— Et vous pariez quoi ? lui demandé-je en entrant dans son jeu.
Pourtant je ne suis pas du tout intéressée par son stupide pari. J'ai bien mieux à faire de mon temps que de me bagarrer avec un mec qui ne se souci que de sa propre personne. Je suis curieuse, voilà tout !
Tout d'un coup, je le sens mal à l'aise avec tout cela. Il passe sa main droite dans ses cheveux et son visage se crispe. Il pensait sûrement que je n'allais pas relever le défi. C'est une surprise pour lui.
— Dites moi ce que vous voulez ? Je ferais de même, finit-il par s'exprimer un tantinet inquiet.
Ce que je veux ? C'est bien plus compliqué à définir que le sien. Que pourrait-il m'apporter ?
Mais, pourquoi, je réfléchis à tout ça ? Je suis idiote ou quoi ? Je n'ai pas envie de me lancer dans ce défi ridicule.
Ne rentre pas dans son jeu ! me souffle mon esprit. Il s'amuse avec toi.
Il me prend pour son jouet. Je ne peux pas lui donner satisfaction.
Il n'a incontestablement rien d'autre à faire que de m'embêter ? Qu'il aille voir ailleurs si j'y suis !
— Alors ? On ne va pas y passer la journée ? me pousse t-il à prendre une décision dans la seconde.
Mes nerfs à vif, je ne parviens plus à réfléchir correctement et son empressement me déstabilise.
— Je vois, vous jouez les gros durs, mais en réalité vous êtes une chose toute fragile, m'expose t-il sa conclusion me concernant. Inutile, vous savez que vous n'avez aucune chance contre moi. Je vous comprends !
Je ne suis pas une personne délicate. Je suis bien plus forte qu'il ne le croit. Et je compte bien lui prouver.
Ni une ni deux, je me lève et m'approche de lui. Puis, sans prendre le temps de refléter sur le sujet, je débite ce qui me passe par la tête, tout en le pointant du doigt :
— Je veux, si je gagne, que vous arrêtiez de vous prendre pour le centre du monde, que vous vous excusiez, que vous soyez plus gentil, même très gentil avec moi, ainsi qu'avec votre entourage. Puis, pour montrer votre bonne foi, vous viendrez me faire à manger dans mon appartement tous les vendredis soirs,...
Complètement nu, me souffle mon affreuse conscience.
— ...jusqu'à la fin de l'année, et pour finir, vous m'apprendrez à faire ce délicieux gâteau au chocolat qui est une tuerie.
Oh ! Non ! Qu'est-ce que j'ai fait ? Je viens de réaliser que je suis tombée dans son piège. Une terrible erreur que je risque de regretter ! Rien qu'en voyant sa tête de déterré, je suis morte de peur. Un énorme quiproquo ! Je ne veux pas participer à son jeu débile. C'est insensé ! Comment j'ai pu me laisser embobiner de la sorte ?
Attendez ! Il y a forcement, encore, une petite chance pour que tout ce bourbier ne voie pas le jour ? Il peut refuser ? Il le faut !
— Ok ! entends-je malgré moi.
— Vous êtes sérieux ? dis-je dépitée, mais surtout pour être certaine que ce ne soit pas mon esprit qui me joue des tours.
— Oui, très sérieux, affirme t-il enjoué.
Comment fait-il pour passer d'un état blafard à celui de satisfait en moins d'une seconde ?
Je pensais qu'il allait me traiter de folle, que c'était hors de question, mais non. Et tous mes espoirs partent en fumée quand il prononce ces mots à quelques centimètres à peine de mon oreille :
— Je sais que je vais gagner !
Toujours aussi sûr de lui. J'aimerais lui faire avaler son sourire.
Il va s'en mordre les doigts, il ne sait pas à qui il a à faire. Je suis une dure à cuire quand je le veux, et en plus, je suis une mauvaise perdante. Donc je vais gagner, quoi qu'il m'en coûte.
De toute façon, je ne peux pas revenir en arrière. C'est trop tard !
