ADI- 4 Les pécheurs de Krill

Door Jules_Seyes

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Dans l'Empire Humain, l'agence de Développement Impériale est chargé de réintégrer les mondes qui ont régress... Meer

Prologue ADI
Une mission sans risque
Sur le terrain

Le secret

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Door Jules_Seyes


Potlatch

Puis arriva le jour de la cérémonie, contrairement aux attentes de Georg ils ne gagnèrent pas la plage, mais montèrent dans la montagne. Athéna pourtant ne détectait pas l'autre tribu, la main dans la main d'Aloa Georg profitait de la promenade. Il regretterait cette jeune femme si douce et gentille. Elle avait accueilli avec une joie sans borne les os de l'orkrill qui lui permettaient de construire sa hutte et Georg était gêné par tant de reconnaissance. Marion, vu les formes concrètes de cette gratitude, l'étrillerait.

Il pensa un instant à sa mère, qui serait si heureuse, s'il rentrait avec Aloa, pour s'installer comme colon sur Herkon. Aylin sa maman avait toujours regretté l'engagement de son fils ! Ellle n'avait jamais caché qu'elle espérait bien qu'au bout de ses dix ans d'engagement il dénoncerait son contrat d'impérial. Qu'il profiterait de sa solde accumulée afin de s'installer sur Herkon comme Mélania et Jack, mais cela n'arriverait pas ! Georg savait qu'à moins que la flotte ne le rejette il signerait de nouveau. La carrière à l'ancienneté était désormais le seul moyen d'accéder au commandement des navires lourds dont il rêvait. Il pourrait alors partir chasser les pirates et châtier les esclavagistes qui proliféraient dans la sphère humaine. Il devrait donc laisser Aloa, si gentille et aimable soit-elle, sur Miphram.

La tribu entourait désormais une vaste clairière où reposait la récolte de krill, à la lueur des torches le chef s'avança vers un monolithe minéral. Georg se demandait de quelle prière on allait le gratifier, mais le chef ne dit rien, et resta silencieux devant le menhir puis revint devant la tribu.

— Mes amis grâce à nos efforts nous sommes vert clair, nous ne devons qu'une équipe. Georg Aloa Miala si vous voulez bien avancer près du krill que le poids y soit.

Georg interloqué observait autour de lui. Des autochtones, soudain devenus menaçants avaient baissé des sagaies et formaient un demi cercle autour d'eux. Miala une gentille fille de la tribu avança vers le tas d'algues sans mot dire. Aloa se montrait moins calme.

— J'ai une hutte, vous n'avez pas le droit.

— Les autres aussi ont une hutte, tu n'en avais pas au début du Potlatch, ton ami s'est donné du mal pour te sauver. Nous ne pouvons pas demander à un pécheur de sacrifier sa seconde épouse, avance Aloa !

Le ton était sec, plein de regrets, mais ferme et la javeline dans le dos la jeune femme avanca. Georg, inquiet, sentait la javeline dans son dos, sa méfiance était désormais éveillée, mais il ne comprenait pas le piège. S'il existait un moyen de résoudre ce mystère il passait par ce tas d'algues. Alors sans résister il avança vers le paquet et les deux jeunes femmes.

Dès qu'ils furent tout trois au centre, avec la récolte, le chef alla de nouveau devant le monolithe. Il eut un geste vers l'aiguille de pierre et la clairière s'enfonça dans le sol.

Ils se trouvaient dans un ascenseur bien camouflé et Georg activa ses drones pour transmettre en continu. Il existait ici une installation technologique et si les croiseurs de bataille l'avaient manqué c'est qu'elle était bien camouflée. Inquiet, il s'avança vers le bord de la plateforme pour identifier les moyens de l'adversaire, hélas le conduit creusé dans le roc ne révélait rien.

Il avait pensé comprendre et réalisait qu'il s'était trompé du tout au tout. Si jamais il survivait, ce ne serait pas Marion, mais le commodore qui, s'emparant de ses rapports trop confiants l'attendrait. Il s'en voulait, pris par le nom, trop certain de savoir, il n'avait pas assez approfondi. Combien de fois la princesse leur avait-elle répété en cours qu'un sociologue doit sonder le cœur et les reins ? Combien de fois, l'académie leur avait elle seriné de ne rien tenir pour acquis ? Combien de fois aurait-il dû questionner ? Il avait failli, et une fois en bas, s'il ne revenait pas, le piège serait de nouveau ouvert pour l'agent suivant dont il causerait la mort.

Aloa se blottissait dans les bras de Georg pendant cette descente aux enfers. Là aussi, avec la hutte, il avait donné des illusions à Aloa, et maintenant elle réalisait la fausseté de cette promesse qu'il avait ignoré faire. Elle voyait juste les parois défiler, Miala ne disait rien et paraissait accepter son sort auquel elle avait dû s'attendre.

Georg la détailla un instant, c'était une jolie fille élancée les cheveux bonds cendrés vêtue juste d'un pagne et de sandales. Son visage finement ovale paraissait quelconque à ceux qui ne prenaient pas le temps de s'intéresser à elle. Pour celui qui approfondissait elle était remarquable avec un visage mobile, de jolies fossettes et de beaux yeux bleus. Finalement la plateforme s'arrêta au seuil d'un immense hangar. On avait creusé cette halle au fusil à plasma, et deux robots de combats, d'un modèle ancien, se tenaient à l'entrée. Sinon rien ne bougeait, redevennu attentif, il évalua la situation, c'est sans doute un centre de triage.

— Suivez-nous !

Comme ils ne faisaient pas signe de bouger, les robots déclenchèrent des décharges électriques. La construction de ces machines n'avait guère évolué au cours des siècles ! Deux longues pattes rejoignant une plateforme qui logeait l'armement et les systèmes de contrôles et d'où partait un bras articulé. L'empire, plus riche, ajoutait un bouclier blindé devant la plateforme, mais sinon les améliorations concernaient les logiciels, les matériaux. Avec des composants informatiques impériaux, le jeune homme se serait fait fort de revaloriser les deux engins.

Georg tenta de parlementer, et d'essayer de gagner du temps

— Qui êtes-vous ?

— Suivez nous esclaves !

L'une des machines, joignit une décharge électrique à son ordre, pour faire bonne mesure. Le geôlier était bien programmé, et, peu soucieux de se laisser enfermer, Georg attrapa les mains des filles.

