actionner la poignée de porte, pénétrant dans la chambre tamisée et à peine éclairée par une bougie. Elle tomba nez à nez avec Sheitan qui s'était redressée au bout du lit du vampire endormi sur qui elle veillait. La lunienne s'accroupit légèrement, paume ouverte vers elle et laissa la Black Gallytrot venir à elle pour la renifler. Elle entrevit la queue du familier s'agiter avec contentement avant qu'elle ne la délaisse pour retourner se coucher au pied du lit. Moody se releva et scruta la silhouette de l'homme allongé sur le ventre. Il était simplement vêtu d'un sous-vêtement qui mettait en valeur son fessier ferme. Elle laissa son regard dévaler sur chaque muscle finement dessiné de son dos. Il n'avait peut-être pas la carrure imposante de certains guerriers, mais ses épaules carrés et sa grâce masculine ne la laissait pas indifférente.

Ses iris se posèrent sur ses fesses puis ses jambes légèrement écartées. L'une d'elle était remontée en chien de fusil, au niveau de son abdomen et le drap de soie ne cachait rien, nonchalamment posé sur ses tibias. Un léger ronflement lui fit relever le regard. Elle retint un petit rire attendri en se dirigeant à pas feutré du lit. Le vampire enlaçait son oreiller, les cheveux ébouriffés dessus. Lorsqu'elle retira son peignoir et s'assit à côté de lui, il ouvrit son œil valide, l'autre toujours camouflé par son cache-œil. Il humecta ses lèvres et se décala légèrement pour lui faire de la place. Moody s'allongea sur le flanc, passant ses doigts entre les mèches indisciplinées de l'homme. Nevra la repoussa légèrement pour la faire basculer sur le dos, elle fut surprise mais le laissa faire. Le vampire délaissa son oreiller pour elle, blottissant son visage contre sa poitrine. La lunienne resta interdite, ne sachant pas quoi faire de ses propres mains. Il enlaça sa taille fermement et ferma les yeux en marmonnant :

« Encore.

- Encore quoi ? questionna Moody à voix basse.

- Caresses dans les cheveux. » quémanda le vampire.

Elle fit une moue attendrie et laissa une de ses mains effleurer les mèches brunes tandis que l'autre se posa au creux des omoplates à sa disposition. La lunienne balada ses doigts contre le crâne de l'homme, frôlant par moment ses oreilles pointues. Elle ne faisait pas attention à la fraîcheur de son corps contre sa propre peau. Ça lui était même presque agréable. Moody ferma les yeux en se laissant bercer par les faibles ronronnements qui vibraient contre sa poitrine qui devenaient petits à petits des ronflements légers. Elle sombra contre toute attente dans un sommeil réparateur et réconfortant.

Au réveil, elle cilla légèrement déboussolée par l'endroit où elle se trouvait, gémissant faiblement en sentant de léger rayon de soleil automnal lui caresser le visage. Elle se retourna brusquement et heurta de plein fouet le torse du vampire qui l'observait dormir depuis plusieurs minutes. La lunienne remonta les couvertures sur elle en grognant faiblement alors qu'il ricanait faiblement.

« Tu es une vraie Bériflore.

- Et toi, un Mäulix ! » railla-t-elle à voix basse.

Il rit de plus belle avant de se mettre sous la couette pour la regarder se réveiller tout en prenant son temps. La lunienne s'étira de toute sa petitesse en gémissant faiblement, faisant lever sa nuisette sur son ventre que le vampire effleura du bout des doigts. Elle sursauta et posa ses billes améthystes sur lui. Nevra lui décocha un sourire en coin en laissant le bout de ses phalanges remonter le long de son sternum afin de redessiner le galbe de sa poitrine.

« Merci d'avoir passé la nuit avec moi. » murmura-t-il.

Moody s'arc bouta légèrement tout en soupirant avec aise, se laissant rouler sur le dos, s'enfonçant un peu plus dans le matelas moelleux de son Capitaine. Son corps accueillit volontiers les caresses que lui procurait l'homme, réagissant délicieusement à certains contacts. Un sourire enjôleur se peignit sur ses lèvres pulpeuses tandis que ses bras se plaquaient sur ses yeux fermés.

« A moi, maintenant. Je vais te réveiller pour passer une bonne journée. » souffla-t-il en se penchant sur elle, sa bouche effleurant son ventre plat.

Elle eut un rire nerveux en le sentant descendre dangereusement entre ses cuisses. Elle ne le repoussa pas pour autant. Voire pas du tout lorsque son sous-vêtement se retrouva à ses chevilles et que son amant la stimula à l'aide de sa bouche, de sa langue et de ses doigts. Moody se laissa guider vers ce point de non-retour, non sans exprimer son plaisir par quelques complaintes aiguës, de soubresauts et de soupirs en tirant la tignasse du vampire. L'ocytocine lui offrait une nouvelle énergie dans ses veines alors que Nevra se coucha sur son ventre lorsqu'il eut finit son travail d'orfèvre, sa main caressant le galbe dessiné de la cuisse repliée et tremblante de la lunienne posée sur son épaule.

« Qu'as-tu prévu aujourd'hui ? lui demanda-t-il pour briser le silence d'après extase.

