tsunami | obx.3

By lambroise

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⚓︎ tsunami /tsuːˈnɑːmi/ 𝟷. onde océanique superficielle engendrée par un choc tellurique, comme un séisme... More

tsunami.
casting.
introduction
chapitre 1. (réveil)
chapitre 2. (pause)
chapitre 3. (action ou vérité)
chapitre 4. (falaise)
chapitre 5. (sauvetage)
chapitre 6. (intrusion)
chapitre 8. (embuscade)
chapitre 9. (kiara)
chapitre 10. (fatalité)
chapitre 11. (le retour)
chapitre 12. (tentation)
chapitre 13. (adieu)
chapitre 14. (braquage)

chapitre 7. (illusions)

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By lambroise

❝𝙉𝙤, 𝙄 𝙠𝙣𝙤𝙬 𝙨𝙝𝙚'𝙨 𝙘𝙤𝙢𝙞𝙣𝙜 𝙝𝙤𝙢𝙚 𝙨𝙤𝙤𝙣
𝙏𝙝𝙚𝙧𝙚 𝙖𝙧𝙚 𝙩𝙞𝙢𝙚𝙨 𝙄 𝙛𝙞𝙣𝙙 𝙞𝙩 𝙝𝙖𝙧𝙙 𝙩𝙤 𝙛𝙚𝙚𝙡 𝙩𝙝𝙖𝙩 𝙬𝙖𝙮
𝙄𝙩'𝙨 𝙣𝙤𝙩 𝙞𝙣𝙨𝙞𝙙𝙚 𝙢𝙚 𝙩𝙤 𝙛𝙤𝙧𝙜𝙚𝙩 𝙝𝙚𝙧❞

[for the first time - mac demarco]




             Angel sourit quand des bras se raffermirent autour de ses jambes. Les six amis grognèrent alors qu'ils montèrent le long d'une colline mais elle, souriait. Depuis qu'ils avaient fuient la maison de Singh, ils étaient à la recherche d'un endroit où se cacher, puisque les hommes du kidnappeur de Kiara étaient toujours à leur poursuite.

- "Cléo tu sais où tu vas ou t'avances à l'instinct?" demanda JJ quand ils arrivèrent en haut d'un rocher.

La jeune fille montra un bâtiment face à elle du doigt. "Là, on va se poser. C'est pas le Taj Mahal mais bon."

- "Ça va le faire." répondit John B, plus essoufflé que les autres.

- "Ouais, je prends la suite nuptiale."

Les Pogues se remirent alors en route. Quand le paysage n'avançaient pas assez vite, Angel tapait les côtes du garçon de ses talons. "Allez John B avance plus vite."

- "Rappelle moi de plus jamais jouer avec toi." pesta ce dernier.

- "Eh, c'est pas ma faute. T'as voulu faire le malin à dire un petit chiffre pour que ce soit moi qui te porte sur mon dos, alors maintenant t'assumes."

- "Ouais, parce que je pensais pas que tu pèserais aussi lourd après un mois sur une île déserte."

- "C'est la masse musculaire ça Johnny. Tu crois que je faisais quoi dans les bois?"

- "Euh, j'osais espérer que t'allais nous chercher à manger." intervint Pope.

- "Ouais t'inquiète, je faisais ça entre deux reps où je soulevais des troncs d'arbres."

JJ ricana un instant. "Ce que t'as soulevé à la limite c'est une brindille. Un tronc d'arbre ça pèse genre 100 kilos."

La brune le fusilla du regard. "Et alors 100 kilos ? Une fois j'ai bien soulevé ta mère." Ce fût au tour du garçon de la fusiller du regard tandis que John B tentait tant bien que mal de ne pas sourire, avant qu'il n'accélère pour marcher en tête du groupe. "Allez JJ ça va revient, c'était une blague !"

- "Elle était nulle ta blague Angel." s'exclama-t-il de loin.

L'adolescente arrêta immédiatement de rire. "Franchement je l'ai trouvé plutôt drôle."

- "C'est encore loin ?" demanda le brun, à bout de souffle.

