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BONNE LECTURE !
Point de vue de Jade :
J'ai passé des heures à chercher Selina. Mais où est ce qu'elle est passée ? Je suis pas du tout rassurée dans ces ruelles. À chaque fois que je croise un mec armé je change immédiatement de chemin, et à force de faire ça je crois que j'ai fini par me perdre... Je décide donc de m'arrêter quelques minutes. Les toits des casas sont plutôt bas. En regardant autour de moi, une idée assez folle me traversa l'esprit... Si je prends un peu de hauteur je pourrais peut être apercevoir l'allée de la casa. Elle sera assez visible...espérons juste que j'ai raison...
Je jetai des regards furtifs autour de moi pour vérifier que la voie était libre. Je suis plutôt sportive comme fille, donc ça m'a pas posé de problème pour atteindre le toit. J'ai juste du monter sur un gros baril, attraper la barre en métal puis me hisser jusqu'en haut. Le seul problème ce fut ma robe qui est complètement dégueulasse maintenant. Mais qu'elle idée de porter du blanc aussi...
J'essayai d'essuyer ma robe puis laissai tomber en remarquant que c'est peine perdue. Je m'éloignai du bord et inspectai les alentours. Les toits sont fait de taule, du coup ça faisait un peu de bruit quand je marchais dessus. Faut que je sois plus discrète, je suis sur un toit quand même... Heureusement que ma robe n'est pas très longue et que je porte mes tennis. Je sais des baskets et une robe c'est pas le top mais bon voilà. J'ai pas trop le temps ni l'envie de faire la difficile. Surtout que je m'en fous en fait, je porte ce qui est confortable.
Je commençai à avancer lentement sur le toit, histoire de me stabiliser et de voir où je me situe. Au bout de quelques minutes, j'aperçus enfin l'allée et plus haut la maison de Maria. Maintenant reste plus qu'à redescendre. J'étais entrain de chercher un point d'appui lorsque je fus stoppée par des bruits qui provenaient d'en bas. Des gens plus spécialement des hommes étaient entrain de parler. Je comprenais parfaitement puisqu'ils ne parlaient pas portugais bizarrement.
-Rocco va nous descendre si on lui ramène pas sa came.
-Qu'est c'tu veux qu'on fasse hein? Ce fils de pute mérite pas qu'on s'casse le cul pour sa gueule.
-On va chez Felipe alors ?
-Ouais. La mafia de Rocco, on en parlera bientôt au passé.
Cette discussion m'a donné la chaire de poule parce que je savais très bien que j'étais pas sensée l'entendre. Je voulais m'éloigner doucement quand je trébuchais sur une planche en bois et vins m'écraser sur le sol du toit dans un bruit sourd. J'en suis sur que toute la favelas a du entendre.
-Merde ! dis je tout bas.
-C'était quoi ça ? Demanda l'un des hommes en bas.
-J'sais pas ça vient d'en haut ! répondit précipitamment l'autre. Ils se mirent à escalader le mur.
J'ai pas compter un, ni deux, je me relevai immédiatement et commençai à courir le plus loin possible.
-Toi ! Hurla l'un d'eux.
Je ne me retournai pas et continuai de courir. Cette fois ci, j'entendais les pas des hommes sur les toits de taule se mélanger avec les miens. La taule faisait un bruit pas possible ! Les passants en bas regardaient en direction des toits sans savoir ce qui se passait.
Dès que je vis le moyen de descendre, je sautai sans me poser de questions. Je me rendis compte de la hauteur en attérissant sur le sol. Cette fois ci, mon genou en prit un sacré coup... Je continuai de courir pour échapper aux deux hommes à mes trousses. La douleur me lançait dans la jambe et m'arrachait une grimace à chaque fois que je posai le pied sur le sol.
J'entendis des coups de feu derrière moi. Mon coeur battait tellement fort que je crus qu'il allait sortir de ma poitrine. Si ils me retrouvent, c'est clair que je suis morte. Je pris la première ruelle à droite et me cachai derrière une grosse caisse en bois. Quelques instants plus tard, je les entendis déboulés complètement essoufflés les armes à la main. Je retins ma respiration et fermai les yeux. Une main sur ma poitrine j'essayai de reprendre mon souffle sans faire de bruit. J'avais trop peur qu'ils me découvrent...
-Elle est passée où? Dit l'un d'eux en regardant autour de lui. Cette salope nous a échappé !
-Oublie là. Allez on bouge. On a des affaires à régler.
On s'occupera d'elle plus tard.
-Mais qu'est ce quelle foutait sur les toits aussi...
Je les entendis s'éloigner au fur et à mesure. Je me passai une main dans les cheveux puis inspirai profondément. Je sortis prudemment de ma cachette en grimaçant, mon genou me faisait vraiment mal.
