Le professeur Boyle avait réussi à prendre la fuite et était désormais recherché dans tout le Royaume-Uni. Les parents des jumelles avaient révélé au Ministère tout ce qu'ils savaient de ses plans. Comme l'avait dit Lily, il ne connaissait pas réellement les particularités de Léo, alors ils pourraient nier tout en bloc si jamais il voulait crier sur les toits des choses à son sujet en guise de représailles. Lorcan n'avait tout de même pas repris son poste à Poudlard puisqu'ils craignaient encore plus que le professeur Boyle cherche à s'en prendre à Léo maintenant.
De son côté, Lily continuait d'assurer son rôle d'infirmière, et elle avait aussi aidé le directeur à trouver un nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal : Hugo Weasley. Il était le seul à avoir accepté d'assurer les cours du jour au lendemain, alors il resterait pour une durée provisoire jusqu'à ce qu'ils trouvent un nouvel enseignant. Comme ce n'était pas une période de l'année où il avait beaucoup de clients dans sa boutique, il l'avait fermée et n'assurait plus que les commandes par hiboux. Sa présence consolait un peu Lolli et Lisa, qui avaient toujours du mal à s'habituer à l'absence de leur père et de leur frère. Leur mère semblait aussi aller mieux, même si elles la voyaient souvent discuter sérieusement avec son cousin durant les repas dans la Grande Salle. Les deux filles savaient bien que Hugo n'était pas seulement là parce qu'ils avaient besoin d'un professeur : il était aussi venu en renfort pour protéger les élèves de Poudlard si nécessaire.
Pendant un mois, l'ambiance resta étrange dans l'école. Tout le monde venait poser des questions aux jumelles pour comprendre ce qui se passait, mais elles évitaient d'y répondre. De toute façon, toutes les explications se trouvaient dans la Gazette du Sorcier suite aux déclarations de leurs parents ! Elles n'avaient rien à ajouter, sauf si elles racontaient leur propre enquête. Ce qui n'apporterait pas beaucoup plus d'informations...
Les cours du professeur Harflor étaient toujours moins intéressants que ceux de leur père. Quant à Hugo, il se débrouillait plutôt bien, même s'il ne connaissait pas le programme scolaire. Il passait la plus grande partie de ses cours à leur raconter des histoires et anecdotes sur les sorts qu'ils étudiaient ! C'était passionnant et tous les élèves l'écoutaient avec attention, mais ils se retrouvaient souvent avec des cours incomplets ou qui s'éloignaient énormément du sujet de départ. Cela plaisait beaucoup à Lolli, alors que Kobbey n'arrêtait pas de se plaindre qu'il ne comprenait rien.
D'ailleurs, la jeune fille avait des résultats impressionnants, ces derniers temps. Ne supportant pas de ne rien pouvoir faire au sujet du professeur Boyle, elle continuait de travailler très sérieusement pour garder l'esprit occupé. Elle n'écoutait toujours rien pendant les cours et passait ensuite ses soirées à reprendre ce qu'elle avait manqué à l'aide de ses manuels. Lisa avait du mal à comprendre pourquoi, mais elle ne la critiquait pas : Lolli gérait la situation à sa façon, elle n'avait pas à émettre un jugement là-dessus. Bien sûr, elle était toujours gênée lorsqu'un professeur lui demandait de réveiller sa sœur en cours, ou encore lorsqu'elle devait expliquer à sa mère que Lolli était en retenue...
Avec tous les récents événements, la plupart des élèves semblaient avoir oublié Inès et ses problèmes. Bizarrement, il n'y avait qu'Emma qui continuait de se comporter très gentiment avec elle. D'ailleurs, Lisa ne comprenait pas pourquoi elle culpabilisait plus que les autres pour avoir été désagréable avec Inès juste avant la mort de ses parents. Elle finit par avoir une réponse lors d'un cours de Quidditch et Vol : Emma avait insisté pour aider Inès à ranger des balles non ensorcelées avec lesquelles ils devaient s'entraîner, laissant donc son amie Zoé seule avec Lisa. Celle-ci aussi se montrait plus sympathique dernièrement, mais elle soupira tout de même d'un air agacé :
— Emma exagère vraiment. Elle colle Besti-Teller depuis des semaines, maintenant !
