ghettoyouth - graine dans la...

De Enfantdelaville

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« Ghettoyouth marche en solo, parce que dehors gros la confiance est morte. » Sincère, Noémie, Mehdi, Assia e... Mais

Sincère, Vol.1
Noémie, Vol. 1
Assia, Vol.1
Mehdi, Vol. 1 (Partie longue et intense, prépare-toi !)
Iskander, Vol.1
Noémie, Vol.2
Sincère, Vol. Final
Noémie, Vol. Final
Iskander, Vol. Final
Mehdi, Vol. Final - (FIN DE L'HISTOIRE) -
-Annexe/Suites/Retours-

Assia, Vol. Final

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De Enfantdelaville

Le fait que certains parents fassent le déplacement pour venir chercher leurs enfants déjà majeurs à bibliothèque universitaire me fait rire.

Ils sont grands messieurs, nous ne sommes plus à l'âge du brevet ai-je envie de leur dire.
Devant la bibliothèque, des étudiants discutent de leurs dernières révisions et des recherches de stages qui n'aboutissent pas quant à d'autres ils en peuvent déjà plus des rattrapages.

Je remarque que davantage d'étudiants sortent un à un et que le ton monte, les conversations partent alors dans tous les sens. D'autres sont en première année, d'autres en doctorat. J'essaie de tendre l'oreille dans cette multitude de conversations mais seuls les mots : « Putain », « J'ai dormi 3h hier », « J'ai eu 8 à mon TD mon reuf au calme », « Gros, je crois en je suis burn out, j'en peux plus» et le mythique « Mais y a trop de taff merde ! » sont ceux que je capte.

Putain, ça va promettre l'année prochaine.
Je m'éloigne de cette foule et m'assois sur le banc d'à côté où je remarque l'amas de monde qu'il y a maintenant que je m'y suis extirpée. Dans ce public, je distingue une fille élancée qui tente de se frayer un chemin sans jouer de son atout physique. Zoé vient de quitter sa chaise, enfin. Elle se faufile entre eux au travers de : « Pardon mec », « Oups, désolé », « Oulah ! » puis se présente à moi.
De son sac, elle sort son tabac à roulée et ses feuilles slim. Puis, elle me raconte la difficulté qu'elle possède devant le dernier chapitre de philosophie qu'est : « Le Vivant ». Mais, elle se rassure assez vite car elle reste persuadée que ce dernier ne tombera pas à l'épreuve.

– Ouais c'est sûr qu'il tombera pas. Puis même, faut être cinglée pour mettre du Schopenhauer attends. C'est bon, flemme des gens rabat-joie comme lui.

Contrairement à d'autres personnes de notre classe qui se sont elles mélangées, nous avons passées l'année à deux. On ne s'est affiliés à personne. Pas pour faire les meufs, mais juste parce que nos caractères ne s'entendaient pas avec les autres.

Notre filière a été vue comme une filière foure-tout où plusieurs personnalités et niveaux se sont mélangés dont des gens qui n'ont jamais eu un attrait pour la philosophie, la littérature ou la culture en général. On leur doit rien de toute façon à ces personnes.

Alors que je la motive quand même de prendre ce chapitre au sérieux, je reçois un appel de mon père qui demande comment se passe mes révisions à la bibliothèque dont il insiste au téléphone sur le terme « UNIVERSITAIRE ». Il croit déjà que j'y suis.

Me sachant « bonne élève en principe » et «concentrée», la conversation se voit être vite écourtée après quelques compliments et mots d'encouragements.

Zoé est arrivée l'année dernière au lycée, ce qui ne l'a pas empêché de garder contacts avec d'autres personnes de son précédent établissement.

– Ils font une soirée ce soir, faut qu'on y aille. Me dit-elle

Elle vient de finir sa première roulée, elle est sur le point s'en faire une deuxième.
Jusqu'à présent, je n'en ai jamais fait de « vraies soirées ». La flemme a toujours eu raison de moi.

Elle plaide sur le fait que c'est la fin d'un cycle, que les gens de son entourage admiront débattre avec moi sur les questions raciales, de reproduction sociales et politiques sociales auquelles je suis fan.

Puis jusqu'à présent, je ne les ai jamais rencontrés ces potes en dehors de Loic, dont les deux parents sont des professeurs originaires du Cameroun. Je me souviens encore de notre rencontre atypique en début d'année. Il était venu chercher quelqu'un devant le lycée qui s'avérait être Zoé. Impatient, analytique, jugeur et il disséquait toutes personnes autour de lui. Mon cours d'option s'étant finie plus tôt, j'étais assise sur les marches de la maison d'en face à attendre que les les trois autres se grouillent. C'était par ailleurs l'une des rares fois où Noémie était sortie après moi.

