QUINZE SEPTEMBRE ━━━━━━━━━━━━━━━
APRÈS S'ÊTRE RESSOURCÉ À MONACO DURANT quelques jours, Arthur est heureux et soulagé de retrouver les circuits en cette fin de semaine. Rien ne le rend plus épanoui que la course automobile et retrouver l'Italie en cette fin d'été est une véritable aubaine. Monza est un tracé qu'il apprécie particulièrement, lui qui, bien que conduisant pour l'écurie française DAMS, appartient à la ferrari driver academy. L'Italie fait indéniablement partie de lui, d'autant plus que son frère court pour la scuderia qu'il chérit tant.
Son objectif ultime, il ne s'en est jamais caché, est d'un jour courir aux côtés de son aîné. Celui-ci a avoué avoir plus de mal à se faire à l'idée de devoir coopérer avec lui à l'avenir. Charles a une relation particulière avec ses frères, la fratrie est plus que soudée. Secrètement, il craint sûrement la dégradation de ces liens si forts si Arthur venait à intégrer un jour la prestigieuse Scuderia Ferrari alors qu'il y pilote toujours. Le châtain en a bien conscience, toutefois ses rêves sont tels qu'ils sont et que son aîné les apprécie ou non, il ne se détournera pas d'eux.
Le jeune pilote est complètement concentré sur ses objectifs en cette fin de saison et aucun événement extérieur ne pourrait venir perturber son attention.
Aujourd'hui, sur les terres italiennes, le soleil frappe. Arthur n'apprécie pas particulièrement rester au soleil trop longtemps. Il préfère se rafraîchir dans une pièce tranquille, calme et aérée de l'hospitalité dans laquelle il se trouve. Son concurrent direct a dix points d'avance au championnat et le châtain sait pertinemment que la moindre erreur ce dimanche, le priverait de ce rêve se dessinant, trottant dans son esprit depuis plusieurs semaines déjà. Ses écouteurs dans les oreilles, le jeune pilote s'octroie quelques minutes de sérénité, hors du temps, se perdant dans le dédale de ses pensées.
Arthur apprécie ces instants lors desquels il semble ne rien ressentir, desquels rien ne pourrait lui porter confusion.
La porte s'ouvre à la volée et se referme aussitôt, néanmoins le jeune homme est tellement dans sa bulle que plus rien ne semble exister autour. Seulement lui, sa musique et ses pensées retraçant inexorablement chaque virage, chaque point de corde du circuit sur lequel il partira à la première position dans moins d'une heure. Ce n'est uniquement que lorsqu'il se sent observé que le pilote ouvre les yeux, fracassant cette bulle de plénitude instaurée par ses soins.
Charles lui sourit, adossé à la porte. Ses bras sont croisés contre sa poitrine froissant son haut orné du célèbre cheval cabré. Arthur admire brièvement son frère, émerveillé. Cette vie dont il rêve, dont il a parfois jalousé les aspects, quand malheureusement sa carrière en karting a volé en éclats par manque de moyens. Charles a toujours été parfait dans tout ce qu'il entreprenait. En quelques sortes celui qui réussirait. L'élu. Arthur était talentueux, néanmoins pas assez pour prouver à sa famille que sa carrière valait le coup d'être sauvée. Il l'a accepté, à force. De passer au second plan pour la réussite de son aîné. Ce n'était pas seulement lui qui faisait des sacrifices, en manquant des jours entiers à l'école pour des compétitions. Arthur aussi sacrifiait une partie de sa vie, une partie de son rêve le plus cher pour que lui, le vive pour eux deux. Jamais il ne le lui reprochera, étant parfaitement conscient que ce choix n'était pas d'une simplicité déconcertante. Pourtant il ne peut s'empêcher de se sentir envieux en le voyant arborer le polo de l'écurie italienne, fièrement.
Aurait-il atteint le graal si les rôles s'étaient inversés, douze ans plus tôt ?
- Tu es perdu dans tes pensées, constate Charles.
- Je pensais à mon parcours, il avoue aussitôt, ne pouvant rien lui cacher, à ce qu'il se serait passé si je n'avais pas arrêté le karting plus jeune.
- Tu serais sûrement en formule un et moi incapable d'atteindre ce que toi tu as acquis. Tu es talentueux Arthur, ne doute pas de ça. Si papa et maman m'ont choisi, c'est uniquement parce qu'en plus du potentiel, j'avais eu le temps de démontrer ce que je valais. Parfois je me demande si tu n'es même pas meilleur que moi.
