Calendrier de l'Avent 2022 [T...

By FelicityLovegood01

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Pour cette seconde édition d'un calendrier de l'Avent, je vous propose comme un prolongement du premier, qui... More

Introduction ❄️
1 🎄 La Place des Souvenirs
2 🎄 Chère Arya
3 🎄 La Musique du Silence
4 🎄 Un Symbole d'Espoir
5 🎄Une Promesse Immuable
6 🎄 Un Dernier Noël
7🎄 Un Vœu pour Noël
8🎄 Comme la fourrure d'un Boursouf
9🎄L'esprit de Noël
10🎄 La Magie de Noël
12🎄 Lola Jordan et le réveillon de Noël improvisé, seconde partie
13🎄 L'Envol de Noël
14🎄 Cher petit flocon
15🎄 Une Féerie de Noël
16🎄 Blanche-Neige et le Noël des Sept Nains
17 🎄 Le Bal de Noël
18 🎄 Un Noël au Clair de Lune
19 🎄 Le Concert de Noël
20 🎄 Un Visiteur Impromptu
21 🎄 Mon cher Mirko
22 🎄 Un Souffle d'Inspiration
23 🎄 Le Noël des personnages délaissés, seconde édition
24 🎄 La Parsemeuse de Rêves
Cadeau bonus ✨️
Joyeux Noël 🎄
Réponses à la FAQ ✨
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11🎄 Un Lac de Sérénité

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By FelicityLovegood01

Le vent matinal lui caressant délicatement les joues, Zoey crispa ses doigts sur son précieux contenant dans une vague tentative pour se protéger de cette agression glaciale. Ses tresses heurtaient ses épaules au rythme de ses foulées alors que son bonnet azur entravait les mouvements de ses cheveux châtains tout en réchauffant ses oreilles. Soufflant dans son épaisse écharpe pour réchauffer le bout de son nez plongé entre les mailles, la jeune femme grimpait la colline avec autant d'empressement que d'appréhension. Au moins, il ne neige pas, songea-t-elle en scrutant de ses yeux plissés les rayons du soleil, lumineux mais dépourvus de chaleur, poindre à l'horizon.

Provoquant un doux craquement à chaque pas, ses pieds s'enfonçaient pourtant dans une épaisse couche blanche, vestige des épais flocons tombés des nuages nocturnes. Les rais dorés de l'astre diurne se reflétaient sur la nappe cotonneuse et nimbaient le paysage d'une vive et pure lueur. Éclatante comme la foudre, tendre comme le chant des oiseaux. L'atmosphère hivernale ne dérangeait pas Zoey, mais le contraste entre le froid environnant et la tiédeur que dégageait son corps sous l'effort picotait désagréablement sa peau sous ses couches de vêtements et irritait sa gorge à chaque respiration. Tel un volcan au cœur de l'Arctique, elle semblait bouillir parmi le gel oppressant. Une coulée de lave aussitôt réfrénée par une vague de glace. Un jet de magma figé par le givre environnant.

Avec la volonté de presser le pas, la jeune femme ralentit au contraire la cadence, ses muscles déjà endoloris par la marche énergique qu'elle effectuait. Provoquant un nuage blanchâtre malgré son écharpe de laine, elle expirait de manière plus bruyante à chaque foulée. Bon sang, on dirait une vieille machine à vapeur, se réprimanda-t-elle, déplorant son manque d'endurance. N'ayant jamais été particulièrement sportive, elle tentait cependant de maintenir un exercice physique régulier et d'intensité faible, s'efforçant ainsi à bouger sans pour autant la dégoûter de la pratique. Cependant, ces derniers mois l'avaient détournée de ses habitudes et elle avait préféré employer son temps à rester auprès de sa famille et au chevet de sa mère. On accordait rarement de l'importance à sa propre santé, lorsque celle de ses proches était menacée.

