THROUGH THE DARK

By pluiedesetoiles

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Elle avait appris dès son plus jeune âge à ne savoir compter que sur elle-même. L'arrondissement Londonien qu... More

Through The Dark
Casting
Prologue
Chapitre 1 : L'appel
Chapitre 2 : Night Light
Chapitre 3 : Danger imminent
Chapitre 4 : Chaos réconfortant
Chapitre 5 : Cauchemar
Chapitre 6 : Les quatre clans
Chapitre 7 : L'Égérie
Chapitre 8 : Douce noirceur
Chapitre 9 : Amèrement déstabilisant
Chapitre 10 : Scandale
Chapitre 11 : Cigarettes et Accord
Chapitre 12 : Présumée disparition
Chapitre 13 : Nouveau pantin
Chapitre 14 : Black & White
Chapitre 15 : Felicia
Chapitre 16 : Escapade nocturne
Chapitre 17 : À travers mon abîme
Chapitre 18 : Qui est-elle ?
Chapitre 19 : Suis moi, je te fuis
Chapitre 20 : Protection destructive
Chapitre 22 : Séquelles incurables
Chapitre 23 : Cible
Chapitre 24 : Le pire est à venir
Chapitre 25 : Lettres
Chapitre 26 : Tentation
Chapitre 27 : À court de temps
Chapitre 28 : Liaison risquée
Chapitre 29 : Dernière valse
Chapitre 30 : Étranger
Chapitre 31 : Finn Gilson
Chapitre 32 : Un besoin
Chapitre 33 : Coeurs tourmentés
Chapitre 34 : Poison
Chapitre 35 : Unique issue
Chapitre 36 : L'anonyme
Chapitre 37 : En apnée
Chapitre 38 : Evelyn
Chapitre 39 : Une évidence

Chapitre 21 : Douleur irrépressible

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By pluiedesetoiles

Atmosphère : Cardigan - Taylor swift


MILAN


- J'en étais sûr! J'aurai dû choisir ton grand frère plutôt qu'écouter tes belles paroles, tes belles promesses! FOUTAISES!, fulmina mon père.

Ce dernier agitait ses bras dans tous les sens avant de n'avaler d'une traite le fond de son verre contenant très certainement du whisky. Boisson alcoolique qu'il buvait depuis des années. Sa préférée à priori.

- Ne tire pas de conclusions hâtives, on est même pas sûrs que-

- JE NE VEUX RIEN SAVOIR ! À peine sortis de la réputation humiliante que cet hôtel a connu durant d'interminables mois, tu crois sincèrement que je vais laisser passer cet incident ? T'as intérêt à ce que ça ne se sache pas. Qu'aucun média n'en parle. Garde ta putain d'égérie en place aussi. Elle a tendance à apporter plus d'ennuis depuis qu'elle est là, plutôt que régler nos soucis. J'espère être clair.

Je contractai légèrement ma mâchoire et gardai une expression du visage neutre. Mon père déposa d'un coup sec et violent, son verre sur la petite table basse. Puis il se leva de son fauteuil pour s'approcher de moi d'une démarche lente et assurée.

- Je suis en train de tenir ma parole, Milan. Ne joue pas avec moi. Tiens ta parole aussi ou tu sais ce qu'il se passera autrement. Je suis ton père et tu me dois le respect. Honore notre bel héritage. Ne le pourris pas. Pour une stupide femme qui n'en a visiblement rien à faire de toi qui plus est. Contente toi de remplir tes fonctions, c'est à dire t'occuper de cet hôtel, de la paperasse et tout le reste. Les femmes ça va, ça vient.

Étonnamment, j'en venais à me demander comment je réussissais à garder mon sang froid face à ses propos. Je pense que s'il était question d'un autre homme, n'importe lequel, ça aurait très mal tourné.

À la place, je restai silencieux, mon regard planté dans le sien.

- Que je ne me répète pas, fiston. Ne me déçois pas. Ne nous déçois pas. Tu piges ??

- J'ai compris, je répondis sèchement.

- Bien.