Soudain, quelqu'un me saisit violemment le bras par derrière. Je sais pas ce qui m'a pris, à cause de la peur mélangé à l'adrénaline, mon genou encore valide partit immédiatement dans l'entre jambe de la personne qui me relâcha aussitôt.
-Merda, tá louca?! Dit il entre ses dents. Il s'effondra sur le sol en tenant ses parties.
Je reculai d'un pas. J'aurai du commencer à courir mais ma jambe me faisait tellement mal que j'en restai clouée au sol. C'était un jeune homme aux cheveux noir, un peu plus vieux que moi. Il se releva difficilement et me dévisagea du regard en grimaçant.
-Espera, você não é a menina de hoje de manhã? Dit il en plissant les yeux.
-Je...Je comprends pas, désolée. bégayai je en refaisant un pas en arrière.
-Uma Americana... dit il un léger sourire en coin.
Je fronçai les sourcils en jetant des regards par dessus son épaule. Il me barrait la route. Je pouvais rien faire. J'étais bloquée.
-J'ai vu ta course sur les toits. T'es pas bien comme fille...t'aurai pu te casser un ongle... dit il ironiquement.
Il parle ma langue ! Il avait lui aussi un accent mais pas le meme que celui de Maria et Selina. Je sais pas pourquoi mais je me sentis soulagée d'un coup. Je le dévisageai longuement, qu'est ce qu'il me veut maintenant...
-Qu'est ce que Pedro et Dani te voulaient? Demanda t il plus sérieusement.
-Tu...Tu les connais? Demandai je.
-Ouais, on fait parti du meme...
Il se stoppa puis me fixa avant de se passer une main dans les cheveux.
-On bosse ensemble. reprit il, un léger sourire en coin.
-Tu crois que tu pourrais les convaincre de pas me tuer? C'est sur...une fois qu'ils reviendront de chez Felipe ou je ne sais qui...ils vont me...
-Tu viens de dire quoi là? Pourquoi tu parles de Felipe? demanda t il en faisant un pas vers moi. Il était très sérieux.
Ma bouche s'entrouvrit mais aucun sons n'en sortit. Je crois que je viens de me foutre dans la merde... J'aurai jamais dû entendre cette conversation...
-Euh...il...il faut que je rentre chez moi maintenant. Balbutiai je en essayant de passer.
-Qu'est ce que t'as entendu? Pourquoi t'as viré toute blanche? insista t il en refaisant un pas vers moi.
Son regard se durcit aussitôt. Je lui en parle ou pas? Peut être qu'il pourra m'aider contre eux si il savait ce qu'ils prévoyaient de faire contre ce Rocco... Je passe pas inaperçue ici, une blonde aux yeux bleus ça passe pas du tout inaperçu. De toute façon, il est pas prêt à me laisser partir. Autant tirer avantage de la situation...
-Emmène moi voir ton chef...Rocco c'est ça ? Dis je en essayant de paraître confiante. Je sais pas ce que je suis entrain de faire. Qu'est ce qui me prend?
Il me fixa quelques instants l'air incrédule puis éclata de rire.
-En plus d'être belle t'es aussi drôle aussi ma parole...
-Je...je suis sérieuse. Dis je en le fixant.
Il ne me prenait pas du tout au sérieux.
-Rocco te tuera juste pour avoir osé prononcer son nom ma jolie...
-Il aura pas l'occasion de faire quoique se soit s'il n'est plus de ce monde.
Je plaquai aussitot ma main sur ma bouche. Mais pourquoi est ce que j'ai dis ça?
Il arrêta instantanément de rire puis réduit encore la distance entre nous.Il faisait au moins une tête de plus que moi.
-Répète. Parles maintenant ou tu vas finir avec une balle dans la tete.
Je déglutis puis relevai les yeux vers lui...
-Emmène moi le voir. J'ai...J'ai besoin d'une protection pour ce que je viens d'entendre.
Il ne broncha pas. Lorsqu'il comprit que je ne dirai rien de plus, il me saisit violemment par le poignet.
-Très bien. Je vais t'emmener le voir. Tu seras pas déçu ma belle.
-Lâche moi tu me fais mal. Dis je en essayant de me libérer de son étreinte.
C'était peine perdue. Mon genou me faisait incroyablement mal, il marchait tellement vite que je manquais plusieurs fois de trébucher. J'étais dans un état pitoyable. Ma robe était déchirée, on voyait presque toute ma jambe droite, je dois avoir accrochée en descendant du toit. Elle était tachée de sang et salit par le sable. Une de mes bretelles était aussi déchirée. María va péter un plomb, j'espère pouvoir me changer avant qu'elle ne rentre. Si je rentre...
