Isis est agréablement détendue en marchant aux côtés du pilote. Elle aime beaucoup se promener dans la forêt domaniale de Saint-Germain, elle a l'impression de se retrouver en Dordogne au milieu d'un peu de verdure et de nature. Pierre finit par lier sa main à la sienne. Leurs doigts s'entremêlent immédiatement quand Pierre glisse leurs mains dans la poche de sa veste pour tenter de réchauffer la brune.
- Joyce !
Isis effectue un rappel en voyant que la golden retriever s'éloigne du sentier sur lequel ils se trouvent. Elle revient à leur hauteur en secouant la queue, un bâton dans la gueule que Pierre s'empresse de récupérer. Il le lance un peu plus loin sur le chemin et Joyce s'élance à sa poursuite faisant sourire Isis.
Cela fait une semaine qu'il est à ses côtés et Isis se sent tellement bien en sa présence. Elle dort mieux et elle reste collée à lui, elle recherche le moindre contact avec Pierre, ce n'est pas pour lui déplaire. Il est sur un petit nuage et il appréhende de devoir repartir mercredi pour le grand prix d'Arabie Saoudite. Il ne reste que deux petits jours et Pierre compte bien profiter au maximum de Isis.
- Est-ce que tu viendras à Milan ?
Isis relève son regard vers lui, Pierre précise qu'il aimerait qu'elle vienne chez lui dans son appartement en Italie après le grand-prix. Il n'aura pas le temps de passer dans la région parisienne, surtout qu'il doit préparer son départ pour l'Australie où le décalage horaire est conséquent.
Il observe l'hésitation dans le regard de Isis. La même hésitation qu'il observe depuis une semaine à chaque fois qu'il propose une activité en extérieur avec Alexis et Jade. Il observe cette lueur s'éteindre bien vite par une crainte immense, par une peur insaisissable et Pierre comprend qu'elle ne viendra pas.
- Pierre, j'aimerais mais...
- Il n'y a pas besoin de se justifier, souffle-t-il.
Son cœur se serre dans sa poitrine, Pierre se sent bête de croire qu'elle pourrait tout surmonter pour être à ses côtés. Il s'agit d'une montagne infranchissable aux yeux de Isis et elle d'en veut de le décevoir encore une fois, malgré le fait qu'il ne montre rien.
- Ce n'est rien, je viendrais te voir, promet-il.
Isis augmente la pression qu'elle exerce sur la main de Pierre, entremêlée à la sienne. Elle le remercie silencieusement tout en continuant leur chemin retour vers sa voiture garée sur le parking à l'entrée de la forêt.
Pierre prend le volant comme à l'allée, il observe Isis caresser la tête de Joyce. Elle a reculé le siège passager au maximum afin que la golden retriever puisse s'asseoir à ses pieds.
- Je suis sûre que tu l'aimes bien, soulève Isis.
- À part quand elle essaye de dormir entre nous deux, corrige-t-il.
Pierre sourit en jetant un coup d'œil dans leur direction. Il aime beaucoup ces moments passés avec Isis, il aime chaque instant avec elle. Il aime ce moment où il peut se détacher de cette vie qui bat à cent à l'heure, où tout est calculé, où tout est programmé. Il n'a plus besoin de vivre dans le feu de l'action et de croiser des dizaines de personnes chaque jour.
Pourtant sa vie le rattrape toujours et il ne peut résister aux messages qu'il reçoit sur son téléphone en regagnant l'appartement de Isis. Il a besoin de maintenir ce contact avec ses amis, de sortir, de rire, d'être entouré, d'être le centre de l'attention le temps d'une soirée.
- Il y a une soirée chez Alexis, lâche Pierre en regardant son téléphone. T'es chaud ?
Isis hausse les épaules. Elle n'est pas certaine, Alexis n'en a pas parlé. Et s'il ne l'a pas fait, c'est qu'il a une bonne raison. Cela signifie qu'ils seront nombreux, probablement une petite dizaine entassée dans son appartement. Elle ne répond rien et Pierre remarque bien qu'elle détourne le regard.
- Il n'y aura pas beaucoup de monde, dit Pierre en s'empressent de les énumérer. Tu les connais tous, tu sais que tu ne risques rien chez Alexis...
Elle se contente de caresser la tête de Joyce qu'elle trouve soudainement plus intéressante. Elle préfère ceci que de confronter le pilote assis à ses côtés et Pierre pousse un profond soupir face à ce mutisme qui signifie qu'elle ne viendra pas. Elle pourrait au moins prendre la peine de lui répondre au lieu de l'ignorer.
- A force je vais arrêter de te proposer, constate-t-il.
- Ça m'évitera d'être embêtée de décliner.