- Mh. Je vais sûrement aller à l'orphelinat et puis m'entraîner avant que mon Capitaine ne me râle après. Il faut que je le rende fière après avoir reçu des félicitations... Orales. »

Le vampire rit avant de se redresser sur un bras, surplombant la lunienne.

« Tu préfères les félicitations tactiles ? » rétorqua-t-il.

Moody gloussa en glissant le bout de son index le long du nez de son amant.

« J'aime toutes sortes de félicitations quand ça vient de toi. »

Il lui adressa un clin d'œil complice avant de se mettre à genoux entre les cuisses de la lunienne, qui avec flegme les laissa entourer la taille de son partenaire qui s'étira après avoir repoussé la couette en soie. Elle scruta son corps en nouant ses bras derrière son crâne.

« Et toi, quel est ton programme aujourd'hui ? questionna-t-elle.

- Une grande réunion m'attend à neuf heures, j'espère en sortir vers midi. On doit parler de ta mission qui fut un franc succès et de la prochaine étape pour attraper Ashkore. Et ensuite, il faut que je fasse quelque rapport à la bibliothèque. Puis je viendrai voir comment se débrouillent mes recrues dans les caves.

- Intéressant, sourit sarcastiquement la lunienne.

- Je préfèrerai passer ma journée dans les draps avec toi. Mais mon devoir de chef de Garde m'appelle.

- Tu m'en diras tant, joli cœur. »

Moody se redressa sur ses coudes avec un sourire amusé avant de se glisser hors des draps de l'homme, ses jambes peinant à la soutenir. Nevra ricana dans son dos en la voyant ainsi recevoir le contrecoup de son réveil. Elle lui tira la langue avant de balancer, d'un air supérieur, ses longs cheveux par-dessus son épaule.

« Le jour où tu arriveras à ne plus me faire marcher, c'est que tu sauras t'y prendre, provoqua-t-elle.

- C'est un défi ? rétorqua-t-il sur le même ton, un sourire au coin des lèvres.

- Tu interprètes ça comme tu veux. » minauda la lunienne tout en remettant son sous-vêtement et son peignoir de chambre.

Elle lui lança un baiser volant du bout de ses doigts avant de quitter sa chambre pour rejoindre la sienne afin de se préparer pour la journée.


*** 


Ses bottes passèrent à peine le pas de l'orphelinat que les enfants délaissèrent l'homme licorne pour courir vers elle. Moody rit gaiement en s'abaissant à leur niveau pour les accueillir un par un dans ses bras. Le plus jeune d'entre eux réclama ses bras et elle le prit contre sa hanche avec un air satisfait. Keroshane semblait dépasser par la situation et se gratta l'arrière de la nuque.

« Ils ne sont pas décidés à écouter mon cours, déplora-t-il.

- Et pourquoi personne ne veut écouter Keroshane ? » demanda la lunienne à l'assemblée de mini faëliens.

Chacun baissa les yeux, seul Mery bomba le torse et répondit :

« Parce que c'est nul d'apprendre des trucs sur les familiers et de ne pas les voir.

- Je vois..., dit la lunienne à voix basse. Alors, restez là, je vais voir si je peux trouver quelque chose d'intéressant à faire pour ce cours. »

Elle confia le petit garçon à l'homme licorne qui l'interrogea du regard. La lunienne lui adressa un clin d'œil et sortit de l'orphelinat pour se diriger dans la boutique de Purreru qu'elle gratifia de caresse contre ses vibrisses.

« Qu'est-ce qu-que je p-p-peux faire pour toi, Moo-Moody ? » balbutia le félin, dérouté.

Il resserra ses pattes autour de l'œuf qu'il tenait.

« Serais-tu d'accord pour me confier tes pensionnaires pour mes petits monstres à l'orphelinat ? On doit faire un cours sur les familiers. »

Le Purrekos la regarda d'un œil suspicieux. Le sourire de la jeune femme s'élargit un peu plus.

« Je leur apprendrai à bien les nourrir, les chouchouter, et les élever. »

Purreru soupira et céda à sa requête. La lunienne revint vers l'orphelinat suivi de plusieurs familiers dont des homonculus, sabalis, bécolas et autres corkos. Munin vola et se posa sur l'épaule de sa maîtresse en croassant. Moody ordonna aux enfants de se diriger dans la cour de l'orphelinat avec Keroshane pour donner une leçon sur les familiers. Elle leur expliqua comment les appâter, les nourrir et les aimer. Elle leur posa des questions pour susciter leur intérêt et éveiller leur réflexion. Puis en fin de cours, la lunienne déposa devant elle les mets favoris des familiers dans son dos, créant elle-même des mini-trous noirs sous les regards fascinés de ses élèves.

« Comment tu fais ça ? Moi aussi je veux faire ça ! s'exclama Mery.

- Il faut être grand, sage et bien écouter les cours pour faire tout ça, lui sourit la lunienne. A qui donne-t-on des œufs sucrés ? questionna-t-elle.

- Le Sabali ! s'exclama une enfant.

- Es-tu sûre ? »

La petite fille sembla douter en regardant le familier peu intéressé.

« Non..., confia-t-elle. Je crois que ça le rendrait triste et malade. »

Moody lui sourit avec douceur en hochant la tête.