Je vais montrer à ce goujat de quel bois je me chauffe.
— Que le meilleur gagne ! exposé-je fièrement.
Ce qui le fait immédiatement perdre pied, il s'agrippe fermement à une chaise. Puis, dès qu'il revient à lui, c'est à moi de paniquer. Il me tend sa main.
Je ne sais pas si je dois ou non la lui serrer. Cela viendrait à garantir mon acceptation, et je ne suis pas certaine de vouloir tout d'un coup y participer. Mais je refuse de lui faire cette faveur. Je ne serai pas celle qui abdiquera.
— Vous avez peur ? me taquine t-il, alors que je dresse tout doucement mon bras vers lui.
Je frôle ses longs doigts, ce qui me procure instantanément des frissons dans le bas de mon ventre, avant que mon cœur loupe un battement lorsqu'il empoigne ma main d'un geste brutal et délicat à la fois. Je retire aussi brusquement que lui ma main de la sienne et je perds littéralement pied et me retrouve les fesses assises sur la chaise la plus proche.
Je ne comprends pas pourquoi à chaque contact avec lui, mon corps m'abandonne sans crier gare...
Haletante et prête à partir en courant, si mes jambes ne me faisaient pas défaut, je prie pour qu'il se décide à quitter les lieux par lui-même, ayant eu ce qu'il voulait. Ma déchéance.
Je le regarde et constate avec une pointe d'allégresse qu'il n'est pas au plus haut de sa forme, lui non plus. Il a son derrière posé sur une table et essaye péniblement de se redresser.
Dans ces circonstances, je préfère éviter son regard et scrute mes mains, surtout celle qu'il a touchée avec tendresse. Elle est bien plus chaude que sa partenaire. C'est incompréhensible !
Je n'ai pas le temps de poursuivre mes investigations sur cette énigmatique découverte qu'il en rajoute une couche.
— Mais si je gagne, vous ne remettrez plus les pieds ici ! m'annonce t-il en se plaçant de toute sa hauteur devant moi.
Il est dur là ! J'aime ses gâteaux. Et en plus, il ne peut pas m'interdire de rendre visite à Maria... Mais bon, je vais gagner donc je n'ai pas trop de soucis à me faire.
S'il croit me faire peur ? C'est qu'il ne sait pas qui je suis.
Je le fixe droit dans les yeux. Il a l'apparence de quelqu'un d'inquiet. Son air supérieur a subitement disparu.
— Entendu ! conclus-je en mettant une bouchée de la délicieuse pâtisserie à la bouche.
Ce qui a le don de l'énerver.
— Vous voulez me rendre un petit service, étranglez-vous avec ce morceau de gâteau, vous m'épargnerez du travail ! s'exclame t-il.
J'oublie mes résolutions à rester calme.
— Salaud ! Rira bien qui rira le dernier.
Comment en être autrement ?
— Fabio ! crie sa mère. Ce n'est pas comme ça, que je t'ai élevé.
— Elle me rend dingue, dit-il à sa génitrice pour se justifier de sa mauvaise conduite, avant de se fermer à double tour dans sa cuisine.
— Excuse-le ? Il n'était pas comme ça, mais la vie ne l'a pas gâté, tente la propriétaire des lieux de disculper les actes et surtout les mots de son fils.
— Il ne m'aime pas et c'est réciproque, avoué-je.
Mais est-ce vraiment le cas ? Le détesté-je vraiment ou suis-je en train de tomber amoureuse de ce cauchemar ambulant ?
A vrai dire, je pense que c'est un peu des deux. Je crois que mon corps et mon cœur sont ensorcelés par sa beauté mais ma tête à l'inverse est indignée par tant de méchanceté. Qui va l'emporter, la raison ou la passion ?
Publié le vendredi 30 juin 2023
La suite de ce chapitre est pour demain.
J'espère que vous avez apprécié cette nouvelle rencontre TUMULTUEUSE entre nos deux tourtereaux ?
N'hésitez pas à me laisser des retours et des petites étoiles. Ca fait toujours plaisir.