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By Afroheidi

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Son regard se leva vers l'astre nocturne, s'agenouillant sur le sol en pierre dans un silence religieux. Un s... More

Informations avant lecture de la fiction
Prologue - Mnémosyne
Chapitre 1 - Nouvelle vie à Eel
Chapitre 2 - Le Conseil
Chapitre 3 - Nom d'un crylasm
Chapitre 4 - L'Astral
Chapitre 5 - Invasion
Chapitre 6 - Ashkore
Chapitre 7 - Rejoindre les rangs de la Garde
Chapitre 8 - Fille de la Lune
Chapitre 9 - Première Mission
Chapitre 10 - Alliances et Secrets
Chapitre 11 - L'Ombre
Chapitre 12 - Fenghuangs, Fô et Dragons
Chapitre 13 - Âmes-Sœurs
Chapitre 15 - Cousins phoenix
Chapitre 16 - Illusion
Chapitre 17 - Submersion
Chapitre 18 - Prison corporelle
Chapitre 19 - Le bras droit de l'Ombre
Chapitre 20 - Le baiser du vampire
Chapitre 21 - S'appartenir
Chapitre 23 - Agonie
Chapitre 24 - Retrouvailles déchirantes
Chapitre 25 - Fantôme du passé

Chapitre 14 - Lune de sang

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By Afroheidi


Sois proche de tes amis, et encore plus de tes ennemis, lui souffla sa Mère. Sur l'Astral, il n'y a pas d'ennemis, se rappela Moody. Elle déchira le mot d'Ashkore par frustration. Pourquoi n'y a-t-il pas d'ennemis là-bas ? questionna-t-elle. Parce que vous êtes mes enfants, répondit Lune d'un ton évasif. Un soupir échappa à la lunienne qui se laissa tomber lourdement sur son matelas. Tout n'était qu'un jeu malsain imposé par son ennemi. Ame-sœur. Son regard se posa à nouveau sur le coffin que lui avait remis Shiro. Elle se pencha pour attraper la bague et l'observer sous toutes ses coutures. Qu'avait-il pu y glisser dedans ? Le liquide semblait tout aussi rouge que la pierre. A ce moment-ci, elle s'en voulait de ne pas être plus curieuse concernant les sciences de l'Absynthe. Moody remit la bague en place puis referma la petite boîte qu'elle posa sur son ventre en s'allongeant sur ses draps frais, fixant le plafond d'un air absent. Demain, peut-être, demandera-t-elle à Ezarel de vérifier ce qui composait son rubis. Ce soir elle n'avait envie de voir personne, encore oppressée par les précédents événements. Par la surprotection de Nevra. Par les excès de colère de Lance. Par l'incompréhension de l'attitude d'Ashkore. Elle ferma les paupières. Il fallait qu'elle prenne sur elle pour ne pas faillir à sa mission. Se reposer, prendre du recul et ne pas se laisser affecter par les émotions d'autrui.

L'odeur fraîche de Lance embauma sa chambre, elle soupira en rouvrant les paupières. L'agacement s'empara tout de suite de son humeur. Pourquoi ne pouvait-on pas la laisser en paix rien qu'une soirée ? Pourquoi fallait-il absolument que tout soit réglé maintenant et tout de suite ? Elle n'était pas ouverte à la discussion et encore moins à l'interrogatoire que lui imposerait l'Étincelant. Ce n'était pas le moment. Moody cacha le coffin sous son oreiller avant de se rasseoir au bord de son lit. Son regard se baissa vers l'ombre sous la porte, il attendait. Elle n'avait pas à entendre sa voix pour imaginer l'ordre qu'il lui imposait. Mais elle avait un avantage considérable : faire ce qu'elle voulait. S'il pénétrait dans la pièce sans son autorisation, il s'attirerait les foudres d'Oth et mettrait en péril leur mission. Un sourire mauvais ourla ses lèvres, croisant les bras sous sa poitrine. Elle profiterait de cet avantage comme bon lui semblait, c'était à elle de choisir et de définir sa disponibilité. Et puis quoi de plus divertissant que de mettre à rude épreuve la patience de l'homme qui l'agace le plus ? La demoiselle se mit sur pied et leva son majeur vers la porte avant de tirer la langue avec insolence. Elle fit claquer bruyamment ses talons en direction de son bain chaud. N'avait-elle pas le droit à la détente ?

Moody prit un temps considérable pour sa toilette. Elle lava soigneusement chaque mèche de cheveux avant de les rincer, gomma chaque partie de son corps pour enlever les peaux mortes. Elle enveloppa son corps voluptueux dans une serviette, se sécha et s'installa nue sur le rebord de son bain pour étaler de la crème sur l'entièreté de son corps. Depuis combien de temps n'avait-elle pas pensé à son bien-être ? La lunienne cacha ses formes dans un peignoir et se dirigea vers sa coiffeuse pour peigner sa longue chevelure, le regard fixé sur l'ombre sous la porte. Il avait serré les poings, signe de son impatience. Elle ricana intérieurement. Lorsqu'elle eut fini son petit jeu sournois, elle daigna enfin lui accorder l'attention qu'il souhaitait. Moody se dirigea vers sa commode près de la porte, en tira un tiroir pour prendre une gorgée de l'élixir concocté par Ezarel avant de s'exclamer :

« Oh ! Vous êtes là ! Par la Lune, je ne vous avais pas entendu. » ironisa la lunienne.

Un sourire malicieux étira ses lèvres quand elle entendit un faible grognement derrière la porte. La lunienne retira le loquet et fit coulisser le panneau en bois pour découvrir l'Étincelant au regard assassin. Le sourire de la jeune femme s'effaça aussitôt quand il se pencha vers elle. Il était bien trop proche, rompant toute distance sociale raisonnable Elle sursauta et eut un mouvement de recul lorsque son nez heurta le sien. Il souffla d'une voix menaçante :

« Je vous ferai regretter votre petite comédie. Vous avez de la chance qu'on soit en mission. »

Lance la toisa d'un œil circonspect avant de se redresser pour pénétrer dans sa chambre sans en demander l'autorisation. Elle déglutit faiblement mais ne se laissa pas démonter pour autant tout en refermant la porte coulissante pour leur donner de l'intimité. Soudainement, la grande main de l'homme saisit avec force son frêle poignet et se fit entraîner avec force plus loin dans la pièce. Moody couina de surprise et tenta de se débattre. Il resserra sa prise et l'obligea à lui faire face. L'Etincelant était d'une humeur massacrante et sa posture menaçait ouvertement la petite femme.

« Qu'est-ce que vous avez foutu, putain ! » dit-il d'un ton froid.

Lance n'avait pas besoin d'hausser la voix pour exprimer sa colère. Ses yeux le faisaient d'une manière assassine. L'homme se donnait du mal pour ne pas l'étrangler pour son impudence. Son regard céruléen plongea dans les envoûtantes améthystes. La lunienne s'était dressée sur la pointe des pieds pour se donner de la contenance et regrettait de ne pas avoir ses talons pour le défier d'un peu plus haut. Il gronda avec mépris devant son air condescendant. Ce qu'il rêvait d'écraser sa main contre sa joue pour la voir changer d'expression. Il l'aurait à l'usure.

« Mon devoir d'enfant de la Lune. » répondit-elle d'un ton bien trop calme.

« Arrêtez de vous foutre de ma gueule. Il est notre ennemi et vous l'avez laissé partir comme si de rien n'était. »

Elle haussa les épaules avant de rétorquer d'une voix insolente :

« Il n'y a pas de nous qui tienne. Je n'ai aucun ennemi quand Lune est concernée. »

En une fraction de seconde, Lance céda à sa pulsion et attrapa la petite femme par le cou, la soulevant sans difficulté jusqu'à ce qu'elle frôle le sol de ses pieds nus. Il se pencha vers elle et elle crut apercevoir de la fumée blanche sortir de ses narines. Peut-être était-ce le manque d'oxygène qui commençait à lui jouer des tours ? Ses jambes tentèrent de l'asséner de coups, en vain. La température de la pièce semblait glaciale tout à coup. Elle sentit des frissons s'emparer de son corps nu sous son peignoir. L'homme grogna une nouvelle fois, les sourcils froncés.

« Lune n'est pas la toute puissante. Ashkore n'est pas une personne à protéger dans ce genre de situation. N'oubliez pas que nous nous sommes alliés et que vous devez tout me dire chère coéquipière. »

La lunienne plaqua sa main manucurée autour du poignet de l'Étincelant, il la relâcha comme une poupée de chiffon. À genoux par terre, Moody tenta de récupérer le peu de dignité qui lui restait en toussotant. Elle prit une grande bouffée d'air en se relevant. La surprise et l'humiliation soudaine s'étaient mues en une colère inopinée. Sa patience n'était pas présente et elle ne supportait pas l'écart de son supérieur à son encontre. Sa main gifla sèchement la joue de l'homme toujours incliné. Ses billes améthyste toisèrent ses homologues saphirs. Les mâchoires de l'homme se contractèrent pour ne pas rétorquer à cette piètre défense. Il inspira et expira bruyamment tandis que la jeune femme serrait les poings.

« Je vous défends de m'étrangler encore une fois. Je ne suis ni votre coéquipière, ni votre alliée. J'apporte mon aide pour une quête commune : celle de faire tomber notre ennemi. Ne me considérez pas comme acquise, ni comme votre vulgaire pantin que vous pouvez maltraiter. Espèce d'abruti. » dit-elle sèchement.

« Je vous ferai payer votre ingratitude. » menaça-t-il.

« Je n'ai aucunement peur de vous et de votre virilité mal placée. La seule chose que vous savez faire, c'est de lever la main sur moi à chaque écart. Vous êtes pitoyable. Minable. Et sans couilles. » déclara Moody.

Lance sentit son dragon s'agiter à l'intérieur de son corps. Impulsif, sanguin. Il voulait remettre la femelle à sa place pour l'avoir autant humilié et lui rappeler sa position inférieure, malgré son importance pour Drachenversteck. Il voulait la soumettre, la posséder et la marquer. L'Étincelant contracta les mâchoires et gronda en se détournant d'elle, tentant de calmer son animal. Ce n'était pas le moment de céder ou de blesser la Fille de l'Ombre. Il préférait mourir dignement en combat qu'entre les mains de Selam.

« Dégagez de ma chambre. » ordonna-t-elle.

Lance lui jeta un regard en coin et rétorqua :

« Dites moi ce qu'il vous a donné. »

Moody ne dit rien et leva le menton pour le défier.

« Rien qui vous intéresse. » déclara la lunienne.

L'homme la toisa et jeta un regard circulaire dans la pièce. Elle le vit remuer les narines comme s'il humait l'air et inconsciemment, elle en fit de même. L'empreinte d'Ashkore régnait dans la pièce. Lance fixa son regard sur le lit et elle écarquilla les yeux lorsqu'il lui fit dos. Il n'y avait plus cette odeur alléchante de ses hormones, mais bien celle de leur ennemi. Lance s'avança vers le matelas et aussitôt, Moody tenta de le retenir en faisant barrage de son corps voluptueux. Le dragon la jaugea avec un sourire mauvais au coin des lèvres.

« Comment comptez-vous me mettre à terre ? En me mettant un coup de sein ? » provoqua-t-il.

