ESTRELLA - BRAHMAN PARADISE

joannaacnt tarafından

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« 𝐚𝐮𝐱 𝐞́𝐭𝐨𝐢𝐥𝐞𝐬 𝐪𝐮𝐢 𝐞𝐧𝐭𝐞𝐧𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐯œ𝐮𝐱, 𝐞𝐭 𝐚𝐮𝐱 𝐫𝐞̂𝐯𝐞𝐬 𝐞𝐱𝐚𝐮𝐜𝐞́𝐬. »... Daha Fazla

PLAYLIST
NOTE DE L'AUTEURE
prologue
chapitre 01
chapitre 02
flashback
chapitre 03
chapitre 04
chapitre 05
chapitre 06
chapitre 07
chapitre 08
chapitre 09
chapitre 10
flashback
chapitre 11
chapitre 12
chapitre 13
chapitre 14
chapitre 15
chapitre 16
chapitre 17
flashback
chapitre 18
chapitre 19
chapitre 20
chapitre 21
chapitre 23
chapitre 24
chapitre 25
flashback
chapitre 26
chapitre 27
chapitre 28
chapitre 29
chapitre 30
chapitre 31
flashback
chapitre 32
chapitre 33
chapitre 34
chapitre 35
chapitre 36
chapitre 37
chapitre 38
chapitre 39
chapitre 40
chapitre 41
chapitre 42
chapitre 43
chapitre 44
chapitre 45
chapitre 46
flashback
chapitre 47
chapitre 48
chapitre 49
chapitre 50
chapitre 51
chapitre 52
chapitre 53
chapitre 54
chapitre 55
chapitre 56
chapitre 57
épilogue
REMERCIEMENTS

chapitre 22

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joannaacnt tarafından

Lewy

J'entame surement mon quatrième verre de vodka, comme si la chaleur du bar ne me suffisait pas déjà. Il y'a une ambiance de dingue, je ne m'attendais pas à ça quand j'entendais spectacle de danse. Les danseurs enflamment la piste, mais le public aussi danse. Ils sont regroupés devant la scène, presque tous un verre à la main, et se déchaine sur le rythme de la musique. On se croirait dans une fête banale, tous alcoolisé ou défoncé, avec les danseurs en plus. Ils mettent une ambiance de folie, et pas besoin d'être un professionnel pour le voir ; ils sont doués.

Marylou est douée, Taric déchire tout, et Alyah... putain Alyah est incroyable.

Cela fait déjà une heure qu'ils enchainent les chorégraphies, et aucune fatigue ne se voit dans leurs mouvements, ils sont à fond.

Alyah est dans son monde, dans sa bulle, sa zone de confort. Elle est passionnée, comme toujours. Elle se donne à fond, et se fiche des gens. Elle vit pour elle et elle seule. Contrairement à moi.

Cette fille est forte, trop forte. Cette façon de mettre le doigt sur ce qui fait mal me rend mauvais. La preuve, encore une fois j'ai été méchant. Mais je suis sûr que ça ne l'atteint pas, elle et sa force de la nature. En effet, elle me regarde de temps en temps, sur la scène, et me fait des grands sourires ironiques pour me rappeler que oui, elle s'en fiche de ce que je pense.

Elle se fiche de ce que le monde pense, alors que moi, je vis pour ça. Je vis pour qu'on me reconnaisse. Je pense avoir résolu le souci pour ma psy, j'ai trouvé ce qui m'énervait le plus chez elle.

Elle est ce que j'aimerais être, et ce que je ne serais jamais.

Nous sommes tous au bar, concentrés sur la scène. Juste devant nous se trouve l'amie de Alyah. Elle en est à son sixième verre de tequila, et a l'air exténuée. Les deux se ressemblent, surement un lien de famille. Depuis le début, elle est en face time et film la scène. Nous sommes proches alors nous pouvons voir son écran. Trois garçons, les mêmes que sur la photo du banc. L'un avec sa casquette, qui est d'ailleurs à fond dans le spectacle, un autre avec des lunettes cette fois, et l'autre avec ses cheveux longs et un chapeau sur la tête. Lui, c'est certains que c'est son frère, et qu'il n'aime pas voir sa petite sœur chérie dans cette tenue.

