DISSEMBLANCE

ChronosAlle

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Je te déteste et j'ai le droit de le faire, j'ai des raisons de te détester, de te haïr. Nous sommes en 1998... Еще

Aux prémices, la fin
Chapitre 1 : Retour parmi les vivants
Chapitre 2 : Le Seigneur des Ténèbres
Chapitre 3 : Se confronter l'un à l'autre
Chapitre 4 : Camoufler nos vices
Chapitre 5 : Les suspects
Chapitre 6 : Pensées transparentes
Chapitre 7 : Être juste, entre nous
Chapitre 8 : Âmes-sœurs
Chapitre 9 : La résurrection de Voldemort
Chapitre 10 : Le début du voyage
Chapitre 11 : Créer des liens
Chapitre 12 : Un sauveur épris d'un autre
Chapitre 13 : Vers Ilvermorny
Chapitre 14 : L'histoire vouée à se répéter
Chapitre 15 : Se détacher du rang
Chapitre 16 : La vérité révélée
Chapitre 17 : L'affect de la solitude
Chapitre 18 : Nominations des champions
Chapitre 19 : Captif jusqu'à l'apaisement
Chapitre 20 : La naissance d'un Obscurial
Chapitre 22 : Voir la réalité en face
Chapitre 23 : Les toiles de vie
Chapitre 24 : La prophétie
Chapitre 25 : Duel sur la défensive
Chapitre 26 : Plaies fantômes
Chapitre 27 : Entre les lignes
Chapitre 28 : Épreuve de cœur
Chapitre 29 : Sous les eaux
Chapitre 30 : Une prison d'orgueil
Chapitre 31 : Sous l'égide du soleil
Chapitre 32 : L'étoffe dont ils sont faits
Chapitre 33 : À son corps défendant
Chapitre 34 : De feu et de métal
Chapitre 35 : De givre et de verre
Chapitre 36 : Tâche de ne pas t'enfuir
Chapitre 37 : Le Beau et le Monstre
Chapitre 38 : Épreuves argentiques
Chapitre 39 : Le chevalier sans couleur
Chapitre 40 : La Une des journaux
Chapitre 41 : Présences silencieuses
Chapitre 42 : Renaître, grandir et guérir
Chapitre 43 : Ultimatum pour l'avenir
Chapitre 44 : L'oiseau en cage rêve des nuages
Chapitre 45 : Jardin d'Éden
Chapitre 46 : Courtiser Tom Jedusor

Chapitre 21 : Des êtres condamnés

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ChronosAlle

Tom se souvenait de la première fois où il avait vécu l'un des moments de la vie de Harry en rêve ; c'était à Poudlard et il s'était assoupi près de son âme-sœur, le rêve lui était apparu très flou et il se souvenait seulement du placard sous l'escalier et de la douleur aux côtes qu'il ressentait après que son cousin l'ait frappé.

Tout avait été si confus pour lui qu'il s'était demandé si cela était réellement un souvenir ou un véritable cauchemar. Tom avait eu sa réponse quelques minutes plus tard lorsque, en se réveillant, il avait décrit son rêve à Harry.

La réaction de celui-ci lui avait confirmé la triste vérité ; ce cauchemar n'en était pas un, c'était l'un des souvenirs d'enfance de son âme-sœur. À ce moment-là, Tom se souvenait qu'il ignorait encore quel lien le liait à Harry et ce cauchemar l'avait ébranlé.

Maintenant, il le savait et c'était pire encore. Cette souffrance, toute cette douleur qu'Harry avait dû supporter, son âme-sœur avait été jusqu'à supprimer de sa mémoire la magie pour pouvoir la détruire, la renier comme étant la chose la plus monstrueuse qu'il ait connu.

Ces moldus... ces horribles moldus. Comment avaient-ils pu, comment avaient-ils osé s'en prendre à son âme-soeur...

Lui qui était si gentil et si adorable étant petit, lui qui ne souhaitait qu'obtenir un peu d'affection en montrant à sa famille quelque chose dont il était fier. Harry ne méritait pas ça et s'il avait été élevé dans une famille sorcière, jamais celle-ci ne l'aurait rejetée à cause d'un peu de magie involontaire.

Il était trop jeune pour contrôler sa magie, c'était déjà un exploit qu'il puisse l'invoquer en le souhaitant vraiment ; bien sûr qu'il allait en perdre le contrôle si on l'effrayait. Cela aurait été le cas de n'importe quel enfant sorcier.

Harry n'avait rien fait de mal.

Tom soupira profondément. Portant une main à son visage, il se rendit compte que ses joues étaient humides ; il avait probablement pleuré pendant son sommeil. Après tout, il l'avait mérité, s'il n'avait pas massacré Lily et James Potter, jamais Harry n'aurait été confié aux Dursley.