- Arrête de dire des conneries, regarde-toi, regarde tes performances.
- Je suis persuadé que tu aurais fait aussi bien à ma place. Mais il faut que tu en aies conscience Arthur. Conscience en tes capacités, en ton talent, en ton travail acharné. Ce n'est pas moi qui vais te mettre dans le crâne que tu es le meilleur. Parce que lorsque tu prends le volant, aucune autre pensée ne doit te venir en tête ; tu es le meilleur. Même si ça te semble faux.
- Tu te dis ça avant l'extinction des feux dans ta formule un ?
- Evidemment. Pourtant j'ai gagné huit pauvres grands prix dans ma carrière et j'ai vingt-sept pôles positions. Je roule aux côtés de Max, de Lewis... mais tu n'as pas le droit d'être impressionné par les performances des autres quand tu es dans ta monoplace. Penses-y.
- Promis.
Charles sourit et sous les yeux de son cadet, embrasse son index et son majeur avant de venir frôler le dessus de son casque posé sur la table à côté de la porte. Arthur apprécie toujours les conseils de son frère. Il a été présent et l'a relevé lors des pires moments, lorsque sa confiance en lui était au plus bas et il sera à jamais reconnaissant de tous ces gestes à son égard.
- Eh, tu m'as piqué mon bracelet ! s'exclame le plus vieux.
Arthur fixe de ses iris claires le bijou attaché depuis des jours à son poignet. Une chaîne doré ornée de l'initial 'C'. Le benjamin sourit à la vue de celui-ci. Il a volé son bracelet afin de se donner du courage pour les échéances à venir en formule deux. Il s'est dit que peut-être en ayant une part de son frère toujours avec lui, il réussirait mieux et performerait constamment lors des week-end de course.
- C'est le mien maintenant, il hausse les épaules.
Le jeune pilote explose de rire face à la mine outrée du brun, posant sa main sur son cœur comme s'il venait de subir la pire des trahisons, insurmontable pour l'être humain.
- Je vais être obligé de te voler le tien, parce que maintenant tu as deux initiales à ton poignet.
- Je comptais donner le bracelet à Lorenzo, ajoute-il de manière détachée.
- Traitre, marmonne le plus vieux, déclenchant une nouvelle fois l'hilarité du châtain. Je vais te laisser te concentrer pour la course, n'oublie pas tout ce que je t'ai dit.
- Merci, dit-il sincèrement.
Le jeune pilote ferme de nouveau les yeux, se concentrant sur la musique émanant de ses écouteurs afin de retrouver cette plénitude à peine atteinte quelques instants plus tôt, faisant comprendre à son frère que la conversation est terminée. Chaque conversation avec son frère lui procure un bien fou. Sans lui, il ne serait certainement qu'une âme errante dans l'immensité de ce paddock auquel il ne parvient à s'habituer, même après deux longues années passées à le côtoyer.
Un bruit étranger le sort de sa torpeur, et Lorenzo lui sourit, le privant d'un repos, à contrecœur. Arthur lui sourit brièvement, il ne sait que faire d'autre. Le plus âgé se gratte l'arrière de la nuque, cherchant maladroitement ses mots, ce qui a le don d'interpeller le plus jeune, qui se débarrasse rapidement de ses écouteurs.
- Oui ?
- C'est l'heure du warm up.
- Déjà ? J'ai pas vu le temps passer, excuse-moi.
Arthur jette frénétiquement ses écouteurs sur la table occupant une bonne partie de l'espace avant de remonter correctement sa combinaison ignifugée sur ses hanches et de nouer ses manches entre elles. Le châtain s'affaire à se préparer et contre toute attente, des bras viennent l'envelopper pour une étreinte pour le moins surprenante. Dans les bras de son aîné, il est plus que confus, pourtant cela ne l'empêche pas de répondre à cette étreinte avec force.
Sans réellement comprendre pourquoi il en ressentait soudainement ce besoin atroce.
- Bon courage pour ta course, dit finalement Lorenzo.
Le pilote arbore un immense sourire en quittant la pièce, doté d'une détermination sans merci alors que la course démarre bientôt. Il en est persuadé ; aujourd'hui, il n'y a pas d'autres issues que de terminer premier. Position à laquelle il terminera le championnat en fin d'année.
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hello, je ne suis pas en retard, techniquement nous sommes encore dimanche ahah !
j'espère que vous allez bien, on se retrouve demain sur night fever et merci d'être aussi nombreux <3
-alcools