Je quittai le plus rapidement possible son séjour sans même lui dire au revoir. Je sortis à la hâte mon téléphone de ma poche et découvris de nombreuses notifications que je n'avais même entendu. J'étais en mode avion en même temps.

Avant même d'ouvrir les messages de Gabriel ou encore d'autres de mes camarades, je vérifiai l'emplacement d'Evie sur mon application. le petit point rouge représentant sa localisation ne bougeait plus, signe qu'elle était sûrement arrivée au club avec Gabriel que j'ai chargé moi-même de l'emmener loin d'ici.

Le temps que les choses se calment.

Nous avions passé près d'une vingtaine de minutes à sa poursuite sans succès. Il nous avait échappé en prenant un scooter. Il avait dû comprendre qu'il ne trouverait pas ce qu'il cherchait de si tôt et surtout pas aussi facilement.

J'allai checker les vidéos de caméra surveillance dans une salle, accompagné de quelques gardes. On tenta durant de longues minutes d'identifier le visage du fugitif. Je ne comptais plus les nombres de fois que nous avions zoomés sur lui. Il dissimulait à la perfection la totalité de son corps. Ce n'est à peine si on pouvait distinguer la couleur de sa peau.

On pourrait même venir à en déduire qu'il n'était pas n'importe qui. Soit il avait été envoyé soit il était venu de lui même. Dans les deux cas, il semblait être pro en la matière.

Je soupirai d'exaspération et me frottai les yeux.

- Nous verrons cela plus en détail demain, plus réveillés.

Les hommes acquiescèrent et je les saluai brièvement avant de quitter d'emblée la pièce. Je me rendis dans ma chambre afin de me changer. J'enfilai par dessus mon t-shirt noir, un sweat à capuche de la même couleur puis j'échangeai mon bas de costume pour un jean noir ni trop large ni trop serré. J'arrangeai la chaîne argentée autour de mon cou puis me mis face au miroir mural en ajustant chaque bagues à mes doigts.

Mes phalanges étaient toujours aussi amochées me rappelant constamment à quel point je pouvais être dûr avec moi même. Parfois sans raison apparente pourtant.

Elle me rendait fou.


* * *


Elle me rend fou.

Définitivement.

J'entrai il y a quelques minutes seulement dans l'enceinte du club et parcouru le couloir pour rendre dans la salle principale. Je m'arrêtai net en entendant des voix résonner. Pas n'importe quelles voix, néanmoins.

La sienne.

Accompagnée de celle d'un autre qui me disait vaguement quelque chose.

Je n'étais pas vraiment du genre à écouter aux portes ni mêmes aux murs mais c'était plus fort que moi cette fois ci. Alors, je suis resté en retrait quelques minutes, caché dans la pénombre du couloir.

- ...D'autant plus qu'il a été désormais nommé successeur de l'hôtel le plus prestigieux de Londres.

- J'en ai rien à foutre de ses milles et uns exploits. Il est insupportable, elle répliquait.

Touché.

- Je compte sûrement crever qui plus est, en étant leur égérie.

Tu meurs, je meurs, Evie. Et inversement. Je ne laisserai personne te toucher. Te faire du mal. Te blesser.

Plus personne.

- Tu comptes pas me réclamer un nouvel échange, j'espère ?

Je ne la voyais pas vraiment car elle était de dos à moi par contre j'arrivai parfaitement à reconnaître le visage de l'homme en face d'elle. Liam, si je me souvenais bien.

- Peut être bien que oui.. , il répondit, sourire aux lèvres.

- Je n'ai même pas eu l'occasion de fumer une des clopes que tu m'avais donné. J'ai été entraîné et je l'ai perdu en route. Tu peux considérer que l'échange de l'autre fois tient toujours non ?

Encore cette histoire de clopes. Elle était décidemment prête à tout pour se pourrir volontairement les poumons. Pour se noyer une nouvelle fois dans son si maussade abîme. J'étais en capacité de lui offrir tout ce dont elle désirait. Littéralement tout. Cependant, je refusai catégoriquement de lui donner de mes propres mains le fruit de son autodestruction.

J'avais fais l'erreur une fois. Lors de la soirée au rooftop mais depuis ce jour là, je m'étais promis de ne plus reproduire cette erreur.

