LES MAINS DE POUVOIR Tome 2 F...

By Shirayukitaki

24.9K 5.1K 566

Nouna est une Terra en territoire ennemi. Du moins, c'est ainsi que les siens la perçoivent quand les lycans... More

Les Mains de Pouvoir
PROLOGUE
1 | Nouna
2 |Takashi
3 | Nouna
4 | Takashi
5 | Nouna
6 | Takashi
8 | Takashi
9 | Nouna
10 | Takashi
11 | Nouna
12 | Takashi
13 | Nouna
14 | Takashi
15 | Nouna
16 | Takashi
17 | Nouna
18 | Takashi
19 | Nouna
20 | Takashi
21 | Nouna
22 | Takashi
23 | Nouna
24 | Takashi
25 | Nouna
26 | Takashi
27 | Nouna
28 | Takashi
29 | Ansara
30 | Nouna
31 | Takashi
32 | Nouna
33 | Takashi
34 | Nouna
35 | ÉPILOGUE
Remerciements

7 | Nouna

626 145 16
By Shirayukitaki

Ma main glissa du poitrail du cheval et je me redressai, n'arrivant pas à détacher mon regard de l'animal qui venait de mourir sous mes yeux sans raison apparente. Enfin, aucune bête ne mourrait sans signe avant-coureur, seulement j'avais eu l'espoir de découvrir la cause avec le trépas. J'étais agacée, à la limite de la rage, ne supportant pas me sentir à ce point inutile, surtout quand on comptait sur ma personne. Et comme pour Sam, le problème ne se cantonnait pas à un animal mort, mais bien à une dizaine depuis de début d'année. Rien de glorieux.

— Les autres ? m'enquis-je.

Elior haussa les épaules et me fit un signe vers le champ s'étendant à perte de vue. Ici, chaque parcelle avait été achetée à des humains, ainsi, ça annulait le risque de se les voir reprendre par un Koning trop zélé. Et nouvellement nommé.

— C'est une accumulation de symptômes qui ne se ressemblent pas. Et puisque tes analyses n'ont rien donné...

Ouais.

Une autre mauvaise journée. À quel point pouvait-on cumuler au juste ? Bonne question.

— Je suis désolée, dis-je.

— C'est pas de ta faute, Nouna.

Déjà avant la guerre des animaux étaient morts sans raison, tombant du jour au lendemain. Et bien que j'aie tenté quelques rapports à une autorité supérieure, je savais très bien où tout ça avait fini. Au mieux dans une armoire, au pire, à la poubelle. Je m'en voulais de ne pas pouvoir faire plus pour Elior et sa communauté. De ne pas parvenir à endiguer ce qui finirait par être une véritable épidémie si je ne finissais pas par trouver la cause de cette merde monumentale.

Elle faisait plus que nous pendre au nez. Et je savais à quel point la situation des gens d'Elior était compromise. Plus de bouches à nourrir, une production éreintante et un faible revenu à la fin. Le serpent qui se mord la queue.

J'essuyai mes paumes contre mon Denim.

— Je vais faire quelques prélèvements, histoire d'écarter les pistes de base et j'aviserai ensuite.

Que faire d'autre ? Peut-être demander à Tobias de venir jeter un coup d'œil ? Et encore. Je ne voyais pas ce qui m'échappait à ce point. Mais il allait bien falloir que je trouve une putain de solution pour endiguer toutes ces morts. La guerre avait suffisamment raflé.

— Comment ça se passe pour Casey et Sera ? m'enquis-je alors.

Le sourire d'Elior eut le don de me mettre un peu de baume au cœur. Il fallait au moins ça.

— Casey est encore réservé, mais il s'intègre bien et aide bien aux fermes. Sera, c'est un peu plus–

— Compliqué, le coupai-je. Ouais, je sais.

Mais au moins, elle essayait et ça, c'était bien.

— Tu sais, les rumeurs circulent déjà sur le nouveau Koning.

Je fis les prélèvements réglementaires sur la carcasse et nous nous dirigeâmes vers le corps de ferme d'un pas lent.

