Jungkook regardait le ciel, de gros nuages n'avaient pas échappé à son regard de chien battu. Il voyait déjà la pluie arriver et lui détruire le moral davantage. Le bruit d'un stylo qui tomba le ramena à l'ordre. Aujourd'hui était son premier jour de stage de deuxième semestre. Son patron l'avait mis à une table à part et il devait relire et trier des scénarios qu'il n'avait pas pensés, pas imaginer et ni même choisis.
À vrai dire, il avait à peine le temps de les lire et de s'y plonger réellement que son patron lui posait une autre pile de feuille, son plus grand rêve commençait à se faner sous ses yeux. Alors, naturellement, son regard divaguait toutes les quatre minutes pour se planter dans le paysage survolant tout Séoul. Du haut de sa grande tour de verre. Il n'arrivait toujours pas à se vider la tête et à se réjouir pour lui-même. La discussion de la veille avec son ancien manageur de stage lui rajoutait une couche de culpabilité, il aurait voulu repartir en arrière pour se livrer et ne pas simplement lui claquer la porte au nez comme un enfant capricieux
- Jungkook ? tu as fini ?
- Hum ? euh oui, je les ai classés comme demandé ! Il lui tendit une pile.
- Parfait mon enfant ! Bon vient faire quelque chose de plus intéressant, on a besoin de ton avis pour le film qu'on est en train de tourner.
L'homme saisit le tas de feuilles et intima à Jungkook de le suivre. Ce dernier se leva et talonna son ainé. Ils traversèrent alors de long couloir pour arriver dans une grande salle de réunion bien éclairée par les baies qui faisait face à ce soleil de fin d'après midi.
- Alors comme tu le sais, on travaille avec un metteur en scène et, hum, comment dire, il n'est pas de notre avis sur de nombreuse chose, il s'arrêta devant la porte, la main sur la poignée, prêt à l'ouvrir, je compte sur toi et ta vision de jeunesse pour lui éclairer les idées.
- Hein moi ? vous... vous êtes sûr ?
- Oui, mais tu donnes ton vais avis hein, pas ce que je veux entendre. Allé, on y va, il va s'impatienter.
Jungkook le suivit, un air tétanisé scotché au visage, il emboîta le pas et fit bientôt face à un groupe de personne attablé devant de nombreux brouillons et feuilles volantes. Les employés relevèrent la tête et regardèrent le noiraud d'un air perplexe, certains regards de travers. Ce n'est pas ce jeune qui va nous prendre notre place quand même, s'était-il imaginé entendre dans la minute qui suivit. Pourtant, le réalisateur en chef prit la parole et s'adressa à la grande télé où se trouvait un autre homme, surement lui aussi de la cinquantaine, en visioconférence. Le visage du noiraud s'enflamma.
- Monsieur Moon, voici le petit prodige de Min ! Ses idées m'ont étonné, vous allez voir !
- Hum enchanté jeune homme !
- Ravi de faire votre connaissance Monsieur Moon, le noiraud s'inclina et le rouge lui remonta davantage aux oreilles.
Un léger rire d'amusement s'échappa de la bouche du metteur en scène, tous les yeux se tournèrent alors vers Jungkook qui ne savait plus comment prendre une énième respiration. Des chuchotements lui arrivèrent à l'oreille.
Pff, en même pas une minute, il l'a déridé le vieux, moi aussi, je peux lui faire une tête mignonne, il n'y a pas que ce morveux... murmura un employé près d'une de ses collègues.
Cette dernière laissa échapper un rire franc qu'elle essaya de cacher sous une toux désastreuse. Elle ne manqua pas de s'attirer des regards de désapprobation. Jungkook était toujours debout face à cette grande télévision et face au regard indéchiffrable du metteur en scène. Son patron l'avait abandonné au profit de sa chaise bien plus confortable. Le noiraud déglutit difficilement et il laissa l'homme devant eux expliquer ses modifications. Après mûre réflexion, oui, il trouvait ça absurde et plus au gout du jour. Mais il laissa finir son interlocuteur avant de s'avancer sur quelconques modifications. L'homme se gratta la gorge puis enchaina un "voila tout" avant de laisser la conversation sur un gros blanc.
- Euh alors, un avis ? ajouta-t-il en voyant que Jungkook était figé devant lui, les jambes tremblantes.
- Euh... oui, je... comment dire...
- Dites ce que vous pensez, c'est pour ça que vous êtes là !
- Je... l'idée de votre plan sur le personnage principale n'est pas une si mauvaise idée en soi, il s'attira un mauvais regard de la part de son patron, mais... reprit-il, il n'est pas au bon endroit, si vous le mettez ici, ça va complètement effacer l'effet de surprise concernant le déroulement de l'histoire et en plus de ça le visionneur sera totalement perdu, tout ça parce qu'on lui donne trop d'informations qu'il ne peut pas déchiffrer à ce stade du film... vous... vous comprenez... ?
- Hum... il fit mine de réfléchir, regardant en dehors du champ de sa caméra. Alors où le mettre ce plan ?
- Si j'étais vous, je dévoilerais d'abord des indices cruciaux sur le passé de ce personnage... puis, il faudrait aussi que le point de vue se centre sur les ressentis de ce personnage et seulement quand le personnage ne sais plus quoi faire ou ne sais plus comment penser, il y a alors ce plan qui en dévoile davantage... enfin, je crois...