Arrêté net dans ma réflexion, je trouvais le silence instauré assez suspect et me concentrai alors à nouveau sur les deux en face de moi, plus loin.

Je faillis sortir de ma "cachette" en l'apercevant passer ses bras autour du cou du brun.

Ses bras autour de son cou.

Ses bras autour d'un autre cou.

Ignorant cette sensation de trahison étrange me prenant de court, je restai planté à les observer s'engager dans un long baiser. Lui la portant par les cuisses et la plaquant contre le mûr. Elle qui semblait y prendre un plaisir fou en plongeant ses mains dans ses cheveux.

Ses mains dans ses cheveux.

Ses lèvres contre les siennes.

Pourquoi est-ce que c'était plus douloureux que je ne l'aurai espéré de la regarder être aussi proche d'un homme qu'elle devait connaître depuis seulement quelques heures ?

Pourquoi est-ce que je sentais mon cœur doucement et lentement brûler.

Mon cœur..

Pourquoi était-ce si douloureux ?

Je pense que je n'aurai jamais dû "espérer" en premier lieu. Autrement, je n'en saurai pas là, aujourd'hui.

Et dire que ce Liam avait eu la chance de goûter à ses lèvres. À deux reprises désormais.

Je le plaignais car il goûtera aussi au malheur.

Tôt ou tard.

S'il y avait bien une chose que j'avais compris au sujet d'Evie Preston, c'était qu'on ne s'en sortirait jamais indemne.

Jamais.

Adoptant une démarche nonchalante et affichant sur mon visage un air indifférent alors que c'était tout le contraire qui se passait actuellement au fond de moi, je me décidai à sortir. Je me plaçai en face du duo, m'adossai contre le mûr et croisai mes bras.

C'est lorsque le brun plaça sa tête au niveau de son cou qu'elle daigna jeter un coup d'œil aux alentours.

Elle croisa mon regard et je devinai facilement la surprise dans ses yeux. Peut être également un peu de gêne. Et il y avait de quoi.

Je me contentai de lui afficher un léger sourire avant de me décoller du mûr et de m'approcher dans leur direction. La brune se dépêcha de se libérer de l'emprise de Liam et poussa ce dernier quelques centimètres plus loin d'elle.

- Qu'est-ce que tu-, commença le brun avant de se tourner vers moi.

- Bonsoir, je leur lançai froidement.

Evie ne savait tout à coup plus où se mettre. Je pense que si elle avait eu l'occasion de s'enterrer vivante là tout de suite, elle l'aurait fait. Elle replaçait nerveusement des mèches rebelles de ses cheveux mais ne rencontra pas un seul instant mon regard. Le fuyant à tout prix.

- Navré d'avoir gâché la petite fête.

Je regardai avec insistance la brune qui continuait à me fuir. Alors je m'adressai à Liam, cette fois ci. Doucement, je fis quelques pas de plus vers lui avant qu'il ne se retrouve totalement piégé par le mûr derrière lui.

- J'espère que t'as bien profité parce que c'était la dernière fois, je lui intimai.

Liam s'apprêtait à répliquer mais il fut aussitôt devancé par Evie.

- Ça sera la dernière fois quand je le déciderai, déclara-t-elle d'un ton cinglant.

Je fis pivoter ma tête dans sa direction. Elle avait l'air d'avoir repris ses esprits puisque désormais, elle n'hésitait à plonger son regard dans le mien.

- Je n'ai pas à recevoir d'ordres concernant ma vie privée de toute manière, ajouta l'idiot.

J'haussai mes sourcils et sentis de la défiance dans son regard.

- Elle le veut tout comme je le veux. N'est ce pas ?

Il se tourna vers la brune et posa sa main derrière sa nuque avant de l'attirer rapidement vers lui. Leurs corps rentrèrent en collision et je me crispai d'un coup. Il commença à rapprocher ses lèvres de MA brune et je sentis mon corps entier sur le point d'exploser.

- Liam, non-

Plaquant tout de même ses lèvres contre les siennes d'une manière plus que brutale. Je remarquai qu'elle se débattait, tentant de lui échapper.

