DÉPENDANTES [ L'émeraude des...

By tymlor

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C'était il y a 250 ans... Une guerre sans précèdent a plongé les Sept Royaumes dans le chaos. Depuis, les fem... More

Introduction
La carte des Sept Royaumes
Articles 1er
Article 2
Article 3
Article 4
Article 5
Article 6
Article 7
Article 8
Article 9
Article 10
Article 11
Article 12
Article 13
Article 14
Article 15
Article 16
Article 17
Article 18
Article 19
Article 20
Article 21
Article 23
Article 24
Article 25
Article 26
Article 27
Article 28
Article 29
Article 30
Article 31
Article 32
Article 33
Article 34
Article 35
Article 36
Article 37
Article 38
Article 39

Article 22

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By tymlor



Dans chacun des Sept Royaumes, qu'il soit terre féconde ou d'exil, l'amour y sera prohibé sous toutes ses formes afin de ne pas encourager les dérives propres aux Dépendantes.

Valéryan


    Le visage fermé mais affichant un curieux sourire, Arlette s'éloigne.

    Alors j'attrape la main de Camille en m'accroupissant devant elle pour me mettre à son niveau, puis je lui caresse la joue et essuie ses larmes qui les dévalent. J'aimerai ne jamais m'arrêter, prendre son visage entier entre mes mains et le tenir de cette façon chaque matin et chaque soir, que le coucher de soleil de cette soirée me soit garant de cette promesse.

— Tu avais raison, n'est-ce pas ?

    Nicolas garde le silence, bien qu'il sache que je m'adresse à lui. Mes pensées sont un livre ouvert et je sais qu'il en dévore chaque page avec faim.

    J'ai l'habitude de ne pouvoir garder aucun secret et ai appris à m'en amuser, mais jamais je ne me ferai au fait que Camille puisse faire de même. Pourtant je les lui offre. Toutes mes pensées convergent vers elle, comme si elle était un aimant d'une puissance inégalée.

    Je veux tout lui offrir.

    Mes pensées, mes secrets, moi.

    Qu'elle l'entende, l'accepte et par-dessus-tout, le croit.

    Parce que je ne suis pas le monstre pour lequel je viens de me faire passer.

    Parce que j'avais besoin de savoir et ne pouvais le faire autrement qu'en la brusquant de la sorte.

    Poussé par un besoin irrépressible de la tenir plus près de moi, j'enroule mes bras autour de ses épaules et la laisse se blottir contre moi. Son souffle court contre mon cou, erratique. Ses larmes trempent ma chemise.

    Je culpabilise tant d'avoir été ce despote tyrannique que je tente de fuir depuis mon adolescence tout autant que je m'en félicite. J'avais besoin de savoir.

    Pardonne-moi, Camille.

    Arlette nous avait confié qu'il fallait un choc émotionnel particulièrement important pour révéler son don, offrir une tasse de café soi-disant empoisonnée à Camille ne suffisait pas. Je l'ai su au moment où j'étais prêt à tout abandonner en accusant Nicolas de son instinct défaillant.

— Valéryan, elle t'entend.

— Je sais.

— Il y a des choses qu'elle ne devrait pas entendre, insiste Nicolas, contrarié.

    Je resserre mon étreinte sur elle, me satisfaisant de ses bras qui froissent maladroitement ma chemise. Que les Dieux emportent les doutes de mon ami, qu'ils prennent avec eux ceux qui pensent que la créature agenouillée devant moi est un danger.

    Elle est un cadeau, et de tous les Dieux oubliés des Sept Royaumes, elle en est leur enfant.

— Qu'elle prenne ce qu'il lui plaira.

— Tu te fourvoies.

    Je tourne la tête et m'adresse à Nicolas d'un ton cinglant :

— Ce n'est pas parce que je ne t'ai accordé aucun rang en particulier que tu dois oublier que je suis au-dessus de toi.

    Le communicant siffle, les yeux bleus pétillants d'une rage rare :

— Valéryan, éloigne-toi d'elle.

— Que n'as-tu donc pas compris dans ce que je viens de te dire ?

    Camille tire ma chemise vers elle, me demandant ainsi de ne pas obéir à l'ordre détestable de mon ami. A ce moment précis, mon allégeance lui est destinée.

