𝕷𝖊𝖎𝖑𝖆: ℭ'𝔢𝔰𝔱 𝔩𝔢 𝔡�...

By iammahera

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Selem aleïkoum. Je m'appelle Leïla, 19 ans, algérienne et je viens de Marseille. C'est mon histoire. Mon pass... More

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Flashback
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Récapitulatif De L'histoire :
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By iammahera

•Chapitre 75•

~Leïla~

?: Rmhneilstnnla ?

J'avais un horrible mal de crâne.

Horrible comme ton âme.

Pas elle de bon matin...

Il faudra t'y faire.

?: Nstkmn...réveillé ?

J'ai grimacé en levant la tête. Je n'ai jamais bu d'alcool mais j'avais l'impression d'avoir une gueule de bois.

J'ai du frotter mes yeux pour enlever mes cacas d'yeux qui m'empêchaient de les ouvrir. J'ai même cru pendant un instant que j'étais devenue aveugle.

Au point où j'en suis j'ai plus de raison d'être gênée par quoi que ce soit avec vous. Vous êtes dans ma tête alors autant retranscrire la vérité sans artifices.

- Mmm...

J'ai croisé le regard d'Ilyes accompagné de ses jolis sourcils froncés et de l'inquiétude habituelle qui peignait ses traits depuis un moment maintenant. Je ne sais pas à quand remonte la dernière fois que je l'ai vu sans. Je ne sais pas non plus combien de temps s'est écoulé depuis ce fameux soir dans la chambre de Kaïs.

Vu ton odeur ça doit remonter à quelques mois.

Ilyes: Tu t'es levée ?

J'avais l'impression d'être une mère alcoolique qui avait sombré dans la dépression et qui se reposait entièrement sur ses enfants qui n'attendaient plus rien d'elle à présent. J'avais aussi l'impression de me noyer.

- Jmesuindormi...

Tu crois que la bave qui a coulé de ta bouche n'est pas suffisamment parlante ?

J'ai essuyé le coin de mes lèvres en évitant son regard.

La honte.

Ça va, c'est Ilyes.

Ilyes: Comment tu vas ?

J'ai hoché la tête en grimaçant lorsque la douleur sourde qui régnait dans ma tête s'est refaite sentir. Ma nuque et mon dos me faisaient souffrir eux aussi. Plusieurs autres parties non identifiées de mon corps aussi.

Ça t'apprendra à t'endormir sur une table.

- Ça...va.

J'arrivais mieux à mentir lorsque je parlais à voix basse. Je lâchais "ça va" comme si mon envie de crever n'était pas omniprésente.

Tu dramatises.

J'ai posé ma tête dans mes mains en fermant les yeux pour tenter de me concentrer sur autre chose que la douleur dans mon corps et ma conscience qui avait l'air de vouloir me tailler jusqu'à ce que je m'effondre.

Je dis juste tout haut ce que tu penses tout bas. On sait toutes les deux que t'es la première à ne pas comprendre pourquoi t'es dans cet état.

Ilyes: Ouai c'est ça. Qu'est ce qu'il s'est passé ?

Sa voix m'a sortie de mes pensées ridicules sur ma légitimité à vouloir passer l'arme à gauche.

T'es sûre que c'est vraiment ridicule ?

- J'avais faim.

Et maintenant j'ai soif. Comme quoi s'endormir en pleurant ne coupe pas l'appétit.

Ilyes: Bouge pas.

Il s'est décalé vers la plaque de cuisson, laissant apparaître un autre homme derrière lui. Les mains dans les poches, il était planté devant la porte en silence avec des yeux qui criaient mille et une choses dans une langue qui m'était inconnue.

Ilyes: J'ai fait les courses.

Ses mots ont résonné dans le vide sans atteindre mes oreilles. Mon cœur a raté un battement, voir deux ou trois. Disons simplement que mon rythme cardiaque n'était plus si rythmé que ça.

J'avais presque oublié à quel point son visage pouvait sembler figé. En fait "figé" n'est pas vraiment le mot le plus approprié, mais là tout de suite ? Tout le vocabulaire français semble avoir quitté mon cerveau. Il était plus grand que dans mes souvenirs. J'avais l'impression de ne pas l'avoir vu depuis des années. Peut-être même que ça faisait vraiment quelques années qui sait ?

Puis je me suis rappelée que je sentais le cadavre de hyène, que je venais de me réveiller sur une table et que je ressemblais à une vieille brosse à dent usée et odorante.

J'ai posé mes yeux ailleurs en resserrant autour de moi le drap que j'avais emporté de ma chambre. Heureusement que le ridicule ne tue pas car je serais morte il y a bien longtemps sinon.

Ilyes: Assis toi.

J'ai entendu Fares se diriger vers mon frère.

Ilyes: Vous voulez manger quoi ?

