CHAPITRE 14 : Mouches et araignées
J'observe les Nains sauter de branche en branche en manquant de tomber à chaque saut et à chaque pas. C'est finalement Thorin qui arrive le premier d'un grand saut. Le Nain pose ses yeux sur moi et je me perds quelques secondes dans son regard. Je finis par me retourner, voyant que Bombur s'est endormi en plein milieu des branches, étant à deux doigts de tomber. Il finit par tomber lourdement dans l'eau.
Heureusement, ses amis réussissent à le sortir de l'eau, mais doivent maintenant le porter. Nous reprenons la route, tous exténués. Je sens le monde autour de moi tourner, les images défilés. Ma tête me fait terriblement mal. Je ferme les yeux, les ouvre, les referme. Je n'arrive pas à calmer ce mal de tête.
Soudain, j'ouvre les yeux. Je suis assise sur un tronc et Fili se trouve à mes côtés, me secouant dans tous les sens.
"Daenerys ? Réveille toi," souffle-t-il tout près de moi.
"Je m'excuse, c'est cette forêt, elle me rend malade," annonçais-je avec difficulté.
Nous étions tous assis, faisant une pause. Bombur dormait toujours et je pouvais voir les regards dépités des Nains, tous aussi épuisés que moi.
"Qu'est-ce que c'est ? Toutes ces voix... Vous les entendez ?" délire Bilbon.
"Je n'entends rien," reprend Thorin. "Ni vent, ni chant d'oiseau."
"Quelle heure est-il ?" demande Glóin sous les grognements de Bifur.
"Je n'en sais rien," répond Dwalin, lui aussi exténué. "Je ne sais même pas quel jour nous sommes."
"Ça prend trop de temps. Cette maudite forêt n'a-t-elle pas de fin ?" crie Thorin.
"Je n'en vois pas. Des arbres, toujours des arbres," souffle Nori.
"Là, par là ! Avancez, faites ce que je vous dis, suivez-moi !" s'écrit le chef Nain en poussant tout le monde sur son chemin.
Je me relève et suis les Nains alors que ma tête continue de tourner. J'aimerais tellement pouvoir retrouver l'air pur, sortir de cette forêt, retrouver mon Dragon.
"Je ne rappelle pas avoir vu ça. Je ne reconnais absolument rien," murmure Balin en observant la nature autour de lui.
"Nous avons perdu le sentier," déclarais-je en regardant mes bottines marcher sur de la terre.
"Il est forcément là, il ne peut pas avoir disparu," s'écrit Dori.
Thorin est persuadé d'avancer vers l'Est mais honnêtement je ne sais même plus ce qu'est l'Ouest, le Sud et toutes ces choses futiles. Je vagabonde, suis les Nains dans cette forêt sans même regarder où je marche et où je vais. Nous avons perdu le sentier depuis trop longtemps, jamais nous ne le retrouverons.
"Ça suffit. Silence !" s'écrit le futur Roi. "Vous tous ! On nous observe," murmure-t-il.
"Je viens de le réaliser à l'instant, cette forêt me trouble l'esprit," soufflais-je en observant les bois autour de nous.
Je vois notre cambrioleur monter sur l'un des grands arbres de la forêt en quête d'air pur. Mais soudain, un groupe d'araignées géantes se jettent sur nous et commencent à enrubanner les Nains de leurs toiles. Je n'ai même pas le temps d'attraper mes armes, tout cela se passe trop vite et les monstres sont trop nombreux.
Je donne des coups de pied dans l'une d'elle qui s'approche de moi et réussis à la repousser mais deux autres surgissent. En temps normal, j'aurais réussi à les repousser mais mon esprit est si troublé et mouvementé que je me retrouve à avoir peu de réflexe et de puissance dans mes coups de pied. Je n'ai même pas la force de saisir mes armes, ce qui n'est pourtant pas un si gros effort.
Ces monstruosités finissent par m'attraper, m'embobinant dans leurs géantes toiles, collantes et puantes. Je finis par m'endormir à cause du venin de ces monstres, impuissante et terrifiée. C'est ainsi que je vais mourir, dévorée par une araignée géante.
Mais alors que je commençais à désespérer, mon corps tombe dans le vide, avant que je ne me rattrape en faisant une roulade. Puis, Bilbon vient à moi, armé de sa petite épée elfique. Le Hobbit vient tout juste de me sauver la vie en me libérant de la toile dans laquelle j'étais emprisonnée.