- Arrête, s'il te plaît!, elle réussit à articuler.

Je vrillai.

Aussitôt, je saisis le bras d'Evie et la poussai de côté, les séparant pour de bon. Puis, je me jetai violemment sur le brun en lui assenant plusieurs coups au visage ainsi qu'au ventre. Il me rendait la monnaie de ma pièce mais je savais pertinemment que c'était moi qui dominait ce rapport de force.

Moi et uniquement moi.

- EH! STOP VOUS DEUX! VOUS ÊTES COMPLÈTEMENT CINGLÉS !, s'écria la voix de mon acolyte derrière.

Assis sur l'ordure de Liam, je ne pouvais plus me contrôler. Je ne pensai plus à rien si ce n'est qu'à le voir en sang. C'était comme si je déversai toute la haine en moi stockée depuis des mois. Il était question d'Evie mais pas que. J'en avais pleinement conscience.

J'étais en colère.

Contre un tas de gens. 

J'étais en colère.

- Touche la encore une fois avec ou sans son consentement et je te ferai bien pire qu'un hématome au visage, je crachai avant de n'être séparé de lui par Gabriel.

Je me redressai en ajustant la capuche de mon sweat mais continuai de fusiller du regard le brun au sol. Son nez pissait le sang, le mien sûrement aussi. Il ne m'avait pas raté.

- T'es juste jaloux, Keller, il toussota avant de reprendre en souriant, jaloux d'avoir la possibilité d'attirer toutes les femmes de ce monde dans ton lit. Sauf une.

- Liam, tu te la fermes maintenant!, gronda Gabriel en me retenant par les épaules, sentant que je pouvais déraper à n'importe quel moment.

Je tâchai de faire abstraction de sa présence avant de diriger mon regard par dessus mon épaule.

À sa recherche. En vain.

Elle avait disparu.

Et merde.

* * *


Après avoir réglé quelques soucis et fais le point sur la situation avec Gabriel et la bande,  j'arrivai au petit bar du "Burn or Fight" et comme je l'avais supposé, je retrouvai la brune. Assise sur le comptoir, ses pieds reposaient sur la chaise haute en face d'elle. Une bouteille, contenant un liquide transparent, à la main, elle fixait un point imaginaire vers le sol.

La salle était vide. Pas de soirées d'organisé ce soir. À vrai dire, elles étaient plutôt rares. Quelques spots lumineux au plafond dégageant une lumière très peu vive, étaient encore allumés.

Lentement, je me dirigeai en silence vers Evie qui lorsqu'elle se rendit compte qu'elle n'était plus seule, pivota légèrement sa tête dans ma direction.

Je la vis lever les yeux au ciel et boire une nouvelle gorgée de sa bouteille en verre. Qu'elle s'était certainement servie elle même puisqu'aucun barman n'était présent. "Pincer Vodka" était inscrit sur le devant de la bouteille et je soupirai. 

Doucement, je pris place sur une chaise haute juste à côté de celle qu'elle occupait avec ses pieds. Ses yeux brillaient et son mascara s'était estompé. Elle avait très probablement lâché quelques larmes et rien que cette pensée me tuait intérieurement.

- Laisse moi toute seule, Milan, elle exigea d'un ton très peu convaincant.

Je posai mes bras sur le comptoir tout près de ses jambes et l'observai. Quand elle s'apprêta à boire une nouvelle gorgée de l'alcool, je m'emparai furtivement de la bouteille. La brune me lança un regard noir tandis que je fis glisser la bouteille sur le comptoir, plus loin. À son opposé.

- C'est pas cette merde qui t'aidera à aller mieux, je lui lançai calmement.

Elle restait quelques secondes bouche clouée mais finit par retrouver sa voix.

- C'est pas ton problème. Je gère les miens comme je le veux. J'ai pas mon mot à dire moi quand il est question de ta gestion.

- T'appelle ça "gérer" ?, je secouai la tête en haussant un sourcil, Je le t'ai déjà dis. Tu t'enfonces. Et tu à l'air d'aimer ça.