La lunienne leva la main, prête à le gifler une nouvelle fois. Il en profita pour lui attraper le poignet et lui faire une clé de bras. D'un mouvement rapide, il la plaqua à plat ventre sur le lit avant de passer à califourchon, de tout son poids, sur son petit corps en train de se débattre. De ses cuisses puissantes, il bloqua ses bras en les resserrant contre ses hanches, ignorant les mouvements brusques contre son entrejambe. Lance enroula un de ses poignets avec la chevelure brune et plaqua le visage de la lunienne contre son oreiller. Son front heurta lourdement le coffin caché, étouffant son gémissement de douleur. Un sourire vainqueur se dessina sur les lèvres de l'Étincelant qui se pencha à son oreille pour souffler :

« Trouvé. »

Il plongea la main sous l'oreiller tout en l'écrasant volontairement de son poids, tirant sur ses cheveux. La lunienne sentit une étrange chaleur contracter son bas ventre puis la honte lui faire rougir les joues alors qu'elle tournait son visage pour inspirer de l'air frais. Lance, dans sa proximité, murmura froidement :

« N'oubliez pas que vous êtes ma chose pour le moment et qu'Ashkore n'a aucun droit sur vous, petite conne. »

Il relâcha ses cheveux et se redressa pour se tirer du lit. Ses yeux contemplèrent le présent offert en s'éloignant. Moody resta à plat ventre contre le matelas, humiliée, le visage replongé dans le coussin. Elle déglutit faiblement. La fatigue et la frustration cumulées lui firent rouler des larmes silencieuses et emplies de rage. Ce qu'elle se sentait pitoyable à cet instant de se mettre dans un tel état. Lance ouvrit le coffin et en sortit les bagues pour les observer à la lumière des lampions.

« Au moins, il se rendra utile pour une fois. La mission sera un succès malgré votre piètre performance. » commenta Lance de sa voix grave.

Il referma d'un bruit sec le coffin après avoir remis les anneaux à sa place, le déposant sur le chevet. Moody ne rétorqua pas, remontant ses doigts tremblants contre ses oreilles pour ne plus l'entendre. Un faible sanglot lui échappa, étouffé dans la soie de son oreiller. L'homme fixa le petit corps qui n'osait plus bouger en silence. Lui avait-il vraiment fait du mal cette fois-ci ? Il grogna. Ce n'était pas le moment d'avoir de l'empathie pour cette misérable lunienne.

« Bonne nuit. Nevra ne viendra pas vous réconforter. Je suis de garde toute la nuit. » lâcha-t-il d'un ton acerbe.

Lance tourna les talons et Moody écouta ses pas s'éloigner. Lorsqu'elle se retrouva seule, elle roula sur le flanc et se mit en position fœtale, les larmes inondant ses joues rougies. Elle avait honte de se laisser déborder par ses émotions, de ne plus contrôler ses humeurs face à lui. La lunienne s'accablait un peu plus en voyant qu'elle était incapable de rester de moins en moins de marbre face au comportement de Lance à son égard. Elle n'avait plus la force. Et cette morosité qui lui brouillait ses pensées ne l'aidait en rien. A cet instant, elle désirait ardemment retourner à Eel, pleurer dans les bras de Leiftan, serrer Munin contre elle et partir. Oublier tous ces gens, tous ses tracas, vivre sa vie, ne plus rien devoir à personne et ne plus vivre pour les autres. Son regard larmoyant se leva vers l'astre nocturne, séchant d'un revers de main ses joues humides. Ce que la fatigue et l'agacement la rendait lamentable. Ses paupières se fermèrent et elle se laissa sombrer dans un sommeil sans rêve, il lui fallait encore tenir un mois. Demain sera un nouveau jour et elle oubliera les tracas de cette journée. Il lui fallait simplement une bonne nuit de sommeil.

Le lendemain matin, ses femmes de chambre la tirèrent du lit et s'horrifièrent à la vue du cou rougi de leur maîtresse. Moody contempla les légères marques de doigts et prétexta une allergie pour ne pas éveiller de soupçon. Elle demanda à ce qu'Ezarel se présente aussitôt pour lui proposer un remède. Quant l'elfe fut assis à ses côtés, il l'interrogea du regard.

« Je crois que c'est le stress de mon attaque d'hier. L'inquiétude de Jafer et Ryfer. » expliqua-t-elle vaguement.

Ezarel hocha la tête et prépara rapidement un onguent blanc aux senteurs d'arnica sur sa peau, jetant un regard inquiet vers elle. Elle fixait d'un air absent les portes de sa chambre avant de reporter son attention sur lui, un faux sourire décorant son visage.

« Il faut que tu me donnes ton avis sur les alliances que j'ai choisies ! »

L'elfe pinça ses lèvres et hocha la tête, un peu désarçonné, essuyant ses doigts dans un carré en soie que lui tendit une femme de chambre avant de se relever pour prendre le coffin rouge velours. Il l'ouvrit précautionneusement en arquant un sourcil.

« Regardez de plus près la beauté de mon rubis. Penses-tu qu'Oth en tombera de surprise ? » insista la lunienne.

Ezarel cacha son incrédulité après lui avoir jeté un bref regard. Il se pencha sur sa demande et remarqua le travail d'orfèvre sur le contour du rubis qu'il ouvrit consciencieusement. L'elfe écarquilla les yeux avant de refermer aussitôt la petite pierre précieuse quand une femme de chambre apporta un linge chaud de vapeur à la lunienne. Il lui décocha un sourire satisfait en hochant la tête.

« Il ne s'en remettra pas. Voulez-vous que je les garde précieusement au cas où ? » questionna-t-il.

Moody affirma de la tête et Ezarel rangea la boîte dans l'une de ses poches.

« Prends-en soin. » dit-elle.

« Nurly. Connaissez-vous la vertu d'un rubis ? » s'enquit Ezarel en s'agenouillant devant elle.

« Bien sûr. Tu sais que les pierres sont mon domaine. Le rubis régule le système sanguin, combat la fatigue, est efficace contre les problèmes de digestion, favorise la cicatrisation des plaies, accentue la chance d'avoir un enfant... » énuméra la lunienne avant d'être coupée par les gloussements de ses dames de compagnie.

Moody les toisa et elles quittèrent aussitôt la chambre, prétextant devoir préparer son accueil en salle de restaurant.

« Apporte la joie de vivre et l'enthousiasme, éloigne les cauchemars. » conclut-elle en levant les yeux au ciel.

Ezarel hocha la tête.

« Et son cœur offre tout le contraire. Qui t'a donné ça ? » murmura-t-il, inquiet.

« Sûrement quelqu'un qui veut m'aider à favoriser mon mariage. » répondit la lunienne.

L'elfe sembla sceptique mais n'insista pas, il se releva avec aisance et croisa les mains dans son dos.

« Poison de sang. N'en fais pas tomber sur une plaie, même minime. Il n'y a pas d'antidote connu. Un mélange de venin de Chead et de Spadel. » dit-il d'un ton secret.

Moody ne cacha pas sa grimace avant de lever le regard vers l'Absynthe.

« Je sais ce que je fais. J'ai un plan et tu vas m'y aider. »

Ezarel eut un sourire à la fois narquois et carnassier, l'air complice.

Les jours passèrent et la lunienne se tenait de plus en plus à l'écart des trois hommes qui l'assistaient. Elle avait chargé l'elfe de lui trouver une lame en obsidienne, de la cacher dans sa future chambre nuptiale, en y ajoutant les couteaux que lui avait offert Valkyon à son départ. Moody prenait en main le reste de la mission en ignorant soigneusement le vampire et l'Etincelant envers qui elle était toujours en colère. D'un mouvement souple, elle prit place aux côtés d'Oth à table. Ses doigts manucurés glissèrent le long de son bras tandis qu'elle y écrasait sa poitrine pour lui faire les yeux doux. Elle se fichait des regards qu'on lui jetait en biais, elle devait sembler éperdue et niaise. Nevra et Lance toisèrent la jeune femme lorsque celle-ci fit courir ses phalanges le long de la mâchoire de l'ennemi pour faire tourner son visage vers elle. Oth aimait la provocation et mettre mal à l'aise son entourage, Moody l'avait compris. Un sourire malicieux ourla ses lèvres charnues lorsqu'elle les fit frôler à celui de son fiancé. Nevra détourna le regard, contractant sa mâchoire. Quant à Lance, il se contenta de serrer discrètement ses couverts, nerveux. Moody embrassa les lèvres de son faux amant avant de s'asseoir convenablement à table, le kimono entrouvert sur sa poitrine généreuse. Elle fit tout pour provoquer et agacer son équipe. Ses doigts se saisirent d'une orange sanguine puis l'éplucha en silence avant de mordre à pleine dent dedans, laissant le jus glisser sur son menton, dégoulinant le long de son cou diaphane pour se nicher dans le creux de ses seins. Quatre paires d'yeux suivirent le chemin sensuel du jus d'orange. Celles d'Ezarel, hilare et silencieux. D'Oth, pervers et avide de glisser sa langue le long de ce chemin. Nevra à l'œil rongé par la jalousie et Lance, prêt à l'étrangler pour ses extravagances. Moody cilla, adoptant une fausse moue hébétée en s'essuyant d'une serviette en soie :

« Que je suis maladroite. » bafouilla-t-elle.

« Tu es la plus jolie chose qui me soit donnée. » rétorqua Oth en laissant son index récolter le reste de jus entre ses seins pour le lécher.

La lunienne frémit de dégoût mais en simula le contraire, battant des cils avec douceur. Elle lui adressa un sourire stupidement niais.

« J'ai hâte d'être à notre mariage. » déclara-t-il.

Elle fit semblant d'être embarrassée en cachant ses lèvres avec le pan de son kimono, gloussant bassement. La jeune femme aux cheveux de jais continua son petit manège jusqu'à en rendre fou ses compagnons de mission, au point de tout faire échouer. Un soir, elle se promena dans le couloir désert, le visage fermé. Nevra la suivait à bonne distance, tout aussi tendu. Lorsqu'ils furent sûrs d'être seuls dans la bibliothèque, le vampire attrapa doucement son poignet. Elle le jaugea en fronçant les sourcils.

« Je suis toujours en colère contre toi. » murmura la petite femme en se dégageant doucement.

Il relâcha son poignet, contrarié. Le Capitaine de l'Ombre n'osait pas avouer que l'ignorance qu'elle avait à son égard était un vrai supplice. Il secoua son visage. Le vampire devait se ressaisir, ils étaient en mission. Il ne comprenait pas pourquoi il était devenu aussi possessif avec la petite femme qui gambadait dans les allées de la bibliothèque. Elle excellait dans son travail et ne devait pas le lui reprocher. Il devait la soutenir et l'encourager. Nevra soupira en restant debout au centre de la pièce. Moody l'observa à travers les étalages en bougeant quelques livres. Devait-elle faire quelque chose pour qu'il se détende ? Le rassurer ? Elle soupira en prenant un ouvrage au hasard.

« Si ça peut te réconforter, j'ai hâte que tout ça se finisse pour qu'on puisse jouer comme avant. Oth n'est pas très divertissant, pour être honnête. Et je te ferai payer ma colère pour ces derniers jours. » dit Moody à voix basse en passant devant lui pour s'installer sur un oreiller de la bibliothèque.

