Pour toujours ta lumière (Mar...

By SayuriElendil

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Et si le destin d'une seule personne pouvait changer celui de tous les autres ? - Hikaru... c'est vraiment to... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Petit contretemps ?
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12

Chapitre 4

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By SayuriElendil

Quand je me réveillais ce matin-là, je n'étais plus assis sur mon bloc de béton, mais dans un lit de camps dans une pièce que je reconnu comme une des trois salles de consultations que nous avions dans la clinique. J'étais un peu désorienté, je me souvenais que la veille Rose était née et nous avait déjà fait de belles frayeurs, mais qu'elle avait finis par se nourrir toute seule, à mon plus grand soulagement.

Je m'assis sur le bord du lit, histoire de me réveiller un peu. Je devais encore aller m'occuper de Rose. ROSE ! Je ne me souvenais pas de l'avoir recoucher hier soir ! Ce fus paniqué que je me levais et partis en trombe en direction de la nurserie où devait se trouver la petite. J'étais totalement paniqué et désorienté, je ne savais même pas comment j'avais pu atterrir dans ce lit ! Je fus soulagé en constatant qu'elle n'était pas restée seule, je soufflais de soulagement. La lampe chauffante était allumée, ils avaient donc trouvé une solution avec les générateurs, et Edy était visiblement resté avec elle. Il était assis sur une des chaises de fortunes aux côtés de la petite. Il somnolait et essayait de lutter contre le sommeil.

- Rien à signaler ? Demandais-je en venant m'asseoir à côté de lui, le faisait sursauter en même temps.

- Hein ? Euh. Non, je l'ai nourri plusieurs fois et changé aussi. Je n'ai rien noté d'alarmant. Elle agit comme tous les bébés de son âge, même si elle est bien plus calme que tu ne l'étais.

- Ne compare pas deux choses non comparables. Je ne suis pas née...

- Tu étais pire qu'un prématuré. Tu étais un grand prématuré. Elle est née avec un mois d'avance, toi, deux.

- Hein ? Mais...

- Tu n'étais pas au courant ? La vieille peau m'a dit un jour que ta mère avait déclenché elle-même le travail pour te protéger. Quand tu es arrivé ici, tu étais encore plus petit qu'elle. Tellement petit que personne n'osait te toucher de peur de te faire mal. Maggie et Denfred se sont relayé jours et nuit auprès de toi. Ils avaient peur que tu arrêtes de respirer au beau milieu de la nuit. Tu leur faisais faire des cheveux blancs avant l'heure, m'expliquait-il. Ça me fait étrange de voir que le petit garçon, dont je m'occupais est devenu aussi grand et débrouillard.

- T'avais qu'à prendre de nos nouvelles, le taclais-je verbalement tout en me moquant de lui. Sinon, merci de veiller sur elle. Je vais reprendre le relais. Tu as besoin aussi de te reposer. Je vais en profiter pour lui faire un checkup complet.

- Tu es bien le successeur des docs de l'enfer, se moquait-il en venant ébouriffer mes cheveux, doué en médecine et en combat. Mais je n'irais pas me coucher maintenant. Père veut te rencontrer et cette fois-ci sans vous battre. Je peux encore tenir. Ce n'est pas pire que les tours de garde sur le Moby Dick lors des soirées trop arrosées, c'est même plus reposant !

J'hochais de la tête et commençait à ausculter Rose. Quand j'eus terminé, je ne pus que conclure qu'il fallait attendre qu'elle prenne plus de poids tout en se méfiant qu'elle respire bien. Il était donc plus prudent de lui laisser son petit masque.

Je devais, maintenant, aller à la rencontre de mon père, cela me faisait si bizarre de me dire que j'avais un père. Mais lui, ne devait pas me connaitre et je ne savais pas comment aborder le sujet, ni si je faisais bien de le dire. Il était plus prudent de garder cela pour moi, pour le moment du moins. Je ne me sentais pas prêt à avoir un père.

- Edy, je peux te demander quelque chose ? Osais-je finalement dire en me rasseyant à ses côtés.

- Oui, bien sûr.

Je me mordillais les lèvres quelques secondes en réfléchissant à comment formuler ma question. Je ne savais pas trop comment aborder le sujet.

- Si jamais quelqu'un venait te voir et te disais qu'il était ton fils, tu réagirais comment ?

