𝐄𝐋𝐃𝐎𝐑𝐀𝐃𝐎 - 𝐿𝑎𝑛𝑑𝑜...

By -Mordicus-

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Charlie Rousseau a fait une promesse. À 23 ans et des rêves plein la tête, elle est déterminée à passer la me... More

- 𝐄𝐋𝐃𝐎𝐑𝐀𝐃𝐎 -
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟎𝟏
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟎𝟐
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟎𝟑
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟎𝟒
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟎𝟓
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟎𝟕
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟎𝟖
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟎𝟗
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟏𝟎
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟏𝟏
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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟑𝟐
𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟑𝟑

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐓𝐄𝐑 𝟎𝟔

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— 𝐄 𝐋 𝐃 𝐎 𝐑 𝐀 𝐃 𝐎 —

𝐒𝐩𝐚𝐢𝐧 - 𝐏𝐚𝐫𝐭 𝐈











𝐅𝐀𝐂𝐓

𝐃𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐑𝐨𝐦𝐞 𝐚𝐧𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞, 𝐪𝐮𝐚𝐧𝐝 𝐮𝐧 𝐡𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐭𝐞́𝐦𝐨𝐢𝐠𝐧𝐚𝐢𝐭 𝐝𝐞𝐯𝐚𝐧𝐭 𝐥𝐚 𝐜𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐣𝐮𝐬𝐭𝐢𝐜𝐞, 𝐢𝐥 𝐣𝐮𝐫𝐚𝐢𝐭 𝐬𝐮𝐫 𝐬𝐞𝐬 𝐭𝐞𝐬𝐭𝐢𝐜𝐮𝐥𝐞𝐬. 











𝟏 𝐉𝐮𝐢𝐧 𝟐𝟎𝟐𝟑

𝐂𝐢𝐫𝐜𝐮𝐢𝐭 𝐝𝐞 𝐁𝐚𝐫𝐜𝐞𝐥𝐨𝐧𝐚-𝐂𝐚𝐭𝐚𝐥𝐮𝐧𝐲𝐚

𝐂𝐚𝐭𝐚𝐥𝐨𝐠𝐧𝐞 – 𝐄𝐬𝐩𝐚𝐠𝐧𝐞



Comment décrire l'Espagne ? Brûlante, excitante, terriblement attirante pour la jeune fille qui la traverse à bord de son van aménagé.

Charlie arrive juste avant la fin du programme de la journée média, profitant du monde qui quitte petit à petit les lieux pour valider son badge à l'entrée du parking privé et profiter des nombreuses places récemment libéré pour se choisir un petit coin à elle, loin de l'agitation des van qui vont et viennent, emportant dans leur sillage des équipes complètes de mécaniciens et d'ingénieurs jusqu'aux hôtels situés non loin du circuit.

La jolie blonde hésite un instant avant de présenter son pass à l'agent de sécurité qui hausse bien haut les sourcils en la voyant arriver dans la file. Pourtant, comme l'avait dit Lando, le pass fonctionne et, bien que surpris, l'agent est bien obligé de la laisser entrer.

Charlie se gare dans un coin, éloignée de l'agitation et des voitures hors de prix qu'elle ne veut pas prendre le risque d'abîmer en faisant une marche arrière hasardeuse.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Charlie meurt de chaud. Les nuages menaçants qui glissent dans le ciel au-dessus d'eux et l'odeur de la pluie qui les entourent alourdissent considérablement l'atmosphère malgré l'absence de précipitations et la jeune femme est en nage à l'intérieur de son véhicule mal climatisé.

Le seul hic, c'est que Charlie n'a pas installé de douce à bord de son Hymer. Depuis le départ, elle profite de la gentillesse des gens pour prendre des douches lors de ses étapes. À Monaco, David lui permettait d'utiliser les vestiaires des salariés pour se laver avant ou après ses services.

Depuis qu'elle a mis les pieds en Espagne, Charlie s'arrange pour dormir dans des stations-services qui mettent à disposition des douches et des toilettes pour les chauffeurs routiers et autant dire qu'elle est plus que traumatisé par cette expérience au comble de l'insalubrité et du dégueulasse.