« Je pense que le Corko préférerait davantage les œufs sucrés.

- Oui, je suis d'accord. »

Chaque enfant vint à la rencontre d'un familier pour le nourrir puis prirent du plaisir à les câliner et les brosser. Moody les observa en silence, un bambin contre sa hanche, le pouce dans sa bouche alors qu'il dormait paisiblement contre son épaule. Elle offrit un sourire à Keroshane et fut surprise de voir Nevra accoudé sur l'entrée de la cour, il lui adressa un clin d'œil.

« Oh ! Un Chef de Garde. » s'écria un brownie.

Tous les enfants firent volte face vers le vampire qui leur adressa un signe de main, Sheitan entre les jambes. Moody s'approcha tout en cantonnant :

« Qui est le familier de la Garde de l'Ombre ?

- L'homonculus de minuit ! répondit une petite voix.

- Quel est le familier du Capitaine de l'Ombre, Nevra ? »

Le vampire ricana doucement en observant la jeune femme avec un poupon entre les mains. Cela attendrit un peu plus son portrait à ses yeux.

« Un Black Gallytrot, répondit une autre voix.

- C'est comme un Black Dog, mais en plus gentil ! souligna Méry, fier de lui.

- Exactement, sourit la lunienne avant de se tourner vers l'assemblée qui l'avait suivi. Et qu'est-ce que mange Sheitan ? »

Les enfants semblèrent réfléchir alors que Nevra se pencha à l'oreille de la lunienne pour souffler.

« Le vampire mange de la lunienne en dessert. »

Moody gloussa faiblement en lui jetant un regard en coin.

« Du poisson lunaire ! s'exclama une enfant.

- Sheitan est un Maülix ? » rétorqua Moody en reportant son attention sur les enfants.

Le familier interpellé jappa avec dégoût.

« Non mais t'es bête toi ! Ça mange du Gallyflore, s'offensa un autre bambin.

- Et moi je refuse qu'on dise à quelqu'un qu'il est bête. Parce que le plus bête c'est celui qui dit du mal de l'autre. Me suis-je bien fait comprendre Alpa ? » réprimanda doucement la jeune femme.

Le jeune garçon baissa les oreilles avec honte.

« Oui Madame Moody.

- Bien. Bonne réponse: Gallyflore. Et il est temps pour vous d'aller manger. »

Moody offrit sa paume à Sheitan pour la saluer et la caressa entre les deux oreilles. Munin scruta le vampire avant de s'envoler.

« Tu manges avec moi ? » demanda le vampire à sa subalterne.

Elle lui sourit avec douceur et chercha du regard Keroshane pour lui confier le bambin qu'elle avait sur la hanche. Libre, elle appela les familiers.

« Avec plaisir, mais je dois d'abord rendre ces pensionnaires à leur propriétaire. » informa-t-elle.

La lunienne salua chacun des enfants et Nevra ne sut détacher son regard attendri de cette scène, il se racla la gorge et détourna le regard en la voyant revenir vers lui, tout sourire. Le couple s'engagea dans la cité, suivi par la troupe de la familier. Ils pénétrèrent dans l'échoppe de Purreru et la quittèrent aussitôt pour chercher à manger.

Plats en main, les deux amants de l'Ombre s'installèrent sous le cerisier centenaire. Moody préféra se mettre à l'ombre, sous l'arbre, en tailleur. Nevra s'assit sur le banc face à elle, Sheitan à ses pieds. Elle commença à grignoter sa salade avec un léger sourire.

« Tu veux des enfants ? » demanda spontanément le vampire.

Elle releva son regard surpris vers lui, sa fourchette levée à hauteur de sa bouche ouverte. Moody cilla et reprit contenance en enfournant sa bouchée afin de la machouiller, la main devant sa bouche avant de répondre :

« Difficile à dire. Je suis encore... Jeune. Je vais à peine avoir vingt ans dans quelques jours. J'ai du temps devant moi. Et puis... Même si j'adore les enfants de l'orphelinat, que je les chéris énormément, seule Lune peut me donner la possibilité de concevoir. »

Nevra pencha son visage sur le côté. La lunienne lui adressa un sourire timide.

« Je suis techniquement... Stérile. Je n'ai pas de menstrues. Si je veux un jour enfanter, alors je dois procéder à une prière et à un rituel. Et Lune décidera si oui ou non c'est mon destin de porter un enfant et je le saurai uniquement si je saigne. Dans ma communauté, être une femme ne se définit pas par cette spécificité mais par mon allégeance et mon rôle d'Enfant de la Lune. »

Le vampire hocha la tête, et reprit une bouchée de son propre repas.

« Et toi ? » demanda-t-elle.

L'espace d'un instant, il fut ailleurs et une gêne palpable se ressentit entre eux. Moody pinça les lèvres.

« Tu n'es pas obligé de répondre. » lui suggéra-t-elle d'une voix douce.

Le vampire baissa les yeux vers elle et soupira imperceptiblement.

« J'y pense par moment. Tout comme toi, je suis techniquement stérile. »

Un voile triste passa dans son œil. La lunienne le regarda en silence et baissa le nez dans son propre plat. Nevra sembla un peu plus renfermé. Il n'avait pas le droit de rejeter cette question intrusive qu'il avait posé plus tôt à la jeune femme. Son œil se baissa sur l'herbe.