— Elle se montre juste gentille avec elle, je ne vois pas quel est le problème, répondit Lisa.
— C'est à moi que ça pose un problème, marmonna la jeune fille. J'en ai assez de l'entendre parler sans arrêt de cette Serpentard. Tout ça parce qu'elle a perdu de la famille dans un accident de voiture aussi !
— Aussi ? répéta Lisa en se tournant vers elle avec des yeux ronds. Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Son grand frère est mort comme ça, dit-elle en haussant les épaules. C'était il y a cinq ans, désormais. Mais Emma était encore petite, ils n'étaient même pas proches ! Je ne comprends pas pourquoi ce qui arrive à ton amie la remue autant.
Lisa ne répondit rien. Elle comprenait très bien pourquoi, elle. Perdre un membre de sa famille était horrible quelles que soient les circonstances. Il y a cinq ans, Emma était tout de même assez grande pour être affectée par la mort de son frère ! Elle avait vu les autres membres de sa famille en souffrir, elle avait dû ressentir leur douleur. Et grandir en sachant qu'elle aurait dû avoir un grand frère devait être très difficile. À chaque fois, elle devait se demander « et s'il avait été là ? », ou se poser d'autres questions de ce genre.
— Il était à Poudlard aussi ? demanda Lisa.
— Qui, son frère ? Je ne crois pas. Ils vivaient aux États-Unis avant, ils ont déménagé après sa mort pour prendre un nouveau départ.
Zoé s'éloigna pour parler à d'autres personnes, laissant Lisa seule avec ses pensées. Maintenant, elle comprenait mieux le comportement d'Emma : personne ne savait mieux qu'elle ce qu'Inès pouvait ressentir en ce moment.
Au début du mois d'avril, ce furent enfin les vacances de printemps. Les jumelles retournèrent chez leurs parents tandis qu'Inès allait passer les deux semaines chez Lysander et Elizabeth, à la fin desquelles elle devrait choisir si elle voulait bien qu'ils l'adoptent. De son côté, Kobbey avait invité Bastian quelques jours chez lui, pour « l'aider à supporter la présence de son frère et de ses amis ». C'était aussi une échappatoire pour le Poufsouffle, qui devait rencontrer le nouveau compagnon de sa mère pendant les vacances.
Rentrer chez elles fut un soulagement pour les deux sœurs : avec toutes les inquiétudes qu'elles avaient eues ces dernières semaines, elles étaient plus heureuses que jamais d'être avec toute leur famille ! Le premier soir, elles allèrent manger chez leurs grands-parents, où elles virent leur deux oncles et leur cousin Anthony. Le lendemain, la famille de Hugo vint déjeuner chez eux, sauf Clary, qui devait travailler. Leurs parents passèrent des heures à discuter avec Hugo dans leur bureau, laissant Léo jouer avec Milo et Artie dans sa chambre. Lolli et Lisa restèrent dans le salon, se demandant de quoi ils pouvaient bien parler. Elles se retinrent de leur poser la question lorsqu'ils redescendirent, ayant bien compris que ce qui se passait était trop grave pour qu'elles soient impliquées. Mais ça ne les empêchait pas d'être frustrées de rester à l'écart, en particulier Lolli...
Le lendemain, alors que les jumelles aidaient leur père à préparer le déjeuner, leur mère entra dans la cuisine à grands pas, Léo sur ses talons.
— Alan Boyle a été vu hier, dit-elle d'un air sombre en tendant l'exemplaire du jour de la Gazette du Sorcier à Lorcan. En Écosse.
— Près d'ici ? demanda-t-il avec inquiétude en prenant le journal.
Son visage se peignit d'horreur en lisant l'article :
— Une meute de loups ? Pourquoi il est accompagné par une meute entière ?
Il se tourna vers Lily et ajouta d'un air catastrophé :
— Il leur a donné le même pouvoir qu'aux serpents ?
— C'est ce que pense le Ministère. Mon père m'a aussi envoyé une lettre et il dit... il dit que deux Aurors ont été retrouvés en statues de pierre.
— Oh non, marmonna Lorcan en regardant de nouveau le journal. Ce n'est pas bon du tout, ça, ce n'est pas bon...
