DÉPENDANTES [ L'émeraude des...

By tymlor

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C'était il y a 250 ans... Une guerre sans précèdent a plongé les Sept Royaumes dans le chaos. Depuis, les fem... More

Introduction
La carte des Sept Royaumes
Articles 1er
Article 2
Article 3
Article 4
Article 6
Article 7
Article 8
Article 9
Article 10
Article 11
Article 12
Article 13
Article 14
Article 15
Article 16
Article 17
Article 18
Article 19
Article 20
Article 21
Article 22
Article 23
Article 24
Article 25
Article 26
Article 27
Article 28
Article 29
Article 30
Article 31
Article 32
Article 33
Article 34
Article 35
Article 36
Article 37
Article 38
Article 39

Article 5

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By tymlor




Toute prétendante qui n'aura pas été choisie avant sa vingt-sixième année, ou toute Dépendante rejetée par son Protecteur, rejoindra le Réseau. Elle y servira pour honorer le Royaume selon le bon vouloir du sexe fort.





    Camille m'a été livré le lendemain de la Sélection, dans la plus grande des discrétions. Si quiconque venait à savoir qu'elle était arrivée aussi tôt, sans aucune modification, cela aurait créé un scandale sans précédent qu'il est préférable d'éviter.

    C'est ainsi qu'elle se retrouve dans le premier salon avec moi et mes plus proches amis, silencieuse sur l'un des sofas bleus qui trônent au milieu de la pièce ridiculement grande. Elle n'a pas dit un seul mot depuis son arrivée et je me garde volontairement de lui donner la parole pour voir jusqu'où son obéissance est capable d'aller. Je suis presque déçu quand, au milieu d'une conversation la concernant, Camille se contente de lisser sa longue robe en ignorant les déblatérations de mes amis.

    Pour être honnête, je ne l'ai pas reconnue tout de suite. Les portes du manoir se sont ouvertes sur une femme complètement différente de mon souvenir et ce n'est pas uniquement sa frange qui fait le change. Pour commencer, elle n'est pas nue. Il y a une grande différence entre une femme nue et une qui porte une robe si couvrante que c'est à se demander si elle a un corps. Les incohérences de ce royaume ne cesseront donc jamais.

— Tu n'aurais pas dû, maintenant que tu as joué le jeu plus personne ne voudra te suivre.

    Debout devant l'âtre de la cheminée, Lisa s'évertue à me donner tort.

    Elle est une rebelle et ce depuis sa naissance, quand sa mère a refusé de la remettre à l'Institut en cachant jusqu'à son existence. Elle a déposé ce bébé à la Braise, s'en remettant à la rébellion pour avoir l'illusion d'une liberté pourtant bien aléatoire.

    Lisa est ce que les Royaumes considèrent comme un poison et l'individu par excellence que les communicants tentent de traquer sans relâche. Seul Nicolas fait exception, et même si cela a été difficile au début, ils commencent sincèrement à s'apprécier malgré l'esprit de contradiction maladif de ce petit bout de femme aux allures de lutin.

— Il était essentiel que j'assiste à la Sélection et tu le sais très bien, je proclame, sur de moi.

— Essentiel pour qui ? Le roi ?

— Ne sois pas si bornée, il était trop tôt pour faire quoi que ce soit.

    Lisa souffle et tourne sur elle-même, excédée. Ses manières presque exagérées ont tendance à me rendre fou, mais je ne lui en fais pas la remarque. Elle ne peut pas comprendre, nos responsabilités ne sont pas les mêmes.

— Avoue que tu voulais une Dépendante toi aussi, que le pouvoir ça t'excite ! crache-t-elle à mon égard. Après tout tu seras bientôt roi. C'est vrai ce que Nicolas m'a dit, tu as refusé de l'écouter ? Tu as réellement pris le risque de décider par toi-même ?

— Ne me manque de respect.

— Je n'oserai pas, Monseigneur, balance-t-elle en faisant une courbette qui a autant de valeur que la liberté des femmes dans les Royaumes.

— Pas maintenant, Lisa.

    Je lui fais les gros yeux jusqu'à ce qu'elle comprenne le problème, à savoir ma dépendante immobile sur le canapé. Et si elle est bien silencieuse, cela ne veut pas dire qu'elle est sourde —au contraire. Ceux qui se taisent sont ceux qui écoutent le plus. Non pas que je n'ai pas confiance en elle, disons juste que je ne la connais pas. Comment accorder sa confiance à quelqu'un qui a été élevé par un royaume que je m'évertue à haïr chaque jour un peu plus ? Qui me dit qu'à la première occasion, elle n'ira pas répéter aux sbires du roi toutes mes petites conversations informelles ?