Je commande un autre verre, et les premières notes de Gimme more de Britney Spears retentissent et tout le monde se met à hurler, le visage de Taric, de Marylou et de Alyah s'illuminent. Le reste des danseurs quittent la piste, mais eux restent. La fameuse amie de Alyah hurle pour la scène et Alyah lui fait un clin d'œil. La musique est trop forte pour entendre ce qu'elle dit aux garçons, mais de toute manière je pense qu'elle parle espagnol.

-Ah c'est leur passage à trois !! Dis Noélie, ça va être dingue.

Comme tout le monde, je fixe alors la scène.

Je remets la faute sur l'alcool pour mon incapacité à lâcher Alyah des yeux.

C'est indécent d'être aussi... sexy bordel. Oui je l'ai dit. Cette fille est canon, même un aveugle le verrait. Même moi, qui ne peut pas la supporter, je ne peux pas m'en cacher.

Elle rayonne, et c'est ce qui la rend aussi éblouissante.

-Ta copine est juste à côté mec, range un peu tes yeux, me dit Wade en me tapant sur mon épaule.

Putain.

Ça devient plus réel quand on le dit à voix haute. Je baisse les yeux dans mon verre, et en reprend une gorgée en me concentrant sur le barman en face de moi.

-Ce n'est pas possible d'être aussi beau, dit Fanie. Pourquoi fallait-il qu'il soit gay ? Ce mec est un sexe symbole sérieux !!

Elle ce qui est sûr, c'est qu'elle ne se gêne pas pour mater Taric. Lui aussi est dans son monde, il est à fond et dégage une telle prestance. Enfaite, ils la dégagent tous, comme si c'était un truc de danseur. Ils n'ont pas peur.

Ils ont confiance en leur talent. Et c'est dire qu'ils en ont.

Mes yeux se relèvent tout seuls, sans contrôle de la part de mon cerveau, et c'est Alyah qui se déhanche maintenant sur du Iggy Azalea que je vois en première. Elle bouge avec grâce, avec sensualité et force. Elle s'éclate et se fiche de se toucher en dansant, se fiche de paraitre ce que des cons pourraient appeler « indécente ». Elle est libre, et le fait ressentir au monde.

J'apprécie encore plus le spectacle.

Je la reluque un instant, seul dans mon coin, puis ses yeux se posent sur moi, rendant la chose encore plus électrique.

Ça ne la déconcentre pas, bien au contraire. Elle me fixe quelques secondes. Puis la seconde se transforme en minute, en longues minutes qui me paraissent interminables. Elle continue de danser, les yeux suspendus aux miens.

Pendant un instant, c'est comme si elle dansait pour moi. Ou alors comme si elle me faisait entrer dans sa bulle.

Mes doigts serrent fort mon verre, regrettant d'aimer ça. Enervé d'avoir envie qu'elle continue. Comme si elle m'entendait, elle ne brise pas le contact maintenant, et continue de danser sur scène concentrée seulement sur moi, comme s'il n'y avait que moi dans la salle. Elle sourit en coin, alors que ses yeux me parcourent de haut en bas.

Putain.

Son regard est différent de tous les autres regards que j'ai pu voir, ce soir, elle n'est pas la même Alyah. Ce soir son regard est brulant, et intense. Et c'est moi qu'elle regarde. Je suis dans un bar, et pourtant la tension autour de moi est devenue lourde en un seul instant, m'écrasant encore plus que le whisky dans mon verre.

-Putain mec heureusement que ta copine est sur la piste et qu'elle ne voit pas ça.

Comme si c'était un signe de l'univers, la voix de Wade me sort de mes pensées, et je détourne le regard. Enfin.

Je n'avais même pas vu que Noélie, Fanie et Raph n'étaient plus là.

Je fini mon verre cul sec, et serre les dents.

-C'était quoi ça ? me demande Wade.

-Quoi ?

-On était à la limite du strip-tease là.

-Un strip-tease à distance ? Ingénieux.

-Je croyais que tu ne pouvais pas te la voir ?

-C'est le cas.

-Alors pourquoi tu la bouffe du regard comme ça ?

-Je suis bourré.

-L'alcool te fait oublier ta copine ?

Je me retourne vers lui, qui me regardait déjà sévèrement.