- Hein ? Euh... Je ne sais pas trop. Je serais déjà surpris, c'est certain, et je ne saurais pas trop comment réagir. Je demanderais aussi le nom de sa mère, être certain que c'est bien mon enfant. Je pense aussi que je serais en colère, pas contre le gosse, mais contre la mère si elle me l'a caché intentionnellement, pourquoi ?

- Euh... Mes grands-parents... Ils m'ont parlé de lui et il est très probable que mon père ne soit pas au courant de mon existence et...

-Tu voudrais apprendre à connaitre ton père, sans cacher le fait que tu sois s on fils, n'est-ce pas ? Devinait Freddy en me regardant dans les yeux. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise manière de le dire, seulement des réactions bonnes et mauvaises à une nouvelle aussi importante.

- Ma mère a laissé une lettre à l'intention de mon père, pour tout lui expliquer, mais... Je me vois mal arriver la bouche en cœur et donner la lettre en disant : "au fait, vous ne le savez pas, mais je suis votre fils."

- C'est certain qu'on fait mieux, rigolait Freddy. Le gars pourrait presque en faire une syncope. Mais le fait étant, que tu ne peux pas non plus garder ça pour toi. Ce serait injuste pour ton père. Ne rien lui dire, c'est ne pas lui laisser de chance de faire partit de ta vie. Quoi qu'il arrive, il faut qu'il soit au courant.

- Hum... Tu penses, que je peux tout de même apprendre à le connaitre un peu avant de tout lui dire ? Dis-je peu sûr de moi.

- Tu en as parfaitement le droit. Toi aussi, tu as le droit de décidé si tu veux de lui ou non dans ta vie. Même s'il est ton père, il reste qu'un inconnu pour toi, pour le moment. En plus, en apprenant à vous connaitre mutuellement, cela pourrait jouer en ta faveur. Et non, tu ne dois pas jouer un rôle de gosse parfait. Un parent, ça doit aimer son gosse tel qu'il est et sans détour, anticipait-il ma prochaine question. Quand prévois-tu de quitter l'île pour aller voir ton père ?

- Pas de suite. Je dois encore, me faire à l'idée, mentis-je. Surtout que les vieux ont besoin de moi. Je ne vais pas les abandonner maintenant, ce serait trop rude. Sans oublier que si je pars, qui prendra la relève de mes grands-parents ?

- Effectivement, mais ça, je pourrais essayer de trouver une solution. Faire de la pub pour l'île de beauté, plaisantait-il, m'arrachant un sourire amusé par la même occasion.

Je fermais les yeux en respirant profondément. Je devais prendre mon courage à deux mains et aller voir mon père et surtout agir comme je l'aurais toujours fait. Cela allait être plus simple à dire qu'à faire... Quand je pensais que je l'avais attaqué pour notre première rencontre... On faisait clairement mieux comme première impression, vraiment mieux.

Je soupirais une nouvelle fois avant de me lever et de sortir de la clinique en faisant un geste évasif de la main à Edy. Je n'avais plus aucune motivation tout à coup, mais je devais tout de même aller voir l'homme qui nous aidait, même si les habitants n'avaient toujours pas voulu sortir de leur cachette.

Je me promenais alors dans les rues que je connaissais bien, qui étaient maintenant en ruines. C'était étrange de se dire qu'il y avait encore quelques jours nous étions dans les rues à jouer, travailler et autres et que maintenant la moitié de la ville avait été détruite et que nous devions maintenant reconstruire. C'était bien la première fois que je voyais la ville dans cet état. Penser à cela me démoralisa.

Sur le chemin pour me rendre au capitaine de l'équipage, plusieurs pirates se retournèrent lors de mon passage et les regards qu'ils me lançaient étaient plus ou moins... Disons que j'avais connu plus chaleureux et accueillant. Mais je les comprenais, j'avais osé m'attaquer à leur capitaine. Ils étaient tous tellement sur les nerfs que je me demandais combien de combats j'allais devoir mener avant d'atteindre le boss final. A mon grand soulagement, le nombre fut de zéro. Je n'avais aucune envie de me battre pour aujourd'hui, juste une envie de rester avec la petite Rose.

