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By anxleti

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dans lequel une fille enceinte insouciante et sociopathe accompagne un asocial aux penchants dangereux dans l... More

chapitre 1
chapitre 2
chapitre 3
chapitre 4
chapitre 5
chapitre 6

chapitre 7

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By anxleti




   Croyez-le ou non, mais elle était devant une Église.
   On avait cherché toute la ville. C'était la deuxième fois que je la recherchais et je n'en recueillais qu'une sérénité absurde.

   L'Église devant laquelle elle s'était réfugiée se trouvait au-dessus d'une montagne où on pouvait voir la petite ville en entier. On voyait des petits caractères se mouver entre les rues, sans même réaliser qu'ils étaient des humains. Elle fumait. Elle évitait mon regard. Elle se dorlotait au bras de Chaewon. Je m'étais assis. Mes jambes avaient commencé à trembler et j'avais eu peur de tomber lamentablement.

« Tu sais que t'es responsable de toute cette merde » m'a dit Nayeon, le visage restant pendant plusieurs secondes neutre. « C'est ta faute si j'ai pas eu les médocs. Tu sais qu'est-ce que ça veut dire? » me demande-t-elle et je fis non de la tête. « Ca veut dire que tu vas devoir faire en sorte que ce bébé meurt » me dit-elle, frappant son ventre de plus en plus fort.

   Jisung s'assît à nos côtés, fixant avec dédain la terre fraîche sur laquelle il posait son postérieur. Il se retourne vers nous, un sourire idiot aux lèvres.
   « J'ai réussi à ouvrir l'Église » Moi et Chaewon se retournons vers lui. Nayeon continuait de frapper son ventre, ses yeux lunatiques fixés sur la ville. « Elle fait quoi? » Pointant du doigt Nayeon, il fronce ses sourcils. Voyant que personne ne répondait, il s'empare de la main de Nayeon. Elle le regarde.
« Pourquoi tu frappes ton ventre? » Comme à chaque fois que quelqu'un mentionnait son ventre ou l'embryon qui y grandissait, Nayeon sourit et se pencha vers Jisung.
   « J'ai un bébé dans le ventre. Et j'vais avoir une opération pour le tuer » À l'entente du mot « tuer », je pince des lèvres. Ma tête se détourne instinctivement vers le sol, mes paupières se refermant immédiatement.
   Jisung nous regarde. Moi et Chaewon conservons notre mutisme.
   « Un avortement? » Nayeon secoue de la tête. « C'est impossible que t'en aies un » son sourire s'effaça. « Tu peux seulement en avoir un si tu t'es fait violée, si le bébé vient d'un même membre de la famille ou si t'es une putain d'handicapée » le ton de Jisung montait et Nayeon sourit encore plus.
   « T'as pas envie d'm'aider? On pourrait tous se prendre un boulot pour avoir l'argent. Même si j'crois pas qu'on va gagner beaucoup »marmonne-t-elle, riant alors qu'elle fixe Jisung dans le blanc des yeux.
   « T'as entendu c'que j't'ai dit? Tu vas pas l'avoir ton opération de merde. C'est même pas légal. Et en plus t'as besoin d'un putain d'gardien! Impossible qu'une fugueuse comme toi en ait un d'éligible! » s'écrie-t-il et je grince des dents.
   « Baisse d'un ton » l'avertis-je et son air révolté se refroidit. Nayeon tira sur sa cigarette, toujours en le regardant.
   « Et j'devrais faire quoi? » Jisung déglutit. Je me demandai si elle avait posé cette question afin d'être sarcastique ou si elle essayait réellement de se procurer des conseils et des moyens hors de sa situation.
   « Prie pour Dieu. C'est le seul moyen » murmure-t-il et je le regarde, une moue dégoûtée au visage. Nayeon se retourne alors vers moi et s'empare de ma main.
   « Yoongi, viens prier avec moi » me dit-elle. Nayeon me force à me lever, geignant comme une gamine alors que je me plains. Elle donne un coup de pied à la porte de l'Église. Cette dernière s'ouvre à la volée et un silence théâtral et carrément épeurant nous accueille. Nayeon le détruit en criant « Allô Dieu! ».