-Qu'est-ce que tu veux dire Wade ?

-Tu es mon meilleur ami, je ne te laisserais pas être un connard. Pas à ce point. Si tu es attirée par quelqu'un d'autre, quitte Noélie.

-Woh mec, je t'arrête tout de suite. Je suis attiré par personne, on parle de Alyah, la.

-Si tu le dis. Je te préviens juste.

Je demande un verre d'eau au serveur, je pense que j'en ai besoin. C'est une lutte interne pour ne pas relever les yeux, et ça me rend malade. Gonflé, je sors une clope. J'ai besoin de fumer, ça me détendra peut-être, car la mes nerfs sont à vifs.

Que Wade puisse imaginer ce genre de chose me dégoute, car c'est Alyah. Ça restera Alyah.

Je tire une première taffe et garde la fumée dans ma gorge jusqu'à que ça me brule, histoire de me réveiller. Raph revient vers nous, en titubant. Lui, il est saoul. Il s'accoude au comptoir puis fixe l'amie de Alyah.

-Comment tu t'appelles beauté ? demande-t-il à la brune.

Elle, elle regarde de haut en bas et arque les sourcils.

-Tu vas commencer par me vouvoyer petit con.

-J'aime les femmes matures.

-Ce n'est pas toi qui parlais de sérieux avec ma cousine ?

Le visage de Raph change, il devient un peu plus blanc.

Dans ta face, beau parleur.

-Alyah est ta cousine ?

-Ouais beau gosse, et je lui rappellerais de ne surtout pas s'approcher de toi.

Il rigole et boit une gorgée de son verre de vodka.

-Mets ça sur le compte de l'alcool. Puis c'est la ressemblance, ça joue des tours.

Elle lève les yeux au ciel, comme sa cousine d'ailleurs, et dit quelque chose en provenance de son téléphone. Puis elle fait un cul sec de son verre, et se reconcentre sur la scène et Alyah.

-Putain c'est de famille d'être canon ou quoi ? dit Raph en s'asseyant à côté de nous.

-Tu n'es pas sérieux Raph, tu te fous littéralement de Alyah la, dit Wade, contrarié.

-Ecoutes mec, quand tu auras une petite expérience amoureuse tu pourras me prodiguer des conseils, parce que là ce n'est pas crédible.

-Pas besoin d'avoir d'expérience pour savoir que vous êtes des cons. Tous les deux.

Wade fait un cul sec de son verre, à croire que c'est le truc de la soirée, et se lève sans un regard pour nous.

-Tu vas où ? je lui demande.

-Fumer une clope.

-Tu peux fumer ici, c'est autorisé.

-J'ai besoin de prendre l'air.

Sur ce il enfile sa veste et nous tourne le dos. Raph me regarde sans comprendre, puis hausse les épaules en rigolant.

-Il est trop chelou en ce moment, dit-il en observant la piste.

Je vois très bien ses yeux reluquer ma copine sans se gêner. Ça devrait m'énerver, et pourtant, je m'en fiche totalement.

C'est plutôt Wade qui me tracasse. En ce moment c'est vrai qu'il est étrange. J'aimerais lui parler, mais je ne sais pas comment aborder les sujets. C'est toujours dur de parler avec les autres de ce qu'on ressent. Je hais qu'on essaie de me comprendre, alors je n'ose pas le faire pour les autres, alors que certains n'attendent que ça.

Le temps passe, il est bientôt minuit, il me semble que le spectacle se termine à cette heure-ci, puis une petite soirée s'en suit après chez Marylou.

Wade revient dix minutes plus tard. Je me retourne direct vers lui, et il me sourit comme si il lisait dans mes pensées.

-Mec... tu es sûr que tout va bien ? j'ose demander.

-Ouais, et pour toi ?

-Ouais.

Je sais qu'il ment, il sait que je mens. Je sais qu'il sait et il sait que je sais. Voilà comment fonctionne notre amitié depuis dix ans. Mais ça nous convient. S'il craque, je serais la, pareil pour inversement.

Alors que je le regarde, inquiet, le peu de lumière présente s'éteignent. La musique se coupe, et tout le monde se tait. Puis encore du Britney resonne dans toute la salle, et tout le monde hurle. Cette fois c'est Toxique. A croire qu'ils ont une passion pour elle, tout son album y est passé.