J'ai reposé ma tête sur mes mains en me traitant de tous les noms pour m'être endormie dans la cuisine.

La cuisine. J'ai vraiment atteint un niveau bien bas pour fondre en larmes parce qu'il n'y a rien à manger. Bien sûr, il fallait que je tombe sur Fares dans ces conditions.

Fares: Laisse, tu risques de brûler l'appart.

Ilyes: Ok je te laisse faire chef. Fais nous tes pâtes de la dernière fois, c'était trop bon.

Il y a eu du bruit, puis Ilyes a tiré une chaise et s'est assit à côté de moi.

Ilyes: Au fait j'ai posé mes congés.

J'avais l'impression d'être une carcasse à qui il faisait la conversation.

T'as l'impression d'être beaucoup de choses toi.

J'ai tenté de chasser cette voix en orientant mes pensées vers autre chose. Les bruits de la cuisine qui retentissaient derrière moi me rappelaient des souvenirs de maman en train de faire à manger, Chahinez derrière elle qui l'observait, et moi assise à table à les regarder. Des images de Chahinez en train d'apprendre à cuisiner se sont mises à apparaître derrière mes paupières fermées, puis de moi en train de me plaindre qu'elle mettait la cuisine dans un tel état qu'on croirait presque qu'il y a eu une perquisition.

- T'as des nouvelles de maman ?

Je savais déjà ce qu'il allait me répondre. Il devait afficher cette expression qui signifiait "je sais ce que tu veux savoir, et désolé mais la réponse est non".

Je n'avais pas la force de lever la tête pour le confirmer, mais j'en aurais mis ma main à couper.

Ilyes: Elle va bien.

Bien sûr qu'elle va bien.

Pourquoi ça n'irait pas ?

Elle est chez sa famille avec Chahinez dans le pays où elle a grandit. Elle profite des vacances pour revoir ses proches, se reposer, se promener... et sûrement faire plein d'autres choses.

Ilyes: J'ai dit à Chahinez que t'étais de retour à la maison.

J'ai ouvert les yeux pour poser un regard attentif sur lui.

Ilyes: Elle m'a demandé de tes nouvelles.

Ah bon ?

Il a hoché la tête pour confirmer mes pensées. J'étais un peu surprise sans vraiment savoir pourquoi. J'ai laissé mon esprit divaguer vers ma sœur en me disant que j'avais l'impression de ne pas l'avoir vue depuis une éternité. J'avais presque oublié le son de sa voix.

Chahinez.

Ilyes: Elle va bien. Elles rentrent dans un mois.

On était quel jour déjà ?

Un mois ? C'est court non ? Ou bien c'est long ? Ça fait combien de temps que je suis ici d'ailleurs ?

Ilyes: Je leurs ai pas encore parlé de tes béquilles.

Je me sentais bizarre. C'était pas juste parce que Chahinez me manquait, il y avait quelque chose d'autre au fond de moi qui chamboulait mon être mais que j'étais incapable d'identifier. Je préférais rester dans l'inconnu car je sentais que si je cherchais à identifier ce sentiment j'allais me mettre à pleurer.

Je pleurais pour tout et pour rien. On aurait dit une femme enceinte perturbée par ses hormones. J'ai appris à mes dépends qu'il était mieux pour moi de ne pas chercher à savoir ce que je ressens, ou ce qui me fait mal, ou n'importe quoi d'autre. J'étais en train de redécouvrir ma personnalité.

Ilyes: Je te la passerai la prochaine fois que je l'ai au téléphone.

Ma tête s'est brusquement tournée vers lui en dépit de la douleur qui a failli me laisser lâcher un cri.

- Mais-

J'ai fait une crise cardiaque.

Ou presque.

Ma voix s'est coupée à l'instant où j'ai senti sa présence dans mon dos et que j'ai été parcourue de frissons quand il s'est penché vers moi. J'ai cessé de respirer au moment où j'ai vu son bras frôler ma tête. Puis c'est mon cerveau qui a cessé de traiter les informations autour de moi.

Tout ce que je sais, c'est que même sans respirer, je sentais son parfum s'ancrer au plus profond de mon esprit. Mon ventre à fait un grand huit avant même de comprendre ce qui se passait.

Puis c'est l'odeur des œufs dans l'assiette qu'il était en train de déposer devant moi qui l'a remplacée et qui m'a en partie remise les idées en place.

Ilyes: Et moi alors ?

J'ai littéralement sursauté. Traitez moi d'imbécile.

Sale imbécile.

J'ai fixé les œufs en espérant disparaitre, trop honteuse pour oser bouger ou penser. Des souvenirs de moi, paralysée par la peur et souhaitant devenir invisible se sont invitées soudainement dans ma tête, chassées aussitôt par mon envie irrépressible de vouloir effacer ma réaction plus que stupide.