   Inquiet, je regarde de droite à gauche, me demandant si l'Église était abandonnée ou juste dépourvue de prêtres.
On s'assît sur un des nombreux bancs de couleur brun foncé. Nayeon se rapprocha de moi, posant confortablement sa jambe sur mes cuisses. J'y fus insensible. M'imaginant des enfants chantant des litanies sur scène et des adultes aux paumes jointes, je fus effrayé. Je fixais mes alentours, voyais les vitraux colorés, Jésus Christ et je ne pus reconnaître parmi tous ses dogmes religieux qu'un art ésotérique, austère et en toute somme, malheureux.

À quelques mètres d'un vieil autel se trouvait un meuble. Il avait une apparence toute simple. Une simple structure de bois. Une de ses surfaces, celle qui faisait face au plafond de l'Église, possédait un trou horizontal.
Jisung s'inclina devant ce meuble, jubilant, criant et frissonnant devant une Chaewon souriante. Elle avait de nouveau sa vapoteuse à la bouche.

« J'crois qu'on vient de s'trouver un peu d'argent » marmonnais-je à Nayeon. Pivotant ma tête vers elle, je vis qu'elle avait joint ses mains ensemble et qu'elle avait fermé ses yeux. Une expression solennelle, mais toujours aussi enfantine s'imprimait sur ses traits.
« Dieu » chuchote-t-elle à voix basse, rouvrant ses yeux pour fixer une immense croix se trouvant devant nous. « Tout le monde te déteste » se contente-t-elle de dire et je souris.
« Amen » ajoutais-je et Nayeon rit, posant son front sur mon épaule alors qu'elle m'expose son hilarité.

   Quelques mètres plus loin, Jisung allumait la lumière de son téléphone, l'utilisant pour éclairer ce meuble. J'ignorais comment ces croyants l'appelaient. Ils y mettaient de l'argent. Je crois bien que c'était pour expier leurs péchés qu'ils payaient à tous les dimanches des sommes considérables dans le seul but de ne pas avoir à souffrir d'une culpabilité terrible. N'était-ce pas de la fraude? De la manipulation? Comment pouvait-on être sain d'esprit pour croire que payer avec un outil purement matériel et inventé par les humains allait pouvoir apaiser la colère d'un quelconque Dieu?

   « Putain! Putain de merde! Elle veut pas s'ouvrir! Aide moi toi! » il criait à Chaewon. Cette dernière fumait maintenant, le dos aplati contre le ciment dur du sol, les membres écartés. Dormait-elle? Non. Elle commença à rire. Son rire fut étrange. Il était légèrement étouffé par la cigarette se trouvant entre sa bouche.
« Tu vois? Même Dieu est pas d'ton côté » déclare-t-elle et Jisung soupira, éreinté. Il se retourne vers le meuble. Voyant qu'il glissait son téléphone à travers la mince fente, essayant de voir l'intérieur du meuble à l'aide de la lumière de son téléphone, je m'approche de lui, les pieds faibles.

Quelques secondes plus tard, un petit bruit se fit entendre. Son téléphone avait glissé à travers la fente et était maintenant coincé à l'intérieur du meuble. Jisung commença à crier.
« Sa mère la pute! J'suis dans la merde! Chaewon! Aide-moi! » cette dernière était toujours étalée sur le sol, riant, son buste s'élevant vers le haut à chaque intonation hilare qu'elle expulsait. Elle semblait intoxiquée.
« Les dieux nous détestent. Nous sommes maudits. Cette place est maudite » marmonne-t-elle à voix basse, les paupières ricochant rapidement.

Jisung me voit approcher et il recule.
« J'ai pas fait par exprès! » se défendit-il et je ne sus comment réagir. Il ne cessait de me prouver que je l'avais bel et bien fait peur, d'une façon irréversible. Voir les gens avoir peur de nous était inconfortable. On se sentait sales, porteurs de certains comportements grotesques qu'on a eu l'erreur de montrer et de performer en public, devant de telles personnes. Une mauvaise action et une image péjorative se formait.
J'en frissonnais. Ça me rendait mal à l'aise.

   D'un coup de pied assuré, je défonçai le meuble. Des centaines de billets émergèrent. Devant cette vision, mes jambes faillirent, je basculais vers l'arrière. Je finis à terre comme Chaewon.
Elle cria: « Argent! Argent! Argent! »

« Ça doit être suffisant pour couvrir le prix de ces putain de piles de merde » marmonnais-je à moi-même. Ce cauchemar était fini.