Les lumières se rallument, et plus que deux danseurs sont sur scène.

Taric, et Alyah.

Taric lui, est sur une chaise.

-Ce n'est pas vrai... dit Raph dans sa barbe.

Et c'est parti pour le show de la soirée. J'imagine que c'est pour clôturer le spectacle.

Alyah se lance dans une danse autours, et sur Taric. Une sorte de strip-tease, mais beaucoup plus classe, travaillé et dansant. C'est créatif, beau et ça reste une chorégraphie de danseur. Un numéro. Mais c'est quand même vachement... chaud. Elle bouge autours de lui, ses mains le touchent, se touchent, elle s'accroupit, regarde le public avec entrain, se déhanche comme si sa vie en dépendait.

Elle est sensuelle, voilà tout, et ça, je ne pensais pas ça possible. Ma mâchoire se resserre dans un automatisme, mes muscles se tendent. Pourquoi ? Je ne sais pas, et je ne veux pas savoir.

La seule chose que je sais, c'est qu'Alyah en cache beaucoup, sous ses airs rigolos et ses habits amples.

-Je suis jaloux. Pour de vrai.

Raph baverait presque en regardant dans la scène. Même Wade.

Je jette un œil sur le téléphone de sa cousine, et je ne peux m'empêcher de rigoler. Le garçon à la casquette à la bouche grande ouverte. Celui aux lunettes les yeux grands ouverts, et fronce les sourcils. Mais alors celui aux cheveux longs, son visage est assombri. Il n'en revient pas et même de là je vois sa mâchoire serrer. Celui a casquette se fout de lui, puis il se lève. Je n'entends pas ce qu'ils disent, mais je le vois rire, et deux autres garçons arrivent pour regarder. Eux je ne les ai jamais vu. Sa cousine rigole, donc j'imagine que c'est de la famille aussi, rien de malveillant. Il est vrai qu'ils font tous la même tête, ils sont tous choqué, mais un petit sourire aux lèvres.

Quand je vois ça, une envie d'en savoir un peu plus sur elle me prend. Qui sont tous ces garçons ? Qui sont-ils pour elles ? Une sorte de bienveillance se lit sur leur visage à tous, ils ont l'air de tous l'aimer.

-Putain...

Je relève la tête vers la scène, et Alyah continue son petit numéro sur Taric et sa chaise. Puis il se lève lui aussi. Les deux se lancent dans un duo impressionnant, et super chaud.

Alyah détache ses cheveux en s'accroupissant au sol, et sa cousine hurle mais pose sa main sur sa bouche, outrée. Les garçons dans le téléphone aussi ont hurlé. Celui aux cheveux longs a viré les deux nouveaux.

Moi ? Je lutte pour ne pas la regarder plus de deux secondes, car les pensées qui m'animent ne me plaisent vraiment pas.

Sa cousine se retourne vers nous et nous sourit.

-Excusez-moi mais c'est son mec ?

-Il est gay. Ça ne se voit pas sérieux ? répond Raph.

-Hm. Non, ca ne se voit pas plus que ça. 

Elle parle fort dans son téléphone, j'imagine qu'elle leur dit la nouvelle. C'est même sur, car celui qui était parti, énervé, est revenu. Il fait toujours une gueule de mort, mais sourit un peu.

Les deux danseurs continuent leur numéro, ils s'allongent au sol, se prennent dans leur bras, se collent, bouge leur fesse, ils nous ont sortis le plus grand show, et ça plait au public. Tu m'étonnes, ils déchirent tout. Quand la musique s'arrête, tout le monde applaudit et hurle. Le sourire sur le visage de Alyah brille encore plus que toute les paillettes qu'elle porte, elle rayonne de bonheur. Un vrai soleil.

Le reste de la troupe revient, salut le public, puis ils se retirent.

La soirée terminée, les gens s'en vont tous un par un, la plupart rejoignent la soirée de Marylou. Noélie revient enfin vers moi, et m'embrasse, totalement saoule.

-Je monte en voiture avec Lou'. Tu nous rejoins avec Wade ?

-Ouais, il faut juste que je le retrouve et c'est bon.

-Parfait.

Elle passe ses bras autours de moi et m'embrasse plus fort.