Aussi, la jolie blonde pince les lèvres en découvrant que le parking ne propose ni douche, ni toilettes et que la seule grande ville à proximité dans laquelle elle puisse se rendre n'est autre que Barcelone à trente minutes de route.

Refusant tout net de s'abaisser à faire pipi accroupi derrière l'une des roues de son van, Charlie décide de tenter le tout pour le tout et de se présenter à l'entrée sur Paddock.

Arrivée devant les portiques de sécurité, elle n'essaie même pas de passer son badge et fonce directement vers la petite équipe de sécurité regroupée dans un coin du poste. D'un pas, qu'elle essaie d'être le plus assuré, elle se plante devant les quatre hommes de services qui redressent à peine la tête pour lui jeter un regard blasé au possible.

- Bonjour...? Elle tente en anglais.

Personne ne fait attention à elle et Charlie prend une grande inspiration pour tenter de garder son calme. S'ils la croient trop timide et impressionnée pour leur voler dans les plumes, elle va leur montrer de quel bois elle se chauffe.

- Bonjour, elle reprend plus fort. J'ai une question.

Les bras croisés sur sa poitrine, Charlie tapote du pied contre le sol avec agacement, attendant une réaction des agents de sécurité qui ne lui prêtent toujours pas attention. L'un d'entre eux, un grand type bronzé, cheveux noirs et bouclés la dévisage de haut en bas avant d'afficher un petit sourire narquois.

- Je ne parle pas anglais, il articule lentement.

Charlie lève les yeux au ciel. Et mon cul, c'est du poulet ?

- Est-ce que je peux aller aux toilettes ? Elle demande.

Ils tournent tous leurs regards vers elle, vaguement amusés.

- Pas de pass, pas de toilettes, répond l'un.

Ennuyée, Charlie agite sa carte de parking sous leurs yeux avant de répondre.

- J'ai un accès parking. Je veux juste aller aux toilettes, s'il vous plaît, elle force.

Ils lui lancent à présent des regards clairement amusés.

- Tout ça pour pouvoir voir un pilote, se moque l'un. Vraiment, qu'est-ce que vous leur trouvez à ces types ? C'est pour l'argent ?

Charlie ne relève pas le fait qu'il s'adresse à elle dans un Anglais tout à fait acceptable, le connard. À la place, elle fronce les sourcils devant l'accusation à peine voilée.

- Je ne veux pas voir de pilote, je veux aller aux toilettes, les toilettes ! Qu'est-ce que vous ne comprenez pas là-dedans ?

- Bien sûr, on te laisse passer et ensuite, on aura des problèmes quand ils te retrouveront collé à Sainz ou Alonzo, ricane le grand brun.

Charlie serre les dents, encore un peu elle et va commencer à dire des choses vraiment pas très gentilles.

- Combien de fois il va falloir vous le dire, je veux juste aller aux toilettes. Vous voulez m'accompagner peut-être ? Elle crache.

Immédiatement après avoir prononcé la dernière phrase, Charlie regrette ses propos. Le grand brun, celui qui lui a parlé en premier, lui adresse un sourire carnassier avant de se redresser et de faire un pas vers elle, poussant la jeune femme à reculer, ce qui le fait sourire encore plus.

- Mais bien sûr mademoiselle, susurre-t-il dans un Français approximatif. Si c'est ça que tu voulais, il fallait le dire tout de suite.

Charlie recule d'un pas et décroise les bras, prête à tourner les talons et à prendre ses jambes à son cou.

Elle préfère autant aller faire pipi derrière son van que de rester une seconde de plus avec ces quatre-là.

Alors qu'elle s'apprête à faire demi-tour, le grand brun attrape son bras pour la retenir, ou pour l'empêcher de fuir, au choix.

- Ne pars pas, Bella, il sourit. Si tu veux absolument entrer, on peut peut-être s'arranger.

Tout en parlant, il accentue un peu plus sa prise autour du bras de Charlie qui n'arrive pas à se dégager et lui lance un regard à mi-chemin entre la peur et la colère.

- C'est gentil, elle souffle. Mais je crois que je préfère autant rentrer.

Tout en parlant, elle tire un peu plus sur son bras qu'il refuse de relâcher pendant que les autres ricanent.

- Tu es sûre ? C'est ta chance pourtant, tu devrais tout faire pour la saisir...