    Nous prenons bien trop de risques. Lisa n'a jamais su se taire, elle est dangereuse et j'ai été idiot de croire qu'elle saurait se tenir devant Camille.

— Je voulais une dépendante car il est de mon devoir d'en avoir une. Je l'ai choisie car personne d'autre que moi ne peut le faire à ma place et je te serai reconnaissant de l'appeler Camille, c'est ainsi qu'elle se nomme.

— A son niveau, elle ne s'appelle pas. Elle se siffle.

    Je me retiens d'exploser au moment-même où les mots sortent de la bouche de Lisa. Elle se trompe de combat en rejetant la faute sur Camille qui n'a jamais eu le choix d'être la dépendante de qui que ce soit. Lisa se trompe souvent de combat et sa fougue aurait pu lui porter préjudice de nombreuses fois si elle n'était pas si bien entourée.

    Je m'apprête à lui en faire la réflexion quand je prête attention à Camille. Celle-ci se redresse et fixe d'un regard que je ne saurai décrire celle qui vient ouvertement de l'insulter. Ses yeux verts sont insondables, sa bouche tremble et ses petits poings serrent le coussin bleu comme s'il était la gorge de Lisa.

    Par réflexe, je regarde Nicolas qui, sans surprise, fixe Camille. Un sourire en coin vient étirer sa bouche et je sais qu'il est en ce moment même en train d'essayer d'entendre la moindre de ses pensées.

— Camille, vos pensées me dérangent, annonce Nicolas sans détourner les yeux du visage de ma dépendante.

    Ses poings se décrispent comme si elle sortait d'une transe un peu particulière et doucement, elle se met à baisser la tête en direction de Nicolas. Moi, je ne comprends rien. A-t-elle pensé assez fort pour qu'il entende enfin ? A quoi pensait-elle ? Je donnerai cher pour le savoir.

    Dans le silence assourdissant de la pièce, je ne m'attendais pas à entendre le son d'une voix douce s'excuser platement d'une chose aussi simple que le fait de penser :

— Veuillez m'excuser, monsieur.

    Des excuses. Pourquoi ? A quoi pensait-elle qui nécessite de s'excuser ?

    Par tous les Sept Royaumes, offrez-moi son cerveau sur un plateau, j'ai besoin de savoir. Jamais le don de Nicolas ne m'a paru aussi agaçant.

— Ce n'est pas à moi que vous devez des excuses, mais à votre protecteur.

    Alors, Camille se lève et fait la révérence devant moi, ses genoux presque au sol.

— Acceptez mes excuses, Monseigneur.

    Lisa grimace tandis que je reste interdit, le cerveau bouillonnant.

— Comment voulez-vous que je les accepte alors que j'ignore votre faute ?

— Mes pensées sont interdites, Monseigneur. Cela ne se reproduira pas, je vous en fais la promesse.

    Cette fois-ci, ses genoux sont réellement au sol, ce qui me fait dire que ses pensées étaient, de toute évidence, bien au-delà de l'interdit. Il existe de nombreuses interdictions toutefois, comment savoir de laquelle il s'agissait ?

    Je pourrais lui dire de se relever, l'excuser et passer à autre chose. Je pourrais le faire, mais je ne le fais pas. J'ai envie de savoir, d'entrer dans sa tête et pour se faire, il faut que j'abuse de mon autorité. Je culpabiliserai plus tard quand, seul dans mon lit, je réaliserai que je ne suis qu'une espèce de maniaque du contrôle qui essaie de se faire passer pour quelqu'un de bien alors que je manipule les gens plus que je ne les considère.

— Dites-moi vos pensées.

Monseigneur...

    Elle se baisse tant que j'en viens à me demander à quel moment son front touchera le sol.

— Dites-lui ou je le ferai, ajoute Nicolas d'un ton sévère. Croyez-moi, votre protecteur sera plus clément si l'aveu vient de vous.

— Nico, ça suffit ! l'avertit Lisa en faisant un pas en avant, avant que je ne l'arrête brutalement, me glissant entre elle et Camille afin de la dominer de toute ma personne.

— Parlez, ne vous faites pas prier.