-Tu ne t'es pas trop ennuyé ?

-Non, c'était cool.

-Je te l'avais bien dit, ils sont trop forts. A tout à l'heure mon cœur.

Elle rejoint Raph et Fanie, et moi je vais essayer de retrouver Wade, qui s'est encore éclipsé, je ne sais où. Je suis venue avec lui, je n'ai pas trop le choix que de l'attendre.

Le spectacle est fini depuis bien dix quinze minutes, des gens sont déjà en train de tout ranger. Je passe derrière la scène, et je tombe sur un long couloir. Il y'a plusieurs salles, je suis dans des vestiaires. La ou les serveurs se changent ou prennent leur pause, ou pour certains font des siestes.

J'ère un peu, cherchant Wade, puis j'entends une voix. Quelqu'un qui rigole, et qui parle espagnol.

Alyah.

Je me rapproche un peu plus de là où elle se trouve, puis je tombe nez à nez avec elle qui sort d'une salle. Elle écarquille les yeux et dit quelque chose au téléphone en espagnol, puis raccroche, ses deux yeux vers rivés sur moi.

Elle s'est changée, et surtout douchée. Ses cheveux sont mouillés et tombent sur son épaule droite, et elle porte un short et haut de foot au couleur du Mexique.

-Qu'est-ce que tu fais la ? me demande-t-elle.

-Je cherche Wade. Et toi ?

-Je dois attendre Taric pour rentrer.

-Tu ne vas pas chez Marylou ?

-Non. On va aller se balader avec Line et Taric je pense. Manger un petit truc.

Je hoche la tête, et elle se contente de me regarder sans rien dire puis se racle la gorge.

-Désolée pour tout à l'heure. J'ai dit des trucs pas cool, encore.

Alors là, je ne m'attendais pas à ça, mais j'aurais dû m'en douter. Elle s'excuse tout le temps, alors que je suis le seul à avoir de quoi demander pardon.

C'est ce qui m'énerve autant que ca me plait.

-Pas besoin de s'excuser quand on dit une vérité.

-Si tu le dis.

Elle me passe devant et me fait signe de la suivre un doux sourire sur les lèvres.

-Ils vont fermer les vestiaires. Wade n'est surement pas là.

Je lui emboite donc le pas, et l'observe un peu dans mon coin. Elle le remarque et lève les sourcils.

-Quoi ? Ses vieux habits amples me vont mieux que ma tenue de danse ?

Je détourne les yeux, et fixe mes pieds, un poids honteux s'abatant sur moi.

-J'ai encore été méchant ?

-Encore.

-Désolé.

-Je croyais qu'on n'avait pas besoin de s'excuser quand on dit une vérité ?

-Ce n'était pas une vérité. Je ne le pensais pas.

Elle sourit et passe une mèche derrière son oreille.

-Tu dis souvent des choses que tu ne penses pas.

-Bien vu. De toute manière je savais que ça ne t'atteindrait pas.

Nous sommes de retour dans la salle principale maintenant vide, et elle s'arrête d'un coup pour me toiser un instant, avant de soupirer.

-Tu as faux. Ça m'a atteint. Pendant deux minutes je n'osais plus sortir de derrière ce rideau, me sentant ridiculement moche. Les mots ont des impacts tu sais, même sur les plus forts mentalement. Donc oui ça m'a atteint. Pas sur le long terme, j'ai déjà oublié, mais sur le coup c'était violent.

Soudain, je me sens vraiment idiot, comme toujours quand je suis face à elle.

Je me comporte comme un connard.

-Désolé ?

-Ne t'excuse pas. Je n'ai pas besoin des gens pour me sentir belle. Comme je t'ai dit, on doit vivre pour nous, pas pour les autres. Je me sens belle, alors je me fiche que je sois à ton gout ou pas.

-Tu es à mon gout, je lâche naturellement.

Elle ouvre grand les yeux et rougit un peu au passage, mais explose vite de rire, ce qui rend l'instant beaucoup moins gênant que ca aurait pu etre.

Putain c'est sorti tout seul, sans que je me contrôle, car la vérité est finalement plus facile à sortir que des mensonges.
Car c'est Alyah Perez, oui, la chieuse qui me pourri la vie et parle plus que dix personnes réunis.
Mais merde alors, Alyah Perez est à coupé le souffle.