— Suivez-moi et quoi qu'il arrive restez avec moi.

Brutalement, il lança son attaque, il avait déjà affronté un robot de combat, et il ne tenait pas à réitérer ! Alors son implant hébergeait des codes de hack remis par le service de guerre électronique de la flotte. Face à des machines modernes cela ne suffisait pas, mais ces engins semblaient de conception ancienne et ils s'immobilisèrent lorsque son équipement émis les codes. Georg se rua, ces robots devaient posséder des programmes de réinitialisation, il manquait donc de temps. Il dépouillât leurs gardiens de leurs fusils à plasma ainsi que d'un réacteur à fusion dont il espérait bien pouvoir se servir plus tard. Puis, froidement, il détruisit les deux machines pour en être définitivement débarrassé. Ensuite, ses compagnes terrorisées sur les talons, il se précipita vers les grottes. Il existait sur la gauche une sortie, dans laquelle il se rua et ils parcoururent une dizaine de mètres de couloir avant d'arriver dans un silo remplit de krill. La grotte était extraordinairement profonde et encore haute d'au moins deux cents mètres, ils se tenaient sur une étroite passerelle d'inspection qui ceinturait la caverne. Georg évalua méticuleusement, voilà où passait le krill, cette seule aire de stockage devait contenir une décennie de ce fameux Potlatch en algues séchées. Cela ressemblait à un programme de machine qui continuait à accumuler, il se dirigea vers la sortie de l'autre côté pour gagner un autre silo.

Ils avancèrent ainsi pendant des heures de magasin en magasin dans cette gigantesque l'installation. Son esprit tentait d'évaluer l'ampleur de ce stocks, des décennies de production planétaire au moins. Cela ouvrait des opportunités, avec cela l'empire financerait l'occupation et la colonisation du secteur. Puis ils arrivèrent dans une caverne plus froide, où s'alignaient sur des dizaines d'étages, des blocs de glace carbonique qui contenaient chacun un primitif. Il ne lui fallut qu'un instant pour comprendre, la machine congelait les humains préparés pour le commerce d'esclaves. Depuis des décennies les Potlatch étaient stockés par les machines : Krill, esclaves, rien que cette base recelait une immense fortune et ce n'était certainement pas la seule. Georg comprit ce que sa documentation avait manqué : Les autochtones ne partaient pas à l'aventure pour découvrir le monde, ils s'efforçaient d'échapper aux Potlatch. L'analyse de l'ADI qui se basait trop sur les expériences terriennes s'était trompée. Trop sur d'eux, Marion comme lui, étaient avec allégresse passés à côté du danger. Et sa naïveté, l'avait fait entrer dans l'antre, sans les armes de l'ADI, il aurait lui aussi finit dans un cube cryo.

Il écarta les filles avant de creuser un abri pour elles, au fusil à plasma, il savait parfaitement utiliser ces armes. Le condensateur extrayait l'eau de l'atmosphère, la machine en extrayait ensuite l'hydrogène qui devenait du plasma. En présence d'eau cette arme pouvait rester approvisionnée pendant un temps quasi infini et cette logistique simple était son grand atout. Depuis des siècles ces équipement robustes changeaient assez peu. Parfois, les ingénieurs parvenaient à les alléger ou à augmenter la quantité de plasma embarquée, mais fondamentalement cette arme ancienne lui était familière. Alors il alla chercher quelques kilos de krill dans le silo le plus proche et revint nourrir les filles. En quelques micros-décharges de plasma il forma une écuelle de silice, certes un peu lourde, mais qui remplirait à merveille son rôle de chaudron. Dedans, il mit de l'eau et du krill séché, ensuite une microscopique décharge suffit, pour transformer une pierre en plaque chauffante. Les filles, ébahies, regardaient la soupe se préparer devant elles. Rarement elles avaient eu autant à manger, et les yeux brillants elles fixaient Georg. Miala, plus vive d'esprit, fut la première à associer les éléments.

— Es-tu un ancêtre ?

— Je viens de ce monde oui Miala.

— Et tu vas nous protéger ? Que vont-ils faire de nous ?

Davantage éveillée que sa copine elle comprenait un peu la situation alors qu'Aloa s'accrochait peureusement à Georg. Le jeune homme se réjoui, il aurait certainement besoin d'aide et Miala semblait capable de s'adapter.

— Ils veulent vous mettre dans ces blocs de glace, pour vous réveiller lorsqu'ils auront besoin de vous.

Maintenant la sexe ratio s'expliquait, la machine récupérait plus de femmes que d'hommes, assez logique pour des trafiquants d'esclaves. Encore que, le rétablissement de l'institution avait démontré que les hommes pouvaient aussi servir leur maîtres. L'homosexualité ou la bisexualité était communes chez les propriétaires d'esclaves. Autrefois l'esclavage avait été justifié par le besoin d'une force de travail, quasiment toutes les civilisations terriennes avaient dépendues de cette énergie musculaire peu coûteuse. La version moderne, dans un monde où les robots exécutaient les tâches manuelles, ne se justifiait que par la perversité. Moralement injustifiable, mais ce sadisme subjuguait la sphère humaine en dehors de l'empire qui seul avait su y renoncer.

Aloa, terrorisée, semblait plus préoccupée des réalités immédiates.

— Qu'allons-nous faire ?

— Nous allons durer dans ces grottes, je vais tenter de comprendre comment ils fonctionnent et ensuite de prendre le contrôle des systèmes. Demain nous déménagerons pour être difficiles à trouver.

Les deux femmes inquiètes tinrent tout de même à lui prouver leur reconnaissance. Au matin il leur montra comment utiliser le second fusil pour obtenir de l'eau et chauffer les pierres. Il limita l'arme, ses compagnes pouvaient se blesser avec, mais pas se tuer, il faudrait bien qu'il explore seul, et ses camarades devaient être autonomes.

Pendant trois jours, ils parcoururent les immenses installations, de silos de krill, en entrepôts d'esclaves. Ils montèrent, descendirent, puis Georg parvint avec Athéna à comprendre les codes inscrits aux murs, maintenant il pouvait s'orienter. Durant des jours, il entreprit de remonter vers les numéros les moins élevés. Finalement ils débouchèrent dans une vaste halle différente des autres. Georg se réjoui devant le trésor : Le hangar remplit de machines de fabrication rapides autour d'une centrale mi noyaux offrait des opportunités. Ce n'était probablement pas le seul centre de ce type, mais ils avaient atteint un nœud névralgique, qui pourrait lui permettre de se rééquiper.