C'était lui le responsable. Chaque blessure, chaque larme, tous les moments difficiles que Potter avait vécus avec ses parents adoptifs était sa responsabilité. Il ne pouvait blâmer personne pour sa propre enfance massacrée mais Harry pouvait, lui. Il pouvait le blâmer.

Tom s'allongea, conscient qu'il se trouvait encore à Ilvermorny même s'il ignorait où exactement. Les événements récents lui revinrent en mémoire alors qu'il posait le dos de sa main contre son front pour essayer de reprendre le cours de ses pensées.

Harry Potter était un Obscurial, et d'après le souvenir qu'il venait de revivre, Tom pouvait affirmer sans se tromper que Harry était devenu un Obscurial à l'âge de cinq ans.

Peut-être qu'avant déjà, sa magie avait connu des moments difficiles à chaque fois qu'il avait voulu la cacher au reste du monde, mais l'événement déclencheur était sans conteste la décision d'Harry de montrer ce qu'il pouvait faire à sa famille ainsi que leur réaction.

Tom serra les dents, tout son corps tétanisé, il se souvenait de la douleur et de la peur, de la souffrance des coups et même de la manière dont Harry avait procédé pour annihiler sa magie. Il l'avait vécu de son point de vue.

Jedusor ferma les yeux un instant et revint à la situation présente ; il se rappela sans mal de la cérémonie de nomination des champions ainsi que de son interaction avec Chul Fontaine et de comment il avait découvert le fait qu'Harry soit un Obscurial...

Il n'avait aucun doute, contrairement au directeur de l'Ilvermorny. C'était le déclic. Il savait depuis longtemps ce qu'étaient un Obscurial et un Obscurus mais jamais il n'avait pensé que Harry et lui pouvaient en être. Bien qu'il ait émis cette hypothèse la première fois qu'il avait vu la magie libérée de Harry, comme Potter était un sorcier majeur, il ne s'était pas plus intéressé à cette possibilité. S'il l'avait fait, nul doute qu'il aurait fait le rapprochement avec sa propre situation...

Cela lui semblait évident maintenant. Il ne savait pas quand lui-même en était devenu un. Lorsqu'il était enfant, il y avait eu beaucoup de moments à l'orphelinat où il avait maudit sa propre magie d'exister et où il avait été sévèrement corrigé pour l'avoir utilisée. Il se doutait qu'il devait être devenu un Obscurial à un de ces moment-là et que cela expliquait toutes les difficultés qu'il avait eues pour maîtriser sa magie plus tard, peut-être même aussi son grand attrait pour la magie noire, plus destructrice que les autres formes de magie.

Il avait été un Obscurial. Tom savait que ce n'était plus le cas. Le jour où il avait brisé son âme pour la première fois, sa magie et par conséquent, l'Obscurus s'était fragmenté. Il avait réussi à détruire sa nature d'Obscurial en brisant son âme.

Cette pensée le laissa un peu perplexe, il se demandait si c'était réellement le cas. Peut-être qu'il n'avait fait que retarder l'échéance. Voldemort voulait l'immortalité et lui-même se souvenait avoir songé à faire sept Horcruxes pour se l'assurer mais après avoir vu et ressenti les dégâts qu'un seul Horcruxe avait fait, pourquoi Voldemort aurait-il continué de réaliser ce procédé ? Il lui aurait suffi de laisser son journal en sécurité dans la Chambre des Secrets et son immortalité aurait été assurée.

Tom se mit à réfléchir sur le sujet, il ignorait combien d'Horcruxes Voldemort avait fait ; il savait seulement qu'ils étaient nombreux...

Jedusor fut pris d'un sursaut un peu brusque, il s'assit au bord du lit et tout à coup, dit à voix haute, même si ce ne fut qu'un murmure.

— J'ai dû le faire plusieurs fois.

Voldemort avait dû créer plusieurs Horcruxes. Pas seulement par volonté d'obtenir un nombre d'Horcruxes qui le satisfaisait mais parce qu'il y avait été obligé. Sa magie... l'Obscurus se reconstituait à chaque fois. Faire un Horcruxe était le seul moyen qu'il avait trouvé pour ne pas se laisser dépasser par sa magie.

Tremblant légèrement à cette conclusion, Tom se sentit tout à coup très mal. Un Horcruxe n'était pas une solution. Si sa théorie était correcte et qu'il ait été obligé par le passé de sacrifier son âme et sa santé mentale pour contrôler ses pouvoirs ; et ce, sans même savoir qu'il était un Obscurial, alors faire un Horcruxe n'était pas et ne serait jamais une solution.