Son regard améthyste se leva vers lui. L'ombre d'un sourire narquois et fier s'était légèrement esquissé sur le visage de son supérieur avant de disparaître. Il ne posa pas les yeux sur elle, observant la vie à travers la fenêtre de la bibliothèque. La lunienne eut l'air malicieuse en ouvrant son livre, s'y plongeant pour une lecture d'une bonne heure. Quand elle en eut marre, elle rangea l'ouvrage avant de sortir de la pièce. Une fois devant sa chambre, elle se tourna vers le vampire et se hissa sur la pointe des pieds pour embrasser sa joue, à l'endroit exact de sa fossette. Nevra parut surpris mais se laissa faire.

« Pourquoi ? » demanda-t-il à voix basse.

« Pour que tu arrêtes de faire ta tête de con et pour qu'on réussisse cette mission. » rétorqua-t-elle sur le même ton.

La lunienne arqua un sourcil avec sa moue condescendante avant de s'enfermer dans ses appartements comme si de rien n'était. Ils n'avaient pas vu la sentinelle qui s'empressa d'en rejoindre les quartiers de son roi pour l'en informer. Le lendemain, Oth semblait énervé lorsqu'elle le rejoignit au jardin du soleil. Moody pencha son visage innocent sur le côté, ne comprenant pas ce changement de comportement. Elle n'osait pas regarder Lance derrière son fiancé. Promptement, la main d'Oth s'éclata sur sa joue diaphane, elle tomba avec stupeur au sol, la main sur sa pommette. Elle jaugea l'Étincelant tout aussi surpris. Moody crut voir un voile assassin passer dans le regard perçant de ce dernier, il toisa son homologue.

« Qu'est-ce qu'il vous prend ? » questionna l'homme aux cheveux blancs.

« N'as-tu rien à confier, Nurly ? » vociféra le mercenaire.

Elle cilla, abasourdie. Il ne fallait pas que son regard appel au secours vers Lance. Moody inspira doucement, tentant de s'apaiser avec l'odeur mentholée du lieutenant d'Eel. C'était une idée saugrenue qui fonctionnait toujours et dont elle avait pris la sale habitude. Son parfum lui donnait des excès de confiance. Ou de suicide selon les points de vue.

« Ne joue pas à l'innocente ! Mes gars m'ont rapporté ce que tu manigançais dans mon dos ! Traîtresse ! » s'énerva un peu plus l'homme au crâne dégarni.

Le cœur de la lunienne s'emballa dans sa cage thoracique mais son visage ne trahit que la stupéfaction. Il valait mieux pour elle de feindre l'ignorance et la stupidité, cueillir le plus d'informations possibles avant de se protéger. Elle entrevit du coin de l'œil que Lance portait sa main à la poignée de son arme. Moody se mit à genoux, les mains jointes devant Oth pour le supplier.

« Ce n'est pas ce que tu crois, mon amour. » dit-elle d'un ton qui se voulait angoissé et dramatique.

« Ils t'ont vu ! Avec ton homme de main ! Espèce de putain effarouchée. Il n'a pas le droit de poser ne serait-ce que le regard sur toi. Tu es à moi. Tu es ma fiancée. Dis-moi la vérité, est-ce ton amant ? »

Elle cilla, secouant négativement la tête.

« N-non... Bien sûr que non. » balbutia la jeune femme. « Qu'es-tu en train d'imaginer ? »

Oth s'accroupit à sa hauteur, sa main frôla sa gorge et Moody hoqueta de surprise en voyant la botte de Lance passer devant son visage pour écraser le bras du mercenaire au sol. Elle l'entendit gronder comme un animal. L'Étincelant toisait le futur roi du Temple, le tenant en joue de son poignard. Jamais il n'autoriserait qu'un autre mâle enserre la gorge de son trophée.

« N'y pensez même pas. La gifle était déjà de trop. » menaça la voix caverneuse de Lance.

Instinctivement, Moody se cacha derrière la jambe imposante de son allié, attrapant d'une main tremblante la cheville qui maintenait le bras d'Oth au sol.

« Ryfer, s'il vous plaît... » dit-elle en levant un regard suppliant vers l'interpellé.

Leurs regards se croisèrent. S'ils n'avaient pas été dans cette situation, Lance se serait délecté de ce regard enivrant et de cette position soumise. Il retira sa botte contre son gré et aida la petite femme à se relever, la plaçant derrière sa stature imposante. La lame de son poignard était toujours contre le coup de l'homme qui se redressa, les sourcils froncés. Moody posa sa main sur le bras de Lance pour lui faire baisser sa garde, le regard posé sur Oth.

« Je-je peux t'expliquer mon geste d'hier soir mon fiancé. »

« Garde tes mots mielleux, crétine. J'ai déjà fait un choix pour que tu te fasses pardonner avant notre mariage. »

La lunienne fixa l'homme avec inquiétude. Elle le savait tortionnaire et machiavélique sous ses airs paresseux. Il était capable du pire, à en voir l'état de Huang Hua, il torturait sûrement le vampire pour son écart.

« Ton homme de main est sagement enfermé dans nos caves, attaché à des bracelets en argent. Et tu n'es pas autorisé à le voir jusqu'à ce que je le décide. Je vais lui rappeler sa place comme il se doit. »

Oth eut un rire cynique en voyant l'expression horrifié de sa future femme. L'argent tuerait à petit feu le vampire. Ce métal était réputé pour blesser les non-fæ. Il était sûrement en train de souffrir, sa peau brûlée à vif. Il ne pourrait pas se guérir entièrement sans sang de fæ. Une idée fusa dans son esprit, une dernière carte à abattre pour alléger sa peine.

« Il n'a rien fait ! C'est moi qu'il l'ait embrassé sur la joue pour le remercier de sa loyauté... Il n'est rien. Il n'est pas un amant... Crois-moi Oth. » dit-elle d'un ton précipité.

« Ton Jafer attire trop ton attention. Tu es à moi ! À moi ! Est-ce que tu as compris ? » hurla-t-il à son visage.

Lance le repoussa d'une main sèche, les sourcils froncés. L'amant jaloux toisa l'homme qui faisait deux fois sa taille et sa stature avant de tourner les talons. Il ne se frotterait pas à lui, bien trop peureux. Moody tenta de l'empêcher de partir, l'Étincelant la tint fermement d'un bras.

« Non. » ordonna-t-il. « Il va vous faire du mal. »

« Qu'il m'en fasse au lieu d'en faire à Jafer ! » s'exclama la lunienne. « Il faut au moins qu'on lui retire ses chaînes d'argent. Il faut le négocier ! »

« Arrêtez de vous enfoncer, abrutie ! » gronda Lance en la toisant. « Faîtes vous aussi petite que vous l'êtes déjà et tentez de vous faire pardonner pour sauver votre mariage. Je m'occupe du reste. »

Le couple se toisa. Moody était au bord de la crise de nerf et prête à sauver le vampire d'un geste romanesque. Lance était à deux doigts de la tirer hors de cette ville et de massacrer le mercenaire qui avait osé lever sa main sur elle. Il n'y avait que lui qui avait ce droit. Le soir-même, Moody se présenta à la chambre d'Oth en peignoir de soie pour se faire pardonner. Elle se mit nue devant lui et tourna lentement sur elle-même, ravalant sa fierté. La lunienne écarta les cuisses pour accueillir la caresse malsaine de l'homme qui s'était approché, et réprima le dégoût que cela lui procurait. Honteusement, Moody s'inclina et disparut de ses quartiers lorsqu'il eut ce qu'il voulait. Elle se jeta dans sa baignoire pour se laver jusqu'à s'en arracher la peau, se sentant sale et dégradée. Sa conscience tenta de la rassurer frénétiquement, au rythme de ses frottements sur son épiderme rouge. Son corps était son meilleur atout, sa meilleure arme. Écarte les cuisses et tous les hommes seront à ta merci, murmura sa conscience. Quelle triste réalité dans laquelle elle se noyait. Jamais ça ne l'avait autant dégoûtée.

Le mois s'écoula rapidement, la mission touchait presque à sa fin. Moody était de plus en plus irritée et stressée. Pour ses ennemis, sa source d'angoisse était son futur mariage. Pour ses alliés c'était la pression de mener à bon terme sa quête. Pour elle, c'était la future pleine lune qui n'était pas comme les autres. Cette lune rouge lui donnait des envies de meurtre et de sang, jamais elle n'avait ressenti cette étrange soif de violence. Qui plus est, il lui fallait faire un sacrifice pour pouvoir participer à la Chasse Sanglante. Elle s'était jurée d'arracher le cœur d'Oth en offrande. Pour Huang Hua. Mais aussi pour Nevra qui semblait souffrir depuis une semaine dans le même cachot que la Fenghuang. Lance avait réussi à négocier une libération conditionnelle pour fêter sa fausse union avec le mercenaire. Pour évacuer son stress, la lunienne s'entraînait assidûment à repousser l'Appel à la Chasse, elle devrait tenir plus longtemps qu'à l'accoutumé pour ne pas tomber dans l'Astral. Elle devrait résister jusqu'à ce que son âme n'en puisse plus, qu'elle perde conscience. Ce serait éprouvant, mais c'était pour la bonne cause.

Assise devant son miroir, elle éclaboussa son visage avec de l'eau de lotus. Ses traits étaient tirés par la fatigue et l'irritabilité accumulées ces derniers jours. Dans le reflet du miroir, la lunienne observait ses femmes de chambre préparaient sa tenue de mariage. Oth avait enterré sa vie de jeune homme célibataire avec des geishas, Moody avait feint une jalousie extrême pour s'enfermer dans sa chambre, au point de ne pas fêter sa fin de vie de jeune fille. Ce qui lui avait permis de préparer en amont son rituel pour la pleine lune de ce soir. La lumière douce de l'aurore caressait son visage encore humide d'eau de lotus. La lunienne ferma les paupières lorsque la cadette de ses dames de compagnie s'approcha pour éponger en douceur son visage. Lorsque sa peau fut sèche, elle s'appliqua à lui offrir un teint plus lisse, plus opalin avant de retracer la forme amande de ses yeux avec une encre noire. Enfin, elle lui peignit les lèvres d'un rouge carmin. Moody rouvrit les yeux et les leva au ciel pour la laisser maquiller ses cils tandis qu'une autre demoiselle lui tirait les cheveux en une structure étrange, tressant quelques mèches pour en faire une couronne. Le reste de ses cheveux lui tombaient dans le dos.

« Kotori... C'est le nom de la coiffure traditionnelle de la mariée au Temple Fenghuang.» murmura la fille, lissant les cheveux longs et noirs dans le dos de la lunienne.

La future mariée jeta un rapide coup d'œil vers le miroir. Elle avait l'air d'une geisha en plus sophistiquée.

« Très joli. » répondit Moody en baissant le regard vers les bonnes qui peignaient ses ongles de rouge.