- Hum... je crois comprendre... c'est une très bonne idée jeune homme, essayer pour la prochaine fois de prendre confiance en vous et de ne pas bafouiller autant, vos phrases n'en seront que plus claires ! affirma-t-il avant de venir griffonner sur une feuille devant lui.
- Parfait, moi ça me convient cette idée ! ajouta le patron du noiraud, il adressa un joli sourire de remerciement à ce dernier.
La journée s'était terminée ainsi, tous les employés avant quitter la boite regardant le noiraud de travers puis Jungkook quitta lui aussi le bâtiment, recevant les compliments de son manageur de stage avant de partir. La nuit était déjà tombée et les rues de Séoul étaient remplies de travailleurs qui rentraient chez eux. Jungkook était lessivé, un horrible mal de tête dû au stress lui restait accroché aux neurones. Il attrapa in extremis le dernier bus - il n'aurait pas aimé attendre une vingtaine de minutes pour avoir le suivant- et il fut obligé de rester debout. Entre deux visages inconnus, il levait les yeux, agacé. La vie avait-elle décidé de se lier contre lui ? C'est ce qu'il s'était demandé alors qu'un enfant avait commencé à crier à l'avant du véhicule. Finalement, il descendit, pouvant de nouveau respirer. L'air frais lui brûla les joues et il se blottit dans le col de son pull. La soirée s'était rafraichie, mais bientôt, l'hiver serait derrière eux.
Il tourna les clés dans la serrure et rentra chez lui. Jungkook laissa tomber son sac dans une fatigue extrême. Il se déchaussa en vitesse et il vint s'effondrer sur son canapé. Il releva le nez quelque seconde plus tard, les sourcils froncés. Il manquait quelque chose. Il fit le tour de chez lui d'un regard, toujours affalé sur son canapé. Puis, il remarqua. Ce tee-shirt qui était sur la table de nuit avait disparu, les chaussures qui n'étaient pas les siennes aussi, ses manteaux, ses livres qui prenaient toute la place sur le meuble télé, ses chaussons horriblement hideux avec des oreilles de chat, ses affaires avait disparu, son odeur a lui restait encore ici, Hoseok était revenu. Jungkook se leva précipitamment, il se rendit dans la salle de bain, mais, là aussi, sa brosse à dent avait disparu, comme si tout ça n'avait jamais existé, comme si ça n'avait été qu'un rêve, un songe a l'affreux gout de regret.
Il regagna la cuisine, les yeux soudainement brillants. Puis, il tomba dessus, sur ce mot qu'il avait laissé là, comme une preuve que tout ça n'avait pas été qu'illusoire, comme si ce rêve était sa réalité. Une larme s'échappa de ses yeux, sa vision se troubla, mais, Jungkook continuait de lire malgré tout ce bout de papier mal coupé et taché de cette écriture enfantine.
"J'ai récupéré mes affaires, je sais que j'encombrais un peu ton espace, j'ai remis la clé dans ce vieux parapluie tout cassé qui est devant ta porte, il faut que tu le jettes, il a fait son temps, enfin, fait ce que tu veux, et s'il te plait, ne reviens pas, on a fait notre temps, nous aussi, je ne pense pas qu'on était sur la bonne voie, et même si ça me brise davantage de dire ça, je pense qu'on serait mieux si notre route ne se croise plus jamais... Adieux Jungkook."
Le noiraud saisit son téléphone et fit défiler ses contacts. Il cliqua nerveusement sur le contact du châtain, mais une voix métallique intercepta son appel, il réitéra en vain, la voix lui disait toujours la même chose : " votre appel est non délivré ". Jungkook tomba sur les genoux, les mains attrapant violemment ses cheveux et un gémissement se fit alors entendre dans l'appartement. Il jura avant d'enfiler précipitamment ses chaussures et quitta l'endroit sans même prendre son manteau. Il courut en direction de chez le châtain, il n'avait aucune idée de l'heure. Le froid lui provoqua une quinte de toux et il ralentit. Jungkook eu du mal à respirer cet air glacial, mais il prit une énième et douloureuse respiration et il reprit sa course.
La boite de nuit était ouverte, une musique bruyante s'en échappait, il entra le code de l'immeuble rapidement et monta les escaliers, les oreilles froides, son mal de tête s'intensifia au changement de température. Il tambourina à la porte une bonne minute avant de se lancer dans son monologue.
- Hosoek ouvre-moi merde ! pesta-t-il. Tu m'as vraiment bloqué ? Je ne comprends pas, ça va trop loin, putain merde, j'ai le droit d'avoir mes secrets, et... merde, merde tu me fais chier, tu sais ça, je n'arrive pas à te faire sortir de ma putain de tête, j'ai rendu feuilles blanches à mes examens, je... je ne vais pas bien... sans toi... Je suis tellement désolé d'être un con... je t'en prie, ouvre-moi ! pardonne-moi..., il s'effondra. Merde j'en ai marre de perdre des gens... Ouvre-moi ! Cria-t-il. Tu ne peux pas m'en vouloir Jung Hoseok ! Un sanglot résonna sur le palier de son appartement.
Nous voila déjà au chapitre 65 que ça passe vite... j'espère que ce chapitre vous a plu !!
Je songe de plus en plus à refaire ma mise en page, le format de ma prochaine histoire va sûrement changer