Refusant toute confrontation, elle descendit du comptoir dans le but d'aller se rechercher une autre bouteille parmi tant d'autre étalées tels des trophées sur les étagères transparentes derrière elle. Cependant, je ne lui laissai pas la chance d'en atteindre ne serait-ce qu'une seule puisque je vins rapidement m'interposer entre les étagères et elle.

- Ne me force pas, s'il te plaît. Je veux éviter, je veux vraiment éviter, elle assena sèchement.

- Te forcer à quoi ? Éviter quoi au juste ?

Elle avait toujours été floue. Ses paroles, ses actes, ses gestes, ses regards avaient toujours été ambiguë. C'était la première fois que je n'arrivai pas à cerner quelqu'un. La première fois que cette envie de tout connaître d'une personne me bouffait de l'intérieur jours et nuits.

Si seulement tu étais moins compliquée et énigmatique, Evie Preston.

Dans l'attente d'une réponse à mes questions, cela n'arriva malheureusement pas. La brune soupira et fit demi-tour, me tournant désormais le dos.

- On rentre quand ?, elle s'enquiert. avant de prendre place sur une des chaises hautes.

Tout en se dirigeant à nouveau vers une des chaises hautes, elle tenta de monter sur l'une d'entre elles mais manqua de précision car son corps bascula. Avant même que son visage ne rencontre violemment le sol, je la rattrapai de justesse par la taille.

- Ce soir, on ne rentrera pas, je déclarai, près de son oreille.

Elle l'ignorait certainement mais qu'est-ce que je me sentais bien en dehors de cet hôtel. Si je pouvais trouver n'importe quels prétexte afin d'en sortir, je le ferai. Sauf que la tâche s'avérait beaucoup plus difficile qu'espéré.

En revanche, je n'appréciai pas tellement le fait qu'Evie soit quasiment apte à s'enfuir. Je n'avais pas du tout prévu l'incident à l'hôtel. Et mon instinct me disait que ce genre d'attaque n'était que le commencement.

Lorsqu'elle défilera demain, tous les yeux seront braqués sur elle. Dans tout le pays augmentant alors ses chances de se faire poursuivre, harcelé, photographiée à son insu. La routine qui l'attend était loin d'être reposante et je m'en voulais déjà.

En extérieur, on aurait tendance à penser que la vie de célébrité était merveilleuse. Qu'on avait tout, de l'argent, des vêtements aux coûts inestimables, des opportunités en or et qu'on devait s'estimer heureux que notre seul "souci" était les paparazzis.

Sauf que beaucoup d'entre eux, s'ils échangeaient leur vie avec la notre, ne tiendraient même pas une journée entière.

C'était épuisant. Mentalement et physiquement.

Tellement exténuant.

Constamment veiller à ce que rien ne cloche sur mon apparence physique. Que mon pantalon était assez repassé. Que mes cheveux étaient peignés. Que mon hygiène était impeccable. Et s'il nous m'arrivait un jour par malheur de ne pas sourire en public ou lors d'un évènement, tout de suite des centaines d'articles fuseraient dans tout le net avec pour gros titres "Le fils du chef de l'hôtel Keller rencontre-t-il des ennuis ?".

Plein de conneries dans le style.

Malheureusement, je n'avais pas le choix et il fallait que je continue à subir.

Encore un peu.

Que je continue à la protéger même si j'avais conscience qu'elle pouvait très bien le faire par elle-même. Je l'avais constaté au fil des semaines mais également dès le premier soir. Au Night Light. Je m'en souvenais comme si cela s'était passé hier. Et ce souvenir resterait gravé dans ma mémoire un bon bout de temps.

Si ce n'est, à jamais.


* * *


- Pourquoi est-ce que tu achètes un appartement quand tu peux dormir gratuitement et infiniment dans l'hôtel de ton père, elle questionna en baillant.

Je lui tendis un casque qu'elle enfila sans broncher à ma grande surprise puis j'enfilai le mien également avant de m'asseoir sur le scooter. Elle prit place derrière moi et je tournai légèrement ma tête vers elle tout en empoignant les guidons.

- Disons que j'aime avoir un peu..d'intimité. Il y a des caméras partout, mon cœur.

Je l'entendis imiter l'action de vomir à dans mon dos et esquissai un petit sourire.