« On dort où? » demande Chaewon, d'une voix incompréhensible.
« On dort ici » me contentais-je de dire, me couchant à mon tour sur le sol, la pierre dure touchant mon dos fragile, le prévenant de futurs courbatures inévitables.
« Il doit en avoir plus de 500 000 won! 500 000! » s'exclame Jisung, euphorique, au bord de la syncope. Laissant l'argent au sol, il court vers Nayeon en poussant des cris bestiaux et inhumains. Il pose sur ses joues les paumes de ses mains. « On est riches! » s'exclame-t-il et Nayeon fut figée, fixant étrangement le vide devant elle.
   Rampant sur le sol en voyant une telle somme, je fixe mes alentours avant de m'emparer d'une grande partie du butin. Jisung ne vit rien. Nayeon ne vit rien. Je croise pourtant le regard de Chaewon en me retournant. Elle ne dit rien, repose bientôt sa tête sur le plancher.

   Je soupire.

   L'échange avait foiré. Ça ne prendrait pas longtemps avant que Mingyu ne m'appelle et me demande de lui balancer l'argent de l'échange.
Mais l'échange n'avait jamais eu lieu, car j'avais toujours la drogue avec moi, dans mon sac et que je n'avais rien récupéré de ce vieil homme à part une infime collection de bijoux en or. J'avais d'ailleurs écrasé son visage, brisé son nez et cassé ses côtes. Il n'allait pas me donner de l'argent. Aucunement.

Pendant la nuit, alors que nous dormions sur les bancs de l'Église, je fus atteint d'une insomnie et je ne pus dormir. J'avais passé un long moment à regarder le visage de Nayeon, ma lucidité coupée de moitié. Étrangement, je pensais à ce que ça me ferait si je l'embrassais. Serais-je plus heureux? Dégouté?
Quel goût avait Nayeon?

Je repris mes esprits au bout de quelques minutes et finis par ouvrir mon sac. J'y trouve étonnamment une enveloppe et y pose l'argent que j'avais récupéré. Je scelle l'enveloppe avec ma salive, l'enfonce au fond de mon sac et m'endors immédiatement.

Le lendemain, le réveil fut tumultueux. Le lendemain fut tumultueux, car ce lendemain était justement un dimanche. Et les dimanches étaient un jour si sacré.

Lorsque les croyants et les adeptes de Jésus entrèrent cette place si sacrée qu'on avait tant bousillée par notre simple empreinte, ce fut la panique. Des cris surgissent. On se réveilla rapidement, ébranlés. Nayeon fut la dernière à rouvrir ses yeux.
Lorsqu'elle vit tous ses gens à l'entrée de l'Église, tous fixant le tronc (j'avais cherché sur Internet la veille le nom précis de ce meuble) brisé et la présence de fugueurs et de sans-abris, Nayeon s'empara de sa planche à roulettes, la plaqua à sa poitrine et courut. Elle poussait d'étranges cris provenant de sa gorge qui ressemblaient à des gémissements perturbés. Jisung, Chaewon et moi firent la même chose. Les gens de l'Église s'écrièrent et s'écartèrent quand nous passâmes devant eux, le dégoût perché à leurs bouches, la peur enfoncée et immergée dans leurs yeux.

Nous descendons alors les escaliers de cette montagne en courant, le souffle haletant, l'adrénaline nous empêchant de nous retourner.

« Allez à la station de trains! Allez-y!» m'étais-je exclamé et ils prirent tous note de cette ordre.

Personne ne dit un mot ou n'arriva à prononcer une quelconque parole avant qu'on n'atterrisse dans un train, à l'abri du regard pénétrant de ces religieux ou de la police. Nayeon tremblait. Elle affichait un sourire, mais elle tremblait.

Jisung était nerveux et s'attirait des regards des autres passagers à cause de sa jambe. Il ne cessait de la rabattre sur le sol dû à sa nervosité.
Chaewon dormait sur mon épaule. Je dormis alors à mon tour, mon corps soumis à un froid incomparable.

J'avais peur. Extrêmement peur.

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