Edward Newgate se trouvait assis tranquillement sur une pile de décombres et semblait m'attendre. Il en imposait vraiment, me fis-je la remarque, admiratif. J'avais dû prendre de ma mère, car je ne me sentais pas de réussir à en imposer autant et j'étais aussi plus petit que lui et de beaucoup. Ma mère était une naine ? Car avec les gènes du paternel, je me demandais pourquoi j'étais aussi petit, je pouvais dire ça du haut de mes deux mètres douze. Marco se trouvait à ses côtés ainsi que l'épéiste et le mec diamant, les autres ne semblaient pas être présents. Le blond avait l'air de prendre la tête au brun au cheveux longs pour une raison assez sombre et je ne le saurais sûrement jamais en voyant que l'homme ait fini par l'envoyer valser au loin. C'était une solution quand on voulait être tranquille. Note à moi-même, envoyer valser les gens qui nous font chier est une solution à garder sous le coude, surtout si c'est ces saloperies de gosses de riches.

Une fois à la hauteur de l'homme, le brouhaha ambiant s'arrêta et tous furent très intéressé par la conversion qui allait se tenir.

- Alors gamin, tu veux bien te présenter maintenant ? Se moquait d'abord l'homme.

- Hikaru, répondis-je. Merci pour votre aide, pour Rose, sans vous, elle n'aurait pas passé la nuit.

- C'est ce qu'on a cru comprendre. Va-t-elle s'en sortir ?

- Il est encore trop tôt pour crier victoire. Elle est stable, mais a besoin d'être sous surveillance constante. C'est une prématurée, répondis-je sans vraiment m'étendre sur le sujet.

- Bien. Prends bien soin de cette petite.

- Je l'ai promis à sa mère.

- Bien. Sinon, je voulais te parler des habitants. Je suppose que tu sais où ils sont, n'est-ce pas ?

- Oui, en sécurité, quelque part, restais-je évasif.

- Gurarara, je t'aime bien petit. Penses-tu qu'ils voudront bien revenir, maintenant que le danger a été écarté ?

- J'en ai aucune idée. Ils se disputaient encore sur le sujet quand ils m'ont envoyé en éclaireur hier.

- Comment ça en éclaireur ? Tu nous espionnais ?

Ceux que je pensais être les têtes de files me regardaient très surpris. Mentalement, je faisais une danse de la victoire, j'avais réussi à ne pas me faire attraper à les surveiller ! J'avais battu leur haki perceptif ! J'étais trop fort, encore une victoire pour moi.

- Ouais, j'ai dû le faire moins d'une heure après que je me sois échappé de votre bateau, répondis-je très fier de moi. Personne ne connait cette île mieux que moi !

- Tu te trouvais dans cette tour à moitié en ruine sur les hauteurs, n'est-ce pas ? Se moquait l'homme blond, me faisant perdre le sourire.

- Vous m'aviez cramé ? Pourquoi n'avoir rien fait, alors ? L'interrogeais-je dans l'incompréhension.

- Tu n'étais pas une menace. Je sentais que tu n'avais aucune animosité contre nous. Qui plus est, si on t'avait capturé, les habitants se seraient encore plus terrés.

- C'est là que tu te trompes, sale gosse !

Intervint une voix que je reconnaissais très bien et je ne pus que sourire en partant en courant dans la direction des deux nouveaux arrivants.

Mes grands-parents étaient là, sur le dos d'Oeko. Je les aidais à descendre du dos de mon ami et le félicitais d'avoir pris soin des miens en venant lui gratter derrière l'oreille gauche, pendant que les doyens de l'île partaient à la rencontre de Barbe Blanche.

- Si tu avais osé capturer notre petit fils, nous serions venus te botter le derrière, tellement fort que tu n'aurais plus réussi à poser ton gros derrière sur ce qui te sert de trône sur ton bateau !

Ma grand-mère et sa répartie et aussi son amabilité légendaire ! Je ne pouvais que pouffer de rire en arrière-plan en me cachant entre les feuilles du pelage d'Oeko. Cela me faisait du bien d'entendre ma mamie râler comme ça, ça prouvait qu'elle allait bien et ça c'était le plus important pour moi.

- Si je m'attendais à vous voir ici, vous deux ! Que font donc deux vice-amiraux de la Marine ici, sur cette île perdue au milieu du Nouveau Monde ! S'étonnait Barbe blanche.

Dès que les pirates de son équipage entendirent vice-amiraux, ils se tendirent tous et posèrent leurs mains sur leurs armes où se mettaient en garde, prêt à se défendre et attaquer à tous moments. Je ne pus que rouler des yeux en signe de désespoir. Ces pirates...