-Oh Jones, il faut vraiment que tu arrêtes de boire en ma présence. C'est quoi la prochaine étape tu me roules une pelle ?

Je la foudroie du regard, tout de suite tendu, et lui passe devant.

Elle a raison, faut vraiment que j'arrête de boire en sa présence.

-Je rigole Lewy, dit-elle en me rattrapant. Je te taquine. Merci, tu es gentil.

-Merci pour ?

-De t'excuser. De te rendre compte des choses, des erreurs. A vrai dire je ne te pensais pas capable de ça les premières fois ou je t'ai vu. Enfaite je te prenais pour un gros con. Mais je me trompais.

Moi-même je ne m'en pensais pas capable jusqu'à présent.

Nous sommes maintenant dehors, et j'ai totalement oublié ce que je faisais de base. Chercher Wade. Sa voiture est toujours là, donc il est forcément à l'intérieur. Il doit être aux toilettes.

Je sors une clope et m'adosse contre le mur, et Alyah fait de même, son regard toujours posé sur moi.

-Je suis un gros con.

-Un gentil gros con alors, dit-elle en souriant. Nous sommes tous un peu des cons, je pense. Je suis une conne, sur certains points. Il y a plusieurs catégories, si tu veux. Les connards qui essaient d'etre gentil, ou les gentils qui ont un coté connard. 

Elle attrape la clope que je me suis sortie, et la met dans sa bouche. Elle se rapproche juste à peine de moi, pour que je l'allume. Son bras touche presque le mien, mais il n'y a pas de contact. Je lui allume, le regard baissé dans le sien, puis m'en sort une autre.

-Quel genre de connard je suis, tu penses ?

-Le gentil qui a des cotés connards.

-Et toi ?

Elle tire une longue taffe en réfléchissant, ses yeux brillants fixé sur le ciel.

-Une gentille fille avec beaucoup de coté connasse.

-Je n'en ai pas l'impression, pourtant.

-Quel est ton impression ? demande-t-elle en se tournant vers moi.

A mon tour de la regarder en réfléchissant, la fumée entre mes lèvres. Il y a tant à dire sur cette fille, alors que je la connais à peine.

C'est la première fois que je me demande ce que ca ferait, de vraiment la connaitre.

-Tu es une gentille fille, avec des qualités qui font peur au connard.

Ses iris vertes sont lumineuses. Réellement. Je veux dire, je n'avais jamais vu un regard aussi vif. Il est rempli d'un mélange d'émotion, que seuls ceux qui ont vécu des choses réelles possèdent. Ils racontent une histoire, mais surtout, ils nous hypnotisent.

-C'est tellement cliché, se marre-t-elle.

-Les clichés sont les plus courants, c'est pour cela qu'on appelle ca des clichés.

-Peut-être bien, oui.

-Tu es trop gentille avec ceux qui essaient de te donner une raison de les détester autant qu'eux. Mais au lieu de prendre cette haine comme excuse pour leur en vouloir, tu en fais quelque chose de beau. Quelque chose d'agréable.

-Ce n'est pas en détestant autrui que tu te sentiras meilleur, Jones.

-Je sais, Perez. Je... je suis désolé d'avoir dit ce que j'ai dit. Vraiment. J'étais... j'étais en colère contre moi de ne pas réussir à etre comme toi, si tu veux tout savoir.

Je m'étonne moi-même de mes propres paroles, mais au fil qu'elles sortent je me rends compte que c'est comme ca, avec une fille comme Alyah Perez. Elle a ce regard qui te donne envie de tout déballer, tout ce qui trainait au fond de toi que tu ne voulais montrer à personne, car elle te laisse l'impression d'en avoir quelque chose à faire.

Le pire dans tout ca, c'est que je suis sur qu'elle en a vraiment quelque chose a faire dans la façon qu'elle a de me regarder.

-Ta tenue t'allais bien, hein. Vraiment bien. Tu étais jolie, tout était harmonieux. Mais tu sais ce qui te faisait briller ? Cette confiance en toi qui écrase tout sur son passage.

Cette fois ci, son petit sourire s'est évaporé, laissant quelques traces rouges sur ses joues remplies de tache de rousseur.