Il s'avança vers moi puis me demanda si j'étais de ces Noirs qui votaient à droite, sans l'ombre d'une gêne. Frontale, direct, déstabilisant, il me parut intéressant. J'avais ri et avais dit que non, que je votais pas tout court. Il m'avait alors répondu que lui étant de nationalité française, il votait à gauche. Mais que s'il était camourenais de nationalité, il serait d'extrême-droite. Je comprenais pas sa perspective.

Zoé sortit en pagaille, nous aperçut puis fit de rapide présentation avant de fuir avec lui à un rendez-vous qui avait l'air pressant. Sur le retour, j'avais tenté de réfléchir à sa perspective, mais rien n'en sortit.

A part lui, les autres me sont alors étrangers. Bien que dubitative, une part en moi souhaite y aller non pas pour faire la fête, mais pour voir autre chose, donner une touche d'acidité dans ma vie routinière qui n'a consisté qu'à enchaîner les allers-retours entre Goélands et le lycée et, à faire des articles confidentiels sur les faits divers du quartier que je conserve précieusement. L'univers de Zoé est cosmopolite, je trouverai des personnes avec qui m'allier en plus.

Des étudiants sont retournés dans la bibliothèque et d'autres ont fui. La place se vide peu à peu nous laissant que toutes les deux aux abords de cette place. Je la regarde et dans ses yeux, je vois de l'attente, l'envie que je dise « oui » à ce que nous matérialisons notre amitié au travers d'une soirée où nous nous verrons toutes deux sous une autre forme que celle scolaire et académique.

– Vas-y, j'suis chaude, mais c'est où ? Quelle heure ? Et on se change chez toi alors, sinon mes parents vont me questionner et autres. Ça va être chiant.

Un sourire de gamine prend possession de son visage. Elle me sert dans ses bras, part récupérer mes affaires à la bibliothèque puis on quitte les lieux. A bientôt la bibliothèque, à bientôt la fac de socio.

Sur la route pour mon arrêt de bus, j'entends la conversation d'un père qui narre à son fils ses rebelles années lycéennes. Des souvenirs encore frais, compacts et linéaires. Il n'avait donc rien vécu de plus pertinent depuis ? Pourquoi était-il encore impacté par des souvenirs qui remontent à presque 40 ans si je me fie à sa calvitie et sa peau ridée ?

En tout cas moi, ça me manquera pas. Les profs, les pions, les responsables éducatifs me manqueront vraiment pas. Seule Dorianne me manquera, cette valeureuse femme de ménage qui essuyait nos chiottes et tout l'établissement de fond en comble. Elle n'était pas la seule à faire ce travail, mais c'est d'elle dont je me suis le plus rapprochée. Je conversais même de temps en temps avec elle. Je lui souhaite que du bien à elle et à son travail de l'ombre. Les autres, bonne route. « Chacun pour soi, Dieu pour tous » j'ai envie de dire.

Zoé me dépose à mon arrêt de bus avant de s'enfuir heureuse pour le sien.

– Dans une heure ici, à la gare. Prends tes affaires on se changera chez moi alors !

C'est dans un bus plein et à l'odeur putride que je monte. J'appréhende la rencontre avec ses potes. Au travers de Loic j'ai pu apercevoir un l'échantillon, mais ce n'est pas assez pour me rassurer. Les autres doivent être différent.

Zoé est de ces filles particulières. Pas non plus le stéréotype de la fille branchée avec ses codes, mais nous ne sommes pas loin. Elle n'a grandi qu'avec son père et sa belle-mère avec qui la relation est des plus belle. Sa belle peau métissée, ses tresses qui sont marrons, jaunes ou bleus en fonction de son humeur et ses vêtements souvent noirs, elle a toujours été à la limite de tout. Jamais trop loin de la foule, ni trop près. Ainsi par son caractère, elle sait créer des amitiés avec les gens tout en leur faisant comprendre qu'ils sont juste camarade de route, collègue ou connaissance appuyée. Toutefois malgré sa sociabilité et sa fraîche communication, elle n'a pas su être propre à ses caractères durant notre année scolaire. C'étaient l'environnement et les gens du lycée qui causaient ce problème.

Notre lycée bien que mixte ne faisait pas de melting- pot, ne tuait pas les disparités ethniques et économiques. Il créait plus de merde qu'autre chose. Les gens qui provenaient du centre-ville parlaient rarement aux gens de la banlieue et les gens de la banlieue trouvaient les gens du centre « ennuyeux » et « sans-couilles », comme dirait Noémie.

Cette disparité se voyait aussi dans l'attribution des classes. Certaines classes en série scientifique étaient composées que de Noirs, Arabes, Asiatiques et autres teintes de peaux. Tandis que dans les autres classe de cette même série, y avait que des Blancs. Mehdi était la petite pépite, le petit particulier, l'Etranger, il était le seul à avoir atterri dans une classe de Blanc.