    D'ailleurs au-delà du fait que je n'ai aucune envie de m'éloigner d'elle, mon corps ne le peut. Une force me guide vers elle, je ne peux lutter. Je le sens dans chaque parcelle de mon corps et ne cherche pas à me rebeller contre cette contrainte qui n'en est aucunement une.

— Elle ne lit pas seulement ton esprit, elle le guide.

— Par tous les Sept Royaumes, qu'elle le fasse !

— Ce n'est pas toi qui parles, c'est elle à travers toi.

— Parce que tu crois que je n'ai pas envie de la prendre dans mes bras ? je tranche en voyant rouge, me sentant insulté. N'as-tu donc jamais espionné mes pensées auparavant ? Ne sais-tu pas que j'en avais envie bien avant qu'elle ne le fasse ?

    Il marque un silence et je jubile. Il sait que j'ai raison, que je suis maître de la moindre de mes décisions.

— Si c'est vraiment le cas, prouve-le et éloigne-toi.

— Non.

— Fais-le ne serait-ce qu'une seconde, tu pourras la toucher à nouveau après.

    Le défi qui m'est donné n'est pas bien compliqué et je suis bien trop fier pour ne pas m'y confronter. Je pourrais ainsi donner tort à Nicolas tout en profitant ensuite du corps de Camille contre le mien tant qu'il me plaira. Je resterai la nuit entière sur la tomette de ce salon à regarder la braise de la cheminée nous réchauffer avant de m'endormir.

    Mais alors que je vais pour me saisir de la main de Camille et la retirer de ma chemise, je n'y arrive pas. Mon cerveau pense, donne l'ordre à mon corps, en vain. Ma main ne bouge pas. Pas un seul mouvement, tremblement ou amorce du moindre geste.

    Je suis contraint de la garder dans mes bras, ne pouvant faire autrement.

    Quelle douce prison.

— Je ne peux pas, j'avoue à contrecœur, le sourire au bord des lèvres.

— Que les Sept Royaumes soient damnés !

    L'énervement de Nicolas ne m'inquiète pas, tout juste est-il dû à son habitude de pouvoir tout contrôler, contrairement à moi.

    Je ne crains pas Camille et sa capacité à m'emprisonner à ses côtés. Le devrai-je ? Sans aucun doute.

    J'y réfléchirai demain, quand la jolie sorcière blottie contre moi aura séché ses larmes.

    Je la regarde, n'apercevant que ses cheveux, ses longs cils sous sa frange et le bout de son nez. Je souris.

— C'est vous qui faites-ça, Camille ?

    Elle relève la tête vers moi, m'offrant toutes les forêts des Royaumes dans ses yeux brillants.

— Bien sûr qu'il s'agit de vous, mais je ne désire pas m'éloigner de vous. Mais ça, vous le saviez déjà.

    Elle entrouvre ses lèvres et les referme en plissant les sourcils et je comprends sans peine qu'elle est bien trop occupée à lire mon esprit pour parler.

    Je ne m'en plaindrais pas, car d'une façon ou d'une autre, Camille m'offre les siennes également en souhaitant ma présence avec une force que je n'avais encore jamais expérimentée.

    J'ai enfin la certitude qu'elle se sent en confiance à mes côtés et pas uniquement parce que je suis son protecteur et qu'elle est sous la contrainte de notre contrat bancal et injuste.

    Elle me veut, juste moi.

    Peut-être même ne fait-elle pas exprès de me garder auprès d'elle, que son corps agit indépendamment de son cerveau.

    Je me redresse, m'étire et tombe souplement en arrière, grimaçant quand le sol froid traverse mon pantalon et me gèle les fesses. J'entraine Camille avec moi et étends mes jambes autour d'elle afin qu'elle puisse trouver une position confortable contre moi. Elle plie ses jambes et se blotti contre mon torse en soupirant.

    Mes yeux se ferment, je me laisse aller à son contact.

    Je frissonne quand ses doigts froids se faufilent sous l'ouverture bouffante de ma chemise pour se poser sur mon torse et bloque ma respiration, chassant les pensées que je ne veux pas lui partager —pour l'instant.

    Car viendra le jour où elle sera prête à accepter mon toucher et mon désir sans se brûler, et je jure sur les Sept Royaumes que je partagerai avec elle bien plus que mes pensées.