La poule aux œufs d'or. Tout le monde en parlait, mais hormis les Herres et quelques Freiherrs, personne n'avait eu la chance de voir son éminente personne. J'étais mauvaise sans raison, mais j'ignorai ce que je voulais vraiment. Au moins, dans sa bêtise profonde, Thatcher nous avait toujours laissés tranquilles, ne nous apportant aucune aide d'aucune sorte. Si le nouveau Koning décidait de fourrer le nez dans les fermes locales, ça risquait de faire mal pour pas mal de fermiers qui embauchaient des Terras. Qu'ils soient humains ou non ne changeait rien à la donne et les Terras seraient priés de retourner d'où ils venaient. On ne pouvait pas cracher sur le système tout en profitant de ses avantages.

— Tu as eu la chance de le rencontrer ?

Les yeux d'Elior pesèrent quelques secondes sur moi et l'ombre d'un sourire passa. J'ignorai à quoi il pensait.

— C'est un personnage intéressant. Mais il n'hésitera pas à mettre des coups de pied dans la fourmilière.

Du genre tout réorganiser pour mieux contrôler ? Ma foi, pourquoi pas. Est-ce que ça valait mieux que l'indifférence générale ? Je n'en savais rien. Juste que pas mal de choses risquaient de changer et qu'alors, j'allais regretter Ian. Plus que d'habitude, s'entend.

— Si tu es maligne, tu échapperas à ses radars. Il faut juste que tu fasses profil bas et qu'il n'entende pas parler de toi.

Si facile dans sa bouche.

— Oh, mais d'autres s'en occuperont pour moi, ricanai-je, jaune.

Elior et Chayton n'étaient pas si différents l'un de l'autre.

— Pourquoi tu tiens tant à cette clinique ?

Nous étions sous la lumière éclairant le devant de sa haute maison en bois.

— Parce que c'est chez moi, avouai-je.

Et je vis l'incompréhension dans son regard. Mais aucun jugement pour autant.

Elior essayait, il essayait vraiment.

— Tu es une Terra, ta place est avec nous, pas là-bas.

Un raccourci facile, déjà entendu mille fois.

Être une Terra.

Et si j'étais plus que ça ? Ce mot ne pouvait pas me définir, il ne pouvait pas régir toute ma vie et pourtant, pourtant...

— Je suis Terra et lycan, soufflai-je. Ce qui fait de moi un presque sujet de l'Empereur, tu ne crois pas ?

Quand on vous répétait depuis que vous étiez enfant ce que vous étiez censé représenter, vous aviez tendance à le croire et même à finir par le penser.

J'étais née Terra.

J'avais grandi en tant que tel.

Je me devais de crever en Terra.

Une logique implacable.

Aucun Terra sensé ne retournait dans le système. Mais ceux qui n'avaient pas choisi alors ?

Elior éclata de rire, me surprenant presque.

— Garde certaines de tes idées pour toi, tu veux ?

— C'est parce que tu es trop ouvert, aussi ! Je me sens l'âme des confidences avec toi. Qui peut m'en blâmer ?

Il y avait des failles dans chaque système. L'Empereur acceptait que de jeunes Terras fassent leurs études supérieures, tant qu'alors ils se déclaraient.

Mais où se situait la limite ? Une Terra écopant d'une économie sur son territoire ? Et maintenant, qui profitait du système ? À méditer.

— Tu devrais faire un choix à un moment.

— Pourquoi ? Je ne peux pas juste être une... hors-la-loi ?

Nous nous séparâmes après un bonne nuit de circonstance et je retournai à la clinique. Je checkai les animaux présents et m'occupai de ce qui devait être fait tout en lançant les analyses pour le cheval. Je n'avais rien trouvé nulle part.

Dans le sang.

Dans les excréments. Pourtant, un truc avait eu raison de lui. Et tant que je ne trouverai pas, ça risquait de me trotter dans la tête.

Je montai aux alentours de deux heures du matin, harassée. Je balançai mes chaussures sans regarder la trajectoire et l'ombre de Sel se profila, venant se frotter à mes jambes en quête de quelques petites gratouilles bienvenues. Je ne pris pas la peine de passer par la salle de bain et allai directement m'effondrer dans mon lit, laissant la place à ma lycan. On ne savait jamais ce qui pouvait arriver.