Je retire rapidement le reste de toile qui est resté collé sur moi avec hargne. Je ne mourrai pas aujourd'hui. Peut-être dans un jour, ou deux, ou trois, dans plusieurs mois, plusieurs années, ou dans une éternité. Mais le jour de ma mort n'est pas encore arrivé. Cette phrase, je pourrai la prononcer quand j'aurai exterminé toutes ces bêtes. Je me relève et remercie le Hobbit d'un hochement de tête avant de dégainer mon épée et de me précipiter sur une araignée et de la transpercer de ma lame, causant sa mort en une demi-seconde.
"Occupez-vous de libérer les autres, je m'en occupe," murmurais-je au Hobbit qui nous sauve la mise.
Je me lance à l'assaut, prête à tuer toutes ces araignées. Je me rapproche rapidement d'une qui s'apprêtait à engloutir Fili et lui tranche la gorge, si elle en a une. Je libère le blond qui allait être mangé et retourne à terre, rejoignant tous les autres. Je compte le nombre de Nains, et réalise qu'ils sont tous là. Je me rapproche de Thorin, m'assurant qu'il va bien. Il me regarde, comme s'il analysait mon état. J'hoche de la tête positivement au brun, ce qui semble le rassurer.
Les Nains et moi nous remettons à nous battre et à tuer ces bêtes mais il faut l'avouer, elles sont nombreuses, trop nombreuses. Je ne vois pas notre Hobbit, il semble s'être écarté du combat.
Alors que Thorin et moi faisons face à une araignée, un Elfe blond la tue et bande son arc en notre direction. Je le reconnais aussitôt, Legolas Vertefeuille, Gandalf m'a déjà parlé de lui. Et il n'est pas seul. Des Elfes arrivent de partout et nous menacent également de leurs arcs. Le fils de Thranduil est grand, souple, blond aux traits fins et au corps svelte. J'avais beaucoup entendu parler de lui.
"Je pourrais te tuer Nain, n'en doute pas ! Et avec un grand plaisir," susurre-t-il en fixant le Nain à mes côtés qui n'est autre que Thorin.
"Pas avant de m'avoir tué moi," déclarais-je en bandant mon arc à mon tour d'une rapidité qui m'est inconnue.
"Reine Daenerys," murmure-t-il sans me lâcher du regard.
Un cri résonne derrière nous et je le reconnaîtrais entre mille, c'est Kili. Alors que j'allai courir à son aide, le blond pose sa main sur mon épaule et me menace de son arc, ce qui m'oblige à baisser le mien.
"Lâche-là, pauvre abruti ! s'écrit Thorin.
"N'approche pas, Nain," répond froidement Legolas.
Avec soulagement, je peux apercevoir mon ami se faire sauver par une Elfe rousse. C'est en effet une ravissante jeune femme Elfe aux longs cheveux roux attachés en tresse qui sauve mon ami. Elle possède une paire d'oreilles très pointues et des traits fins et harmonieux, sublimés par la profondeur de son regard émeraude, où brillent les éclats d'une lueur noisette.
Très vite, les Elfes se rapprochent et viennent nous fouiller. Legolas se rapproche de moi, sous mon regard.
"Ne me touche pas ou je te coupe en morceaux. Je n'ai que cette arc," déclarais-je en tendant mon arme à l'Elfe, mine de rien.
Le blond vient passer ses mains dans ma ceinture, dans le bas de mon dos. Il attrape mes dagues et mon épée. Le Prince, que je regarde froidement, hausse un sourcil avant de se diriger vers Glóin, le fouillant lui aussi. Je croise le regard de Thorin qui ne semble pas beaucoup apprécier le Prince, ni les Elfes en général, mais ça je le sais déjà.
"Rendez-moi ça c'est personnel !" s'écrit le roux.
"Qui est-ce ? Ton frère ?" demande le Prince Sinda en observant le minuscule cadre photo du Nain.
"C'est mon épouse !" rétorque Glóin qui n'apprécie pas le comportement de l'Elfe.
"Et c'est quoi cette horrible créature ? Un Gobelin mutant ?"
"C'est mon jeune garçon, Gimli !"
Les Elfes nous font ensuite avancer et je regarde autour de moi, à la recherche de notre cambrioleur. C'est bien ce que je pensais, il n'est pas là.
"Où est Bilbon ?" murmurais-je à Thorin qui marche à mes côtés.