Dans la halle des machines débitaient des rouleaux de nanites tressées que des robots conduisaient ensuite sur des palettes vers d'autres grottes. Georg les suivit mais il ne s'agissait que d'entrepôt où la production des machines s'accumulait années après année. En tissant ces nanites on pouvait assembler des plaques de silice au plasma. Devant lui se trouvait suffisamment de matériaux de construction pour équiper un monde tout entier.

Il leva les yeux au ciel, des dizaines de mètre plus hauts où les racks succédaient toujours aux racks. La machine, suivant sa programmation, accumulait depuis des décennies. Ses parents possédaient une usine qui fabriquait exactement les même produits, Georg évalua d'un œil expert. Il y avait là assez de stocks pour construire les bâtiments nécessaires aux colonies de plusieurs dizaines de planètes.

Il installa les filles quelques silos plus loin, puis revint. Il osa connecter son implant directement à un fabricateur et commanda des tenues de protection. Tendu, a l'affût de machines de combats venues traquer l'intru il attendit devant la machine. Il ne lui fallut que deux heures pour obtenir son matériel. La défenses semblait assez mécanique, sans imagination. Il revint vers ses compagnes avec ses emplettes, les grottes étaient froides et parcourir les corridors de pierre pieds nus n'était pas confortable.

Pour la première fois de leur vie, elle découvraient des bottes, à genoux devant elles, il leur montra comment les enfiler.

L'ordinateur de défense fouillait les installations à leur recherche, mais il manquait de robots de combats. Ceux, ci remontaient méthodiquement les silos et les entrepôts en ordre croissant de haut en bas. Régulièrement Georg déplaçait son équipe pour échapper au sempiternel schéma de fouille. Ils étaient chacun en échec, une situation qui n'était pas au goût de l'impérial.

Leconquistador

Pourtant, fuir, ne débloquait pas la situation et il ne restait plus qu'une solution pour l'officier impérial : Il lui devait, malgré les risques, se connecter au réseau informatique local.

Il commença prudemment, un drone prit contact avec les mémoires de masse de la mairie. L'installation permettait de graver dans les rocs profond les informations. Il existait suffisamment de granite sur une planète habitable pour pouvoir enregistrer des milliards de millénaires de données.

Avec son IA, il analysa les archives, l'identification des systèmes et sous-systèmes exigeât de longues journées. Les informaticiens locaux avaient bien travaillé et toute cette organisation avait été méthodiquement structurée. Puis il contacta le réseau industriel qui devait cesser d'exiger le potlach, il était temps d'arrêter cette mécanique infernale. La machine lui construisit également une petite plateforme de transport, un gros hoover surf qui lui permettait de déplacer les filles et le matériel. Maintenant, il restait deux sous-systèmes critiques : La centrale de défense et le système de stockage, Georg privilégia le second d'origine civil et moins bien protégé contre les hacks. Il disposait de nouveau de la puissance des satellites défensifs derrière lui et se connecta directement sur un relai implant à l'intérieur des installations.

Il n'y avait pas de rapport entre l'informatique militaire impériale et celle fabriquée localement pour le système de stockage. En neuf heures les codes furent craqués, les portes de derrière identifiées. Le programme prévu pour les robots de combats fonctionnât merveilleusement bien contre ces équipements primitifs.

La machine répétait le programme prévu et avait agrandit ses dépôts jusqu'à couvrir la planète entière. Sous le sol, au fond des mers, se trouvait des centaines de milliards de tonnes d'algues et quarante millions d'esclaves congelés déjà phasé. Le système traditionnel de contrôle des esclaves, un produit qui imprégnait les nerfs. Une seule impulsion radio de ce système sadique suffisait alors à déclencher d'horrible souffrances. Chaque phase avait son code donc chaque esclave pouvait être individuellement punis. De petites puces dans l'injections permettaient aussi de déclencher la phase en cas de comportement déviant, le prisonnier transportait son geôlier avec lui.

Au début, produit pour les prisonniers de guerres, cette solution parfaite avait inspiré le retour de l'esclavage. Le jeune homme avait sur ce sujet qui touchait profondément sa famille des opinions bien arrêtés. Le moyen, tellement aisé, avait de nouveau rendu cette perversion accessible. Ses années d'études de sociologies avaient renforcé ses analyses et le soir il pouvait évoquer le sujet avec Miala plus ouverte sur ces thèmes. Maintenant, maître des machines, il pouvaient s'installer et profiter de la douce chaleur diffusée par la pierre pendant qu'ils finissaient leur sempiternelle soupe de krill. Souvent alors, Georg et Miala trouvaient le temps de parler et il expérimentait avec elle pour préparer leur retour dans la population impériale.

— Jamais le chef ne penserait que les autres sont là pour le servir, il est là pour servir le Potlach et la communauté pas l'inverse.

— C'est la définition d'un bon gouvernement, Miala, ce qu'il devrait être. Malheureusement, l'histoire nous enseigne que c'est une exception. Souvent, les gouvernements sont là, pour assurer la reproduction de la caste supérieure et obtenir pour elle le maximum d'avantages.

— Personne ne penserait comme cela chez nous Georg. Ce que tu appelles la maximisation des gains, liguerait tout le monde contre lui, et il serait dans le Poltach suivant.

— Parce que, Miala, vous n'êtes sur ce monde que des esclaves, la classe supérieure ici est l'ordinateur qui fournit la répression. Ceux qui dévient sont rapidement éliminés et vous avez vécus, pour servir ce programme.

— Tu as certainement raison Georg, mais nos tribus sont si soudées, si aimantes, nous essayons de partager les peines et les souffrances, pourquoi es-ce différent dans ton monde ?

— Vous n'avez pas le choix, le poids social pèse sur vous et contraint votre comportement, vous êtes socialisés ainsi, mais cela reste artificiel. Dans mon monde, une autre vie est possible et celui qui parvient à devenir seigneur de guerre, peut alors avoir ses esclaves.

— Voudrais-tu avoir tes propres serviteurs ? Que Aloa et moi soyons enchaînées à toi ?