— Je pense que nous devons ajouter des mesures supplémentaires pour protéger la maison, dit Lily en jetant un regard inquiet aux jumelles et à Léo.
— Le Sortilège Fidelitas n'est pas suffisant ?
— Les deux Aurors ont été retrouvés chez eux alors que leurs maisons étaient protégées par ce sort...
— Quoi ? Comment est-ce possible ? s'exclama Lorcan.
— Je n'en sais rien, répondit Lily d'un air presque désespéré. Mais nous devons redoubler de prudence, c'est certain. Je propose qu'on aille chez Lysander et Elizabeth cet après-midi pour en discuter avec eux. Peut-être qu'ils auront des idées...
Son mari hocha la tête et reposa le journal pour reprendre la préparation du repas, l'air toujours tendu. Lolli tira Lisa par le bras pour lui parler en dehors de la cuisine :
— Tu penses que c'est grâce aux loups que le sortilège ne fonctionne pas ?
— Je n'en sais rien, répondit Lisa en réfléchissant. Mais le professeur Boyle est venu ici avant que papa et maman ne protègent la maison avec ce sort, donc il connaît son emplacement. Si les loups peuvent voir la maison malgré le sort, ça ne m'étonnerait pas qu'ils puissent le briser pour lui aussi...
— Dans ce cas, pourquoi le professeur Boyle n'est pas déjà là ? Il veut toujours Léo, non ?
Leur frère sortit à ce moment-là de la cuisine, blanc comme un linge et tremblant de tous ses membres. Surprise par son attitude, Lisa s'agenouilla devant lui.
— Qu'est-ce qui t'arrive, Léo ?
Il essaya de lui répondre, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle ne l'avait jamais vu aussi terrifié de sa vie, ce qui commença à la faire paniquer.
— Maman, Léo agit bizarrement ! dit-elle en se relevant, échangeant un regard avec Lolli au passage.
Leur mère sortit de la cuisine à son tour et se figea en voyant l'état de leur frère.
— Qu'est-ce qui ne va pas, Léo ? lui demanda-t-elle doucement.
Elle lui avait à peine posé la question qu'ils entendirent leur père pousser un cri dans la cuisine :
— Lily ! Il est là, il est juste devant la maison avec ses loups !
— Quoi ? s'exclama Lily en se tournant brusquement vers la fenêtre de la salle à manger.
Lorcan entra en trombe dans la pièce, sa baguette à la main, et l'attrapa par les épaules :
— Pars, emmène les enfants ailleurs, je vais le retenir !
Avant que Lily puisse répondre, il l'embrassa en la tenant fermement contre lui, comme si c'était la dernière fois qu'ils se voyaient. Il finit par la relâcher et courut vers l'entrée de la maison. Lily semblait tellement choquée qu'elle mit deux ou trois secondes à réagir :
— Non ! s'exclama-t-elle alors, sortant à son tour sa baguette de sa poche. Ça ne va pas se passer comme ça ! Suivez-moi, les enfants !
Les jumelles étaient trop paniquées pour réfléchir, donc elles lui obéirent mécaniquement. Leur mère prit Léo par la main et les conduisit dans le salon avant de se tourner vers Lolli et Lisa :
— Les filles, prenez votre frère avec vous et partez ! Utilisez la poudre de Cheminette, allez chez Lysander et Elizabeth ! Vite !
Comme Lorcan une minute plus tôt, elle ne leur laissa pas le temps de répondre et partit en courant vers l'entrée.
— Maman, attends ! s'écria Lisa en amorçant un geste pour la suivre.
Sa sœur la retint par le bras et lui dit à contrecœur :
— Elle a raison, nous devons protéger Léo avant tout ! Ils ont besoin de nous pour faire ça, Lisa !
La jeune fille hésita pendant une fraction de seconde, puis elle obtempéra. Mais alors qu'elle se dirigeait vers la cheminée, Léo hurla.
Il n'avait jamais hurlé avant. Même quand il était bébé, les jumelles n'avaient aucun souvenir de l'avoir déjà entendu crier. Pleurer, oui. Crier, hurler, jamais.