On finit par lui apporter la robe qipao qu'elle avait commandée à la vieille marchande. L'Ombrette approuva d'un signe de tête et se leva de sa chaise pour se mettre derrière le paravent. On l'aida à enfiler la soie moulante, serrant le col à sa gorge. Les pans de la robe ne masquaient pas ses hanches rondes et nues, dévoilant ses aines creuses. Seuls deux bouts de tissu cachaient ses mamelons sur le décolleté transparent. On l'aida à enfiler sur ses jambes des ornements en or qui s'enroulaient autour de sa chair blanche. On para ses bras de multiples bijoux tout aussi dorés. Une servante apporta la couronne de serpent pour ceindre son front, agrémentant le tout d'autres parures qui caressaient ses joues rosies par le maquillage. Moody se contempla silencieusement dans le miroir. Un voile triste passa dans son regard. Si un jour elle devait se marier, jamais elle opterait pour ce genre de tenue. Elle préférerait surprendre sa future femme ou son futur mari avec une tenue plus épurée et moins provocante. Son regard se détourna de la glace et sa bouche s'ourla d'un sourire faussement gai en se tournant vers une nouvelle servante qui lui tendait un nouveau paquet. La lunienne ouvrit la boîte pour regarder la lingerie qu'on lui avait créée. Ses doigts caressèrent le corsage, dessinèrent la forme des fils d'or d'un air rêveur. Les gloussements de ses dames de compagnie la tirèrent hors de ses pensées.

« Il ne va plus jamais vous lâcher dans cette tenue ma dame. » lui confia l'une d'elle, d'une voix enjôleuse.

Moody ricana légèrement en refermant la boîte pour la confier à ses homologues.

« Il pourrait mourir devant ma beauté. » rétorqua la lunienne d'un ton vaniteux.

Elle tourna les talons pour observer en contrebas l'autel du phœnix que l'on préparait pour la cérémonie de Renaissance. Tu ne renaîtras pas de tes cendres, pensa la lunienne. Le gong sonna. Moody se détourna pour se diriger vers la porte ouverte sur Ezarel et Lance qu'elle salua d'un signe de tête. Son regard chercha le vampire. Il se tenait à l'écart des autres, dans l'ombre d'un recoin. Sa mine était grisâtre, ses poignets fraîchement brûlés. Il semblait amaigri et affaibli, la bouche asséchée par la soif. La lunienne sentit une légère douleur lui pincer le cœur. Il ne méritait pas ce genre de souffrance à cause d'elle. Ezarel apparut à ses côtés, lui tendant son bras. Elle soupira faiblement en le prenant.

Ø OST Gottasadae, BewhY.

« Tout est prêt pour ma cérémonie, Rudras ? » questionna la jeune femme en marchant d'un pas lent au travers du temple.

Le rituel était de se pavaner dans l'établissement entier pour susciter l'envie et la jalousie des habitants, les inviter à suivre son union avec le futur roi afin d'être bénie et acceptée. Moody observa les alentours, les hommes de main d'Oth se tenaient un peu partout pour protéger le convoi.

« Tout est prêt pour votre nuit nuptiale. » affirma-t-il.

Ils s'engagèrent vers la ville, traversant les remparts. Le gong sonna l'arrivée de la fiancée. La foule l'attendait en contrebas, jetant des fleurs de cerisier et de lotus sur son passage. Le regard de la lunienne brilla d'une excitation soudaine, raffermissant sa prise autour du bras d'Ezarel. Elle repoussa les pensées négatives des derniers jours et releva le visage, ses airs masqués d'un air stupidement niais. N'était-ce pas censé être le plus beau jour de sa fausse vie ? Un sourire candide ourla sa bouche pulpeuse alors qu'elle descendait les marches. Elle loupa, en toute comédie, la dernière. Lance lui attrapa vivement la taille, puis le coude pour l'aider à se relever. La lunienne éventa du bout de ses doigts son visage faussement rougi par la honte. Nevra trébucha derrière elle, et d'un regard elle supplia Ezarel de se tenir près de lui. Moody leva ses yeux vers Lance tandis qu'elle enserrait de ses doigts fins son avant-bras. Le lieutenant hocha la tête et s'avança avec elle vers la fontaine avant de bifurquer vers le jardin du soleil. Ils avancèrent sur le pont en bois, derrière eux : des mercenaires, des soldats d'Oth, le peuple des Feng. Le kiosque apparut au bout de la passerelle. Une musique douce et apaisante s'éleva dans les airs, les trois hommes accompagnèrent la lunienne jusqu'à l'allée qui menait à Oth. Le mercenaire était vêtu d'un uniforme militaire vermillon et se tenait droit près d'un autel de pierre où dansait une flamme orange et rouge. Son crâne chauve était ceint du même serpent que portait la lunienne. Son regard dévorait avidement sa future femme, la déshabillant du regard, imaginant les choses salaces qu'il lui ferait le soir-même. Lance amena la jeune femme jusqu'à lui et s'inclina dans une révérence.

« Je vous confie ma princesse. Chérissez-là autant que son peuple la chérit. » déclara-t-il de sa voix caverneuse.

Il embrassa la main nue et dépourvue d'alliance de Moody en levant son regard de glace vers elle. Elle réprima une grimace et lui offrit un sourire. Ezarel et Nevra en firent de même. Son cœur se serra à la vue désolante de son capitaine. Sa peau était plus froide qu'à l'accoutumée, ses traits morbides davantage creusés par le manque de sang. Elle entrevit ses poignets brûlés par l'argent et sa peau qui peinait à se régénérer. Leurs regards se croisèrent et Moody leva le visage vers son futur mari qui se raclait la gorge. La jeune femme lâcha Nevra pour s'incliner vers Oth avec une révérence basse, tendant sa main vers lui. Il la prit fermement et tira sèchement sur son bras pour l'obliger à venir à ses côtés. Elle déglutit faiblement, baissant son nez vers la flamme, l'air soumis. La cérémonie commença lorsque la musique fut terminée. Le couple fit face à l'autel en feu et Moody inspira l'air, se concentrant sur l'odeur d'eucalyptus pour garder la tête froide. Quand elle se rendit compte de son acte, ses yeux s'écarquillèrent doucement. Depuis quand l'odeur de l'Étincelant était devenue quelque chose de réconfortant pour elle ? Elle pinça ses lèvres en tentant de se concentrer sur autre chose.

Les mains moites, elle prit la main d'Oth quand le prêtre commença son discours solennel. La lunienne fixait intensément les flammes tout en écoutant d'une oreille distraite les propos de l'ecclésiastique. Son fiancé approcha leurs mains liées au-dessus de la flamme, elle jaugea le geste avant de sourire légèrement en sentant la chaleur sur sa paume. Ils échangèrent leurs vœux. Moody promit d'être fertile, docile et aimante tandis qu'il assurait la longévité de son pouvoir et un mariage heureux. Ils se passèrent les alliances au majeur droit, conformément à la tradition des phœnix, au-dessus de l'autel. Oth embrassa le doigt de Moody et elle en fit de même alors que le religieux officialisait leur alliance. La lunienne apposa ses lèvres sur celle de l'homme avant de se reculer avec un sourire satisfait, le mercenaire lui caressa la joue avant de se tourner vers la foule qui les acclamait.

« Peuple de Feng, saluez votre Roi et votre Reine, venez baiser nos alliances, prêtez-nous allégeance. Ce jour est spécial, non seulement pour notre amour mais aussi pour la naissance d'un nouveau phœnix pour le Temple. Ce soir, je vous ferai la promesse d'être éternel. Guidez-moi vers ce rêve. » déclara l'homme d'une voix intelligible.

Oth eut un sourire carnassier en tirant la main de la lunienne pour l'entraîner vers les deux trônes, de l'autre côté du kiosque. Les jeunes mariés prirent place sur les sièges en or alors que le peuple se rangeait en queue devant eux. Les premiers à prendre part furent les compagnons de Moody. Tour à tour, ils embrassèrent les alliances des mariés et prêtèrent une fausse allégeance. Ceux qui refusaient de plier le genou furent exécutés ou châtiés devant les autres, suscitant l'effroi dans les rangs et la survie à contrecœur. La lunienne serrait discrètement les mâchoires. Ce soir elle lui ferait payer ces actes, rêvant de voir briller dans ses yeux globuleux la peur et la souffrance qu'il a prodiguées à ce peuple pendant de longues années. Elle devait se montrer patiente. Moody coula un regard mielleux vers lui et se laissa aller à son humeur enjôleuse causée par la pleine lune. Ce n'était que le début de son plan sanguinaire.

« J'ai si hâte d'être à ce soir... Me laisseras-tu te chevaucher avant et après ta renaissance ? » murmura-t-elle à son oreille, quelqu'un lui embrassant le doigt.

Oth croisa son regard ensorcelant et eut un rictus pervers au coin de ses lèvres.

« Tout ce que tu voudras, toute la nuit. Tu te rappelleras comme il se doit de ton dépucelage. » promit-il d'une voix grave.

Elle eut un gloussement niais en détournant son regard vers ses acolytes. Nevra avait resserré ses vêtements sur son corps et fronçait les sourcils en écoutant la discussion des deux royautés, faisant un compte rendu aux deux autres à voix basse. Moody croisa voluptueusement ses cuisses nues, relevant son visage avec son petit air condescendant avant de reporter son attention sur le peuple qui lui prêtait allégeance. Cela dura plus de trois heures sans s'arrêter, lorsque la dernière personne fut passée, Oth offrit son bras à Moody pour déambuler dans le jardin jusqu'à la grande tablée extérieure sous un saule pleureur empli de fleurs rouges. La lunienne remercia son mari lorsqu'elle découvrit sa place à l'ombre.

« Tu as retenu ce détail... » s'enthousiasma-t-elle d'une voix douce.

« Bien sûr. La seule personne qui pourra t'embrasser c'est moi et non le Soleil. » promit-il, l'air pervers.

Elle gloussa en s'asseyant sur sa chaise. Ils mangèrent et burent jusqu'au crépuscule, offrirent une danse des amants au peuple avant de lentement se retirer de la fête. La liesse et l'enivrement continueraient jusqu'à l'aube pour le peuple. Les jeunes mariés devaient consommer leur lien marital dès la première nuit. Moody jeta un bref coup d'œil à la lune qui pointait timidement le bout de son nez tout en remontant les marches du temple aux côtés d'Oth. Ses alliés n'étaient pas présents, seuls les hommes de main du mercenaire accompagnaient le couple jusqu'à leur appartement privé. La lunienne n'angoissa pas d'être seule avec eux, elle savait que ses compagnons reviendraient en temps voulu, avant le zénith de la lune rouge. Elle leva ses yeux vers l'astre nocturne et s'excusa de son manque de rigueur au travers de sa prière silencieuse. Le couple pénétra dans leur chambre nuptiale, accueilli par un petit comité de serviteur. Oth se débarrassa de sa tenue de marié pour s'écrouler comme un pacha sur le lit couvert de fleurs de lotus. Moody aperçut une jeune femme, plateau en main avec un thé fumant. Elle se courba après s'être approchée du couple.

« Félicitations pour vos noces. Ma reine, un breuvage spécial pour votre lune de miel, à base de rose de Jéricho... Pour la fertilité. À consommer avant la conclusion finale de votre mariage. » dit-elle à voix basse.

« C'est très aimable. » lui sourit la lunienne avant de tourner son regard vers Oth qui s'ouvrait une bouteille d'alcool.

