➠ 𝘈𝘯𝘥𝘳𝘦𝘸
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Je ne retourne pas à l'intérieur de la réception. J'ai accompli ma mission, c'est tout ce qui compte. Je quitte donc les lieux et me dirige vers ma voiture, attendant que tout le monde revienne.
Mon téléphone sonne, me tirant de mes pensées. Je le sors de ma poche arrière et répond, levant les yeux au ciel.
— Bravo fiston ! La mission s'est déroulée avec succès, s'exclame Santiago d'un ton enjoué.
— Ouais.
Pour être honnête, je me fiche un peu de cette mission. Tout ce que je veux, c'est mon argent.
— Bon aller, dis à tout le monde de nous rejoindre au club pour fêter ça !
— Ouais, mais moi je vais rentrer chez moi.
— Non, toi tu viens avec nous. Tu es quand même notre élément principal, ils doivent te remercier.
— Qu'ils m'envoient un courrier pour ça, je suis crevé.
Je décide de raccrocher avant qu'il ne continue. Ce genre de soirée n'est pas pour moi. Je n'aime ni la drogue qui y tourne, ni les gens qui deviennent idiots.
J'allume une cigarette pour apaiser mes dernières angoisses de la journée, laissant la nicotine envahir mes poumons.
Je préviens tout de même les autres qui reviennent après une attente qui m'a semblé être une éternité.
23 h, Carerra Séptima, Bogotà, Colombia.
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On me ramène chez moi avant qu'ils ne continuent leur route. Je préfère m'occuper tranquillement que d'être anxieux toute la nuit entouré de gens qui m'étouffent.
Je rentre chez moi et prends une banane que je découpe en tranches dans un bol. J'y ajoute légèrement de la cannelle et mes céréales.
Je m'installe dehors, dégustant mon dîner tout en admirant les étoiles.
Normalement, je prends ce genre de petit déjeuner, mais comme je n'ai pas eu le temps ce matin, je me rattrape maintenant.
La soirée a été éprouvante pour moi. Je n'aime vraiment pas être entouré de trop de monde. La solitude me rend plus calme.
Une fois mon dîner terminé, je jette le bol au lave-vaisselle et vais prendre une bonne douche.
Mon téléphone n'arrête pas de sonner, et je parie que c'est Santiago qui veut me convaincre de venir m'amuser. Je sors de la douche, enroule une serviette autour de ma taille et vais éteindre mon téléphone pour pouvoir enfin dormir.
Demain matin, j'ai une autre mission et je dois être...
En passant la serviette dans mes cheveux pour les sécher, un petit objet tombe. Je me baisse pour le ramasser et tends la main vers la lumière pour mieux voir. C'est un traceur.
Mon cœur bat la chamade, mais quand je relève la tête vers le miroir, je vois seulement un visage froid et neutre qui me rassure.
J'espère que c'est une blague...
Bon... Bon... Heureusement que je ne suis pas allé à leur soirée, sinon j'aurais conduit je ne sais qui jusqu'à notre cachette. Si Santiago découvre cela, il va me tuer...
J'observe l'objet maintes et maintes fois, convaincu que quelqu'un a essayé de me piéger. Et cette personne, c'est moi qui vais la piéger.
J'allais écraser le traceur avec mon pied pour le détruire, mais finalement, je vais faire comme si je ne m'en étais pas rendu compte.
Je m'habille et me couche en réfléchissant à un plan avant de m'endormir.
11 h 45, Calle Cali, Bogotà, Colombia.
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Je marche dans ces rues depuis dix heures du matin, surveillant les alentours à mes heures perdues.
Vous vous demandez si j'ai gardé le traceur ?
Eh bien, oui, je l'ai toujours sur moi, dans ma poche. Je dois savoir qui veut nous suivre.
J'en déduis que c'est la fille d'hier qui m'a mis le traceur, mais je suis certain que c'est quelqu'un d'autre qui l'envoie.
Elle n'avait pas l'air vicieuse, enfin... Je me méfie quand même, car il ne faut pas sous-estimer les talents d'une femme.
Mais au fond de moi, je sais qu'il y a quelqu'un d'autre dans cette histoire.
Ce que je ne comprends pas, c'est que les autres n'ont rien remarqué de suspect.
Toi non plus, tu n'as rien remarqué...
Je finis par rentrer à l'intérieur du petit immeuble pour terminer ce que j'ai à faire. Une fois fini, je ressors.
