ghettoyouth - graine dans la...

By Enfantdelaville

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« Ghettoyouth marche en solo, parce que dehors gros la confiance est morte. » Sincère, Noémie, Mehdi, Assia e... More

Noémie, Vol. 1
Assia, Vol.1
Mehdi, Vol. 1 (Partie longue et intense, prépare-toi !)
Iskander, Vol.1
Noémie, Vol.2
Assia, Vol. Final
Sincère, Vol. Final
Noémie, Vol. Final
Iskander, Vol. Final
Mehdi, Vol. Final - (FIN DE L'HISTOIRE) -
-Annexe/Suites/Retours-

Sincère, Vol.1

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By Enfantdelaville



Des tours et des tours à en perdre le chemin et la raison. Tout est bétonné et ce des infrastructures aux relations que l'on entretient entre nous. Et pourtant, par le parcours que j'ai et continue d'avoir, je ne peux dire que j'ai atterri dans un mauvais endroit ; dans le mauvais endroit.


La cité Goelands. Une vraie cité. Je sais pas combien d'habitants vivent ici tant que le nombre est variable en fonction de comment et de quand je croise les humains. Bah ouais, quand j'suis en gov', en général je vois pas trop de nouvelles têtes, les visages me semblent familiers.

Quand j'suis sur le deux-roues, deux trois nouvelles têtes me paraissent étrangères. Des yiencli ou juste des gens dont j'ai pris l'habitude de ne pas calculer ? Je sais pas en fait, mais ça m'intrigue. A pieds, je vois de tous par contre. Des petits, des grands, des daronnes, des anciens, des frères mus'... Bref, de tout.

Mon père me dit que je suis trop analytique. Que c'est une qualité mais que quand je suis chargé, l'idéal est de ne pas trop accorder d'importance à « qui est qui » au risque de devenir paro et d'me faire stépi par la flicaille. Il a pas tord mais bon, chacun sa manière de faire et de voir les choses non ?

Mon père est arrivé à Goé' il y a bientôt 11 ans de cela. Il a vu l'éffondrement, la construction, la destruction et les allers et lieux de cet environnement particulier. Pas plus particulier que le bled d'après ce que me dit le daron.

– Tous des faibles, ils ne connaissent pas la vraie vie. Ba yébi té ezelaka ndege nini ko tuta mutu*.

Le bled c'est la loi de la jungle, le jeu des extrêmes qui continue encore d'être d'actualité. Des ultra riches qui bouffent pour 100 et des pauvres qui tuent pour pas 1. Mon père est venu avec cette mentalité. Celle des mauvais par défaut. Des tueurs par défaut. Des daleux par défaut, des ambitieux par dépit.

Cadet d'une fratrie dont l'un de ses frères est mort pour une histoire de vol et l'autre emprisonné dans l'arrière du pays pour des faits assez floues, il a été éduqué uniquement par ma grand-mère qui, faute de moyens, n'a eu la possibilité de bien les encadrer. Mon grand-père n'a jamais été présent. Ils n'ont pas grandi avec et l'ont toujours considéré comme mort. 

Ouais, c'est ça, il était mort, à leurs yeux. Ma grand-mère leur a par ailleurs jamais parlé de lui. Le sujet n'était pas tabou mais à quoi bon parler des défunts ? Laissons les âmes dormir en paix.

Le Kongo, qui à la suite de destructions géographiques, culturelles et territoriales a fini de devenir la République démocratique du Congo est un grand pays.

Mon daron m'dit que c'est le Pays Moteur d'Afrique, que tout était beau là-bas, que Kinshasa surnommé Kin La Belle était autrefois une ville magnifique dans les années 70 pendant le règne de Mobutu. Les Kinois vivaient, s'amusaient, l'épicurisme était maître mot. 

Cette dernière a laissé place à Kin La Poubelle ; une ville sale, aux investissements et constructions farfelues de la part d'oligarque libanaise et d'entreprises indiennes et chinoises bandeuses de profit. Pourtant, bien qu'il ait réellement jamais pu profiter de cette période glorieuse dû à sa situation sociale, il en parle avec un sourire. L'énergie de la ville lui était commutative j'pense.

Il a grandi à Matete dans le quartier de Viaza. Il m'dit peu de choses sur le quartier. On dirait qu'il veut s'être, limiter, voire couper la conversation à chaque fois qu'on aborde le sujet.