Encore maintenant.

* * *

Le samedi, Tobias s'occupait des visites et des urgences, me laissant le soin de gérer la clinique et le ballet constant des propriétaires venant pour tout un tas de raisons différentes. J'adorai voir Pearl en rembarrer un lorsqu'il osait se pointer sans rendez-vous, pensant que tout lui était dû. Et puis quoi encore, on n'était pas un hospice ou je ne sais quelle connerie de ce genre ! Tout se devait d'être inscrit sur l'immense tableau pour me permettre d'avoir un regard sur les rendez-vous de la journée.

Bien que les cas les plus courants à la clinique demeurent les chiens et les chats, nous voyons venir de plus en plus de NAC ; les nouveaux animaux de compagnie. Et puis pas mal de fermiers du coin arrivaient à m'amener un plus gros animal quand ça s'avérait utile et en dehors d'une urgence. Nous étions rarement à la clinique en même temps Tobias et moi, ce qui m'amenait à penser qu'un troisième véto n'aurait pas été de trop. Mais encore une fois, vu le flou du futur de la clinique, je préférai ne rien précipiter.

Encore une fois, les résultats pour le cheval ne donnèrent rien. J'avais un devoir envers l'Herre du coin si une épidémie se déclarait. Pour l'instant ce n'était pas le cas, mais il me fallait être prudente. Je ne voulais pas de ça sur le dos ni sur la conscience. Si je commençai à aller frapper aux portes, bien sûr que ça attirerait l'attention sur moi. Mais je ne pouvais pas abandonner les exploitants locaux, pas quand tous comptaient sur moi.

Les cas se succédèrent. Beaucoup d'attaque, quelques mauvaises nouvelles à annoncer, des broutilles. Un enchaînement réconfortant. Lorsqu'un petit chiot arriva à la suite de la morsure de sa mère agacée qu'il tente de se nourrir, je sus que ça allait être compliqué.

En état de choc, l'animal ne bronchait pas, tétanisé. Impossible de procéder à une anesthésie. Il ne s'en remettrait pas. Il fallait donc attendre. Je lui inoculais de quoi gérer l'infection si infection il y avait et je promis à la propriétaire de l'appeler pour lui donner des nouvelles, mais vu la morsure et vu son état... autant dire que c'était mal parti. Il arrivait que la mère perde patience ; ce n'était jamais beau à voir, mais en comparaison d'autres horreurs, celle-ci se voulait presque douce.

Je terminai la journée par les cas nécessitant des sutures, une opération ou un check-up. Tobias fut appelé sur une urgence qui risquait de lui prendre des heures et rentrerait donc directement chez lui. Même si la clinique fermait le dimanche, nous restions de garde pour n'importe quelle urgence. Une fois la clinique nettoyée et prête à accueillir du monde pour le début de semaine, j'allais chercher le chiot pour le monter avec moi.

Poivre et Sel ne se formalisèrent nullement de cet étranger chez eux, plus curieux que fougueux. Je déposai le chiot sur le canapé et allai attraper de quoi me faire un sandwich ; moyen rapide de se sustenter sans trop se prendre la tête. Le calant dans ma bouche, je réussis à embarquer ma tasse de café et le dossier du notaire. J'allumai la télé pour tomber sur les derniers événements secouant la capitale.

Une énième cérémonie au Deity pour honorer les morts. Elles s'enchaînaient, preuve de tout ce que nous avions perdu.

Et je disais nous, parce que Terra ou non, je savais ce que ça faisait de perdre des proches. Et que malgré tout ce qu'on pouvait dire de moi, enfouie en moi demeurait une âme de patriote.

Je ne trouvai pas injuste la politique de l'Empereur, pas plus que je ne jugeai notre mode de vie comme une hérésie. Seulement, j'ignorai où se situait ma place. Où je voulais être. Et pour quoi.

Je mangeai avec appétit, bus mon café et soulevai la couverture sur laquelle reposait le chiot pour le ramener sur mes cuisses.