- Anciens, rectifiait mon grand-père. Calmez-vous la bleusaille, je ne lancerais pas mon petit-fils sur vous tant que vous ne ferez rien contre nous ou les habitants de cette île.

- Lancer votre petit-fils ? S'étonnait le gars aux cheveux longs. Mais qui de normalement constitué enverrait son petit-fils à l'attaque de Barbe Blanche ?!

- Mes grands-parents, répondis-je à la place des deux concernés. Et en vérité, ce n'est pas eux qui m'ont demandé d'attaquer votre capitaine, c'est plus moi, par curiosité. Même si, mon ordre était de tuer les autres pirates, être sûr qu'ils ne reviendront pas nous attaquer quand vous ne serez plus là.

- Attends... HiKaRu ! Articulait ma grand-mère en se tournant lentement vers moi avec un air menaçant. Qu'est-ce que tu as encore fait ?! Je n'ai pas dû bien entendre ! Espèce de sale petit couillon !

- Tu veux que j'aille te chercher un sonotone dans la clinique ? Demandais-je innocemment et inconsciemment, par automatisme.

Je venais de signer mon arrêt de mort au vu de la tête que tirait maintenant la vieille peau. Elle était comment entourée par des flammes de colère. J'avalais difficilement ma salive et...

- Viens ici que je te massacre.

... prenais mes jambes à mon cou, sous le rire de toutes les personnes présentes.

- Désolé mamie, je vous laisse parler avec eux ! Je dois m'occuper de Rose !

Je filais plus vite que la lumière sur le dos d'Oeko et rentrais très vite trouver refuge dans la nurserie que je barricadais. Décidément, en ce moment je n'arrêtais pas de faire des actions qui allaient causer un jour où l'autre mon arrêt de mort ! Franchement, ce n'était pas possible, les autres pirates avaient dû mettre un truc chelou dans l'eau pour que finisse par faire autant de fautes les unes à la suite des autres. Je secouais la tête et reportais mon attention sur la petite.

Freddy avait fini par s'endormir sur son siège. Le pauvre avait vraiment dû se fatiguer à veiller sur elle. Je vérifiais que tout aille bien pour Rose et remis correctement la peluche contre elle. Elle dormait à poings fermées. Je pouvais m'absenter quelques instants, le temps d'aller mettre le pirate dans le lit de camp que j'avais quitté. Je dégageais les objets que j'avais mis devant la porte et portais le brun sur mon dos et allais le coucher. Une fois cela fait, je retournais aux côtés de Rose.

Je fus dans un timing parfait, car Rose se réveilla en pleurs et vu l'odeur, c'était pour changer sa couche ! Elle n'avait pas encore mangé des masses, mais ce n'était pas possible, comment faisait-elle pour que ça sente aussi fort ? Je maudissais son âge où l'on ne mange que du lait ! Vivement qu'elle passe aux purées, cela allait sentir déjà un tout petit peu moins fort, parce que là c'était une infection ! Et comme c'était un bon bébé, elle eut faim juste après ! C'était donc partit pour le biberon. J'avais l'impression que je me transformais en nourrice...

- Rose, des fois j'ai l'impression d'être ton esclave et non un médecin, soupirais-je en la regardant.

La petite se mit aussitôt à rire. C'était qu'elle se foutait de ma tronche en plus ! Heureusement qu'elle était encore trop petite, sinon elle aurait eu son baptême de l'air... En parlant de baptême de l'air, ils en étaient où exactement les vieux ? Bah, je le saurais bien assez tôt, pensais-je. Je remis la petite dans son lit et me mis en tête de commencer à déblayer un peu la salle pour qu'elle retrouve un peu d'ordre et que l'on puisse aussi retrouver le matériel médical. J'allais en profiter pour faire un peu l'inventaire de ce que je retrouvais.

Quand on m'interrompit, au bout d'une bonne heure et demie, ma liste indiquait que plus de la moitié des médicaments avaient été perdu. Il allait falloir que je parte faire de la cueillette et que je transforme les plantes en huile ou en poudre ou encore que je les fasse sécher. Ce qui était assez problématique, car c'était connue qu'après une catastrophe du genre, le plus problématique étaient les maladies. Nous n'allons jamais avoir assez de stock si une épidémie se pointait. Il fallait que je me mette à la récolte le plus tôt possible. Le repos, ce n'allait pas être pour tout de suite.

