— Passe moi les sardines.
Le jeune de la troupe relève les yeux vers celui qui a réussi à s'inviter à leurs vacances. Il arque ses sourcils de façon interrogative. Cette action est suivie sur le champ d'un soupir d'énervement et d'un déplacement de la part du néerlandais qui se saisit d'un petit sachet en tissu posé par terre.
— T'as jamais fait de camping ou quoi ?
— Non.
A côté, la seconde tente est en train d'être montée. Un rire s'élève alors à la vue de la forme que celle-ci est en train de prendre.
— En fait, personne d'entre vous a déjà fait du camping c'est ça ?
— Si on en a déjà fait.
Les éclats de rire se font encore un peu plus fort et des larmes se mettent à briller dans les yeux azur du néerlandais.
— T'as vu la tronche de ta tente George ? Me fais pas croire que tu sais la monter parce qu'elle finit par terre au premier coup de vent vu comment vous avez fait ça. En fait, t'as pas eu pitié de moi Lando, t'avais besoin de moi.
Les quatre compères éclatent de rire avant qu'une tente finisse d'être montée tandis que la seconde est démontée. Les deux futurs dormeurs de celle-ci suivent alors les consignes dictées pour la reconstruire.
— C'est vrai que c'est quand même mieux comme ça.
— Mais tu fais du camping Max ?
Les regards curieux sont posés sur celui qui est en train de souffler dans une valve et de rapidement gonfler un matelas avant de l'envoyer dans la tente.
— Oui, on en faisait avec papa, maman et Vic. Et puis, on a continué après.
Un léger silence s'installe avant que le bruit d'une fermeture éclair se fasse entendre, la petite tente se retrouvant fermée.
— Bon maintenant que tout est prêt, on mange histoire de pouvoir aller la boire après cette Guinness ?
Les quatre jeunes marchent à vive allure dans la petite rue en pente. Ils retournent dans le pub où ils ont bu une boisson et se sont réchauffés un peu plus tôt dans la journée. Devant celui-ci, quelques personnes sont en train de fumer, un verre de bière foncée à la main. L'un d'entre eux en inspecte le contenu avant de rentrer.
— Ça donne quand même pas tellement envie la Guinness.
— Tu pourras toujours prendre autre chose Alex, ils ne boivent pas que ça.
Le plus grand pousse alors la porte avant de la tenir pour permettre à tout ce beau monde de s'engouffrer dans les lieux. Contrairement à l'heure du goûter où une dizaine de personnes étaient regroupées dans un coin à regarder le match, le pub est bondé. De nombreuses personnes sont debout et les voix s'élèvent formant un immense brouhaha.
— Eh ben, y a du peuple pour un petit pat'lin comme ça.
— Qu'est-ce que tu dis ?
— J'ai rien dit George.
— Je parlais à Lando.
— Il disait qu'il y avait du monde.
— Ah, d'accord.
— Bon on se trouve une table ou on achète le fond ?
Ils finissent par se laisser tomber dans un coin de la pièce, s'asseyant sur deux petites banquettes en cuir vert à la dernière table libre. A l'intérieur du lieu, cette couleur est omniprésente, rappelant à tout le monde le pays dans lequel ils se trouvent. La musique résonne couvrant par moment les discussions sans que cela ne paraisse gêner quelqu'un. Les doigts d'Alex tapent en rythme sur la table alors que George et Lando se sont levés pour aller chercher leurs boissons.
C'est à ce moment précis que l'atmosphère change brusquement. Sans les connaitre, les deux anciens coéquipiers restant assis à la table comprennent que les irlandais sont heureux de la musique qui commence à être diffusée dans le pub. Ils se demandent tous les deux que peut bien être cette musique qui a fait se lever la table à côté de la leur et les fêtards se mettre à taper dans leurs mains.
❝ I met my love by the gas works wall
Dreamed a dream by the old canal
I kissed my girl by the factory wall
Dirty old town
Dirty old town ❞
Les deux anglais attendent patiemment leur tour au comptoir alors que le chaos se met à régner autour d'eux. Les chants s'élèvent sans qu'ils ne puissent les rejoindre comme ils le font d'ordinaire. Ils ont une connaissance importante de la discographie anglophone mais ne peuvent faire l'étalage de celle-ci en cet instant précis.
— Pardon. Pardon. Laissez-moi passer. Pardon.
Le plus âgé des deux se prend un coup et se retrouve poussé contre le plus petit qui grogne alors que son corps est compressé contre le bar. Les deux regards se posent alors sur une jeune femme d'une vingtaine d'années tentant de se frayer un passage. Ses cheveux châtains sont attachés en un chignon légèrement défait et elle traine derrière elle une large valise.
— Pardon.
Elle s'intercale entre eux deux sans leur jeter le moindre coup d'œil avant de faire de grands signes au patron de l'établissement. Le pilote Mercedes souffle fortement alors que celui-ci se dirige vers celle-ci et non lui alors qu'il attend depuis déjà plusieurs minutes.
— Un verre d'eau s'il te plait.
En quelques secondes, celui-ci est posé devant la doubleuse et l'énervement perce dans les yeux clairs de l'anglais. Il est alors témoin de la bise que lui adresse celui qui vient de la servir et du grand sourire que les deux échangent.
— Un problème ?
— T'as pas l'impression d'avoir doublé tout le monde ?
— J'ai l'impression que t'es le seul à être dérangé ici. T'avais qu'à être irlandais, tu serais déjà servi depuis longtemps.
Et sur ces mots, elle quitte le comptoir, non sans lui mettre un coup de valise au passage. Il la suit de ses prunelles vertes alors qu'elle navigue à travers la foule. La jeune femme est gracieuse alors qu'elle glisse entre les gens. C'est lorsqu'il la voit être arrêtée pour la cinquième fois pour des embrassades qu'il comprend qu'elle est connue dans les lieux.
— Bon, ils veulent quoi les deux anglais ?
Le choc se peint sur les deux visages alors que l'incompréhension nait en eux. Ils n'avaient rien qui pouvaient laisser penser qu'ils n'étaient pas irlandais. Ils passent commande avant de retrouver leurs deux amis. C'est debout et tapant dans leurs mains sur le rythme d'une nouvelle musique passée dans la sono qu'ils les retrouvent.
— Eh ben, vous les avez fabriqué ces bières ?
— Non, mais ils étaient deux de tens' et tout le monde nous passait devant sans aucun souci.
— Victimes !
— Vous pensez qu'ils nous ont vraiment fait attendre parce qu'on est anglais ?
Les épaules se haussent en réponse à cette question. Ils finissent par tous se rassoir pour profiter de leurs boissons durement méritées.
on est pas team lando (et ses 2 compères) ici concernant le camping haha !