LE CHANT DE LA HARPE โŽช ๐˜ฏ๐˜ฐ๐˜ถ...

By -muaddib

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ยซ les feuilles tombent ยป
ยซ et la harpe chante ยป
โคน ๐ง๐จ๐ญ๐ž ๐Ÿ๐ข๐ง๐š๐ฅ๐ž

ยซ le soleil est rouge ยป

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By -muaddib

▬▬▬LE CHANT DE LA HARPE
✧ PARTIE II

🫧

﹙𝒍𝒆 𝒔𝒐𝒍𝒆𝒊𝒍 𝒆𝒔𝒕 𝒓𝒐𝒖𝒈𝒆﹚

         SES AFFAIRES se trouvent rangées rapidement. Dans sa petite malette, chacune se met à sa place réservée, toujours la même, comme une seconde peau sur mesure.
Avec un clic, l'objet de cuir brun se referme.
Au bruit suivant, c'est le petit bureau qui se retrouve plongé dans le noir.

         C'est déjà la fin de la journée et il est temps pour Nore de rentrer. Il a d'ailleurs des courses à faire.

         Il répond brièvement au salut du dernier collègue acharné, d'une main qu'il sait morte et sans entrain malgré son geste ferme. Il s'enferme dans l'ascenseur. Cette fois, il est seul.
Ce n'est pas un hasard.
Il attend toujours le dernier instant.

         Dehors, le vent l'accueille et l'effleure. Le ciel est toujours gris, terne. Nore se sent comme en automne. Tout tombe au sol, tout est froid et sombre, la pluie menace et le soleil se couche.
Et pourtant, les bourgeons affleurent aux branches.

         Est-il le seul à percevoir le monde ainsi ?
Vêtu d'une saison unique qui ne se tarit jamais ?

         Le trottoir qu'il emprunte ensuite n'est pas le même. Celui-là amène jusqu'à un petit supermarché, dont les néons éclairent doucement le bitume d'un blanc opalin. Tout est calme à l'intérieur, un calme endormi et engourdissant.

         Il s'y engouffre avec un soupir.

         A la caisse, la jeune femme ne lui retourne aucun regard, préférant fixer l'écran entre ses doigts, qu'elle tapote de ses ongles vernis. Il lâche deux brèves syllabes et s'avance entre les rayons.

         Généralement, rien ne change de place. Il sait où chercher. Les boîtes colorées lui font face, comme un mur immense qu'il ne souhaite pas franchir. Il en prend trois toujours les mêmes. Lundi, mercredi et samedi.
Elles vont heurter le fond du petit panier qu'il tient dans sa main.

         Il est tard. Le magasin est pratiquement vide.
Nore aussi.

         Il écoute ses pas qui résonnent sur le carrelage propre, comme un bruit monotone de fin de semaine. Il connaît cette ambiance par cœur.
Pourquoi s'en détacher ?

         Finalement, il parvient jusqu'à la caisse, son panier rempli. Il l'est relativement peu mais Nore n'a jamais grande faim. Son appétit de moineau se satisfait des aliments en boîte qu'il consomme. La qualité lui importe peu, tant qu'elle satisfait les désirs de son maigre estomac.

         La caissière somnolente se redresse, les paupières mi-closes et la mine fatiguée. Elle a un joli visage, avec ses yeux légèrement ombrés et son nez droit mais la mastication continue de ses lèvres romp l'harmonie de cet ensemble.

         Elle scanne un à un tous les produits que Nore souhaite acheter sans lui lancer plus qu'un bref regard. Il les fixe, roulant les uns après les autres sur le tapis noir face à lui.
Les couleurs pourtant vives des emballages lui paraissent fades, ternies par les aiguilles du temps.

« Ça fera 43,96€ s'il vous plaît, lui lance-t-elle sans cesser de mastiquer.

⸻ Par carte. »

         Il tape son code.
1-6-6-0
Rien de très compliqué.

         Finalement, l'appareil accepte sa carte et affiche un joyeux "paiement accepté". Nore la retire et range tous des articles dans un sac prévu à cet effet. Toujours le même.
Pourquoi changer ?

         Lorsqu'il sort, la caissière enroule une boucle brune autour de son doigt et lui jette un morne :

« Au revoir. »

         Elle lui ressemble un peu, affable, sans expression et sans émotion. Seulement, Nore ne doute pas qu'aussitôt sortie, elle se sentira joyeuse, libérée, soulagée.
Cette mort intérieure qui le ronge, il est le seul à la ressentir.

         Au bout de la rue, derrière les ombres des maisons, le soleil se couche. Il est rouge, d'un rouge profond, vermeil, comme le sang. Il teinte les petites feuilles sur les branches et Nore ne s'étonnerait pas de les voir tomber.
La nature se meurt et il meurt avec elle.

         Pourtant, les feuilles ne tombent pas. Elles restent toutes accrochées, petites et à peine sorties de la coque de leur bourgeon.
Le rouge que voit Nore n'est qu'illusoire.

         Est-il le seul à y voir du sang ?

         Il reprend sa marche tandis que le vent recommence à souffler dans son dos, plus fort qu'avant. Il s'engouffre dans ses cheveux cheveux châtains et les déloge de leur coiffure propre.