Le silence a envahi la cuisine, rendant ma réaction encore plus gênante.

Il ne manque plus que tu te mettes à pleurer pour rendre cette situation encore plus malaisante.

C'est finalement Fares qui a mit fin à mon embarras en s'asseyant à table comme si de rien n'était. J'aurais aimé voir quelle expression affichait Ilyes tout autant que cette idée me terrifiait.

T'as juste sursauté, t'en as pas marre de surréagir ?

Ilyes: Tu manges pas ?

Mon cœur s'est remis à battre en n'entendant aucune trace d'un quelconque jugement chez lui. J'ai pris sur moi afin d'attraper la fourchette déposée avec l'assiette et commencer à couper un morceau d'œuf.

Comme si ça ne suffisait pas, le regard lourd de Fares bouffait l'air autour de moi comme si je n'avais pas déjà assez de problèmes. J'avais envie de me faire le plus discrète possible. Voire même de disparaître totalement, ça aussi ce serait bien.

J'ai pris une bouchée de l'omelette, et j'ai été surprise de découvrir que c'était plutôt pas mal. En fait c'était très bon même.

Il aurait dû faire top chef au lieu d'enquêtes criminelles.

Ilyes: Tiens.

J'ai accepté sans un mot le pain et le verre d'eau qu'il venait de me donner. Je ne sais pas à quand remonte la dernière fois que j'ai réellement mangé un vrai repas. J'ai tout de même essayé de garder un minimum de dignité en ne me jetant pas sur la nourriture comme un animal affamé.

Ilyes: Hichem m'a dit qu'il passerait bientôt au fait. Il veut te parler.

Je me suis figée un instant avant de porter le verre à mes lèvres. Je n'avais pas de nouvelles de lui depuis un moment. Je n'avais de nouvelles de personne en fait, mon téléphone était surement déchargé et abandonné quelque part dans ma chambre.

J'étais en train de me préparer mentalement à une leçon de morale, ou à un interrogatoire digne d'un agent du KGB. Ça dépendrait de son niveau d'inquiétude et d'agacement. Dans tous les cas, j'étais sur le point de passer un sale quart d'heure.

J'ai tourné la tête vers le four mais au lieu de regarder l'heure, c'est sur Fares que mes yeux sont tombés. Mon estomac s'est tourné dans tous les sens pour prouver que même plusieurs mois sans le voir n'étaient pas suffisants pour effacer l'emprise qu'il a sur mon corps.

J'ai du recourir à toute la volonté que j'avais pour poser les yeux sur l'heure et reporter mon attention ensuite sur mon plat. J'espérais qu'il parte le plus rapidement possible car sa présence n'apportait rien de bon à ma situation, et le souvenir de notre dernière discussion était encore trop frais dans ma tête.

J'ai chassé toutes ces pensées pour me concentrer sur mon plat bientôt fini et sur rien d'autre. Ce n'était pas le moment de se laisser distraire par lui et ses yeux hypnotisants. Et comme pour me sauver, c'est à ce moment que Hichem a décidé d'arriver.

Ilyes: J'y vais.

Il a quitté la pièce, me laissant seule avec Fares et ma conscience douteuse. J'ai arrêté de manger en essayant de garder une respiration normale en l'ignorant. Le silence me rongeait la peau.

Il n'y avait qu'un petit espace qui nous séparait. Je suis certaine que nos jambes se toucheraient si les miennes ne prenaient pas qu'un tout petit espace en dessous de ma chaise. Je me concentrais sur le blanc de l'assiette devant moi pour ne pas croiser son regard que je sentais depuis un bon moment et que je craignais qu'Ilyes ne remarque.

J'aurais voulu lui demander de regarder autre chose mais je craignais que ma voix ne se brise si je prenais la parole. Ou pire, que je ne parle trop doucement et qu'il me demande de répéter. Je n'étais pas sûre d'en être capable.

Fares: Ça va ?

Un nœud s'est formé dans ma gorge, m'empêchant de lui répondre. J'ai seulement hoché la tête.

Fares: J'ai quelque chose sur le visage pour que t'évites de me regarder comme ça ?

- Non.

Fares: Leïla.

J'ai lâché ma fourchette et serré le draps autour de moi. Je sentais qu'il ne me fallait que très peu pour déraper et faire ou dire des choses que je risquerai ensuite de regretter.

- Arrête.

Heureusement pour moi, Hichem et Ilyes sont apparus au même moment.

Hichem: Selem.

Fares s'est levé avant même que je n'aie eu le temps d'ouvrir la bouche pour répondre. Il a quitté la pièce, et l'air est devenu un peu plus respirable.

Juste un peu.

Je sais pas si c'est toi ou lui le plus bizarre.

Ilyes: Il faut qu'on parle tout à l'heure.

J'ai fermé les yeux une seconde en cherchant une esquive.

