Pour toi mon cœur [EN CORRECT...

Da enfant_des_nuages

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Qui aurait cru qu'un jour, tout allait basculer. J'ai toujours pensé être en bonne santé. Mais le mensonge fi... Altro

Prologue [Corrigé]
𝓟𝓻𝓮𝓶𝓲𝓮̀𝓻𝓮 𝓹𝓪𝓻𝓽𝓲𝓮
Chapitre 1 [Corrigé]
Chapitre 2 [Corrigé]
Chapitre 3 [Corrigé]
Chapitre 4 [Corrigé]
Chapitre 5 [Corrigé]
Chapitre 6 [Corrigé]
Chapitre 7 [Corrigé]
Chapitre 8 [Corrigé]
Chapitre 9 [Corrigé]
Chapitre 10 [Corrigé]
Chapitre 11 [Corrigé]
Chapitre 12 [Corrigé]
Chapitre 13 [Corrigé]
Chapitre 15 [Corrigé]
Chapitre 16 [Corrigé]
Chapitre 17 [Corrigé]
Chapitre 18 [Corrigé]
Chapitre 19 [Corrigé]
Chapitre 20 [Corrigé]

Chapitre 14 [Corrigé]

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Da enfant_des_nuages

Anna avait raison.

Je suis en train de me tuer.

Encore une fois, ma nuit a été courte. Morphée n'a pas souhaité vouloir de moi. Installée à mon bureau, j'ai longtemps fait pianoter mes doigts sur le clavier de mon ordinateur.

Mais la fatigue a fini par pointer le bout de son nez au petit jour. Je me suis endormi la tête dans les bras. Mon ordinateur s'est rapidement mis en veille. C'est le réveil de mon téléphone qui m'a tiré de cette petite sieste.

En arrivant en stage, à huit heures, le docteur Jacob s'est inquiété de mon état. Je lui ai simplement répondu que la nuit a été courte.

Je n'ai rien mangé, je suis partie le ventre vide. Je n'ai pas eu faim...

Mais aujourd'hui reste un jour particulier. L'heure est venue pour moi de choisir la personne que je dois prendre en charge. Et la réponse est simple : Hugo Leclair.

J'y ai beaucoup, beaucoup réfléchi. J'ai passé des heures et des heures mon ordinateur pour des recherches sur le sujet du don d'organes. Et toutes les réponses que j'ai pu trouver m'ont donné envie d'en savoir plus.

J'ai essayé plusieurs fois d'en parler avec mes parents, mais tous les deux se sont décomposés. J'ai même eu droit à une nouvelle engueulade avec mon père pendant le dîner hier.

Pourquoi ce sujet est-il aussi tabou ? C'est pourtant si... Important !

Les reproches de mon père ne m'ont pas arrêté, bien au contraire.

J'ai décidé de me battre dès l'instant qu'il a exprimé son mécontentement.

*

Après avoir fait des soins avec mon tuteur, je sors d'une chambre et jette les gants usagés dans une poubelle proche. J'appuie sur le distributeur de gel et me frotte frénétiquement les mains.

Rapidement, un bâillement me vient. J'emmène mon coude à ma bouche et ferme les yeux. Ma bouche s'ouvre et bâille très fort. Le docteur Jacob sort à son tour de la chambre et met ses gants à la poubelle. Il tourne sa tête vers moi avant de me demander :

- Ilona, vous êtes sûr que ça va ?

Je me retourne d'un seul coup et le regarde dans les yeux.

- Oui, oui... Tout va bien... je réponds avec une petite voix.

- Je pense qu'une bonne nuit de sommeil vous fera du bien. Vous me donnez envie de bâiller ! rigole-t-il.

Mes joues deviennent rouges et je me frotte un peu les yeux. Je me mets une petite claque sur ma joue pour me réveiller.

J'ai l'air parfaitement ridicule.

Mon tuteur s'approche de moi et pose une main sur mon épaule. Je relève la tête et les yeux vers lui pour l'écouter

- Nous devons aller voir monsieur Leclair avant notre pause-café. Qu'en dites-vous, Ilona ?

- Oh euh... Comme vous voulez...

Il me fait deux petites tapes sur mon épaule gauche et marche vers la future chambre. Je pousse un léger soupir avant de tourner les talons et de le suivre.

Je traverse le couloir en jouant nerveusement avec mes doigts. Le docteur Jacob est à quelques mètres devant moi et ne semble pas remarquer mon retard.

J'entends certains patients douloureux râler face aux actions des soignantes. Les entendre ainsi me provoque un violent frisson dans tout le corps.

J'ai peur.

Quelques mètres plus loin, Séverine, notre hôtelière, fait son petit travail avec son éternel sourire. Chaque fois que je la croise, je l'entends fredonner.

Aujourd'hui, elle cantonne un petit air de Francis Cabrel « La cabane du pêcheur ». Son pied gauche et ses mains tapotent aux rythmes de la musique.