Charlie esquisse une grimace dégoûtée devant le sous-entendu à peine dissimulé de gardien et tire plus fort sur son bras.

- Vraiment, je crois que je vais devoir dire non, elle réaffirme.

Elle lui lance un regard incendiaire qui semble amuser encore plus l'homme qui ne se décide pas à la relâcher et Charlie commence à craindre que la situation dégénère. Il n'y a qu'eux aux alentours et la plupart des personnes restant dans le Paddock doivent actuellement être en réunion stratégique bien loin de là, elle est toute seule.

- Bonsoir ?

Charlie et les quatre agents de sécurité sursautent avant de se retourner.

La Normande écarquille les yeux en découvrant sous ses yeux, nul autre qu'Alexandra Saint Mleux et Mia Djacic devant les portiques, visiblement prêtes à quitter le Paddock.

- Est-ce que tout va bien ? Redemande l'Italienne.

La blonde n'en croit pas ses yeux, c'est sa chance.

- Je demandais à ses messieurs s'ils pouvaient me laisser passer pour que je puisse aller aux toilettes, explique-t-elle.

Le regard des deux femmes voyage entre Charlie et la main de l'Espagnol toujours agrippée autour de son bras. Il s'empresse d'ailleurs de la retirer, mais elle sait qu'elles ont eu le temps de la voir et de comprendre la situation.

Mia lance un regard à la compagne de Charles qui fait un pas dans leur direction.

- Elle est avec moi, affirme doucement Alexandra. Vous pouvez la laisser passer.

- Bien sûr mademoiselle, s'empresse de répondre l'homme.

Il appuie sur quelques touches de la console numérique avant de s'écarter pour la laisser passer lorsque le voyant d'identification devient vert.

- Vous pouvez y aller, marmonne-t-il.

- Merci beaucoup, sourit Charlie.

Sans demander son reste, la Française passe le portique et fonce en direction des deux femmes qui l'attendent patiemment.

Lorsqu'elle arrive à leur niveau, elles sont en pleine conversation et Charlie ne parvient à n'en saisir qu'une petite partie.

- Tu peux y aller, Mia, j'attendrai Charles pour rentrer à l'hôtel.

Mia hausse simplement les épaules avant de s'éclipser et Charlie ose enfin s'approcher.

- Merci beaucoup pour le coup de main, elle sourit.

L'autre lui sourit gentiment avant de prendre la direction des toilettes du Paddock.

- Pas de problème, même avec un pass VIP, j'ai eu des problèmes avec eux ce matin aussi. Tu n'as pas d'accès Paddock ?

- Non, commence Charlie. J'ai une entrée dans le parking privé et des places pour la course, mais je n'avais pas prévu qu'il n'y aurait pas de sanitaires ni de douche à proximité.

Alexandra hoche la tête gentiment et Charlie la trouve très élégante.

- Je ne savais même pas qu'on pouvait acheter des places dans le parking privé, avoue l'Italienne.

- Je ne pense pas que ça soit possible, on m'a offert la mienne.

Le regard d'Alexandra pétille soudainement de curiosité et Charlie se demande si elle n'a pas fait une erreur.

- On t'a offert les places ? Tu dois connaître quelqu'un de haut placé, s'exclame l'Italienne.

Soudainement intimidé, Charlie laisse échapper un léger rire timide avant de répondre.

- Pas vraiment, elle souffle. J'ai rendu un service à Lando à Monaco et il voulait simplement me remercier.

- C'est Lando qui t'a donné l'accès au parking ? Il doit beaucoup t'apprécier !

Charlie ne peut s'empêcher de rougir comme une adolescente.

- Je ne pense pas, il voulait juste être gentil.

Comprenant qu'elle ne veut pas s'étendre plus sur le sujet, Alexandra hausse les épaules et esquisse un petit sourire amusé.

- Tu étais à Monaco donc, je ne crois pas t'y avoir vue ? Excuse-moi, je me rends compte que je ne t'ai pas demandé comment tu t'appelais !

La Normande laisse échapper un petit rire, Alexandra semble réellement déborder d'énergie.

