➠ 𝘉𝘳𝘺𝘢𝘯𝘯𝘢
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20 h 05, Barrio El Poblado, Medellin, Colombia.
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Arrivée devant la grande propriété, un sourire illumine mon visage. Je suis impatiente de rencontrer Santiago en personne, et cette pensée me donne déjà des frissons.
Sharp est particulièrement séduisant ce soir, et jouer la comédie avec lui ne sera pas difficile. Je pourrais même jouer le jeu jusqu'à le baiser sur une table, si nécessaire.
Le gardien me demande une pièce d'identité, et je panique un peu. Si elle est fausse et qu'il s'en rend compte, ça pourrait mal tourner pour moi. Je sors la pièce de mon sac avec difficulté et la lui tends.
La gaffe que j'ai faite à la réception se paye maintenant, car mon nom de couverture était Antonia, pas Anastasia. Je suis la seule capable de faire ce genre d'erreur...
Je panique légèrement quand Sharp me fait remarquer ma bourde. Je lui invente rapidement un mensonge.
Si Nico l'apprend il va rigoler et je pari qu'il me sortira "je le savais"
Je panique légèrement quand Sharp me chuchote à l'oreille pour m'en faire la remarque. Je lui invente rapidement un mensonge.
Tu pense qu'il va avaler cela ?
Bien sûr qu'il va le digérer comme un con.
J'observe l'intérieur de la salle, remplie de monde. Ce sont sûrement tous des mafieux. Je pourrais me faire des contacts, mais je ne suis pas assez calée pour savoir qui sont nos ennemis, alors je dois faire attention.
Je prie intérieurement pour que personne ne me reconnaisse. Ce qui est formidable, c'est que comme je suis nouvelle dans le réseau de Nico, peu de personnes connaissent l'ombre de mon existence.
Nous avançons vers un groupe d'hommes, et je reconnais Santiago quand il vient tapoter le dos de Sharp.
Il est exactement comme je l'avais imaginé : un homme d'une cinquantaine d'années, au charisme indéniable. Son visage est marqué par les années, mais cela ne fait qu'ajouter à son aura mystérieuse et imposante. Ses cheveux noirs, autrefois abondants, commencent à grisonner, mais ils sont toujours soigneusement coiffés en arrière. Son regard intense, encadré par des sourcils épais, semble toujours percer à travers les gens. Il a un nez droit et des lèvres fines, souvent étirées en un sourire ironique. Son allure est élégante, vêtu de costumes sur mesure qui soulignent sa stature imposante. En somme, il évoque l'image d'un homme puissant et charismatique, à la fois respecté et redouté dans son entourage. Il tient un cigare sur le coin de la bouche, tel un vrai mafieux.
Au départ, j'étais légèrement impressionnée, mais je me suis rapidement reprise, prenant un ton confiant.
Pour une raison que j'ignore, j'ai la sensation que Sharp est beaucoup moins à l'aise que moi, alors qu'il devrait avoir l'habitude de tout cela. Il a le regard fuyant et les pieds qui bougent d'une manière qui montre qu'il ne souhaite qu'une chose : partir.
Les gens autour de nous tiennent tous à boire et nous observent comme si nous venions d'une autre planète.
Je déteste être observée de cette manière.
Après ce moment qui n'était pas désagréable, nous passons au groupe de femmes, qui ont toutes l'air détestables. Et je ne m'étais pas trompée, car elles commencent toutes à m'offenser comme si je n'étais pas présente devant elles.
Je me retiens, respire...
Sharp ne dit rien, il ne me défend pas, mais je n'ai pas besoin d'être défendue.
Merde...
Sans même que je m'en rende compte, je suis déjà en train de la frapper. J'avais besoin de le faire pour enlever cette poussée d'adrénaline en moi, et plus je la frappe, plus j'ai envie de continuer. C'est ça mon problème.
Un homme m'attrape par la ceinture et me soulève, ne me laissant pas continuer cette satisfaction que je ressens. Ses copines l'emportent plus loin, et c'est là que son vieux mari se ramène.
Allez, viens toi aussi, je vais m'en occuper !
Il pointe son arme vers moi, sûrement dans l'intention de me faire peur, mais à force de traîner au milieu d'un monde où il n'y a que cela, je ne réagis pas. Au contraire, cela me provoque juste. C'est à ce moment-là que Sharp décide enfin de l'ouvrir.
Peut-être qu'il ne voulait pas se mêler des affaires de femmes, mais maintenant qu'un homme intervient, il se dit que c'est à lui de prendre les choses en main.
Sharp lui tire dessus sans une once de morale, mais sincèrement, l'autre l'a bien mérité. Je pense que c'est un homme qui n'a pas de patience. Il n'a pas crié, il a agi, avec un calme qui me donne presque le frisson.
J'ai l'impression qu'il ne faisait pas attention à moi jusqu'à ce qu'il me menace, comme s'il ne supportait pas les menaces.
Il se tourne vers moi, gardant un visage calme, jusqu'à ce qu'il pose son regard sur mon visage. Cette fois, c'est lui qui accroche son regard au mien, mais j'ai l'impression qu'il va faire un malaise. Je ne sais pas si ce n'est qu'une impression, mais ce que je vois dans ses yeux, c'est de la terreur.
