Laura Lee se cambra en arrière et plia le dos en deux pour détendre ses muscles endoloris. Elle agrippa ses chevilles et poussa un soupir de soulagement en entendant craquer les os.. Le médecin avait beau lui dire que ce n'était pas bon pour ses articulations, elle n'avait rien trouvé qui la soulage autant.
Elle se redressa et s'assit sur le sol. Elle sourit devant le travail accompli. Cela ne faisait que quatre mois qu'elle y travaillait avec Merlin, mais son entrepôt délabré ressemblait enfin à un appartement.
Elle avait séparé l'immeuble en deux. Au rez-de-chaussée, elle avait installé tous ses appareils de musculation. Elle disposait donc à présent d'un immense espace pour s'entraîner. Le logement à proprement parler se trouvait au premier étage. Elle avait fait intervenir des plombiers et des électriciens pour tout mettre aux normes, mais Merlin et elle avaient fait le plus gros du travail.
Elle sourit en repensant à la réaction de son ami lorsque l'un des plombiers lui avait fait du gringue. Il était devenu vert de jalousie. Bien évidement, Laura Lee n'avait pas laissé passer cette chance. Elle s'était mise à flirter outrageusement avec lui, augmentant la fureur de Merlin. Ce jour là, il était parti de bonne heure en claquant la porte.
Elle se laissa tomber en arrière sur le sol avec un rire aérien. Elle ferma les yeux pour savourer la chaleur du parquet. Ce serait plus agréable de travailler ses muscles sur du bois que sur du béton.
- Qu'est ce qu'il y a de si drôle ?
Elle roula sur le ventre et regarda l'homme qui descendait l'escalier. Il avait de la peinture un peu partout sur le visage, et tenait un pinceau à la main. Elle l'examina avec gourmandise. Elle ne s'était pas trompée lorsqu'elle lui avait dit que de l'aider le musclerait.
Lui qui ressemblait avant à un véritable intello, n'avait rien à envier à ses frères désormais. Ses cuisses étaient plus puissantes et remplissaient totalement ses pantalons maintenant. Son ventre auparavant plat se bombait à présent d'abdominaux biens fermes. Quant à ses bras, il pouvait à présent soulever des poids qu'ils lui auraient fait peur quelques mois plus tôt. Il était à croquer. Et elle ne demandait rien de mieux que de pouvoir le faire.
- Rien d'exceptionnel ! Je suis tout simplement heureuse ! Tu te rends compte que je vais pouvoir emménager très bientôt ?
Il s'agenouilla à côté d'elle et lui sourit. Elle posa son menton dans ses mains et lui rendit son sourire. De plus en plus souvent, elle s'imaginait emménager avec lui. Le temps qu'ils passaient ensemble tous les jours n'y était pas étranger.
Il l'avait aidé à se créer un nid douillet, et elle aurait aimé qu'il en profite également. Mais elle savait qu'il dirait non si elle le lui proposait.
- Je n'aime pas te voir te prélasser pendant que je suis en train de trimer comme un malade.
- Ah parce que d'après toi je n'ai rien fait de la journée ! Tu te moques de moi ! C'est moi qui t'ai tout appris.
Elle se remit prestement sur ses pieds et tenta de le mettre à terre. C'était devenu un jeu entre eux. Lorsqu'ils ne travaillaient pas sur l'appartement, Laura Lee lui donnait des cours au combat au corps à corps. Et elle devait avouer qu'il se débrouillait de mieux en mieux jour après jour. Il devenait un adversaire redoutable.
Après plusieurs minutes d'un combat effréné, elle le mit à terre en lui faisant un croche pied, et s'assit à califourchon sur lui en lui maintenant les bras le long du corps. Encore une fois, il se retrouvait à sa merci. Elle pouvait faire de lui ce qu'il lui plaisait. Et à cet instant, elle avait une furieuse envie de l'embrasser.
Merlin profita de son moment d'inattention pour la faire rouler sur le dos. Il se retrouva alors en position de dominant, et comme elle précédemment, il lui maintint les poignets au sol pour l'empêcher de bouger.
- Je t'ai battue !
Laura Lee ne s'offusqua pas de le voir jubiler. Comme toujours dans une relation professeur élève, il y avait un moment où l'élève dépassait le professeur. Et de toute évidence, ce moment était arrivé pour eux.
Elle ferma les yeux et savoura le fait de le sentir au-dessus d'elle. La jeune femme en avait rêvé des millions de fois, mais pas exactement dans les mêmes conditions. Dans ses rêves, ils étaient nus tous les deux, et Merlin la caressait sur tout le corps, n'oubliant aucun recoins.