- Je m'appelle Charlie Rousseau, elle sourit. Je n'avais pas d'accès Paddock à Monaco, j'étais avec mon frère dans les gradins.

- Et moi, je suis Alexandra Saint Mleux, mais tu peux m'appeler Alex. Excuse-moi si je suis curieuse, mais comment tu as pu rencontrer Lando si tu n'avais pas de pass Paddock à Monaco ?

Charlie esquisse un sourire amusé devant l'entrain de sa cadette.

- C'est une longue histoire, elle explique. Mais je l'avais rencontré à Bahreïn et nous nous sommes revus à Monaco.

Alex esquisse une moue de parfaite incompréhension et Charlie ne peut se retenir d'éclater de rire.

C'est vrai que, lorsqu'elle y pense, la suite d'événements qui l'ont amenée à se retrouver ici est parfaitement improbable et elle-même aurait du mal à croire à une pareille histoire si elle ne l'avait pas vécue.

Les deux femmes s'arrêtent devant les toilettes publiques et Alex avise enfin la serviette et la petite trousse de toilette coincée sur le coude de Charlie qui pince les lèvres en constatant l'état des installations.

- Attends...Tu veux prendre une douche ici ? S'exclame Alexandra.

Charlie hausse les épaules et esquisse une grimace un peu dégoûtée.

- Eh bien, oui. Mon van n'a pas de douche et si je sors du parking, ils ne me laisseront pas rentrer alors je n'ai pas vraiment le choix.

Alex à l'air aussi dégoûtée qu'elle quand elle jette un deuxième coup d'œil au petit bungalow déjà éprouvé par le passage de nombreux utilisateurs.

- Je ne peux pas te laisser faire ça, souffle l'Italienne. C'est dégoûtant, tu pourrais attraper une maladie. Suis-moi, j'ai une idée.

Charlie hausse les sourcils, surprise, lorsque la jeune femme lui attrape la main pour l'emmener vers une autre partie du Paddock. Charlie ne sait pas à quoi s'attendre, mais elle ne résiste pas, Alexandra semble vouloir l'aider et de toute manière rien ne pourra être pire que les toilettes publiques.

Elle hausse cependant bien haut les sourcils lorsqu'elle se rend compte que l'Italienne la mène droit vers le garage Ferrari, un endroit où elle est certaine de ne pas avoir le droit d'aller.

Alex s'arrête juste avant d'entrer dans le garage pour vérifier qu'il est bel et bien vide.

- Bien, elle chuchote. Normalement, ils sont tous en réunion, il ne devrait y avoir personne, mais on ne peut jamais être sûr donc fait attention de ne pas te faire repérer et suis-moi.

- Tu es sûre qu'on peut faire ça ?

La brune se retourne vers elle, un grand sourire excité planté sur les lèvres.

- Non ! Je suis même certaine que c'est interdit !

Charlie n'a que le temps d'écarquiller les yeux avant que l'autre ne lui attrape la main et ne la traîne à l'intérieur du garage, se faufilant à travers les établis et les racks de pneus.

Évidemment, la Normande en profite pour dévorer des yeux tout ce qu'elle voit, consoles, outils de calcul, pièces qu'elle n'a jamais vues avant et bien sûr, les deux monoplaces dissimulées sous des toiles de chaque côté du garage. De toute sa vie, Charlie ne s'est jamais trouvé aussi proche d'une voiture de F1, elle pourrait presque pleurer tandis qu'Alexandra la traîne vers l'arrière de la salle, l'éloignant des deux merveilles.

Aussi discrètes que possible, les deux jeunes femmes se faufilent jusque dans les entrailles du garage, tournant encore et encore dans les couloirs sinueux jusqu'à ce qu'Alexandra s'arrête devant une porte close floquée d'un énorme numéro 16 rouge écarlate et d'une petite plaquette où est inscrit le prénom de Charles Leclerc pour les quelques crétins qui n'auraient pas encore compris où ils se trouvent.

Et s'il est certain que Charlie n'a pas le droit de se trouver dans le garage Ferrari, il est absolument évident qu'elle a encore moins le droit de rentrer dans la Driver Room de Charles Leclerc sans son autorisation.

C'est tout à fait le genre de choses que ferait une fan psychopathe.