Mais un homme comme lui a l'habitude de tout cela, alors je ne comprends pas. La seule chose que je sais, c'est qu'il a besoin de s'isoler.
Je m'approche de lui et lui attrape le bras. Je nous dirige vers les toilettes que je trouve par chance. Il s'appuie contre le lavabo, et cela me rappelle notre première rencontre.
Je prends de l'eau froide et lui en mets légèrement sur le visage et les cheveux. Il est bouillant. Peut-être qu'il a de la fièvre ?
— Sharp ? Tu vas bien ?
Il ne dit rien et passe sa main sur mon visage. Sur son doigt, il y a du sang qui apparaît. Je fronce les sourcils, et quand mon regard croise le sien dans le miroir qui est derrière lui, je comprends que je suis blessée.
Je saigne. La conne m'a sûrement griffé, mais je ne ressens rien quand je me mets en colère. Généralement, je ne me rends pas compte de mes blessures.
— Toi, tu vas bien ?
Je sens son souffle chaud contre mon visage. Je dépose une main sur sa jambe, je suis entre ses cuisses, et là, j'ai juste une envie : l'embrasser. Qu'est-ce qu'il est beau, putain.
J'approche ma bouche de la sienne, et quand je suis si près du but, il dit presque paniqué :
— Je suis gay !
Douche froide. Toute la tension et l'excitation que j'avais en moi redescendent. Je recule aussi rapidement qu'il me l'a annoncé.
— Excuse-moi alors...
J'ai failli m'étouffer avec ma propre salive en parlant.
Il est gay ?
Je ne peux pas y croire... Un homme comme lui ? J'ai lu beaucoup de choses, mais généralement, les protagonistes ne finissent jamais avec un gay...
Pourquoi tu parles de finir alors que tu es sensée le tuer ?
C'est donc pour cela qu'il n'a jamais ramené de femme dans ce genre de fête. Et bien sûr, il ne peut pas dire une telle chose à son parrain, car il risquerait de le tuer à la seconde.
Je ne le juge pas, hein, mais je suis quand même triste. C'est du gâchis, là...
Ou peut-être qu'il dit cela parce que je ne l'attire pas ?
Non, non, ce n'est pas ça.
Je pensais que cette soirée m'apporterait quelque chose, mais finalement, j'ai perdu tout moral là.
— Je comprends mieux pourquoi tu voulais une fausse petite amie. Du coup, c'est plus logique maintenant, mais ne t'inquiète pas, je vais t'aider. Je viendrai te voir souvent, et tout ce qu'une petite copine ferait de ton côté, tu seras tranquille.
Bon, j'avoue que c'est une excuse. Comme ça, je pourrais venir chez lui quand je le souhaite, et peut-être qu'à un moment où je me retrouverais seule, je pourrais fouiller.
— Merci.
Il détourne le regard, fuyant le mien. Ses joues sont teintées de rose. Je l'ai vraiment mis dans une position qui le rend mal à l'aise.
Quand j'allais rouvrir la bouche pour prononcer une nouvelle excuse, quelqu'un frappe trois fois à la porte.
— Mon fils, tu te sens bien ?
— Oui, oui.
Il part ouvrir la porte sans me regarder. Encore une fois, il m'évite, et cela me gêne. J'envoie un message à ma sœur rapidement en écrivant "il est gay :)"
— Suis-moi.
Les deux partent dans une pièce qu'ils referment derrière eux. Bien sûr, je ne vais pas perdre une occasion d'écouter aux portes.
Le boucan effectué par les invités au salon couvre leurs voix, alors je dois me forcer à me concentrer sur leurs deux voix.
— C'était quoi cette réaction après avoir tiré ?! Je t'ai déjà dit de ne pas faire tes crises devant tout le monde.
— Parce que tu crois que je contrôle cela ?!
Des crises ?
C'est vrai que j'étais sur le point de lui appeler une ambulance tellement il était devenu pâle d'un seul coup, mais bon, ce n'est pas si grave, si ?
— Et bien, si tu n'arrives pas à contrôler cela, tu n'as qu'à prendre les médicaments que l'on t'a prescrits.
— Mais tu sais que je suis contre toutes ces merdes.
— Et bien, tu te débrouilles. Mais ce genre de réaction de femmelette, je ne veux plus les voir. Tu es un homme, sûrement ma succession, alors tu dois donner l'exemple.
J'entends des pas se rapprocher de la porte, alors je pars en courant, essayant de ne pas faire de bruits.
Malheureusement, je me prends le pied dans ma robe, et je tombe.
Putain...
— Anto, Anastasia ! Ça va ?
Mon cœur rate deux battements. Il l'a fait exprès ? Non, non...
— Petite ?
Je garde les yeux fermés, encore au sol, réfléchissant rapidement à ce que je vais encore bien pouvoir inventer pour justifier ma présence.
— Je...
Je me relève.
— Je t'attendais pour partir.
— Oh oui, désolé, j'arrive.
Ok, il ne me demande pas ce que je fais là... Peut-être qu'il m'a crue ?
— Allons-y.
— Bonne soirée, très cher parrain, dis-je en souriant, sourire qu'il me rend.
Sharp me presse le pas, traversant toute la foule en me tirant par le bras. Je me prends un homme en plein face, et je ne vais pas mentir, il me fait peur. Il doit faire deux mètres de plus que moi, il grogne, mais me laisse passer.