Si seulement le temps avait pu s'arrêter, juste cette fois.
Une amitié éphémère, sans attache, et sans avenir. Un contrat à durée déterminée, garant de nos souvenirs d'adolescents. Combien de temps avant qu'elle ne m'oublie ? Sûrement moins qu'il ne m'en faudra pour l'effacer.
Son regard brillant, ses mimiques uniques, ses petites tapes dans l'épaule pour me dire de me taire quand je ne pense qu'à lui provoquer un nouvel éclat de rire ...
Était-ce aussi platonique que nous le prétendions ? C'était sans aucun doute mieux aussi. Pas d'attache, pas de douleurs. Pas une larme non, sur le quai de cette gare, à travers cette vitre qui s'interposait déjà entre nous, avant que la distance ne fasse son œuvre.
Pas de nom, pas d'adresse, pas de numéro de téléphone. Les règles d'un jeu qui nous avait tenu en haleine pour quelques semaines, mais j'étais du genre mauvais perdant. Dernière craquement de rail, et disparaissait ce qui me semblait alors être la plus belle rencontre de ma jeune vie. Son image s'effaçait, mais son souvenir me poursuivait. J'avais perdu. De stupides règles, pour un stupide jeu.
Pas de douleurs ... Qui avais-je espéré tromper ainsi ? Mais c'était son idée, sa décision, et je mentirais si je disais ne pas avoir aimé tout ce mystère. Pas de contrainte, pas de superflu, seulement deux ados se découvrant sans fards ni artifices, bien loin des jugements d'une société trop archétypale.
Elle m'apportait légèreté et insouciance, brillait d'humour autant que d'intelligence, me comblait de spontanéité comme d'affection. Me laissait un trou béant dans cette vie que je retournais affronter bien loin de tout ce qu'elle m'avait apporté.
Peut-être aurais-je finalement dû lui demander qui elle était ...