La Normande lance un regard critique à Alexandra qui semble comprendre sa réticence alors qu'elle déverrouille la porte.

- Ne t'inquiète pas, elle souffle. Charles m'a dit qu'ils en avaient pour encore au moins une heure, c'est pour ça que j'allais rentrer avec Mia. On ne risque rien.

Charlie n'est pas convaincu, mais en même temps, entrer dans la Driver Room d'un pilote fait clairement partie de la liste des choses qu'elle veut faire avant de mourir et Alex a l'air convaincue que la voie est libre.

Dans le pire des cas, elle pourra toujours prétendre être aveugle et avoir perdu son chemin.

Elle hoche lentement la tête pour donner son accord et les deux jeunes femmes se glissent à l'intérieur de la pièce avant de refermer la porte derrière elles. Charlie dévore immédiatement la pièce des yeux, retenant difficilement sa main qui la démange de sortir son téléphone pour immortaliser l'instant.

Elle est dans la Driver Room de Charles Leclerc, personne ne la croira jamais.

L'endroit est en réalité plutôt simple, très blanc et rouge, un lit, un canapé, une étagère où s'entassent des affaires du pilote et une petite porte au fond qui doit sans doute mener à la douche, basic et fonctionnel, exactement ce qu'elle avait imaginé.

- Tu as de quoi te laver ? Demande Alex. Parce que Charles n'a que des produits pour hommes et je trouve que l'odeur n'est pas folle.

- Non, c'est bon, j'ai tout ce qu'il me faut.

- Très bien alors tu peux y aller, fais comme chez toi. Je reste ici et je frappe à la porte s'il y a quoi que ce soit.

Charlie hoche la tête et file jusque dans la minuscule salle de bain. L'espace douche et le WC se chevauchent presque, mais c'est le grand luxe aux yeux de la jeune fille qui avait initialement prévu de se laver avec le robinet des toilettes du Paddock.

Consciente qu'il ne faut pas perdre de temps et qu'elle n'aimerait pas vraiment être surprise en train de prendre une douche en plein milieu des installations très, très privées de la Scuderia Ferrari, Charlie décide de ne pas perdre de temps et file directement sous le jet d'eau à peine chaud.

La jeune fille prend tout de même le temps de se laver les cheveux, elle ne sait pas quand elle aura de nouveau l'occasion de le faire et lutte de son mieux contre l'habitude qu'elle a prise de chantonner sous la douche. Les murs sont très fins et elle n'a pas vraiment envie qu'on l'entend chanter dans tout le garage.

En sortant de la cabine, Charlie fait bien attention à essuyer un maximum d'eau derrière elle et ainsi effacer toute trace de son passage. Elle prend le temps d'essorer sa longue chevelure blonde et de la tresser en deux nattes collées qui retombent le long de son dos laissant filer quelques goulettes dans leurs sillages.

Propre et rafraîchie, elle enfile un short en jean sous un grand t-shirt floqué du logo du garage de son père qui lui fait presque une robe et sa fidèle paire d'espadrilles. Méticuleuse, elle rassemble toutes ses affaires dans sa petite trousse et cale la serviette sur son épaule avant de déverrouiller la porte et d'entrer dans la pièce principale.

- Merci Alex, tu ne peux pas savoir à quel point ça fait du bien après la journée de...

Charlie s'arrête net devant la mine terriblement gênée d'Alexandra. La bouche ouverte et les yeux écarquillés, figés dans l'instant si bien qu'elle ne bouge même pas quand sa serviette lui tombe sur les pieds.

Et pour cause, Alexandra n'est plus seule dans la Driver Room.

Debout en face d'elle, un bras possessivement enroulé autour de la taille de sa petite amie, se tient Charles Leclerc, les sourcils haussés, un rictus surpris niché sur les lèvres.

- Oh merde, souffle la Normande.

Le regard de Charles fait un aller-retour entre Alex et elle alors qu'il essaye clairement de décrypter la scène qui se déroule sous ses yeux. Inconsciemment, Charlie fait un pas en arrière, pour fuir ou pour s'enfermer dans la salle de bain, elle ne sait pas vraiment.

- Ça pour une surprise, finit-il par lâcher au bout d'un moment. Charlie Rousseau de Normandie.