-Qu'est ce qui t'empêche d'avoir confiance en toi comme moi j'ai confiance en moi ? demande-t-elle gentiment.

Avoir cette conversation, en temps normal, m'aurait donné envie de partir en courant. Je me serais renfermé, pour ne plus jamais m'ouvrir, face à mes propres faiblesses. Mais ce soir, faute à l'alcool ou à son regard, je ne peux m'empêcher de lui parler.

-Les gens. Mes pensées. Mes craintes.

-Alors voici trois conseils, dit-elle en se détachant du mur pour compter sur ses doigts, très sérieusement. Un, les gens, ils peuvent aller se faire voir. Vivre en fonction d'eux revient à se condamner soi meme à mourir. Il y en aura toujours pour nous juger, comme il y en aura toujours pour nous aimer. Si notre vie dépend du regard du monde, ça n'en n'est plus une. Alors, on s'en fout ce que peuvent penser les gens. Ensuite, tes pensées, c'est la chose que tu peux le plus gérer. Tu as seulement à te répéter à chaque instant, que tu peux y arriver. Il suffit de chasser les mauvaises pensées, par les bonnes. Pareil pour les craintes. Il y a juste à les remplacer par des espoirs.

Que suis-je censé répondre à ca, sérieusement ?

Comment suis-je censé continuer à la détester, alors qu'elle me donne toutes les raisons de ne pas le faire ?

Aujourd'hui, j'en suis sûr, je pense n'avoir jamais rencontré quelqu'un d'aussi gentille, et ca faisait longtemps qu'on n'avait pas chercher à m'aider.

Sans le savoir, ses mots viennent de me mettre une claque monumentale, juste car ils sont agréables à entendre. Ils viennent recouvrir le temps d'un instant, toutes les horreurs que mon père m'a encrer tout au fond de moi-même.

-Tu vois ce que je veux dire, Perez ? Tu es beaucoup trop douce pour les connards qui t'entourent.

-Si tu savais...

Elle roule des yeux en s'adossant de nouveau contre le mur, tirant la derniere taffe de cette cigarette. Je l'observe encore un peu, pour ne surtout pas oublier cette expression, et fourre ses mots dans un coin de ma tête en espérant qu'ils me reviennent en cas de besoin.

-Tu ne fumes pas que des joints ? je demande maintenant, pour changer de sujet.

-Je ne suis pas une grande fumeuse de base, juste pour les occasions.

-C'est une occasion ce soir ?

-Mon premier gala de danse en Amérique, bien sûr que c'est une occasion. C'était magique, je n'oublierais jamais ce soir-là.

-Vous étiez à fond ce soir. C'était... chaud.

-Ouais, dit-elle en rigolant. On s'est lâché. Mais c'était pour faire passer un message. Les gens ont sexualisé la danse, alors que c'est qu'un simple sport. On est libre de danser comme on le souhaite, sexy ou non, fille ou garçon. La danse, c'est un sport avant tout. Et on ne sexualise pas des danseurs.

Je souris en coin, amusé.

-Vous avez raison, vous étiez incroyable.

-Enfaite tu devrais boire plus souvent, ça te rend aimable.

-Ça aide la confiance, ça c'est certains.

A elle de sourire.

-Dis Alyah, je peux te poser une question ?

-J'écoute, dit-elle en se tournant vers moi, la cigarette en bouche.

-C'est qui les garçons avec qui ta cousine était en face time ?

Son sourire s'élargit d'un seul coup et un regard brillant vient rencontrer le mien.

-Mes frères et mon meilleur ami. Qui est aussi mon frère au passage.

-C'est lequel ?

-Celui à la casquette. Swann.

-Et les deux autres ce sont donc tes frères ?

-Ouais. Celui aux cheveux longs s'appelle Yael, et l'autre Kaiys.

-Je vois. Yael n'a pas apprécié ton petit show sexy à Taric.

-Tu n'as pas idée du nombre de message que j'ai reçu de lui Lewy... c'est affolant.

-Et les deux autres ?

-Des amis à nous, la famille quoi.

-Tu es bien entouré à ce que je vois.

Elle se réadosse au mur et sourit dans son coin, des étoiles dans les yeux. On voit de là l'amour qu'elle porte à sa famille.

