Une place au soleil [L.S] ✓

By L_Oceane_S

75K 7.6K 10.7K

Lorsque les parents d'Harry décident de quitter le nord de la France pour la construction de leur villa en bo... More

Rendez-vous le 1er juillet 🌞
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23

Chapitre 11

2.8K 329 448
By L_Oceane_S

Hi! J'espère que vous allez bien?
Merci mille fois pour vos commentaires sur le chapitre précédent c'est énorme et ça me touche plus que tout. J'adore lire vos réactions alors merci infiniment,
J'espère que ce chapitre vous plaira également!
...

CHAPITRE 11

(broken acoustic_lovelytheband)

HARRY.

Assis sur la terrasse du mobil home, je soupire longuement, mon casque sur les oreilles et un livre entre mes mains. Sauf que je reviens au moins une dizaine de fois sur la même phrase, étant complètement ailleurs.

Comme depuis une semaine déjà.

Une semaine depuis le barbecue avec Louis et sa famille. Une semaine depuis que je suis rentré et que j'ai entendue la voix brisée de ma mère, au téléphone avec ma grand-mère. Une semaine depuis que ma petite soeur m'a rejoint sur le perron et m'a vu ne pas savoir retenir mes pleurs. Une semaine que ce trou dans ma poitrine a refait son apparition, comme s'il suffisait d'une seule occasion pour me rappeler la culpabilité que je ressens et que je porte en moi depuis beaucoup trop longtemps.

Une semaine aussi que je ne sors plus d'ici, m'isolant complètement. Ça a commencé dès le lendemain du barbecue, quand je n'ai pas voulu emmener Zoé à son activité, là où Louis m'attendait également et a dû m'attendre longtemps. Une pointe de culpabilité me traverse à cette pensée. Encore de la culpabilité. Mais peut-être aussi du regret.

Et mon problème c'est que, lorsque je décide de m'isoler, de devenir transparent, je n'arrive plus à retourner en arrière. C'est comme si ça devenait beaucoup trop réconfortant pour que je tente d'en sortir. Pourtant, ce que je ressens depuis une semaine n'a rien de réconfortant. Je ne vois plus personne. Je vois mes parents tenter de me faire sortir du mobil home, en vain. Je vois ma soeur ne pas oser insister pour que je vienne aux activités avec elle, parce qu'elle sait pourquoi j'agis comme ça. Contrairement à mes parents, elle était là. Elle m'a vu. Elle a entendu. C'est la seule enfant ici et elle agit avec moi comme une adulte. J'aurais aimé la protéger de ça, cette semaine mais aussi cette année. Réussir à lui cacher ma tristesse. Réussir à lui cacher comment je me sentais. J'ai essayé mais, malgré mes efforts, je n'ai pas pu le lui cacher bien longtemps.

Je soupire à nouveau à cette pensée, me frottant nerveusement le front puis les yeux. Le soleil tape fort mais c'est la première fois en une semaine que je prends le temps de sortir, même si c'est seulement pour aller sur la terrasse. Et, si je n'arrive pas à me concentrer sur ma lecture, ce n'est pas seulement à cause de toutes ces pensées qui me hantent aussi la journée. Non. C'est parce que j'attends, même si je sais que je ne devrais pas. J'attends égoïstement, parce que c'est plus fort que moi.

Je m'attends à le voir passer, comme j'ai pu le voir toute la semaine. Depuis la fenêtre de la chambre, j'ai vu Louis passer tous les jours dans mon allée. Tous les jours. Il passe devant le mobil home, parfois seul, parfois avec Falcon ou avec ses amis, jetant toujours un regard en direction de notre terrasse. Et, même s'il ne le voit pas, je le regarde également depuis ma chambre, retenant cette étrange envie de le rejoindre. A chaque fois que mes parents me proposaient d'aller manger au restaurant ou à la pizzeria du camping, je pensais à lui. A la possibilité de le croiser. Et, au fond de moi, je crois que j'en avais envie. Du moins j'en aurais eu envie si je ne m'étais pas renfermé sur moi-même.