         Soudain, Nore s'arrête.
Il entend des pas, juste derrière lui.

         Lorsqu'il se retourne, c'est pour faire face à Liam, ses cheveux bruns mi-longs cinglant son visage.

« Mais qui voilà ! » s'exclame-t-il avec un grand sourire.

         Il s'approche jusqu'à lui, teintant ses joues rondes et ses taches de rousseur de rayons de soleil.

« Ce serait pas mon associable préféré ?

⸻ Tu m'attendais ? » lâche simplement Nore.

         Liam connaît son emploi du temps invariable. Sa présence à ses côtés n'est jamais due au hasard. Derrière ses airs malicieux et tête en l'air, le jeune homme a toujours une idée derrière les prunelles.

« Je ne nierai pas, sourit-t-il. Ta réponse est toujours définitive ?

⸻ Toujours. »

         Il croise les mains derrière sa tête, avec une moue ennuyée. Nore consulte brièvement sa montre. Il n'a rien contre le retard mais préfère ne pas se coucher trop tard.
D'autant que Liam est aussi bavard que lui‐même est silencieux.

« Tu sais, reprend celui-ci. C'est rare qu'un orchestre d'une telle envergure passe dans notre petite ville. J'ai matté le programme, ça a l'air drôlement sympa.

⸻ Ça ne m'intéresse pas. »

         Liam ne s'est jamais heurté à l'impassibilité de Nore. C'est sans doute pour cela qu'il est resté son seul ami.
Il a fini par perdre contact avec les autres. Un par un, comme des produits passés à la caisse.

« Je m'en voudrais de te forcer mais tu vas finir par rouiller à force de ne jamais sortir.

⸻ Ça ne me dérange pas. »

         Le brun finit par passer une main légère dans ses cheveux. Sous l'obscurité qui tombe, sa peau café au lait prend des teintes bleutées.

« Tu n'as rien à y perdre tout de même. »

         Ce n'est pas la première sortie qu'il lui propose mais c'est sans doute la première pour laquelle il s'acharne autant. Il a pourtant bien d'autres connaissances, certaines beaucoup plus proches. Mais rien ne semble de le détourner de son idée, celle d'aider son coincé d'ami.

         Ce soir, Nore ne le croit pas capable d'abandonner.
Ni lui de lutter.

« Cela ne m'apportera rien, fait-il cependant.

⸻ Cela ne t'enlèvera rien non plus. »

         La mine de Liam se fait plus espiègle tandis que ses pupilles, elles, s'affinent.

« Juste cette fois, dit-il en se redressant. Si ça ne plaît pas, je te promets de ne plus rien te proposer. Marché conclu ? »

         Il n'avait rien à y perdre.
Mais il n'avait rien à gagner non plus.

         Dans ce cas, qu'est-ce que ça change ?

         Au fond de lui, un verrou cède. Un minuscule, bien loin des milliers qui le parsèment tout entier et bloque son âme, son cœur figé comme un ciel nocturne qui a perdu ses étoiles. Un premier pas, peut-être le dernier.

         Mais tout de même, une légère avancée.

« D'accord, je viendrai. »

         Lorsque Liam repart tout guilleret, Nore se demande s'il a bien fait d'accepter. Les amusements futiles ne sont plus son fort depuis longtemps.

         Il se détourne de la silhouette de son ami, si loin qu'elle semble toucher l'horizon. Face à lui, le soleil baisse tant que ses allures sanguines se font plus puissantes.

         La couleur meurtrière envahit ses yeux verts, sublimant sa vision, la modifiant complètement. Il semble que dans sa mémoire, des souvenirs se battent pour émerger. Il cherche à les noyer depuis trop longtemps, tout en ne faisait qu'échouer.

         Il voit brièvement des sourires au milieu du sang, du verre brisé, du métal déformé. Mais tout est flou, élimé par sa mémoire qui cherche désespérément à les bannir.

         C'est injuste, pourquoi est-il le seul à avoir survécu ?

         Il a pourtant l'impression d'être mort lui aussi. Seul son corps continue de fonctionner. Le reste est déjà enterré.

         Et la vision de cette vie plate ne provoque aucune douleur, aucune peur. C'est bien cela le plus effrayant.
Il ne ressent plus rien.

         Même les émotions les plus infimes, les simples soubresauts, les battements de cœur. Tout le traverse sans jamais résonner dans son être.
Il ne vit ces sensations que par procuration, face à la vie que les autres affichent devant lui.

         Il cligne des paupières pour chasser les bruits des sirènes qui remontent. Le coucher de soleil lui paraît banal désormais. Simplement rouge.

         Il est beau mais rien ne saurait l'émouvoir.

         Il finit par rentrer chez lui, au milieu des bourgeons desséchés. Les feuilles s'enflamment par milliers mais chacune est une chimère, Nore le sait.

         Il ira à ce concert et ce sera le dernier.







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« L'automne est la saison où tout se meurt.
Les feuilles se teintent de sang sous la lueur horrifique de la lune car le soleil fuit leur souffrance en se couchant plus tôt. »

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