- Pourquoi ?

Ilyes: T'es sûre que tu sais pas ?

Mon silence lui a suffit comme réponse.

Ilyes: Finis de manger et va prendre une douche.

Vous connaissez la fameuse phrase "t'es pas mon père" ? Chez nous on avait une version différente qui était "Arrête de te prendre pour Kaïs".

Dans un autre contexte je la lui aurais bien sortie, mais j'avais la flemme d'aller sur ce terrain là. J'avais la flemme de répondre quelque chose.

Il est sorti à son tour, me laissant seule avec Hichem.

Hichem: J'ai interrompu une embrouille ?

J'ai secoué la tête en attrapant mes béquilles pour débarrasser la table. J'espérais pouvoir m'enfuir ensuite vers ma chambre, mais vous devez vous douter que ce n'est pas ce qui s'est passé :

Hichem: Attends, je suis pas venu pour rien. Prépare toi, on sort.

Je n'ai pas cherché à trouver un prétexte pour éviter cette sortie. Je n'avais ni la force ni l'envie d'initier une leçon de morale qui se terminerait très probablement en une dispute.

J'ai difficilement rejoint ma chambre pour trouver des vêtements propres. J'avais tellement besoin de prendre une douche que je m'auto dégoûtais. L'idée de rester plus longtemps dans mes vêtements me donnait envie de vomir.

T'as un gros problème d'hygiène.

Je sais. Je crois même que mes joues ont fini par faire des creux après le passage de mes larmes ces derniers temps.

Ai-je précisé que je me dégoute ? Dans tous les sens du terme, je me répugne au point de ne pas oser me regarder dans une vitre.

...

Parfois je me demande si je ne suis pas possédée. Ça expliquerait pourquoi je me sentais si mal. Et si vide.

C'était ça ce qui m'arrivait en réalité. Je me sentais terriblement vide. Sans envie particulière. J'avais la flemme de tout. Je n'aimais plus rien.

Je voulais juste qu'on me laisse tranquille dans mon coin et attendre que le temps passe. Peut être qu'en faisant ça la vie serait plus supportable.

C'est ridicule. Ça m'énerve. J'en ai marre.

La porte à claqué dans un boum qui m'a faite sursauter.

?: Doucement putain.

J'ai haussé les sourcils en voyant Kaïs rentrer du travail avec Hichem.

Hichem: C'est le vent.

J'ai reposé mon regard sur la table basse en serrant l'extrémité de mes manches dans mes mains et en ajustant la couverture sur mes épaules.

Hichem: T'es prête ?

Je me sentais comme une condamnée à mort prête à être conduite à sa sentence.

- Oui.

J'ai trouvé l'appartement vide en sortant de la douche, et n'ayant pas la force de retourner dans ma chambre, j'ai simplement décidé de me laisser tomber sur le canapé.

Il s'est laissé tomber à côté de moi.

Hichem: T'as plus de téléphone ?

- Non.

Ilyes est rentré dans l'appartement.

Lui: Selem.

J'ai posé les yeux sur le mur en espérant qu'ils se mettent à discuter entre eux et qu'ils finissent par passer à autre chose. Peut être qu'en faisant comme si je n'étais pas là, ils allaient m'oublier. C'était tout ce que je demande.

Hichem: Selem. On va y aller, on va rentrer un peu tard.

Il était déjà tard, le soleil allait se coucher dans un moment. La curiosité m'a piquée.

- On va où ?

J'en avais rien à faire d'où il voulait aller. Ça me donnait juste l'air curieuse et c'était bien pour maintenir les apparences.

Hichem: On quitte le pays.

Je crois qu'il a fait de l'humour. Mais bon, dans tous les cas c'est pas important. Comme quoi j'étais pas capable de faire semblant d'être intéressée trop longtemps.

Hichem: Aucune réaction.

J'avais aucune envie de rentrer dans un débat alors j'ai juste posé les yeux sur lui histoire de lui faire comprendre que je l'écoutais mais que j'avais juste la flemme de répondre.

Ilyes: Laisse tomber le sarcasme, elle va même pas essayer de rentrer dans ton jeu.

J'étais désagréable et ça m'énervait. Et ça me rendait encore plus désagréable. C'est un cercle vicieux que je ne pouvais pas quitter et qui m'agaçait.

J'en avais marre de ma personne. J'aimais pas cet état dans lequel j'étais. Ça me rendais folle.

Parce que tu l'es pas déjà ?

Hichem s'est levé du canapé avec l'énergie d'un kangourou.

Lui: Alors on y va ?

- Je suis fatiguée.

Pourquoi est ce toujours quand il fait beau que j'étais le plus triste ? J'étais tellement bien cet hiver en comparaison.

J'avais envie de me mettre des gifles à force de me plaindre autant.