« Stérile, mais pas avec celles de mon espèce. Je ne suis pas encore décidé à en avoir, je trouve ça beau. Je ne me sens pas prêt à me créer une descendance, pas après avoir fuit ma région natale. Je ne veux pas que mon enfant ait ce fardeau sur les épaules. Donc je ne me vois pas en avoir avec une vampire de bon rang. Et en concevoir avec des personnes hors de mon espèce me semble impossible. Un enfant non-vampire... Je serai dans l'obligation de... Mh. »

Il se tut. Elle releva son visage et osa dire :

« La transformer en vampire ? »

Il se gratta la nuque avec gêne et opina du chef avant de reprendre:

« Il n'y a pas que ça. C'est aussi perdre un de tes êtres chers, ou les deux ensemble. Une femme déjà vampire portera mieux le foetus qu'une non vampire. Elle peut mourir en couche, le bébé peut mourir dans son ventre ou naître complètement mort... Il y a beaucoup de paramètres négatifs et dangereux. Et je refuse de transformer ma compagne en vampire pour ce simple souhait. L'adoption est aussi une option et avec contradiction je voudrais que ce soit la chair de ma chair... »

La lunienne sembla le sonder pour comprendre la peine qui le traversait mais elle n'était pas du genre à insister. Si les gens qui l'entouraient voulaient se confier, alors ils le feraient mais ce n'était pas à elle de les obliger. Bien que Nevra parlait à mi-mot, elle perçut cette blessure profonde qu'il ne voulait pas partager.

« Je te comprends. Ce n'est pas quelque chose de facile. » conclut-elle.

Le vampire approuva d'un signe de tête et se mura dans un silence anxieux. Moody se pencha vers lui afin de poser sa main sur sa cuisse.

« Il y a peut-être un moyen que la future mère puisse porter ton enfant sans aucun danger. Que tu ne sois pas obligé de faire tout ça. Et je suis sûre qu'Ezarel prendrait plaisir à t'aider pour ce geste. Il y a toujours une solution au problème. Je pourrais prier Lune pour toi ! »

Il lui sourit légèrement et prit sa paume pour lui offrir un baise-main avant de lui adresser un clin d'œil.

« J'accepte alors. J'espère que nos enfants auront tes yeux. »

Elle éclata de rire en secouant son visage. Ses joues avaient pris une teinte légèrement rosée.

« C'est la pire phrase de drague que tu m'aies sorti.

- Et pourtant ça te fait craquer, rétorqua-t-il, la fossette dessinée au creux de sa joue.

- Peut-être que ça me plaît en effet, concéda-t-elle en se rasseyant à l'ombre pour finir son repas. Mais ne mettons pas les Chiromagnus avant la charrue.

- C'était simplement pour te faire la discussion et m'intéresser à toi, souligna-t-il pour la rassurer. J'ai aimé te voir avec les enfants. Je voulais simplement comprendre ton instinct. »

Elle se contenta de lui sourire sans perdre ses rougeurs aux joues. Le couple continua de manger tout en discutant jusqu'à devoir se séparer. A l'abri des regards, Nevra se pencha vers la petite femme pour la serrer dans ses bras, ses lèvres posées contre sa tempe. Moody glissa son bras le long de son dos et s'accrocha à son épaule en fermant les yeux. Cette simple étreinte lui fit fondre le cœur. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un bref baiser au coin de ses lèvres avant de s'enfuir à travers la cité pour le reste de la journée sous le regard amusé du vampire.


***


 Le soleil se coucha lentement sur Eel et Moody poussa un soupir de soulagement en sortant de l'orphelinat. S'occuper d'autant d'enfants et de différent âge l'avait drainé. Elle rêvait d'un bain chaud et de se coucher dans les draps de son amant. A cette idée, elle écarquilla les yeux, surprise de baisser ses barrières. La lunienne posa ses mains contre sa poitrine, un sourire idiot retroussa ses lèvres. Elle en ressentait vraiment le besoin. Moody descendit du porche pour remonter vers le quartier général, le pas léger. En passant les grandes portes, la lunienne leva les bras en l'air pour s'étirer tout en marchant vers les caves, ce n'était pas parce qu'elle avait l'esprit ailleurs qu'elle devait éviter son entraînement. L'avantage, se dit-elle, c'est que la mauvaise humeur et l'acharnement de Karenn ne m'atteindront pas. Elle troqua sa tenue de travail pour celle de combat. Le pantalon noir glissa aisément sur ses cuisses, tout autant que le débardeur sur sa poitrine. Elle enfila ses bottes à talons et se dirigea dans la grotte. Elle s'arma de deux poignards en bois et rejoignit son équipe pour l'entraînement. Il lui arrivait de reprendre certains de ses camarades sur leur position de défense puis leur discrétion. Elle offrit quelques conseils de séduction aux femmes de l'assemblée.