Je serrai les dents pour m'empecher de pleurer. Je pris une profonde inspiration puis posai les yeux sur l'homme qui me trainait derrière lui.
-Je peux savoir comment tu t'appelles au moins? Demandai je à moitié essoufflée.
-Enzo.
-Moi c'est Jade. Répondis je en évitant une crevasse.
Il ne dit rien. Les gens me lançaient des regards de travers. C'est vraiment la honte. Quelle humiliation...
Enzo tourna brusquement dans une ruelle. Il y avait plein d'hommes armés devant une maison. Il passa le seuil de la porte en saluant vite fait les hommes qui me dévoraient des yeux.
-Qu'est ce que tu regardes toi ! Lançai je a l'un d'eux qui me fusilla du regard.
Enzo tira encore plus sur mon poignet, il ne m'avait pas lâché depuis qu'on avait quitté la ruelle.
-Ferme la ! m'ordonna t il.
On pénétra dans un couloir qui donnait sur un genre de grand salon. Une forte odeur de cigarette mélangée à autre chose flottait dans l'air.La musique en fond se mélangeaient au bruits ambiant. Des hommes fumaient, buvaient, jouaient aux cartes. Il y avait des billets de banque éparpillés sur les tables et des armes aussi... Ça pouvait se compter en milliers de dollars... Il y avait des femmes très légèrement habillées... Mais c'est quoi cet endroit... Je déglutis difficilement, je savais plus où donner de la tete.
-Onde o Rocco está? Demanda Enzo à un des hommes qui posa les yeux sur moi en fronçant les sourcils. (Ou est Rocco? )
-Ele está lá em cima. Ele não quer ser incomodado. (A l'étage, il ne veut pas etre déranger)
Aussitot que l'homme avait fini de parler, il me traîna dans les escaliers. On arriva devant une porte en bois laqué, je pouvais entendre la voix d'une femme...étrangement familière... J'avais un très mauvais pressentiment.
-On devrait peut être pas... commençai je en restant derrière Enzo.
Il ne fit pas attention à ma remarque et poussa la porte.
-Merda ! O que foi agora ! fit une masculine. (Putain quoi encore !)
Il resta bloqué quelques instants sur moi avant de fusiller Enzo du regard. Selina était là, juste en sous vetements... la honte..mais qu'est ce que je fais la...
Je détournai les yeux aussitôt du spectacle devant moi par gêne. Mais Enzo en avait rien à faire, il continua à lui tenir tête. Rocco non plus.
-Temos que falar, urgente. dit Enzo sans me relacher.
Je fronçai légèrement les sourcils, il parlait en espagnol à présent.
-Sai daqui. (sors d'ici) Dit il en s'adressant à Selina qui écarquilla les yeux dès qu'elle me vit. Elle ramassa rapidement ses vêtements et sortit en me bousculant au passage ce qui me fit grimacer de douleur. Mon genou me faisait encore trop mal...
Rocco était impassible, il s'avança vers nous, il ne portait qu'un pantalon, ses bras ainsi que son torse étaient recouverts de tatouages... Je ne remarquai pas tout de suite qu'il me détaillait de la tête au pied, toujours avec son air glacial. Enzo me tenait toujours par le bras, quand à Rocco il devait vraiment être énervé vu la veine qui battait sur sa tempe.
-Americana. dit Enzo en me regardant.
Rocco attrapa un t shirt puis le passa par dessus la tete.
-C'est quoi ça? Demanda t il froidement en me désignant du menton. Il parlait ma langue maintenant... Son accent était presque parfait...
Enzo se tourna vers moi, il me relâcha et dit :
-Elle a besoin d'une protection. Explique toi.
Rocco fronça légèrement les sourcils.
Je me massai le bras, Enzo et lui me fixait en attendant une réponse.
-Euh...je...j'étais...
-Ne me fais pas perdre mon temps. Dit il en prenant son arme posée sur le bureau derrière lui.
Je pris une profonde inspiration, mes yeux étaient fixés sur son arme.
-J'étais sur les toits et j'ai surpris une conversation entre... Je lançai un regard à Enzo qui compléta à ma place.
-Dani et Pedro.
-Oui voilà...ils ont dit que...enfin c'était une histoire de drogue je crois... Et qu'ils ne l'avait pas et qu'ils allaient voir un certain Felipe... Puis ils ont fini par dire que...que ce gang serait bientôt de l'histoire ancienne... Puis je..ils m'ont vu et j'ai essayé de leur échappé...et je suis tombée sur lui...Dis je en montrant Enzo d'un vague geste de main.