Combien de temps... combien de temps lui restait-il actuellement avant qu'il ne devienne aussi instable qu'Harry l'était ? Pour le moment, il n'avait aucune difficulté particulière à se maîtriser mais combien de temps cela allait-il durer ?

Tom se rendit compte avec horreur que ce n'était probablement pas la première fois qu'il se posait cette question et que Voldemort avait dû se demander de nombreuses fois combien de temps il tiendrait avant de devoir s'arracher une partie de son âme à nouveau...

Le jeune mage noir prit conscience qu'il paniquait, une fois de plus. Lorsqu'il avait appris la vérité, il n'avait pas pu s'empêcher de réaliser à quel point il risquait de perdre Harry.

Sa mémoire lui rappela la manière dont il avait embrassé celui-ci... de force. Harry voulait l'aider et même après cela, il avait accepté de l'écouter. Il ne le méritait pas...

Même si le secours de son âme-sœur lui faisait plaisir, il avait conscience qu'il était allé trop loin surtout lui qui s'était promis d'attendre, quitte à devoir faire semblant si cela pouvait aider. Il en était incapable. Tom se rendit compte qu'il ne pouvait pas taire ses sentiments pour Potter, pas plus qu'il ne pouvait taire le désir qu'il avait que celui-ci les lui rende.

Être patient n'avait jamais été une qualité qu'il s'était vanté de posséder. Il ne pouvait pas faire semblant de ne pas avoir de sentiments pour Harry et il ne pouvait pas non plus forcer celui-ci à les accepter. Tom Jedusor se sentait perdu. Autant au sujet de l'Obscurus, du sien et de celui de Potter, que du fait qu'il aimait celui-ci. Dans les deux cas, il ne savait pas quoi faire. C'était au-dessus de ses forces.

Si Voldemort était devenu fou en voulant contrôler sa magie et obtenir l'immortalité : comment était-il censé faire mieux ? Pire, Harry était encore plus en danger que lui. Sa magie... elle était si instable, si violente... elle pourrait le tuer.

Ils étaient condamnés.

Severus Rogue savait, il savait qu'il était le seul à entendre cette alarme qu'il avait placée autour du mage noir pour être informé de son réveil. Pourtant, un centième de seconde avant que cette alarme ne résonne à ses oreilles. Il avait vu Potter changer d'attitude.

Le Survivant s'était redressé, son visage avait changé d'expression un très court instant et son regard s'était dirigé en direction de la porte de la chambre qui, pourtant, était assez loin pour qu'il ne puisse pas directement la voir.

Puis, comme au ralenti et avec une certaine appréhension, le professeur vit son élève se pencher en avant et s'appuyer légèrement sur les accoudoirs de son fauteuil, il s'apprêtait visiblement à se lever. Il ne lui laissa pas le temps de le faire.

— Vous restez là.

Le sauveur du monde sorcier stoppa son mouvement puis lui lança un regard interloqué, les sourcils froncés.

Les deux hommes se dévisagèrent un moment avant que le Maître des potions n'insiste, sentant que son élève n'avait aucunement l'intention de lui obéir.

— Vous n'y allez pas. À partir d'aujourd'hui, je m'occuperai personnellement de la surveillance du Seigneur des Ténèbres. Je sais que vous avez un contrat dont j'ignore le contenu qui vous assure sa garde mais, au vu de la situation, je m'autorise à faire ce qui me semble le mieux ; c'est-à-dire vous tenir éloigné de l'homme ayant assassiné vos parents.

En voyant que son interlocuteur allait l'interrompre, Severus se leva et éleva clairement la voix, essayant de faire preuve d'autorité envers, il le savait, le seul élève de Poudlard qui ne l'avait jamais véritablement craint.

— Je ne reviendrai pas sur cette décision, monsieur Potter. Je vous conseille de retourner dans votre salle commune pour vous reposer. Je demanderai à Gabrielle Delacour de passer vous voir pour que vous puissiez avoir un compte-rendu du programme du tournoi, programme que nous avons tous les deux manqué à cause de votre excursion.

Potter resta immobile, le défiant un moment puis il dut voir quelque chose dans son attitude qui le découragea à poursuivre son duel puisqu'il passa une main lasse dans ses cheveux bruns avant de soupirer.

— C'est ridicule. Vous le savez aussi bien que moi, mais si cela peut vous rassurer l'espace d'un instant... alors c'est d'accord, je vais vous laisser vous débrouiller.

Il se détourna, se stoppa et ajouta.