Ce fut papi qui me sortit de mon travail. Il me souriait comme il le faisait toujours et allait voir le bébé qui dormait de nouveau profondément.

- Tu l'as bien soigné, je te félicite. D'ici quelques jours, on pourra penser à la sortir, qu'elle prenne un peu l'air. Sa sécurité est importante, mais si elle ne sort pas, elle ne pourra jamais faire son système immunitaire, me rappelait-il.

- Je pensais à la même chose. Par contre, il va falloir voir avec mamie comment on s'organise. Je viens de faire un inventaire rapide de ce qu'il nous reste dans la pharmacie et...

- Et si on ne refait pas le stock, on s'expose à un risque de perdre beaucoup de patients s'il y a un imprévu, me coupait mamie en entrant dans la pièce tout en refermant derrière elle. Il faudra que tu y ailles, nous sommes bien trop vieux pour être efficace. Mais il faudra être discret, que cette information ne s'ébruite pas, sinon ce sera la panique générale.

- Je peux compter sur vous avec Rose ? Dès qu'elle pourra sortir, je l'emmènerais avec moi, mais en attendant.

- Hikaru, la faire sortir de nuit, n'est pas une bonne idée. On trouvera une solution pour s'organiser, mais si tu la sors ce sera en journée. Certaines plantes doivent être cueillies en journée, ce sera parfait à ce moment-là.

- Je ferais en sorte de ne jamais être trop loin pour revenir la nuit m'occuper d'elle. Je me sentirais mal de compter sur vous pour elle et aussi sur les patients. Je vous laisserais les horaires de jour pour les consultations et prendrais celles de nuits et les cueillettes.

- Je trouve ça bien, approuvait mon papi et le hochement de tête approbateur de ma mamie. On peaufinera le tout sur le tard, mais ça me semble un bon plan.

- Faisons ainsi. Je suppose que tu veux t'y mettre dès ce soir ?

- Oui, plutôt on s'y mettra mieux ce sera. Je mettrais le tout à sécher dans la tour abandonnée, il y fait chaud et comme le toit est écroulé, le dernier étage est toujours ensoleillé. Je pensais aussi y stock ce que j'allais récolter et aussi les transformer là-bas. Je ramènerais ce qui sera prêt au fur et à mesure en prétendant que j'avais planquer les médicaments un peu partout sur l'île et qu'il me faut du temps pour tout ramener.

- C'est une bonne idée, mais fait en sorte qu'on ne te pose pas la question de ce que tu fais avec des médicaments sur toi, si on peut laisser tout cela sous silence, alors faisons-le. Sinon, nous enterrons madame Umigaki demain dans la soirée. Si tu ne veux pas y assister, nous comprendrons tous.

- Je...

Je baissais les yeux. Ma grand-mère me connaissait bien, très bien. Elle savait que je détestais les enterrements et que j'évitais le cimetière comme la peste. Je détestais les adieux et devoir dire au revoir à quelqu'un pour toujours m'était insupportable. Je m'attachais très vite aux gens et cela me fendait le cœur de devoir me séparer de quelqu'un que j'aimais bien. Je me souvenais que lorsque j'étais jeune, dès que mon grand-père devait s'absenter pour aller sur une des îles voisines pour une raison quel conque, je pleurais toujours toutes les larmes de mon corps pour qu'il n'y aille pas et je déprimais jusqu'à son retour.

Grand-mère et grand-père vinrent poser une main compatissante dans mon dos. Ils voyaient bien que je me sentais tirailler entre le devoir de m'y rendre et mon envie de les fuir et de fuir la douleur mentale qu'allait me causer cet au revoir définitif. C'était assez étrange pour un médecin de ne pas supporter ce genre de situation. C'était le quotidien d'un médecin de dire au revoir, on ne pouvait pas toujours tout soigner, c'était ainsi. La mort était omniprésente. C'était aussi un comble pour quelqu'un comme moi, qui pouvait ôter la vie d'une personne sans sourciller, mais qui ne pouvait pas affronter une cérémonie d'enterrement pour une personne qu'il appréciait.

- Personne ne dira rien à ton absence et puis, si ça gêne vraiment quelqu'un, je lui en collerais une bonne, à l'en faire décoller de plusieurs mètres du sol ! Me rassurait papi en venant me frotter les cheveux. Avec tout ce que tu as fait pour nous tous ces derniers jours, tu as bien le droit d'être capricieux.