Il n'en avait que faire. Elle réprima l'envie de lever les yeux au ciel et frotta ses joues empourprées par le vin. Moody s'installa près de son mari après avoir pris une tasse de thé et congédié d'un geste de la main la jeune femme courbée. Elle devait le tenir en haleine jusqu'au zénith de la lune, ce qui était une chose aisée puisqu'il semblait captivé par son décolleté provocant. Elle camoufla son sourire en coin en buvant une gorgée de son breuvage.

« Je n'ai jamais vu une paire de seins aussi incroyables, malgré toutes les geishas. » déclara-t-il.

Elle manqua de s'étouffer en avalant sa gorgée. C'était la chose la moins subtile qu'elle avait entendu de la bouche d'un homme. La lunienne se pencha vers son faux amant en battant des cils.

« Ils te plaisent ? » demanda-t-elle d'une voix mielleuse.

La jeune femme ne se lassait pas des joutes verbales sensuelles et sexuelles. Elle se félicitait de ce don et de sa capacité provocante à mettre son corps en avant. Doucement, et innocemment, Moody se mit à genoux sur les draps en soie, écrasant son fessier rond sur ses talons pour le faire davantage ressortir, gardant entre ses mains la tasse fumante d'infusion de fertilité. Ça ne lui ferait aucun effet puisque seule Lune décidait de sa conception d'enfant. Et puis elle était bien trop jeune et volatile pour en porter un. Oth glissa son regard malsain le long de la cambrure de sa fiancée jusqu'à la rondeur de son fessier. Il claqua sèchement sa main dessus, faisant lâcher un hoquet surpris à la lunienne Moody coula un regard sur la paume qui pétrissait allégrement son fessier et se contenta de sourire bêtement. Elle aurait besoin d'un bon bain après tout ça, et de retrouver les bras d'un amant qui la comblerait pleinement. Un soupir lascif quitta sa bouche quand elle pensa au fait que bientôt elle retrouverait sa petite routine pleine de luxure, qu'elle reprendrait son petit jeu avec Nevra. Elle but une gorgée de l'infusion et entreprit une discussion suave avec l'homme alcoolisé à ses côtés, glissant ses doigts sur son ventre gonflé par l'alcool. Il serait incapable de se défendre quand le temps viendra.

« Tes cheveux blanchissent. » dit Oth, éméché.

Ça ne pouvait qu'être plus vrai, Moody avait cessé de prendre l'élixir d'Ezarel depuis hier.

« Oh... C'est normal lors d'une pleine lune. » confessa-t-elle.

« C'est pour ça que la dernière fois tu t'es isolée dans ta chambre ? » questionna-t-il en enroulant un de ses doigts autour d'une mèche blanche.

Elle fut presque surprise de sa bonne mémoire. Il n'avait pas l'air aussi idiot qu'il en avait l'air.

« Exactement. J'avais peur que tu ne me désires pas avec mes cheveux blancs... » murmura honteusement la lunienne.

Elle prenait goût à jouer la prude. Une nouvelle gorgée glissa dans sa gorge pour réchauffer son corps déjà chargé par ses hormones. Moody soupira faiblement en sentant l'homme embrasser grossièrement et humidement son cou diaphane, une main posée sur son sein. Elle s'autorisa cette fois-ci à lever les yeux au ciel. Ça ne marche pas comme ça le corps d'une femme, abruti, pensa-t-elle. La lunienne simula un gloussement en repoussant le mercenaire trop entreprenant.

« Laisse-moi au moins me changer... Je n'ai pas acheté de la lingerie pour rien. » minauda-t-elle en se reculant de lui.

Rien ne l'excitait concernant son homologue et elle suppliait la Lune pour que ça n'aille pas trop loin, quitte à faire une double offrande pour cette nuit. Un cœur et une paire de couilles molles, ça t'irait ? Lune eut un rire cristallin dans sa tête, ce qui lui arracha un sourire tendre. L'homme grogna en empoignant sa cuisse balafrée.

« Va te changer. » ordonna-t-il d'une voix bourrue, son haleine saturée par l'alcool.

Moody hocha la tête et finit sa tasse pour se diriger ensuite derrière le paravent. La lumière des bougies projetées son ombre contre le cuir du mobilier, offrant un spectacle sensuel à l'homme avachi sur le lit. Elle se déshabilla lentement et détacha ses cheveux blancs pour les laisser rebondir sur son fessier. Oth gronda, une main entre les jambes. Moody se mit de profil pour faire apparaître la forme de ses seins et de ses tétons sous les yeux pervers de l'homme tout en remontant son corset sur sa poitrine voluptueuse. Le décolleté pigeonnant la fit doucement sourire lorsqu'elle remontait ses bas le long de ses jambes opalines et dégarni de ses ornements. Elle accrocha les chaussettes aux pinces prévues à cet effet et fit dos au paravent pour enfiler son dernier bout de tissu entre ses fesses, glissant discrètement la lame d'argent entre ses seins opulents. S'il ne la touchait pas trop, il n'en saurait rien. Ezarel s'était arrangé pour cacher les deux autres lames, dont l'obsidienne derrière la tête de lit. Moody jeta un coup d'œil à travers la fenêtre et adressa une prière silencieuse à la lune, faisant mine d'avoir un coup de stress pour Oth afin qu'il ne se pose pas de question. Elle psalmodia à voix basse :

« Mère Lune, tu te pares de ta plus belle robe écarlate. Laisse moi te vénérer et t'offrir le sang dont tu as besoin pour que ton tissu rayonne plus longtemps dans le ciel noir. Lune rouge. Lune de sang. Signe de guerre et de chasse. Moi, prêtresse, enfant de la Lune, laisse-moi verser pour toi ce liquide vermillon. Offre-moi le plaisir de porter la peau de la bête après l'avoir tué et de manger son cœur encore battant. Lune, ma Reine, mon sang pour le tien. La souffrance, notre démence, libres soient-elles en cette nuit de guerre. »

Un frisson parcourut l'échine de la lunienne qui se redressa et inspira l'air avec un sourire mauvais. Elle écrasa la flamme de la bougie entre la pulpe de son index et de son pouce avant de se dévoiler à son terrible amant. Il serra sa main entre ses cuisses en voyant la beauté sulfureuse s'avancer d'un pas chaloupé vers le lit. Son regard dévala chaque forme généreuse tout en pourléchant ses lèvres avec appétit. Il délaissa négligemment le cadavre de sa bouteille d'alcool sur le chevet et se redressa précipitamment pour s'approcher de sa partenaire. Moody leva un regard noir vers lui, un air dominant sur son visage en plaquant sa main manucurée sur son torse flasque. Il se figea par surprise et sourit narquoisement. Elle le fit reculer jusqu'au lit et lorsqu'il en toucha les bords, elle le poussa sur le matelas avec force, profitant de sa perte d'équilibre dû à l'alcool. La lunienne grimpa à califourchon sur ses cuisses, posant ses paumes sur son ventre proéminant.

« Tu cachais bien ton jeu pour une vierge. » provoqua Oth, un bras derrière la tête.

Son autre main serpenta entre les jambes de la lunienne. Elle balança sa crinière blanche en arrière en simulant un gémissement effarouché, resserrant ses cuisses autour de lui. Tu t'y prends vraiment comme un pied, ducon. Moody se glissa lascivement sur lui, toute poitrine bombée vers lui, le faisant loucher un instant. Profitant de sa déconcentration, elle saisit avec force son pénis étriqué dans son dernier vêtement, lui arrachant un râle. Elle serra avec force, un air hébété sur le visage :

« Oh pardon... Je t'ai fait mal. » dit-elle en battant des cils.

Oth grogna, les sourcils froncés. D'une poigne ferme il lui attrapa la main pour la fourrer grossièrement dans son vêtement.

« Attrape-la et fais-toi pardonner, sombre idiote. »

Elle fit une petite moue, les lèvres en cœur. Ses doigts enserrèrent avec dégoût la verge de l'homme. Nevra n'avait vraiment rien à envier. Moody réprima une grimace et fit ce qu'elle dut faire en décomptant trois minutes dans sa tête avant de dégager sa main pour venir écraser son bassin contre son érection. Elle ondula ses hanches en silence, faisant mine d'être maladroite et gênée. Oth claqua ses fesses nues.

« Alors c'est ça que tu faisais sur ton oreiller la dernière fois ? Petite traînée. Tu aimes ça, hein ? » susurra l'homme d'une voix qui se voulait sensuelle.

Moody posa sa main contre sa bouche en gloussant, le rouge aux joues. Tu penses vraiment pouvoir m'exciter avec ce genre de mot ? C'était bien plus excitant de le faire sous l'œil affamé de Nevra. Un soupir lascif quitta sa bouche pulpeuse. Elle avait ardemment besoin de lui ce soir, s'oublier dans ses bras.

« Tais-toi. » demanda-t-elle.

Il eut un rire gras en se laissant aller contre le matelas. La Lune s'impatientait dans le dos de Moody, elle ne l'avait pas encore rejointe. La lunienne haletait faiblement, en proie à une légère chute de tension. Elle secoua la tête, elle devait encore résister un peu. A nouveau geste, elle simula chaque gémissement jusqu'à ce que l'odeur de Lance atteigne ses narines. Enfin. Oth était déjà venu une fois dans son sous-vêtement et était sur le point de se perdre à nouveau. Moody eut un sourire mauvais, Lune réveilla doucement ses instincts sanguinaires et dominants. Elle se laissa diriger par ses instincts, attrapant les poignets de l'homme pour les serrer au-dessus de sa tête et l'attacher à la tête de lit. Moody recula son bassin de son érection et passa une main dans ses cheveux en se cambrant légèrement, essuyant l'autre poisseuse de sperme sur le ventre de l'homme.

« Qu'est-ce que tu fais ? » s'étonna Oth qui se débattait pour se détacher.

La lunienne se pencha voluptueusement sur lui pour venir croquer dans sa lèvre inférieure, jusqu'à sentir le goût métallique de son sang contre sa langue. Elle lapa sa blessure. Ta première goutte de sang, Lune. Ses doigts souillés caressèrent le crâne dégarni de l'homme avant de retirer les dernières gouttes de semences.

« C'est quoi qui brille sur ton front, putain ? » s'énerva l'homme coincé.

Moody eut un rire franc et naturel pour la première fois sous les yeux de son ennemi. Sur son front brûlait le baiser de Lune, celui qu'elle lui avait offert lors de sa première chasse. Son regard assassin se posa sur lui, percevant au loin le bruit d'un corps qui tomba lourdement au sol.

« Chéri, je vais te montrer comment faire plaisir à une femme. Laisse-moi faire. » susurra-t-elle en glissant ses doigts entre la chair pigeonnante de ses seins pour en extirper la lame en argent.

Oth s'agita un peu plus mais elle ne se laissa pas déséquilibrer par ses mouvements de bassin. Moody observa la lame et passa le bout de sa langue sur cette dernière, tranchant légèrement son muscle afin de savourer le sang qui se déversait dans sa bouche. Ta Fille offre son sang pour toi, Lune.

« Garde ! » hurla Oth, prenant conscience de la situation.