— Je sais ce que vous pensez au sujet de Tom et de moi mais vous vous trompez. J'essaie seulement de l'aider, il a besoin de mon aide et... je crois que j'ai aussi besoin de son aide. Vous pouvez essayer de le tenir éloigné de moi, vous pouvez même essayer de l'enfermer ou même de le tuer, si ça vous amuse. On sait comment cela finira : il me retrouvera. J'ai passé la quasi-totalité de ma vie à le fuir, je suis fatigué de courir. Il ne veut pas me tuer, je ne veux pas le tuer ; vous n'avez aucune raison de réagir comme si c'était le cas.

Severus sentit un poids beaucoup trop lourd échouer dans sa poitrine et il resta immobile un long moment, observant l'endroit où Potter avait disparu.

Harry James Potter avait cette capacité à parler du Seigneur des Ténèbres avec une telle franchise qu'elle en devenait effrayante.

Potter savait qu'il était dans une impasse et au lieu de paniquer et d'être horrifié à l'idée qu'il ne serait jamais débarrassé du mage noir, il l'avait accepté et il continuait d'avancer avec ça. Il renonçait au désir de venger sa famille et ses amis et il souhaitait même aider son ennemi dans un souci de compassion et peut-être même... d'affection ?

Severus prit alors brutalement conscience qu'il ne réussirait pas à empêcher quoi que ce soit de se produire, Harry le laissait essayer seulement parce qu'il ne voulait pas qu'il ait cela sur la conscience si les choses se terminaient mal.

Potter essayait de le protéger. Depuis quand les choses s'étaient-elles inversées ?

Cela faisait plusieurs heures maintenant que Harry avait quitté les quartiers de Severus Rogue. Comme le Maître des potions le lui avait conseillé, il était retourné dans la salle commune des Oiseaux-tonnerre. Les premières minutes, il s'était senti perdu, il n'y avait presque personne dans la salle et il ne savait vraiment pas où aller ni quoi faire. Plongé dans ses pensées, il avait fini par s'asseoir près d'une des grandes fenêtres de la tour. Observer l'extérieur l'avait aidé à se sentir un peu mieux et à apaiser ses pensées concernant Tom et sa propre magie.

Il ne pouvait rien faire pour l'instant alors il était inutile qu'il se torture l'esprit là-dessus. Rogue devait être avec Jedusor en ce moment, le brun se demandait si c'était une bonne chose de laisser Tom avec leur professeur de potions, un ancien Mangemort...

Sur le coup, et en voyant que Rogue tenait vraiment à ce qu'il le laisse faire, Harry avait accepté de lui laisser la garde du mage noir, au moins jusqu'à ce que celui-ci reconnaisse qu'il n'était pas capable de le surveiller mais maintenant il se demandait si Tom n'allait pas profiter de la situation. Pour obtenir la prophétie par exemple.

Le Survivant soupira profondément. Il avait mal à la tête à force de réfléchir à tout cela, une partie de lui avait envie d'abandonner, Tom pouvait bien connaître la prophétie... cela ne changerait pas grand-chose à leur situation actuelle. La prophétie ne signifiait rien de particulier à part le fait qu'ils étaient égaux et qu'aucun d'eux ne pouvait vivre tant que l'autre survivrait.

Cela signifiait peut-être qu'ils étaient voués à s'entre-tuer...

C'était étrange. Maintenant qu'il y pensait Harry se rendit compte que le terme survivre sonnait différemment ; avant il avait toujours pensé que l'un d'eux devrait forcément mourir pour que l'autre puisse vivre, c'était comme cela qu'il avait traduit la prophétie et c'était aussi ainsi que Dumbledore le lui avait présentée, mais maintenant le mot survivre lui semblait avoir un sens différent.

La prophétie disait que l'un devrait mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit... Pourquoi utiliser le terme survivre ?

Est-ce que cela signifiait qu'ils étaient tous les deux mourants ? Ou au moins l'un des deux ?

En sursis... ni lui ni Tom ne pourrait vivre tant que l'un d'eux survivait. Est-ce que cela signifiait que s'ils vivaient tous les deux sans qu'aucun d'eux ne soit en danger de mort, la prophétie ne les atteindrait plus ?

Les yeux verts du Gryffondor s'assombrirent. Même si cela était une possibilité, cela ne changeait rien. Il était en sursis. Tom ne l'était peut-être pas mais lui savait qu'il serait incapable de continuer comme ça encore longtemps. C'était beaucoup trop douloureux, il ne pouvait pas inhiber sa magie pour le restant de sa vie, cela allait le rendre fou, il finirait par perdre le contrôle et même si ça ne le tuait pas... les conséquences de la libération de sa magie lui créeraient forcément des problèmes avec les gouvernements magiques, en Amérique il risquait la peine de mort.

