Le monde se dissipait, comme une tache de sang sur un papier immaculé, le noiraud était à genou, au milieu de cette foule. Hoseok avait paniqué, il avait laissé tomber tous les sacs en criant le nom de celui qu'il poursuivait sur quelques mètres déjà. Quand il l'avait vu partir, l'incompréhension seulement l'avait prise, il ne saisissait simplement pas pourquoi son collègue s'était jeté dans cette marée humaine. Il l'avait suivi. Mais lorsque sa tignasse ébène avait croulé sous les passants, une profonde inquiétude l'avait pris au ventre. Le châtain avait tout lâché pour aller le chercher, le sauver de la noyade.
Jungkook regardait le sol, tout semblait vide, il cligna des yeux un instant et l'espace s'était éclairci. Il se retrouva dans un endroit blanc, désert, immense. Il n'arrivait pas à discerner là où il était. Des traces de pas en terre se dessinaient devant lui. Il les suivit, la pièce blanche paraissait infinie devant lui. Néanmoins, plus il marchait, moins les traces étaient visibles face à lui. Pris d'un frisson, il se retourna, puis remarqua des traces de pied qui le talonnaient, en réalité, c'étaient les siennes. Affolé, il regarda sous ses chaussures. Elles étaient remplies de boues, comme s'il avait marché en pleine forêt. En un battement de cils, la pluie s'était abattue sur lui, et la pièce, l'endroit, peu importe où il se trouvait, était devenu noir, nuit, noir. Un vent frais lui donna un énième frisson dans le cou. Mouillé jusqu'aux os, le froid avait commencé à l'envahir. Le noiraud se retourna en sursaut quand il entendit le rire d'un enfant, ce dernier courut, il passa devant Jungkook et le déposa un ballon de foot à la main.
Jungkook essaya de l'interpeller, mais le garçon ne se retourna pas, il continua sa route enfantine. Le noiraud n'y voyait presque rien, seule une lumière, pourtant faible, éclairait étrangement l'endroit, comme si la lune veillait sur lui, dans cette réalité cauchemardesque. Il se lança à la poursuite de ce jeune garçon qui courait innocemment dans la nuit noire de cet incompréhensible endroit. Il parvint à attraper la main de l'enfant et ce dernier s'arrêta, Jungkook s'agenouilla pour lui demander ce qu'il faisait là tout seul. Mais, en voyant son visage, le noiraud écarquilla les yeux. Le jeune garçon lui rendit un sourire enjoué, sans le moindre mot.
C'était impossible. Il ouvrit la bouche pour protester, dire quelque chose, muet, les mots refusaient de sortir. Le jeune bambin lui ressemblait tellement, c'était lui, il en était persuadé. Mais comment était-ce possible ? était-il en train de rêver, faire un cauchemar ? N'était-il réellement pas au marché avec Hoseok juste avant de voir cette illusion qui lui semblait si vrai ? Le sourire du jeune garçon se fana, Jungkook, perdu, eu à peine le temps d'ouvrir la bouche que le jeune garçon avait disparue, fondu en poussière qui restait dans la main du noiraud, comme du sable.
Une douleur lancinante lui prit a la tête, il posa les mains au sol pour se donner contenance. Il ne voyait que ses mains qui lui semblaient bien plus rouges que d'ordinaire. Le sable s'était envolé. Il releva la tête, une lumière aveuglante paraissait lui brûler la rétine, les gens se mouvaient autour de lui de nouveau dans la rue marchande. Il se frotta le visage pour retrouver la vue, privé d'un sens bien trop important. Jungkook s'arrêta, quelque chose sur ses mains avait sali son visage, il baissa les mains, ces dernières, tremblantes, étaient rouges de sang. Sa bouche s'entrouvrit, ses yeux ne bougeaient pas, fixant ses mains salies par ce liquide incriminant. Pris d'une panique incontrôlable, il bafouillait des mots incompréhensibles.
Le noiraud regarda autour de lui, mais tous les yeux étaient rivés sur lui, les téléphones le photographiait, les doigts le pointait, moralisateur et accusateur. Les larmes commençaient à couler sur ses joues, se mêlant au sang pour venir le diluer. Ce n'est pas moi, je n'ai rien fait ! C'est ce qu'il voulait crier, à pleins poumons même, mais rien, pas un mot ne pouvait plus sortir de sa bouche.
Sa vision devenait floue à cause des larmes, puis rouge à cause du sang. Un sanglot brisant sa voix et son silence jusqu'alors complet se fit entendre dans ce bruit assourdissant qui résonnait dans sa tête. Jungkook se frotta de nouveau les yeux. En les rouvrant, il aperçut un couteau, le liquide rouge le recouvrait partiellement, ses yeux se tournèrent alors sur un autre à ses côtés. Il n'eut à peine de temps de cligner des yeux qu'une autre arme se tenait devant lui. Il y en avait tellement, tout autour de lui, le noiraud se recroquevilla sur lui-même. Une main qui venait de derrière essayait de lui toucher le dos, puis une deuxième. Il était en train de se faire noyer, se faire étouffer par toutes ses mains qui venaient l'écraser au sol.