Hichem: Je peux même te porter s'il le faut. C'est pas ça qui va m'empêcher de te faire sortir.

Ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase de mes nerfs. J'ai attrapé rageusement mes béquilles au sol et je me suis dirigée vers ma porte en faisant tout pour montrer à quel point j'étais agacée. Je n'ai même pas répondu à Ilyes qui nous disait au revoir.

On est descendus en silence, et les sdf du hall se sont tous arrêtés de parler en nous voyant. Ça a ajouté une couche à mes nerfs. J'avais envie de les gifler un par un avec mes béquilles.

On a fait le trajet en silence jusqu'à la voiture de Hichem.

Hichem: Tu veux pas au moins faire semblant d'être un peu enthousiaste ?

Tu sais qu'ils ne vont pas te lâcher si tu restes comme ça ?

Je m'en doute.

Si j'étais toi (de toute façon je suis toi), je ferais semblant de me calmer et de m'intéresser à sa sortie.

J'ai ni la force ni l'envie de faire semblant.

Fais un effort. Je croyais que ça t'énervait d'être tout le temps irritée comme ça.

Je suis hypocrite envers moi même alors. Laisse moi tranquille, j'ai pas la force de me battre avec toi.

On va pas se battre parce que tu sais que j'ai raison.

T'as raison, c'est bon t'es contente ? Laisse moi tranquille maintenant, tu vas pas t'y mettre toi aussi ?

Même "moi même" est contre moi.

Tu devrais pas te remettre en question ? C'est bon, il y en a marre de faire la dépressive.

J'ai levé les yeux au ciel en mettant fin à ce débat interne avec ma conscience. Qu'est ce qu'il y avait de mal à ne pas vouloir de compagnie ? C'est un crime ?

Quand j'allais pas bien il y a des années plus tôt, personne s'en est rendu compte. Pourquoi c'est aujourd'hui qu'ils le remarquent ? Il fallait se réveiller plus tôt. Maintenant c'est trop tard, laissez moi.

En même temps, je peux pas m'empêcher de me remettre en question. Est ce que c'est de ma faute si je suis restée dans cette situation si longtemps ? Si personne n'a vu à quel point j'allais mal c'est aussi parce que je faisais tout pour.

C'est vrai que j'ai fait tout ce que j'ai pu pour cacher la vérité. Mais il y avait des signes qui ne trompent pas quand même. J'avais des bleus, je repoussais tout le monde, j'ai boîté pendant un mois. Il y avait bien une raison à ça. Ils ne se le sont pas demandés ?

Pas une seule fois. T'as raison sur ce point.

Mon problème c'est que j'en veux au monde entier de m'avoir laissée tranquille quand il ne le fallait pas. Mais ensuite je m'en veux de penser ça alors que moi aussi je ne faisais que repousser les gens qui m'approchaient.

Et maintenant, "tout est fini".

Mais j'en ai pas l'impression. On dirait que c'était hier qu'on m'envoyait chez Hussein sans me demander mon avis.

Pour lui, oui tout est fini. Il est mort. Mais moi je suis toujours là et j'ai toujours aussi mal qu'au premier jour. Comment je suis censée aller de l'avant ? C'est comme sauver quelqu'un de la noyade et lui dire de ne pas avoir peur de l'océan.

Je ressasse tout. Je n'arrive pas à passer à autre chose. Je ne suis pas prête à laisser ça derrière moi. Je ne peux pas.

Est ce que c'est possible même ? Est ce qu'on peut aller de l'avant après avoir été battue, et... et abusée... et...

J'ai fermé les yeux en repoussant les vagues de malaise qui remontaient. Je ne pouvais pas me laisser aller pour l'instant devant Hichem.

Tu ne peux pas aller de l'avant. Tu as ta réponse.

...

Il m'a amené à la falaise. Tout ça pour une putain de falaise. Alors que j'ai peur du vide. Achevez moi.

Allongée sur l'herbe avec les yeux perdus entre les nuages et les mains jointes au dessus de mon pansement sur le ventre, je me disais que j'aurais mieux fait de faire semblant de m'être endormie pour m'éviter tout ça.

Hichem: Je t'ai amenée ici pour que tu me dises ce qui t'arrive.

C'était sûr. Au moins il tourne pas autour du pot, c'est quelque chose que j'apprécié chez lui.

J'aurais du prévoir qu'il allait faire quelque chose comme ça. C'est bien son genre de faire des guet apens. Pas dans le sens propre hein, il est pas dans les histoires de rue.

- Il m'arrive rien, t'es parano.

Essaie au moins d'être un peu convaincante.

Hichem: Tu peux rien dire si tu veux mais au moins ne mens pas.

J'ai fermé les yeux en refoulant mes états d'âmes.

- Je suis juste dans une période où je réfléchis beaucoup. Il m'arrive rien, ok ?

Hichem: C'est à dire "tu réfléchis" ?