Les séries économiques étaient un peu plus mixte ethniquement et économiquement que les autres filières, mais des disparités subsistaient malgré tout. Les Rebeus restaient avec les Renois et les Blancs restaient entre eux, à l'exception des Babtous qui avaient une culture populaire proche des Rebeus et Renois. Au conseil de classe et rapporté par Antoine leur délégué, Noémie m'avait dit que leur prof de sport s'était plaint de ces sortes de segrégations.

– "Ce que je constate en demi-fond, c'est que pendant l'échauffement, sans faire de sous- entendus, les Noirs et Arabes sont souvent entre eux. Les Blancs eux, sont sur le côté. Je trouve ça dommage."

Leur prof avait tenu ses propos après qu'Antoine eut rapporté le fait que des élèves de sa classe s'étaient plein de quitter trop tard les cours d'E.P.S et donc d'arriver en retard au cours au suivant. Bien que la remarque était chelou, des profs remarquaient aussi que quelque chose n'allait pas.

En série littéraire c'était un zoo. C'était ce même zoo qui créa un rapprochement entre Zoé et moi. Cette même lecture des choses, cette même pensée du : « Ah ouais, ils ont foutu tous les merdeux avec nous si je capte ? »

Ainsi, si cette fille paraissait insociable aux yeux des autres, avec moi elle se livrait sur différents sujets. Elle me disait pas tout sur tout. Toutefois, elle me montrait que notre amitié ne serait pas que l'entente d'une petite traversée, mais belle et bien le gage d'une solide amitié qu'elle tenait beaucoup à conserver.

Chez moi, je retrouve mon père qui me demande comment s'est déroulée cette dernière séance de révisions. Je lui réponds que j'aurai le bac avec une mention au minimum avant de m'enfermer dans ma chambre afin de finir le thread complotiste sur Twitter que j'avais lu la veille sur Angela Davis et son lien avec la CIA. Je poursuis en parallèle le documentaire sur les Black Panthers que je n'ai pas fini.

J'entends les bruits de pas de ma mère se diriger vers ma chambre. Elle ouvre la porte, sa grande silhouette me fait de l'ombre. Elle me demande comment est-ce que ma journée s'est déroulée avant de me laisser seule voyant que ma concentration est ailleurs.

Les deux occupations consommées, je fous un sweat et un jean dans mon sac avant de les prévenir de mon absence ce soir. Si le premier regard de mon père est froid et tend vers une confrontation, ce dernier comprend que sortir m'est nécessaire après ces derniers jours épuisant.

– Bouge pas, je te dépose ma fille. Me dit-il

Le trajet est vide, peu de mots sortent de sa bouche et de la mienne. Les quelques fois, il me répète qu'il est fière de moi, fière d'avoir une fille intéressée, qui aime étudier et qui est tout ce qu'il aurait voulu que je sois. Des mots que j'ai plusieurs fois entendu et qui aujourd'hui ne me font plus grand effets.

Il parle du temps qui passe et de ce que je compte faire cet été. Il poursuit, voit mon silence mais continue de sourire. Le moment passé en ma compagnie lui fait du bien. Il se sent proche de sa fille aînée, celle pour qui il a tenté d'être la meilleure personne sur terre. Il s'arrête près d'une pizzeria du centre-ville avant de me passer de l'argent.

– Tiens, t'es proche de la gare, j'aurai du mal à trouver de la place. Amuse-toi bien ce soir, appelle-moi si tu veux que je vienne te chercher.

Je prends le billet puis il me serre dans ses bras alourdi par son pull en coton.

– Je suis fière de toi Assia.

Le message sonne différemment cette fois-ci. Il voit que je grandis que je ne suis plus cette petite qui lui demandait de l'aide à chaque fois que le moindre obstacle se présentait devant moi. Qu'il n'est plus mon super-héros mais qu'il est juste mon père, c'est comme ça que je le vois.

A la gare, Zoé est déjà là impatiente et toute excitée de voir que je n'ai cette fois-ci pas décidé de lui mettre de plan. Elle s'avance vers moi avant de me prendre dans ses bras puis d'allumer sa roulée en attendant que le Bus 7 passe. Elle me vend cette « soirée de fin de cycle » et me livre toutes les caractéristiques de cette dernière.

La maison, les gens et l'ambiance qu'il y aura. Je la sens contente de me voir avec elle, comme si j'étais la personne qu'elle attendait, comme si j'étais la pièce manquante du si grand puzzle de relation qu'elle tentait de nouer depuis des lustres.

C'est la première fois que j'emprunte ce bus. Contrairement aux nôtres, il est peu spacieux, sombre, vide et surtout silencieux. Le peu de gens dans le bus ne parlent pas, n'émettent pas de bruits.

– C'est un corbillard ton bus. Pourquoi ils ferment tous leurs gueules, ils ont peur ? Lui demandè-je.

