« On te connait Ezel, tu es le premier à stresser pour ce genre de chose. La preuve étant que dans la salle de permanence tu étais bien trop silencieux. »
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Après être arrivé en retard en cours avec Lizéa, je profite de la récréation malgré la fatigue.
- « Ezel en retard c'est la première fois de l'année que je vois ça ! » s'exclame Romain.
- « Que s'est-il passé ? » me demande Tristan, véritablement inquiet.
- « J'ai mal dormi et j'ai loupé mon réveil. » répondai-je comme si de rien n'était.
- « En tout cas Lizéa semblait perturbée de ne pas te voir à l'heure et t'a attendu même après la sonnerie !» déclare Gabriel d'un ton amusé, je n'ose imaginer tout ce qu'il sous-entend.
- « Vous ne trouvez pas qu'elle a changé récemment ? Pas forcément au niveau de son attitude c'est toujours une fille spontanée et joyeuse mais... Plutôt au niveau de son comportement en cours..? » ajoute timidement Tristan.
Gabriel hoche la tête en passant une main dans ses cheveux blonds pendant que je retire mes lunettes pour les essuyer.
- « Je trouve aussi. Depuis que tu es son tuteur Ezel... Son comportement en cours s'est amélioré. Vous êtes les deux seuls à avoir participé durant ces deux dernières heures. » répond Romain tandis que j'affiche un petit sourire malgré moi en remettant mes lunettes sur mon nez. Finalement ce n'était pas une si mauvaise idée ce tutorat.
- « Le lundi même... Je lui ai lancé le défi de me dépasser dans une matière... N'importe laquelle. » avouai-je à mes amis qui me regardèrent surpris.
- « QUOI ?! » s'exclame Tristan, lui qui est d'habitude si timide.
- « Moins fort Tristanounet ! » renchérit Gabriel.
- « Gabriel, on t'aime mais le principe d'un surnom c'est de raccourcir le prénom pas de le rallonger. » commentai-je.
- « Et ça a donc marché puisqu'elle semble motivée à te battre. » coupe Romain.
J'esquisse un sourire mais en réalité tu as tort Romain, cela n'a pas totalement marché... Quelque chose cloche dans son attitude. Cette fameuse attitude... Celle en cours, est-ce vraiment elle ?
Les filles arrivent finalement vers nous et nous sourient. Instinctivement, je regarde Lizéa, elle a l'air heureuse mais sa voix et ses gestes semblent en contradiction. J'ai l'impression que depuis que je suis allé chez elle, quelque chose ne va pas. Je vais avoir l'occasion de vérifier ça, demain. Même si au moins, elle semble aller mieux physiquement.
- « Tiens Romain ! » s'écrie alors Lizéa en fouillant dans son sac pour en sortir un bout de papier, son journal du jour.
- « Oh, tu l'as vraiment fait ! » s'étonne-t-il.
- « Évidemment, une parole est une parole. » répond-elle.
- « En tout cas, ton journal a un peu évolué, avant ce n'était qu'un concentré de rumeurs infondées. » répliquai-je.
Mais elle ne semble pas se vexer ni se renfermer.
- « Je sais tout l'amour que tu portes à mon journal Ezel, ironise-t-elle, mais une personne m'a aidé à me rendre compte que je devais plus parler de ce qui me plaisait dedans. Quitte à ce que moins de gens l'apprécient. »
Nahéma à ses côtés, sourit fièrement. Seul un aveugle ne pourrait pas deviner que c'est elle qui lui a dit ceci.
- « Ravie d'avoir pu t'aider Liz. » lui dit-elle, toujours aussi fière. Ah bah non, il le pourrait aussi.
Quant à moi mine de rien, je reste surpris. Je n'aurais jamais pensé qu'elle puisse changer de direction pour son journal et même plus, qu'elle accepte de le faire évoluer. Je sens Gabriel me mettre un coup de coude comme un "je te l'avais dit." Je fais semblant de ne pas avoir compris le message qu'il m'adresse.
La sonnerie sonne donnant le signal pour retourner en cours. Et une fois en cours, encore, Lizéa décide de jouer le rôle de ma rivale principale, la seule en réalité.
Le professeur de mathématique nous interroge à tour de rôle. Même si toutes les réponses de Lizéa ne sont pas parfaites, elle n'abandonne pas et persévère ce qui lui vaut des compliments de la part de notre professeur.
La pause du midi passe et cette fois, les filles ne viennent pas avec nous car elles vont faire paraitre l'article du jour et préparer celui du lendemain. C'est d'ailleurs la première fois que je vois Lizéa accepter d'être aidée par quelqu'un pour son journal.
Le reste de l'après-midi se veut particulièrement lent car je suis vraiment fatigué. Cette même fatigue finit par me submerger à tel point que je cesse de lutter. Quand je me réveille le professeur est devant moi de très mauvaise humeur, marquant la première fois où un professeur m'engueule. Mes amis en sont choqués, même Lizéa.