La prophétie était toujours valable.

Harry préférait que Jedusor l'ignore encore un moment, il ne savait pas comment celui-ci réagirait lorsqu'il apprendrait son contenu mais il savait que c'était cette prophétie qui avait motivé Voldemort à le tuer.

Alors qu'il était toujours perdu dans ses pensées, Harry fut rejoint par Therence Legrand, le responsable des Oiseaux-tonnerre jusqu'au retour de leur directrice de maison. Apparemment les cours étaient terminés et il avait loupé sa première journée.

Le jeune homme était venu vers lui et lui avait demandé de ses nouvelles, lui avait parlé des cours et du programme de l'année, en lui présentant des parchemins et des livres et en lui expliquant son futur emploi du temps.

Il avait été immensément patient et Harry lui en était reconnaissant. En écoutant l'Oiseau-tonnerre lui expliquer toutes ses choses sur les cours qui étaient donnés à Ilvernormy et différentes informations relatives à cette école, il s'était lui-même un peu détendu.

Au départ il répondait à peine et laissait Therence faire de longs monologues sur l'école mais après plusieurs minutes, ils s'étaient naturellement mis à discuter ensemble et maintenant ils comparaient tous deux le programme d'Ilvermorny à celui de Poudlard.

Legrand lui donna une copie de tous les cours qu'il avait manqués depuis le début de cette l'année en lui expliquant qu'il allait probablement devoir passer son diplôme ici, avec eux, puisque le tournoi se terminait généralement en même temps que les examens de fin d'année.

Therence s'était montré très compréhensif et il ne lui avait posé aucune question sur son absence subite de la journée, il lui avait simplement dit qu'il comprenait que les choses soient difficiles pour lui et qu'arriver dans une nouvelle école avec de nouveaux camarades, ce n'était jamais facile. Il s'était contenté de lui expliquer des choses simples sans pour autant le forcer à parler.

Harry s'était senti plus à l'aise en remarquant cela et finalement il avait passé un long moment avec Legrand, remarquant distraitement que les autres Oiseaux-tonnerre, sans pour autant venir vers eux, semblaient surpris de voir le responsable de leur maison discuter aussi aisément avec le nouveau venu.

Le Gryffondor se rendit compte que c'était une bonne chose. Au moins, les Oiseaux-tonnerre ne semblaient plus terrifiés à l'idée de partager leur dortoir et leurs enseignements avec lui.

Alors qu'ils étaient en train de parler des cours de Défense contre les forces du mal, Gabrielle Delacour était entrée dans la salle commune, portant l'écusson des Womatou à sa poitrine. Elle ne fut pourtant pas rejetée par les Oiseaux-tonnerre, en réalité elle semblait même connaître certaines d'entre eux qui, tout comme elle, devaient faire partie de la délégation de Beauxbâtons.

Elle salua ses amies puis elle vint vers lui un grand sourire accroché aux lèvres. Harry ne put s'empêcher de sourire un peu, heureux de revoir un visage si familier, pourtant il se rappela bien vite pourquoi Gabrielle était là et il ne put s'empêcher de la réprimander, inquiet.

— Pourquoi participes-tu au tournoi ? Tu sais pourtant très bien à quel point cela peut être dangereux.

Therence qui était toujours avec lui, salua la jeune femme en rougissant, apparemment pas insensible aux charmes de la petite sœur de Fleur Delacour. Harry le remarqua sans rien dire, attendant que Gabrielle réponde à sa question.

La jeune fille ne sembla pas du tout affectée par son inquiétude et elle lui sourit en lui répondant.

— Je me suis inscrite au tournoi parce que c'est un honneur pour moi de représenter mon école ici. Je sais très bien que ce n'est pas un jeu mais si Fleur a réussi à passer toutes les épreuves ; je ne vois pas pourquoi je n'y arriverais pas et contrairement à la dernière fois, le Seigneur des Ténèbres n'est plus un danger, et puis savoir que tu y participes aussi est rassurant !

Elle lui offrit un sourire immense. Harry ne se souvenait même plus de la dernière fois qu'il avait vu un sourire si grand et innocent. Cela adoucit un peu son inquiétude de voir Gabrielle participer au tournoi, celle-ci ne craignait pas les épreuves et elle semblait même très sereine face à tout ça.

Le brun se promit qu'il ferait en sorte que ce tournoi n'ait pas de victime. Cette pensée lui rappela la haine du petit frère de Cédric qu'il avait rencontré le matin même...