Il était en mauvais état. Complètement sonné. Dans un geste inutile et vain, j'attrapai sa patte et lui massai les articulations. Pourquoi le laisser mourir seul ? Tout ça pour une leçon chèrement acquise. Ian avait toujours dit que j'étais trop sentimentale, que ça me jouerait forcément des tours. Hormis me donner la niaque pour sauver tout le monde, jusqu'à présent, j'avais réussi à gérer. Du moins c'est ce que j'aimais à penser.

Je passai à une autre patte et le chiot expira bruyamment. Je me penchai sur lui et respirai son odeur.

— Ne meurt pas, d'accord ?

Je finis devant une vieille série policière, le chiot sur mes genoux, mes deux estropiés autour de moi. Je dus m'endormir comme ça, sans me sentir partir.

Une impression humide.

Une langue râpeuse sur mes joues. Sur ma bouche.

Je grommelai et un jappement me répondit. Je clignai furieusement des yeux et lorsque je posai mon regard sur le chiot, il débordait d'une énergie démoniaque.

Passé la surprise, le soulagement m'étreignit. Peut-être qu'après tout, parfois, les choses pouvaient aller mieux d'elles-mêmes. Je soulevai la bête et pieds nus, sorti sur la terrasse avant de descendre les marches pour déposer le chiot qui détala pour faire ses besoins. Je me grattai le ventre et m'étirai en bâillant. Aucune idée de l'heure qu'il pouvait bien être. On était dimanche, donc hormis un appel pour me sortir de chez moi, j'allais pouvoir traînasser en allant jeter un coup d'œil aux quelques animaux présents dans la clinique. Nous essayions d'en garder le moins possible, dans un souci purement pratique.

Lorsque le chiot revint sans avoir rien fait et qu'il prit une position éloquente à mes pieds, je grommelai :

— Hé ! Va pas caguer n'importe où non plus.

Il m'ignora royalement et heureusement pour moi, il ne fit qu'expulser une marre de pisse plus grosse que lui.

Je le ramassai d'une main pour le ramener à l'intérieur et lorsqu'il s'attaqua à la bouffe des chats, je le laissai faire. Je passai sous la douche et me firent griller quelques toasts en guise de petit-déj bien nutritif. Je descendis dans la clinique pour faire ma petite ronde et Poivre me suivit dans un magnifique claudiquement. Autant vous dire qu'aucun escalier n'arrêtait cette brave bête. Il eut le droit à une petite friandise ; un secret entre nous et je zieutai les rendez-vous du lendemain. Bizarrement le lundi était le jour de la semaine le plus calme, les gens pensant que nous étions fermés. J'aurais aimé avoir deux jours complets de repos, mais bon, les gens du coin avaient vraiment besoin de nous. Pas question de tomber malade non plus.

De retour en haut, le chiot se fit un plaisir de remplacer mon ombre et je n'eus pas le cœur de le remettre en cage. Il s'amusa à courir après Sel et Poivre les observa, aussi blasé qu'à son habitude. Je réussis à ouvrir le dossier et mes yeux lurent en diagonale.

Beaucoup de paperasse.

Beaucoup de chiffres.

Et là, une enveloppe adressée à mon nom, portant la patte évidente de Ian. Lorsque je l'ouvris, je m'attendais à tout sauf à trouver deux lignes.

Deux lignes.

Implique-toi, gamine. Quitte à emmerder la terre entière.

Je t'aime.

J'éclatai de rire. Parce que ça, c'était tout lui.

Avant de pleurer comme une merde, serrant cette foutue lettre contre ma poitrine. 

Continue Reading

You'll Also Like

1.5M 75.9K 37
Alyss est une louve-garou. Maltraitée par sa meute, elle parvient à s'enfuir en laissant derrière elle plusieurs années de souffrance et de solitude...
3K 129 6
Je m'appelle Cassie Johnson. Même s'il ne me reste que quelques mois, j'ai décidé de vivre comme une ado de mon âge, du moins, tant que je le pourrai...
3.7K 151 54
Elle a été un paria au sein de sa famille, une erreur de la nature. Elle a été mal mener, humiliée, déshonorer et insulter. Tout son passé fait d'ell...
4.8K 297 101
La vie de Charles Wizard a complètement changé depuis qu'il a fait la rencontre de Belial. Il se retrouve mêlé a des histoires qui le dépassent total...