— Dans mon cas, non, mais c'est un peu artificiel aussi. Mes deux parents ont été esclaves, si jamais je me transformait en maître ils m'en voudraient. Si je n'avais pas été socialisé ainsi alors, je serais peut-être différent. Qu'en sera-t-il de mes enfants, si j'en ai, qui n'aurons pas eu ce passé ? Eux, seront totalement libres, et auront-il des valeurs morales suffisantes pour échapper à cette fascination ?

— Pourquoi parles-tu de fascination ?

— L'homme a évolué à partir des grands singes sur Terre. Ce sont des animaux sociaux, avec une culture hiérarchique. C'est au fond de nous, dans nos gènes. Lorsque tu rencontres une nouvelle personne tu cherches, inconsciemment, à te positionner vis-à-vis de lui.

— Qu'elle est la place dans la pyramide, à quel étage ?

— Voila, c'est exactement cela, pour vous, les places en haut sont inaccessibles, la machine les bloque. Pour moi, je suis déjà vertigineusement haut comme officier de la flotte. Aller plus loin, m'écarterais de ma famille et des miens.

— Mais des gens sur d'autres mondes, eux, veulent être en haut et les esclaves sont un moyen de montrer leur statut aux autres ?

— Sur certaines planètes, les seigneurs de guerres, font aligner les esclaves de part et d'autres de l'escalier, lorsque les invités arrivent pour les fêtes. Cela n'apporte fonctionnellement rien, juste de montrer quelles richesses et quel pouvoir ils ont, de telle sorte que leurs visiteur savent où ils sont dans la pyramide, avant même de les rencontrer.

Aloa se déplaça pour se coller contre Georg et profiter de la chaleur de son corps. Miala, en tailleur sur le sol, lui tendit un bol de soupe chaude avant de reprendre la conversation.

— Ainsi, ils évitent le risque d'être évalué, ils se cachent derrière leur richesse, c'est assez lâche, comme l'okrill sous la mer. Mais j'imagine que c'est plus facile.

— Et c'est pour cela que la phase est révoltante. Autrefois, avec les esclaves, il existait des risques de révoltes, maintenant, avec quelques circuits électroniques sous la peau, ils peuvent totalement réduire leurs victimes.

— Mais pourquoi cela a-t-il pris si longtemps ? Si comme tu le dis l'esclavage fascine, ils ont du chercher depuis longtemps.

— La partie électronique a été fonctionnelle depuis le XXIème siècle. Mais trouver une substance liant les nerfs et l'informatique a exigé plus de temps. Surtout, les oligarques terriens avaient établi un tel contrôle et tellement bien dissimulés leurs forfaitures que je crois qu'ils n'en ont pas réellement eu besoin.

— Comment ça ?

— Plus une société est complexe, plus il est difficile de l'appréhender en totalité, et au cours du XXième siècle la population terrienne à tellement augmentée que les moyens d'informations individuels ne suffisaient plus. Toi, s'il se passe quelque chose au village, tu le vois immédiatement, on ne peut pas te le cacher. Dans un monde avec des milliards d'individus, tu ne te rends pas compte, si une victime disparaît.

— Ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient et personne ne savait ?

— Voilà, ils s'en sont contentés, la solution leur allait bien. Mais lorsque la phase à été inventée pour les armées de bioroides, ils ont reconnus la possibilité.

— C'est ces sortes d'hommes artificiels dont tu nous parlais ?

— Oui, modifiés pour être loyaux à leurs maîtres, mais au début le contrôle psychologique n'était pas fiable, alors, la phase a été développée.

— Donc, les bioroides sont vos esclaves ?

Il tressaillit, il avait toujours vécu avec des bioroides qui servaient d'agents pour les troupes impériales. Dans l'armée, la flotte la police, pour lui c'était normal, Miala, lui tendait un miroir gênant sur son propre comportement.

— Ceux de notre gouvernement oui, je ne l'avais jamais vu ainsi, mais tu as raison. Nous essayons de les traiter en compagnons, et ils sont loyaux à la famille impériale pas à nous. Donc on ne peux pas en abuser comme d'un esclave. Mais fondamentalement, ils vivent leur vie pour l'empire sans avoir le choix.

Aloa, tendrement enlacée contre lui grommela.

— N'est-ce pas un peu triste Georg ? Faut-il toujours des gens en dessous.

— Il y existe toujours des tâches d'exécutions, nous essayons d'en confier le maximum aux robots et c'est la seule garantie qu'un régime à peu près égalitaire soit possible. Mais tout ne peux pas être retiré, et, surtout, même si c'est possible, encore faut-il que la société veuille être égalitaire. Si elle est suffisamment riche pour satisfaire tout le monde, elle y a intérêt car cela réduit les tensions, mais rien ne dit que ses membres le désirent.

Aloa, lasse de cette conversation, tira Georg contre elle, tandit que, Miala, préféra rester seule, les yeux ouverts braqués sur le plafond de la caverne.

***

Restait l'objectif le plus épineux : La centrale de défense. Georg commença par sortir à l'air libre, avec les robots du réseau industriel il construisit sur l'une des grandes îles une maison pour les filles. Équipée d'un champ de krill et une ferme automatique au sol, le cottage se trouvait devant une grande baie paradisiaque.

Il les y emmena, pour les mettre définitivement à l'abri, la centrale de défense, équipement militaire, était sûrement programmé pour contre attaquer, il risquerait sa vie. Il entreprit de leur montrer le nouveau domaine, capable de pourvoir à leurs besoins.

— Voilà c'est chez vous, vous aurez de quoi manger.

Les filles possédaient chacune une chambre, une belle cuisine, il avait privilégié le style simple des colons, avec de vastes pièces dépouillées et blanches. Aloa, à la vue de ce bâtiment, qui était pour elle un palais, s'effondra en larmes et l'enserra de toutes ses forces.

— Cela veut dire que tu vas nous quitter, reste Georg.

Miala se joignit à elle, mais l'officier impérial fut inflexible il avait une mission à accomplir. Il devait partir... mais son emploi du temps, admettait une certaine flexibilité de quelques heures...

Le lendemain matin, reposé et détendu il partit affronter la centrale de défense. Ses satellites l'avaient triangulée, en fouillant dans l'ancienne mairie, il avait trouvé les codes d'accès, ne restait plus qu'à espérer qu'ils soient toujours valides.