Monseigneur...

    Son corps prostré est à mes pieds, ses yeux fixent le sol et ses mains s'étendent à plat sur le parquet, étirant son dos qui m'est présenté. Elle m'est soumise comme je m'étais promis qu'elle ne le serait jamais et je suis là, debout devant elle, à profiter de ma position de force pour obtenir d'elle la seule chose qui devrait n'appartenir qu'à elle ; ses pensées.

    Mais le besoin qui brûle dans mon corps me fait oublier mes plus grandes promesses et si je dois être son maître pour qu'elle parle, je ferai preuve d'autorité. Jusqu'où serai-je capable d'aller ? Mon cœur se serre à cette pensée. Elle parlera. Elle confirmera que j'ai fait le bon choix.

— Je vous ordonne de parler.

— Je n'appréciais simplement pas les propos de Madame.

— Les propos de Lisa?

— Oui.

— Est-ce tout?

— Je regrettais mes années à l'Institut.

— Ce n'est que de la nostalgie.

    Un peu déçu des aveux ô combien insignifiants de Camille, je me recule avant que Nicolas ne prenne la parole :

— Elle ment.

Monseigneur, comme vous l'avez dit, ce n'était que de la nostalgie.

— Pourquoi auriez-vous voulu rester à l'Institut? insiste Nicolas, s'avançant à côté de moi, prenant un air froid que je n'aime pas sur son visage.

— Dans quatre années, j'aurai été libre, Monsieur.

    Je fais les grands yeux, refusant de comprendre l'évidence. Parce que là où toutes les prétendantes craignent leur vingt-sixième année plus encore que la violence des sanctions de l'Institut, Camille l'attend avec impatience, voyant dans cet anniversaire une forme de... liberté ?

    Certes, une femme ne peut plus être prétendante lorsque sa vingt-sixième année est entamée, mais cela ne veut pas dire qu'elle est libre pour autant —au contraire. Et cette façon si naïve de croire qu'elle aurait pu avoir un meilleur avenir si je ne l'avais pas choisi me prouve qu'elle ne sait rien de la vie en dehors de l'Institut ou, dans le pire des cas, que sa névrose est bien plus importante que prévu.

    Je l'ai sauvée, qu'elle ne l'oublie pas. Qu'elle ne me prenne pas pour son persécuteur alors que ma bonne action résidait au simple fait de la faire sortir de cet Institut avant qu'elle ne rejoigne le Réseau et toutes les joies qui vont avec.

— Dans quatre années, parlez vous de vos vingt-six ans ? Vous parlez de l'année où vos maîtres vous aurez fait rejoindre le Réseau, vous jugeant trop vieille pour être choisie par un protecteur ? je demande, avançant de nouveau devant elle en prenant garde de ne pas écraser ses mains qui épousent toujours le sol à mes pieds.

— Oui, Monseigneur.

— Savez-vous ce qu'est le Réseau ?

— Oui, Monseigneur.

    De toutes les réponses qu'elle pouvait me donner, celle-là n'est définitivement pas la bonne. Comment pourrait-elle avoir envie de rejoindre le Réseau alors même qu'elle sait ce qu'il représente ? Quelle prétendante pourrait préférer cet avenir à celui que pourrait lui offrir un protecteur ? Certes, il n'y a dans les deux choix aucune place pour la liberté, l'un n'est que dépravation tandis que le second assure leur protection. La liberté ne s'acquiert pas par le don de soi. Camille n'y connait rien, le Réseau n'est pas ce qu'elle attend.

    Le réseau est celui de la prostitution, c'est un endroit un peu reculé de la capitale où les prétendantes qui ne peuvent plus prétendre l'être deviennent les outils d'une société en déclin pour que les hommes sans vergogne puissent assouvir leurs désirs les plus sordides. Les femmes qui prennent place au sein du réseau sont considérées comme des déchets. A défaut d'être exilées dans une des trois îles au Sud, elles deviennent des objets sans aucune valeur si ce n'est celle qu'acceptent de payer leurs bourreaux.

    Certaines étaient des prétendantes qui ont passé l'âge de l'être, d'autres sont des dépendantes rejetées par leur protecteur. Enfin, certaines d'entre elles sont des rebelles de la Braise —du même acabit que Lisa—, repérées par l'un des communicants d'Avia.

