Et bonjour à tous-tes !
J'espère que vous allez bien et que vous êtes prêt-es pour la suite des aventures de nos deux amoureux interdits, aka James-Karl et Étann ! 🌙
Vous avez bien compris, D'or et de Jais n'a pas été retenue comme lauréate du concours Shadows et ne sera donc pas éditée chez Hugo. Je suis déçue bien évidemment, mais je garde espoir d'un joli futur pour cette Romantasy. Je compte bien l'envoyer dans d'autres ME très, très cool ! En attendant, c'est avec une immense joie que je vous retrouve aujourd'hui pour la suite de la publication. Sans plus de suspens, voici le chapitre 19 ! Je vous souhaite une bonne lecture et suis très heureuse de vous retrouver ici. MERCI POUR TOUT LE SOUTIEN QUE VOUS M'APPORTEZ AU QUOTIDIEN ! ❤️
Andy, votre petit chou.
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— JAMES-KARL ! hurle Zaya en entrant dans la chambre, les joues rouges et les cheveux en bataille.
Je me redresse en panique. Mon cœur bat soudain très, très vite.
Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Zaya, chouiné-je. Je dormais.
— Je sais. Je sais.
Elle me tire par le bras et m'ôte de la chaleur de ma fourrure pour m'extraire de notre cabane.
— Où est père ?
Autour de nous, les gens du village courent, ils ont des seaux dans les mains et je ne comprends pas.
— Je ne sais pas. Nous allons le chercher tous les deux.
— Zaya, dis-je, mes yeux s'écarquillant quand je lève la tête. Du feu. Il y a le feu. Partout.
Je me cache dans ses jambes. Elle s'agenouille pour s'installer à ma hauteur. Elle décale une mèche de cheveux derrière mes oreilles.
— Pourquoi tu pleures Zaya ?
— Je ne pleure pas, mon loup.
J'éponge une de ses larmes de mon pouce. Elle s'essuie le visage à toute vitesse.
— Yaya. Il est où, père ?
— Il... il... sauve les gens du feu. On va vite le retrouver. Tu vas tenir ma main très fort et ne pas la lâcher, d'accord ? Tu vas être un louveteau courageux.
Je hoche la tête dans un mouvement lent. Je voudrais bien savoir pourquoi Zaya pleure comme ça. Lucy s'approche de nous quand Zaya se relève.
— Lucy ! La déesse-lune soit louée. Tu es saine et sauve. Où sont les autres ?
— Tout le monde doit rejoindre la rivière. Partez vite. Les chasseurs et les Alpha font tout ce qu'ils peuvent pour sauver les prisonniers du feu dans les huttes au nord du village. J'y vais de ce pas pour les soigner. Ne tardez pas.
— D'accord.
Zaya se tourne vers moi.
— James, on va courir. Tu peux faire ça ?
Un cri s'élève sur notre droite et je vois au loin un toit s'effondrer. La fumée me gratte la gorge. Zaya m'emmène dans la forêt et je galope du plus vite que je peux. Je voudrais être avec père. Il est l'Alpha le plus fort de la meute et avec lui, je n'ai jamais peur. Un jour je serais comme lui, il a dit. On se promène souvent tous les deux dans la forêt pour parler de mon futur. Je n'écoute pas beaucoup. Je préfère lui demander si Karl et mère sont heureux avec Calunéa. Parfois, on regarde le ciel la nuit et père dit que tous les ancêtres de ma famille sont là-haut et m'observent. Que plus tard, il partira pour les rejoindre et que ce sera à moi de guider la meute. Ce qu'il ne sait pas, c'est que Karl est toujours avec moi dans ma tête. Je ne l'ai dit à personne. C'est un secret.
« Tu crois que père est assez fort pour traverser le feu ? »
Personne ne peut faire ça. C'est impossible. Je tire sur la tunique de Zaya pour lui demander, mais soudain elle quitte ma main pour parler avec quelqu'un d'autre. Je fais la moue. Elle avait dit qu'elle me tiendrait la main. Ilan arrive vers moi avec Yaël et Yann.