Mais aujourd'hui, en me réveillant, j'ai eu envie de sortir du lit. J'ai regardé la terrasse depuis la fenêtre de ma chambre et je suis allé me préparer. J'ai pris une douche et ai enfilé un jean troué avec un simple t-shirt blanc, coiffant mes cheveux avec un bandana noir. Je me suis vraiment préparé. Et pas seulement pour retourner m'enfermer dans ma chambre. Non. J'ai pris un livre, mon casque, et suis allé m'installer sur la terrasse. Comme si je me sentais enfin prêt à sortir de ce cercle vicieux dans lequel je me suis enfermé depuis une semaine.

Mais aussi comme si voir Louis à travers ma fenêtre ne me suffisait plus...

Je pourrais rire nerveusement à cette pensée. Je veux dire, j'ai plusieurs raisons de prendre sur moi et d'avancer. Pour que mes parents ne soient plus tristes de me voir dans cet état, pour ne plus voir la déception dans les yeux de ma petite soeur à chaque fois que je refuse de sortir, pour moi-même, pour prendre ce nouveau départ que mes parents offrent.

Oui, j'avais plusieurs raisons de sortir du lit ce matin.

Mais j'ai choisi la raison la moins logique.

J'ai choisi de sortir pour espérer voir Louis traverser cette foutue allée, encore une fois.

Je pensais que cette semaine d'isolement m'aiderait à y voir plus clair au sujet de Louis aussi. Parce que je sais qu'il me plaît. Que je le veuille ou non, c'est le cas. Mais cette peur au fond de moi me rappelle les conversations que j'ai pu entendre entre lui et ses amis. Sur le fait qu'il se lasse rapidement, qu'il n'est pas du genre à se poser. Tout l'inverse de moi. Je suis plutôt du genre à ne pas donner de mon temps ou de mon énergie à une personne si ça doit être éphémère, même si on ne peut pas toujours le savoir malheureusement.

Mais si la personne sait d'avance qu'elle veut juste s'amuser, je sais que ça ne sera pas possible de mon côté. Je ne sais pas juste m'amuser. Encore moins lorsque la personne me plaît réellement, lorsqu'elle a retenu mon intérêt. Je m'attache rapidement. Un peu trop rapidement peut-être. Mais ça aussi je ne sais pas le contrôler. Je suis comme ça. Soit je veux la personne à cent pour cent, soit je préfère être seul. C'est comme s'il n'y avait pas de demie-mesure. Je passe d'un extrême à un autre. Mais, encore une fois, je suis comme ça. Ça ne se contrôle pas.

Je sors de mes pensées en remarquant soudainement une silhouette débarquer au bout de mon allée. Et, lorsque je reconnais cette silhouette, une chaleur réconfortante prend place dans ma poitrine. Je le vois approcher, la tête baissée vers son téléphone et, plus il approche, plus je me sens nerveux, sans pouvoir le contrôler. Mes doigts se resserrent autour de mon livre et je me pince les lèvres, redoutant soudainement ce moment que j'ai justement voulu provoquer. Est-ce que ce n'est finalement pas culotté de faire tout ce cinéma pour qu'on se croise alors que c'est moi qui ai ignoré tout le monde depuis le début de la semaine? Puis qu'est-ce que j'attends vraiment de lui? Qu'il me voit, oui, mais ensuite? Qu'il s'arrête? Qu'il me parle? J'aurais pu le faire moi-même, si c'est vraiment ce dont j'ai envie. Plutôt que d'attendre que les autres fassent toujours le premier pas pour moi.

Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions que Louis, à quelques mètres de mon mobil home, relève la tête. Il la relève presque instinctivement, lançant un coup d'oeil dans ma direction avant de regarder de nouveau son téléphone. Je n'ai pas le temps de d'être déçu qu'il relève de nouveau la tête, comme s'il avait mal vu. Cette fois, son regard s'ancre dans le mien et je peux voir la surprise passer dans ses yeux. J'ai l'impression que sa réaction pourrait m'amuser et me faire culpabiliser en même temps.

Mais lorsque Louis fronce légèrement les sourcils tout en se mettant à sourire, je peux juste avouer que cette chaleur réconfortante retrouve sa place au creux de mon estomac. Et, parce que c'est lui qui fait le premier pas vers moi, littéralement en venant devant mon mobil home, je fais le second en lui disant après avoir retiré mon casque pour le faire glisser autour de ma nuque:

« Salut.