« Une œillade, des caresses bien placées..., susurra-t-elle d'une voix douce en remontant ses doigts le long du torse d'un loup-garou. Et il remuera la queue. »

Une partie des membres riaient de bon cœur à la blague ambiguë de l'ombrette, puis un peu plus quand ils virent le lycanthrope agiter sa queue dans son dos. Moody lui adressa un clin d'oeil amusé et tapota son épaule amicalement. Elle se baissa pour ramasser ses armes et se tourner vers ses autres coéquipiers muets. La plupart croisèrent les bras ou exprimait leur mécontentement en levant les yeux au ciel. Comme Karenn. La vampire était excédée par le comportement lubrique de la lunienne et ne comprenait pas l'intérêt que pouvait lui porter Nevra. Moody n'avait rien de bon pour lui. À en voir ses attitudes, jamais elle ne répondrait aux attentes de son frère. Pour Karenn, la lunienne n'était pas fiable, ni fidèle et passait le plus clair de son temps à flirter avec tous les hommes disponibles. Elle contracta les mâchoires et tourna le dos à sa coéquipière pour quitter l'attroupement autour d'elle. Cette dépravée ne méritait pas autant d'attention.

Moody arqua un sourcil et se contenta d'hausser les épaules d'un air las. Elle ne faisait pas l'unanimité au sein de sa garde et cela lui importait peu. Ça ne l'atteignait pas. Ne lui procurait aucune peine ou questionnement. Elle ne se remettrait jamais en question pour les autres. Soit on l'appréciait, soit on la détestait. Moody était ce qu'elle était et elle ne changerait pas pour plaire à autrui. C'était à prendre ou à laisser. Sa main balaya habilement sa queue-de-cheval derrière son épaule et elle se dirigea au centre du terrain de combat. Ses bras se croisèrent dans son dos, attendant patiemment son adversaire pour l'entraînement au combat au corps à corps. Elle ne fut pas surprise d'avoir Karenn comme concurrente, ni de ressentir son acharnement dans ses coups. La lunienne ne se laissa pas faire, encaissant en premier lieu les coups sournois de la vampire avant de se rebeller en grognant. D'un balayement de jambe, Karenn s'écroula au sol et Moody se jeta sur elle pour la maintenir au sol. Une gifle s'abbattit sur sa joue et la femme aux cheveux gris ne démordit pas en retournant son attaquante à plat ventre. Le corps de la vampire claque bruyamment sur le sol humide de la cave et un silence morbide s'installa parmi les soldats qui les fixèrent. Moody bloqua de son assaillante dans son dos, au point de disloquer ses épaules. Karenn feula après la lunienne qui lui décocha un sourire narquois, se penchant légèrement sur elle pour souffler à son oreille :

« Ton acharnement est respectable. Une telle ardeur est remarquable et exemplaire au sein de notre Garde. Mais garde bien en tête qu'elle serait plus efficace contre un ennemi que contre tes propres alliés. Tu ne m'aimes peut-être pas, et je m'en fiche, mais je ne mérite ni ta haine ni ton animosité. Je ne t'ai rien fait. Je ne t'ai pas volé ton goûter. Ni ton mec. »

Moody se redressa avec souplesse, un rictus amer au coin de ses lèvres pleines, puis elle adressa une révérence à son adversaire. Son regard pétilla de malice quand elle comprit qu'elle était la source principale de ses actes fougueux en combat. Karenn la toisa d'un regard noir en se levant à son tour, les mâchoires contractées. Pourtant, elle ne chercha plus à attaquer la petite femme parce que Nevra était dans les parages.

« Soldats de l'Ombre. »

Comme un, les fantassins se mirent au garde à vous à l'appel de leur chef. Nevra les salua d'un signe de tête, un léger sourire au coin des lèvres.

« Rapport d'entraînement, ordonna-t-il.

- Combat avec petites armes de main, parade de séduction et combat rapproché. » répondit la lunienne, ôtant les mots de la bouche de Karenn qui avait à peine ouvert la bouche.

La vampire fulmina silencieusement tandis que la lunienne souriait à son capitaine. Nevra hocha la tête, satisfait.

« Parfait. Demain nous nous concentrerons principalement sur les entraînements physiques. Je veux vous voir plus transpirants que ça. Je veux sentir vos muscles pulser sous vos hauts et voir des bleus se former sur votre peau.

- Oui, Chef, cantonna la troupe en chœur.

- Disposez. Moody tu restes. » ordonna-t-il d'une voix sèche.

Elle l'interrogea du regard et opina sans rétorquer. Les soldats disposèrent et disparurent hors de la cave en un temps record. Seule Karenn était restée dans un coin de la pièce à les toiser avec colère. La lunienne rompit son garde-à-vous et pencha sa tête sur le côté. Nevra ne lui montra aucun signe d'affection et elle en fut satisfaite. Il n'était pas question de cela à cet instant. Elle arqua un sourcil interrogateur. Le vampire posa son œil valide et pétillant de malice sur sa subalterne.

« As-tu encore assez d'énergie pour venir au Conseil ? Je tiens à ce que tu viennes pour une bonne raison.

