Isis se gare devant ce village de Dordogne en soupirant, six heures de voiture pour y parvenir depuis la capitale. Elle est épuisée par ce long trajet mais qu'est-ce qu'elle est heureuse d'arriver, encore plus en voyant la femme se tenant sur le perron de l'entrée avec un grand sourire aux lèvres.
Elle l'attendait.
Isis arrive à sa hauteur et aussitôt, elle se laisse aller dans cette étreinte affectueuse donné par cette femme qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Elles ont les mêmes traits, leurs visages se distinguent par un nez concave identique et les mêmes pommettes hautes, sans compter leurs yeux chocolats qui pétillent.
Un baiser sur sa joue rosée avant de l'entraîner à l'intérieur de l'habitation rafraîchie par la bâtisse en pierres anciennes. Dans le salon, elle aperçoit bien vite ses deux cousins qui la saluent d'un signe de tête, mais leurs yeux se reportent bien vite sur un match de rugby, et des que ce dernier sera terminé, Isis sait qu'ils viendront à sa hauteur.
Isis se laisse tomber sur le tabouret près du petit bar tandis que sa tante lui sert un verre d'eau fraîche. La parisienne observe le cadre photographique présent sur le mur tandis que sa tante s'installe face à elle, elle observe sa nièce d'un regard bienveillant. Elle ne montre que de la tendresse envers Isis qu'elle considère presque comme sa fille.
- Ton père n'est pas venu, soulève-t-elle.
- Il a du travail, répète Isis comme justification donnée
C'est le prétexte qu'il a donné, c'est celui qu'il donne depuis des années pour ne pas venir en Dordogne. Il a pourtant proposé à Isis de la déposer à la gare ferroviaire de Montparnasse mais la parisienne ne prend plus le train. Elle soupire d'exaspération en ajoutant :
- C'est ce qu'il dit.
- C'est ce qu'il dit et je ne peux pas lui en vouloir de ne pas souhaiter me voir, conclut Rachel.
Isis acquiesce, elle n'a pas détourné le regard une seule fois de la photographie où sa mère se tient aux côtés de Rachel. La ressemblance entre les deux jumelles est frappante sur la photographie si bien que Isis en vient à se demander si sa mère en ayant vécu plus longtemps, aurait eu des traits se distinguant d'avantage de sa jumelle.
Il n'est pas étonnant que son père ne veuille pas revoir sa belle-sœur. Isis ne peut pas lui en vouloir comme vient de le dire Rachel, elle se contente de se pincer les lèvres en soupirant. Elle a la gorge nouée, le cœur serré en avouant d'une voix basse :
- C'est de pire en pire avec Nathalie, je te jure que j'ai essayé... j'ai essayé de lui plaire quand j'étais petite, mais ça n'a jamais été suffisant. Il en faut toujours plus, encore la semaine dernière, je ne suis pas allée à... je n'ai même pas envie d'en parler.
- Isis...
- Je ne suis pas à la hauteur, et, je sais au fond que je déçois papa, même s'il m'assure le contraire.
Elle soupire, elle sait très bien qu'elle ne répond pas aux attentes de son père. Il aimerait qu'elle s'investisse dans l'entreprise, ou, qu'elle travaille dans un endroit convenable. Au lieu de ça, Isis passe son temps à dessiner et gribouiller des croquis et des patrons de diverses tenues qu'elle s'imagine à longueur de journée.
- Je ne pense pas que tu le déçois, ton père t'aime beaucoup. Il ne le montre pas correctement, murmure Rachel.
- Même quand il était avec ta mère ! rajoute une voix. Tu aurais dû voir comment il était maladroit.
Les deux femmes se tournent vers l'homme venant de rentrer dans la pièce. Il pose un panier de légumes frais sur le comptoir et Isis ne peut s'empêcher de sourire. Elle est heureuse de voir Julien, le mari de Rachel. Tout ceci est réciproque, elle le sait bien. Il est suivi de très près par son berger australien que Isis caresse au niveau de la tête en souriant.
- Il ne faut pas que tu laisses cette femme détruire ta vie, rajoute Rachel.
- Qu'est-ce qu'elle a encore fait ?
Isis hausse les épaules, elle préfère taire les insultes qu'elle reçoit à longueur de temps. Elle ne compte plus les fois où elle est déconsidérée et humiliée sans que son père ne puisse réagir.
- Ta maman t'aurait aimée Isis, comme nous le faisons et encore davantage si elle voyait la femme que tu es devenue. Elle serait très fière de toi, ne doute jamais de ça, conclut Rachel. Maintenant, on va préparer le repas !
Isis acquiesce sans pour autant dépincer ses lèvres. Elle reste attristée durant un moment, jusqu'au début du repas qu'elle partage avec sa famille maternelle. Elle est soulagée par la présence de ses deux cousins, qui comme à leur habitude, transmettent leur bonne humeur contagieuse à la brune.