-Salut. »

Louis reste devant le mobil home, comme s'il n'osait pas aller plus loin. Je referme mon livre en le regardant, restant assis où je suis. Louis ne porte pas le t-shirt du camping et je devine alors qu'il ne doit pas travailler aujourd'hui. A la place, il porte un t-shirt Adidas orange avec un pantacourt en jean bleu clair et des espadrilles blanches qui m'arrachent un discret sourire.

« Je t'attends toujours à l'activité de ta soeur. » Il me lance avec légèreté.

Sa remarque ne sonne pas comme un reproche et, pourtant, je sens mon coeur se serrer. Je me sens obligé de lui répondre:

« Ouais, je suis désolé je...

-Sois pas désolé, Zoé m'a dit que tu étais malade. »

Je me retiens de froncer les sourcils. Ah oui, elle a dit ça? Je suis à la fois reconnaissant et triste de savoir que ma petite soeur de neuf ans se retrouve à mentir et à chercher des excuses à ma place.

« Est-ce que ça va mieux? Zoé ne savait pas me dire quand est-ce que j'allais te revoir.

-Tu voulais me revoir à ce point? » Je me surprend à lui répondre.

Si, à la base, je le faisais pour changer de conversation, je réalise soudainement la façon dont mon estomac se retourne à l'entente de ma propre question. Je soutien tout de même le regard de Louis qui sourit en coin avant de me répondre:

« C'est surtout que tu m'avais promis un livre. »

Je souris en me mordant l'intérieur de la joue. Très bien, on est tous les deux doués pour changer de sujet apparement. Je regarde le livre que je tiens entre mes mains. C'est une relecture. Je regarde les trois personnages qui se baignent sur la couverture et... pourquoi pas après tout.

« C'est assez dramatique mais celui-là pourrait peut-être te plaire. » Je dis à Louis en levant le livre en question.

Louis le regarde de loin et finit par désigner du doigt les petites marches qui mènent à la terrasse, et donc à moi, en me demandant:

« Je peux?

-T'as peur que je sois contagieux?

-Je sais pas. Tu ne m'as pas répondu lorsque je t'ai demandé si ça allait mieux. »

Je ne sais pas si je suis le seul à rêver cette douce tension que j'ai l'impression de voir s'installer. Dans son regard, dans le mien, dans cette sorte de combat constant qu'on mène en cherchant l'autre, encore et encore. Tout ce que je sais, à cet instant, et qui est assez effrayant, c'est que ça m'avait manqué. Ouais, d'une certaine manière, ce que je ressens actuellement m'avait manqué.

Et j'imagine que ça veut dire que Louis m'avait manqué aussi.

« Tu n'as pas répondu à toutes mes questions non plus. » Je réponds en haussant les épaules.

Cette fois, je ne peux pas ignorer le fait que je le cherche ouvertement. Alors que je suis le premier à me dire que ce n'est peut-être pas une bonne idée. Mais Louis ouvre un peu plus les yeux et se mord légèrement la lèvre dans son sourire alors je n'arrive pas à le regretter. Il ne lâche pas mon regard tout en s'approchant de moi et, au lieu de me répondre, il tend simplement sa main vers moi pour que je lui donne mon livre. Ce que je fais.

Louis regarde d'abord la couverture, lisant le titre à voix haute:

« My Policeman?

-Tu connaissais?

-Non. Mais fais comme si ça t'étonnait. »

Je ris légèrement et Louis sourit en tournant le livre pour s'intéresser au résumé. Et il semble vraiment s'y intéresser, se concentrant sur les phrases qu'il est en train de lire. Je profite de ne plus avoir son attention sur moi pour regarder son profil un peu plus longtemps que je ne le devrais. Il passe instinctivement une main dans ses cheveux lorsqu'une mèche menace de retomber sur son front puis il retrouve mon regard en me demandant:

« Tu l'as aimé, toi?

-Oui. Ce n'est pas le genre d'histoire que je lis d'habitude mais je ne regrette pas. Même si tout n'est pas tout rose.

-Sachant que, selon le résumé, ça se passe en mille neuf cent cinquante, je m'en doutais.

-Ça te tente? Sinon je cherche autre chose.

-Non, je prends celui-là. » Il répond en souriant.