À la sortie des cours, je file chez moi sans prévenir personne, ce qui ne me ressemble pas vraiment mais plus vite je rentrerais chez moi, plus vite je dormirais. L'avantage étant que demain et dimanche je ne serai pas tout le temps chez moi donc j'aurai le temps de me reposer, au moins mentalement.
En entrant, toujours les mêmes disputes de mes parents, récurrentes désormais mais cette fois, je me sens obligé d'intervenir car ils se disputent à mon sujet.
- « Ezel ne travaille pas assez ! Il va échouer surtout que maintenant il s'amuse à dormir en cours ! » hurle mon père avec violence.
Ses mots me blessent, j'ai toujours fait de mon mieux. Est-ce pour cela que je devais avoir de la force ? Est-ce pour cela "Ezel" ?
- « Il travaille bien assez ! Il est le meilleur partout ! C'est toi qui le pousse à bout » lui répond ma mère, dans un état de colère que je ne lui reconnais pas.
- « Il n'est qu'à 18 de moyenne ! Avec cette moyenne monsieur s'est endormi en cours, certains professeurs m'appellent même au travail ! » lance mon père comme un reproche.
N'ai-je pas assez donné ? N'est-ce pas suffisant ? Ne suis-je pas suffisant ? Je suis à côté d'eux mais je ne parviens pas à m'imposer. Je regarde la scène comme un spectateur et je n'arrive pas à bouger juste à cligner des yeux en retenant mon souffle. Spectateur de ma propre vie.
- « Tu en demandes beaucoup trop Philippe ! »
- « Je ne fais que le nécessaire ! Il ne rentrera jamais dans une grande université avec seulement 18 ! »
J'aime mes parents, j'ai toujours tout fait pour eux. Avec du recul, c'est bête mais j'ai eu des bonnes notes d'abord pour eux. Enfant, je vivais dans l'admiration qu'ils avaient quand je rapportais une bonne note. Mais si j'avais su ce qu'il se passerait... Aurais-je reproduis le même schéma ?
Mon téléphone vibre dans ma poche, ce qui réveille mon corps me permettant de réagir à nouveau. Je l'attrape pour regarder le message venant d'un numéro inconnu.
"Hey, c'est Lizéa ! Menzy m'a donné ton numéro. Tu es parti drôlement vite toute à l'heure et euh... J'ai mal compris un cours durant la journée, passe chez-moi pour venir me le réexpliquer, s'il-te-plaît."
Aussitôt, je fais demi-tour et tourne le dos à mes parents. D'un seul geste, comme animé par un désir enfoui, je fais quelque chose que je n'aurais jamais osé faire auparavant ; je désobéis. Au lieu de monter dans ma chambre faire mes devoirs comme d'habitude en ignorant les disputes de mes parents. Je reprends dans mes mains le sac que j'avais posé au sol. Par la même occasion je prends ma vie en main, sans doute. Je me mets alors à marcher en direction de chez Lizéa même si la nuit est déjà tombée. Personne ne m'arrêtera.
J'entends mes parents se disputer encore plus fort quand je sors de la maison, la porte étant encore grande ouverte. Alors, Je me mets à courir le plus vite possible pour m'en aller, pour fuir en plein milieu de l'obscurité avec la pluie commençant à tomber.
Après 15 minutes de course sous la pluie, je toque chez Lizéa n'entendant que le bruit de mon cœur battant à toute allure. La porte s'ouvre finalement devant moi me retrouvant ainsi face à elle tandis que je reprends une respiration régulière. En relevant la tête vers elle, je lis une sorte d'inquiétude dans ses yeux verts pour lesquels je force un léger sourire pour ne pas qu'elle pose de questions.
Dans un silence, nous retournons dans sa chambre pour travailler.
- « Alors... Quel cours est-ce ? » demandai-je en posant mon sac au sol pour y attraper mes cahiers.
Lizéa baisse les yeux, pas un mot ne sort de sa bouche. Elle commence à pleurer au milieu de sa chambre. Ce que je ne comprends pas, pire ce qui m'interpelle. Je remarque alors ses vêtements froissés et ses cheveux mal coiffés ne ressemblant pas à la Lizéa du lycée.
- « Que... Que se passe-t-il Lizéa..? » demandai-je avec hésitation en cherchant son regard.
Pourtant, elle cache ses yeux verts avec sa main et renifle.
- « Excuse-moi... Je dois vraiment être affreuse, ça ne me ressemble pas. »
- « Ou peut-être que si, elle reste muette, peut-être que c'est davantage toi... Ne te sens pas obligée de jouer un rôle avec moi. » finissai-je par répondre en la regardant droit dans les yeux.
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NDA : Petit chapitre qui j'espère vous plaira autant qu'il me plaît 👀
Comme d'habitude n'hésitez pas à me faire des retours que ce soit pour des avis sur certains passages ou des conseils !
Je suis toujours preneuse 🤍
PS : Si vous voyez des fautes, elles seront sans doute corrigées par ma relectrice en chef -Dark_CleVer-