- En parlant de caprices. Pourquoi as-tu attaqué Newgate ? Tu sais que c'était irresponsable de ta part ? S'inquiétait mamie.

- Je sais... Mais... Je voulais voir quel genre d'homme c'était et... je ne sais pas trop... En vrai, je ne sais pas comment réagir en ce moment... Il est là et...

- Il a des hommes blessés et a besoin d'un médecin. C'est l'occasion et la bonne excuse pour aller le voir et apprendre à le connaitre. Nous veillerons sur elle, toi pars soigner ses matelots et parle aussi avec lui. Et si tu veux vraiment lui dire, donne-lui ça.

Grand-mère me tendit une lettre cachetée, une lettre qui avait l'air assez ancienne. Je compris que c'était la lettre écrite par ma mère pour mon père. Ce fut les mains tremblantes que je me saisis de celle-ci et sans m'en rendre compte, je me mis à la fixer. Cette lettre de papiers était légère en poids et pourtant je la trouvais incroyablement lourde une fois dans les mains. Tout me semblait si compliqué. Tout commençait à me peser...

Je finis par la ranger soigneusement dans mon sac en bandoulière et pris une des mallettes avec tout le contenu médical d'urgence et de base, et partais sans un mot. Mes grands-parents savaient que j'avais besoin de réfléchir et de digéré, mais que j'avais également besoin d'abreuver ma soif de curiosité sur cet homme. Ils savaient qu'un tourbillon d'incertitudes avait pris place au plus profond de moi et que j'avais besoin de me retrouver seul un moment. Ils savaient que je n'allais pas rentrer après mes consultations et que j'allais partir directement dans la forêt. J'avais besoin de travailler, de faire quelque chose pour m'occuper l'esprit. Et surtout, ils savaient que je détestais pleurer devant qui que ce soit. Ils me reprochaient souvent de me refermer comme une huitre quand j'avais des problèmes, mais c'était bien plus fort que moi.

En sortant de la clinique, je vis que l'épéiste n'était pas loin, alors je vins à sa hauteur.

- Excusez-moi, mais on m'a dit que vous aviez besoin d'un médecin pour vos blessés, vous pouvez me conduire à eux, euh... ?

- Vista et tu peux me tutoyer et en faire de même avec tous les autres. C'est gentil de ta part de venir nous soigner. Faut dire qu'on n'a pas vraiment de médecins à bord. On a quelques bases, mais quand c'est plus grave, c'est un peu panique à bord.

- Sérieusement, parmi toutes les personnes à bord vous n'avez pas un seul médecin ? M'étonnais-je.

- On en a un, mais il est un peu surchargé et niveau opération, il est en sous-effectif de personnel, m'expliquait-il. On fait en sorte de toujours aller à quai quand l'un de nous est trop mal ou autre problème.

- Va falloir y remédier, vous le savez ? Tu sais quoi ? Je veux que toutes les personnes ayant des connaissances de bases de médecine me rejoignent. Je vais leur apprendre des choses en soignant les blessés. Vous ne pouvez pas continuer comme ça, c'est trop grave.

Mes yeux dorés remplis de détermination ont dû finir de le convaincre, car il m'indiquait que les blessés étaient à bord du Moby Dick et que lui se chargeait de regrouper les personnes qui pouvaient suivre mes formations accélérées. Il partit plus vite que le vent, me laissant seul pour aller dans l'antre des pirates !

Secrètement et intérieurement, je trépignais d'impatience de découvrir l'intérieur de ce monstre voguant sur les mers ! J'étais si excité de le visiter ! J'avais super hâte.

Je montais sur le pont grâce à la planche de débarquement. Le pont était encore plus grand que dans mes souvenirs ! J'avais vraiment l'impression d'être minuscule en comparaison. Et les mats... Eux aussi étaient géants ! Tout comme les voiles ! J'étais vraiment impressionné.

Un rire tonitruant me sortit de ma contemplation du navire. Ce rire, c'était bien sûr celui du propriétaire. Il me fit signe de l'approcher. Il était assis sur un très gros fauteuil, devant la partie menant à l'intérieur du bateau. Il buvait au goulot d'une bouteille d'alcool. Ces pirates...

