Des années plus tard, encore.
Clamart.
<<Suis les pétales.>>
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La tension est plus que palpable dans la salle de bain de Marza, là où le couple attend le résultat tant attendu depuis déjà quelques minutes. L'ivoirienne est au bord de les larmes, elle a l'impression d'avoir vécu cette scène un millier de fois et que la fin serait toujours la même.
Une seule barre.
Quand à Mathieu, il se sentait impuissant face à la déprime de sa copine depuis tant de temps. La culpabilité le ronge, il sait pourtant qu'il n'a rien à se reprocher, c'est la nature qui est parfois mal faite.
Ça fait un an, une très longue année à leurs yeux, qu'ils tentent d'avoir un enfant, en vain. Ils sont même allés voir des pseudo-spécialistes pour comprendre pourquoi ils n'y arrivaient pas, sous le désaccord de Mathieu. Pour lui, ce n'est pas un médecin de quarante piges qui va lui apprendre comment "baiser", merci pour la finesse. Mais pour ne pas contrarier encore plus sa bien-aimée, il a fait tous les examens possibles et inimaginables.
Les résultats étaient bons, et ce des deux côtés. Aucun docteur ne put expliquer le pourquoi du comment, c'est juste le destin pensent-ils. Ce qui rend encore plus folle la chanteuse, putain de destin qui ne veut pas, pensait-elle.
La sonnerie de l'Iphone appartenant à Marza les sort de leur silence tendu et stressant, et cette dernière n'ose même plus prendre le test de grossesse entre ses mains. Elle en est sûre, c'est négatif, elle ne pourra jamais tomber enceinte de l'homme qu'elle aime et ça lui brise le cœur en mille morceaux d'y penser. Elle a cette envie depuis très longtemps, et Mathieu veut également partager l'éducation d'un enfant avec sa chérie.
Le Pruski frotte péniblement ses yeux, se préparant à une pluie de pleurs et une journée gâchée par un bébé qui ne veut pas venir.
- Négatif, j'en mettrais ma main au feu, marmonne la femme assise sur la cuvette en logeant sa tête dans ses mains.
Elle attend une réponse de la part de son partenaire, mais rien, juste un long silence. Ce qui veut tout dire, c'est négatif. Son ventre se tord dans tous les sens, elle n'en peut plus d'essayer pour que ça rate à chaque fois, son énergie vient à son épuisement.
- Va mettre ta main au feu alors, articule celui-ci en se tenant à la baignoire pour ne pas tomber dans les pommes.
Son front se fronce et elle relève la tête vers lui, il tient le test en souriant, les yeux humides. Non, ce n'est pas possible. Polak retourne le petit objet vers Marza, se retenant de sauter partout dans l'appartement pour fêter sa joie.
Deux barres.
Le souffle de Marza se coupe et son corps reste figée le temps d'assimiler l'information qu'elle lit sur le test. Une fois comprise, elle éclate en sanglots de joie dans les bras de Mathieu, qui la serre entre ses bras comme si sa vie en dépendait. Des tas d'émotions se mélangeait entre les deux adultes, mais une dominait toutes les autres, le bonheur absolue.
La femme du couple se détache de son homme, attrape sa tête entre ses mains et rit aux éclats.
- Mathieu ! Math' ! Putain, Mathieu !
Aucun mot ne sort de la bouche du décoloré, il sourit simplement de toutes ses dents en se levant pour porter sa copine et les faire tourner sur eux-mêmes.
- Putain, j'arrive pas à y croire ! crie la métisse en ne retenant plus aucune des ses larmes.
- Moi si, je vais devenir papa ! Mon amour, on va devenir parents !
Mathieu pose Marza sur son épaule tel un sac à patate en courant dans tout le loft, hurlant toutes les insultes possibles en la secouant dans tous les sens.
- Tu vas porter Mini-Polak !
- Je porte déjà Mini-Polak, alors lâche moi !
Il dépose Marza, prend ses mains entre les siennes et l'emmène à l'étage sans aucune explication. La chanteuse suit le rythme effréné de son amoureux bien avec des difficultés, ça fait un petit moment qu'elle n'a pas vu la lueur d'une salle de sport.
- Tu fous quoi ?! elle rit en essayant de ne pas tomber dans les escaliers.
- Prépare-toi, mets un bête d'outfit et je t'emmène quelque part.
- Où ça ?
- C'est une surprise ! Il est où ton foulard rouge ?
- Dans ma coiffeuse, mais pourquoi ?
L'homme surexcité ne répond pas, passe un coup de fil discret en s'enfermant dans la salle de bain et enfile une chemise avant de se poser dans le canapé. Tout se bouscule dans sa tête, le test est positif, purée ! Il a tellement attendu ce moment qu'il n'en a pas les mots pour décrire ce qu'il se passe dans son corps. Il a chaud, froid, peur, mais impatient, rien ne va.