Les pointes de ses seins se durcirent en imaginant cette scène, et elle dut se mordre la lèvre inférieure pour ne pas gémir. Cela lui semblait si réel.
Merlin était hypnotisé par cette lèvre qu'elle mordillait. Il rêvait de le faire à sa place. De prendre cette lèvre entre ses dents et de la mordre doucement.
Avec son corps chaud et souple sous le sien, il était incapable de réfléchir normalement. Il se pencha sur elle et posa doucement sa bouche sur la sienne. Il se mit à trembler de tous ses membres lorsqu'il eut son goût sur ses lèvres. Cela faisait plus d'un an qu'il n'avait pu se rassasier à la source, et il trouvait ça merveilleux.
Il fit lentement glisser ses mains le long de ses bras pour remonter vers ses épaules. Il prit alors son visage entre ses mains et lui caressa doucement les joues. Il approfondit le baiser, et s'enflamma lorsque leurs langues se rencontrèrent.
Il se sentit durcir en l'entendant gémir contre sa bouche. Elle noua ses bras autour de sa nuque et se mit à lui caresser le dos. Il grogna et se mit à l'embrasser dans le cou, descendant lentement vers sa poitrine.
Merlin se rendait compte qu'il était en train de commettre une énorme erreur. Une voix dans sa tête essayait de le rappeler à l'ordre. Jamais il n'aurait dû l'embrasser, mais c'était trop tentant. Elle était à sa merci, et son corps réclamait ses caresses. Il n'avait fait que répondre à son appel.
À présent, ses mains parcouraient amoureusement ses courbes douces. Elle se cambra en gémissant de plus belle. Il crut devenir fou. Ses caresses se firent plus précises.
Merlin s'immisça sous le tee-shirt de Laura Lee et put enfin toucher sa peau. Il l'imaginait douce, mais jamais il n'aurait cru qu'elle avait ce velouté incroyable. Ses doigts glissaient avec une facilité déconcertante lui permettant d'atteindre des endroits qu'il n'aurait jamais pensé à caresser.
La jeune femme arqua le dos pour venir à sa rencontre avec un feulement rauque. Merlin avait de plus en plus de mal à respirer normalement. Ses poumons semblaient ne plus vouloir répondre à ses demandes.
Il s'attaquait aux boutons du short de Laura Lee lorsqu'une sonnerie stridente le ramena sur terre. Il releva le buste brusquement, et la regarda dans les yeux. Ses iris avaient pris une fantastique couleur violet, lui indiquant qu'elle le désirait.
Merlin se demandait ce qu'ils étaient en train de faire. Il ne savait plus où il en était. Laura Lee tendit la main vers lui et lui caressa tendrement la joue avec un sourire charmeur. Au loin, la sonnerie qui les avait séparés continuait de tinter.
Comprenant enfin l'erreur qu'il avait failli commettre, Merlin se redressa et fuit la jeune femme. Il se planta devant la fenêtre et observa les rues alentour.
Depuis un an et demi qu'il la connaissait, il avait toujours réussi à garder son sang froid à ses côtés. Dès le premier jour, il l'avait trouvée magnifique. Elle n'était pas très grande, à peine un mètre soixante-cinq, mais elle compensait avec une vitalité que lui aurait envié bon nombre de personne. Elle avait des cheveux noirs comme l'ébène, tout comme ses frères, et les portait courts. Elle disait que c'était plus facile pour se battre. De cette façon, elle n'était pas obligée de s'arrêter toutes les cinq minutes pour se recoiffer. Et puis elle était prête plus vite le matin ! Un coup d'eau et le tour était joué !
Pour harmoniser le tout, la nature l'avait dotée de magnifiques yeux bleus qui tiraient fortement sur le violet. Mais Merlin avait pu remarquer qu'ils s'assombrissaient sous le coup de la colère pour devenir de même la couleur qu'une nuit sans lune.
Et pour mettre à mal le reste de la gent féminine, Laura Lee se musclait depuis son plus jeune âge. Ce qui bien sûr lui donnait un corps quasiment parfait que lui jalousaient les autres femmes. Merlin s'était plus d'une fois énervé en voyant les regards concupiscents que les hommes posaient sur elle. Parfois même des hommes beaucoup plus vieux que lui.
Mais ce qui l'étonnait par-dessus tout, était que la jeune femme ne semblait pas consciente de sa beauté. Elle se baladait dans la rue la tête haute, mais toujours avec modestie. Et il l'avait plus d'une fois entendue dire à ses amies qu'elles étaient plus jolies qu'elle. Ce qui était totalement faux ! Merlin n'avait jamais vu de femme plus belle qu'elle. Et le problème était là !