- J'en ai un peu marre, avoue Pierre. Si tu veux rester à te morfondre ici, fais-le mais moi, j'y vais. Tu sais très bien qu'on pourra rentrer si ça ne va pas...
- C'est des reproches ?
- Un peu, oui. Tu ne fais aucun effort.
- Mathieu ne m'aurait jamais dit ça, tonne-t-elle.
Elle ne laisse pas le temps à Pierre de répondre, elle s'est déjà levée en sifflant Joyce pour que cette dernière puisse la suivre jusqu'à la cuisine. Elle entreprend de renouveller l'eau de sa gamelle qu'elle repose par terre, elle est profondément blessée et Pierre semble sous le choc des propos qu'elle vient de tenir.
Pierre est frustré qu'elle ne veuille pas l'accompagner comme de nombreuses fois ces derniers temps. Il pensait que Joyce avait amélioré sa situation, mais il doit se rendre à l'évidence, Isis est ainsi et il a tendance à oublier que tout est compliqué à ses yeux. Pourtant il ne saurait dire s'il est blessé par son refus ou par la comparaison qu'elle vient d'émettre à haute voix sans aucun scrupule.
- Tu me compares à Mathieu, lâche-t-il d'une voix pateuse.
Sa phrase n'est pas une interrogation, mais elle sonne comme telle. Isis croise son regard bleuté qu'elle aime tant observer, elle a l'impression de le connaître depuis des années à force de s'y perdre mais elle doit se rendre à l'évidence, ils sont différents sur bien des aspects.
Isis ne fait que soulever les différences entre les deux hommes, elle sait que ce n'est pas bien mais elle ne peut s'empêcher de les comparer. Elle ne peut mentir face à ce regard azur, elle se sent faiblir et lentement, Isis acquiesce. Ce simple geste suffit à marteler le cœur de Pierre.
Des milliers de couteaux s'insèrent dans sa poitrine venant le faire suffoquer. Il est déstabilisée et irrémédiablement blessé. Il réalise qu'il n'est simplement qu'un pansement pour oublier un autre et il en vient à ressentir une jalousie maladive pour une personne qu'il n'a jamais connue, pour une personne qui n'est plus.
- D'accord, balbutie-t-il résolu.
Il a les larmes aux yeux en attendant un mouvement, un geste contradictoire pouvant dire que ses paroles ont dépassé sa pensée et Pierre sait qu'il pourra attendre indéfiniment. Isis ne reviendra pas sur ses mots crus, elle se contente de le fixer de son regard froid.
Celui qu'elle possédait lors de leur première rencontre, elle tente de se donner une contenance que Pierre reconnaît bien. Elle est dépassée par les événements qui lui échappent, encore plus quand elle tire nerveusement sur le fil de son collant. Ce simple geste suffit à attirer l'attention de sa chienne qui s'immisce entre ses jambes pour attirer l'attention de sa propriétaire afin de la distraire.
- Je pense qu'on s'est tout dit, conclut-elle d'une voix se voulant assurée.
Elle désigne la porte d'entrée d'un signe de tête tandis que Pierre flanche un peu plus. Il laisse échapper un râle de frustration de ses lèvres en récupérant son téléphone et son chargeur. Il ne prend même pas le temps de récupérer ses vêtements traînant dans la chambre de la parisienne, il préfère disparaître au plus vite.
- En effet, on s'est tout dit. N'oublie de faire l'effort de sortir Joyce ce soir, lâche Pierre sèchement.
- Ce n'est pas pareil.
Pierre hausse les épaules peu convaincu, il finit par récupérer sa veste dans la penderie. Sa colère ne fait que s'accroître face à cette comparaison qu'il repasse en boucle dans son esprit et il ne peut s'empêcher de tonner :
- Il est mort et moi, je suis en vie ! Nous pourrions être très heureux si tu te l'autorisais !
- Tu savais en me rencontrant que j'étais comme ça, lâche-t-elle d'une voix tremblante. Tu as accepté de t'engager dans cette relation, je pensais que tu avais compris mes limites. Maintenant pars s'il te plaît.
Il aimerait rétorquer mais Pierre est à court d'arguments. De plus, le regard intransigeant de la brune le dissuade suffisamment. La situation s'échappe de ses mains et il n'a pas d'autres choix, il se dirige vers la porte d'entrée pour quitter l'appartement.
Pierre ne comprend pas qu'une relation puisse se dégrader en si peu de temps. Il n'a fallu que quelques minutes pour que tout parte de travers, laissant un goût amer lorsqu'il claque la porte d'entrée avec colère.
Une chose est sûre, il ne reviendra pas sur Paris comme il l'avait promis.
moi en écrivant ce chapitre : 🧍♀️🧍♀️
je n'ai rien à dire, je vous laisse vous battre contre qui vous voulez des deux...