- "Non c'est juste là." répondit Cléo. Ils escaladèrent les quelques rochers restants et arrivèrent face à une pièce désaffectée, et sans mur. La jeune fille fit signe aux adolescents de se faire discrets tandis que Angel descendit du dos de John B, qui se sentit libéré.

Des quads passèrent en contre bas, forçant les Pogues à se baisser vers le sol. Une fois les véhicules passés, le blond se releva en murmurant, "Allez, allez, allez." Ils coururent alors tous à travers la bâtisse, s'arrêtant de temps à autre contre les murs pour se cacher et ainsi échapper aux gardes qui étaient toujours à leurs trousses.

Toujours en tête, Cléo c'est les guida alors rapidement vers des escaliers qu'ils empruntèrent. "T'es sûre que ça va pas s'écrouler ?" demanda le leader en suivant son amie.

- "Si t'as une meilleure idée ?" Elle navigua alors à travers le couloir, puis s'arrêta brusquement devant une pièce délabrée. "On peut se poser là. C'est un ancien hôtel, Terrence et moi on squattait souvent ici."

Angel dépassa ses amis pour être la première à entrer dans la pièce. "Cinq étoiles." murmura JJ qui la suivit. La brune regarda les murs autour d'elle, étouffés de lianes de lierre qui montaient jusqu'au plafond. Des restes de mobiliers jonchèrent le sol, ainsi que des trous dans le parquet se révélaient à elle.

- "Regardez bien où vous mettez les pieds." avertit Cléo. "Faites gaffe de pas tomber."

- "Vraiment accueillant." souffla Sarah en s'arrêtant face à l'un des trous.

Angel marcha alors jusqu'au muret qui délimitait l'appartement. Elle s'assit puis observa un instant le paysage face à elle, sous le regard de John B qui s'assuraient que les hommes qui les poursuivaient étaient bien partis. "Il faut qu'on sorte Kiara de là." intervint soudainement le blond. "Quelqu'un a une idée de comment y arriver ?"

Pope se mordit la lèvre. "On peut pas prévenir la police. Et on peut pas forcer l'entrée..."

- "Ça aide pas Pope."

- "... et on peut pas négocier puisqu'on sait pas ce qu'ils veulent. Ça a forcément un lien avec la croix et l'or."

Cléo hocha la tête pour acquiescer. "Quoi qu'il arrive ça a toujours un lien avec le fric."

- "Je pense qu'on devrait dormir." dit Angel en se relevant.

- "Quoi ?"

La brune regarda avec méfiance les yeux du blond qui s'était retourné en un éclair. "Si on réfléchit à un truc maintenant alors qu'on est fatigués, on va faire des erreurs. En plus il fait presque nuit, c'est pas aujourd'hui qu'on ira la sauver."

- "Angel a raison." appuya le brun. "On devrait se reposer."

- "Ok, Kie est peut-être en train de se faire torturer à l'heure qu'il est-"

- "Non JJ. Elle dort à l'heure qu'il est, parce qu'il est vraiment super tard. On est fatigués, et elle a besoin qu'on dorme."

Le garçon jaugea longuement la fille face à lui, puis se résigna, simplement en s'éloignant pour choisir l'endroit où il allait passer la nuit.

Angel souffla de soulagement puis rejoignit Pope, qui était assis sur un canapé laissé à l'abandon. Alors qu'elle comptait fermer les yeux, le garçon l'interpella. "Pose ta tête." La Leighton releva alors le regard vers lui, qui lui désignait ses genoux d'un geste de la main. "Allez."

- "T'es sûr ?" demanda-t-elle, les sourcils froncés.

- "T'en as plus besoin que moi. Vas-y."

La brune baissa les yeux un instant, puis s'allongea pour reposer sa tête sur les genoux de son ami. "Merci."

- "Dors Angel." Pope dégagea les cheveux de la brune d'un coup de main pour qu'elle puisse respirer en paix puis cette dernière s'exécuta, non sans lâcher un dernier regard vers le blond, simplement pour constater qu'il l'observait déjà.

⦁ ⦁ ⦁
Une lumière devant elle l'éblouit. Pas le genre de lumière rassurante, qui vient nous sauver de la noirceur de la nuit, non. Cette lumière blanche était terrifiante, car elle l'aveuglait. Sans comprendre pourquoi, elle tendit les mains face à elle.