Elle m'explique alors et ce manière hypothétique, que c'est uniquement dû aux critères sociaux des gens qui empruntent cette ligne quotidienne. Elle m'intéresse alors.

Selon elle, les grandes lignes de bus desservent à horaires fréquentes (Toutes les 8 à 10 minutes) les endroits les plus habités comme Goélands, les quartiers nords et sud de la ville (comme Maupassant), et les communes alentours que sont Amouvie-sur-Somme, Etamandre et Longie. Ces communes et quartiers sont en général mixtes, culturels et assez urbanisés.

Elle dit alors pour rire que sa ligne ne prend que des petits vieux racistes et retraités qui vivent en dehors de ces coins urbains car ils ne veulent pas avoir affaire aux différentes peaux pesantes qui leur rappellent qu'ils sont désormais colonisés et qu'ils peuvent se faire tuer à n'importe quel moment par, je cite : « Un de tes frères»

– Bah ouais, c'est vrai non ? C'est ce que disent les médias, donc bon, j'y crois moi !

Face à mon rire, elle m'explique finalement de manière pédagogique que son bus dessert peu d'arrêts en ville et qu'il emprunte la rocade pour se rendre chez elle, la seule est unique route.

Nous sommes à sa dessert, à l'arrêt Voltaire. L'impression d'être à la campagne. Une maison toutes les 500 mètres, des clôtures de chevaux et une horrible odeur de ferme qui m'oblige à me pincer le nez.

– Je te l'ai déjà dit, on est pas à la cité ici. Ça c'est ma France, la vraie et la profonde !

Elle mime alors satiriquement un soldat et se met au garde-à-vous. Quelle comique cette fille. 20 minutes de randonnée plus tard et nous voilà chez elle. Personne n'est présent et c'est tant mieux. Je ne veux pas me présenter de peur d'être intimidée, d'être passée au microscope et d'être ensuite analysée par ses vieux.

Elle m'entraîne directement dans la cuisine où elle se sert déjà à boire puis m'entraine dans la chambre où nous nous changeons et redescendons boire. Elle reçoit un SMS de Loic.

- : Je peux venir vous chercher si vous vous voulez, je suis à côté !

Elle est hésitante, paraît peu sûre d'elle alors que la proposition nous arrange toutes deux.
Elle finit par répondre.

Z - : yeah, si tu veux hein écoute.. 

Elle m'explique qu'au travers du « si tu veux » elle cherche à se faire désirer. Ça l'amuse, mais je trouve rien de marrant à cela.
Elle me fait un rapide room-tour car sa maison est assez petite puis me parle de Goélands, de cette cité « malfamé et particulière » selon ses mots. Je bois mon verre puis la regarde un instant avant de chercher un sens à ses propos qui paraissent aussi cons que débiles. Voyant mon silence et son manque de pertinence dans ses propos implicites, elle se ressert et me pose une question.

– Il s'est passé quoi dans ton quartier les quelques semaines et mois qui ont suivi ?

Une fois alors qu'on était en cours d'histoire, je lui avais parlé des investigations que je menais de temps à autre dans mon quartier. J'avais volontairement omi les détails de ces derniers pour pas qu'elle en sache trop, mais assez pour savoir que je tenais quelque chose de sérieux.

Ce jour là elle paraissait évasive, apathique et n'était pas revenue sur mes propos, elle avait même changé de sujets sans revenir à ma déclaration.

Après déjà deux verres, je la sens intéressée et surtout excitée de ce que je peux lui révéler. Elle sert si fort le verre que je crains que ce dernier ne lui explose entre les mains. Elle boit et continue de maintenir mon regard afin que je lui échappe pas, que je ne fuis pas.

Le bruit de ses ongles contre la table souligne l'impatience, la fine attente lui est insupportable. Elle veut tout savoir et ce, maintenant.

- Ces derniers temps y a eu un mort et deux disparus dans la cité. T'as eu Evan qui est mort soi- disant tué par le frère de Mehdi. Tu sais Mehdi, le rebeu cheveux assez long, qui est avec moi le matin et au retour ? Puis deux autres, Johanna et un ancien, dont j'ai oublié le prénom. Cheikh il me semble, mais je suis pas sûre. Un ami proche des frères Diawara.

Elle écarte son verre positionné elle afin d'accueillir mes propos.

– Joanna gèrait un réseau de prostitution dans la ville mais elle le faisait pas seule. J'ai dû mal à trouver avec qui elle le faisait. J'ai certaines pistes que j'exploite. J'espère juste qu'elles s'avèrent fausses parce que putain... Bref.

C'est à peu près 20 meufs qui bossaient pour elle et qu'elle a recruté au travers des réseaux sociaux Instagram et Snap mais aussi dans la rue. Elle voyait que t'étais belle, que t'étais bonne, que tes habits étaient vite fait et que t'avais une certaine tcatche puis bam, elle te branchait.