Soudainement, Moody planta son poignard dans l'épaule de l'homme pour le faire taire. Un hurlement s'étrangla dans son double menton. Elle battit des cils, s'appuyant sur la lame pour paralyser son tendon.

« Ça, c'est pour mon homme de main et Capitaine : Nevra. Celui qu'on appelle Jafer. Celui que tu as blessé cette dernière semaine. »

Oth la foudroya du regard, geignant de douleur. Il lui cracha au visage et la lunienne eut un rire cynique en essuyant d'un revers de main sa joue.

« T'es qui sale putain ? » vociféra l'homme.

« Je vais te l'écrire. » susurra la lunienne en retirant violemment l'arme de la chair ensanglantée. « Mais d'abord, je dois aussi honorer Huang Hua. »

Le mercenaire écarquilla les yeux. D'un nouveau geste sec, elle planta la lame dans l'autre épaule avant de la retirer.

« Ainsi que son peuple. » ajouta-t-elle en retirant la lame pour l'enfoncer à nouveau dans la chair sanguignolante.

Oth hurla à pleins poumons, tentant de se débattre, de se détacher. Moody avait serré les cordages et affaibli ses tendons avec sa lame qu'elle ôta à nouveau de la chair, ne se préoccupant pas du sang sur sa chair opaline. Il avait l'air d'une larve coincée sous une pierre. Ses améthystes regardèrent la poitrine de l'homme et laissa le bout de sa lame scarifier lentement sa peau de son prénom avec un sourire malsain.

« Moody... » s'émerveilla la lunienne en contemplant son travail.

La lunienne se pencha sur lui pour glisser sa main libre derrière la tête de lit pour prendre la lame obsidienne. Les deux armes blanches en main, elle planta celle en argent entre deux côtes, à droite, lorsqu'un de ses gardes pénétra dans la pièce. Moody eut un rire dément en voyant le petit comité pénétrer dans la pièce, jouant de sa lame obsidienne en la faisant tourner entre ses doigts.

« Ah ! Vous voulez aussi vous joindre à notre lune de sang ? » proposa la petite tortionnaire dénudée.

Elle retira la lame d'argent de son ennemi pour la planter dans un de ses espaces intercostaux gauches afin d'égaliser sa souffrance. Oth toussa violemment et bruyamment, crachant du sang à chaque quinte, tâchant un peu plus sa meurtrière. Elle essuya d'un revers de paume ses joues souillées en faisant la moue.

« Ce n'est pas très poli de tousser sur sa femme. » fit remarquer Moody d'un ton détaché.

Soudainement, un garde se rua vers le lit pour s'attaquer à la jeune femme. Lance l'attrapa avec force et brisa sa nuque d'un tour de main, faisant frémir d'excitation la lunienne. Elle coula un regard hagard vers lui, la bouche entrouverte. Elle humecta ses lèvres, le regard avide et noir de désir, happée par une étrange vague sauvage, attirée par l'homme qui lâcha le cadavre. Lance lui grogna après. Il y avait quelque chose de plus bestial, dominant et excitant. Si excitant qu'elle cambra les reins en soupirant lascivement. La lunienne se laissait emporter par le désir secret de courir nue à ses côtés, à la recherche d'une proie qu'ils abattraient ensemble après avoir joué avec et baisé. Baiser jusqu'à s'en oublier dans une mare de sang et avoir mal au point d'en être marquée. Elle papillonna des cils en poussant un faible gémissement en croisant le regard perçant de l'Étincelant. Comprenait-il ce qu'elle ressentait ? La lunienne secoua le visage en grognant, non elle s'en fichait, ce n'étaient pas ses pensées. Ses yeux cherchèrent son Capitaine, c'était lui qui devait lui prodiguer ce genre de désir. Nevra était à califourchon sur un homme à terre, les crocs allongés contre sa bouche. Il semblait en combat intérieur pour ne pas se nourrir des morts au sol. Moody reporta son attention sur l'homme qui tenta à nouveau de la renverser. Elle manqua de tomber, affaiblie par l'Appel de Lune. Ne tarde pas, souffla la voix de sa maîtresse.

« Moody. » gronda Lance d'une voix rauque.

L'interpellée gémit faiblement en se ressaisissant et porta son attention sur la bague qu'elle dévissa.

« Sois proche de tes amis, et encore plus de tes ennemis. Pour toi, Lune. » murmura la lunienne.

Elle leva sa main au-dessus du visage d'Oth et laissa les gouttes du poison tomber sur ses plaies. L'homme hurla instantanément, renversant la lunienne sur le côté du lit en bougeant dans tous les sens, prit de convulsions violentes. La jeune femme serra entre ses doigts sa lame obsidienne, se redressa et planta avec acharnement cette dernière dans la chair de son ennemi pour le faire agoniser un peu plus. Moody ne s'entendît pas râler comme une bête, elle était aveuglée par le sang et l'envie de satisfaire sa maîtresse. Un hurlement de rage lui échappa, il méritait de souffrir autant qu'il avait semé l'effroi au Temple. Son visage était peint de giclée de sang, tout comme sa poitrine. Lance la regardait s'acharner avec une excitation malveillante. Le sang, le combat régnait dans ses veines et voir une femme autant à l'action ne pouvait que lui plaire, son dragon répondait au grognement de la femelle. Il tua à tour de bras tous ceux qui tentaient de stopper la lunienne. Il se devait de la protéger jusqu'au coup final. Moody planta son couteau dans la poitrine de l'homme, au niveau de son cœur. Elle sentit l'organe percer sous son coup et un rire rauque s'échappa de sa bouche ensanglantée quand elle remarqua la cage thoracique de l'homme expier son dernier souffle. La lunienne observa Oth avec délectation en remuant sa lame entre ses chairs, seule l'obsidienne était tranchante et elle ne sut pas comment elle était arrivée à couper la poitrine du cadavre en deux pour récupérer son cœur mort. Un fou rire démentiel quitta sa gorge alors qu'elle leva l'organe mort comme un signe victorieux envers ses compagnons. Elle était parvenue au bout de sa mission. La lunienne se détacha de la carcasse du mercenaire pour se mettre sur pied. Ce fut le geste de trop, Moody sentit sa chute de tension la ramener sur terre, portant sa main avec le cœur contre sa tempe.

« J'ai réussi ! » scanda-t-elle avant de perdre toute euphorie.

Un acouphène siffla dans son oreille interne, la déséquilibrant un peu plus. Elle entrouvrit ses lèvres pour prévenir de son mal être, du besoin de rejoindre sa maîtresse. Ses lippes tremblèrent et elle lança un regard effaré aux deux hommes présents, sentant son âme quitter son enveloppe corporelle. Nevra fut le plus vif. Il attrapa la lunienne qui tombait avant qu'elle ne heurte violemment le sol.

Trois heures du matin. Ce fut l'heure à laquelle la lunienne réintégra son corps. Elle papillonna des cils, reprenant doucement conscience du monde réel. Ses souvenirs de l'Astral et de la Chasse de Sang étaient flous dans son esprit. Elle se souvenait partiellement d'avoir couru après l'âme d'Oth en compagnie de Shiro pour la terroriser et l'obliger à se repentir avant qu'elle ne soit dévorée par un mangeur d'âme à la couleur vert fluorescent. De Lion qu'elle chevauchait sous sa forme animale avant de rouler dans les volutes pour être surplombée par l'homme à la peau foncée. Elle avait senti ses griffes lacérer son corps fantomatique avec passion. Et puis plus rien. Moody huma l'air, il n'y avait pas l'odeur de Lance, seulement celles de draps frais contre son corps brûlant de désir. Elle passa ses deux mains sur son visage en soupirant faiblement, elle allait devoir se faire plaisir seule. Fais chier. Son regard se baissa sur le lit dans lequel elle était, des tissus en soie caressaient sa peau dénudée. Moody se redressa vigoureusement dans les draps et parcourut son corps encore habillé et nettoyé du sang. Qui aurait bien pu le faire ?

« Tu es réveillée. » constata la voix fatiguée de Nevra.

Elle croisa son regard. Le vampire était assis à l'autre bout de la pièce, à bonne distance de sa subalterne.

« Je t'ai nettoyé pendant que tu étais ailleurs... » ajouta-t-il.

Par respect, il ne l'avait pas entièrement déshabillée, seulement parties visibles. Elle le remercia à voix basse. Cependant, la lunienne avait besoin d'un vrai bain et calmer ses ardeurs. Sa petitesse se glissa hors des draps et Nevra se dressa sur sa chaise, elle lui interdit d'en faire plus d'un mouvement de doigt.

« Ne bouge pas et raconte-moi ce qu'il s'est passé pendant mon absence s'il te plaît... J'ai besoin de me changer les idées. » demanda la lunienne.

Moody passa derrière le paravent et se rendit compte que le bain était chaud, elle interrogea le vampire du regard qui contenta de baisser l'œil sur ses poignets encore blessés, un léger sourire s'esquissa ses lèvres. Il le lui avait préparé.

« La mission a été un franc succès. » commença-t-il.

La lunienne se déshabilla après s'être remis derrière le paravent, jetant la lingerie de sa stupide lune de miel avant de s'immerger totalement dans un gémissement satisfait. Elle l'écoutait tout en observant la pleine lune à travers la fenêtre.

« Tu t'es écroulée aussitôt après, je t'ai attrapé avant que tu ne te fasses mal. Ezarel, pendant que tu tuais ton mari, a libéré Huang Hua et son entourage afin de les emmener le plus rapidement possible à l'autel du phœnix. »

Moody tendit l'oreille, elle entendait le bruit sourd de la liesse. Un sourire satisfait étira sa bouche alors qu'elle frottait son corps pour retirer les quelques traces de sang qui lui restaient. Elle avait réussi. Ils avaient réussi.

« Lorsque je suis partie avec toi, Lance s'est occupé du cadavre d'Oth pour l'apporter comme offrande à la renaissance du phœnix. Il s'est passé un truc étrange à ce moment-là... Des âmes ont entouré le mort et ont eu l'air de le dévorer. » continua le vampire en fermant les yeux, se laissant aller dans sa chaise.

Il était exténué.

« Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ensuite. J'étais là avec toi dans la chambre. Je t'ai lavé et mise sous les draps pour que ton corps ne meure pas d'hypothermie. Et j'ai attendu. »

Moody ne put empêcher un nouveau sourire, plus tendre, de se dessiner sur ses lèvres. Elle se releva de son bain pour s'enrouler dans son peignoir. Il n'ajouta rien. Elle sécha négligemment son corps avant de revenir dans la pièce avec le vampire.

« Merci. » dit la lunienne en observant la lame obsidienne posée sur son chevet.

« Tu n'as pas besoin de me remercier. » rétorqua Nevra en la scrutant.

Elle glissa une mèche de ses cheveux derrière son oreille percée avec gêne.

« Je suis navrée pour... Ce qu'il s'est passé avant le mariage. Je ne voulais pas que tu sois dans cet état. » murmura-t-elle en baissant le regard.

Le vampire grogna légèrement en se levant de sa chaise.

« Te voir le tuer et me venger a été excitant. Tu es pardonnée. » dit-il en rangeant le mobilier.

« Tu t'en vas ? » demanda-t-elle, presque déçue.

« Je serai bien resté mais tu dois te reposer. » répondit-il avec un léger sourire qui dévoilait le bout de ses crocs.