Vicieuse, la maladie avait frappé sans prémices, foudroyant avec puissance et imprévisibilité pour délivrer un diagnostic irréversible, une sentence au caractère inéluctable. Une issue fatale et irrévocable. Sa mère, victime aléatoire de la faux impitoyable de la Mort, avait accepté avec dignité son sort, refusant de lutter vainement face à une force plus oppressante qu'elle, s'interdisant l'espoir de prolonger sa vie au détriment de la présence de ses proches. Zoey, elle, avait pourtant refusé d'abandonner, s'était insurgée face à la renonciation de la malade, révoltée devant l'injustice de la situation... avant de laisser le désespoir et le chagrin la gagner, brisant les barrages de colère qu'elle avait érigés pour les maintenir à distance. Tout va bien, lui avait alors assuré sa mère en la serrant dans ses bras, comme si elle n'était pas celle qui était à plaindre, maintenant, on peut profiter l'une de l'autre.

Atteignant enfin le sommet de la colline, Zoey poussa un soupir pour exprimer le soulagement avec lequel elle mettait fin à son ascension et repoussa ses sombres souvenirs dans les confins de son esprit. Rechignant à abandonner son fardeau même pendant l'espace de quelques instants seulement, elle entreprit d'étirer ses articulations douloureuses en le pressant fermement contre sa poitrine. Alors qu'elle cambrait son dos et ouvrait ses épaules, la jeune femme ferma les yeux et inspira profondément l'air frais et vivifiant que le vent porta jusqu'à elle, comme une bouffée de courage et de soutien. Un souffle d'espoir et de réconfort. Un accès d'encouragement et de résignation.

Elle n'avait jamais réussi à comprendre comment sa mère avait accepté si sereinement la situation. À sa place, Zoey savait pertinemment qu'elle aurait été abattue, qu'elle aurait crié son indignation au monde entier, qu'elle aurait laissé sa colère éclater contre quiconque. Et dans le dos de la malade, elle avait hurlé, rugi, beuglé, tonitrué jusqu'à s'en arracher la voix pour que l'univers sache à quel point la vie était odieuse. Pourquoi persistait-on à la trouver magnifique alors qu'elle continuait inlassablement à voler les personnes qui nous étaient chères, comme un enfant jaloux dérobe les jouets d'un autre ? Mais maintenant, elle savait. Un éclair de lucidité venait de la frapper, là, alors qu'elle s'enivrait du vent glacial et de la légèreté qu'il lui apportait. Le diagnostic n'avait été qu'une confirmation pour sa mère ; au fond, quelque part, elle avait déjà conscience qu'un dérèglement s'était enclenché dans son corps. Et qu'elle n'en réchapperait pas.

Lorsqu'elle rouvrit les paupières, ses rétines furent aveuglées par l'éclat lumineux qui auréolait le paysage. Scintillant sous les rayons dorés du soleil, un lac limpide s'étirait paresseusement sur le plateau couvert d'une épaisse couche blanche. Comme du cristal, il chatoyait au gré des mouvements de l'eau induis par la brise. Tel un miroir aqueux, il reflétait les reliefs qui s'élevaient autour de lui, barrière protectrice ornée de conifères aux épines d'un vert profond. Sur leurs branches, nappées de neige moelleuse, de petites larmes de glace étincelaient lorsqu'elles interceptaient la lumière, tels les vestiges de l'humidité que l'atmosphère glaciale avait saisis pour en capturer la beauté. Comme des guirlandes de Noël, songea Zoey avec une pointe de tendresse.

Requinquée par ce panorama familier, la jeune femme s'approcha de la rive à pas mesurés et s'accroupit, maintenant son fardeau sur sa jambe. Glissant ses doigts à la surface de l'eau, elle frissonna à son contact glacial et humide qui pénétra sa peau jusqu'à ses os. Tremblante de froid et d'émotion, elle observa les ondes se répandre dans l'eau. Des traces ondulantes, grandissantes... éphémères. Réticente, elle repoussait volontairement le moment de faire ses adieux, sachant pourtant qu'elle n'y échapperait pas. Ce n'était pas tant une obligation, mais bien une nécessité. Pour elle-même, pour son entourage... et pour celle à qui elle venait rendre un dernier hommage.