Il savait qu'il tentait le diable en faisant d'elle sa meilleure amie. Cela voulait dire lui confier tous ses secrets et toutes ses envies. L'aider si elle en avait besoin, et bien évidemment la consoler lorsqu'elle n'était pas bien. Et il devait avouer que Laura Lee était la meilleure des amis qui puissent exister.
Cependant, il ne pouvait pas tout lui confier ! Comme l'attirance qu'il avait pour elle. Ni les rêves érotiques où elle tenait la première place. Et depuis qu'il vivait aux USA, il n'avait trouvé personne d'autre à qui se confier. Il était donc obligé de garder ses désirs pour lui.
Il posa son front sur la vitre couverte de givre pour faire baisser la fièvre qui s'était emparé de lui au contact de Laura Lee. Ce n'est qu'à cet instant qu'il se rendit compte que la sonnerie avait cessé. Il se retourna vers la jeune femme, enfin prêt à lui faire face.
Elle était au téléphone, et visiblement n'était pas ravie. Elle ne devait pas apprécier la personne qu'elle avait au bout du fil. Soudain; elle lui tendit l'appareil d'un geste sec.
- Rowan, il veut te parler !
Laura Lee n'arrivait pas à se calmer. Si son frère n'avait pas appelé à ce moment-là, elle serait à l'heure actuelle en train de connaître l'extase dans les bras de Merlin. Si le téléphone n'avait pas sonné, elle était persuadée qu'il ne se serait pas arrêté.
Elle donna un violent coup de poing dans le sac de sable qui pendait du plafond, le faisant voler. Elle eut un sourire sans joie ! Au moins il avait été bien fixé !
Elle essayait d'écouter la conversation, mais Merlin ne répondait que par monosyllabe, ce qui ne l'aidait pas vraiment à comprendre de quoi il retournait. Lorsqu'elle avait décroché, son frère avait tout de suite remarqué qu'elle était d'une humeur de dogue, et il l'avait questionnée. Elle n'était pas assez bête pour lui donner les raisons de son énervement. Si ses frères apprenaient qu'elle convoitait Merlin, ils feraient tout pour les empêcher de se voir. Le pire étant que le français serait capable d'accéder à leur requête !
Elle ouvrit l'armoire qu'ils avaient installé la veille dans un coin de la salle et en sortit rouleau de tissu. Elle se protégea les mains avec et retourna vers le sac de sable.
Bien des années plus tôt, elle avait découvert que l'exercice physique était un parfait catalyseur pour évacuer ses frustrations. Mais il lui faudrait des heures de sport intensif pour éliminer les sensations que Merlin avait allumées en elle.
Au fur et à mesure que ses coups atteignaient le sac de sable, elle sentait la tension s'échapper progressivement de son corps. Elle finirait en sueur, mais s'en moquait. Depuis qu'elle avait vu ses frères apprendre à se battre, elle avait voulu les imiter. Et pendant plusieurs années, elle avait dû s'entraîner à l'abri des regards indiscrets. Les triplés n'appréciaient pas de la voir se battre, et encore moins risquer sa vie. Trop souvent, il la confondait avec sa jumelle, qui elle était fragile.
Dès qu'elle avait été en âge de réfléchir, Laura Lee avait compris qu'elle devait tout faire pour convaincre sa famille qu'elle n'avait pas hérité de la même maladie que sa sœur. Durant les premières années de sa vie, elle avait dû subir toute une série d'examen pour prouver aux membres de sa famille qu'elle était en excellente santé.
Même lorsque les tests avaient confirmé qu'elle était saine, ses parents avaient continué de s'inquiéter pour elle. Laura Lee les comprenait, mais avait du mal à supporter cette surveillance de tous les instants. Lorsque ce n'était pas ses parents, c'était ses frères qui la suivaient à chaque pas qu'elle faisait.
Elle avait dû ruser pour avoir un semblant de liberté. Combien de fois avait-elle dû faire le mur pour pouvoir se rendre à la salle de sport ? Ou tout simplement sortir avec des amis ?
Cette surveillance avait eu bien entendu des conséquences sur sa vie sociale. Tous ses camarades de lycée se demandaient pourquoi elle ne pouvait aller à l'école en bus comme tout le monde. Et aussi pourquoi ses frères venaient la chercher à tour de rôle à la sortie.
À bout de force, elle s'accrocha au sac, et se laissa porter par le balancement. Elle ne savait pas combien de calorie elle venait d'éliminer, mais elle savait qu'elle n'avait pas besoin de se priver à son repas du soir.