Puis il regarde la porte d'entrée du mobil home ,que j'ai laissé ouverte, avant de me demander:

« Tes parents et Zoé sont pas là?

-Non ils sont parti sur le chantier de la maison. Et Zoé voulait voir comment ça avançait.

-T'avais pas envie d'y aller toi aussi?

-Non je... » J'hésite un moment avant de reprendre: « Je me suis juste pas réveillé à temps. Et ils ont préféré me laisser me reposer. »

Louis hoche la tête, me regardant silencieusement. Et lorsqu'il me regarde de cette façon, j'ai l'impression que mon mensonge s'affiche en gros sur mon front. Pourtant, ce n'est pas totalement faux. Je dormais lorsqu'ils sont parti et lorsqu'ils m'ont demandé hier soir si je voulais venir avec eux, je leur ai simplement dit de partir sans moi si je dormais encore. Je ne suis jamais allé sur ce chantier et je crois que je ne suis pas encore prêt. Ici, je peux avoir l'illusion d'être seulement en vacances, seulement de passage. Mais si je vais sur le chantier, je ne pourrais que réaliser que c'est réel et que c'est ici mon chez-moi maintenant.

« Et t'es assez reposé maintenant? » Me demande soudainement Louis.

Je relève la tête vers lui et il sourit simplement en attendant ma réponse, My Policeman entre les mains. Sauf que je ne suis pas sûr de pouvoir faire confiance en son sourire, là maintenant.

« Pourquoi? » Je demande, suspicieux.

Louis rit en me voyant plisser les yeux, témoignant de mon manque de confiance en sa question.

« J'ai besoin d'un coup de main pour laver ma voiture. » Il m'avoue. « Une mouette s'est bien lâché si tu vois ce que je veux dire.

-C'est dégueulasse.

-Et c'est pour ça que je vais la laver. Alors, tu viens m'aider? »

Je le regarde et, même si je semble hésiter en apparence, je crois que je connaissais déjà ma réponse avant même qu'il m'avoue son programme.

« Si tu veux. » Je réponds alors en haussant les épaules.

« Parfait! Tu vas voir, même laver une voiture c'est incroyable avec moi.

-Tu sais que rien qu'en disant ça tu pourrais me faire changer d'avis?

-Ce serait une très mauvaise idée. »

Louis commence déjà à s'éloigner, me regardant par dessus son épaule, et je lève les yeux au ciel en me levant de ma chaise. Je ferme rapidement la porte du mobil home après avoir rangé mon casque à l'intérieur. Je range également la clé dans ma poche avant et vérifie que mon téléphone soit bien dans ma poche arrière. Pendant ce temps, Louis m'attends au milieu de l'allée, souriant simplement lorsque je finis par le rejoindre.

« Je vais juste prévenir mes parents que je suis parti. » Je lui dis en prenant mon téléphone.

« Ils ne vont pas m'en vouloir de kidnapper leur fils en pleine convalescence? »

Je regarde Louis et souris légèrement, peut-être pas assez pour que ça paraisse sincère, avant de baisser de nouveau la tête vers mon téléphone tout en lui répondant:

« Je ne pense pas qu'ils t'en voudront, non. »

Ils seraient reconnaissants, surtout.

(Raging_Kygo, Kodaline)

Une fois dans la voiture de Louis, ce dernier pose mon livre sur la banquette arrière avant de se pencher vers moi pour ouvrir la boite à gant. Je tente d'ignorer notre proximité, attachant ma ceinture de sécurité alors que Louis râle à cause du bordel qu'il y a dans la boite à gant. Je l'entends marmonner avant de finalement se mettre à sourire en attrapant fièrement l'objet qu'il met sous mon nez. Une petite enceinte.

« Tu veux la connecter à ton téléphone ou je lance ma playlist? » Il me demande en posant l'enceinte dans le creux où est censée être une radio, à la base.

« T'as dis que mes chansons étaient déprimantes alors... »

Louis fronce légèrement les sourcils, semblant réfléchir avant d'enfin ce souvenir de ce moment. C'était à la première soirée du camping et Louis était venu commenter la chanson que j'écoutais. Rien de très joyeux, je dois l'avouer. Mais j'ai beaucoup trop de chansons de ce style dans ma playlist.

