➠ 𝘈𝘯𝘥𝘳𝘦𝘸
- - - - - - - - - - -☾°
Bryanna se retire en cuisine pour cuisiner, et je dois avouer qu'elle s'en sort bien. J'apprécie toujours ce qu'elle prépare, un délice pour les papilles.
Cependant, je commence à en avoir marre de ma position actuelle. Mes jambes sont nouées de crampes, et mes poignets me font mal à force d'être attachés. Je regrette presque toutes les fois où j'ai fait ça par le passé. Mais je n'ai pas le choix.
Je veux tellement comprendre ce qui a poussé une fille comme elle à rejoindre un monde comme le mien. Elle m'intrigue tellement.
Je regarde autour de moi, à la recherche de quelque chose, mais je ne remarque qu'une photo d'elle plus jeune, avec une autre fille, une blonde comme elle. Je soupire alors que Bryanna accourt vers moi comme une hystérique, me reprochant de l'avoir piégée.
— De quoi tu parles ? lui demandé-je, essayant de garder mon calme.
Quand elle m'explique qu'il y a plusieurs hommes postés autour de la maison, quelque chose se déclenche dans ma tête. Dès ma venue, j'appelle ça une venue et non un enlèvement, car en réalité, je l'ai laissée me prendre de ma propre volonté. Si j'avais été assommé, elle n'aurait même pas réussi à me porter.
Je décide de ne pas lui en parler pour le moment, j'attendrai le bon moment. Pour l'instant, je m'explique simplement et lui propose mon aide.
Je me penche en avant, entendant des coups de feu. Je perds un peu patience alors qu'elle lutte pour défaire le nœud qui m'attache. Elle veut paraître calme comme moi, mais son corps trahit son anxiété.
Quand elle m'entraîne dans la chambre et me donne une arme, je décide de passer un marché, mais en réalité, c'est elle qui passera un marché avec moi. Elle pourrait me laisser crever avec ces gens, ou moi l'inverse. Ensuite, je mènerai ma propre enquête pour savoir qui l'a envoyée. Mais son visage... Il me rappelle quelqu'un, mais je ne sais pas qui.
Je décide de partir avant elle, comme j'en ai l'habitude en mission. Je n'ai jamais eu peur de la mort, car rien ne m'a jamais retenu dans ce monde. Certains ont une famille, des enfants, mais moi, j'ai quoi ?
Je ne sais pas combien ils sont, mais ils ont bien préparé leur coup. Ce qui m'intrigue, c'est qu'ils sont au moins quarante. Auraient-ils confondu l'endroit ? Peut-être pensent-ils que le chef du cartel vit ici ?
Je tire sans réfléchir. Quand je tue, je suis comme un robot, programmé pour ne pas réfléchir. J'ai été entraîné ainsi pendant des années.
Je reconnais certains hommes à l'autre con que j'ai tué. Ils sont fidèles pour venir se venger. Tous des chiens, mais s'ils tuent Santiago, ils chercheront à me tuer pour que je ne sois pas son héritier.
À l'extérieur, je fais le tour complet de la maison, continuant à tuer tout ce qui bouge. Il n'y a pas de voisins, mais il y a une autre maison à côté, sûrement inhabitée. Les gens ici ne se préoccupent pas de ces conflits entre cartels de toute façon.
Une fois que je pense qu'il ne reste plus personne, je rentre à l'intérieur. La blonde me percute, je grimace. Elle me regarde dans les yeux, un regard perçant et envoûtant. Elle me serre dans ses bras sans que je m'y attende. La dernière fois, c'était moi qui l'avais prise dans mes bras, mais c'était hypocrite de sa part mais là je sens que la... c'est différent... je suis crispé... je n'ose même pas la toucher... même respirer m'est interdit. Elle a besoin de réconfort... mon réconfort... j'ai jamais eu l'habitude de tout ça... c'est ... bizarre ?
Elle me lâche soudainement, comme si ce geste n'avait plus aucun sens pour elle. Cette brusque séparation me blesse légèrement, mais je ne parviens pas à comprendre pourquoi cela m'importe autant. Une étrange sensation de vide s'empare de moi.
Je désire ardemment sentir à nouveau ses mains autour de moi, qu'elle effleure mes cheveux, et qu'elle me rassure en me disant que tout est terminé, que tout ira bien, que je suis courageux...
Mais je dois me taire, Andrew. Ces pensées proviennent de mes problèmes avec les figures maternelles.