Une autre main, elle, se faufila parmi toutes celles qui voulaient lui plonger la tête dans l'eau. Elle le tira et lui offrit une étreinte reposante. Le noiraud prit alors une grande inspiration, retrouvant la surface, les yeux visant l'espoir qu'il avait vu en cette main. Jungkook accepta cette étreinte. Ses bras enroulés autour de ce corps, ce corps froid, pourtant. Il devenait de plus en plus lourd, comme s'il ne pouvait retenir tout son poids.
Jungkook le posa sur le sol, les yeux fermés, une larme avait coulé sur le visage de ce corps qui semblait sans vie dans ses bras. Le noiraud secoua la personne qu'il tenait près de lui, les larmes inondaient aussi ses joues. Un sourire narquois étira les lèvres blanches du jeune homme dans ses bras. Un rire moqueur s'éleva alors, Jungkook ne comprenait plus rien, son visage transpirait le doute. Les yeux du jeune homme s'ouvrirent et le noiraud fit un bon lorsqu'il aperçut la sclère noire et les iris rouges de cet homme qui riait devant lui. L'homme se releva, un sourire meurtrier en coin, il mit sa main froide sur la bouche du noiraud, l'obligeant à se tasser par terre, seuls ses coudes pour le retenir. Il se rapprochait dangereusement de Jungkook, ce dernier ne pouvait que laisser les larmes couler sur ses joues, rentrant en contact avec les doigts congelées de son agresseur. Il ferma les yeux, les plissant pour faire disparaître tout ce qui se trouvait devant lui.
Une main chaude se posa sur son dos, il se releva subitement, comme si l'air venait enfin d'affluer vers lui, pouvant de nouveau respirer. Le visage emplit d'inquiétude de Hoseok se trouvait en face de lui. Un long moment silencieux les emprisonna alors, comme bloqué, personne ne bougeait. C'est le châtain qui brisa ce calme et qui vint prendre dans ses bras son ami. Jungkook était à nouveau conscient de la rue qui se vidait peu à peu, les marchands prenaient leurs tréteaux et rangeaient leurs produits. Les bars réconfortant du châtain le réchauffaient, là assis sur le sol froid de la rue, jugés par de nombreux regards qui ne comprenait pas ce qu'il faisait par terre en plein milieu de la rue. Ils étaient restés là encore longtemps, avant de retourner aux sacs que Hoseok avait complètement lâchés pour aller chercher Jungkook. Aucun mot n'avait été prononcé, encore, mais les yeux du châtain s'étaient fixés sur le noiraud qui marchait à ses côtés. Le téléphone d'Hoseok vibra dans sa poche, il quitta les yeux de son collègue pour voir les messages de madame Kim s'afficher sur son cellulaire.
Téléphone de Hoseok
Madame Kim : Alors, tu
as réfléchi à mon idée, je sais
que ça peut être compliqué
pour toi, mais je pense que
c'est la meilleure des
options Hoseok !
Hoseok : J'y ai réfléchis oui...
je penses que tu as raison
c'est la meilleure des toutes
les options, celle qui sera la
plus rapide pour maman
en tout cas !
Madame Kim : je penses
aussi, pour l'instant la dose
du mois a été financé mais
le mois prochain tu ne pourra
plus compter sur le
soutien de ces gens
Hoseok : je sais, je
suis en train de travailler,
je dois rentrer de l'argent
avant tout, j'ai pas les moyens
Madame Kim : t'inquiète
pas mon petit Hoseok,
on va y arriver
Hoseok : j'espère
Madame Kim : Sinon
toi, tu vas bien ?
Hoseok : Oui ça va
Madame Kim : parfait alors
Hoseok : Na-yung,
j'ai une question,
si quelqu'un fait des
cauchemars à répétition
et qu'il a l'air préoccupé
par quelque chose, je dois
lui demander ce qu'il le
tracasse ou c'est
trop impersonnel ?
Madame Kim : je ne
sais pas, je dirais oui sauf
si tu voit qu'il ne veut vraiment
pas en parler mais je pense que
c'est une bonne idée de lui
poser la question.
Hoseok : il a l'air
distant quand il se réveil
après un cauchemar et
que je suis là, mais sinon
on en a pas vraiment parler
Madame Kim : fait ce
que tu pense être juste
Hoseok laisse ton
instinct te guider
Hoseok : merci Na-yung
Et voilà la suite, j'espère qu'elle vous a plu :))
À votre avis, quel est son cauchemar a Jungkook ?
Bref sur ce, on se retrouve samedi prochain pour la suite ( si j'y arrive parce que mes week-ends sont blindés de devoirs x') )
Bizzzzz <3