Enzo parut choqué, Rocco chargea son arme avant de reposer nonchalamment les yeux sur moi. Est ce qu'il a au moins écouter ce que je venais de dire ?
-S'il vous plait me tuer pas...Je...j'ai rien à voir avec tout ça...dis je d'une toute petite voix.
-Felipe t'as dit? Répéta Enzo nerveusement.
-Qu'est ce que tu foutais sur les toits? Demanda Rocco d'un air détaché. Je le fixai confuse, c'est quoi le rapport ? Même Enzo parut déconcerté.
-Quoi?...Demandai je en me frottant le bras nerveusement.
Rocco me fixait avec ses yeux bleus perçants, il avait croisé les bras contre son torse et s'était appuyé sur le bureau derriere lui.
-Enzo, tu sais ce qui te reste à faire. Dit il toujours d'un air blasé. Il ne m'avait pas laché des yeux ne serait ce qu'une seconde.
Enzo acquiesça. Il était sur le point de quitter la pièce quand je le rattrapai par le bras, il parut surpris et son regard passa nerveusement de moi à Rocco.
-Tu dois me ramener chez moi. Dis je l'air presque désespérée.
Il se détacha de mon emprise et passa la porte. Mais il se fout de moi ou quoi?! J'aurai jamais du le suivre !
J'étais a présent seule avec Rocco qui n'avait pas bougé. Mon regard resta un court instant sur la porte.
-T'as pas répondu à ma question. Dit il de sa voix grave. Un frisson me parcourut. Je tournai la tête vers lui puis le regardai de haut en bas.
-Je...je voulais...j'étais perdue alors...je voulais prendre de la hauteur... Pour...trouver la casa de ma tante...
Pourquoi je bégaie sérieux ?... Maria n'est même pas ma tante en plus...
-Mmh..dit il un léger sourire sur les lèvres.
Qui est ta tante? Dit il en se dirigeant lentement vers moi.
-María...María Dorante... Dis je dans un murmure.
-María Dorante ? T'es la cousine de Selina alors... Dit il en s'arrêtant à quelques centimètres de moi.
Ce qui me rendait nerveuse c'était son arme, il jouait avec dans le plus grand des calmes...
-N..nan pas vraiment. Mon regard passait furtivement de lui à son arme. Il me détaillait des yeux, s'attardant sur les zones où ma robe était déchirée. Son regard ne trahissait zéro émotions. C'était...terrifiant.
-Je...je dois rentrée chez moi...dis je tout bas en essayant de passer la porte.
Il ignora totalement ce que je venais de dire et se rapprocha encore plus de moi. Le visage impassible, j'étais incapable de bouger, de toute façon j'avais le dos contre le mur, il était tellement proche que je sentais son souffle sur ma nuque. Il était régulier, pas comme le mien, je manquais limite de suffoquer. Je fixai le sol, ce gars m'intimide trop, enfin c'est son arme plutôt...
-Je te fais peur. Dit il limite en chuchotant.
-N...Non. Dis je tout bas.
-Alors regarde moi dans les yeux quand je te parle. Dit il sèchement, avec le bout de son arme il me fit relever la tete de force.
Je plantai mon regard dans le sien. Ce serait etre de mauvaise foi de ne pas avouer qu'il est vraiment beau. Je l'avais déjà remarqué ce matin, son teint basané...ses yeux bleus, son visage parfaitement dessiné. Puis ses tatouages, j'en ai rarement vus d'aussi beaux.
-J'aime pas voir de nouvelles têtes sur mon territoire Jade... Dit il en faisant glisser le canon le long de mon cou jusqu'à ma cuisse.
Je fronçai légèrement les sourcils et essayai d'ignorer le frisson que laissai son arme sur ma peau.
-C'est ça qui te fait peur? Demanda t il en enfonçant le canon de son arme dans ma cuisse. Le contact du métal froid me fit légèrement sursauter. Ce mec est un putain de sadique... Je me forçai à ne pas trembler, vraiment. La sortie est juste la... Mes yeux passèrent rapidement de lui à la porte entrouverte.
-Je veux rentrer chez moi...Dis je la voix tremblotante, le regard toujours planter dans le sien.
Je sais pas si c'est moi, mais j'aurai juré l'avoir vu regarder une fraction de seconde mes lèvres. Il fit un pas en arrière. Au même moment, Selina déboula dans la pièce et s'arrêta net dès qu'elle me vit coller au mur. C'est le moment ou jamais de partir. J'allai prendre la porte quand Rocco m'attrapa par le bras. Une décharge électrique parcourut tout mon corps. Je fixai sa main enroulée autour de mon bras puis relevai les yeux vers lui perplexe.
-Je te ramène.