— Tu crois que mon père peut marcher dans les flammes ? j'interroge Ilan.
— C'est sûr. Galadriel est le lycan le plus fort du monde.
— Père dit que je serai le plus grand chasseur que la meute Roé n'a jamais connu.
— Si tu travailles dur, c'est sûr. Mon Veilleur dit qu'il faut toujours persévérer. C'est pour ça qu'avec Yann et Yaël, on s'entraîne tout le temps. Mes frères sont très, très forts.
Je n'ai pas le temps de répondre que je vois Zaya tomber à genoux. Je penche la tête sur le côté. Pourquoi fait-elle ça ? Elle enfonce son visage dans ses mains. Yaël inspire un hoquet horrifié. Je le regarde. Zaya finit par me retrouver.
— James... Non... chut. Écoute-moi.
Elle me prend dans ses bras et m'étouffe.
— Père... il... il est parti.
— Hein ? Quoi, comment ça parti ?
— Il a rejoint Calunéa et mère et Karl...
— Non ! Non ! dis-je en la repoussant. Père peut traverser le feu, il est le plus grand chasseur de la meute Roé.
— Je suis désolée, mon loup. Il a été bloqué par un effondrement en essayant de sortir une Oméga du feu.
— Non. Père est le plus fort des Alphas. Il va revenir. Je vais le chercher.
Je la pousse de deux mains sur sa poitrine et m'élance vers le village.
— Non ! James-Karl ! Reviens !
Mes joues sont mouillées. Je dépasse notre cabane et me dirige vers les huttes embrasées. Je vais rejoindre père et il sera en train de quitter le brasier avec l'Oméga. Je le sais. Père est incroyable. Je vais l'appeler pour lui dire de sortir.
— Père ! Père !
Je cours et la chaleur des flammes me lèche la peau. L'odeur de la fumée me fait tousser. Père va arriver. Il va me rejoindre. Papa...
— James-Karl, arrête !
Zaya me déboite presque l'épaule pour me stopper. Je fixe l'embrasement devant moi puis fronce les sourcils. Ma sœur me parle, mais je n'entends plus un mot de ce qu'elle dit. Tout est flou, tout est flamme. Le feu et l'odeur âcre étourdissent tous mes sens. Il va sortir. Je le sais. Tout se décompose et tombe en cendre.
« Ce qu'elle veut dire, c'est que père ne peut pas traverser le feu, James. Il est en train de nous rejoindre avec mère. »
Non ! Non ! Il va arriver. Zaya ne comprend pas. C'est sûr, il va apparaître. Elle me plaque contre sa cuisse et m'éloigne de force du danger. Je suis tout engourdi. Karl me parle aussi, mais tout est cotonneux.
Alpha. Le futur de la meute.
Un hoquet m'échappe.
Un jour, ce sera ton tour, James.
Je suis en train de pleurer.
Le plus grand chasseur que le clan Roé n'ait jamais connu. Ce sera toi.
***
Un bruit de chaîne qui racle le sol me réveille en sursaut. J'ai l'esprit embrumé. Je lève une main sur mon visage. C'est étrange. Je ne rêve presque jamais de mon enfance. L'eau sur mes doigts s'imprègne dans ma peau. Je tourne la tête vers Étann, nous nous sommes assoupis.
Je ne serais jamais à la hauteur. Je reste cet enfant apeuré au fond de moi.
« Tu es exactement celui que tu devais être. La meute croit en toi. Tout pour la meute. »
Je ne suis qu'un imposteur. Je suis peut-être un chasseur exemplaire, fort et puissant, mais je n'ai jamais su prendre les bonnes décisions. Déjà petit, j'étais prêt à me jeter dans le feu plutôt que de faire face à la peine. Le destin fait mal les choses. Un statut ne fait pas de nous un bon souverain. Il ne nous définit pas. Je ne veux pas de cette vie, de ce poids sur les épaules. Je ne suis qu'un louveteau orphelin et triste.