« Oh, c'est vrai. » Il grimace, d'un air faussement désolé. « Je vais lancer ma playlist pour cette fois.

-Pour cette fois?

-J'ai jamais dis que je ne voudrais jamais écouter de chansons déprimantes avec toi. »

Louis me fait un clin d'oeil et je lève les yeux au ciel, tournant ma tête vers la vitre pour cacher le sourire qui prend place sur mes lèvres. J'en profite pour faire coulisser la vitre, profitant encore plus de l'extérieur malgré la chaleur. Je n'aime pas la clim dans une voiture. Je préfère vraiment ressentir le vent, même si je ne suis pas sûr qu'il y en ait beaucoup à cette heure de la journée et en plein été.

Du coin de l'oeil, je vois Louis connecter son téléphone à son enceinte avant de lancer sa playlist. Comme je l'imaginais, une chanson joyeuse et dynamique se met à résonner. Louis se met déjà à chantonner les paroles, baissant sa vitre à son tour et mettant sa ceinture avant d'enfin démarrer.

Alors que nous roulons depuis quelques minutes seulement, une nouvelle chanson se lance et Louis ouvre grand les yeux tout en me lançant:

« Prends mon téléphone et mets plus fort! C'est une de mes chansons préférées! »

Il est tellement surexcité par cette simple chanson que je ne peux m'empêcher de rire en attrapant son téléphone pour augmenter le volume. J'en profite pour lire à voix haute le nom de la chanson qui s'affiche sur son écran:

« Ragging de Kygo.

-Et Kodaline. Lui tu dois le connaître, il écrit aussi des chansons déprimantes. »

Je lève mon majeur à Louis qui éclate de rire, me faisant rire avec lui malgré moi.

« Oui je connais Kodaline. Mais Kygo aussi, figures toi.

-Tout n'est donc pas perdu.

-Je t'emmerde.

-Chante avec moi plutôt.

-Alors là, jamais. »

Louis me regarde, un air de défi dans les yeux, avant de sourire malicieusement.

« Très bien, comme tu veux. » Il répond en haussant les épaules.

Puis, alors qu'on arrive à un feu rouge, Louis se met soudainement à gueuler les paroles. Et quand je dis gueuler, c'est vraiment gueuler. Il chante à plein poumon, attrapant son téléphone pour augmenter encore plus le son, le mettant à fond. J'ouvre grand les yeux, m'enfonçant dans mon siège en voyant les passagers des autres voitures ou des piétons tourner la tête vers nous.

« Louis! » Je marmonne. « Tout le monde nous regarde. »

Je sais qu'il m'a entendu. Je le vois à la façon dont il me regarde, souriant encore plus fièrement mais en ayant clairement rien à foutre des autres. Et je l'envie pour ça. Là où Louis est plus que extraverti, moi je suis le pire des introverti, tentant de ne faire qu'un avec mon siège. Pourquoi ce feu rouge est aussi long?

Louis rit en voyant ma réaction, continuant de chanter en me regardant:

Je sais que tu détestes ça
Et je déteste ça
Tout autant que toi
Mais si tu peux surmonter ça
Je peux surmonter ça
Surmonter tout ça pour toi

Je le regarde, plus amusé que gêné, et ne peux m'empêcher de rire légèrement en voyant la façon dont il se lâche. Je passe une main sur mon visage alors que Louis se tourne complètement vers moi pour continuer de chanter en faisant de grands gestes avec ses bras, ses mains. Et, je ne sais pas si c'est à cause de ses yeux qui pétillent de cette façon, mais j'oublie rapidement tous les regards posés sur nous.

En fait, je ne me concentre que sur celui de Louis posé sur moi.

« Chante! » Il me lance alors que le refrain arrive.

« Non! » Je ris en secouant la tête.

« Harry!

-Louis!

-Allez!

-T'es chiant, tu le sais ça?

-Je m'en remettrais.

-Mais si je ne chante pas tu t'en remettras pas?

-Jamais. » Il répond dramatiquement.