Cependant, la lumière gagna en intensité, la forçant à se frotter les yeux. La prochaine fois qu'elle les ouvrit, elle découvrit une douceur verte et singulière. Elle passa la main de la verdure du sol, alors que des doigts se glissaient dans ses cheveux.

- "Tu sais ce que tu voudras être quand tu seras grande ?" lui demanda une femme.

- "Grande comment ? Grande comme toi ?"

- "Grande comme moi."

Elle joua nerveusement avec ses boucles d'oreilles. "Je sais pas. Je voudrais être une star !"

- "Une star ?"

- "Oui !"

La femme finit de tresser ses cheveux puis déposa un baiser sur sa joue. "Tu seras la plus grande star que le monde est jamais connu alors."

La fillette ricana un instant puis se retourna, simplement pour être confronter au vide. Ou plutôt à la mer. Elle sentit ses pieds tanguer légèrement, puis elle commença à marcher sans réellement savoir où elle allait.

Elle accéléra lorsqu'elle entendit des bruits de combats. "Aaron ?"

La silhouette se retourna, puis une machette se planta en plein milieu de son torse. Tandis que le visage de la jeune fille se déforma en une expression d'horreur, le garçon ne flancha pas. "Tu m'as tué."

Même si des larmes lui bouchèrent la vue, elle releva tout de même ses yeux vers lui. "Quoi ?"

- "Tu m'as tué." Il y eut un flash, puis, l'instant d'après, elle tenta de reprendre sa respiration.

Sarah la regarda, les sourcils froncés. Angel se racla la gorge. "Quoi ?"

- "Ça va ?" demanda Pope.

La jeune fille se remit en position assise. "Ouais, pourquoi ?"

- "T'es genre... en train de te noyer dans ta sueur." tenta-t-il en jetant un coup d'œil à ses amis. La brune se rendit compte seulement maintenant que littéralement tous les regards étaient plaqués sur elle.

Elle essuya rapidement son front avec son t-shirt. "Logique, t'as vu comment on crève de chaud ici ?" Elle lissa son vêtement. "Il s'est passé quoi ?"

- "JJ a volé un téléphone." dit aussitôt la blonde.

La Leighton fronça les sourcils. "C'est JJ, tu t'attends à quoi ?"

- "Un souvenir que j'ai volé de chez Portis. Je l'avais dans ma poche mais j'avais oublié." intervint le concerné.

Pope se redressa à son tour. "Sérieusement JJ, t'es pas capable de rester cinq minutes sans voler des trucs ? Fais moi voir."

- "Toi t'es incorrigible."

Le blond s'avança vers les deux adolescents sur le canapé. "Ouais, voler des truc, c'est mon job. Pardon." Il poussa alors la brune pour s'asseoir entre ses deux amis.

Pope se décala vers la gauche et saisit le téléphone. "Tu l'as déverrouillé comment ?"

- "Y avait de code, c'est pas un type prévoyant."

Cléo se redressa dans son siège. "Qu'est-ce que vous cherchez ?"

- "Le kidnappeur."

- "Ou n'importe quelle info qui pourrait nous permettre de discuter avec lui." Le Heyward défila rapidement l'écran. "Mais le problème c'est que je vois pas de Carlos Singh dans ses contacts."

- "C'est ça le problème."

- "C'est bourré de surnoms bizarres."

- "Attends." réfléchit la blonde. "Comment Portis l'a appelé déjà ?"

- "Le Roi des thons ?" demanda la brune.

- "Kingfish." répondit John B, encore à moitié endormi.

Le Maybank le désigna du doigt. "Ouais c'est ça, le Kingfish."

Pope chercha rapidement dans l'annuaire, et cliqua sur un contact. "Le voilà. Kingfish."

JJ afficha un sourire en coin. "Bingo. On démarre les hostilités. Étape deux : établir le dialogue. Envoie lui un truc."

- "Et j'écris quoi au juste ?"

- "Ce que t'as dit, on va négocier ok ? Fais toi passer par Portis, dis lui que tu veux le voir en tête-à-tête, que c'est super important, que c'est seulement toi et lui et Bam ! On le maitrise, on le ligote, et on lui demande poliment de relâcher Kiara ou sinon on devra le torturer et le tuer, et voilà. Ça c'est le plan."

