"Vous sortez du parc naturel de Gymoli,
Mont Roé,
Altitude : 1850 mètres."
La fraîcheur de la fin de journée est en train de s'abattre sur les hauteurs vallonnées. Mes jambes commencent à être douloureuses. Je profite d'une pause pour refaire les lacets de mes chaussures de randonnée, pourquoi pas boire quelques gorgées d'eau. Une fois accroupis, une marque au sol attire mon regard... Mes doigts balayent la terre tassée.
Un ours. Il a dû passer ce matin.
Ce n'est pas certain qu'il soit la réponse de ma sortie d'aujourd'hui, mais c'est un risque à prendre lorsque l'on ne sait pas ce que l'on cherche.
Il va possiblement pleuvoir, car je sens la lourdeur du pétrichor me titiller le nez. Ça ne m'arrange pas. Sous la pluie, les traces d'animaux s'effacent et je ne peux pas me permettre de rentrer une nouvelle fois au bureau bredouille.
J'en grogne de dépit. Le début du mois de juin est souvent humide dans la région. C'est le moment pour la montagne de se gorger d'eau pour ne pas étouffer sous le soleil d'été toute la saison. L'odeur de l'océan n'est jamais très loin non plus pour qui sait la distinguer. Un peu comme une métaphore pour prendre des forces et se préparer à l'arrivée des touristes et leurs déchets.
Il faut que je me dépêche.
Je suis presque à la lisière de la forêt du lac Ilman. Quelque chose me dit que cet endroit reculé me donnera tous les indices dont j'ai besoin pour comprendre quel animal a obligé un troupeau de brebis entier à se jeter d'un précipice. Sans oublier les deux chevaux retrouvés éventrés dans leur pré, la semaine précédente. La prédation n'a jamais été aussi proche des humains.
Je dois trouver des réponses.
C'est déjà bien assez frustrant de voir que le peu de solutions que l'on a au village ne fonctionnent plus. Les chiens de troupeaux, les bergers armés, les clôtures électriques... Rien. J'ai fait tout ce que j'ai pu pour aider. Mais dorénavant, il nous faut des solutions.
Ours et loup sont mes premières pistes. Notre vallée est un coin préservé et immaculé, mais mère nature et le climat changent, ce qui fait que les prédateurs recherchent davantage de quoi se nourrir et s'approchent des terres. Il ne passe plus une saison sans que je ne doive recueillir les preuves et traces des prédateurs qui grignotent l'espace de travail de l'humain.
Que se passe-t-il ?
Un frisson me traverse l'échine quand je sens une goutte me tomber sur la tête alors que j'arrive à destination. J'ai une drôle d'impression. La montagne est ma maison. Je la foule et la traverse depuis mon enfance. Seulement... j'ai le sentiment que l'on m'épie.
Ne sois pas stupide, Étann. C'est impossible.
Personne ne serait capable d'atteindre ces endroits aussi reculés. Il n'y a pas âme humaine à des kilomètres à la ronde. J'ai dépassé les limites des chemins tracés et guidés des cartes de randonnée. Seuls des marcheurs chevronnés peuvent atteindre cette zone de montagne.
Je décide de m'installer ici, en sécurité sous les branches d'un pin qui a probablement des centaines d'années. Je dépose mon sac contre le tronc puis défait le matériel de camping. Ma tente n'a qu'une place mais est très douillette. Je ne dois pas tarder avec l'arrivée de la pluie si je ne veux pas dormir trempé.
Aie.
Un des arceaux vient de se défaire des scratchs de la toile et m'a coupé la joue. Je monte une main au visage pour vérifier et... ouais, je saigne. Heureusement, j'ai pris ma trousse de secours. Elle est dans mon sac. Une branche craque derrière moi et je me retourne. Je lorgne les arbres autour de moi... mais non, il n'y a rien. Je sursaute quand soudain s'élève un bruit au loin. Comme un cri, perdu dans la densité feuillu.
Un humain ?
Je dégaine mon couteau de ma ceinture et me colle, dos à l'arbre. Je tourne autour et reste à l'affût, la main levée. Sur ma gauche, les feuilles fouettent mes oreilles et les branchages se brisent. Un grognement effroyable me fait frémir quand devant moi, un énorme loup noir, digne des terrifiantes légendes que mon père me racontait petit, court dans ma direction. Je me fige.
Je n'ai pas le temps de l'observer davantage ni de réagir que mon flanc est soudain arraché. Un hoquet m'échappe. Le sang baigne mes vêtements et le loup disparaît de ma vue alors que je tombe à genoux.
Comment est-ce possible ? Je ne l'ai même pas vu.
Mon couteau s'échoue au sol. Ma vue se trouble et je ne sais plus si c'est la pluie ou la peur qui me guide vers les ténèbres. Mon épaule plie sous les crocs qui viennent de disloquer l'os dans un cri que je ne me rends pas compte avoir poussé. La mare de sang s'agrandit. Mon souffle se bloque dans ma gorge.
Je réalise à peine. Je vais mourir. Impossible de combattre la souffrance insupportable qui déferle dans tous mes membres. Quelle est cette bête ? Je dois m'enfuir.
Mes lèvres tremblent et ma poitrine supporte tout juste les saccades qui la traversent. Quand j'arrive enfin à me concentrer pour implorer de l'aide en regardant autour de moi, je suis seul bien sûr. Seulement, mes yeux s'écarquillent de stupeur quand un homme d'une chevelure noire corbeau sort des feuillages.
C'est impossible. Je dois courir. La totalité de mon corps adjure de tout faire pour m'en sortir. L'instinct de survie probablement. Mais le regard noir et froid que j'ai en face de moi me glace le sang. L'image de la bête sauvage qui vient de m'attaquer s'emmêle à cet homme. J'hallucine et la douleur fulgurante me brûle davantage.
C'est terminé. Je vais mourir. Un genou au sol, je ne peux m'empêcher de lever les yeux vers le ciel et de quémander son salut. Mais je suis en pleine montagne et tout le monde sait bien que celle-ci donne tout autant qu'elle reprend. Elle est impitoyable.
Tant pis.
Quand elles arrivent, j'accueille les ténèbres non sans soulagement. Le fantôme d'un animal sauvage me guettant sans relâche.
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Les amis !! 🤯 L'histoire est en troisième page sur Fyctia et pas loin de passer en seconde 😱(sur 275 histoire en lice.). Je n'ai pas l'habitude de trop me prendre la tête avec les classements mais c'est juste ouf ce qu'il se passe !😅
Dans la nuit, il y a quelques personnes qui sont passé et qui ont voté sur chaque chapitre et ça a fait remonté l'histoire avec fulgurance. Merci 🙏❤️
On se dit donc à très vite pour un nouveau chapitre. (Je m'attendais pas à poster aussi vite ❤️)
Vous on vous dit de voter pour des chapitres, vous dégainez les clics 😂😂 Merci encore. Je rigole mais je prends pas votre investissement à la légère ❤️
Merci 🙏🥰
Dites moi ce que vous avez pensé de ce début d'aventure... Bébé Étann, c'était pas son jour 😭. Je vous mentionne pas qui est le fautif, vous le savez déjà hein ? 🌙
Awuuuuu !!!!!
💛