Mon père était un pomba, un voyou qui rackettait les commerçants et n'hésitait pas à user de la machette si ces derniers ne lui donnaient pas leurs vivres. Pourtant, les pombas en général ne progressent pas ce genre de chose. Ils tuaient pas ou du moins, n'était pas prêt à tuer. Lui était à cheval entre un Pomba et un Kuluna qui, ces derniers sont des jeunes qui n'hésitent pas à te couper la main juste pour 20 dollars. J'sais pas si mon père un déjà découpé des gens. Mais mutiler, ça je le sais.


– Mbéli ekoki ko boma mutu soki o soui yé na mipende. Ezalaka dangereux malgré tout. * m'a-t-il déjà dit.


Il n'était pas un loup solitaire. Ils agissaient en équipe. Yayo et Douglas étaient des amis de mon père qu'il fréquentait depuis tout jeune. Ils avaient grandi dans la même parcelle, avaient le même schéma familial monoparental, allaient dans la même école et avaient dans une suite logique le même destin à quelques détails près. Alors qu'ils se baladaient près de Ngomba où ils avaient pris l'habitude de semer la terreur auprès des commerçants et des plus jeunes, une équipe adverse de Kuluna les avaient pris à partie armés de machette et de batteries recouvertes de barbelés.

Miraculeusement, mon père se tira d'affaire mais pas les autres. Yayo s'était pris des coups de mbeli à l'estomac et Douglas un coup de mâchette au niveau du crâne. Il mourra sur le coup. Mon père s'en était tiré avec deux énormes blessures à l'épaule et au cou dont les cicatrices sont encore visibles dû à des coups de battes barbelées qui lui déchirèrent peau et chair. La morsure de la vie, la mort l'avait carressé et il en avait pris conscience.

Ce fut la dernière fois qu'il remettra les pieds à Ngomma et à Matete.

Il comprit que seule la mort l'attendait ici, que ma grand-mère et son amour présent, abondant et maternelle ne pouvant rien faire lui et pour son destin. Ses frères n'étaient plus là, ma grand-mère n'était dans le fond plus là elle aussi . Il était seul, livré à lui-même. La renaissance a été un visa professionnel miraculeusement accordé par la Belgique.

Arrivé à Bruxelles, il part à Matongé où il espérait naïvement tombé sur des confrères qui l'aideront à sortir du bourbier dans lequel il est.

Seul, démuni, pensant trouver de l'aide auprès d'une communauté congolaise établie et solidaire selon les rumeurs du bled, il se retrouve face à des humains, solitaire, centré vers eux et leurs intérêts.

Il a trouvé refuge dans un foyer de travailleurs migrants où plusieurs personnes en vue d'une vie meilleure se croisent. Des tchadiens, des Marocains, des Géorgiens, des Irakiens... Tous avaient le même statut.


Il avait tissé des liens avec Youssef qu'il surnommait « Rirak » par le fait qu'il faisait le rire et qu'il provenait, par jeux de mots d'Irak. Avec Molouskov aussi, de son vrai nom Gocha. C'était surtout de lui que mon père s'était réellement lié d'amitié. Gocha vivait seul et avait qu'une sœur dont il s'était éloigné après la mort de leurs parents. Il avait grandi dans un village isolé à 2h de Tbilissi, où ses parents étaient des agriculteurs non pas riches mais qui ont subi leurs sous malgré tout. Ils vivaient bien. Pas comme Crésus, mais bien. Toutefois, lorsque Ceausescu arriva au pouvoir, ce bien leur fut troqué pour une pauvreté extrême qui causa des problèmes de santé à ses parents durant la période du dictateur.

A leur mort prématuré, il a décidé de laisser sa sœur et de rejoindre la capitale afin de trouver du travail. Mais sur place rien, quedal et ne pouvant rester ainsi, il enchaîna les petits boulots, économisa et arriva en Belgique où la situation fut similaire mais avec un décor plus verdoyant et contemporain. La même merde, juste de différente chiotte.

Le racisme institutionnel de la Belgique n'aida pas non plus mon père. Dévisagé, vu comme un immigré déchu, il fut toujours dénigré et bâché. L'intérim ? Jamais de taff. CDI ? Pas le profil ni la gueule de l'emploi et surtout, pas les diplômes. Pourtant, il en trouva du travail sur les chantiers et pensa que ç'allait durer. Malheureusement c'était au noir et mal payé.

Son visa ayant expiré, il s'était retrouvé à travailler en sous-marin, dans l'illicite. Les descentes de police incessantes avaient fini par jouer sur son stress et l'avaient poussée à stopper ces prises de risque vaines. Quitte à prendre des risques, ces derniers devaient rimer avec gros sous. Revenir à ce qu'il essayait de ne plus être, porter ses couilles en gros.