- "Ouais ça peut marcher."

- "C'est pas con."

- "Pas con ? C'est une putain d'idée de génie."

Angel plissa le front dubitativement. "Vous êtes pas sérieux là ? Déjà il viendra jamais seul, et ensuite, quand il aura refusé de nous rendre Kiara, qui s'occupe de la torture et du meurtre ?"

JJ déplia son bras pour le déposer au dessus de ses épaules. "La torture et le meurtre c'est toi et moi bébé. Sérieusement, fais moi confiance El', c'est un plan de malade."

La jeune fille le regarda en grimaçant tandis que Pope réfléchit à son tour. "Attendez, faut réfléchir avant d'agir."

John B râla alors que le blond reprit, "Eh ! Règle numéro 1 : réfléchir sert absolument à rien quand tu tiens déjà l'idée."

Sarah se releva puis se mit face aux deux garçons. "Non, non, non, non, non. Deux secondes je suis d'accord avec Pope."

- "T'as dit que c'était une bonne idée y'a deux minutes !" s'indigna Angel.

- "On en sait rien, peut-être que ce sera dix fois pire en faisant ça pour nous et pour Kiara."

Son copain se retourna face à elle. "Dix fois pire ? On est déjà au taquet sérieux."

- "Je crois qu'on a encore de la marge."

- "Ok." arrêta le brun. "On vous laisse réfléchir et on tente le coup si vous voulez bien."

Il fit un geste à son meilleur ami, puis ce dernier reprit le téléphone entre ses mains. "Merci." Il tapota alors l'écran du téléphone. Il prit une photo de John B et Sarah, qui étaient finalement assis côte à côte.

- "Qu'est ce que tu fous ?" s'inquiéta la brune.

- "J'ai ces deux-là." Il se retourna vers Angel qu'il vit, les sourcils froncés. "Maintenant on a plus qu'a attendre qu'il réponde."

- "Ta photo ressemble à rien, même un aveugle tomberait pas dans le panneau."

JJ passa son bras à nouveau autour des épaules de son amie. "Depuis quand tu crois plus en moi ? Fais moi confiance, il va répondre." Angel leva les yeux au ciel, puis croisa le regard de John B. Elle l'interrogea silencieusement, simplement pour voir son meilleur ami hausser les épaules, un demi-sourire sur les lèvres. "Yo ! Il répond !" Le garçon se releva soudainement, le téléphone toujours en main. "Tu vois Angel je te l'avais dit que ça marcherait !"

- "Alors ? Il a dit quoi ?" demanda le leader immédiatement.

- "Rien. C'est toujours les trois petits points." Sarah rejoignit le blond pour observer l'écran à ses côtés. "J'arrive, envoie moi ta position."

- "Il veut savoir où on se trouve." répéta Pope.

- "Ouais, c'est ce qu'on voulait non ?" Il lança le portable à John B, face à lui. "Tiens regarde, boum !"

- "Et on dit quoi ?" demanda la blonde à son tour.

Angel se leva pour rejoindre ses amis qui s'étaient presque tous déplacés. "On peut pas lui donner notre position." intervint Cléo. "Donne lui une adresse, n'importe où."

- "Ouais ok. Et où vous voulez qu'on le retrouve."

Le Heyward réfléchit un instant. "Et pourquoi pas à l'hippodrome ? On est passés devant : c'est grand et facile à surveiller."

Le brun hocha la tête tandis que JJ commença à faire les cents pas. "Ouais, ouais. On est dans le coup là on assure. Ça me plaît ça. Et puis si on veut s'enfuir, on saute sur les cheveux et on se tire façon Far West."

- "Hors de question, quelqu'un a vu un cheval par ici."

Le blond regarda le Routledge quelques secondes. "Bon, on oublie les cheveux."

- "John B si on s'organise bien ça peut le faire. Qu'est-ce que t'en dit ?"

Une sonnerie retentit, interrompant Pope. "J'ai un autre texto."

- "On débarque, on prend position et JJ sera notre appât. On les attire au milieu du terrain."