— Je ne comprends pas, murmure-t-elle désespérément.

— Je sais.

— Je ne comprends rien.

— On prendra le temps.

— Je vous entends, mais vous ne parlez pas.

— Ça aussi, je le sais.

    Je réprime mon rire et enfouie ma tête dans le creux de son cou, humant son parfum si enivrant. Quand j'arrive enfin à me délivrer de l'obsession de son odeur, ma bouche se pose sur son épaule nue et ce simple baiser pourtant pudique fait frissonner l'entièreté de son corps.

    Quelle n'est pas ma surprise, quand, juste après m'être régalé de sa réaction épidermique, mon corps réagit au centuple comme si ce baiser avait été déposé sur ma propre épaule.

    Camille n'a pas bougé, personne n'a embrassé ma peau. Ce frisson qui est le mien ne provient de nulle part sinon de la sensation que la douce créature entre mes jambes accepte de partager avec moi. Et ce pouvoir surprenant qui est le sien m'entraine dans des pensées indécentes, bien au-delà de la limite que je m'étais fixée.

    Je prends conscience de la puissance qui habite cette femme, de ce pouvoir infini qui est le sien, allant jusqu'à pouvoir me faire ressentir ce que son corps vit en temps réel.

    Je devrais m'éloigner, craindre sa rébellion et me demander si elle pourrait me tuer rien qu'en le pensant mais n'en fait rien.

    Non, mes pensées sont ailleurs.

    Nous avons tous les deux une épaule et ce frisson si délicieux m'amène à me demander ce qu'elle pourrait me faire ressentir d'autre à travers son désir. Un baiser sur son front, ses yeux, sa bouche. La chaleur de sa langue. La mienne qui glisse sur ses cuisses, puis entre.

    Comment me fera-t-elle ressentir son désir quand je la goûterai comme je rêve de le faire ?

    Brûlera-t-elle à en souffrir ou me laissera-t-elle l'amener au-delà des Sept Royaumes où la luxure est l'adage des grands rois ?

    Je sors de mes pensées au moment où les grands yeux innocents de Camille me fixent en contrebas, contrastant délicieusement avec les rougeurs prononcées de ses joues.

    Quel idiot.

— Pardon Camille, quand je disais vouloir partager mes pensées avec vous, je ne pensais pas à celles-ci.

    Derrière-nous, Nicolas se moque doucement.

— Entre mes cuisses ?

— Pardon ?

    Elle lève sa main libre et pose son pouce sur mes lèvres que je me force à laisser close, craignant qu'elle glisse son doigt dans ma bouche et qu'elle réveille la bête qui doit rester endormie.

— Votre langue... entre mes cuisses ?

    Les Dieux se jouent de moi et j'ignore ce que j'ai fait aux Royaumes pour mériter pareille sentence, mais nul doute que je le paie aujourd'hui même. Parce qu'il n'y a rien de pire qu'une femme tentatrice qui prononce quelques mots brûlants avec une innocence non-feinte.

    Ma tête reprend place dans son cou et je chuchote :

— Vous n'étiez pas obligée de le répéter à voix haute.

— Mais vous l'avez dit.

— Dans ma tête Camille.

— Ce qui n'a aucune importance vue que nous sommes deux communicants et que nous connaissons ton penchant écœurant pour l'indécence, l'informe Nicolas.

— Allons-bon !

    Je me redresse et tente de me lever, retenu par la douce Camille et son regard supplicier.

— Qu'est-ce que cela signifie ? demande-t-elle, ignorant même la présence de Nicolas et d'Arlette.

— Quoi donc ?

— Votre langue entre mes—

    Je ramène brusquement sa tête contre mon torse en souriant, les Sept Royaumes pardonneront ma brutalité. Mon cœur ne se remettra pas de l'entendre répéter deux fois des mots qui finiront par avoir raison de mon âme tout entière.

— C'est comme ça que je fais l'amour, Camille.

— Faire l'amour ?

— Oui.

— L'amour n'existe pas, se fait-il ?

— Un jour je répondrai à votre question.

— Quand ?

— Quand vous cesserez de brûler trop fort pour moi, je réponds avant de remettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Pourrions-nous reprendre cette discussion plus tard, quand nous serons-seuls ? Je promets de répondre à toutes vos questions avec une pertinence qui saura vous ravir.