Mon père n'appréciait que légèrement Da Silva, c'était un fils de pute. Il était de ces Noirs qui comme mon père avaient vécu misère et galère mais qui n'ont jamais cherché l'assimilation. Venu par regroupement familial, Da Silva n'a jamais senti une pelleteuse ni tenu une pelle. Mais il en avait tenu des glocks et des marchandises. Da Silva baignait dans la drogue et le proxénétisme. Il faisait tapiner des jeunes Bruxelloises pour un rien et vendait de la pure qui provenait d'Hollande. Il la touchait à 7. C'était un enculé de première mais en affaire était bon malgré tout. Tout le monde le monde le connaissait à Bruxelles et ses alentours.

C'est justement au travers d'une des prostitués que mon père a pu s'immiscer dans les diez. Au cours d'une soirée arrosée, il paya une certaine Tanya non pas pour la baiser, mais pour lui soutirer des informations concernant Da Silva et pour chercher à le rencontrer. Tanya était un avion de chasse. Le genre de pute que l'on regrette qu'elle soit une pute. Un teint caramel, aux yeux d'amandes et aux lèvres pulpeuses, des cheveux bruns frisés qui reproduisaient une succession de cercles uniformes. Elle avait une aura qui ne laissait aucun hommes indifférents. Et par dessus tout, elle avait un cul énorme. C'est par elle que mon père a pu rencontrer Da Silva et commencer les affaires. 

Des affaires qui s'avéreront courtes par la mort précoce de ce dernier mais suffisamment fructueuse pour mon géniteur. Il mourra par le petit ami d'une des filles qu'il faisait tapiner. Triste fin pour une triste vie. Sa mort lui donne une opportunité de saisir les contacts laissés par cet enculé. Bizon et Kono, deux trafiquants de cracks déployés dans le 91. Les deux étaient des purs produits parisiens, le schéma typique du jeune de cité qui souhaitait devenir footballeur pro mais qui s'est retrouvé à visser des clickos.

Bizon était né en France, en 89 et Kono en 87. Tous deux avaient grandi aux Pyramides d'Evry avant que Kono déménage avec sa miff à Massy dans le Grand Ensemble. Les deux te traduisent l'amour la balle aux pieds d'après les mecs qui ont bossé avec eux. Kono était passé par l'INF Clairefontaine en tant que milieu droit avant de se faire virer de la sélection dû à des notes scolaires trop basses.

Bizon quant à lui est passé par sur les bancs du PFC avant de raccrocher les crampons en U18. Un phénomène lui aussi, le foot était pour lui mais le foot lui cassait aussi les couilles, tout simplement. Il y a vu plus d'intérêt. Ç'arrive souvent ça, un petit crack du football qui aurait pu être une pépite de Ligue 1 ou même d'un grand club mais qui par flemme, irrégularité et le plus souvent dû à un mauvais entourage décide de tout plaquer. Souvent ce que l'on pense nous être destiné n'est qu'une infime partie de notre histoire au fond.

Mon père les appréciait mais sans plus. Ils n'étaient pas mauvais mais une différence de mentalité colossale les distinguait. Qu'est-ce que deux petits trentenaires vont apprendre à un ancien sur les affaires ? Des petits ayant grandi ici, en Europe, qu'est-ce qu'il y connaissait de la vraie vie ? Heureusement pour lui comme pour eux, les deux n'étaient pas vicieux et la seule ont choisi qu'ils voulaient que tous deux fussent uniquement de faire des sous, des gros sous. C'est à Grigny que mon père a fait sa première transaction, des échanges de gros matos. Ç'a été la première transaction d'une pluie d'échanges cordiaux qui se sont déroulés dans plusieurs endroits du 91. Brétigny, Dourdan, Angerville et j'en passe. Les affaires étaient fructueuses.

Cependant, ce qui pousse mon père à quitter la Belgique pour la France a succédé aux allers retours incessants qui finiront par lui donner une fiche. Les Bleus savaient qu'il était louche. Ainsi, alors qu'il faisait l'ouvreuse avec Kader et Maître, deux d'ses collègues, ils s'étaient fait pincer par la douane à la frontière belge et ces derniers lui dirent qu'il était fiché depuis un bon moment. Il flippait l'expulsion, lui dont le renouvellement de sa carte s'est effectué un temps monstre à être fait malgré le récépissé délivré. Le seul élément en sa faveur était ma mère qui à l'époque était enceinte de moi.