Je vins tout de même le rejoindre, tout en continuant d'observer tout autour de moi avec un sourire émerveillé et curieux. Ce n'était pas tous les jours que j'allais pouvoir voir un aussi gros vaisseau, je voulais en profiter un maximum et graver chaque détail dans ma mémoire.

- Je vois que mon bateau te plaît énormément, me souriait-il.

- C'est la première fois que j'en vois un aussi grand et pouvant contenir autant de monde, dis-je le nez en l'air en regardant le mat principal. J'ai l'impression d'être minuscule à côté. La vue doit être superbe depuis tout là-haut.

- Si tu es sage, je pourrais voir pour t'y faire monter, mais en secret. Tes grands-parents me tueraient si quelque chose t'arrivait ! N'empêche que je ne m'attendais pas à ce qu'ils aient des enfants et encore moins des petits-enfants ! Quand je pense qu'ils passaient le plus clair de leur temps sur les traces des pirates les plus recherchés du monde !

- Ils n'ont pas d'enfants. Ils m'ont recueilli alors que je n'étais qu'un bébé. Ma mère avait peur pour ma sécurité, elle leur a demandé de prendre soin de moi à sa place, lui expliquais-je tout en continuant mon observation.

- Oh. Désolé, gamin.

- Pourquoi ? Je vis bien avec mamie et papi ! Je ne suis pas à plaindre. J'ai une belle vie sur cette île et j'ai aussi un toit et de quoi manger ! Je me considère comme chanceux de pouvoir agir librement et de bien vivre, lui souriais-je de toutes mes dents dévoilant une fossette sur ma joue gauche.

- Tu...

- Hikaru ! C'est bon, je les ais regroupé ! Nous interrompait Vista en courant dans notre direction avec une dizaine de personnes dont Marco.

J'allais demander à Barbe Blanche ce qu'il allait me dire, mais il était maintenant en pleine conversation avec Vista, qui chargea à Marco de m'amener aux blessés. Je suivis, donc, le blond, un peu déçu d'avoir été interrompu dans ma conversation avec mon paternel. J'avais espéré pouvoir apprendre à le connaitre un peu plus... Je repris tout de même mon sourire en découvrant l'intérieur et comme je me disais tout était à la taille de mon père ! Tout était si grand ! J'étais un vrai gamin. Je n'arrivais pas à m'empêcher de tout regarder et de m'interroger sur toutes les îles qu'ils avaient dû visiter avec ce navire.

Quand nous fûmes dans l'infirmerie du Moby Dick, je pus constater que j'avais pas mal de travail devant moi et beaucoup de patients à voir, et j'étais même persuadé que je ne voyais pas tout le monde. Je soufflais alors un coup, me craquais les doigts et la nuque, et m'avançais jusqu'à mon premier patient.

Je me présentais à lui et m'excusais par avance, car je devais retirer tous ses bandages pour voir quelles étaient ses blessures et l'étendue des dégâts. Ce que j'y découvris me fis soupirer de désespoir. Ses deux bras étaient brûlés et étaient rouge avec des cloques.

- Qui a traité cette personne ? Demandais-je en les regardant un à un, jusqu'à ce qu'une main timide finisse par se lever. Tu as aggravé les choses. Sur une brûlure, on ne met pas d'eau de mer, mais de l'eau douce de préférence. Notez aussi que sur des brûlures de degré supérieur, ce n'est même pas d'eau du tout.

Je regardais le membre brûlé sous toutes les coutures avec délicatesse, avant de reprendre la parole.

- Bon, déjà, il y a eu un bon travail de nettoyage. Mais, faut qu'on enlève toutes les cloques qui ont percées et ça, ce ne sera pas une partie de plaisir. Il va avoir mal.

J'ouvris ma mallette et pris le matériel adéquat pour ce genre de travail. Le pauvre homme cria de douleur assez rapidement et encore plus quand je dus aussi intervenir sur les zones qui commençaient à s'infecter. Il fallait que je nettoie au maximum et je fis tout cela en montrant à mes élèves du jour, mais sans non plus m'attarder, je n'étais pas un monstre qui faisait souffrir ses patients.

- Bien, maintenant que tout est propre, on peut passer à l'étape suivante, soit : application d'une crème désinfectante et de pommade cicatrisante. Pour ce faire, ne pas y mettre ses mains, ce serait bête de tout nettoyer et d'y refoutre des microbes. Soit, vous prenez des instruments pour, soit des gants chirurgicaux, mais dans tous les cas, il faut y aller doucement, pensez à la douleur de votre patient.