Elle t'emmenait dans les plus beaux endroits de la ville, restaurant, spa, club de golf et hôtel 5 étoiles et j'en passe. Elle se confiait à toi puis commençait à faire venir des mecs dans ces endroits là. Au début, elle te dit que c'est rien, que ce sont que des amis, ils viennent juste passer du bon temps avec vous puis de fil en aiguille, tu te retrouves dans un vice où tu baises avec n'importe qui, avec n'importe quoi. Je sais pas combien les mecs les payaient mais souvent ça pouvait monter jusqu'à 400 euros l'heure avec l'une des filles.

– Je vois. Et les filles ne faisaient rien, elles ? Me questionne-elle.

– Qu'est-ce que tu voulais qu'elles fassent ? Tu sais la plupart sont des perles au milieu d'une déchetterie.

Elles sont magnifiques, ont de beaux traits, une élégance naturelle, un charme particulier mais pas de structure. Situation familiale compliquée, situation financière désastreuse ou sinon juste une ambition élevée de ce qu'elles veulent mais qui n'est pas en lien avec ce qu'elles ont. Elles ont connaissance de leurs atouts donc elles se disent autant en tirer profit de la manière la plus simple possible... Tu sais, 400 euros c'est qu'une moyenne. Souvent tu pouvais te retrouver avec les petits vieux bourgeois du centre-ville qui pouvaient te donner beaucoup plus si tu faisais bien les choses et si tu te soumettais bien. De petits pourboire par ci, des cadeaux par là. Bref, y a de quoi de faire dans ce milieu.

Sa tête s'incline vers la gauche et ses yeux aussi. Pensive, elle mijote son argumentation.

– C'est chaud de fou. Je me doute que ça existe dans les grandes villes ou dans les films ce genre de trucs, mais pas là, pas à Goélands, pas dans notre ville. Qu'est-ce qu'il lui est arrivé du coup à Joanna ?

– Elle a disparu, c'est tout. Tuée, je crois. Son véhicule dans lequel elle avait l'habitude de rouler a été incendié dans un parking pas très loin de la cité.. Une fois alors que je partais à la boulangerie m'acheter de quoi manger, j'entendais une conversation qui parlait de viol collectif, de blanchiment d'argent, d'appartement remplis de pute et de maltraitance de la part de Joanna. Les gens ont trop la bouche à la cité, j'entendais des trucs sordides je te jure putain. Une fille qui a fait parti de ce groupe a pris la fuite loin, très loin. Certains disent qu'elle vit désormais à Menton, d'autres disent qu'elle est retournée vivre chez sa famille en Italie. Mais la vérité c'est que personne n'en sait rien. Mais avant de partir, elle a fait des déclarations aux quelques membres de sa famille qui lui ont pardonné. Elle a déclaré qu'elle voyait le peu des sous qu'elle touchait et que la plus grosse part allait dans la poche de Joanna et de son collègue dont elle a voulu taire le nom. Elle a aussi déclaré qu'elle a tapiné un peu partout et que de grosses têtes sauteraient si elle déclarait tout.

La bouteille est presque vide et l'envie de boire ne me vient plus, raconter tout ça m'estomaque. Elle sort alors du frigo du jus de pomme qu'elle sert jusqu'à ras bord. Je me demande où est Loic, la soirée risque d'être longue si on poursuit.

– Les flics n'ont pas enquêté sur Joanna ? Et Cheikh, lui, il s'est passé quoi ?

La petite lampe de table est allumée. La fumée de sa roulée enroule elle même l'ampoule allumée. Une lumière tamissée, les murs en bois en guise de décorations et nos verres à vin. Un peu plus et j'ai l'impression d'être une inspectrice dans une série judiciaire de la blaxploitation des années 1973 aux Etats-Unis.

– Certains pensent que la préfète est trempée dans l'histoire de Joanna et qu'elle connaissait des hommes af filiées à son réseau. Au quartier tout le monde connait cette histoire. Mehdi, Iska et Noémie pensent aussi la même chose que moi car en plus de l'enquête négligée, il n y a jamais eu un mot dans les médias de la part des responsables politiques. J'ai trouvé ça bizarre. Et honnêtement, je me demande même si y avait pas son corps dans la carcasse. On en saura rien de toute façon, l'enquête a été classée sans suite. Mais elle a été tuée, ça c'est sûr et certain encore une fois.

– La préfète sérieux ? Putain, c'est chaud. Ça m'étonne pas en vrai, les politiciens sont chelou un peu. S'exprime-t-elle.

Je rajoute des glaçons dans mon verre de jus de pomme qui mélangés aux restes du rosé que j'ai bu avant laisse une douce âpreté que j'apprécie. Je bois une gorgée et continue.