— Tu es libre maintenant, tu peux t'en aller...
Ses paroles sont aussi glaciales que les miennes. Après tout, à quoi m'attendais-je ?
Je décide de partir sans un regard en arrière. Elle reviendra vers moi pour demander ma protection, alors qu'à la base, elle voulait me tuer, j'en suis sûr.
Je décide de ne pas rentrer chez Santiago, j'avais dit que j'étais en Europe. Même si en réalité, j'ai d'autres choses à faire.
23 h 30, Appartement, Medellín, Departamento de Antioquia, Colombie.
╴╴╴╴╴╴╴╴╴╴╴╴
﹀
Je vais me reposer chez mon frère, demain j'irai récupérer ma voiture, espérant qu'elle n'a pas été volée.
Quand j'arrive chez lui, je rentre comme si c'était chez moi. J'ai les clés depuis longtemps, car quand je rentre tard le soir, il n'a pas envie de se lever pour m'ouvrir.
Il fait tout noir, mais je me repère facilement. Je rentre dans quelqu'un, mais ce n'est pas la carrure de mon meilleur ami. C'est une blonde. Je rigole doucement. Elle me regarde gênée, elle ne sait pas où se mettre. Je tends ma main vers elle.
— Andrew... et toi ?
— Celestia... dit-elle timidement.
Je n'avais jamais entendu ce prénom auparavant. Ses traits me rappellent quelqu'un, mais je ne sais pas encore qui. Je la rassure en lui disant :
— Ne sois pas gêné si tu est la copine de Pablo alors tu est mon amie.
Elle me sourit timidement, mais j'ai l'impression qu'elle a peur de moi. Pourtant, j'essaie d'être amical, comme Pablo me l'a appris. L'humain est si compliqué.
— Euh... et bien lui et moi nous ne somme...
Quand elle commence sa phrase, elle n'a pas le temps de la finir car Pablo émerge de sa chambre avec un sourire accueillant, prêt à me saluer. Il m'enlace chaleureusement, geste qui était au départ difficile à accepter même de sa part... Mais maintenant, c'est différent. Je me suis habitué à ces contacts, à sa présence réconfortante.
— Drewww, te voilà ! Je pensais que tu étais en voyage, moi.
— Non, je suis rentré...
Bien sûr, je ne vais pas discuter de ça devant elle. Je pense que Pablo l'a compris, car il ne relève pas plus le sujet. Mon sérieux revient au galop alors que je repense à Anastasia... non, à Bryanna... Ses cheveux blonds, en réalité, sont soyeux, comme ceux d'une princesse. Je les ai sentis contre ma peau quand elle m'a serré dans ses bras.
— Tu veux un verre ?
Pablo me sort de mes pensées et j'acquiesce avec un sourire, hochant la tête. J'avais bien besoin de me détendre...
Je m'installe sur le canapé, et la blonde fait de même à côté de moi. Je ne sais pas trop quoi dire, en réalité, je suis assez peu bavard, mais elle finit par engager la conversation car le silence devient gênant.
— Donc, toi et Pablo, vous êtes... ?
Elle le dit sur un ton étrange, comme si elle insinuait autre chose. Je fronce les sourcils avant de répondre simplement :
— Amis... Enfin, plus que des amis, c'est comme un frère pour moi.
— Oui, oui, c'est logique. Je me demandais juste si vous travailliez ensemble.
— Oh, d'accord. Avant, oui, mais maintenant non. Cependant, nous sommes tout de même restés en contact.
— Je vois. Donc, tu étais dans le mannequinat aussi ?
Elle pose beaucoup de questions, ce qui devient perturbant. Je n'aime pas parler de moi, mais mentir est assez simple.
— Oui, j'aidais pour les photos.
— Et maintenant, tu fais quoi ?
— Je suis dans le chant, je donne quelques concerts parfois.
— Ah ouais ? Mais c'est génial !
Parler de moi ainsi réveille en moi ce côté humain qui me reste, une part que je croyais morte depuis longtemps. Cela me fait du bien...
Avoir une conversation normale, sans évoquer le meurtre ou la drogue, me fait sourire. C'est un répit bienvenu après ces jours passés avec une psychopathe... assis sur une chaise. Vraiment pas du luxe.
Pablo revient avec trois verres qu'il dépose devant nous sur la table basse avant de s'installer sur le fauteuil en face. Nous discutons de tout et de rien.