- Vraiment parce que c'est mon Capitaine qui me l'ordonne, maugréa-t-elle. Je rêve d'une douche chaude et de me faire masser la nuque. »

Nevra eut un léger rire, ce qui fit froncer les sourcils de sa sœur. Il invita la lunienne à passer devant lui pour se diriger vers l'escalier. Moody passa la première et le vampire jeta un regard par-dessus son épaule pour soutenir le regard de sa sœur qui comprit de suite que ce qui allait se passer n'allait pas lui convenir. Karenn contracta les mâchoires et se détourna sans rien ajouter.

Le couple de soldat de l'Ombre s'engagea dans les corridors que Q.G jusqu'à la salle du cristal. Tout le comité y était présent, comme à son habitude. Mais ils n'étaient pas installés sur leur chaise respective, ils étaient même plutôt prêts à s'en aller. Miiko se tenait à l'avant des hommes et se tourna quand le couple de l'Ombre pénétra dans la pièce.

« Parfait, on va pouvoir clôturer cette réunion et aller nous reposer. Contrairement à d'autres, nous n'avons pas eu le privilège de dormir plus de trois jours d'affilée. » dit la kitsune pour toute salutation.

Moody leva les yeux au ciel, puis fit rouler sa tête entre ses épaules en soupirant avant de rétorquer :

« Il aurait fallu aller soi-même au front pour profiter de cette chance. Mais qui t'aurait sauvé de ce sommeil éternel de toutes manières ? »

La cheffe de la cité contracta les mâchoires, ses queues se mirent à fouetter le sol avec colère.

« Ne t'énerve pas alors que c'est toi qui commences à la provoquer, fit remarquer Lance avec flegme en croisant ses bras sur son torse. Tu devrais lui témoigner un peu plus de respect. »

Moody ne camoufla pas sa surprise à sa prise de partie. Elle jeta un regard vers Leiftan qui se contenta de lui sourire avec douceur.

« C'est l'infirmerie qui se fout de la charité ! s'indigna Miiko. Tu es de son côté ?

- Je n'ai pas donné favorablement ma voix. Elle n'est pas encore assez puissante. Cependant je salue son implication dans sa mission et ses plans. Tu devrais la remercier d'avoir sauvé ton amie et d'avoir soulevé un nouveau problème concernant notre ennemi. » souligna-t-il.

La lunienne haussa un sourcil suspicieux. L'Étincelant prenait un peu trop sa défense ces derniers temps et elle n'en comprenait pas l'intérêt, malgré leur semblant d'alliance. Elle se racla la gorge.

« On peut me mettre au courant de ce qu'il se passe ? Je vous rappelle que j'ai dormi entre-temps. »

Nevra se posta à sa gauche et lui adressa un sourire en coin. Il posa une main délicate sur son épaule, son œil la scrutant avec fierté. Elle le toisa en fronçant légèrement les sourcils.

« Rien de bien spécial, Seconde de la Garde de l'Ombre. »

Il avait dit ses derniers mots d'un ton fier et enjoué. Elle écarquilla les yeux, interdite. Ses bras lui en tombèrent.

« Qu-quoi ? » bégaya la lunienne.

Le vampire rit doucement tout en ôtant sa main de son épaule blessée. Il reprit d'une voix calme :

« Je t'annonce qu'en ce jour: tu es devenue mon bras-droit. Tes efforts ont été récompensés. Tu fais preuve de bonne volonté et de loyaux services. Tu réponds aux attentes des commandements de la Garde. Et aux aspirations que j'ai pour notre faction.

- Mais... Je ne mérite pas cet honneur. Pas maintenant, bredouilla-t-elle, décontenancée.

- Quatre voix sur six sont pourtant d'accord pour te voir dans ce nouveau rôle. » souligna le capitaine de l'Ombre.

Elle jaugea les différents chefs de la cité, à la fois avec bienveillance et déroutement. Pourquoi lui faire un tel honneur ? La question dut se lire sur son visage car Valkyon intervint :

« Nous avons tous besoin d'un bras droit. Ezarel a Ewelein, Miiko a Lance, je suis celui de mon frère, Leiftan l'est avec Keroshane et Yhkar. Je n'ai pas encore trouvé le mien, alors mon frère m'assiste.

- Et ta sœur ? Chrome ? s'étonna la lunienne, levant ses yeux larmoyants vers son capitaine. Ils sont tout aussi dévoués que moi pour notre garde. Je viens à peine d'arriver. Ils sont là depuis toujours... Je ne mérite pas ce rôle. »

L'émotion et sa sensibilité post pleine lune manquaient de la faire pleurer de joie. Elle était émue, bouleversée, car à cet instant-même, elle se sentait enfin acceptée. Ses lèvres se pincèrent, son corps se mit à trembler imperceptiblement. Leiftan eut un sourire tendre et s'approcha d'elle en voyant la détresse dans son regard, elle ne comprenait pas les sentiments joyeux qui la secouaient. Il passa un bras autour de ses épaules pour l'approcher de son torse.

« Tu le mérites. Moody, ne te dénigre pas. Tu as autant de mérite que n'importe qui. Et l'ancienneté n'a aucune importance tant que tu as les compétences pour. Je te fais entièrement confiance pour ta nouvelle prise de poste. » lui sourit le vampire en la couvant de son regard fier.

