➠ 𝘉𝘳𝘺𝘢𝘯𝘯𝘢
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14 h 09, Calle Zona Rosa, Bogotà, Colombie.
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Je me réveille paisiblement, étirant mes membres engourdis par le sommeil. Attrapant mon téléphone, je découvre qu'il est déjà 14 heures.
Je me lève, à la recherche de mon smoothie traditionnel à la fraise. Le café n'est pas vraiment ma tasse de thé, et je compte sur ce breuvage sucré pour me réveiller.
Décidant de vérifier ma boîte aux lettres, négligée depuis deux jours, je remarque une enveloppe différente des habituelles. Elle est marron, scellée par un motif de rose. Sans nom apparent, je décide de l'ouvrir, mais un scorpion desséché en surgit, me faisant sursauter. Après un moment de panique, je réalise qu'il est bel et bien mort.
Je prends une profonde inspiration avant de commencer à lire la lettre à voix haute, même si personne n'est là pour m'entendre.
— Très joli petit scorpion, tu as hérité des mêmes yeux que ta mère...
Évoquer ma mère me donne un frisson dans le dos. Ma sœur, je pourrais comprendre, elle est venue avec moi ici, mais ma mère ? Qui pourrait la connaître ?
— Par contre, tu es moins intelligente qu'elle... Tu t'en es sortie une fois, mais sache que ton heure va bientôt arriver. Tic Tac.
Au départ, je pense à une blague, mais le simple fait qu'ils évoquent ma mère me fait trembler. Instinctivement, je me rappelle que le seul lien entre elle et un scorpion est son surnom, en raison d'un tatouage. J'ai toujours envisagé de faire le même tatouage un jour, mais je n'ai jamais osé.
Malgré ma peur, je décide de prendre cette lettre comme un défi. Je la jette dans une poubelle et décide de me rendre chez un tatoueur pour réaliser ce tatouage. Après tout, c'est décidé.
Je me prépare, enfilant une paire de beaux talons, chose inhabituelle pour moi qui suis habituée aux Converses. Mais ces talons me donnent confiance, je me sens étrangement connectée à ma mère, qui en portait souvent. C'était quelque chose qui m'a toujours fascinée chez elle, tout comme son courage.
Je trouve un tatoueur à proximité et entre. Une femme, couverte de tatouages, m'accueille chaleureusement. Ses cheveux violets lui donnent un air unique.
— Alors, jolie blonde, quel tatouage veux-tu ? demande-t-elle d'une voix rauque, sans doute à cause de la cigarette.
— J'aimerais un scorpion, répondis-je.
Elle me montre différents modèles dans un carnet, et mon choix se porte sur un tatouage qui ressemble étrangement à celui de ma mère.
— Celui-ci !
Je pose mon doigt sur le dessin, enthousiaste.
— Je vais te dessiner ça alors, annonce-t-elle.
Elle commence à esquisser le dessin avant de commencer le tatouage proprement dit. Je grimace légèrement, mais la douleur est supportable, et je me mets même à discuter avec la tatoueuse.
— Ce tatouage-là, ça fait longtemps que personne ne me l'avait demandé. C'était une femme qui l'avait imaginé. Je me souviens d'elle comme si c'était hier. Elle était jeune comme toi, mais mentalement, elle était surprenante. On aurait dit que vous aviez les mêmes cheveux.
Je souris, imaginant ma mère à la place de cette femme. Elle était certainement comme ça lorsqu'elle était jeune.
— Tu peux écrire un A et un S ? En tout petit, demande-je soudain.
C'était une idée qui m'était venue sur un coup de tête, résumant le début de mon existence sur cette terre. Elle acquiesce et je laisse libre cours à son imagination pour l'écriture.
Une fois le tatouage terminé, je paie la somme demandée et quitte le salon. Ce n'était pas très cher, mais j'étais ravie du résultat. Je dois le garder couvert pour l'instant.
Je marche tranquillement, perdue dans mes pensées. Luka m'intrigue beaucoup. Je ne l'imaginais pas comme ça.
Une voiture noire roule non loin de moi, et j'ai la désagréable sensation d'être suivie. Mon imagination s'emballe. Je me mets à courir, mais la voiture accélère, restant à ma hauteur. Quand la vitre se baisse, je vois apparaître le bout d'une arme. Ce n'était donc pas mon imagination. Cette voiture était là pour une raison précise : me tuer.
Au lieu de réagir, je reste figée, mais des mains puissantes m'attrapent et me jettent au sol. Andrew... Je le regarde avec des yeux ronds, surprise. Il venait de me sauver la vie. Mon cœur bat la chamade.
— Ne reste pas là, me dit-il.
Il se lève et me tend la main, que je prends, et nous nous enfuyons vers une ruelle où la voiture ne peut pas nous suivre.
— Tu vas bien ? me demande-t-il, paniqué.
J'ai essayé de le tuer... Pourquoi vient-il m'aider ? Pourquoi me sauver ? Toutes ces questions tourbillonnent dans ma tête quand je remarque qu'il saigne...
— Eh... Eh...
— Quoi ?
— Tu as été touché !
Il a l'air surpris, ne s'étant même pas rendu compte de sa blessure... Il tremble de la tête aux pieds.