Je monte dans ma voiture pour me diriger vers un autre endroit. Je remarque rapidement qu'une voiture me suit, et je crois que c'est la même que j'ai vue garée non loin de chez moi tout à l'heure.
Je remonte mes lunettes de soleil et observe à travers le rétroviseur. J'appuie sur l'accélérateur, et je remarque que cette voiture fait de même.
C'est évident, c'est la même personne qui m'a gentiment offert un traceur hier.
Je m'arrête brusquement, et sa voiture heurte la mienne. À croire que je ne l'ai pas payée assez cher pour qu'on vienne me la salir.
Je déteste quand les choses sont abîmées...
Je décide de sortir du véhicule, désespéré par le comportement de cette personne qui me fait perdre du temps.
Je tape sur la vitre, et quand le conducteur descend la vitre, j'ai la semi-surprise de voir que c'est la brune d'hier.
Je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle me veut, mais je vais faire comme si tout allait bien et que je ne me méfiais pas d'elle.
Elle affiche un visage surpris en me voyant, et je fais de même.
— Apparemment, nos chemins sont liés, dit-elle d'une voix douce.
— Tous les chemins mènent à Rome, répliqué-je avec un sourire en coin.
Les gens derrière commencent à klaxonner, s'impatientant de reprendre leur route.
— Je vais déplacer la voiture. Suis-moi si tu veux.
Si je veux comprendre pourquoi elle me colle ainsi, je dois en apprendre plus sur elle. Et cela ne sera pas difficile, tout le monde finit par commettre une erreur, et je n'ai pas peur d'elle.
Je remonte dans ma voiture et la gare non loin. Elle fait de même, sortant de son véhicule.
À la lumière du soleil, je remarque que ses cheveux ne sont pas aussi foncés que je l'imaginais hier à la réception.
— Finalement, tu décides de m'accorder du temps.
— Parce qu'actuellement, j'en ai pour toi.
Bon, d'accord, j'ai été trop froid tout à l'heure. Il faut que je me rattrape en essayant de la mettre en confiance.
— Enfin, ce que je veux dire, c'est que... Hier, je ne me sentais pas à l'aise à cette fête, mais actuellement, je le suis plus.
— Je comprends totalement. Je ne l'étais pas non plus. Je n'ai pas l'habitude de ce genre d'événement.
— De même.
Quel menteur je fais, wow. En réalité, c'était mon anxiété. Être proche de trop de monde hier a réveillé en moi des paniques, mais je ne pouvais pas dire ce genre de chose.
J'ai toujours appris à le cacher, et ce n'est pas à une psychopathe qui me suit partout que je vais révéler qu'un mec qui fait peur à la moitié de la ville est en réalité angoissé à la moindre petite chose.
— Dis-moi, Anastasia, tu te dirigeais vers où ?
Je ne sais pas si ma question l'a perturbée, mais dès que j'ai prononcé son prénom, j'ai vu un doute traverser ses pupilles.
— J'allais faire des courses !
Bien sûr...
Le magasin est à l'opposé, mais je vais faire comme si je suis con et que je crois tout ce qu'elle me dit.
— Intéressant. Je n'imaginais pas qu'une fille dans ton genre allait sortir d'aussi bon matin pour s'occuper de ce genre de tâche.
— Je suis imprévisible.
Ça, pour le coup, tu peux le dire. Je ne m'attendais pas à ce que tu me mettes un traceur dans les cheveux alors que j'essayais enfin de faire un geste de bonté.
— J'imagine bien.
— Euh... Je voulais te demander... Je sais qu'on ne se connaît pas vraiment, mais que dirais-tu d'un jour où tu n'es pas occupé de se rencontrer en ville pour mieux faire connaissance ?
Elle croit donc pouvoir m'avoir avec ce faux air innocent ?
Hier, j'ai un peu réfléchi à ce que je pourrais faire avec elle. Je me dis que si elle veut se mêler à ma vie, je vais lui mettre la pression devant le fait accompli.
Tous les fins de mois, il y a une fête où nous devons inviter notre petite amie. Il y a plusieurs mafieux, et nous sommes tous masqués. Je vais l'inviter. Comme cela, j'aurai ma cavalière et je pourrai voir ses réactions. Si elle est habituée à ce monde, si elle prévient quelqu'un, si elle recherche des informations.
— Je voulais te demander, le dimanche de la semaine prochaine, je suis invité à un événement et on doit venir accompagnés. Que dirais-tu de me faire ce plaisir pour te faire pardonner d'avoir bousillé ma voiture ?