-Ouais, je ne suis pas à plaindre. J'ai une grande famille de cœur on va dire.

-Ils te manquent ?

Elle me regarde avec cet air qu'elle prend quand je la surprends. Il faut dire que c'est rare que je m'intéresse à elle, mais ce soir, elle m'intrigue.

-Oui. Beaucoup. Bien sûr qu'ils me manquent.

-Tu les revois quand ?

-Je ne sais pas trop. C'est compliqué.

-Je vois.

Nous sommes fin octobre, les températures ont bien baissé et quand il fait nuit il fait presque froid. Moi-même avec ma chemise j'ai froid, alors Alyah et son t shirt, je la vois frissonner d'ici.

-Tu as réfléchis au prochain endroit où on va aller ? me demande-t-elle sans me regarder.

-Ouais. Je crois.

-C'est vrai ? On va où ?

-Tu verras une fois sur place.

-Cool.

-Je ne sais pas si ça va te plaire en revanche. Ni s'il y'a un rapport avec notre projet.

-Ça te plait à toi ?

-Euh, ouais.

-Alors voilà. Je t'ai dit, fait les choses pour toi, pas pour les autres. Puis fais toi confiance, je suis sûr que ce sera cool. De toute manière je ne suis pas dur à satisfaire, je suis une étrangère, je vais forcer tout apprécier.

Je jette ma clope, et enfonce mes mains dans mes poches de pantalon. Mon regard dévie encore sur elle. Ses yeux sont fermés, et ses doigts s'enroulent autour de ses meches bouclées.

Je détourne très vite le regard, gêné par je ne sais quoi.

-On verra bien.

Au même moment, la porte s'ouvre enfin, et Wade fait son apparition. Il a l'air surpris de me voir, car il fronce les sourcils.

-On est venu ensemble mec, je lui dis.

Vu sa tête, il avait oublié.

-Scuse' pour le temps. Allons y.

Il sort les clefs de sa voiture pour l'ouvrir, mais se tourne au dernier moment vers Alyah.

-Tu es toute seule ? lui demande-t-il.

-J'attends Taric.

-Tu veux qu'on attende avec toi ?

-Pourquoi faire ? dit-elle en fronçant les sourcils.

-Car il est minuit, que les rues vont être blindée de saoulard peut être.

-Ne t'inquiètes pas pour moi, mon chauffeur arrive.

Et c'est à ce moment-là que Taric fait son apparition, lui aussi changé et démaquillé. Il sourit à Alyah, puis nous salut de la tête Wade et moi.

-Bonne soirée les gars, nous dit Alyah, en attrapant le bras de Taric.

Je monte côté passager et ouvre directement ma fenêtre pour fumer une autre clope. Mes nerfs sont si tendus que j'ai l'impression que je vais exploser, et Wade ne manque pas de le remarquer.

-Ca va mon pote ?

-Ouais. Ouais. Bien sur.

-Ecoutes, excuses moi pour tout à l'heure...

D'une main, je l'interromps en interceptant son regard. Je lui offre un sourire amusé, pour qu'il comprenne que je n'ai pas besoin d'excuse.

-Je la matais. Tu as eu raison de m'engueuler. Je ne recommencerais plus jamais, crois bras, crois de fer.

Je lève la main dans un signe de promesse, sous les rires d'un Wade qui sourit enfin.

-Je reprends le role de ton père l'incapable, mon Jones.

-Ca fait bien longtemps que tu en fais plus que lui, mon pote.

Sa main claque ma cuisse avant de démarrer en souriant. En sortant de sa place, la voiture de Taric nous passe juste devant, musique à fond. Il nous claxonne et Alyah nous fait un signe de son côté, le visage passé par la fenêtre pour nous sourire.

-Les deux se sont vraiment bien trouvé, dis mon ami en les regardant s'éloigner.

-C'est clair. Tant mieux, les deux sont vraiment gentils.

-Je croyais que tu n'aimais pas Alyah ?

-Je ne l'aime pas. Mais je n'ai pas le droit de nier sa gentillesse.

Il me regarde un instant et secoue la tête.

-Si tu le dis, mon pote.

Il démarre et met la musique, en direction de chez Marylou pour la fin de soirée.

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