Gabrielle s'installa avec eux et sembla s'intéresser aux explications que lui donnait Therence sur les cours, elle lui parla aussi un peu d'Ilvermorny et du fait qu'elle commençait seulement à s'y sentir un peu plus à l'aise alors que cela faisait déjà plus d'une semaine que la délégation de Beauxbâtons était ici.

Finalement la soirée se déroula ainsi et c'est après avoir longuement discuté que Therence et Gabrielle l'emmenèrent avec eux vers le réfectoire d'Ilvermorny.

Celui-ci était immense, rempli de tables rondes disposées un peu partout dans une grande salle décorée de fresques et de statues montrant des passages bien connus de l'histoire d'Ilvermorny. Harry ne reconnut pas les scènes sur les fresques ni les personnalités statufiées mais Therence, et même d'autres Oiseaux-tonnerre les ayant rejoint, se firent un plaisir de lui expliquer la signification de certaines d'entre elles.

Malgré l'ambiance sereine et le fait qu'il était rassuré que les choses se passent si bien, il ne put s'empêcher de remarquer le décalage qu'il y avait entre lui et des élèves qui devaient avoir à peu près le même âge. Ici ce n'était pas comme à Poudlard où toutes les personnes de sa génération avaient connu la guerre.

Les élèves d'Ilvermorny lui paraissent si... insouciants. Aucun d'entre eux n'avait gardé sa baguette à portée de main à table. Il était le seul à l'avoir fait et son comportement lui avait paru tellement différent de celui des autres qu'il s'était vite senti mal à l'aise. Therence et Gabrielle qui mangeaient à côté de lui semblaient l'avoir remarqué.

Legrand n'avait rien dit, probablement par pudeur, de la même manière qu'il ne lui avait posé aucune question gênante depuis leur rencontre et qu'il s'excusait chaque fois qu'il lui rappelait quelque chose en rapport avec la guerre.

Gabrielle avait froncé les sourcils un moment, puis elle lui avait chuchoté, avec discrétion.

— Fleur et Bill m'ont dit que tu avais beaucoup de mal à accepter la fin de la guerre et la mort de Ron. Ils... enfin les Weasley, m'ont dit que tu avais besoin de temps et de repos. Je sais que nous sommes ici pour participer à un tournoi mais cela ne doit pas t'empêcher d'essayer de te détendre, la guerre est finie maintenant.

Sans savoir pourquoi, ces paroles lui avaient mis les larmes aux yeux. Le Gryffondor pensait que la famille Weasley le détestait de ne pas avoir réussi à protéger Ron.

Il s'était éloigné d'eux pour éviter que les choses ne soient encore plus compliquées et il avait complètement mis fin à sa relation avec Ginny pour la même raison, son grand frère était mort par sa faute et il ne ressentait rien si ce n'était une grande tristesse lorsqu'il la voyait. Un peu d'incompréhension aussi, il ne concevait pas le fait que celle-ci s'accroche à lui après qu'il lui ait expliqué la situation.

Harry ignorait que les Weasley s'inquiétaient de sa santé. Il savait que Hermione était restée proche de la famille Weasley malgré sa relation naissante avec Drago Malefoy, mais ce n'était pas son cas. Il ne pouvait pas... il ne pourrait jamais les revoir sans se sentir comme s'il avait tué lui-même son presque frère.

S'il avait tué Nagini lorsqu'il avait eu l'occasion de le faire cela ne serait pas arrivé... Nagini avait tué Ron et Neville l'avait vengé peu de temps après.

Gabrielle vit immédiatement Harry retomber dans ses souvenirs. Un peu désemparée, elle réussit finalement à ramener celui-ci à l'instant présent en lui posant une question qu'elle voulut innocente.

— Dis-moi Harry, qui est le garçon qui vous accompagne le professeur Rogue et toi ?

Cette question lui donna le vertige. Harry se sentit mal un instant, se demandant comment répondre à cette interrogation. Son cœur se mit à battre plus fort dans sa poitrine et il se demanda si cela était dû à sa soudaine panique ou à autre chose...

Qui était le garçon qui l'accompagnait lui et le professeur Rogue ?

La réponse à cette question était facile, elle aurait dû l'être, après tout, Gabrielle la lui posait par curiosité et elle se contenterait d'une réponse simple. Il n'avait qu'à lui donner l'identité fictive de Tom pour que le sujet soit clos.

Au moment où il s'apprêtait à répondre cela, il se demanda qui était Tom pour lui, ce qu'il représentait réellement et cela le laissa muet.

— C'est compliqué... je te le présenterai plus tard si tu veux. s'entendit-il lui répondre un peu machinalement, la mâchoire raide.

Il ne savait pas réellement pourquoi il n'avait pas été capable de seulement décliner le nom d'emprunt de Tom mais il fut rassuré lorsqu'il vit Gabrielle lui adresser un sourire en acquiesçant.