Je me suis soudainement rendue compte que ça faisait une éternité que je n'avais pas parlé avec Hichem. Je veux dire, que je n'ai réellement pas parlé à cœur ouvert avec lui.

- Je me remets un peu en question.

Hichem: À quel sujet ?

Hussein. Ma vie. Mes relations avec mes proches. Mon hypocrisie. Mes réactions. Tout ce qui fait de moi la personne que je suis aujourd'hui.

- Beaucoup de choses.

J'ai posé ma casquette sur ma tête pour éviter de cramer. On crevait de chaud à cette période de l'année.

Hichem: T'as des regrets ?

- Je sais pas. C'est pas par rapport à ça.

Je regrettais beaucoup de choses, mais c'était pas vraiment la raison de ma crise existentielle.

- Je fais juste une crise existentielle. Ça va me passer.

Oui voilà. C'est temporaire. D'ici un moment ça va passer et je vais redevenir normale.

Hichem: T'es sûre que c'est moi que t'essaies de convaincre là ?

Il a raison. Essaies un peu de parler à cœur ouvert. C'est bon, c'est Hichem.

J'étais énervée de mal réagir, ou de réagir trop tard. C'était maintenant que je me réveillais ? Des années après ? À quoi bon ?

- Je me demande si je suis sincère parfois. J'ai l'impression d'être hypocrite avec les gens.

Hichem: Tu en veux à quelqu'un ?

J'ai pris le temps d'y réfléchir un instant.

- Je crois.

Je répondais avec des demi vérités maquillées pour ne pas alourdir ma conscience et maintenir une conversation à peu près normale.

- Comment tu me trouves ?

C'était aussi pathétique qu'une petite fille en train de demander à son crush pourquoi il ne l'aimait pas.

Hichem: Je te trouve normale. Je pense que tu traverses juste une période pas facile, mais ça nous arrive à tous.

Ça arrive, c'est vrai.

Hichem: Et tu veux que je te rappelle tout ce que t'as traversé en ce moment ? C'est plus que normal de se remettre en question, de réfléchir à la vie et à plein de trucs.

- ...

Hichem: Je te trouve pas bizarre, ni hypocrite, ni rien. T'es quelqu'un sur qui on peut compter si on a un problème. T'écoute les gens sans rien dire et ça te convient. En tout cas si t'as besoin de t'exprimer tu sais qu'il y a des gens sur qui tu peux compter toi aussi.

Je me suis redressée pour faire face à l'océan. J'avais une pelote de fils bien emmêlés à la place du cerveau et elle ne faisait que s'alourdir.

- Je ne pense pas.

S'il n'y avait pas autant de soleil, j'aurais enlevé ma casquette pour observer le ciel. Heureusement qu'il y avait du vent pour compenser la chaleur de la canicule. Malgré tout, c'était agréable.

Hichem: Pourquoi ?

La honte m'étouffait à l'idée de recevoir un jugement. Je savais que j'étais incapable de m'ouvrir à quelqu'un. Et même si j'avais confiance en Hichem, que j'appréciais beaucoup sa compagnie et que discuter avec lui ne me stressait pas, je ne pouvais pas être totalement honnête dans cette conversation.

Et puis j'avais peur de déranger. De toute façon, c'était plus maintenant que j'avais besoin d'aide. C'était quand Hussein était vivant. À quoi ça servirait de s'apitoyer sur son sort ? Pourquoi en parler maintenant alors que ça ne changerait rien à l'histoire ?

- Si quelqu'un te plantait un couteau dans le dos, mais que c'était il y a longtemps et que ça servait plus à rien de garder de la rancœur. Comment tu réagirais maintenant ?

Je tripotais mes doigts en attendant sa réponse.

Hichem: Ça m'est déjà arrivé. C'était avec l'autre folle là, tu te rappelles ?

Ah oui, c'est vrai. J'ai choisi un mauvais exemple.

Hichem: J'essaie de faire comme si je l'avais jamais connue. Mais je lui ai toujours pas pardonnée.

Je comprenais sa réaction, mais j'avais pas la possibilité de faire pareil. Comment pardonner des années d'ignorance ?

T'étais prête à te battre avec chaque personne qui t'approchait et tu oses te demander pourquoi personne n'a essayé de t'aider ?

J'ai fermé les yeux en tentant de chasser la boule dans ma gorge.

T'as repoussé tout le monde, t'as même réussi à te mettre à dos ta propre famille. Et maintenant tu viens te plaindre ?

Hichem: T'en veux à qui ?

J'avais pas envie de m'aventurer sur ce terrain avec lui. Ni avec personne d'ailleurs. Je ne me pensais pas capable de raconter à nouveau cette histoire.

T'es sûre que c'est aux gens que t'en veux ou est ce que c'est juste un moyen de rejeter la faute sur les autres ?