— Faut aller à l'hôpital...
— Non non pas l'hôpital !!!
Je ne comprends pas comment il peut être plus paniqué que moi... Le sang ne me fait plus peur...
— Je...
Il devient pâle comme un linge, alors j'essaie de le soutenir sur mon épaule, mais il est bien trop lourd pour moi... Il est sur le point de s'évanouir.
— Ta voiture... Elle est où ?
— Elle... Elle est garée au bout de l'autre... l'autre rue...
Il commence à avoir du mal à parler, alors je me dépêche de le ramener à sa voiture avant qu'il ne s'effondre. Je parviens à le faire asseoir côté passager et fouille ses poches avant de prendre le volant.
Je n'ai aucune direction précise, et le ramener chez son parrain pourrait me causer des ennuis. Sans savoir quoi faire, je le ramène chez moi. Mais à qui pourrais-je demander de l'aide ? Peut-être devrais-je le laisser mourir... Ainsi, j'aurais réussi ma mission ? Mais je trouve cela petit et peu compétitif...
L'homme qui prend une balle pour une femme... C'est tellement romantique... Rahhh... Pourquoi fait-il des choses comme ça ? J'aurais pu me protéger seule...
Une fois chez moi, je le porte à l'intérieur tant bien que mal.
— Tu es si belle...
Je fronce les sourcils. Il délire... Je le pose sur mon lit et lui enlève rapidement sa chemise. Il a déjà perdu beaucoup de sang... Maintenant, il faut que j'enlève la balle, espérant qu'elle ne soit pas trop profondément enfoncée...
Merci mes cours de médecine qui vont enfin me servir dans la vraie vie.
Je parcours la pièce du regard, cherchant frénétiquement mon kit de premiers secours. Mes mains tremblent légèrement d'anticipation alors que je me force à respirer profondément pour calmer les battements frénétiques de mon cœur. Enfin, mes doigts se referment sur la boîte métallique, et je l'ouvre avec un soupir de soulagement.
Je saisis une pince avec une précision chirurgicale, la sentant épouser la courbe de ma main. Mes yeux scrutent attentivement la plaie, et je pousse un soupir de soulagement en constatant que la balle n'est pas profondément enfouie dans la chair. Avec une concentration extrême, je mets en œuvre chaque geste avec délicatesse, extrayant la balle avec une précaution presque religieuse pour éviter d'aggraver les dommages déjà causés.
Une fois l'objet indésirable retiré, je jette un rapide coup d'œil autour de moi, cherchant le flacon de désinfectant. Je le trouve enfin, mon regard se posant sur l'étiquette jaunie alors que mes doigts agiles enlèvent le bouchon. L'odeur piquante emplit immédiatement l'air, me faisant froncer le nez, mais je m'efforce de ne pas laisser transparaître mon inconfort.
Avec un coton imbibé, je nettoie la plaie avec précaution, éliminant toute trace de saleté pour réduire le risque d'infection. Mon cœur bat la chamade alors que mes pensées se bousculent, essayant de rester concentré malgré la gravité de la situation. L'idée de devoir recourir à des points de suture me fait grimacer intérieurement, mais je me force à rester professionnel.
Je prends une profonde inspiration, puis je prépare méticuleusement une aiguille et du fil, mes mains tremblant légèrement sous l'effet de l'adrénaline. Mon regard se pose sur la plaie, éclairée par la lumière tamisée de la pièce, et je me concentre sur chaque mouvement, chaque geste.
Mes doigts agiles manient l'aiguille avec une précision habile, traversant la peau avec une détermination calme malgré la tension qui serre ma poitrine. Chaque point est appliqué avec soin, chaque suture serrée avec une attention méticuleuse. Je me perds dans la tâche, essayant de faire abstraction de la réalité brutale qui m'entoure.
Pourtant, alors que je travaille, un frisson parcourt soudain ma colonne vertébrale. Je sens une légère pression sur ma main, une main qui m'attrape, la serrant fermement dans un geste de désespoir. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine alors que je réalise que la personne que je soigne n'est pas inconsciente comme je l'avais cru.
Son contact, chaud et réconfortant, me ramène brutalement à la réalité, me rappelant la fragilité de la vie humaine et la responsabilité qui repose sur mes épaules. Je retiens mon souffle, essayant de calmer le tumulte de mes pensées alors que je continue à coudre, une lueur d'espoir naissant dans l'obscurité de la pièce.
— Tout va bien, dis-je doucement pour le rassurer.
— Pourquoi... Tu me sauves...
C'est une vraie question. Pourquoi je le sauve ? Le laisser mourir me serait plus bénéfique... Je décide de ne pas répondre, continuant ce que je faisais. Bien sûr, il serre encore plus fort ma main, sa mâchoire serrée comme celle d'un pitbull qui attaquerait quelqu'un.
Une fois les points de suture faits et un gros pansement en place, je me lève pour me laver les mains. Entre-temps, il s'est endormi. Je lui retire ses chaussures pour qu'il soit plus à l'aise et l'observe, les yeux fermés.
Il semble plus calme... Un homme ordinaire... Je passe une main dans ses cheveux, souriant doucement, les trouvant agréables au toucher.