- Si ce n'est pas l'alcool qui me fera vomir, ce sera sans hésiter toi et ton surnom stupide.

- Toujours aussi dramatique...

Je vérifiai rapidement si son casque était bien attaché et remarquai qu'elle n'avait même pas pris la peine de le refermer sous son cou. Je remarquai au passage que quelques marques résidaient encore dessus.

Celles de mon père.

- Je sais mettre un casque, tourne toi et conduis. Je suis claquée.

- Tu sais tellement bien en mettre un que t'en a oublié de fermer les attaches, je lui souris.

- Pas du tout, c'était volontaire.

- Oui, allez. Arrête de gigoter partout.

Elle croisa ses bras contre sa poitrine et me dévisagea longuement, me laissant néanmoins finir de la sécuriser. Lorsque j'en finis avec le casque, je passai mes doigts près de son visage afin de lui dégager la vue gênée par quelques mèches de cheveux.

Elle était si belle, presque angélique.

"T'es juste jaloux, Keller, jaloux d'avoir la possibilité d'attirer toutes les femmes de ce monde dans ton lit. Sauf une."

Même si j'haïssais d'avantage l'auteur de cette phrase, je ne pouvais qu'approuver son propos. C'était la triste et douloureuse réalité.

Je désirai une femme qui elle devait souhaiter ma mort chaque soirs avant de s'endormir.

Je désirai une femme qui serait prête à m'ôter la vie en échange de sa liberté.

Je désirai une femme qui n'éprouvait que haine, vengeance et dégoût à mon égard.

Je désirai une femme compliquée.

Une femme brisée par un passé tumultueux.

Une femme préférant danser avec le mal plutôt que se s'accrocher coûte que coûte aux bras du bien.

C'était à peu près ça, de désirer Evie Preston.

- Bon, tu démarres ou tu continues à me fixer ?

Je repris assez rapidement mes esprits et lui offris un petit sourire avant de faire face à la route déserte à cette heure ci de la nuit. J'accélérai petit à petit et pris plusieurs virages. Je longeai la route et sentis les fins doigts de la brune saisir les bouts de mon sweat. J'appuis sur l'accélérateur volontairement et souris quand ce sont ses bras qui finirent par s'enrouler autour de ma taille. Elle me traita d'idiot mais je riais doucement.

Au bout de plusieurs minutes, Evie rapprocha son visage de l'arrière de mon crâne puis les secondes suivantes, la sensation de ses lèvres frôlant ma nuque me firent frissonner. Je resserrai l'emprise que j'avais sur les guidons et tâchai de faire abstraction de ce contact plus que perturbant.

Sauf qu'en pensant qu'elle s'en arrêterait là, je me trompai sur toute la ligne. Totalement.

Soudain, ses mains glissèrent sous mon sweat et le contact de ses doigts frigorifiés avec la chaleur de mon ventre me rendirent malade.

Complètement malade et bientôt impatient.

Mon rythme cardiaque s'accéléra sans surprise lorsque ses doigts entamèrent leur voyage sur mon abdomen, me tourmentant par la même occasion.

M'engageant dans une bataille contre moi-même et tâchant de garder les idées claires, je peinai à rester entièrement concentré sur la route.

Qu'est-ce que tu étais en train de faire Evie ?

Qu'est-ce que tu étais en train de me faire ?

- Si tu tenais à ta vie, je te conseillerai de retirer tes mains maintenant, je réussis à articuler, le cœur allant à mille à l'heure tout comme la moto.

Je n'étais pas sûr de pouvoir tenir autant jusqu'à destination. Pas en sentant son souffle si proche de ma peau, pas en sentant ses mains contre ma peau, pas en sentant ses lèvres contre ma nuque.

Ses lèvres...?

Quoi ?

- Evie, ne me confirme surtout pas ce à quoi je pense.

Elle laissa échapper un petit rire qui fit quelque part fondre un peu plus mon cœur. Puis quand je jetai un rapide coup d'œil dans sa direction, je m'aperçu avec stupeur que son casque avait disparu de son crâne. Ses cheveux bruns dansaient avec l'air et elle ne sembla pas le moins du monde, effrayée.