– Cheikh est une affaire particulière. T'as dû en entendre parler car l'affaire est passé dans le quotidien régional. C'était un vieux contrairement à Joanna. Mais un bizarre aussi. Il baisait des petites qui venait à peine de taper la majorité. Dans d'autres cas, du moment que t'avais le corps d'une femme, pour lui c'était bon. Il pouvait te draguer ouvertement à la vue de tous. Il avait fait de gros sous au quartier d'après Iskander. Mais contrairement à d'autres, il faisait tout en solo, il avait ses plans, ses petits, pas de bras droit ou autres. Donc ouais, il pesait en terme de frique et d'influence quand même. Un matin, une maman qui va déposer ses enfants à l'école voit un homme les yeux dans le vide et la bouche semi-ouverte sur un parking situé près des Coursives. Jusque là pas d'inquiétude mais au retour, l'homme est toujours dans la même position. Elle appelle les flics qui tout de suite quadrille la zone. Le quartier apprendra qu'il est mort poignardé de plusieurs coups de couteaux à l'abdomen et au thorax dans la nuit du 16 octobre 2018.

– Triste, mais mérité. Tu sais pas qui a pu le tuer du coup ? Me dit-elle.

– Non, j'en sais rien pour le coup.

Elle rallume sa clope qui s'était éteinte et une légère pensée me traverse l'esprit. Je pense à mon carnet, à mes fichiers d'ordinateur sur lesquels je mets tout en lien au travers d'un logiciel qui dresse des schémas automatique de toutes ces affaires. Je repense à l'article concernant le fait divers et à la mort spéciale de Cheick. J'épluche les suspects que j'avais en tête puis, une petite théorie me traverse l'esprit.

Des petits du quartier ont du le tuer en fait. Non, un petit du quartier a du le tuer, ça j'en suis certaine. Pourquoi ? Parce qu'il était proche que des tipeus, seuls eux bossaient pour lui. Il devait avoir un lien de confiance avec son meurtrier au vu de sa mort. Tout laisse à croire que c'était une personne qu'il connaissait. Un petit en qui sa confiance était de fer, avec qui il trainait aux yeux de tous. Il trainait souvent avec Lorenzo. Non, ça peut pas être lui, pas le frère de-

Loic est là. Ça faisait même plusieurs minutes qu'il toquait mais que la musique et notre conversation assourdissaient ses efforts.

– Putain mais vous jouez les sourdes ou quoi ? Ça fait un bail que je suis là ! Nous crie-t-il

Nous faisons des excuses souples puis il nous demande de vite quitter les lieux car du monde est déjà présent.

– En tout cas, c'est bien chaud tout ça. On finira cette conversation plus tard Assia. Je sais que t'as plus à me raconter.

Sauf que je n'ai aucune envie de raconter à Zoé les autres histoires et surtout, l'hypothèse que je viens à l'instant d'émettre. L'alcool la déshinibe, elle en a pour plus longtemps avant d'être complètement saoule. A peine dans la voiture, je regrette d'avoir livré autant de détails car qui sait, peut-être qu'elle s'en servira un jour contre moi ou me verra d'un œil différent. Comme voyeuriste ? Une meuf chelou ? Je n'en sais rien, je suis pas dans sa tête, mais cela me gêne.

Après avoir emprunté une route de campagne où durant le trajet Loic n'a fait que de se plaindre de l'attente subie plus tôt et de la dernière sortie artistique de son rappeur favori, nous arrivons devant ce qui semble être une maison de campagne séduisante en pierre.

Aux fenêtres, des silhouettes effectuent des va et vient entre les différentes pièces de la maison. Je sens le corps raide et sec de Zoé s'affaler sur mes épaules avant de sentir son étreinte se solidifier puis me guider jusqu'à la porte d'entrée au travers d'une drôle de façon. Nous sommes comme des siamois. A l'intérieur, je remarque des personnes répartis ici et là, de tout âge, de toutes tranches. Comme moi, elle en connaît certains et pensent en reconnaître d'autres.

– Je te cache pas que je pensais pas qu'il y aurait autant de monde ! Me dit-elle.

Loic s'est volatilisé et nous a laissé toutes les deux. Facilement, Zoé se lie d'amitié avec une Elise qui nous fait un room-tour, qui nous questionne avant que Zoé prenne la fuite afin de rejoindre une pote qu'elle remarque à l'autre bout de la pièce à vie.

Je me retrouve seule.
Zoé a fui me laissant le supplice de me lier d'amitié à des quelconques humains.
Dans le jardin, je croise un clan de fumeuse qui évoque David Bowie et les œuvres de avant-gardiste de Martha Cooper et de William Klein. Outre les intérêts, je vois dans leurs expressions, leurs gestes et leurs regards du Zoé. Elles doivent provenir du même lycée, qui sait.