Durant le reste de la semaine, Isis s'abandonne à diverses activités qu'elle a l'habitude d'exercer ici. Elle dévale la rivière de la Dordogne en canoë avec ses cousins, elle les accompagne à la pêche. Les températures sont encore trop basses pour se baigner en ce mois de février et Isis est tout de même un peu déçue de ne pas aller dans l'eau.
Elle surveille sa ligne plongée dans l'eau, en espérant attraper quelque chose aux côtés de ses cousins. Au bout d'une demi-heure, il n'y a toujours aucun poisson attirer par son appât. Elle finit par délaisser sa ligne pour regarder le message qu'elle vient de recevoir sur son téléphone. Il s'agit de Pierre et un discret sourire étire ses lèvres.
je passe à Paris dans deux jours,
t'es là ?
Un sourire étire ses lèvres, elle aurait dû s'en douter. Alexis l'avait prévenu, elle doit mentir. Ce dernier a organisé un anniversaire surprise au jeune homme, Pierre n'a pas la moindre idée que la soirée se passera dans la capitale parisienne et qu'Isis sera présente. Elle avait prévu de s'y rendre avec Alexis depuis quelques jours, elle s'y est préparée mais le pilote ne doit rien savoir.
je suis en Dordogne
:(
et je ne suis pas invité en Dordogne ?
une prochaine fois peut-être,
si tu es sage
je suis toujours sage
Isis ne peut s'empêcher de sourire devant son écran, elle ne se préoccupe plus de sa ligne. Elle s'apprête à répondre mais le pilote la devance en continuant.
à part quand je pense à toi...
Isis n'a pas besoin de temps pour rougir, ses joues se teintent et elle sent son bas-ventre se contracter. Son sourire ne cesse de s'agrandir et elle garde les yeux sur ton téléphone qui vibre une nouvelle fois entre ses mains, indiquant l'arrivée d'un autre message.
et à tout ce que je pourrais te faire
Isis ne cesse de rougir, elle se pince les lèvres. Elle est incapable de répondre, elle reste face à son téléphone avec un sourire béat accroché au visage et elle ne remarque même pas que le flotteur de sa canne à pêche disparaît sous l'eau. Elle vient d'avoir une prise mais elle est distraite par son téléphone et les messages chargés de sous-entendus de Pierre.
- Isis, ça mord !
La voix de son cousin la tire de son téléphone, elle relève précipitamment la tête pour regarder la rivière où disparaît son flotteur. Elle remonte précipitamment sa canne mais il est déjà trop tard, sa prise s'est échappée sous les regards agacés de ses cousins.
- Désolée, bredouille-t-elle sans s'arrêter de sourire.
- C'est qui ce gars qui te fait sourire ? questionne l'aîné.
- Personne d'important.
- C'est ça, ouais.
Le cadet effectue un clin d'œil aguicheur dans sa direction signifiant qu'il n'est pas tombé dans son mensonge. Les deux cousins s'offrent un regard entendu sans taquiner plus Isis. Ils sont soulagés de la voir sourire, chose qui lui manque souvent ces derniers temps.
- Isis a un copain !
C'est ce qu'ils crient en rentrant dans la maison en pierre sous le regard de leur mère. Rachel se tourne immédiatement vers sa filleule qui hausse les épaules en ajoutant tout bas :
- N'importe quoi.
- C'est pour lui que tu rentres si tôt ? questionne sa tante.
Isis hausse les épaules en se pinçant les lèvres. Elle rougit de nouveau en venant se loger dans les bras de sa tante, comme elle aurait aimé le faire avec sa mère et cette dernière resserre son étreinte en comprenant que Isis ne souhaite pas définir ce qu'elle ressent par crainte.
- C'est son anniversaire, c'est une surprise, glisse Isis.
- C'est une bonne raison pour retourner sur Paris dans ce cas, conclut la mère de famille.
Isis acquiesce et deux jours plus tard, elle est de retour dans la capitale française. Son anxiété ne fait que s'accroître lorsqu'elle rejoint la petite salle privatisée d'un restaurant où une vingtaine de personnes attend patiemment l'arrivée de Pierre. Elle n'est pas très à l'aise, elle ne connaît que Alexis. Elle se remémore des visages qu'elle avait déjà aperçus chez ce dernier, sans pour autant réussir à mettre un prénom sur ces gens.
Pourtant, elle est sûre que tout ceci en vaut la peine, encore plus en apercevant le sourire solaire de Pierre lorsqu'il rentre dans la pièce face à ses amis présents. Il a un instant d'arrêt quand son regard bleuté croise celui de Isis, appuyée contre un mur de la pièce aux côtés d'Alexis.
Elle sourit.
Et le nez de Pierre se plisse au fur et à mesure que son sourire solaire s'agrandit. Il est définitivement surpris.
petit chapitre pour vous souhaiter une excellente semaine !
j'en profite pour m'excuser de mon absence, j'avais besoin de m'éloigner de cette plate-forme <3