- Vous vous connaissez ? Demande Alexandra.

L'Italienne leur lance un regard curieux, vaguement inquiète, mais le cerveau de Charlie, lui, est à des années-lumière de ces préoccupations. Coincé quelque part entre : bordel, je me suis illégalement introduite dans la Driver Room de Charles Leclerc, est-ce que je vais aller en prison ? Et : OH MON DIEU CHARLES LECLERC SAIT COMMENT JE M'APPELLE.

- Pas vraiment, répond le pilote. Je t'en ai déjà parlé, c'est la fille qui est montée dans mon van à Bahreïn et qui m'a récité la page Wikipédia de Monaco.

- Je me rappelle ! Souffle Alex. Je n'avais pas du tout fait le lien, c'est amusant de se recroiser.

- Justement, je suis plutôt étonné de vous trouver ici. Si quelqu'un vous avait vu toutes les deux dans le garage sans surveillance, vous auriez pu avoir de gros problèmes.

Quelque part sur la route de l'implosion, le cerveau de Charlie se sent obligé d'opérer un demi-tour pour aider l'Italienne qui a clairement l'air de culpabiliser.

- Alexandra voulait juste m'aider, elle explique. Il n'y avait pas de toilettes ni de douche dans le parking privé et ceux du Paddock étaient vraiment sales, c'est pour cela qu'elle m'a proposé de venir ici, mais je jure que je n'ai touché à rien.

Les sourcils de Charles se haussent de curiosité.

- Tu as un accès au parking privé ? Comment ?

La blonde hoche doucement la tête pour approuver avant de répondre.

- Lando me l'a donné à Monaco. Il voulait que je puisse trouver une place pour garer mon van sans payer de stationnement.

- Lando a fait ça ? S'amuse le Monégasque.

Un petit rictus amusé rayonne maintenant sur les lèvres de Charles et Charlie n'a pas le courage de lui demander ce qui peut bien l'amuser autant. Elle se rassure en constatant qu'Alexandra à l'air aussi larguée qu'elle et jette des regards perdus et curieux à son compagnon.

Le pilote hausse finalement les épaules avant de relâcher son emprise autour de la taille de l'Italienne.

- Si Lando a fait ça alors qui suis-je pour m'y opposer ? Il rit. Mais on ferait mieux de mettre les voiles avant que quelqu'un ne te voie.

Charlie hoche vigoureusement la tête et réunit toutes ses affaires dans ses bras. De son côté, Charles plante un rapide baiser sur le front d'Alex et attrape sa veste posée sur l'accoudoir du canapé. Avant d'ouvrir la porte, il se retourne vers les deux femmes avec un air sérieux.

- Normalement, tout le monde est déjà parti, mais si nous croisons quelqu'un, Charlie, tu ne dis rien et tu nous laisses parler, d'accord ?

- D'accord.

Ils s'engagent tous les trois dans les couloirs désertés et, rendu stupide par le stress, Charlie ne peut s'empêcher de fredonner tout doucement la musique du film Mission Impossible sous le regard consterné d'Alex qui se retient d'éclater de rire.

Au détour d'un couloir, alors que Charlie reconnaît qu'ils sont presque arrivés à la sortie, un bruit de porte qu'on ouvre résonne dans leur dos et Charles sursaute violemment avant d'attraper la main d'Alex et celle de Charlie et de se mettre à courir à toute vitesse, entraînant les deux filles dans son sillage.

Rapides comme l'éclair, ils traversent à toute vitesse le garage sous le regard perdu et choqué d'un pauvre homme d'entretien venu passer le balai. Cependant, une fois sorti, le Monégasque ne s'arrête pas et ils courent ainsi sur quelques dizaines de mètres avant de tourner dans une allée déserte où ils s'arrêtent tous les trois, le souffle court.

- J'ai bien cru que j'allais faire une crise cardiaque, s'exclame le pilote.

- On avait remarqué, rigole Alex.

- Je suis trop vieux pour ce genre de connerie.

- Tu as sûrement raison, est-ce que c'est un cheveu blanc que je vois là ?

Ils rient tous les deux et Charlie se sent presque de trop tant la complicité qui émane de leur échange est perceptible. Décidée à ne pas tenir la chandelle, elle se racle la gorge pour attirer leur attention.