Angel tourna la tête vers le garçon à côté d'elle. "Non Pope, c'est moi l'appât. J'ai besoin d'aventure là."

JJ revint vers ses amis d'un air coupable. "Euh, changement de programme. Pas la peine, reste où tu es, on vient de te localiser, j'envoie mes hommes te récupérer dans moins de dix minutes."

Un silence s'abattit alors dans toute la pièce. Angel regarda longuement le blond. "Oh wow." souffla-t-elle.

- "Euh..."

- "Attends deux secondes." arrêta le leader. "T'as laissé la géolocalisation ?"

- "Je-"

Pope et John B se levèrent alors au même moment pour se jeter sur le blond. "T'as laissé la géolocalisation du téléphone ?"

- "Eh !"

- "Coupe le !"

- "Donne !"

- "J'ai un Samsung !"

- "Moi aussi !"

- "Oh !" s'exclama la brune quand elle vit que les deux garçons se rapprochèrent dangereusement du Maybank. "Vous voulez sérieusement passer votre temps à les attendre ici ou à trouver une solution."

- "C'est pour ça qu'il faut réfléchir avant d'agir !" s'exclama Pope.

JJ s'isola, de culpabilité, tandis que le brun tenta de trouver une solution. "On se calme et on réfléchit."

- "J'arrête pas de le dire."

- "Ils vont arriver c'est sûr, il faut qu'on trouve une porte de sortie." Angel écoutait à peine le plan qui commençait à se créer, car elle était trop occupée à garder un œil sur le blond.

Elle le vit serrer le poing avant de se mettre la tête entre les mains. Il ramassa quelque chose au sol, releva la tête, et Angel put presque voir l'éclair de génie passer à travers ses pupilles bleues. "Yo, eh !" Il s'avança à nouveau vers son groupe d'amis. "Je sais que ça va pas vous plaire ce que je vais dire, mais on a l'avantage du terrain. On peut prendre le dessus." Il remit son chapeau qu'il avait en main. "On va tendre des pièges à ces enfoirés. On va pas une fois de plus partir en courant, c'est notre dernière chance de récupérer Kiara. On va y arriver, on a dix minutes c'est parti !"

L'adolescent frappa dans ses mains, le cœur battant la chamade. Si leur plan échouait, non seulement ils perdraient Kiara, mais ils perdraient probablement également leur vie.

⦁ ⦁ ⦁

AARON

               Il faisait noir. Il faisait froid. Il entendait tout, mais ne voyait rien. Il y a un mois, Aaron Leighton avait fait une overdose. Il y a un mois, il s'était senti mourir. Il avait voulu mourir. Du moins c'était ce qu'il pensait. En vérité, il avait été effrayé. Puis il avait regretté.

Maintenant, il dormait depuis 36 jours exactement. Il les avait comptés, car il n'avait rien à faire d'autre dans son sommeil. Enfin, il n'avait pas réellement compté les jours, puisqu'il ne voyait plus le soleil. Il avait simplement compté le nombre de fois qu'il avait entendu la voix de son père après plusieurs heures. Il passait le voir tous les jours. Peut-être même plusieurs fois par jour.

La plupart des gens disaient que, durant un coma, on dormait juste, on ne rêvait pas, on ne pensait pas, et que l'on était inconscient. C'était faux. Aaron était très bien conscient. Il entendait tout ce qu'il se passait autour de lui. Il ne savait pas où il était pourtant. Il ne savait même pas à quoi ressemblait sa chambre d'hôpital. Il ne savait pas non plus que les cernes de son père se creusaient de plus en plus. Ni que ses cheveux blanchissaient à vue d'œil.

Il ne voyait rien mais entendait tout. Le bip régulier de son moniteur (qu'il avait envie de détruire tellement il l'entendait tout le temps), les voix des médecins, les pleurs dans les couloirs, les infirmiers qui couraient dans l'urgence, la voix de son père... Il entendait tout. Mais il ne régissait pas. Il ne savait même pas s'il en avait réellement envie. Ni même s'il pouvait.

Il avait essayé, après avoir entendu la voix de son père dix fois. Mais il n'avait même pas réussi à cligner des yeux.