A l'intérieur, je retrouve Loic qui occupent lui et son pote les escaliers. Leurs conversations a l'air entraînante. S'ils partent premièrement sur les problématiques du métissage interracial, ils enchaînent ensuite sur le dernier match de play-off des NBA.
Finement, je m'assois avec eux et m'insserre dans leur conversation afin de revenir au sujet initial.
Loic est camerounais mais sa mère est métisse. Quant à Sam que je découvre, il est réunionnais mais ses origines ne se lisent pas sur son visage. Tous deux expliquent leurs points de vue et livrent leur avis sur la mixité raciale sur ce qu'ils semblent être : « à la fois la plus belle chose mais aussi la plus terrible à gérer », je les écoute.


Tant l'un est extrémiste et pense que c'est une hérésie, l'autre l'accepte avec une condition d'éducation et de transmission de valeurs des deux partis. Je les regarde débattre, entends l'opinion de l'un et joue le faux arbitre dont l'idée est déjà tranchée à ce sujet pour moi.
Autour de moi, des personnes de toutes confessions, croyances et principes marchent et s'amusent ensemble. Des conversations ouvertes, des galoches publics et des ragots hurlées puis, un sentiment de reconnaissance envers mes parents me vient. C'est étrange ce que l'on peut parfois ressentir à des moments où les ressentis et les pensées devraient être tout autre. Je pense à leur traversée, à leurs histoires, à eux qui se sont démunis afin que je puisse être là où je suis, à moi, la première enfant d'une famille d'immigrée dont le fardeau est lourd quand on regarde aussi ma provenance actuelle.

– Mais toi tu viens d'où ? Me demande Sam, alors qu'un sentiment de tristesse me distançait de leurs conversations.

– Je viens de Goélands, mais sinon j'suis Djiboutienne. 

Il sourit puis me dit qu'il a joué dans le club du quartier plus jeune et qu'il garde de bons souvenirs des personnalités du club, notamment ceux qui provenaient de Goélands. Il m'évoque des noms qui ne me disent rien mais à son regard, c'est comme s'il avait vécu toute une multitude de choses durant ces années là.

– On jouait en régional. On était fort, très fort. Tous technique et physique ! Je me souviens de Diego, un latéral gauche de malade. Je me souviens aussi de nos célébrations dans les vestiaires, elles étaient dingues. Je me souviens aussi des mecs du quartier qui venaient faire peur à l'équipe adverse et intimider l'arbitre. Alala, c'était n'importe quoi ! Avec le temps, les scandales ont commencé à remonter à la fédération puis on a fini par se faire reléguer en district. Depuis, je sais pas le club devient quoi.

Je lui dis que rien a changé, que les supporters du club continuent toujours de se présenter aux matchs afin d'insulter et menacer les joueurs de l'équipe adverse et l'arbitre. Je lui annonce aussi que le club a risqué de se faire radier, chose à laquelle il rigole puis poursuit en se posant en avocat du diable.

– Malgré tout, je me souviens que les gens étaient braves et solidaires. Les jeunes se connaissaient depuis petits, ils étaient tous proches. C'était bizarre à voir en vrai. Moi je venais de l'autre bout de la ville, dans une autre commune, à 20 min en voiture d'Etamandre donc laisse tomber la différence de mentalité. (...) Par exemple, je me souviens d'une fois, après un match annulé à cause de la météo, mes darons pouvaient pas venir me chercher dans les heures qui suivaient. Alors que je pouvais rentrer en bus, l'entraîneur tenait à ce que je rentre sain et sauf. Tous les petits avaient contacté leur frère, cousins, sœurs, tantes et même des grands du quartier avaient cherché des humains qui livraient en ville afin de me déposer au passage. Au final, c'était Léandro, le cousin de Diego qui m'avait déposé chez moi, au calme. On était même passés s'acheter un McDo entre temps. Alala, FC Goélands, que de souvenirs !

Il se lève et semble s'extirper de ses souvenirs, il m'invite à aller danser. Je le suis alors et remarque son petit gabarit frêle mais son allure sûr de lui. La piste est quasiment vide. Les gens préfèrent profiter des températures encore douce pour l'instant. Les sons défilent et je le regarde faire du mieux qu'il peut.

– Je sais pas danser donc te moque pas sérieux. Me dit-il

Dans un ouvrage que j'avais lu il y a longtemps de cela, le narrateur interne expliquait qu'il trouvait cela dommage que de nos jours danser peau sur peau, sensuellement, était mal vu et peu pratiqué. Cela donnait alors le résultat d'une sécheresse sexuelle tant chez l'homme que chez la femme. Il expliquait ensuite que de nos jours, tout se fait à distance, sans contacts, par sécurité ou par peur.

Je me rapproche alors de lui afin de lui montrer quelques pas de danse qu'il pourrait faire.
Je prends sa main moite et le guide au rythme de la musique pop diffusé. Il finit par adopter la chorégraphie que je lui ai transmise et il l'applique bêtement aux 3 autres musiques qui suivent bien que ces dernières soient opposée à sa danse.