    Toute rémunération perçue par la vente de leur corps sert la capitale, plus le prix est grand plus la souffrance se donne en spectacle devant ceux qui sont venus se réjouir de la décrépitude d'un monde sans saveur.

    L'idée même qu'elle perçoive cet avenir comme une forme de liberté me rend fou, bien plus fou que ceux qui paient une fortune pour avoir le loisir de prendre la vertu d'une vierge à la vue de tous.

    Je m'accroupis et attrape son menton d'une poigne ferme, faisant relever son visage pour qu'elle me regarde enfin, que je puisse lire dans ses yeux toute la folie qui s'y cache. Mais je ne vois rien, sinon du dégoût. A-t-elle bien plus peur de moi de ce que lui réserve la capitale si elle ne se montre pas digne d'être ma dépendante ?

— Alors comme ça la liberté du réseau vous fait envie ? C'est à cela que vous pensez en cette première journée en tant que ma dépendante, vous rêvez d' une vie de liberté enchaînée dans un endroit qui ne vous offrira rien de plus que la nudité en permanence ?

Monseigneur...

— Relevez-vous et regardez-moi.

    Elle obéit, tremblante. Je me lève en même temps qu'elle, sans lâcher son menton pour être sûr et certain que ses yeux ne quittent jamais les miens, qu'elle y lise toute la colère qui m'habite.

— Vous rêvez d'un endroit où, dès votre arrivée, vous serez un cadeau inestimable.

— Qu'est-ce que tu racontes, Valéryan ? me coupe Lisa, surprise de mon discours.

— Tais-toi.

    Cette fois-ci, Lisa n'essaie pas de me contredire. Il est rare que je m'énerve, encore plus que je laisse exploser ma colère sans me contenir. Alors sans doute respecte-t-elle cela, le temps que l'orage passe.

— Vous serez un merveilleux présent, je reprends en serrant le menton de Camille dans ma main. Un présent qui aura tant de valeur que les hommes de ce royaume seront prêts à faire exploser les enchères pour se vanter d'être celui qui vous aura fait saigner pour la première fois, et ça devant une foule qui aura acheté son ticket pour vous voir souffrir, nue sur une estrade, en proie à la virilité des hommes qui vous prendront votre virginité avec une brutalité que vous n'imaginez même pas. Alors oui, Camille, soyez reconnaissante que je vous ai choisie, soyez reconnaissante de vous agenouiller devant moi plutôt que devant des hommes qui vous étoufferont avec leur sexe jusqu'à ce que vous ne soyez plus en état de respirer.

    Elle ne me répond pas. Ni un « Monseigneur », ni même un soupir. Respire-t-elle encore ?

— Et si ce destin vous enchante, dites-le-moi. Je mettrai votre pureté en jeu, nous en ferons un spectacle formidable. Vous perdrez votre valeur le lendemain, tout juste bonne à offrir vos jambes ouvertes à ceux qui n'auront pas les moyens de payer pour une vierge.

— Valéryan, ça suffit.

— Est-ce vraiment suffisant, Nicolas ? Est-ce qu'elle a compris ? je m'essouffle, incapable de reprendre le contrôle.

— J'en suis persuadé.

— Je l'amènerai au spectacle d'une vierge, cette semaine. Je prendrais deux places au premier rang, qu'elle entende les cris, qu'elle sente l'odeur du sang.

— Ce n'est pas nécessaire.

— J'ai décidé que ça l'était, tout comme je décide que le temps n'est plus à la discussion. Allez dans votre chambre, Camille.

    Après avoir décrété que je la rappellerai pour le dîner, Nicolas se porte volontaire pour l'accompagner et moi, je ne décolère pas. Je n'ai pas l'impression d'avoir réussi à l'effrayer, comme si elle pensait que ce n'était que des mensonges pour la faire plier. Elle a suivi Nicolas sans un regard en arrière, une moue dubitative sur son visage pourtant habituellement inexpressif.

    J'ai attendu le retour de Nicolas en silence, lançant des regards noirs à Lisa dès qu'elle tentait, par malheur, d'ouvrir la bouche. Elle n'a pas parlé, boudant dans un coin du salon comme un enfant qu'on aurait puni d'une mauvaise action.

    Quand Nicolas revient enfin, j'ai l'impression de respirer à nouveau. J'ai besoin de savoir.

— Ce n'était pas nécessaire d'aller aussi loin, me rabroue-t-il en s'asseyant sur un des canapés.