Aaron avait toujours été persuadé que, si un jour il tombait dans un coma, il se réveillerait facilement. Qu'il forcerait son cerveau à commettre un exploit aussi banal que de bouger sa main. Il avait alors cru qu'il allait être mieux que ceux qui étaient déjà passés par là, mais mauvaise pioche, il était simplement un homme.

De temps en temps aussi, il voyait sa mère. Il lui parlait. Même s'il était techniquement en vie, c'était comme s'il était dans un état qui se situait entre la vie et la mort. Il la voyait. Elle lui manquait. C'était aussi peut-être une des raisons pour lesquelles il ne voulait pas vraiment se réveiller.

Actuellement, elle se trouvait à côté de lui. Une mer s'étendait face à eux, avec pour seule barrière une lumière blanche, qui les enfermait dans une bulle. Sofia tourna la tête vers son fils, et ce fût celle qui brisa le silence. "J'ai réfléchi."

- "Je suis pas sûr que ce soit bon signe."

La jeune femme se pinça les lèvres. "Tu devrais partir."

Le garçon fronça les sourcils, les cheveux au vent. "Pourquoi ?"

- "J'ai juste l'impression qu'à chaque fois c'est un peu plus réel. Si t'essayes pas dès maintenant, quand tu voudras, il sera trop tard."

Aaron haussa les épaules. "Je suis bien là."

- "Oui je sais, mais tu peux pas rester là." Elle se tut un instant. "Ton père et ta sœur ont besoin de toi-"

- "Non, ils ont pas besoin. Papa t'a remplacé, et Angel s'est barrée. Je veux pas que ma famille soit comme ça."

- "Soit comment ? Humaine ?" Sofia se tourna vers le brun. "Les gens font des erreurs Aaron, toi aussi."

- "Ah ouais ? J'abandonne ma famille moi ?"

- "Oui ! En étant là c'est ce que tu fais. Si tu te bats pas, ton père va perdre deux des trois personnes qu'il aime le plus au monde, et Angel va perdre le dernier frère qu'il lui reste. C'est ce que tu veux ?"

- "Elle me considère pas comme son frère. Je lui ai dit que j'avais besoin d'elle, mais elle part avec son mec et ses potes chercher un trésor. Elle a littéralement choisi l'argent."

- "Elle a choisi ses amis. Elle savait pas à quel point c'était grave pour toi. Laisse lui une chance."

- "Pourquoi ? Pour que je lui refasse confiance et que d'un coup elle reparte sans prévenir en lune de miel, et que moi j'essaye de me re-tuer ?"

Sofia posa ses mains sur les joues de son fils. "Pour qu'elle te montre qu'elle t'aime. À la fin de la journée, la famille sera toujours là, c'est pour ça qu'elle est partie avec eux. Pas parce qu'elle t'aime moins, mais justement parce qu'elle t'aime le plus."

Aaron sentit ses yeux s'humidifier, puis il baissa la tête. Des larmes coulèrent lentement le long de ses joues, mais il ne sentit jamais leur goût salé, puisqu'elles s'écrasèrent sur les mains de sa mère. "C'est juste que tu me manques."

Le regard de la jeune femme s'adoucit puis elle posa la tête du brun au creux de son cou. "Je sais Aaron. Mais je veux pas te voir, même si je t'aime. Pas pour le moment chéri. Pour l'instant, tu appartiens au monde extérieur."

- "Me dis pas des conneries comme ça sérieux. Tu vas me dire qu'on se reverra dans plusieurs années après ça ?"

- "Non, bien sûr que non. Je te dirai que t'auras juste à fermer les yeux, et tu me verras. Mais je peux aussi sortir la connerie sur le nombre d'années si tu veux."

Le garçon ricana, puis sanglota, presque dans la même seconde. Il ne savait pas exactement combien de temps il était resté dans les bras de sa mère, et pendant combien de temps elle lui avait caressé les cheveux, mais dès qu'il releva la tête pour lui dire qu'il l'aimait, elle avait disparu. Et il faisait noir à nouveau. Il sentit simplement de léger courant d'air lui chatouiller les joues.

Le vent allait l'emporter. Il ne savait juste pas encore dans quelle direction il se laisserait pousser.

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