De quoi avait-elle peur de toute manière ?

- Pitié, dis moi que j'hallucine ! Accroche toi mieux s'il te plaît!

Je la suppliai presque. Je m'apprêtai à m'arrêter pour pouvoir lui passer mon casque mais la brune désapprouva en me demandant de continuer à rouler.

- Prochain feu rouge, je m'arrête. Pas de négociation possible, je lui assurai.

Quelques secondes s'écoulèrent durant lequel aucun de nous deux n'ajouta quoi que ce soit. Le vrombissement de la moto était le seul bruit brisant le silence aux alentours. Aucune voiture, aucun scooter, aucun autre véhicule se trouvait sur la route que nous empruntions. Elle était tout simplement très peu fréquentée.

- Milan ?, chuchota la voix de la brune derrière moi.

- Mon cœur ?, je l'incitai à poursuivre.

- Je vais enfin trouver la paix.

- De quoi tu parles ?

Une, deux, trois, quatre, cinq secondes s'écoulent sans qu'elle ne réponde et je commençai à m'inquiéter quand elle releva la vitre de mon casque et vint presser ses lèvres contre ma joue.

- Evie ?

- Ne le prends pas personnellement. Peut être un petit peu en fait.., elle me confie, mais il faut que je le fasse.

Je m'impatientai, dans l'incompréhension totale de ce qu'il était en train de se passer. Et puis lorsque je m'apprêtai à me tourner vers elle pour de bon, elle dégaina une arme et la pressa fermement contre mon cou dans un premier temps mais elle eut un court moment de réflexion et glissa l'arme contre mon épaule à la place.

- Qu'est-ce que tu fais.., je soufflai, déconcerté.

Depuis quand avait elle eu accès à des armes ? 

- Voilà ce qui arrive quand on baisse sa garde, pas vrai ?, elle me lança, que comptes-tu faire maintenant Keller ?

Elle me sous estimait comme à chaque fois. Elle n'était pas au courant du fait que j'avais déjà imaginé un milliards de scénarios possibles d'elle tentant de s'échapper. Elle ne se doutait pas ce que celui-ci, faisait partit des potentiels scénarios.

Je pris une grande inspiration. Expirai lentement. Inspirai à nouveau. Puis expirai longuement.

Tu vas y arriver. Elle ne te tirera pas dessus même si elle le souhaitait désespérément.

- Je vais tirer, Keller. Dans dix petites secondes. Un dernier mot à me partager ?, elle murmura toujours, près de mon oreille.

Malgré le casque recouvrant mon crâne entièrement y compris mes oreilles, j'arrivai tout de même à percevoir le son de sa voix.

Je souris légèrement.

- Tu penses que la mort me fait peur ?, je lui demandai avec une touche d'ironie.

Et je me remémorai de toutes les fois où j'avais été placé juste en face d'elle.

La mort.

- Cinq,..quatre.., elle fit le décompte.

- Combien de fois j'aurai besoin de te le répéter avant que ça ne te rentre dans la tête ?

Elle meurt, je meurs.

Je meurs, elle meurt.

Il n'y avait pas d'autres alternatives possibles.

- Trois, deux, un.

Un petit clic retentit signe qu'elle venait de retirer le système de sécurité de l'arme entre ses doigts. J'aurai été tenté d'attendre quelques secondes supplémentaires pour voir si elle comptait vraiment me tirer une balle mais je revins tout à coup à ma raison.

Cette femme était capable de tout.

Avant même qu'elle n'aie le temps de presser sur la détente, je fis soulever le scooter vers le haut, roulant désormais sur la seule roue arrière. La brune lâcha un petit cri de surprise mais s'accrocha de toutes ses forces à mon sweat. J'entendis ce qui parut être le bruit d'une arme, s'écraser brusquement contre le sol en goudron.

Loin derrière à présent, tant j'allais à une vitesse phénoménale.

Quand je me décidai enfin à reposer la roue avant sur le sol, je ne laissai aucune opportunité à la brune de me nuire. Je fonçai maintenant à toute allure dans une ruelle qui m'était plus que familière puisqu'on nous arrivions presque à mon appartement. Je zigzaguai à travers les différents véhicules me barrant le chemin.