Lui qui avait tant souffert au pays ne se voyait pas y retourner. Il avait conscience de la gravité de ses actes, de ses actions, savait qu'il risquait d'y retourner mais s'était né à se dire que ça ne serait qu'en cas de dernière mesure, que si l'Etat considérait que c'était la goutte de trop qu'il y retournerait et pourtant, il ne pouvait cesser d'y penser le jour de cette arrestation. La garde à vue avait l'allure d'une séquestration dont le stress ne cessait de prendre à chaque secondes, à chaque minutes et à chaque heures une putain de place dont il ne pouvait y échapper. Heureusement, faute de preuve ou grâce à Dieu, le procureur du Roi avait classé l'affaire sans suite mais avec quelques mots à son rencontre. Quelques mots qui étaient sortis de sa fonction et de l'

– Les faits ne vous sont pas imputables, mais la prochaine fois ce que je n'ose espérer, la loi ne vous laissera pas impuni M. Mpotashi. Puis votre enfant, pensez à lui. Devenez droit et sincèrement maintenant.

Mon prénom avait été choisi automatiquement par le juge. Drôle d'histoire quand on y repense. C'était sûrement la première fois que son nom de famille avait été prononcé avec tant de froideur, avec une connotation vengeresque et patriote lui insuflant l'idée unique de se barrer d'ici, tout simplement. Savourer la liberté qu'avaient été retirés à Kader et Maître qui tous deux avec un casier judiciaire plein et aux multiples condamnations, s'étaient retrouvés en préventive.


« To kima kaka » étaient les seuls mots qui résonnaient dans sa tête. C'est ainsi qu'il s'est établi à Goé-Land', Goélands, la cité Ouest, mon berceau, ma vie, l'endroit que je rêve chaque jour de déserter, l'endroit où je rêve chaque jour d' tu meurs.

Mon quartier est à part, à reculons aux yeux des gens. Et pourtant, ma cité a toujours un coup d'avance sur les gens de cette ville. Après, ce n'est pas non plus tout beau tout rose. Des familles s'en sortent pas, vraiment pas. D'autres vivre préféraient cloisonnées comme si leur misère ne pouvait être partagée et devraient rester à l'abri d'une éventuelle honte. Des habitants partent au travail et s'appliquent uniquement pour dormir donc le bruit tout ça, ça leur casse les couilles. Je le sais qu'ils aimeraient nous voir derrière les barreaux nous qui sommes les zonards, les bruyants et les fouteurs de merde.

Les rapports sont froids quand tu vis en banlieue. Ça s'insulte sa grand-mère pour un rien, des bagarres pour un vélo prêté, pour une trotinette volée, des cris et hurlement à toutes heures. Des jeunes ne le supportent pas et je peux le comprendre, donc ils restent chez eux ou s'font discrets et ne nous serrent pas la main et nous évitent.

Djaby pète un plomb quand on reconnaît des personnes avec qui on allait en cours mais qui ne nous serrent pas la main, même pas un salam de loin.

– Ils s'prennent pour qui ces enculés ? Ils savent pas qu'un « salam » ça leur coûte rien ou on doit leur apprendre la politesse ? Qu'il m'en dit souvent

Le quartier a surtout pris une vraie tournure à la fin des années 90, quand des petits jeunes ont commencé à s'lancer dans le trafic d'haschish. Des familles Rifs et Babtous étaient déjà déployées dans le truc, mais le trafic se faisait en discrétion, à l'abri des flics. C'était tabou d'une certaine manière, mais les habitants avaient connaissance de ce dernier. Les petits jeunes ont tout révolutionné. De l'emploi saisonnier et partiel de certains jeunes jusqu'au ravitaillement par les plus grands, tout a été façonné et ce fût à partir de là que le quartier a pris un autre visage. Une sorte d'emploi sous-marin avec une propre hiérarchisation de l'emploi et une manière de chercher un bien loin du modèle orthodoxe appliqué dans le monde du travail.

Mon père est venu à ce moment là, il connaissait bien Yuri bien qu'il y ait une différence d'âge et de mentalité entre eux deux. Il a agi avec les jeunes et les familles présentes. Sauf que lui à eu des couilles et est allé plus loin qu'eux. Du haschich, il a ramené des armes. C'est le premier à avoir ramené des glocks à Goé', personne avant ne l'avait fait. Il a tout de suite vu les possibilités, les points de deals qui pourraient être occupés à Goé ; ce grand quartier de 8000 habitants, au dizaines de rondelles, au centaines de passerelles et aux militaires de plans et histoires. 

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