Automatiquement, mon sourire se dessine. Lorsqu'elle me remarque enfin, je la vois lever sa main pour me saluer et me dire :

- Oh bonjour ma beauté !! Comment ça va ? Alors ? Contente d'être bientôt en week-end ? me demande-t-elle en toute bienveillance.

- Bonjour Séverine... ça va merci et vous ? dis-je en souriant doucement. Oui c'est bientôt la fin de semaine...

Je la vois perdre doucement son sourire et m'adresse un petit regard inquiet.

- Tu es sûre que ça va, ma biche ? Tu as une sale mine on dirait !

- Ne vous en faites pas, Séverine... Je n'ai simplement pas beaucoup dormi cette nuit. Mais pas d'inquiétude, je vais me reposer pendant ces deux jours de week-end.

Elle sourit légèrement avant de pivoter sa tête pour regarder quelque chose. Je fais de même et comprend que mon maître de stage m'attend. Je regarde rapidement Séverine.

- Bon... Je vais devoir vous laisser.

- D'accord ma chérie, travaille bien et bon courage pour la suite.

Je souris et hoche positivement la tête. Je rejoins mon maître de stage. Mais lorsque j'arrive à sa hauteur, je sens que ma tête tourne un peu. Je me fais un peu dévisager par le docteur.

- Ça va aller, Ilona ?

J'acquiesce avec un léger sourire. Il continue de me regarder quelques petites secondes avant de reprendre son chemin.

*

Nous continuons de marcher dans le large couloir du service et arrivons rapidement à notre destination. Docteur Jacob se retourne vers moi et pose sa main gauche sur la poignée :

- J'ai vraiment cette impression que quelque chose ne va pas, Ilona. Vous êtes d'une pâleur affolante.

- Je vous assure que je vais bien, monsieur... C'est simplement que... c'est souvent dans cet état que je suis lorsque je suis fatiguée. Ne vous en faites pas, un bon petit café va me redonner la pêche.

- Vous n'avez donc rien mangé du tout avant de venir ici ? Vous jouez tout de même à un jeu très dangereux, Ilona.

- Je sais...

Il pose son autre main sur mon épaule avant de me regarder droit dans les yeux.

- Je pense que nous devrions en parler pendant la pause.

J'acquiesce faiblement et il abaisse la poignée de la porte. Il me lâche et rentre à l'intérieur en saluant mon meilleur ami et son voisin.

Hugo.

- Bonjour les garçons ! dit-il d'une voix enjouée. Alors, comment est-ce que ça va aujourd'hui ?

- Un peu fatigués mais en forme ! répond Yann en quittant son téléphone de son regard.

- Tant mieux alors ! Je ne vous dérange pas longtemps, je voulais simplement faire un petit point avec toi, Hugo. Nous avons reçu les résultats de l'examen que tu as passé hier.

Le concerné répond seulement d'un petit hochement de tête. Son regard se dirige vers moi. Il perd progressivement son sourire lorsque ses yeux tournent dans ma direction. Il fronce légèrement les sourcils avant de recentrer son attention vers le docteur Jacob.

Ce dernier parle et explique les résultats d'analyses qui ont été envoyés par le laboratoire. Mais petit à petit, je décroche. Une douleur dans l'estomac se déclenche. Une sorte de crampe précoce. Se rajoute à cela une énorme bouffée de chaleur. Je pose une main sur mon ventre mais la douleur s'accentue.

Qu'est-ce qu'il m'arrive ?

Je sens le regard inquiet et surpris de Yann qui semble avoir remarqué mon problème. Mais j'essaie de rester le plus normal possible. Plus les secondes passent, plus j'ai l'impression d'être une boule à facette dans une discothèque. Ma tête me tourne de plus en plus.

Ilona, il faut que tu restes debout ! Tout va bien se passer ! Tu dois encore attendre un peu !

Non, je ne peux pas attendre !! Ce n'est pas normal ce qui m'arrive.

Je m'agrippe soudainement à l'avant du lit sur lequel se trouve Hugo. Son regard qu'il porte sur moi semble être un signal d'alerte. Le docteur Jacob tourne la tête vers moi et pose une main sur mon épaule :

- Ilona ? Qu'est-ce qu'il ne va pas ? demande-t-il avec un calme fascinant.

Je ne sais pas quoi répondre. Je suis frappée par une énorme angoisse. Je suis perdue, assommée par ce foutu vertige. Mes jambes tremblent mais je tente de résister.

Nouvelle bouffée de chaleur.

Des papillons noirs volent et voilent progressivement mon regard. Je me mets aussi à fortement transpirer, au point où mon front est trempé de sueur. J'ai cette foutue impression d'être enfermée dans un hammam à cinquante degrés. L'envie de mettre ma tête dans un frigo me vient directement à l'esprit.

Nouvelle crampe à l'estomac.

J'ai envie de vomir. La douleur ne fait que de grandir. Se rajoute à cela une faim qui grandit de secondes en secondes. J'ai la vulgaire impression que mon estomac, mes intestins et mon foie vont exploser.