Au même moment, le feu passe au vert et Louis est obligé de se repositionner correctement face au volant afin de redémarrer. Il continue tout de même de chanter et de bouger, ne tenant pas en place. Je le regarde, un sourire incontrôlable au coin des lèvres. Puis, lorsque le dernier refrain se met à retentir, je me surprends moi-même à me mettre à chantonner les paroles. La réaction de Louis ne se fait pas attendre. Il tourne la tête vers moi, surpris, avant de laisser un sourire fier prendre place sur son visage. Il sait qu'il a gagné, encore une fois. Je ris en le voyant lever son poing en signe de victoire et, même si je chante plus doucement que lui, on se met tout de même à chanter ensemble le refrain:

Appelle moi a chaque fois que tu vois un éclair
Ne te sens jamais seul, tu pourras toujours me trouver
Nous avons notre amour sauvage qui fait rage

Lorsque la chanson se termine, Louis me lance un nouveau regard, souriant plus sincèrement cette fois. Et je ne peux m'empêcher de me pincer les lèvres lorsque je réalise que je le regarde de la même façon. On finit par tourner la tête en même temps pour regarder la route devant nous. La chaleur de l'extérieur fait écho à celle que je ressens maintenant au creux de ma poitrine et je suis obligé d'avouer que je suis content d'être là. Dehors.

Mais aussi avec Louis.

Ce dernier finit par tourner pour arriver dans une station essence où l'on peut également laver nos voitures. Sauf que je réalise au même moment qu'il n'y a pas les gros rouleaux, comme je m'y attendais.

« On va la laver à la main? » Je comprends alors que Louis se gare à côté d'une station de lavage.

Louis ferme nos vitres et rit en coupant le contact, se tournant ensuite vers moi:

« Je t'avais prévenu que tout était incroyable avec moi. »

Je pouffe et l'imite lorsqu'il sort de la voiture. Louis s'approche ensuite d'une borne où les prix des services sont proposés. Je pense qu'il a l'habitude de venir ici parce qu'il a déjà des jetons afin d'avoir accès aux différents outils.

« Je prends le tuyau qui lance le savon et tu prends la brosse pour frotter en même temps? » Il me demande.

« Tu prends vraiment ce qui t'arrange. » Je lui fais remarquer.

Louis sourit, ne cherchant même pas à se défendre. Je lève les yeux au ciel et part prendre la brosse lorsque Louis se met à lancer le savon sur sa voiture, en faisant le tour.

« Brosse bien, la mouette avait prit entrée plat dessert. » Il me lance.

Je fais semblant de vomir à sa phrase, ce qui le fait rire, et mets quand même du miens afin d'enlever toute la merde éparpillée sur sa voiture. Louis avait raison, elle s'est vraiment lâchée cette mouette. Je frotte tous les recoins, concentré, sentant le regard de Louis posé sur moi. A chaque fois que je tourne la tête vers lui, je le surprends en train de me regarder en souriant discrètement.

Lorsque le temps de savon est écoulé, je m'approche de Louis près de la borne en secouant mon t-shirt déjà humide à cause de la transpiration. Je passe mon bras sur mon front et ne peut m'empêcher de râler auprès de Louis:

« C'était vraiment nécessaire de laver ta voiture sous quarante degrés? »

Louis, dos à moi, ne répond pas tout de suite. Je me dis qu'il est trop concentré sur la prochaine option qu'il est en train de sélectionner. Du moins, jusqu'à ce que je l'entende me répondre:

« Je pense que j'ai de quoi te rafraîchir. »

Je fronce les sourcils et n'ai pas le temps de comprendre que j'entends le bruit d'une machine s'enclencher, signe que Louis a lancé l'option sélectionnée. La seconde d'après, il se tourne vers moi avec le tuyau dans les mains. J'ouvre grand les yeux, comprenant tout de suite son idée.

« Louis! Fais pas le con! »

Deux secondes après, Louis se met à m'arroser. Et pas qu'un peu. Il m'arrose de la tête au pied, ne me laissant pas le temps de m'éloigner. Et c'est d'ailleurs le reflex que j'aurais dû avoir. Mais non. A la place, mon sang en fait qu'un tour et je me jette sur Louis pour tenter de lui prendre le tuyau des mains. Louis rit en comprenant mon intention.

« Harry! Non! » Il rit.

« Je vais me gêner! » Je réponds en lui arrachant le tuyau des mains.