Le bunker était vieux, derrière la porte camouflée se trouvait une halle avec des glisseurs de combats et des chasseurs atmosphériques. Un véritable musé de l'armement colonial et un fatras dépassé. Il procrastina un peu regardant les matériels, les triangle des chasseurs légers, les caisses blindées des transports de troupes encore complètement équipé. Il parcouru les racks chargés de robots de combat. Les machines du hangar avaient tout rangé proprement et de manière ordonnée comme il sied à une base militaire bien commandée. Il pourrait, s'il le souhaitait, équiper un bataillon mais, pour l'infanterie impériale, tout ce matériel était techniquement et conceptuellement dépassé.

Cessant de rêver, il avança résolument vers le fond du hangar, là où se trouvait une porte blindée en hydrogène métallique. Ce matériau des dizaines de milliers de fois plus résistants que les aciers classiques se récoltait sur les planètes géantes. C'était donc un composant prisé dans la construction des vaisseaux de guerre. Ce détail montrait que les colons s'étaient donné les moyens de défendre leur base.

Les vieux codes de Georg, furent, sans surprise, refusés, et le jeune homme démontât les câbles avant de connecter son implant au système. Il existait des risques non négligeables, si les défenses envoyaient une décharge électrique elles disposaient d'un accès direct à son cerveau. Il avait certes intégré une prise de terre à sa tenue, qui réduisait le risque de lobotomie, mais c'était une protection illusoire. Lui se serait arrangé, en concevant un tel projet pour que le choc soit définitif et ceux qui avaient conçu la base semblaient avoir eu le même niveau d'exigence.

Pourtant il était un impérial, qui accomplissait son devoir et il n'hésitât pas, son rapport était fait, si lui échouait, l'Empire enverrait d'autres troupes.

Heureusement, les programmeurs de la flotte connaissaient leur affaire. En quelques minutes d'un féroce combat informatique il pris le contrôle des systèmes de défense du bunker, indépendant du réseau militaire. Accéder aux contrôles du programme de défense planétaire ne fut alors qu'une question de temps. Rentré dans le vieux bunker, il accéda aux derniers rapports des soldats de la milice qui l'avaient quitté au moment de l'invasion pour aller se battre. Les larmes aux yeux, il admira les derniers enregistrements, les Miphraniens avaient été des esclavagistes, mais ils n'avaient pas manqué de courage face aux lézards.

Georg avait déjà envoyé plusieurs messages et l'amiral, depuis Bellan, y avait répondu. L'empire arrivait en force, la planète était conquise et les troupes d'occupation se rassemblaient. En attendant, il vivait à la villa avec Aloa et Miala.

Cette dernière plus éveillé qu'Aloa, comprenait que leur monde allait changer. Georg expérimentait avec elles et leur dispensait des cours enregistrés venus des archives de la colonie. Miala commençait à écrire correctement tandis qu'Aloa éprouvait plus de difficultés et tendait à retourner à la plage.

Il la retrouva un soir mélancolique au bord de l'eau.

— Je regrette Georg tu vas me trouver injuste ! Tu as réalisé tous nos rêves, nous avons à manger, une belle hutte, mais je regrette ma vie d'avant. Autrefois j'avais ma place dans la tribu, je savais le matin ce que je ferais lorsque je me levais. Aujourd'hui je n'ai rien pour occuper mes journées sauf ces cours, cela plaît à Miala, mais moi je ne m'y retrouve pas. Je voudrais la maison, et ma tribu.

Il la serra dans ses bras là au bord de l'eau à l'ombre des palmiers, il le savait pour lui aussi les vacances se terminaient.

L'Empire

C'est deux jours plus tard que la navette d'assaut impériale se posa devant la maison. Le commando était bien entraîné, en quelques secondes, avant que la navette n'atterrisse, les armures lourdes de type 81 encerclaient la villa. L'engin se posa dans un bruit de tonnerre, et un officier des troupes d'assauts descendit par la rampe arrière.

— Êtes-vous le lieutenant Sloane ?

Georg sortit, les filles sur les talons vêtu, de la combinaison fournie par la centrale de fabrication et salua le chef d'unité.

— Qu'est-ce que c'est que cette tenue ? On m'a demandé de récupérer un officier impérial pas un loqueteux.

L'ADI se montrait moins rigide ne restait plus à Georg qu'à s'excuser platement, il n'avait pas prévu que ses retrouvailles avec la flotte commenceraient pas une réprimande sur son uniforme.

— Monsieur, je ne posséde pas l'équipement pour fabriquer une tenue de la flotte ou de l'infanterie.

L'officier impérial n'était pas aimable, Georg, qui avait largement dépassé ses ordres, espérait que ce n'était pas le prélude à un rapport difficile.

— Oui nous verrons cela, montez !

La navette les conduisit dans l'espace, une véritable flotte occupait l'orbite : Seize croiseurs de bataille à centrale hyperspatiale, huit super cuirassés encore plus redoutables, quatre-vingts croiseurs et surtout seize navires de transport de troupes. Rarement Georg avait été le témoin d'une telle concentration de forces en dehors de la capitale. Depuis la fin de la guerre contre les lucratians, l'empire pouvait se permettre ce genre de démonstration.

La navette se dirigea vers l'un des navires de ligne, et les soldats des troupes d'assaut escortèrent Georg et les filles vers le cœur du bâtiment. Avant d'entrer, ils croisèrent Marion qui d'un regard torve sur les deux autochtones se bâtit son opinion.

— Et bien je ne te demande pas si tu as fait une bonne mission, il suffit de les regarder ! Les interventions de l'ADI sont là pour réintégrer ces mondes, pas pour assouvir tes instincts lubriques. Suis-moi, foudre de guerre !

Elle était en colère, la princesse au vu des rapports de mission avait sévèrement étrillé la documentation. En retour Marion avait rédigé un long rapport qui analysait avec un luxe de détail remarquable les manquements de leur agent. Le document assorti de l'inévitable demande se sanctions se trouvait sur le bureau de la princesse.