Je n'avais aucune idée de ce qu'elle fabriquait derrière moi mais je continuai à accélérer. Une fois en vu l'entrée du parking de mon immeuble, j'y pénétrai sans hésiter. Encore conscient du danger qu'Evie représentait derrière moi, je montai en un rien de temps, jusqu'au toit ouvert et sans plafonds du parking. Puis, je fis volontairement déraper la moto.

Je sautai hors de celle ci et remarquai que la brune avait atterrit sur le sol juste à côté. Sans attendre une seconde de plus, je l'aidai à se relever et son regard froid croisa le mien. Durant quelques instants puisque je coupai tout contact visuel avec elle et attrapai son poignet à la place.

La dirigeant rapidement vers la petite barrière du toit. Cette même barrière de fer séparant les plusieurs mètres de hauteur et de vide au sol sur lequel nous marchions.

Cette barrière nous séparant de la mort.

- Lâche moi putain!

Elle se débattu vainement car je lâchai de moi même son poignet, la laissant plantée juste en face du vide. Quant à moi, je montai avec aisance sur la petite balustrade puis plantai mon regard dans celui de la brune.

Il suffisait d'un seul, ne serait-ce qu'un mini mouvement comme replacer mes cheveux correctement et c'était terminé.

- T'essaye de faire quoi là ?, elle croisa ses bras, sourcils haussés.

- Tu veux me voir mort n'est-ce pas ? Je t'en donne l'occasion, mon cœur.

Je savais pertinemment qu'elle était encore armée. Mon œil arrivait à distinguer parfaitement le scintillement du fer de l'objet dépassant de sa poche.

J'écartai mes bras en fermant mes paupières et en inspirant longuement l'air frais nocturne.

- Fais le, j'insistai.

- Je joue pas.

- Qu'est-ce que tu racontes enfin ? Tu joues constamment, Evie. Allez, finis en. Tu pourras être libre. Je le serai aussi. Ça te semble pas être un échange équitable ?

Je ré ouvrai mes yeux pour voir une expression perplexe affichée sur son visage. Son doux visage.. Ses bras retombèrent le long de son corps et ses poings se serrèrent. Ses yeux cherchèrent finalement les miens.

- Depuis quand est-ce que tu cherches à mourir de si tôt ?, elle me questionna sèchement.

- Tu n'es pas la seule à renfermer des secrets.

- Très bien, fais le con si ça te chante. Moi, je me casse d'ici.

- Donc, j'avais raison, j'esquissai un sourire, tu n'as pas la force ou l'envie de me tirer dessus.

Cette dernière me montra son majeur et commença à relever la moto effondrée sur le sol.

- Je le ferai moi même alors, je déclarai.

Evie pivota immédiatement sa tête dans ma direction et se redressa, laissant tomber la moto qu'elle commençait à remettre debout.

- Keller, arrête ça tout de suite.

- Je t'intéresse seulement quand je suis entre la vie et la mort donc ? Je prends note..

Je soufflai doucement et remarquai que la brune avait déjà effectué quelques pas de plus vers moi.

Sauf que ça ne changerait rien.

- Tu n'essayes même pas de le nier, je lançai, un petit pincement à la poitrine.

Me considérait elle si peu que ça finalement ?

L'idée que la haine et la rage étaient des sentiments prédominants chez elle à mon égard, me consumait à petit feu, de jours en jours.

- Je te demande juste d'arrêter ton putain de cirque. T'es tout sauf drôle merde!

Elle fit encore deux pas dans ma direction et s'arrêta, les poings serrés. J'hochai négativement de la tête et inspirai un grand coup.

Je fermai mes yeux.

Retins ma respiration.

Et j'autorisai mon corps à basculer lentement en arrière.





_______________________

I know...vous voulez probablement m'assassiner pour vous laisser sur une telle fin ptdrrr

Alors, dîtes moi ce que vous en avez pensé!

Le premier PDV de Milan les gaaaars omg! On en pense quoi ?

Rendez-vous dimanche prochain pour un nouvel update <3

Take Care!

Love,F




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