— Si tu y tiens, ce sera avec plaisir. Vous vous êtes rencontrés à Poudlard ?

Légèrement inquiet par le fait que sa réponse n'ait fait qu'augmenter l'envie de Gabrielle d'en savoir plus, Harry se contenta d'un hochement de tête vague, ne signifiant rien en particulier.

Gabrielle lui envoya un regard un peu perplexe mais n'insista pas pour autant, ayant probablement compris que le brun ne souhaitait pas passer plus de temps sur le sujet.

Un moment plus tard, ils quittèrent le réfectoire où ils étaient attablés et Harry écouta distraitement Gabrielle et Therence parler d'une sortie qui aurait lieu durant les vacances de Noël.

Apparemment les élèves d'Ilvermorny les plus méritants avaient l'occasion de se rendre à la bibliothèque nationale magique des États-Unis pour toute une journée où ils pouvaient consulter les ouvrages de leurs choix, sans restrictions.

Le lion ne put s'empêcher de penser que ce genre de sortie plairait sûrement à Tom, lui qui appréciait tant la section interdite de Poudlard. Le Survivant soupira, se rendant compte qu'il ne réussissait pas à empêcher ses pensées de dévier vers le jeune Seigneur des Ténèbres. Des images et des sensations fantômes de ce qui s'était passé plus tôt dans la salle de classe désaffectée vinrent harceler son corps et son esprit et il sentit de nouveau son rythme cardiaque s'emballer.

Tom l'avait embrassé et ce n'était pas un baiser chaste, loin de là. Se figeant une seconde, Harry finit par expirer lentement, passant une main mal assurée sur son visage, il avait tout à coup l'impression d'étouffer. C'était peut-être une bonne chose qu'ils soient séparés, finalement. Loin de lui, Tom ne pourrait pas amplifier ses sentiments à son égard.

Le Survivant avait ressenti les émotions de Jedusor lorsque celui-ci l'avait embrassé, il savait que ces sentiments d'amour et de désir pour lui étaient réels mais en son for intérieur, il se disait que c'était normal et, qu'avant lui, Tom n'avait jamais vraiment reçu d'affection ou même d'attention alors peut-être que c'était seulement... passager.

L'amour que Tom lui portait n'était pas... il ne durerait probablement pas. Jedusor était seul et il l'avait toujours été avant qu'ils ne se rencontrent, les sentiments qu'il avait pour lui ne devaient pas être...

Le brun grinça des dents, relevant les yeux qu'il avait abaissés vers ses chaussures alors qu'il marchait, se guidant à travers Ilvermorny en suivant d'une oreille distraite les conversations de ses camarades. Il ne réussissait même pas à formuler de pensées concrètes concernant tout cela. Plus il y pensait, plus son esprit lui semblait se paralyser. Cette situation, c'était la première fois qu'il la vivait.

Il n'avait jamais eu le temps de se poser ce genre de questions à Poudlard, il se souvenait avoir eu un léger attrait pour Cho Chang mais cela avait été très... momentané, et en l'embrassant, il avait compris qu'il ne ressentait rien pour elle.

À cette époque Hermione et Ron se tournaient autour et d'une façon un peu naïve, il avait pensé que lui aussi devrait essayer de se trouver quelqu'un. Cela n'avait pas fonctionné.

Puis il y avait eu Ginny, mais c'était encore différent. Elle le voyait comme un héros de contes de fées, elle l'adulait depuis qu'elle était petite et elle ne le voyait pas pour ce qu'il était réellement. Il était sorti avec elle pour lui faire plaisir, il ne voulait pas la décevoir et Ron lui en aurait beaucoup voulu s'il avait brisé le cœur de sa petite sœur. Mais jamais il n'avait ressenti plus que de l'affection envers Ginny, une affection sincère. Aujourd'hui impossible.

Il ne pouvait pas vraiment dire qu'il avait un jour éprouvé les sentiments que Tom lui transmettait parfois par le biais de ce lien entre eux. Il n'avait jamais aimé, il n'était même pas certain de savoir comment on se sentait lorsqu'on éprouvait de l'amour pour quelqu'un d'autre.

Harry leva les yeux, poursuivant cette fois-ci les courbes du plafond des couloirs d'Ilvermorny. Ceux-ci étaient voûtés, leurs plafonds décrivant des angles bruts, passant d'un arc à l'autre, un espace plus sombre et profond les séparant.

Essayant de fixer ses pensées sur quelque chose de concret, il continua de suivre la moindre des fissures et égratignures sur les pierres, se demandant parfois quelle était l'histoire que transportaient celles-ci à travers le temps. Il connaissait très peu de choses sur cette bâtisse qu'était Ilvermorny.