J'appliquais les deux substances précautionneusement et quand j'eus terminé, je recouvrais le tout avec des gazes non tissées pour qu'elles ne s'accrochent pas dans les blessures lors de la cicatrisation. Je leur indiquais, bien entendu, tout cela. Je félicitais mon patient de son courage et le laissais se reposer. Je rangeais mes affaires et mis les outils utilisés de côtés en attendant de pouvoir les stériliser et les utiliser de nouveau.

Le patient d'après avait une jambe cassée et celui d'après une profonde entaille faite par un sabre sûrement. Passais toute ma journée à leur apprendre tout ce que je savais en leur montrant le tout sur des cas concrets. Je leur expliquais aussi l'importance d'avoir des outils propres et stérilisés. Je les faisais également participer aux diagnostiques et aux soins, je n'allais toujours tout leur dire et il fallait aussi qu'ils apprennent.

Quand le soleil descendit, j'avais fini de faire le tour des patients et mes élèves étaient épuisés de leur journée. Je les saluais de la main et descendais du bateau. Je rentrais à la clinique pour poser mes affaires, me changer, saluer la petite Rose et manger quelque chose de rapide avant de repartir pour la forêt.

Une fois dans celle-ci et accompagné seulement, je commençais mon tour de l'île pour cueillir les plantes dans des ordres bien précis, selon les heurs. Je savais que je n'allais pas réussir à tout récolter aujourd'hui et qu'il allait me falloir plusieurs jours de suite pour tout avoir. Après tout pour une même heure, des plantes se trouvaient à l'exact opposé géographiquement parlant, sans oublier les plantes sous-marines où je devais carrément plonger pour aller les chercher.

Ce ne fut qu'une fois la matinée bien entamée que je pus rentrer à la tour abandonnée et je n'avais toujours pas terminé de faire ce que je devais faire. Ce fut complètement claqué que j'étalais certaines plantes sur de grandes plaques de pailles et que je mis au soleil au dernier étage. Ensuite, j'allumais plusieurs feux et en fis bouillir d'autres. Enfin, j'écrasais les dernières à l'aide d'un mortier et d'un pilon.

Je ne rentrais à la clinique que dans les environs de treize heures et partais m'endormir directement sur le sol de la nurserie avec Oeko comme coussin. J'étais bien trop fatigué pour faire quoi que ce soit d'autre, et dire que j'allais devoir continuer ainsi pendant plusieurs jours... Heureusement qu'il ne me restait plus que des visites de contrôle, et même celles-ci pouvaient être faites par les gens que j'avais formé la veille. Mon unique travail, c'était d'aller les voir les cas les plus suspect ou qui s'aggravaient.

J'eus la surprise de voir que c'était Thurn qui vint me réveiller. Il avait une sale mine, mais il était devant moi. Il m'expliqua que tous les villageois étaient rentrés et que Isabelle Umigaki l'était également et allait bientôt rejoindre sa dernière demeure et que si je le voulais, j'étais le bienvenu, qu'il avait vu avec Freddy et que celui-ci allait s'occuper de Rose. Je me levais alors, sans grand entrain, le regard éteint et le suivis. Mais à l'entrée du cimetière, mes jambes refusèrent de faire un pas de plus. Mon cœur pleurait déjà et hurlait de douleur. De là où j'étais, je voyais déjà le cercueil prêt à être mis en terre.

Je baissais la tête et serrais mes poings. Je n'avais pas la force d'y aller. Je n'y arrivais pas... Je fis la seule chose que j'étais capable de faire, prendre la fuite. Je fis demi-tour d'un coup et courait aussi vite que je le pouvais dans les rues du village la tête baissée en me retenant du mieux que je le pouvais de pleurer.

Quand je fus assez éloigné du village, sur les hauteurs de l'autre côté, sur l'une des falaises donnant sur la mer. Je m'assis en boule et pleurais toutes les larmes que je pus. Je pleurais, enfin. Je pleurais tout ce que j'avais dans le cœur : la peur de perdre des gens, les gens que j'avais perdu, mon incompréhension, ma peur de perdre un père que je n'avais pas encore, la peur du rejet, l'inquiétude tout simplement. Je pleurais pour tout. 

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