Moody cilla, interdite. Elle tombait des nues. Ses yeux se levèrent vers son chef, puis l'Etincelant qui la tenait. La lunienne dévisagea l'assemblée pour déceler une once de mesquinerie, de trahison, de mensonge. Rien. La kitsune croisa les bras d'un air contrarié et soupira. Miiko n'appréciait pas sa montée de grade en moins d'un an à Eel mais ne pouvait aller à l'encontre du suffrage. Elle se racla la gorge pour ramener l'attention sur elle. Rien n'y fait, Moody posa une question avec crédulité, faisant sourire ses acolytes :

« Je pourrais toujours travailler avec les Purrekos malgré mon nouveau statut ? » s'inquiéta-t-elle.

Miiko leva les yeux au ciel, exaspérée et irritée. Le blond hocha la tête positivement.

« Tu es libre de faire ce que tu veux. Tu n'es plus notre prisonnière. Tu n'es plus une inconnue. Tu as ta place au sein de la Garde, auprès des Purrekos, des Ombres...

- Et je tiens particulièrement à ce que tu sois épanouie dans ton nouveau rôle. Alors oui, tu pourras continuer à travailler pour les Purrekos pendant ton temps libre et si tu n'es pas en mission, lui promit Nevra. Mais tu devras faire face à de nouvelles responsabilités au sein de notre garde. En m'assistant, naturellement. Je me chargerai de te faire suivre ces nouvelles formations.

- Et j'évaluerai. » dit Lance.

Moody grimaça et se contenta d'hocher la tête. C'était un mal pour un bien.

« Et nous commencerons dès demain, pour que tu sois prête pour la semaine prochaine, informa le vampire.

- Pourquoi ? s'étonna-t-elle.

- Je dois retourner à Balenvia avec Miiko et Lance pour mener l'enquête sur Ashkore. » dit brièvement le vampire.

L'annonce résonna comme un coup de massue et le temps d'un instant, Moody retint son souffle, un vide étrange s'installant dans sa poitrine. Il eut un flottement tandis qu'elle fixait son chef. N'était-ce pas précipité ? Trop rapide ? Trop dangereux ? Shiro était capable de tout et pourrait nuire au vampire. Ce n'était pas ce qu'elle souhaitait. Elle ne voulait pas être séparée de lui, pas tout de suite. La lunienne n'était pas prête à ressentir cela. Son humeur se rembrunit et ses sourcils se froncèrent. L'euphorie laissait place à la morosité. C'était une mauvaise idée et son instinct lui murmurait que cela allait mal finir. Elle soupira et ses épaules s'affaissèrent.


***


Moody jaugea ses équipiers en silence, les mains dans le dos. Nevra allait et venait devant elle en apportant la nouvelle à ses troupes. Elle était devenue son bras droit. Elle avait autant de pouvoir sur eux que le vampire. Les rangs de la garde de l'Ombre ne furent pas unanime à sa nouvelle position. Les avis étaient divisés, comme à chaque fois. Elle se désintérressa des regards assassins et jaloux de Karenn lorsque son frère officialisa son statut. Moody s'inclina respectueusement sous les timides applaudissements de ses sœurs et frères d'armes à la fin du discours du Capitaine de l'Ombre. La lunienne essuyait les critiques d'un regard en coin et ignora les remarques cinglantes faites lorsqu'elle passait d'un couloir à un autre. Cravacheuse de pine, entendit-elle. Il paraît qu'elle a couché avec Leiftan et sucé Nevra pour avoir un meilleur poste, murmuraient les rumeurs. On percuta son épaule volontairement lorsqu'elle pénétra dans la cantine. Elle accusa, la tête haute, le regard dédaigneux des femmes et avides des hommes. Moody s'installa seule à une table de la cantine, stoïque, imperturbable aux ragots qui glissaient le long de son dos. Elle n'était pas totalement acceptée. Un soupir passa la barrière de ses lèvres tandis qu'elle découpait soigneusement son bout de viande. Jamais on ne vint la déranger. Sauf les plus téméraires et bienveillants qui venaient la féliciter. Ils étaient peu mais toujours les bienvenus pour entretenir une discussion. Ce petit comité rassurait Moody sur sa place dans la garde et elle les remerciait toujours chaleureusement quand ils lui tenaient la porte. Elle répondait avec passion à leur demande de conseil pour un combat, une infiltration ou une consultation pour leur familier. Ils étaient fiers d'elle et cela lui mettait du baume au cœur.

En quelques jours à peine, les rumeurs avaient gonflé. Sa réputation de fille facile s'était ternie. On pensait toujours qu'elle s'était mise à genoux devant Nevra, tous les soirs, et cela l'avait presque fait sourire. Qu'il en soit ainsi, pensa Moody en s'avançant vers la salle des portes. À sa droite se tenait un groupe d'ombrettes, menée par Karenn.

« C'est tellement honteux. Ça aurait dû être toi le bras droit de Nevra. C'est ton frère. Je ne le comprends vraiment pas, dit l'une d'entre elles.

- Je ne sais vraiment pas ce qu'il lui trouve, se plaignit la vampire à voix haute, l'air faussement triste.