- Je crois que l'on n'a croisé personne de l'écurie, mais vous n'aurez pas de problème ? Elle demande.

- Je ne pense pas, répond Charles. Les caméras nous ont vues, mais ils n'iront pas chercher jusque-là.

Elle hoche la tête pour montrer qu'elle comprend et laisse échapper un petit soupir rassuré.

- En-tout-cas, merci, pour la douche et le reste. Je ne sais pas comment vous remercier.

- Ne nous remercie pas pour ça Charlie, c'est vraiment le moins que l'on puisse faire.

Elle adresse un sourire gentil à Alexandra. La mère de Charlie lui a appris à toujours remercier les gens, même pour les plus petits actes de gentillesse.

- Faisons juste en sorte que cela soit moins chaotique la prochaine fois.

La blonde évite volontairement de relever la remarque de Charles. Il n'y aura pas de prochaine fois, elle s'est juste laissé surprendre par les complications qu'implique une place dans le parking privé. Et puis de toute manière, elle serait bien trop gênée par l'idée de demander à Charles Leclerc si elle peut prendre une douche dans sa Driver Room.

- Je vais retourner au parking, elle souffle. Vous partez aussi ?

- Oui, il valide. On va dans la même direction alors, ma voiture est garée dans le parking.

Elle acquiesce et ils se mettent tous les trois en marche vers la sortie du Paddock.

- La route depuis Monaco n'était pas trop longue ?

- Non, ça va. Je suis partie lundi dans la journée et j'ai pris mon temps en faisant plusieurs arrêts pour visiter quand il y avait des choses à voir.

Charles hoche la tête et Alex lui adresse un regard curieux.

- Tu fais un road trip en Europe, c'est ça ? Elle demande.

- Oui, je suis le trajet des Grand Prix de Formule 1 à bord de mon van.

- C'est une idée géniale ! Tu as un compte Instagram où je pourrais suivre ça ?

Charlie hésite une seconde avant de lui dicter le nom de son compte personnel. Elle n'a jamais pensé à documenter son voyage, depuis le début elle ne fait que poster des photos de temps à autre, mais l'idée d'avoir un compte dédié à son road trip lui plaît bien.

- Tu ne vas pas au Canada donc ? S'assure Alex.

- Oh non, elle rit. C'est beaucoup trop loin et bien trop cher pour moi, je me contenterai de le regarder à la télé.

- Alors, qu'est-ce que tu vas faire en attendant ? Le Grand Prix d'Autriche n'est que dans un mois.

Charlie est surpris par l'intérêt que Charles et Alex portent à son voyage, elle est touchée par leur gentillesse.

- Eh bien, il y a un peu plus de 1600 Km jusqu'à Spielberg, je pense pouvoir le faire en trois ou quatre jours, mais j'ai prévu de m'arrêter voir des amis à Lyon sur la route. J'aimerais bien profiter de l'Italie aussi alors je pense passer par Turin, Alexandrie, Milan, peut-être le lac de Côme, Vérone, évidemment et ensuite Venise. S'il me reste de temps, j'hésite à pousser jusqu'à Ljubljana, la capitale de la Slovénie et puis l'Autriche jusqu'à Spielberg. Tout n'est pas encore décidé, mais j'aimerais profiter du mois de juin pour faire un maximum de...

Perdue dans ses réflexions, Charlie s'arrête en croisant les regards admiratifs de Charles et Alex. Surprise et intimidée, la jeune fille rougit joliment en essayant de se justifier.

- Enfin, rien de vraiment extraordinaire, le Canada sera sûrement beaucoup plus...

- Tu rigoles ?! S'exclame Alexandra. Je ne peux pas aller au Canada, mais ton voyage à l'air vraiment incroyable ! Je rêverais de faire comme toi et de partir seule à l'aventure autour de l'Europe.

- Alex à raison, approuve Charles. C'est une idée vraiment extraordinaire que tu as eue.

Le visage de Charlie s'éclaire d'un sourire lumineux alors qu'elle reçoit des compliments sur ce qu'elle considère comme le grand projet de sa vie.