Louis tente de s'éloigner mais je passe mon bras autour de sa taille pour le coincer contre moi. Je ne réfléchis même pas à ce geste, à cette proximité. Je suis trop concentré sur ma vengeance lorsque je retourne le tuyau contre lui, me mettant à l'arroser à son tour. Il rit et gueule en même temps, me faisant partir dans un fou rire avec lui.

Je finis par éloigner le tuyau qui, en arrosant Louis, m'arrosait encore plus moi aussi. Louis continue de rire contre moi et c'est en sentant son torse tressauter contre mon bras que je prends soudainement conscience de notre position. Mon rire s'éteint peu à peu tandis que mon regard glisse sur le dos de Louis collé à mon torse. Je déglutis difficilement et, en ne m'entendant plus rire, Louis tourne légèrement la tête vers moi. Lorsque je le sens se tendre contre moi, je devine qu'il réalise également la façon dont nous sommes proches à cet instant.

Mais ce qui m'étonne le plus, c'est qu'il ne s'éloigne pas tout de suite. A la place, il se penche légèrement sur le côté, toujours dos à moi, afin de pouvoir me regarder dans les yeux. Mon coeur rate quelques battements à ce geste et j'oublie où on est. J'oublie la voiture et l'eau qui continue de couler pour rien à nos pieds. Je ne vois que Louis, beaucoup trop proche de moi. Et lorsque son regard se perd une seule seconde sur mes lèvres, je résiste à l'envie de l'imiter, sentant mon coeur s'emballer. On ne peut pas ignorer la tension qui s'installe entre nous à cet instant. On ne peut plus l'ignorer.

Mon bras pourrait trembler autour de sa taille, tout comme ma main posée sur son t-shirt mouillé. J'ai l'impression de ne plus pouvoir faire un geste, par peur que ça devienne déplacé. Ou par peur que ça trahisse mes pensées. Je continue de regarder Louis qui, pour la première fois peut-être, est silencieux. Mais lorsqu'il me regarde de cette façon, j'ai bien peur de comprendre que ce silence cache, tout comme moi, une nombre incalculable de pensées incontrôlées.

J'ai envie de l'embrasser.

Et ça ça fait flipper.

Heureusement, ou malheureusement, un son retenti soudainement pour nous avertir que le temps d'eau s'est écoulé. Louis sursaute contre moi, s'éloignant instinctivement, me donnant l'impression de pouvoir à nouveau respirer. Je déglutis difficilement tandis qu'il se retrouve en face de moi, reprenant la parole comme si ces dernières secondes n'avaient pas existé:

« Heureusement qu'il me reste un jeton. »

Non, en fait, il ne fait pas totalement comme si ce moment n'avait pas existé. Sinon il ne me regarderait pas de cette façon. Comme s'il ressentait toujours cette tension mais qu'il ne savait pas quoi en faire à cet instant. Et je lui suis reconnaissant de m'offrir ce sourire réconfortant parce que, moi non plus, je ne sais pas quoi penser de tout ça.

Mais Louis rend ça plus facile en détendant l'atmosphère, comme il sait toujours le faire:

« Tu veux peut-être t'occuper du rinçage?

-C'est ta façon de me demander si je te fais toujours confiance? »

Louis sourit en coin et hausse les épaules en me répondant:

« Je préfère ne pas entendre la réponse. »

Je ris doucement et garde le tuyau que j'avais déjà en main, regardant Louis insérer son dernier jeton dans la borne. Lorsque l'eau se remet à couler, je me mets à rincer sérieusement la voiture cette fois. Pendant que je fais le tour de la voiture, faisant bien attention à ne laisser aucune mousse, je vois Louis retirer son t-shirt pour l'essorer. Et je sais que je ne devrais pas le regarder de cette façon, mais je le fais. Mon regard glisse sur son torse nu, sur ses abdominaux finement dessinés et cette chaleur se fait encore plus forte dans mon estomac.

Louis relève la tête vers moi au même moment, surprenant forcement mon regard sur lui. Et, le pire, c'est que son sourire d'abord timide devient rapidement un sourire fier. Je le déteste. Je détourne rapidement le regard, secouant négativement la tête en même temps, et je dois me retenir de sourire lorsque j'entends son rire se mettre à résonner.