- J'espère qu'il n'a pas attrapé une quelconque maladie. Il paraît qu'elle couche avec n'importe qui et qu'elle ne se nettoie pas. »

La lunienne passa à côté du petit groupe et marqua un arrêt. Par dessus son épaule, elle lança avec flegme :

« Mesdemoiselles. La vie a fait en sorte que nous allions nous côtoyer puisque, apparemment, vous avez un quelconque talent et celui-ci semblerait être utile dans la Garde de l'Ombre. Faire partie de cette Garde symbolise beaucoup de choses, mais d'abord et avant tout, d'acquérir des informations véridiques, vérifiables et fiables. Laissez-moi donc vous conter quelque chose. Une histoire qui vient de la racine. »

Moody marqua une pause et se tourna lentement vers le petit groupe d'écervelés. Son regard se posa dans celui de la cadette de Nevra et elle reprit d'un ton posé :

« J'ai prêté serment à la Mère Lune. Mère de toute séduction et de mystère. Nous n'aimons pas ce que l'on ne sait pas contrôler. Au fil du temps, on a utilisé divers qualificatifs pour me décrire : salope, séductrice, passionnée, dangereuse, tordue, monstre... Mais en réalité, les filles, je suis juste une demi-déesse qui aime sa magie, son sang-mêlé, et ses amants. J'estime que ceux qui me critiquent sont... Envieux. Vous pouvez critiquer ma garde-robe -mélange d'élégance et de sexualité assumée- ou mes amants -multiples et consentants- ça ne me fait rien. Vous n'êtes pas à ma place, vous ne savez rien de ce que je vis. Alors votre opinion, vous pouvez bien vous la mettre où je pense. Je suis une sorcière de la Lune, l'une de ses enfants. J'y puise ma magie la plupart du temps. Je suis accro aux plaisirs charnels et au combat. Je ne suis ni la plus forte ni la plus diplomate de ses terres. Mais je suis comme je suis, et si cela vous déplaît, alors allez vous faire foutre. Et quitte à choisir entre être appelée « connasse » ou « traînée », je préférerais que vous m'appeliez « Moody » qui est un synonyme. »

Un sourire mutin étira les lippes de la lunienne. Ses homologues semblaient l'espace d'un instant hébétées et aucune n'osa rétorquer. Karenn écarquilla les yeux et eut un faible feulement. Moody posa sa main sur sa propre hanche et arbora une posture décontractée en remettant de ses doigts libres, une mèche derrière ses oreilles. Le silence pesa dans la salle des portes. Des curieux osaient quelques regards et faisaient des messes basses depuis la balustrade du premier étage. Nevra apparut au détour d'un couloir et croisa les bras. La lunienne arqua un sourcil condescendant et claqua sa langue à son palais avant de reprendre sans perdre de sa superbe :

« Voyez ? Ce que je viens de vous dire sont des faits, ce qui devrait normalement vous servir davantage en tant que membre de l'Ombre, plutôt que des ragots. Après tout, on vous a engagé en partie pour récolter de vraies informations, et non pour en créer des fausses, n'est-ce pas ? On ne voudrait certainement pas se construire une réputation de vulgaire bouche à nourrir dans la Garde. »

La fin de sa phrase fut dite avec une pointe de sarcasme, une main sur le cœur et la mine faussement dramatique. Moody eut un léger rire et croisa ses bras sous sa poitrine. Lorsque la vampire ouvrit la bouche, la lunienne lui coupa aussitôt la parole :

« D'ailleurs, puisque vous trois semblez entretenir une certaine préoccupation pour la propreté, voici votre mission du jour : Karenn, comme tu es la meneuse de cette joyeuse assemblée, je te laisserai annoncer à tes amies avec des termes qu'elles comprendront qu'il faudrait penser à nettoyer le sol de la cave, à l'aide de petites brosses. Je crois que certains de nos collègues ont des petits problèmes pour viser les pots. Ordre du Bras-Droit de la Garde de l'Ombre. »

Le silence fut méprisant et la lunienne pencha innocemment son visage sur le côté, contemplant le dépit sur le visage des adolescentes. Lorsqu'elle tourna les talons, son regard croisa celui de Nevra et elle haussa les épaules d'un air désinvolte, un sourire narquois au coin des lèvres.

« Vous exécuterez les ordres de votre Seconde dès que nous en aurons fini en bas. Quant à toi, Karenn, nous nous entretiendrons dès que possible pour discuter de ton comportement. Tu sais que je hais les ragots quand ils ne sont pas fondés. Je t'ai connu meilleure dans ce domaine. » dit le vampire d'une voix froide en fixant le petit groupe tout en ouvrant la porte de la cave à sa subalterne.

Karenn baissa les yeux et pinça les lèvres. Elle camoufla sa gêne en se détournant du groupe pour se diriger vers l'extérieur du Q.G. Nevra soupira et suivit Moody dans la cage d'escalier qui menait vers la cave. A l'abri des regards, il passa une main sur la nuque de sa maîtresse pour la masser avec douceur et elle lui sourit faiblement. Bien que ce genre d'histoire la lassait, Moody ne se laissait pas atteindre aussi facilement. De toutes manières, ça ne les approchait pas plus de son poste. Elle finit même par sourire avec sarcasme à ses harceleurs, le visage lové dans une paume. Et ils se sentaient un peu plus mal lorsqu'on venait prendre sa défense sans qu'elle le demande.

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