Et elle l'entraîna au cœur de la structure, dans la salle derrière la passerelle du bâtiment. De la flotte de Centrus, l'empire conservait l'habitude d'installer une vaste salle de réunion derrière le poste de commande. Cela permettait aux officiers supérieurs de rejoindre rapidement leur poste en cas d'urgence et de travailler l'esprit tranquille. Souvent les amiraux utilisaient aussi cette pièce pour se coordonner avec leur capitaine de pavillon. Georg ne fut donc pas surpris en rentrant dans le local de trouver plusieurs personnes assises le long de la table. Il identifia d'un coup d'œil, le commodore Kho, l'amiral Eckart commandant militaire du secteur, puis la princesse Lisa Ravierri, et, plus surprenant, les deux héritiers du trône : Son Altesse le prince Rodolphe Ravierri et la princesse Mylène, sa sœur cadette, commandante dans la flotte, mais qui en cette occasion ne portait aucun galon. La princesse sans insigne de grade exerçait donc le commandement de la force en temps qu'Altesse impériale situé au-delà de toutes les hiérarchies. Georg comprit qu'elle assumait la fonction d'amiral, sûrement pour aider son frère le prince héritier qui n'avait de notoriété publique jamais été à l'aise avec les navires de combats. Marion qui s'efforçait d'être discrète alla s'asseoir à côté de la princesse Lisa et ce fut la fille de l'impératrice qui entama la discussion.

— Repos lieutenant, asseyez-vous, avec vos charmantes amies.

Obéissant, il s'installa, l'officier des troupes d'assaut se positionna au repos derrière lui. Deux soldats de la garde impériale tenaient un garde à vous strict de part et d'autre de la porte. Madame Mylène était une femme forte qui passait pour être une spécialiste des arts martiaux. Sa musculature développée confirmait cette réputation, mais c'était comme pour Georg une musculature conçue pour des efforts rapides et violents. On sentait son altesse rapide, ses yeux brillants montraient son intelligence et sa vitesse autant pour frapper que pour analyser. Sans politesse inutile, elle alla droit au but.

— Bien monsieur Sloane, vos comptes rendus ont été reçus et examinés, d'un point de vue militaire, vous tenez la planète. Auriez-vous l'amabilité de transmettre à nos unités les codes d'accès des systèmes.

— Bien évidement madame.

De légères rides sur le front, une mauvaise sueur qui coulait le long de ses oreilles il confirma réception de ses ordres. La princesse, perçut son malaise et prit le temps de le détailler.

— Pourquoi êtes-vous si nerveux lieutenant ?

Il ne s'attendait pas à une question aussi directe et lamentable bredouilla.

— Je me demande pourquoi tant de forces, et pourquoi les troupes d'assaut. Vous avez probablement trente divisions dans ces vaisseaux, pourquoi faire ?

La princesse Lisa Ravierri se tourna narquoise vers sa belle-sœur.

— Et puis nous sommes tous assis du côté opposé de la table et ressemblons à un tribunal, le lieutenant a eu des retours d'opérations moins qu'agréables dans le passé. Rassurez-vous Georg, tout va bien, votre mission est un immense succès, qui cause juste quelques mots de tête sur la manière de l'exploiter au mieux.

Mylène, désormais soucieuse de détendre la situation activa les robots qui, selon le rituel des colons, dotèrent chacun de boissons et de gâteaux. Miala pourtant ne l'entendait pas de cette oreille.

— Et les hommes derrière nous ? Est-ce pour féliciter Georg ?

Marion foudroya du regard cette primitive qui se mêlait de ce qui ne la regardait pas, et osait récriminer face à l'empire. La princesse Mylène se contentât de regarder l'autochtone dans les yeux comme pour chercher à lire les tréfonds de son âme.

— Non ça c'est pour une autre raison, savez-vous qui nous sommes ?

Georg, rapidement, se chargea des présentations, négligées au début.

— Avec les deux héritiers du trône dans la même salle la garde va surveiller, c'est normal.

Lisa, plus avenante reprit la parole, sa belle sœur tout comme sa belle mère pourraient, un jour, affiner leurs talents de diplomates.

— En tout cas vous voilà un homme riche lieutenant, vous allez recevoir un pourcent de ce trésor.

Georg secoua négativement la tête.

— Madame, je ne crois pas, la charte de l'ADI reconnaît le droit des peuples à disposer d'eux même. Il y a des millions d'autochtones endormit là dessous, ce trésor comme vous dites leur appartient et ils en auront besoin pour recommencer leur vie.

— Vous êtes un poète Georg, mais vous avez raison sur la charte de l'ADI. Ce qui nous ramène à la situation, commodore, je vous laisse présenter.

Kho afficha les données sur les écrans de la salle. Il se déplaça vers les affichages pour indiquer tel ou tel chiffres et aider par sa gestuelle à la compréhension des données.

— Merci madame, votre succès mon garçon va créer un immense problème. Nous pensions réintégrer une population de quelques millions d'habitants. D'après votre décompte il y en a plus de quarante millions endormit sous le sol de cette planète. D'un point de vue froid et analytique, nous devrions vendre ces gens comme esclaves dans la sphère humaine. Leur réintégration va coûter cher et il vaudrait mieux nous en débarrasser.

Georg ne pouvait accepter de tels propos et il se permit de contredire son chef.

— Monsieur, avec tout mon respect, ce serait une atrocité, je croyais l'empire anti-esclavagiste. Nous ne pouvons pas vendre ces gens, il serait plus humain de les laisser dormir jusqu'à ce que nous possédions suffisamment de ressources.

La princesse Mylène n'avait jamais eu la réputation d'être la meilleure des diplomates et elle intervint brutalement.

— Auriez-vous, lieutenant, la prétention de dicter sa politique à l'empire ?

La princesse était impressionnante, une déesse de la guerre qui s'attendait à être obéie et habituée à commander, pourtant Georg maintint sa position. Il ne l'affrontait pas de gaîté de cœur, peut-être sacrifiait-il sa carrière. Surtout que son rapport contenait suffisamment d'éléments qui pourraient légitimement être utilisés à charge contre lui. Mais il n'avait pas le choix, et son regard défia un peu son Altesse.

— Madame, je suis officier de la flotte, j'ai juré de servir l'Empire, mais dans mon contrat d'impérial se trouve notre antiesclavagiste à tout prix. Je me permets de vous faire remarquer que ce serait un reniement de tout le pacte entre l'empire et son peuple.

La princesse, virulente, apostropha sa belle-sœur.

