Je me réveille après avoir passé la nuit la plus terrible de ma vie. Je crois que les écuries auraient été plus confortables. Je n'arrive même pas à me lever et sortir du lit de clou. Et ne parlant pas des rats qui ont twitwité toute la nuit, j'ai failli préparer un ragoût de ragondin!!!
Et moi qui me plaignais de mon lit clic clac .
Caleb apparait, frais avec ses cheveux jaune pipi.
— Tu peux arrêter de te focaliser sur mes cheveux? Tu dois sauver le monde et tout le tralala.
— Je dois déjà sauver mon dos!
J'imite des râles d'agonie, Caleb se marre.
— Je vois que la nuit t'a porté conseil?
Je le fusille du regard.
— Essaye de dormir sur un lit de cures dents. Tu m'en diras des nouvelles, c'est une nouvelle technique d'acupuncture.
Il se marre de plus belle.
— Oh moins, tu n'as pas perdu ta langue.
— Je risque de la perdre, s'il décide de me donner à manger de l'acide. J'ai déjà eu un avant-goût de leur « hospitalisé » .
— Hospitalité...
— Tu n'as pas une mission à accomplir? Trouver des pistes pour ton royaume imaginaire?
— Royaume perdu!
— Bah va chercher Lycos.
— Lycos? Tu es restée bloquée dans les années 90...
— C'était plus pour m'adapter à ta coiffure, qui sort tout droit d'un de leurs vieux magazines.
Il est vexé. Enfin une bonne chose de fête.
— Vexé, sûrement pas. J'ai accompagné pire qu'une petite gamine qui parle à des morts.
Je me mets à genoux, fais le signe de la croix.
— Tu fais quoi là?
— Je prie Dieu, tout là-haut, de te guider vers la lumière.
Il rit de plus belle.
— Tu es exaspérante.
— Non parisienne, pourquoi?
Il rit d'exaspération.
— Ça me soulage que tu connaisses ce mot!
— Bon, on y va le dictionnaire peroxydé.
Il imite ma révérence, je fais la moue.
Nous longeons les murs du château d'époque.
— Tu connais le chemin j'espère?
— Tu m'as pris pour Mappy?
— Mais tu es un guide, tu guides juste avec la fonction?
— Non, je guide vers d'autres royaumes.
— Conclusion: tu ne me serviras pas à grand-chose.
— Avance, tu parles trop, tu vas ralentir la quête.
— Je ne ralentis rien, c'est un gps vivant , qui est inutilisable qui nous ralentit.
Il se marre.
— Vraiment divertissante.
Je me tais, j'essaye de sauver cette mission. Le blondinet peroxydé ne sera pas d'une fiabilité !
— Je suis fiable, je te supporte.
— Faites-le taire. S'il continue, je risque de devenir athée, pour ne plus le voir.
— Je ne suis pas un fantôme. Tu vas devoir me supporter.
— Tu n'as pas un peu de vaisselle qui traîne dans ton royaume?
— On l'a fait pour moi.
Je ne réponds pas à ces dernières remarques. J'ai d'autres chats à fouetter. En l'occurrence un chien à fouetter, retrouver la niche de ce Brutus. Je vais lui proposer d'échanger nos appartements.
J'entends Caleb rire de plus belle.
On finit par arriver à ces fameuses cuisines.
Des dizaines de domestiques manipulent tous les ustensiles pour cuisiner des plats, qui me donne la nausée. Ils ne peuvent pas avoir une machine Nespresso comme tout le monde.
Je m'avance vers un des cuisiniers. Il s'arrête et me reluque de haut en bas. Je le regarde de haut.
— Que veut la p'tit dame?
— Moi petite, je te dépasse de quinze centimètres. Je dois me tordre le cou pour t'avoir dans mon champ de vision.
— Elle est drôle Ma 'dame.
— Je cherche du café.
Il se marre. Je me tourne vers Caleb.
— Il a quoi le nain de jardin sortit tout droit d'un oreiller.
— Elle a dit quoi la p'tit Dame.
J'articule doucement chaque mot.
— Je...cherche...du ... café.
— Ma p'tit dame les domestiques ne boivent pas de ca..fé.
— Ils boivent quoi? Du thé, alors je m'en contenterai.
Il hoche négativement la tête.
— Donnez-moi ce que vous avez!
Il s'en va et revient avec une jarre de vin. Il renverse dans un verre et me le tend.
— Il est sérieux le nain de jardin? Du vin à 8h du matin? Je suis tombée dans un bistrot. Où est la Ginette qui parle de ses plans-cul du week-end???
Caleb se fend la poire.
— Je me passerai de petit-déjeuner. Que préparez-vous pour le déjeuner?
— Un porc cuit à la broche!
— Vous n'êtes pas intéressé par un troc? Un chien qui vit dans le luxe.
Je vois Caleb tomber de rire au sol.