Comme toutes les filles de son âge, son poids était une obsession. D'autant plus qu'elle était petite.
Sa taille l'avait toujours complexée. Elle n'arrivait pas à comprendre comment ses parents qui avaient réussi à faire trois grands gaillards d'un mètre quatre-vingt-dix, avaient subitement perdu le mode d'emploi pour sa sœur et elle.
Laura Lee aurait dû être soulagée que sa sœur soit de la même taille qu'elle. Au moins sur ce point, la nature avait bien fait son travail. Mais ce n'était pas le cas. Elle se moquait bien que Sherrilyn soit aussi petite qu'elle. Sa jumelle n'avait pas besoin d'être grande ou petite, elle ne sortait jamais de sa bulle de stérilité. Personne ne la voyait. Personne ne lui parlait. Et elle ne devait plaire à personne en particulier.
C'était la seule chose que Laura Lee enviait à sa sœur. Dans sa bulle, Sherrilyn n'avait pas les mêmes problèmes qu'elle. Sa jumelle n'avait pas besoin de se comparer au regard des autres. Grâce à sa maladie, on lui excusait presque tout.
Elle se redressa et donna un dernier coup de poing dans le sac de sable. Si elle avait pu, elle aurait fait installer une chambre stérile dans cet appartement. Comme ça, sa sœur aurait pu un peu sortir de la demeure familiale et découvrir un nouvel environnement. Mais les équipements coûtaient une fortune. Et ses parents seraient contre. Sherrilyn était leur petite dernière, et de plus elle était malade. Jamais ils ne la laisseraient partir !
Elle se détourna et attrapa la serviette qui traînait sur son banc d'abdominaux. Elle s'essuya le visage avant de se renverser une bouteille d'eau sur la tête et de s'essuyer de nouveau. Elle avait besoin de reprendre ses esprits. Elle devenait de plus en plus sentimentale avec le temps !
Merlin la regardait faire, hypnotisé par ses gestes. Laura Lee ne se rendait même pas compte que les poses qu'elle prenait amenaient en lui des images érotiques.
La tête en arrière, le dos cambré, l'eau ruisselant sur son cou et ses épaules. Tout cela combiné la rendait hautement désirable. Les pulsions qu'il avait réussi à juguler en prenant la communication de Rowan, remontèrent en lui avec force. Plus puissantes et plus dévastatrices encore qu'auparavant.
Il se passa la langue sur ses lèvres desséchées comme un fauve devant sa proie. Il se découvrait d'un seul coup une faim de loup.
Ses jambes se muèrent d'elles-mêmes, comme si elles étaient douées d'une vie propre. C'est en se faisant éclabousser par la jeune femme qu'il prit conscience qu'il s'était avancé vers elle. Son corps avait pris le dessus sur son esprit cartésien.
Il lui tourna le dos et se passa une main nerveuse dans les cheveux. Il devait prendre très rapidement une décision. Il ne pouvait plus passer autant de temps avec elle. Il devenait de plus en plus difficile pour lui de réguler ses désirs, et pour rien au monde il n'aurait voulu briser leur si grande amitié juste pour une histoire de fesses. Laura Lee était trop précieuse à ses yeux. Il ne voulait pas la blesser.
À vrai dire, l'appel de Rowan tombait à point nommé. Ses frères et lui étaient à la recherche d'une personne capable de s'infiltrer dans une société pharmaceutique pour enquêter. Merlin n'était pas au fait des techniques d'infiltration, mais les frères Westhawk lui avaient assuré qu'il ne leur faudrait pas longtemps pour le préparer.
Il avait dit à Rowan qu'il y réfléchirait, mais au vu de ses réactions aux côtés de Laura Lee, il commençait à envisager sérieusement cette mission.
Et puis, quel homme ne rêverait pas de devenir un héros ? Merlin aurait d'un seul coup le statut d'espion. Il pourrait alors se vanter auprès des femmes, et ainsi se libérer des frustrations qui le rongeaient lorsque Laura Lee était dans les parages.
C'était incroyable à penser, mais depuis qu'il avait mis les pieds sur le sol américain, Merlin n'avait jamais cherché à mettre une femme dans son lit. Depuis un an et demi qu'il connaissait Laura Lee, aucune femme n'avait réussi à l'émoustiller, même très légèrement, afin de se soulager. Pas étonnant que ses réactions face à la jeune femme soient disproportionnées.
C'était décidé ! Il irait voir Rowan le soir même pour lui dire qu'il acceptait le poste. Ça lui ferait du bien de s'éloigner d'elle quelque temps.