Son observation prit fin lorsqu'il faillit tomber, son pied ayant rencontré le vide qui reliait les deux hauteurs, celle du couloir qu'il traversait et celle de la sortie du bâtiment pourvue d'un escalier. Il devait se rendre à l'extérieur pour rejoindre la tour des Oiseaux-tonnerre.

Harry descendit les quelques marches pour atteindre la pelouse et il continua de suivre Gabrielle et Therence à travers la cour, essayant de faire un peu plus attention à l'endroit où il posait les pieds. Il ne les écoutait plus depuis longtemps, leur conversation s'était perdue à ses oreilles, se confondant avec les bruits plus apaisants de l'extérieur. Il avait la drôle d'impression de bien mieux respirer maintenant qu'ils avaient quitté les couloirs renfermés.

Indépendamment de sa volonté, ses pensées retournèrent vers le mage noir, comme attirées par un aimant.

Il ne savait pas comment cela évoluerait pour Tom ; Cho ne l'avait pas aimé et Ginny n'éprouvait que de l'admiration pour lui. Personne ne l'avait aimé de cette manière-là, il ignorait si cela allait durer, il ne savait pas ce qu'il devait faire ou ne pas faire. Il se sentait égaré.

Leur relation lui semblait trop compliquée. Les sentiments de Jedusor lui pesaient.

Alors que cette dernière pensée le quittait, son cœur se serra si fort dans sa poitrine qu'il fut obligé de respirer lentement pour que la sensation passe. Il se demanda quelques secondes si cela venait de lui ou si Tom avait un problème avec leur professeur, il espérait sincèrement que non.

L'idée que personne ne pouvait l'aimer aussi fort que cela s'inscrivit dans son esprit. Tom finirait forcément par réaliser que ses sentiments envers lui étaient artificiels. Créés pour rattraper un manque affectif, destinés à s'envoler. Harry ne voulait pas le blesser mais il ne souhaitait pas non plus finir meurtri à cause de tout ça.

Lorsque l'année scolaire serait finie, Jedusor serait libre de vivre en Angleterre comme s'il n'avait jamais été Lord Voldemort, il pourrait faire ce qu'il souhaiterait, à partir du moment où il ne décidait pas de reprendre l'œuvre du Seigneur des Ténèbres.

Quant à lui... il souhaitait seulement que sa magie ne le tue pas avant la fin de cette année. Elle lui semblait si instable et la retenir lui semblait être de plus en plus difficile. Il ignorait combien de temps il allait tenir avant de perdre le contrôle de manière définitive.

Pour le moment il allait juste s'assurer que Jedusor ne commette pas d'actes pouvant lui retirer sa future liberté, ce serait son objectif. Après il verrait bien, peut-être que lorsqu'il n'aurait plus à se préoccuper de Tom, il pourrait essayer de faire quelques recherches pour que sa magie redevienne stable.

Harry espérait que le seul moyen d'y parvenir n'était pas de faire un Horcruxe. Il préférerait mourir plutôt que de devenir le successeur de Voldemort.

Ils arrivèrent finalement à la tour des Oiseaux-tonnerre et Gabrielle les quitta pour retourner auprès des Womatou. Avant de partir, elle lui donna quelques informations sur le tournoi ; la date de l'annonce de la première tâche et quelques autres petites choses comme cela. Harry n'y prêta pas beaucoup d'attention, toujours pensif.

Gabrielle remarqua qu'il ne l'écoutait pas et, comme pour le faire revenir à la réalité, elle l'embrassa sur la joue et lui chuchota.

— Tu devrais essayer de t'amuser un peu et de te faire des amis, tu n'auras peut-être plus jamais l'occasion de revenir en Amérique. Je suis sûre que Ron t'aurait dit quelque chose comme ça s'il avait été avec nous aujourd'hui. Il n'aurait pas supporté que tu te renfermes sur toi-même. Tente d'être heureux.

Harry ferma les yeux un petit instant, inspirant lentement puis, un peu avant que Gabrielle ne disparaisse, il murmura, dans le vide.

— J'essaierai, c'est promis.

Et il ignorait s'il adressait ces mots à Gabrielle ou à Ron.

Alors qu'il se retournait pour suivre Therence qui lui ouvrait les portes de la tour, Harry ressentit une violente douleur au cœur et cette fois-ci il n'eut aucun doute, le lien entre Tom et lui s'ouvrit instantanément.

Aveuglé par la violence avec laquelle celui-ci s'était ouvert, il gémit d'une voix rendue plus grave.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? Tom...

À suivre...

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