Ouvrant délicatement l'urne funéraire qu'elle transportait précautionneusement, Zoey pinça les lèvres afin de contenir l'émotion qui menaçait de déborder. D'un regard à la fois chagriné et incrédule, elle contempla la poussière grisâtre qui y reposait patiemment, dans l'attente de sa dernière demeure. La jeune femme ne parvenait pas à associer cette myriade de sombres particules à la personne qu'elle avait auparavant constituée. Comment une femme si grande et si fière pouvait être contenue dans un si étroit réceptacle ? Comment tous les souvenirs et les sentiments pouvaient se disputer une place si réduite avec cette poudre volatile ? Les résidus d'un corps, les reliques d'une âme. Les cendres de sa mère.

-Bon, soupira-t-elle enfin. On y est, maman. Tu as décidé de me faire confiance pour choisir l'endroit où tu reposerais définitivement. J'ai pris un peu de temps à trouver, mais... je pense que c'est le bon choix. J'admets avoir pensé à un endroit plus facile d'accès pour que je puisse te rendre visite plus facilement, mais...

Dans un geste visant à se détourner du déchirement de son cœur, Zoey mordilla vainement sa lèvre gercée, espérant remplacer sa souffrance émotionnelle par une douleur physique. Mais tout ce qu'elle obtint fut une sensation de tiraillement et un goût métallique lui envahissant la bouche. Elle se sentit tellement ridicule à grimacer sous l'effet que produisait ces quelques gouttes de sang sur ses papilles que, loin d'atténuer son chagrin, elle ne l'accentua que davantage. Comme si les bras de sa tristesse s'étaient soudainement enroulés autour d'elle pour la plonger dans les abysses du la douleur et du désespoir.

-Enfin, je sais combien tu aimais ce lac, et je suis convaincue que tu aimerais le contempler pour l'éternité, reprit-elle, la voix tremblante. Tu sais que je ne suis pas douée avec les mots et que je déteste les au revoir, donc je pense que tu ne m'en voudras pas de ne pas faire un long discours. Mais je peux au moins dire ça : je t'aime, maman. Je t'ai aimé depuis mes premières secondes de vie, et je t'aimerai jusqu'à mon dernier souffle. Tu as été mon modèle, ma confidente, ma guide ; celle qui m'a aidé à ramasser, à réassembler, et à consolider les morceaux de mon cœur sans jamais t'en lasser, celle qui m'a permis de traverser des tempêtes et des raz-de-marée. Tu as toujours cru en moi, même quand je ne te facilitais pas la vie ; tu as été à mes côtés quand j'en avais le plus besoin, même quand je ne le savais pas moi-même.

Alors qu'elle interrompait le flot de mots qui s'échappaient de ses lèvres pour prendre une profonde inspiration, ses yeux s'humidifièrent brusquement, comme si les nuages obscurcissant son cœur s'étaient soudainement envolés vers son esprit pour déverser l'humidité qu'ils emprisonnaient. Reniflant avec peu d'élégance, la jeune femme glissa sa manche sur le bout de son nez pour le réchauffer, comme si le froid était seul responsable de son encombrement nasal. Comme si elle ne déversait pas un discours d'adieux qui lui perforait le cœur et l'âme. Comme si ses pleurs étaient injustifiés et qu'elle tentait de convaincre son public végétal qu'elle ne profitait pas du silence et du calme des lieux pour épancher sa peine.

-Tu n'as sûrement pas été parfaite, maman, poursuivit-elle sans pouvoir contenir les sanglots transperçant sa gorge, parce que personne ne peut l'être. Mais tu as été une mère au-delà de tout ce qu'on peut espérer. Alors, merci. Merci de tout mon cœur pour m'avoir offert ton amour et ta confiance, ta bienveillance et ta force. Tu seras toujours l'exemple sur lequel je me fonderai pour avancer, l'image que j'aurai en tête pour essayer de transmettre de belles valeurs autour de moi. Tu me manqueras terriblement tout le restant de ma vie.