Une pensée me traverse au même moment et je me mords la lèvre, hésitant. Après tout, j'ai décidé d'arrêter de réfléchir depuis que je me suis assis sur cette chaise, ce matin, attendant de croiser Louis.

« Tu peux terminer? J'ai mal au bras. » Je demande à Louis.

« Pourtant j'ai cru comprendre que t'étais assez musclé. » Il répond en s'approchant de moi, enfilant de nouveau son t-shirt froissé.

Je comprends qu'il fait référence à la façon dont je l'ai bloqué contre moi quelques secondes plus tôt et me contente de sourire légèrement alors qu'il vient prendre le tuyau à ma place. Je reste tout de même à côté de lui tout en lui avouant:

« Je faisais un peu de badminton en Normandie.

-Moi je vais parfois courir sur la plage le matin si tu veux m'acc... »

Louis se tait soudainement et je ne peux m'empêcher de sourire discrètement. En même temps qu'il tourne la tête vers moi, je retire mon t-shirt à mon tour. Une idée puérile peut-être. Mais lorsque le regard de Louis vient réchauffer mon torse nu, je n'arrive pas à regretter cette idée. Je me surprend moi-même d'ailleurs. Et, en même temps, ça fait tellement du bien de se lâcher un peu après ces derniers mois à me renfermer sur moi-même et à ne faire rien d'autre que de me cacher.

Je regarde Louis comme si de rien n'était et c'est dans son regard que je peux maintenant lire un je te déteste.

Et j'ai jamais autant aimé être détesté.

J'essore mon t-shirt et peux sentir le regard de Louis se perdre quelque part entre mon torse nu et mes bras. Je secoue un peu mon t-shirt avant de l'enfiler à nouveau, ignorant la sensation désagréable que ça donne, en plus du pantalon trempé.

Lorsque je regarde de nouveau Louis, ce dernier s'est reconcentré sur sa voiture qu'il termine de rincer. Je le regarde faire, les bras croisés contre mon torse. Je me demande ce que je suis en train de faire. J'ai l'impression de ne plus rien contrôler à ses côtés. Ça fait seulement deux semaines qu'on se connaît, et connaître est peut-être un grand mot, mais je me surprends à apprécier un peu trop sa compagnie, à apprécier un peu trop cette chaleur réconfortante et cette tension addictive. Même si c'est effrayant. Même si je garde dans un coin de ma tête que Louis pourrait ne pas avoir les mêmes attentes que moi. Puis quelles sont mes attentes, déjà?

Je sors de mes pensées lorsque Louis, après avoir rangé le tuyau, me dit:

« C'est bon, on a terminé. »

Et j'en serais presque déçu. Alors j'hoche simplement la tête, ouvrant la portière côté passager pour retrouver ma place. Louis s'installe derrière le volant et, alors que je m'attends à ce qu'il démarre tout de suite pour reprendre la route du camping, il semble hésiter un moment. Du moins, il semble se perdre dans ses pensées, fixant ses mains posées sur le volant.

Puis, à ma grande surprise, il retrouve mon regard pour me demander:

« Je peux t'emmener quelque part? »

Et je ne suis même plus surpris lorsque je lui réponds sans hésiter:

« Oui. »

Parce que, même si je ne sais pas où nous allons, j'ai apparemment décidé de te suivre Louis.


...

J'espère que ce chapitre vous aura plu...?

On commence à avoir pas mal de rapprochements! Et ça ne va que se multiplier à partir de ce chapitre! 🥰

Je vous dis à samedi pour le chapitre 12 !👀

Encore merci infiniment pour tout.❤️

Continue Reading

You'll Also Like

26K 1.3K 13
Cela fait maintenant plusieurs fois que Djilsi et Maxime s'embrassent en vidéo. Considéré comme un running gag par la plupart, quand est-il des senti...
17.6K 884 13
Où un magnifique homme aux 100k d'abonnés rencontre un très joli mannequin. > Louis: magnifique blogger > Harry: Très joli mannequin (cette hist...
2.2M 179K 52
Si tu m'aimes, tu devras accepter que j'ai une première épouse !
66.7K 4K 32
Guiliana est une brillante étudiante en médecine. Depuis son enfance ses parents ont planifié chaque étape de vie, l'encourageant à poursuivre une ca...