Hichem: Ou au pire, je peux juste savoir si je suis dans le lot ?

Il a alourdi en une phrase le poids que j'avais sur le cœur.

- À l'époque t'étais à Bruxelles...

Cherche des excuses vas-y.

- Au fond c'est surtout à moi que j'en veux. Aux autres aussi, mais ça m'énerve de remettre ça sur eux. Mais je peux pas m'en empêcher.

Hichem: Qu'est ce qui s'est passé quand j'étais à Bruxelles ?

On essaie de ne pas y penser, je ne pense pas qu'on va te le dire.

Hichem: Qui t'a fait quoi ? Et pourquoi t'en veux aux gens ?

- Laisse tomber, il y a rien.

"Rien" c'est ce que t'as fait pour essayer de t'en sortir. C'est de ta faute aussi si personne n'en a jamais eu rien à foutre de comment t'allais. Tu te rappelles de comment t'étais désagréable à cette époque ?

Je me suis retenue de grimacer. Il ne manquait plus que je passe pour une folle.

Tu l'es déjà un peu au fond non ?

Hichem: Donc c'est pour rien que t'es dans comme ça ? T'as conscience de l'état dans lequel t'es ?

Tout ce forçage commençait à m'agacer. J'avais l'impression que personne n'écoutait vraiment ce dont j'avais besoin.

- C'est pas la question.

Me reprocher d'être ainsi n'allait pas m'aider. J'avais conscience d'être désagréable et évitante alors pourquoi tenter de me culpabiliser encore plus que je ne le suis déjà ? Ma conscience se charge déjà trop bien de ce travail.

Hichem: Alors c'est quoi le sujet ? Essaie de communiquer avec nous. On peut même pas essayer de t'aider puisqu'on ne sait même pas qu'est ce qui va pas.

- Arrêtez de vouloir m'aider alors ! Je vous le demande pas à ce que je sache. C'est le problème de personne alors vous mêlez pas de mes affaires. Khra. (merde)

Il cherche à t'aider, c'est quoi ton problème ?

Je sais pas. J'ai juste un problème que je vais résoudre toute seule. Vous commencez à m'énerver. Tout m'énerve. J'en peux plus, pourquoi je peux pas juste être normale ?

Hichem: Mais bien sûr qu'on va s'en mêler cousine. Ressaisis toi tant que t'en as encore le temps putain. Tu nous refais une dépression et tu t'en rends même pas compte.

- Mon poing dans ta tête va te montrer le genre de dépression que j'ai. Parle pas de choses que tu connais pas, t'étais pas là à l'époque.

Hichem: Moi j'étais pas là mais t'as parlé à ton frère ? Demande lui et on verra ensuite. T'essaie même pas de t'en rendre compte.

- Mais tu veux que je fasse quoi ? Que du jour au lendemain je retrouve la forme et que je passe à autre chose comme si j'avais plus aucun souvenir des dix dernières années ? Et tu crois que ça m'amuse d'être comme ça ? J'en ai marre, je supporte plus rien, j'en peux plus.

J'ai posé désespérément mes mains sur mon visage.

Est ce qu'en faisant une leçon de morale à quelqu'un, la personne allait changer du jour au lendemain ? Non car si c'était le cas j'aurais déjà changé il y a bien longtemps.

J'étais blasée par la vie. Énervée par mon attitude. Blessée par celle des autres. Et c'est pas parce qu'on me disait qu'il fallait que j'arrête que j'allais le faire du jour au lendemain. C'était pas moi qui contrôlait ça.

"T'es triste ? Arrête." c'était exactement la même chose.

Hichem: Pour passer à autre chose, il faut déjà essayer. Toi tu restes enfermée toute la journée à réfléchir à je sais pas quoi. C'est comme ça que tu penses que tu vas aller de l'avant ?

- Mais j'arrive pas à faire autre chose ! C'est quand que vous allez comprendre que j'y arrive pas ? J'ai déjà essayé et regarde où j'en suis ! J'étais mieux quand j'étais sous drogue à l'hôpital.

Hichem: Parle pas de choses que tu sais pas. C'est pas toi qui a du gérer ton jumeau le psychopathe.

- Parle bien d'Ilyes.

Je l'ai fusillé du regard.

Hichem: Arrête de dire des trucs comme ça alors. Tu sais dans quel état il était ? Il s'est embrouillé avec toute la terre.

- C'est de famille.

Hichem: Parle avec lui alors parce qu'il va bientôt vriller.

J'ai froncé les sourcils. Comment ça vriller ?

Hichem: J'en dirai pas plus.

J'ai noté cette information dans un coin de ma tête dans la case "à en discuter avec Ilyes". Je n'avais pas eu l'impression qu'il était dans cet état, mais c'est vrai que je n'avais pas réellement fait attention à lui ces derniers temps.