— Tu as entendu ses pensées mieux que moi, elle va trop loin.

— Je n'ai rien entendu du tout.

    Je prends quelques secondes pour assimiler l'information qui vient d'arriver. L'ai-je seulement bien comprise ?

— Qu'est-ce que cela signifie ?

— Je ne peux lire son esprit, c'était du bluff.

— Du bluff ?

— Son langage corporel m'a mis la puce à l'oreille, il paraissait évident que ses pensées étaient de l'ordre de l'interdit. Il fallait que je sache et j'ai saisi l'occasion.

— En lui faisant croire que tu avais la capacité de lire son esprit ?

    C'est du génie à la hauteur de mon ami, capable de se débrouiller même quand la situation ne le lui permet pas. Il n'a jamais lu ses pensées, elle s'est trahie toute seule alors qu'elle aurait pu réfuter et garder le silence.

    Je me fais la promesse de ne pas trahir le secret de Nicolas, jamais Camille ne doit savoir que ses pensées sont secrètes.

— Oui, confirme le communicant en hochant la tête. Elle pensait déjà que je pouvais lire ses pensées, ce n'était pas compliqué de jouer sur ce point-là. Mais ce n'est pas le plus important.

— Non, en effet. Comment a-t-elle pu passer tant de temps à l'Institut sans être exilée ? s'enquit Lisa, d'une curiosité presque admirative.

— Sans compter qu'elle ne nous a certainement pas livré toutes ses pensées, seulement les plus... correctes.

    Je fais les cent pas dans le salon, réfléchissant à toute vitesse. Ils n'ont pas pu passer à côté de la défaillance du numéro quatre cent quatre et je doute que Nicolas soit le seul communicant à ne pouvoir lire ses pensées. Ce problème aurait dû les alerter, et même si certains communicants avaient pu lire ses pensées, celles-ci lui auraient valu l'exil. Alors qu'est-ce qu'elle fait là, dans mon manoir, en tant que ma dépendante ?

    Je réfléchis aux paroles du vieillard, sa mise en garde et le silence assourdissant de Camille. Elle n'était pas comme les autres et ils le savaient. S'ils n'ont rien fait, c'était consciemment. Ils attendaient sa vingt-sixième année pour qu'elle quitte le rang des prétendantes et rejoigne le réseau sans éveiller aucun soupçon. Ils savaient que quelque chose n'allait pas avec elle et ils n'ont pas alerté le roi.

— Tu as raison Lisa, confirme Nicolas, ils savaient. Bon nombre de communicants ont dû se heurter au silence de ses pensées, sans jamais oser rien dire. S'ils avaient soulevé ce problème, ils prenaient le risque d'être exilés à leur tour si le roi jugeait leur don défaillant. D'un autre côté... accepter qu'une prétendante puisse garder ses pensées secrètes n'est pas envisageable et nourrirait dangereusement l'espoir des rebelles.

— Alors tu penses que personne n'a pu lire ses pensées ?

— J'en suis persuadé, sinon elle serait morte à l'heure qu'il est.

    Personne n'échappe à l'éducation sans faille de l'Institut. Camille est une erreur qui s'est glissée dans les rouages d'une machinerie pourtant bien huilée. Elle a fait taire les communicants et autres grands de ce monde qui ont refusé de croire qu'un individu du sexe faible puisse avoir quelque chose de plus qu'eux. Les communicants ont dû avoir si peur d'avoir une défaillance qu'ils ont gardé le silence sur la particularité de Camille.

    Elle a survécu grâce à la fierté abusive des hommes de ce monde.

— Alors... elle n'en a même pas conscience ? s'étonne Lisa, les yeux ronds. Elle doit juste croire qu'il s'agit d'une erreur.

— C'est elle, l'erreur.

    Je regarde le ciel bleu de ce début d'hiver à travers la vitre et me surprends à penser que ce choix est sans doute à la fois le pire et le meilleur que je n'ai jamais fait, puis j'ajoute d'une voix claire :

— L'erreur quatre-cent quatre.

👑

Valéryan grosse colère ☠️😂

Vous le sentez venir le chapitre où Camille assiste au spectacle ? 🤢

Je sais qu'il y a beaucoup d'informations au début alors n'hésitez pas à me poser des questions j'y réponds avec plaisir !

Le rythme de publication augmente 🔥
Ce sera le mardi et le vendredi soir !

A très vite ❤️
Insta : Tymlor

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