— C'est à force de te fréquenter où c'est Rodolphe qui a une mauvaise influence ?

Puis, sans attendre de réponse, elle revint à Georg.

— Vous avez le courage de vos opinions lieutenant, sachez le garder, ainsi que la loyauté à vos idéaux. Par contre avant d'agresser vos supérieurs, vous devriez apprendre à les écouter. Le commodore, a seulement parlé de la meilleure option d'un point de vue économique. Il se trouve, que pour les raisons que vous avez évoquées, nous ne voulons pas la retenir. Ce qui pose la question de comment gérer au mieux l'intégration de cette planète dans l'empire. Amiral je vous cède la parole.

L'officier commandant Belan se leva sourire aux lèvres et commanda un affichage de la carte sectoriel sur son écran.

— Le secteur de Belan a été autrefois ravagé par les lucratians, il regroupe plus d'un millier de planètes où toute vie humaine a disparu. Nos contre-attaques ont permis de liquider les dernières survivances lucratiannes. Mais nous devons reconnaître une qualité à nos adversaires, ce sont de remarquables terraformeurs et ces mondes ont vu leur biosphère se stabiliser. Nous sommes loin des mondes où recruter des colons, donc la recolonisation de la zone a été abandonnée dans l'immédiat, mais ces globes sont sûrs et parfaitement adaptés. D'où notre plan : Belan pourra être équipée pour construire des routes, nous déposerons ces installations dans différents systèmes où nous transférerons les colons endormis. Nous agirons de même avec des stations corona, le krill stocké sur Miphram, sera vendu dans l'Empire grâce aux routes, et suffira pour compenser cet effort. Nous installerons les colons avec du matériel, pour qu'ils développent des fermes de krill sur leurs nouvelles planètes avec des écoles automatiques pour les enfants. Ces gens semblent calmes nous ne devrions pas rencontrer de grosses difficultés.

Georg regarda Miala et Aloa, il se concentrait surtout sur la première qui suivait la présentation avec passion.

— C'est votre peuple dites librement ce que vous en pensez.

— Voulez-vous que nous restions pécheurs de krill ?

— Oui, mais avec des maisons, des machines et des cours pour que les enfants apprennent à lire, écrire. Petit à petit, en deux ou trois générations, ils monteront au niveau des populations impériales.

Aloa tremblait, et n'osait prendre de décision, elle chercha une autorité à laquelle se racrocher.

—Le chef Song devrait nous rejoindre et donner son avis.

Marion, outrée par la réponse, ne remarqua pas que la princesse Lisa qui échangeait avec son époux mais ne s'exprimait pas. La documentaliste de l'ADi se chargea donc de la réprimande que méritait selon elle ce comportement déplacé devant une Altesse impériale.

— Lieutenant, vos amies devraient comprendre que nous ne pouvons pas courir après tous les primitifs de cette planète.

— Il se trouve que si Marion, le système informatique peut communiquer avec tous les chefs de tribus. S'il les convoque, ils viendront, nous pouvons les rassembler en moins de deux semaines. Ce qui rends la stratégie de l'amiral jouable, est que les habitants de Miphram n'ont pas connus de guerre. Les chefs seront certainement ouverts à la négociation, mais nous devons avoir leur accord.

Chose étonnante et imprévue, le prince Ravierri se tourna vers sa sœur.

— Mylène qu'en penses-tu ?

— Que le lieutenant à du courage, mais qu'il défend remarquablement bien les Mirphraniens, tu as mon accord. Je vais pouvoir renvoyer les troupes à leur base.

— Bien, lieutenant, je vous garde avec vos amis le temps de négocier l'acte d'intégration, il reste un problème, que faire ici ?

— Nous pourrions, si vous le désirez monsieur, développer les fermes de krill, avec des machines et des intrants, le rendement devrait exploser. Les grandes îles pourraient être colonisées ce qui permettrait de tester le concept et de démarrer en douceur.

Le prince, satisfait, après un ultime regard à son épouse et à sa sœur, annonça le verdict de leur gouvernement.

— Il en sera fait ainsi, Amiral Eckart, la planète reste sous occupation militaire et sera gérée par la flotte. Comme vous vous ennuyez à Belan, nous allons ajouter Miphram à votre zone de commandement, vous la gérerez avec le gouverneur sectoriel et l'ADI. Ceci jusqu'au moment où ce monde passera sous juridiction du ministère de la colonisation.

L'amiral, sensible à l'ironie, salua le futur empereur puis se tourna vers le jeune officier.

— Bien lieutenant il ne reste qu'une dernière question, souhaitez-vous rester dans mon état-major ?

Il vit les yeux brillants d'Aloa sur lui, puis il releva doucement la tête. Miala qui savait déjà ce que serait sa décision entra un bref instant dans son champs de vision.

— Je vous remercie amiral mais l'ADI a encore besoin de moi.

L'officier moqueur et pas dupe des motivations fixa le lieutenant.

— Il vous reste pourtant une mission à accomplir pour moi, ne pensez pas que tout cela vaille dispense.

Les autres personnes dans le local fixèrent toutes Georg, qui se sentit devenir pivoine, puis, acculé, il se tourna vers le commodore Kho. Les mots, sortaient plus péniblement de sa gorge, que lorsque pour protéger les autochtones, il avait défié ses chefs.

— Monsieur, l'amiral m'a demandé de vous transmettre, que vous lui deviez une caisse de cognac, pour la cartouche de cigares.

Au grand étonnement du jeune officier, Kho éclata de rire.

— Effectivement, vous faites bien de revenir à l'ADI, j'ai encore des choses à vous apprendre, notamment comment trafiquer sans se dénoncer aux douanes. Mettez de l'ordre ici lieutenant, et cette vieille baderne trouvera bien un vaisseau rouillé pour vous ramener à la capitale.

***

Ils redescendirent à la villa, les chefs convoqués validèrent le plan de l'empire et le rattachement de leur monde. Déjà les robots installaient d'autres maisons, des fermes d'algues avec des chalutiers, des booster pour le krill. Les champs de la précieuse algue croissaient rapidement grâce aux technologies de l'empire. Des navettes automatiques ramenaient des engrais et du carbone pour maintenir l'équilibre de masse planétaire. Mirpham commencerait à exporter d'ici quelques mois le temps d'installer les docks orbitaux. L'amiral attendait une plateforme de transport qui positionnerait ici une paire de forteresses, puis une station pour une route hyperspatiale et une plateforme industrielle. Ensuite ils ouvriraient d'autres planètes et petit à petit les colons de Miphram pourraient être réveillés.