T'as fait attention à rien ni personne. T'étais trop occupée à en vouloir à tout le monde. Tu te demande pas si ce serait pas toi le problème dans l'histoire non ?

Hichem: Enfin bref, je crois que je commence à épuiser ta patience minuscule alors je vais changer de sujet.

On ne se disputait jamais vraiment avec Hichem. Il nous arrivait de nous crier dessus comme maintenant, mais on n'était jamais en froid. Il pourrait changer de sujet et parler de la météo, l'ambiance redeviendra automatiquement normale. C'était pour ça aussi que j'aimais bien parler avec lui.

Hichem: T'en es où avec tes rééducations ?

Je me déplaçais la plupart du temps en fauteuil roulant pour faire le moins d'effort possible, mais c'était par pure flemme. J'étais aussi capable de me déplacer en béquilles. C'est ce que j'ai fait pour venir ici d'ailleurs. Flemme d'attirer le regard avec mon gros fauteuil.

- J'ai arrêté.

J'ai remis ma casquette pour ne pas croiser son regard accusateur.

Hichem: Et pourquoi ?

J'ai haussé les épaules.

Je ne me voyais juste pas mettre toute ma volonté à essayer de faire deux pas en avant alors que j'avais juste envie de sauter d'un pont. Je n'avais plus la force d'aller de l'avant. Je faisais du surplace et c'était déjà épuisant.

Je regardais le ciel sans nuage en me demandant pourquoi je me posais toutes ces questions sans réponses. Il faut vivre au jour le jour comme on dit.

Sauf que je le faisais déjà. Je n'attendais rien du lendemain, encore moins du jour d'après. Je me contentais d'être là où on me demandais d'être quand il le fallait. Ou j'attendais que le temps passe en espérant qu'il le fasse rapidement.

Alors comment je fais ? Je me force à ressentir la joie de commencer une nouvelle journée chaque matin ? Si c'est ça la solution alors je voulais bien l'accepter et faire semblant.

Hichem: Tu devrais voir ta psy. T'as besoin de parler et même si ça me dérange pas de t'écouter, j'ai pas les compétences pour t'aider.

- Ça me met mal à l'aise de parler à une inconnue.

C'était ma psychologue mais je la considérais étrangère à qui j'étais forcée de parler des pires choses dans ma vie. Soi disant pour m'aider.

Je détestais tout dans ces séances. Le silence, le bruit de l'encre sur le papier, le tic tac de l'horloge derrière moi, le papier peint, l'odeur du papier et du bois...

Hichem: Tu devrais essayer de ne pas la considérer comme une inconnue alors.

- C'est une inconnue. On est pas amies, on fait pas partie de la même famille, on a aucun point en commun. C'est pas que je l'aime pas, c'est juste que j'aime pas lui parler.

...de mes problèmes.

Hichem: Dans ce cas trouve une solution. Je t'avoue que j'ai pas trop d'idées.

J'ai haussé les épaules.

Hichem: En attendant je veux bien faire le psy. Mais ça sera pourra pas rester comme ça pour toujours et tu le sais.

Je ne sais même pas comment définir mon état. C'était un mélange d'ennui, de frustration, de fatigue et de stress alimenté par de la peur, de la douleur et de l'angoisse. Est ce qu'il y a un nom pour ça ?

J'étais vide de tout sentiment. J'étais lassée de la vie. J'en voulais à la terre entière pour que l'instant d'après je me reproche d'être ainsi. J'étais jalouse de choses aussi futiles qu'un sourire, j'avais l'impression d'être de trop dans ce monde et d'avoir grandi dans des conditions radicalement opposées à celles des autres. J'étais dans une bulle à part et je ne me reconnaissais chez personne d'autre. Est-ce que je suis la seule à qui ça arrive ?

On m'a diagnostiqué une dépression il y a quelques années. Je ne mangeais plus, je dormais tout le temps et j'avais constamment des sautes d'humeur. C'était une période où je refusais de voir des gens. C'est à peine si je supportais la présence d'Ilyes qui restait collé à moi 24h/7. Quand il n'était pas en cours ou au travail, il était avec moi.

Et même si sur le moment j'avais une haine viscérale envers lui, je lui suis aujourd'hui reconnaissante d'être resté avec moi. J'ai conscience que je ne serais sûrement plus là à l'heure actuelle sans lui. Et je pense qu'une vie entière ne serait pas suffisante pour que je puisse lui rendre un jour la pareille.

Parfois je me demande comment j'aurais vécu les choses si Hichem n'était jamais parti. Ça n'aurait rien changé aux faits, mais ça aurait peut-être diminué l'impression que j'avais de faire fuir les gens. Je sais que ressasser le passé ne sert à rien et que ce n'est pas pour autant qu'il sera modifié mais je ne pouvais pas m'en empêcher.

A suivre

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