- Ce n'est pas mon idée, précise-t-elle. C'est celle de mon père, c'est lui qui a commencé à retaper le van et qui m'a aidé à mettre de l'argent de côté pour pouvoir faire le voyage.

- C'est vraiment génial d'avoir ce genre de projet avec son père, approuve Alex. Il doit être vraiment très fier de toi.

Le sourire de Charlie s'agrandit encore, immense sur son visage.

Sans qu'elle ne s'en aperçoive, ils sont déjà à hauteur des portiques et le petit groupe d'agents de sécurité se profile sur la droite, à l'endroit exact où elle les a laissés tout à l'heure.

Le regard de la Normande croise celui d'Alexandra et en une fraction de seconde, elle sait qu'elles pensent exactement la même chose. Le rire au bord de lèvres, elles encadrent toutes les deux le pilote de la Scuderia qui leur lance un regard d'incompréhension alors qu'ils passent les portiques.

L'homme qui s'en est pris à Charlie à l'air de ne plus savoir où se mettre et elle en profite pour lui tirer la langue pendant qu'Alex éclate de rire.

- Je crois que j'ai manqué quelque chose, hésite Charles.

- Rien d'important, répond l'Italienne. Juste une revanche bien méritée.

Les deux filles s'adressent un sourire et Charles lève les yeux au ciel, comprenant qu'elles n'en diront pas plus.

Arrivés à l'entrée du parking, Charlie comprend qu'il est temps de se séparer, la soirée était magique, mais toutes les bonnes choses ont une fin.

- Mon van est là-bas, elle montre du doigt.

- Et notre voiture est de ce côté, indique Charles.

Deux directions opposées, la blonde esquisse un sourire.

- Merci beaucoup pour la soirée, je me suis beaucoup amusée.

Sans qu'elle ne s'y attende, Alexandra l'attire dans une étreinte légère.

- Accepte-moi sur Instagram, elle souffle. Je veux absolument voir les photos de ton voyage.

- C'est promis.

Plus distant, Charles lui adresse un sourire amical.

- Concernant le garage et la Driver Room...

- Je ne dirais rien, coupe-t-elle.

Il semble soulagé et Charlie comprend qu'ils ont vraiment pris un risque tous les deux, elle ne peut s'empêcher d'être touché.

- Merci beaucoup, répond-il. On se revoit bientôt ?

- Évidemment, je serai la fan habillée en rouge.

Il éclate d'un bref rire amusé et Charlie est fière de sa blague.

Faire rire Charles Leclerc, ça mérite au moins une médaille.

Ils se séparent ainsi, pas vraiment un au revoir, pas vraiment un à bientôt non plus, plutôt comme un peut-être ?

En s'allongeant dans son lit, Charlie rayonne littéralement de bonheur, toutes les attentes qu'elle avait pour ce voyage sont largement dépassées et elle peine encore à réaliser qu'elle est sans aucun doute en train de vivre la meilleure année de sa vie.

Pour la première fois depuis longtemps, demain est un autre jour qu'elle attend avec impatience.



♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡



Bonjour !

Alors ce petit shower gate ?

Je vous mets au défi de trouver une autre histoire dans laquelle le but ultime de l'héroïne est de prendre une douche :')

Dans ce chapitre, on retrouve notre Monégasque préféré, et pour la première fois Alexandra. Charles est clairement un enfant sage, le pauvre se retrouve embarqué contre son gré dans les péripéties des deux filles. Pour ce qui est d'Alexandra, elle n'était présente qu'à Monaco et en Espagne donc c'est un passage éclair pour elle que l'on ne verra pas avant au moins la pause estivale. Elle a été plutôt discrète jusqu'à présent, mais je pris le parti de penser que c'est une fille sympa et donc je suis contente de pouvoir lui donner un petit passage dans l'histoire.

Pas de Lando dans ce chapitre qui est plutôt une introduction au Grand Prix d'Espagne, mais ne vous inquiétez pas, il fait son retour dans le prochain chapitre et Charlie et lui auront enfin le temps d'apprendre à se connaître un peu mieux ! ;)

Je ne vous en dis pas plus ! On se retrouve vendredi prochain pour plus d'aventures espagnoles !

Bye les copains ! ♡

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