J'observe l'Oméga devant moi. Les traits d'Étann sont tirés. Je voudrais le rassurer et lui dire que nous survivrons. Mais je ne préfère pas nous bercer d'espoir. J'aimerais sincèrement pouvoir le sauver. La guerre nous a rattrapés et même si nous arrivons à nous échapper, nous aurons encore beaucoup de batailles à mener. Je ne sais pas ce qu'il reste du village, mais Étann ne serait pas en sécurité si nous retrouvions la meute.
Comment vont les autres ? Est-ce qu'ils ont réussi à se cacher dans la montagne ?
— Mauvais rêve ? me demande Étann, la voix rauque.
Je me frotte le visage. Je dirais plutôt mauvais solstice.
— Je ne sais pas ce que j'attends, expliqué-je. Sortir enfin de cette grotte humide et sale pour revoir le jour ou ne jamais plus vouloir la quitter vu ce qu'il risque de se passer.
— Je partage le sentiment.
Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes là. Je dirais quelques jours. Bien sûr que j'aimerais que l'on nous sauve. Mais je n'avais moi-même aucune idée de la menace qui pesait sur nous. Alors comment pourrait-on nous retrouver ?
— Tu n'as pas dormi, je constate.
— Je n'y arrive pas, précise-t-il. Impossible de fermer à l'œil.
— Je comprends le sentiment.
Il baisse la tête et fait tinter ses chaînes, secoué d'un rire discret.
— Toute cette histoire est absurde. J'ai parfois l'impression que je vais finir par me réveiller et demeurer dans mon lit d'humain, comme si rien de tout ça n'était vrai.
— Qu'est-ce que tu préfères ? Avoir des particularités surnaturelles, courir vite, être fort et gérer toute cette merde ou être un humain banal à la vie paisible, à qui il n'arrive rien ?
— Tous les humains rêvent d'être exceptionnels, et je ne déroge pas à la règle. Ils ne le disent pas, mais... c'est immuable. Dans le fond, on a tous cet espoir fou qu'on fera la différence, qu'on laissera quelque chose derrière nous. Le truc, c'est que l'on est tellement nombreux que l'on finit par se fondre dans la masse, peu importe nos différences. Et être lycan, c'est... galvanisant, exaltant. Ce lien, cette appartenance. C'était nouveau. Agréable. Tous ces fils dans ma poitrine. Ils nous connectent. C'était comme si je n'étais plus seul.
— Ça n'a pas que de bons côtés. Tu te doutes bien que perdre quelqu'un à travers l'Empreinte est encore plus douloureux pour nous.
— Mais partir, c'est le cours normal des choses. Aucun être sur cette terre n'est immortel. On a tous un temps dédié, une raison d'être là. Quelque chose à accomplir.
— Je crois que je suis au courant, oui, grondé-je avec frustration. Depuis que je suis un louveteau, je n'entends que ça.
— Personne ne peut échapper à son destin, James-Karl.
— Mais moi, mon sort est gravé dans les divinités et les astres. J'ai eu le malheur de naître Alpha et ce statut me colle à la peau, m'enferme dans un étau de fer. C'est mon frère qui aurait dû être Alpha, pas moi.
Étann hausse les sourcils. Je me rends compte de ce que je viens de révéler et mon hypocrisie le concernant.
— Personne n'aurait jamais dû te forcer à devenir Pack-Alpha. Ça n'a rien à voir avec ton statut. Tu n'es pas obligé d'être chef de meute. Tu peux changer les lois.
— Ma famille est régente depuis l'origine de notre espèce.
— Et alors ? Le temps n'a aucun pouvoir sur tes décisions. Ni les traditions. Tu fais ce que te dicte ton cœur. Rien d'autre.