Et ce qu'il va se passer va être encore plus fou que l'instant présent.
- J'ai mis ma robe rouge, c'est bon pour ta surprise ?
- Celle en coupe sirène ?
- Ouais.
- Parfait, descends.
La brune tombe dans les bras de Mathieu en n'arrêtant pas de sourire, néanmoins qu'elle soit perturbée par cette soudaine surprise. Le couple le plus mignon de la décennie monte dans la voiture, Polak prend soin de bander les yeux de sa dulcinée et de taper l'adresse sur le Waze. La main droite liée à celle de son bébé, Marza sent des palpitations dans son cœur. Qu'est ce qu'il peut avoir préparé comme ça ?
Marza posait mille et une questions, sans réponse claire du polonais qui avait toujours ce sourire qui ne voulait décidemment plus quitter sa bouille.
- C'est encore loin ? s'impatiente-t-elle.
- Deux minutes.
Ce dernier tourne les yeux vers Marza, plein d'admiration devant sa copine.
- T'es tellement belle.
- J'aimerais te retourner le compliment, mais je ne vois rien ! elle se plaint au second degré.
- T'inquiète pas, on y est, il rigole en déposant un baiser sur le dos de sa main.
Mathieu gare l'Urus dans l'allée prévue à cet effet, aide Marza a ne pas se péter la tronche dans les graviers et ouvre la porte d'une maison. Il remercie intérieurement les mecs d'avoir été vifs et d'être venue allumer les bougies et gonfler les ballons en un rien de temps. La surprise n'était pas prévue directement après l'annonce de la grossesse, mais la joie a été si immense qu'il ne pouvait pas laisser ça à demain.
- Ça sent la vanille...
- Je te retire le bandeau, prête ?
- Argh, tu me stresse Mathieu !
Il ricane et défait le nœud autour des cheveux de Marza, son pouls s'emballant d'un coup.
Sous les yeux de l'ivoirienne, une trainée de pétales de roses rouges fraie un chemin jusqu'au escaliers de la grande maison. Ses sourcils se froncent automatiquement, elle ne comprend pas où elle se trouve. Dehors, elle aperçoit un grand jardin avec un potager et un hamac, comme celui de son papa à Nice.
La maison n'est pas décorée, seulement ce chemin de fleurs qu'elle regarde avec incompréhension.
- Suis les pétales.
Sans aucun mot, elle courre littéralement à travers les étages, jusqu'à tomber sur une chambre gigantesque, bien rangée et envahit de roses absolument partout ! Le lit est parsemé de roses blanches pour le coup, contrastant avec les draps d'un doux rouge. Des ballons en aluminium flottent dans la pièce, et une feuille est laissée sur le lit. Plus Marza s'avance pour la lire, plus elle sent les larmes remonter et elle n'ose pas se retourner pour croiser la regard de Mathieu.
"Bienvenue chez nous mon amour, tourne-toi..."
Pourtant, elle le fait et à ce moment, l'homme de sa vie a un genou au sol, une boite en velours dans les mains et la regarde amoureusement.
- Marza Raïssa, accepte-tu de m'épouser ?
Le choc se lit clairement sur le visage de la jeune femme, qui ne s'attendait pas du tout à tant de rebondissements en moins de deux heures.
- Oui !
Mathieu passe la bague argentée autour du doigt de sa chérie avant de se lever, d'enrouler la taille de Marza et de l'embrasser fougueusement en serrant leurs corps entre eux. Tout leur désir, toute leur tendresse, toute leur fascination et toutes leurs flammes d'amour se délie dans ce baiser ultime.
- Je t'aime, je t'aime, je t'aime, répète la brune en essuyant les larmes de son homme. Putain, tu m'as piqué ma main Pruski.
- T'as volé mon cœur, depuis des années Marza. Et t'as accepté de prendre mon nom de famille.
- T'es à moi, tout entier.
- T'es à moi, toute entière.
Leurs cœurs n'avaient besoin que d'une seule chose depuis tout ce temps, ils avaient besoin l'un de l'autre. La soleil allait se coucher petit à petit, et à la fin de la visite guidée, ils plongèrent dans l'eau de la piscine encore toute habillés.
Marza remonta son homme à la surface, ils s'appuyèrent sur le bord du carrelage marbré en regardant la grande maison exposé plein sud.
- C'est à nous alors ?
- Ouais, pour toujours.
- Je parle de la maison, précise Marza.
- Je parle du bonheur, complète Mathieu en prenant possession de ses lèvres.
-FIN-