Je dois m'asseoir.

Mais c'est trop tard...

Le sol se dérobe sous mes pieds et je m'écroule de tout mon poids. Deux mains s'agrippent les aisselles et me dépose en position assise contre un mur.

Mon regard est perdu, comme une absence. Je vois flou mais remarque que le docteur Jacob tente de me réveiller. La grande ombre d'Hugo se dresse près du lit et s'avance vers moi. Une main se pose sur ma joue et me tapote doucement.

Je lutte pour rester les yeux ouverts. Ne pas m'endormir est une épreuve. Je peux entendre qu'on m'appelle, qu'on essaie de me faire revenir à moi.

Mais je ne peux pas.

C'est fini pour moi.

Mes yeux se ferment et mon corps bascule sur le côté. Je sens qu'on me rattrape et qu'on m'allonge à plat dos sur le sol. Je peux tout de même à entendre les instructions que donne le docteur Jacob à Hugo et Yann :

- Restez bien vers elle. Je pars chercher un peu de sucre et d'eau. Je compte sur vous, les garçons pour veiller à ce qu'il ne lui arrive rien.

- Vous pouvez compter sur nous, docteur ! répond Yann qui semble s'être rapproché de moi.

- Merci les garçons !

Des pas s'éloignent et deux mains se posent sur mes joues. Deux mains douces et délicates comme du coton, tellement agréable...

Je reste consciente sans pouvoir ouvrir les yeux. Mes paupières restent bloquées entre elles, figées par une pression inconnue. Je peux entendre les voix qui m'appellent, qui tentent de me faire ouvrir les yeux.

Ma douleur à l'estomac me paralyse. Même avec les yeux fermés, je sens que ma tête tourne encore...

Jusqu'au trou noir...

*

Jamais je n'ai fait un malaise pareil. Pourtant, pleins de personnes m'ont déjà ramassé.

Mais chaque malaise a son explication. Les raisons sont répétitives :

L'angoisse, la fatigue et la faim.

Pourtant, je viens d'une famille aimante, respectueuse... Mais depuis des années, le stress accumulé par le lycée, le bac et les cours sont devenus les facteurs les plus fréquents de mon angoisse.

Cette année, je passe les épreuves fatidiques du baccalauréat. Cet événement m'inquiète, m'angoisse et me bouffe. Mon père ne me lâche plus la grappe avec ça depuis deux ans.

Avec le temps, j'ai arrêté de dormir. Toujours à passer ma vie sur les devoirs. J'oublie mon sommeil pour mes révisions. Ma mère m'a souvent retrouvé la tête dans les bras, dans un sommeil lourd, face à mon ordinateur mis en veille.

Face à cette pression, mon appétit aussi a pris un coup. Je mange beaucoup moins, je grignote peu et je saute parfois des repas. Mes coupures d'appétit provoquent des douleurs intestinales qui me couchent très souvent.

Avec le temps, toutes ces accumulations m'ont rendu malade. Je n'arrive plus à me contrôler. Peu importe la période de l'année, je suis une vraie machine de guerre. Je ne m'arrête jamais. On m'a pourtant prévenu qu'un jour, tout allait basculer.

Anna a été la première à remarquer mon changement d'habitude. Elle a été la première personne a essayé de me résonner. J'ai essayé mille fois de fournir des efforts pour me calmer dans cette vie qui me bouffe.

Mais quand la machine est lancée, elle a du mal à s'arrêter seule.

J'ai souvent remis en cause la douleur éprouvée durant mon passé. Cette histoire qui a mal tourné, le décès de mon parrain, la dépression soudaine et brutale.

J'ai essayé. Tout essayé. Quitte à m'en rendre folle. J'ai tenté mille et une fois de faire disparaître mes démons.

De le faire disparaître.

Lui aussi a été la cause de mon état.

Jamais il ne m'a aidé.

J'ai été lâcher. Lâcher comme une pauvre merde. C'était au moment où j'avais le plus besoin de lui que tout s'est écroulé pour de bon.

J'ai fait confiance à un mec qui n'en avait rien à foutre de moi. Un adolescent immature qui ne pensait qu'à son fric, à ses potes et de sa passion pour le Formule 1. Mais jamais il n'a réellement attentionné avec moi.

Il en n'avait rien à faire de moi.

Je me suis retrouvée dans une situation délicate. Tout s'est rapidement enchaîné.

Jusqu'à aujourd'hui.

*

Je n'entends plus rien, je ne vois plus rien. Je ne ressens plus cette douce main sur ma joue qui tentait de me réveiller.

Pas de doutes, je me suis évanouie.

Je me sens comme vidée, lessivée, plongée dans un trou noir sans aucune lumière. Je ne ressens plus rien sous mon dos. C'est comme si j'étais en train de voler. Mon corps est léger...

Je suis légère...

C'est maintenant que je comprends la vraie raison de l'alerte que Anna m'a répété tant de fois.

Je crois que j'ai compris la leçon.

L'épuisement me tuera.

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