— C'est impossible, soufflé-je.
Mon battant s'accélère dans ma poitrine. Je ne pourrais jamais quitter mes fonctions. Le village ne comprendrait pas. Le conseil ne l'accepterait pas.
— Ta sœur est une Béta, bien vrai ? Ils ont bien approuvé qu'elle te remplace. Pourquoi est-ce que ça ne pourrait pas continuer comme ça ?
— Car elle ne peut pas procréer. C'est logique. Le trône doit aller à l'Alpha mâle de chaque génération.
Mon fils sera le prochain à prendre ma place.
— Est-ce qu'au moins, tu veux des enfants ?
Je le fixe avec attention sans répondre. Non. Je n'en veux pas. N'en désirerais jamais. Je ne serais jamais un bon géniteur.
« Notre généalogie s'arrêterait après toi. C'est impossible James-Karl. Nous devons faire perdurer la meute. »
Je ferme les yeux.
— Tu seras contraint d'épouser une Désignée alors que tu n'en as pour ainsi dire absolument rien à faire des femmes. Mais ça tu ne le diras pas non plus, n'est-ce pas ? Pour perpétuer le statu quo et ne pas faire honte à ton clan. Ne pas le décevoir.
Je grince des dents et avale avec difficulté. Je sais pourquoi je le fais. J'ai accueilli mon futur.
— Tu as un raisonnement humain, dis-je, les mâchoires serrées.
— Mais je suis un humain. Tu sais, depuis ma transition, je me suis beaucoup posé la question. Durant les entraînements aussi. Je voulais tellement essayer de faire partie de votre meute, devenir comme vous et être accepté. Mais à force de manger le sol, j'ai compris. Je ne serais jamais entièrement un lycan. Car j'étais un humain. Et je sais... je sais que je suis une anomalie. Que vous n'aviez encore jamais vu ça avant. Qu'un Oméga ne peut pas être un homme. Mais c'est moi. Je suis comme ça. Je ne veux plus me battre contre ça. Je suis mi-humain, mi-lycan. Et si ce n'est pas un problème pour Awu, ni même pour Ilan ou Yaël. Pourquoi est-ce que ça devrait l'être pour les autres ? Je ne peux pas payer pour vos traditions ou vos lois racistes. Je n'ai rien fait. J'ai au contraire tout fait pour réussir. Je suis déterminé et je serai un bon chasseur. Un brave guerrier. Je suis un Oméga. Et je vais combattre. Je préfère mourir, le cœur arraché de ma poitrine, en étant Étann : l'humain et l'Oméga qui s'est battu jusqu'à la dernière seconde. Plutôt que de survivre dans l'ombre de moi-même et de me bafouer. Je ne laisserai personne me prendre ça. Alors oui, j'ai un raisonnement humain et ce n'est pas une honte, c'est une force.
Je sais, Étann. Je sais. Et j'espère de tout mon cœur que tu ne perdras pas la vie. Que tu nous montres à tous le chemin de ton âme pure. De ta magnifique persévérance.
Comme si c'était facile. Comme si je ne l'avais jamais autant voulu qu'aujourd'hui. J'aimerais qu'il ne s'agisse que de lui et moi, sans plus avoir à s'inquiéter du reste. Et pendant que mon cœur se débat contre ma conscience, je sais que nous ne pourrons jamais nous appartenir.
C'est hors de notre portée. Nous ne pourrons pas réécrire l'histoire.
J'adorerais pouvoir me dire que rien ne nous séparera, que nous serons ensemble et que les autres n'ont pas un mot à dire nous concernant. Mais c'est impossible.
Et je ferai tout. Tout ce que je peux pour que tu survives.
Le silence reprend ses droits dans la caverne et j'ai la gorge sèche. Si un jour je dois m'accoupler à une Désignée, je veux au moins pouvoir le voir vivre et être heureux.
Même si ce n'est pas moi qui suis à l'origine de son bonheur.