Moody pinça ses lèvres en reportant à nouveau son attention sur lui.

« Reste. Toi aussi tu dois te reposer... J'ai besoin de compagnie après tout ça. Et je pourrais te nourrir. » argumenta la lunienne

Nevra fronça aussitôt les sourcils en la regardant prendre le poignard à son chevet.

« Non. » s'exclama-t-il avec colère.

La jeune femme parut surprise de ce changement de ton, cillant légèrement d'un air hébété. Le vampire était à bout de nerf et ne voulait pas céder à la Bête qui le torturait.

« C'est contre mes principes. Et même si j'apprécie le geste, c'est non. » expliqua-t-il d'une voix adoucie.

Moody eut une petite moue en levant son visage vers lui. Elle se sentait terriblement coupable.

« Si tu es dans cet état c'est à cause de moi... »

« Non, Moody. Tout n'est pas ta faute. Et je ne vais pas pouvoir me contrôler, ni ma soif, ni mes pulsions. Tu ne sais pas de quoi je suis capable un jour de lune rouge... Je vais te faire du mal. C'est hors de question. »

La petite femme eut un rire cynique avant d'hausser un sourcil de son petit air suffisant. Nevra se rembrunit, méfiant.

« Me ferais-tu vraiment du mal ? » provoqua-t-elle.

Il préféra reculer d'un pas. La lunienne saisit doucement la lame posée sur son chevet. Son regard se posa dans celui de l'homme.

« Tu ne me feras jamais aussi mal que ça, j'imagine. » ajouta-t-elle en entaillant d'un geste vif ses cuisses déjà marquées par des cicatrices.

Un léger filet vermillon glissa le long de sa chair blessée. Moody n'avait pas baissé son regard en exécutant son geste, remarquant les narines du vampire frémir à l'odeur du sang. Nevra détourna le regard en grognant tandis que la lunienne le toisait toujours en ouvrant le décolleté de son peignoir pour entailler la chair galbée de son sein gauche. Le vampire s'étrangla en plaquant sa main sur sa bouche pour cacher ses crocs qui s'étaient allongés, fermant les yeux avec force. Sa peau d'albâtre devint rouge, enrobée d'une odeur enivrante et métallique. Le vampire écarquilla les yeux, inspira d'un coup sec, bruyamment, en serrant ses poings. Sa main fébrile se retira de sa bouche lorsqu'il reporta à nouveau son œil sur elle, les mâchoires contractées.

« Réponds-moi : vas-tu me faire du mal, Nevra ? » répéta-t-elle d'une voix calme.

Il ne répondit pas mais elle vit sa pomme d'Adam bouger contre sa gorge : il déglutissait douloureusement. Le duo se toisa avec intensité, Moody sentit son cœur s'affoler, prise d'une envie soudaine, elle releva la manche de son peignoir afin de dévoiler son poignet diurne. Elle coinça la manche entre ses dents, apposant la lame au creux de son coude et trancha profondément sa chair, à la verticale. Le sang coula abondamment le long de son bras. Perdre autant de sang lui donnait le tournis, augmentait sa chaleur corporelle, tous ses sens étaient en alerte. Elle humecta ses lèvres, se laissant emporter par l'adrénaline soudaine. Son souffle se fit plus haletant. Le vampire peinait à se contrôler et s'il ne faisait rien, Moody tomberait d'épuisement. Son corps trembla imperceptiblement, repoussant la Bête. Ses dents relâchèrent la manche sur sa plaie béante,

« Tu ne me feras jamais de mal, je le fais déjà moi-même. J'ai confiance en toi. » susurra la jeune femme qui faisait remonter la lame jusqu'à sa jugulaire. « Je satisferai tes soifs comme tu rassasies mes fantasmes. »

Elle appuya la lame contre la veine pulsante de son cou, Nevra croisa son regard. Il avait l'oeil noir de désir. La lunienne entrouvrit ses lèvres pour le provoquer un peu plus, prête à entailler sa chair. Mais il ne lui laissa pas le temps d'aller plus loin. Brusquement, elle fut soulevée sans difficulté du sol puis plaquée violemment sur la commode. Sous la surprise, Moody avait lâché sa lame et fixait avec une excitation certaine le vampire entre ses cuisses. Nevra gronda comme un animal, enfonçant ses ongles devenus griffes dans la taille saillante de la jeune femme. Elle inclina son visage sur le côté, cambrant le creux de ses reins, haletante et excitée de cette soudaine sauvagerie. Son peignoir glissa le long de son épaule gauche, dévoilant sa peau à Lune qui la caressa de ses rayons. La chair de Moody se mit à briller légèrement, régénérant ses petites plaies, alors que le vampire plantait enfin ses crocs dans l'épiderme chaude et moelleuse. La jeune femme eut un gémissement d'extase en plaquant sa main à l'arrière de sa tête, serrant sa chevelure brune entre ses doigts.

Le sang ébouillanté par l'adrénaline explosa dans sa bouche, caressant sa gorge, faisant palpiter son cœur mort. Il avait l'impression de s'hydrater après une grande sécheresse. Il en voulait encore et toujours plus. Nevra se délectait du goût particulier de la lunienne qui se cramponnait à son crâne. Il y avait quelque chose de métallique et sucrée avec un arrière-goût de vin. Son dernier repas. Il enfonça un peu plus ses dents pointues, coinçant sa veine palpitante pour s'abreuver du sang de fae. Moody avait une saveur particulière de par sa nature, légèrement plus minérale, qui le fit grogner de contentement. Son corps réagit aussitôt à la sensualité de son acte, oppressé dans son pantalon. Une bouffée de chaleur s'empara du corps de Moody, resserrant les hanches de l'homme avec ses cuisses. Elle ferma les paupières pour savourer la sensation exaltante contre sa veine pulser. Un faible gémissement s'échappa de ses lèvres en sentant Nevra tenir d'un coup fermement sa hanche, les griffes plantées sur son fessier, par-dessus son peignoir. Elle se colla un peu plus à lui en sentant son cou palpiter comme après une blessure fraîche, sa peau réagit aussitôt en tirant vers le violet. Ses cils battirent rapidement en se glissant au bord de la commode. Entre ses jambes, elle sentit l'ardeur éveillée du vampire. Moody lui tira les cheveux, un soupir lascif s'extirpant de ses lèvres alors qu'elle le faisait doucement décrocher de sa prise. Nevra la toisa de son œil brûlant, la langue posée contre la plaie.

Avec force, il la plaqua à nouveau sur le meuble, faisant lourdement taper son corps contre le mur. La commode s'ébranla sous les fesses de la jeune femme qui resserra sa prise avec ses cuisses. Ses mains lâchèrent les cheveux du vampire qui continuait à étancher sa soif en attrapant son bras blessé. Il planta ses crocs dans le creux de son coude, s'abreuva à grande gorgée, insatiable. Il pourrait la vider entièrement, jusqu'à la dernière goutte. Nevra reprit le contrôle en sentant la petite main libre de la lunienne défaire maladroitement le haut de son kimono. Le vampire l'observa en retirant ses crocs, pourléchant sa plaie. Elle avait le regard légèrement vitreux, sa bouche était ourlée d'un sourire sensuel. Il grogna bassement sans desserrer sa prise autour de ses hanches, ses griffes plantées dans sa chair. Moody se cambra légèrement.

« Nevra... » soupira-t-elle.

La Lune ne pourrait pas combler son manque sanguin mais elle lui donnerait assez de force pour fêter cette nuit spéciale. Ses doigts tremblants glissèrent sur le dos de son amant, puis ses ongles se plantèrent sur ses épaules en collant son intimité contre le pantalon étriqué du vampire. L'appel du sang, l'appel de la pleine lune, l'appel du sexe lui faisaient tourner la tête. Nevra griffa ses cuisses galbées en se penchant vers elle.

« J'ai envie de toi... » murmura Moody à son oreille pointue.

Il se figea. Elle haletait chaudement contre son oreille, le corps embrasé par l'excitation. Nevra écarquilla les yeux, happé soudainement du souvenir de la lunienne qui s'adonnait au plaisir, au milieu de ses draps, sous son œil incité. Ce qu'il aurait voulu la posséder cette nuit-là. Ils avaient tant de choses à rattraper. Le vampire reprit conscience de la réalité, observant le cou diaphane et vermillon sous son nez. Il posa sa langue contre les deux petits trous ensanglantés sur sa jugulaire et laissa sa salive cicatriser la blessure avant de poser ses mains à plat sur le bois de la commode. Moody faufila ses doigts tremblants contre son torse, il souffla d'une voix rauque à son oreille :

« Qu'est-ce que tu as dit ? »

La lunienne le regarda du coin de l'œil. Sa bouche était peinte de son sang, ses crocs blancs ressortaient sous la lumière de la lune, son air sauvage lui serra agréablement le bas ventre. Ses ongles s'enfoncèrent contre son torse afin de le griffer d'une lenteur grisante. Il contracta ses muscles.

« Possède-moi après t'être abreuvé correctement. » murmura la lunienne, les yeux mi-clos.

Nevra balaya de ses mains les babioles posées sur la commode. Moody sursauta avant de planter, cette fois-ci, ses ongles contre sa nuque, enroulant ses jambes autour de sa taille saillante. Elle revint murmurer suavement à son oreille :

« Baise-moi sauvagement. Libère toutes tes pulsions mon joli vampire. »

Il fallut moins d'une seconde à Nevra pour soulever la lunienne et balancer d'un coup de main le meuble qui l'empêchait de la plaquer brutalement contre le volet en bois de la chambre. La commode percuta bruyamment une congénère, le paravent s'ébranla avant de tomber bruyamment au sol. Moody sentit le bois se casser contre sa peau, enfonçant quelques échardes dans sa chair. Nevra se débarrassa de son pantalon sans jamais lâcher la lunienne, embrassant sa peau diaphane de ses lèvres ensanglantées, laissant une trace de son passage jusqu'à son sein gauche. Il arracha le peignoir de Moody qui lui barrait la route à coup de griffes. Dans la précipitation, la lunienne dégagea le haut de son amant pour mieux sentir sa peau contre la sienne. Elle voulait désespérément ne faire qu'un avec lui. Sans préambule, il la pénétra sèchement. Un cri échappa à la jeune femme qui claqua sa tête contre le volet. Elle hurlerait jusqu'à s'en briser la voix. Qu'il était bon de sentir le vampire aux creux de ses cuisses et d'être possédée aussi violemment qu'elle l'avait autorisé. Nevra l'assenait sans répit, ivre de sentir son intimité s'humidifier un peu plus à chaque passage. Il allait et venait sans perdre sa cadence soutenue, grondant près de son oreille. Ses lèvres caressèrent chaudement sa chair tandis que sa main attrapait le poignet de Moody pour lui faire lever le bras. Elle se contracta autour de sa verge et il ressentit un tremblement fourbe dans ses cuisses, manquant de le faire tomber avec son précieux butin. Nevra lui décocha un regard en coin et la lunienne eut un rire nerveux en mordant sa lèvre.