Les doigts tremblants, Zoey agrippa plus fermement encore l'urne glacée et se redressa sèchement. Telle une biche bondissant vivement pour échapper à un prédateur, elle retourna le contenant d'un geste inopiné, mue par le besoin aussi soudain que brutal de se débarrasser de cette tâche, de sa tristesse, de sa douleur. Une cascade de poussière noire se déversa dans le miroir chatoyant de l'eau, une affluence de regrets et d'amour qui rejoignit la surface du lac en une explosion muette de chagrin et de soulagement. De pleurs et de relâchement. Une avalanche de contradictions aussi douloureuses qu'apaisantes.

Les cendres les plus lourdes se mêlèrent rapidement à l'onde claire et pure de l'étendue liquide alors que d'autres se complaisaient à flotter, à se délecter des rayons du soleil, avant de couler paisiblement vers les profondeurs. Un nuage sombre et translucide lévitait à l'endroit où les deux éléments s'étaient fondus en un, comme un écho de ce qu'ils constituaient avant leur union, un souvenir de ce qu'ils n'étaient plus. Un moment suspendu, emporté par la brise douce et murmurante qui balaya le paysage avec autant de tendresse qu'une mère glisse ses doigts dans les cheveux de son enfant. L'harmonie d'une âme qui avait tant résonné avec la nature et qui fusionnait enfin avec elle.

Sans savoir à quel moment elles avaient commencé à couler, la jeune femme sécha maladroitement les larmes piquantes qui maculaient ses joues. Des rivières de deuil brûlant, des fleuves de souvenirs chéris. Des torrents de manque et de gratitude, l'écoulement de sentiments dissonants. S'efforçant d'adresser un sourire au lac que sa mère avait tant couvé du regard, Zoey ramassa le couvercle et le déposa sur l'urne, lui apportant ainsi un sentiment d'accomplissement. Et seulement alors, une forme de sérénité l'envahit. Minuscule mais indéniablement présente. Imprégnée de tristesse et de souffrance. Un équilibre aiguillé, une quiétude épicée. Tel un chocolat chaud réconfortant accueilli par une gorge aux amygdales gonflées. Doux et piquant à la fois. Apaisant et tourmenté.

Alors, elle sut qu'elle était en accord parfait avec sa décision ; cet endroit et ce moment convenaient à la femme qui l'avait élevée. C'était une alliance entre l'acidité du gel et la délicatesse de la neige. Une communion entre l'espièglerie de la glace et la beauté du lac. Un hymne à la malice et à la pureté. Un mince sourire aux lèvres et les yeux brillants de perles salées, la jeune femme souffla ces mots que le vent emporta pour les diffuser jusqu'au ciel :

-Au revoir, maman. Joyeux Noël.

************

NDA : Bonjour, tout le monde !

J'espère que vous allez bien.

Je ne peux vous dire d'où m'est venu ce texte, il... il m'est venu, c'est tout. Parfois, j'ai une image qui me tombe dessus, comme ça, ça que je ne m'y attende. Et j'ai besoin d'arriver à composer autour. Ici, j'ai eu l'idée de cette jeune femme déversant des cendres dans une étendue d'eau, et... voilà. J'ai essayé. Je traite beaucoup de deuil, ces derniers temps, entre ce texte-ci, celui sur Thomas et Mona, mon texte d'Halloween... J'ignore pourquoi. Mais c'est comme ça, pour l'instant. J'essaie de traiter de la vie sous tous ses aspects, et malheureusement, ça en fait partie.

J'espère sincèrement que ça vous aura plu.

N'hésitez pas à laisser votre avis.

Merci pour l'accueil que vous avez réservé à ma petite Angie, hier. J'ignorais à quel point elle me tenait à cœur avant de relire son texte pour en préparer la publication.

Je sens bien que je vous épuise, avec ce calendrier ; vous êtes de moins en moins nombreux, et je sais que mes textes longs découragent. Je m'en excuse. Mais je vous remercie d'être toujours là.

Je commence à être à cours de pâtisseries à vous envoyer, alors aujourd'hui, je vais me contenter de bisous et d'arcs-en-ciel.

Prenez bien soin de vous <3

PS : "Can you hear the sound of laughter, Fa la la la la"

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