Georg partirait le lendemain, il était assis en uniforme au bord de la plage et admirait un peu morose, le cadre paradisiaque. Il avait finit par aimer, ce soleil, cette odeur de mer, et en garderait une nostalgie certaine. Deux robots finissaient d'aménager la villa pour les filles, et leur avenir était assuré, elles avaient leur place dans la nouvelle ferme. Miala suivait des cours pour devenir administratrice et, bientôt, elle travaillait avec l'amiral à la mise en place de la nouvelle mairie. Elle assurait pour lui la coordination avec les chefs des tribus elle ne resterait plus très longtemps à la ferme.

Il sentit une présence à côté de lui, Aloa venait de s'asseoir à côté de lui.

— Ne pars pas Georg, tu as ta place ici, tu pourrais rester avec Miala et moi, elle est d'accord.

Doucement, il lui passa tendrement le bras sur les épaules, il avait eu la discussion avec Miala. Dans son cas à elle, ce n'était pas nécessaire, elle avait déjà compris.

— Aloa, nous avons partagé une aventure, mais nous n'avons pas les mêmes rêves, tu veux ta maison, avec un mari, des enfants, et le même monde tous les jours.

— Oui, Georg, avec toi, avec nos enfants.

Ses beaux yeux l'enveloppaient lui, l'annexant à ce rêve et comme mille petits liens tentaient de l'enserrer dans cette douceur. Hélas, il devait s'arracher à cette tentation.

— Si j'avais voulu d'une telle vie, je serais resté sur Herkon comme ma mère le voulait. Mais tu as vu les vaisseaux dans l'espace, c'est cela que je veux et dont je rêve.

— Alors tu vas repartir pour cela ? Pour ces bouts de ferrailles ?

Elle se refusait à admettre, voulait à toute force le retenir, l'annexer à son rêve, ce qu'elle avait voulu pour eux. Cette hutte qu'elle avait construite avec les os de l'orkrill et où elle aurait été heureuse s'il y avait vécu avec elle. Elle savait désormais que tout cela n'avait été qu'un malentendu. Lorsqu'il avait tué la bête comme toute la tribu elle avait pensé que c'était un engagement. Le chef avait été d'accord sous réserve qu'ils aient le poids pour le Potlatch. Il s'était donné du mal, et elle avait voulu y croire. Lui, qui ne connaissait pas leurs coutumes accomplissait son travail sans voir plus loin, sans comprendre que pour la jeune femme c'était sérieux. Il avait créé un espoir, et maintenant il devait la décevoir.

— Ce ne sont pas des bouts de ferrailles, ce sont des vies, l'instrument de l'histoire. Un engagement à appartenir à quelque chose de plus grand, qui sera encore là lorsque nous ne serons plus là. Je ne peux pas bien te l'expliquer, mais l'Empire ce n'est pas que l'acier, les nanites. Les vaisseaux, c'est aussi un idéal et c'est cet idéal que je veux servir pour lutter contre ceux qui ont créé le Potlatch !

Ça fut heureusement été plus facile qu'attendu, Aloa pleura sur son épaule.

— Georg, je voudrais te garder avec moi, mais Miala, me l'a expliqué ces derniers jours que cela n'adviendrait pas. Le chef Song m'a ramené le peigne que j'avais sculpté dans l'os de l'orkrill, garde le pour moi, et accorde-moi cette dernière nuit.

***

Le lendemain matin Georg devant la baie d'observation du super cuirassé Héros de Sinbtnar regarda la planète rapetisser. Sa tête collée contre la vitre de l'observatoire semblait vouloir réduire la distance, comme si il pouvait gagner quelques millimètres. Comme un enfant, il tentait de retarder d'une milliseconde le fatal instant où l'accélération démentielle du vaisseau transformerait ce globe en un point invisible perdu dans la voûte céleste.

— Ça doit-être dur de quitter ceux avec lesquels vous avez tant accomplis, qui vous ont accordé leur amitié et leur amour !

Georg se mit au garde à vous, son altesse Impériale Mylène Ravierri ramenait l'escadre de super cuirassés à la capitale. La première escadre de croiseurs de bataille était déjà partie avec les transports de troupes et la seconde restait pour protéger Miphram. Son frère, et l'état-major de l'ADI étaient également reparti. La princesse était restée avec la flotte et avait prit le temps d'effectuer quelques patrouilles pour assainir le secteur d'éventuels pirates. En réalité, il était évident qu'elle s'accordait un petit plaisir. Elle profitait de l'occasion pour commander une escadre avant de regagner l'état-major de la flotte, ou elle était rattachée.

— Votre altesse !

— Laissez tomber lieutenant il n'y a que nous deux, profitez de cet instant vous l'avez mérité.

Mais la planète avait disparu, la princesse avait minuté son intervention pour lui épargner le moment fatal de la disparition. Il colla de nouveau le front contre le mur transparent pour essayer une dernière fois, de distinguer la perle de lumière de ce monde.

— Oui madame, c'est le plus dur dans les missions de l'ADI, laisser derrière soit ceux que l'on ne peut pas emmener dans notre univers.

Il pleurait la tête contre la vitre, honteux de cette faiblesse indigne d'un officier de la marine impériale. Son altesse avait affronté les ennemis de l'Empire et combattu sans faiblir les pirates, les lucratians. Elle était un officier redouté et respecté, l'une des meilleures tacticiennes de la spatiale, réputée pour ses tactiques audacieuses, et ne jamais craindre l'ennemi. Pourtant, tendre presque maternelle, elle posa son bras sur son épaule à lui pour accorder le contact physique dont il avait besoin en ce moment.

— Je comprends lieutenant, nous autres, vivons dans un monde aseptisé, formaté par la technique qui nous protège. Vous, vous avez le courage de descendre sur ces mondes, d'affronter cela en face, et vous venez de protéger des millions de personnes. Miphram est le premier grand succès de l'ADI, vous pouvez être fier de ce que vous faites. Lisa a de la chance de vous avoir dans son équipe.

Voire T1-Esclaves du vice du même auteur

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