Lentement, il fit glisser ses doigts griffus dans la petite paume qui les enserra automatiquement. Avec fourberie, le vampire planta ses crocs dans le galbe du sein généreux et à sa merci. Moody eut un nouveau cri, le visage extatique, en proie au plaisir qui explosait entre ses cuisses. L'homme sentit un liquide chaud couler le long de ses jambes. Pris d'une nouvelle ardeur, il ne laissa aucun répit à la jeune femme en pleine extase qui lui comprimait les doigts en criant ouvertement son plaisir. Nevra se délectait du sang qui lui giclait dans la bouche avant de panser la plaie d'un coup de langue. Ses griffes entourèrent les hanches charnues de sa partenaire, enfonçant ses pouces dans ses aines pour la posséder, la marquer. Il observa son sexe entrer et sortir vivement de son antre dégoulinante, gronda à l'entente du claquement de ses bourses tendues contre ses fesses rondes. Nevra balança son visage en arrière quand Moody vint gémir à son oreille.

Le vampire la plaqua encore plus fort contre le volet en bois. Elle psalmodiait son prénom et ça le rendait dingue. Son œil valide se planta dans le regard éperdu et extasié de la lunienne, la bouche ouverte et haletante, les joues rosies par le plaisir, les yeux larmoyants de bonheur. Il gronda et se retira d'un coup sec pour la frustrer, fixant le jet qui s'échappait de son entrejambe pulsante et rose. Nevra tenait Moody sous les aisselles, à peine gêné par son poids plume. Elle se tortillait de plaisir en tentant de cacher son intimité contre lui. Il eut un rire rauque en la portant d'un bras contre lui, son doigt caressant son clitoris sensible. Moody gémit contre sa mâchoire, le regard suppliant levé vers lui, pendu à sa nuque. Ils n'avaient pas besoin de parler pour comprendre leur excitation. Nevra passa ses mains à l'arrière des cuisses de la jeune femme qui les écarta outrageusement. Il la pénétra sèchement et reprit ses assauts sauvages. Elle se tint à lui à bout de bras, laissant son dos heurter pleinement le reste de pan de fenêtre, la tête rejetée en arrière. Il n'y avait rien de tendre, juste un besoin de se posséder, de se marquer, de se combler. Le vampire la guida sournoisement vers une nouvelle vague de plaisir. Un des volets s'écroula au sol quand il lui adressa un dernier coup de rein bien placé. Moody jouit, les jambes tremblantes de spasme aphrodisiaque, laissant le plaisir s'insinuer dans tout son corps. Nevra prit du plaisir au même instant, lui offrant une dernière trace intime de sa possession. Une marque d'appartenance. La liesse était devenue plus folle en contrebas. Un feu d'artifice explosa dans le ciel pour célébrer la renaissance du phœnix. La lunienne laissa son visage penché en arrière, haletante, les yeux fermés, les doigts enfoncés dans la chair du dos de son partenaire, Lune pourléchait sa peau alors que le vampire embrassait ses clavicules. Il n'osait pas se retirer du cocon humide, et la lunienne ne semblait pas vouloir relâcher son étreinte autour de lui. Nevra laissa ses paumes glisser sur ses fesses, blottissant son visage contre la chair moelleuse de sa poitrine. Moody eut assez de force pour resserrer son étreinte derrière la nuque de l'homme, sa tête blottie contre la sienne.

Le couple reprit lentement pied dans la réalité. Le vampire émit un faible grognement lorsque ses mains reprirent leurs formes initiales, ses canines se rétractant. Il avait repris quelques couleurs et semblait moins affaibli. Son œil valide se posa sur la jeune femme légèrement désarçonnée. Il se sépara à contrecœur de son corps chaud, la laissant néanmoins pendue mollement à son cou. La lunienne eut un soupir frustré en ne sentant plus l'homme en elle. Nevra se dirigea avec sa cargaison sur le lit, s'asseyant sur le bord. Moody resta à califourchon sur ses cuisses et posa ses mains sur ses épaules. Le vampire lécha le sang séché contre son poignet tout en l'observant. Elle lui sourit timidement en se redressant, replaçant une mèche mutine derrière son oreille.

« Repu ? » murmura-t-elle.

« Et toi ? » rétorqua-t-il contre le creux de son coude.

Elle gloussa légèrement en hochant positivement la tête. Nevra embrassa sa peau avec douceur, un léger sourire creusant ses fossettes. Elle passa la pulpe de son pouce contre le creux de sa joue avec une tendresse déconcertante. Sa mine semblait un peu plus pâle qu'à l'accoutumée. Le vampire l'interrogea du regard, inquiet. Moody se contenta de lui caresser le nez.

« Je vais juste avoir besoin d'aide avec les échardes dans mon dos... » dit la lunienne à voix basse, comme une confession.

Nevra embrassa les doigts de sa partenaire quand ils frôlèrent sa bouche puis il laissa Moody lui tourner le dos, ricanant faiblement en voyant l'ampleur des dégâts. Elle lui jeta un regard par-dessus son épaule, l'air mutin. De sa main, elle dégagea ses longs cheveux contre sa poitrine.

« J'ai plus senti le bois que toi... » taquina-t-elle.

Le vampire gronda en claquant sa croupe. La lunienne éclata de rire et se laissa aller en arrière pour venir embrasser sa joue, le creux du dos arqué. L'homme laissa ses paumes glisser sur ses cuisses puis remonter sur son ventre plat pour caresser du bout de ses doigts le galbe de ses seins généreux. Il posa son menton sur l'épaule nue de sa maîtresse, un sourire narquois dessiné sur ses lèvres.

« On verra ça demain quand tu ne pourras plus marcher ou te réveiller parce que je t'ai épuisée en un coup de rein. » rétorqua-t-il.

Il déposa un baiser contre sa jugulaire et se recula pour commencer à retirer les bouts d'écharde de la peau opaline, contemplant les marques qu'il avait pu lui laisser. Un air satisfait se dessina sur son visage. Un silence apaisant s'installa, la jeune femme tourna son visage vers la fenêtre, un soupir de bien-être s'échappant de ses lèvres.

« Je ne pensais pas que les vampires avaient des griffes. » dit-elle en contemplant la lune.

Nevra leva son œil vers elle après avoir tiré une écharde de sa chair. Il la déposa avec le petit tas à ses côtés.

« Les vampires ont plusieurs particularités. » répondit son amant en passant instinctivement ses doigts contre une griffure fraîche.

Il reprit son travail méticuleux, la tenant d'une main pour qu'elle ne bascule pas. La lunienne posa son regard pétillant de curiosité vers lui.

« Comme quoi ? » demanda-t-elle.

Nevra eut un sourire amusé sans avoir besoin de croiser son regard. Il savait pertinemment à quel point son côté candide était quelque chose d'adorable à contempler. Son nez retroussé, ses yeux plissés, sa bouche légèrement entrouverte et son sourire radieux.

« La vitesse, la force, l'ouïe surdéveloppée, la résistance au soleil, à l'ail, à l'eau bénite, à l'argent, dormir dans un cercueil, se transformer en chauve-souris... »

Le vampire s'appliquait à sa tâche tout en laissant son regard découvrir la cicatrice en forme de croissant de Lune au creux de ses reins, il l'effleura et Moody se cambra dans un faible gémissement. Il leva son œil vers elle. La lunienne le mit en garde d'un doigt alors qu'un sourire malicieux étirait sa bouche.

« Évite de toucher à ça pendant une pleine lune ! Malheureux ! C'est sensible. » maugréa-t-elle d'un air faussement boudeur.

« Et pourquoi pas ? » taquina-t-il en posant ses mains longilignes sur ses cuisses balafrées.

Son menton se cala sur son épaule avec un sourire mutin, la lunienne passa son index sur son nez avant de grogner faiblement. Elle lui fit doucement face et le poussa contre le matelas après avoir dégagé d'un revers de main les échardes au sol. Langoureusement et sensuellement, Moody se glissa sur son corps nu, le sentant s'éveiller à ce simple contact. Elle lui décocha un sourire narquois avant de reprendre :

« Et toi, c'est quoi tes particularités ? Tu peux être une chauve-souris ? Tu dors dans un cercueil ? »

Nevra ricana en massant les jambes de la jeune femme de ses pouces, passant à l'arrière de ses cuisses pour empoigner son fessier.

« Ni l'un ni l'autre... J'ai la vitesse, la force, l'ouïe très fine et je suis nyctalope. »

« Mince... Moi qui voulais m'occuper d'un nouveau familier et tenter des choses dans un cercueil. » ironisa la lunienne avec une petite moue déçue.

« C'est étroit pour faire des folies avec ton corps dans un cercueil. »

« J'aime bien les espaces restreints. » minauda la jeune femme avant de s'étirer en soupirant doucement.

Elle cacha sa bouche lorsqu'elle bailla. Le vampire embrassa son épaule et se laissa aller sur le matelas du lit, un bras à l'arrière du crâne. Du bout de ses doigts, il caressa l'un de ses seins. Moody frémit faiblement en prenant appui sur ses abdos, le visage légèrement penché en arrière.

« Qu'est-ce qui se passera quand on rentrera, maintenant qu'on a couché ensemble ? » demanda-t-il.

Elle haussa doucement les épaules avant de se coucher à nouveau sur lui, elle croisa ses bras sur son torse et posa son menton pour le regarder dans les yeux.

« Une vraie partie de jambes en l'air. Je ne compte pas celle-ci dans notre jeu. » déclara la lunienne.

À vrai dire, elle ne savait pas elle-même ce qu'il adviendrait une fois cette dernière carte abattue. Elle ne voulait pas vraiment l'abattre pour rester un maximum de temps aux côtés du vampire. Moody n'avait cédé qu'à ses pulsions, et elle voulait quelque chose de différent avec Nevra. Une connexion. Un partenaire récurrent. La lunienne soupira légèrement en se laissant tomber sur le côté pour blottir son visage dans les oreillers et trouver une position adéquate pour s'endormir. Le vampire se redressa sur les coudes en la sentant poser sa jambe sur son ventre, elle l'invita à se coucher en tapotant l'autre côté du lit.

« Repose-toi dans de vrais draps et sur un vrai matelas. Je te dois bien ça en plus après un séjour au cachot. » dit-elle à voix basse.

Nevra lui adressa un sourire en coin. Elle n'assumait pas vouloir profiter de sa présence et il ne sembla pas relever son excuse bidon. Nevra s'allongea sur le flanc, tourné vers Moody pour la contempler. La petite femme nue se glissa sous les draps, passa un bras sous son oreiller et laissa son autre main caresser le torse du vampire. Il s'approcha légèrement d'elle et vint à effleurer son bras nu en se murant dans le silence. La lunienne ferma les paupières sous ses gestes qui remontaient jusqu'à sa jugulaire blessée avant de s'aventurer le long de son dos blanc. Elle se blottit contre son torse, y cachant son visage. Son bras libre passa par-dessus la taille du vampire. Elle ressentait le besoin de se laisser aller sur cette vague d'affection. Nevra posa sa tête contre la sienne, profitant de ce moment étrange et appréciable, écoutant les battements de cœur de sa partenaire qui s'apaisait au fur et à mesure qu'elle s'endormait. Il passa son autre bras sous son oreiller et ferma à son tour les yeux. Sa main stoppa ses caresses quand il fut sûr qu'elle soit endormie et se posa sur ses reins. 

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