    Elle hoche la tête et me laisse me lever sans me retenir. Je reviens quelques secondes après avec une couverture que j'enroule autour de son corps qui tremble de froid sans mes bras. Je l'emprisonne dans cette prison de chaleur et lui tends la main jusqu'à qu'elle la saisisse, puis glisse la seconde à l'arrière de ses genoux et la soulève du sol.

    Camille passe ses bras autour de mon cou et ronronne comme le ferait un chat au coin du feu.

— Où vas-tu ? Nous n'avons pas terminé, m'arrête Arlette alors que je m'apprêtais à regagner ma chambre.

— Pas ce soir.

— Ce soir c'est déjà trop tard !

— Hier il était déjà trop tard, je rétorque sèchement. Mais demain rien n'aura changé, nous aborderons le sujet avec recul et trouverons une solution.

— La solution est de l'autre côté de la mer, à Pariendi.

— Et je t'y noierai rien que pour y avoir pensé.

    Je jette un coup d'œil à Nicolas qui garde le silence, à ma plus grande surprise.

— Tu n'essaies pas de me convaincre pour une fois ?

— Comme tu l'as si bien dit, pas ce soir.

    Demain sera une dure journée, mon ami vient de m'en faire implicitement la promesse.

    Je ne demande pas mon reste et quitte le salon avec Camille dans mes bras qui commence à peser son poids. Je grimpe les escaliers, m'arrête devant sa chambre et me ravise. Plus loin, j'ouvre la porte de ma chambre et la dépose sur mon lit en ôtant la couverture qui fait le tour de son corps.

— Vous restez avec moi ?

— Je me vois mal vous amener dans mon lit pour dormir dans le vôtre.

    Elle lève un sourcil interrogateur, je n'ai pas répondu à sa question.

— Oui, je reste avec vous.

    Mon armoire n'est pas des plus originale mais je finie par lui trouver une blouse assez grande pour lui servir de robe. Camille l'enfile tandis que je me détourne, refusant de profiter de sa naïveté pour zyeuter ce que les royaumes mettent sous mon nez —les monts de Muliebris eux-mêmes seraient jaloux des dénivelés du corps de mon obsession et je gravirai ses monts et merveilles avec bien plus de plaisir.

    Camille se glisse sous la couette, gardant la position assisse. Sa frange décoiffée lui donne des airs de saut du lit, ses rougeurs toujours présentes rendent le tableau beaucoup moins sage. Je me change, troque mon pantalon contre un autre, plus lâche. J'hésite à rester torse nu mais préfère au désir la raison et enfile une blouse manche longue que je ferme suffisamment pour que Camille ne glisse pas ses mains en dessous.

    Inutile de brûler les étapes si ce n'est pour devoir appeler Nicolas en plein milieu de la nuit parce que l'intrépide s'enflamme. Je ne commettrai pas la même erreur deux fois. Pour autant, je ne la laisserai pas seule.

    Alors je prends place à côté d'elle et, avant de lui offrir mes bras, l'enroule dans un bout de la couette pour réduire le contact entre nos deux corps. Elle n'a pas le temps de soulever l'injustice que sa respiration se fait plus forte et ses yeux clos.

    Pour ma part, le sommeil ne vient pas.

    Je repense à tout ce que cette découverte implique et aux paroles d'Arlette qui sont bien plus censées que je ne voudrais jamais l'admettre. Parce qu'il ne fait aucun doute que si quelqu'un venait à apprendre le don interdit de Camille, elle serait condamnée à l'exil ou à la mort.

    Il y a deux-cent cinquante ans, un peuple entier a été décimé pour la même raison.

    Mais je n'étais pas là. Aujourd'hui si.

    Et je me battrais. Pour elle, pour nous.

    Je suis l'héritier des Sept Royaumes et ma Reine dort sur mon torse.

👑

On commence à avoir une petite idée de l'étendue du pouvoir de Camille 😏
Elle te touche = t'es foutu

Mais on commence aussi à avoir une petite idée de l'attachement de Valeryan envers... sa reine 👀♥️

Bonne ou mauvaise chose ?

Le couronnement approche

A très vite ♥️
Insta : Tymlor

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