Il m'entraine vers lui et pose ses mains sur mes épaules tombantes. Ses mouvements de hanches raides me montrent qu'il n'a jamais dansé de cette manière ou du moins, qu'il n'a jamais dansé sur des musiques qui nécessitent d'être suave avec ses reins.

– Tu sais pas danser mon pote, tes mouvements de reins sont archi secs ! Lui dis-je

– T'as qu'à les huiler, madame la mécano ! Me répond-il avec quelques rires La musique touche à sa fin, nos corps alors entrelacés se dissolvent de la manière la plus calme possible. En regardant sur ma droite, je remarque Loic. Il nous regarde. Depuis combien de temps était-il là ?

– Merci pour cette danse ma pote. Ceci dit, je vais me m'empéguer la gueule moi, ciao.

Alors qu'il part rejoindre l'une des mille pièce de la maison, le même corps sec et raide qui m'a accompagné toute l'année s'appuie de nouveau sur moi. Cette odeur de vanille et de produits Cantu pour les cheveux s'abandonnent à moi. Les quelques respirations qu'émet Zoé sente la téquila, la beuh et une odeur chaude de renfermé et de pourri. En me retournant afin de la voir, je remarque que ses yeux sont rouges, fendus et que ses cheveux ont une forme gaspillée, négligée et en bordel. Ses lèvres sont salivées, je regrette sa crinière.

Dans ses yeux, je perçois les événements récent et devine ce qu'il s'est passé. Avant même que je puisse lui poser la question, elle me jette sur Loic qui part sa réaction feint d'être saoulé de l'acte de Zoé. Elle s'assoit à côté de nous, nous complimente puis s'apprête à rejoindre une personne qu'elle pense connaître.

– Vous pensez vous, qu'on sera reconnu un jour en France comme français ? Moi j'hésite encore. Notre peau est trop présente, trop soulignée, trop marquée. Même toi Zoé, malgré ton métissage.

Elle se nachav avant même qu'il ait terminé sa phrase. Il la voit fuir mais poursuit toujours ses propos sans virer un regard dans la direction que Zoé a prise. Il sait que je vais rester, Zoé sait que cet entrevue m'est destinée. J'aurais aimé cette fois- ci qu'il me parle d'autres choses, mais j'accepte l'entrevue.

– On est pas l'histoire de la France, on est une partie souvenue, meurtrière, violente et dont les stigmates sont encore marqués sur nous. L'exemple même avec les footballeurs et artistes, à qui on demande constamment d'appuyer chaque jour leur affiliation et amour envers la France. T'sais quoi ? Je sais pas si j'aime ce pays, en vrai. Me dit-il

– Mais est-ce que tu penses alors que ce pays t'aimes en retour ? Est-ce que tu penses que ta relation avec ce même pays est morte ?

– Notre relation est comme un couple qui pourrait s'aimer inconditionnellement mais, à condition que les deux changent. Sauf qu'à partir de là ce n'est plus de l'amour, c'est de l'adaptation, c'est niais, c'est de la merde. Mais si je me contre-argumente, mon père n'a pas vécu de racisme à son arrivée alors que mon grand-père maternel en a souffert de cette merde. Ma mère, elle-même métisse et ayant vécue ici toute sa vie l'a vécue. C'est bizarre, j'explique pas ces phénomènes.

J'ai longtemps souhaité avoir une personne comme lui afin de parler de ce genre de sujets qui de nos jours prennent de plus en plus d'espace avec des revendications de tout être. Mais cette fois-ci, je n'ai rien à dire et ne cherche pas à m'exprimer ou même à disséquer le sujet dont j'ai le tenant et l'aboutissant en tête.

Je veux juste rester là sur ce canapé à être flasque, à être crêpe et à regarder les festivités se dérouler sous mes yeux sans que j'y prenne part. Il m'imite et adopte ma posture fanée. Il n'a pas cherché à savoir ce que je pensais car nous savons tous deux que nous en parlerons plus tard, ou une autre fois, ou un prochain jour dans lequel nous nous verrons seulement tous deux.

Les lumières sont éteintes et nous plongent dans le noir. Le froid prend possession de la nuit, du monde s'empresse à l'intérieur. Les gens sont beaux, délicats mais brutaux à la fois. Je m'extirpe, me retire, me fait petite. Je reste et resterai spectatrice de ce beau spectacle que je témoignerai à mes frères de sangs qui ne sont pas avec moi ce soir. Dommage, l'année a été sentimentale et l'été sera beau, même si nous nous verrons sûrement plus. On se croisera au quartier ou aux résultats du bac qui sait. Au fond de moi, je l'espère. Un bus partagé quotidiennement, voilà ce qui nous aura tenu en lien toute l'année comme si nous aurions pas pu faire plus, pas pu nous dévoiler davantage. C'est dommage, mais c'est comme ça.

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