Et cette fois, il hurla en se laissant tomber au sol, des larmes commençant à tomber en cascade sur ses joues. Les deux sœurs n'eurent pas le temps de réagir, car elles entendirent soudain un violent coup sur la porte de leur maison. Sans réfléchir, Lolli souleva son petit frère par la taille et alla se mettre dans l'antre de la cheminée.
— Lisa, la poudre de Cheminette ! cria-t-elle en essayant d'immobiliser Léo, qui se débattait.
Sans se le faire dire deux fois, sa sœur lui tendit une poignée et s'en prépara une. Lolli disparut dans les flammes avec Léo après avoir jeté la poudre par terre en criant le nom de sa destination, puis Lisa entra à son tour dans la cheminée. Au moment où elle entendit la porte d'entrée voler en éclats, elle se fit emporter par un tourbillon de flammes.
— Vite, vous devez condamner la cheminée ! cria Lolli par-dessus les hurlements de Léo, sa sœur venant d'atterrir dans le salon de Lysander et Elizabeth à son tour.
— Pourquoi ? Que se passe-t-il, Lolli ? demanda Elizabeth d'un air affolé en aidant Lisa à se relever. Pourquoi Léo hurle comme ça ?
— Condamnez la cheminée, on vous expliquera après !
Lysander pointa alors sa baguette dessus et prononça une formule qui provoqua une explosion à l'intérieur. Une seconde plus tard, l'antre de la cheminée était remplacée par un mur de briques. Il se tourna vers Léo, dont les hurlements commençaient à s'atténuer.
— Par la barbe de Merlin, vous allez nous dire ce qui se passe, bon sang ?
— Morts ! cria-t-il en pleurant, ce qui était le premier mot qu'il disait de sa vie en présence de Lysander et Elizabeth. Ils sont morts !
— Quoi ? dit Lisa en sentant ses yeux se remplir de larmes. De quoi tu parles, Léo ?
Son petit frère ne répondit pas, trop occupé à se laisser tomber sur le sol en gémissant. Lolli semblait trop bouleversée pour continuer de le retenir, et elle se tourna vers Lysander et Elizabeth en tremblant pour leur expliquer ce qui s'était passé. Inès était là aussi, mais elle paraissait trop dépassée par la situation pour intervenir.
— Pourquoi Léo dit qu'ils sont morts ? demanda Lisa d'une voix tremblante lorsque Lolli eut terminé son récit.
— Je ne sais pas, balbutia Elizabeth. Mais pour l'instant, il faut vous mettre à l'abri. Si le Sortilège Fidelitas ne fonctionne plus, Alan Boyle peut être ici d'une minute à l'autre. Il doit se douter que c'est le premier endroit où vous allez vous rendre !
— S'il se déplace avec une meute de loups, ça devrait le ralentir, intervint Lysander. Il ne peut pas transplaner avec eux.
— Sauf s'il utilise un sort pour les rapetisser et les faire rentrer dans une valise, répondit Elizabeth. Il est peut-être assez malin pour avoir pensé à ça. Ce n'est pas ce que faisaient tes parents quand ils devaient partir avec leurs animaux en urgence ?
— Si, effectivement, dit Lysander d'un air inquiet. Dans ce cas, vous devez partir d'ici au plus vite, les enfants !
— Pour aller où ? demanda Lisa d'un ton désespéré, ayant espéré qu'ils puissent se remettre de leurs émotions avant de repartir.
— Pas chez Hugo, en tout cas : vous risquez de mettre sa famille en danger.
Lysander se tourna vers Elizabeth avant d'ajouter :
— Je vais monter la garde devant la maison. Tu peux leur donner le sac et les instructions que les autres nous ont laissés ?
— Je m'en occupe, approuva Elizabeth. De toute façon, si les loups ont eu Lily et Lorcan, ils nous auront sûrement aussi...
Ils entendirent soudain des cris venant de la rue et Léo se remit à gémir de plus belle. Elizabeth se leva d'un bond, mais Lysander l'arrêta :
— N'oublie pas ce que nous avons promis aux autres : les enfants en priorité. Laisse-moi m'occuper de ça.
— On peut inverser les rôles, bredouilla Elizabeth.
— Ce sont des loups, Eli. Ils sont encore plus dangereux pour toi que pour moi. Et qui sait, peut-être que j'ai une chance de m'en sortir sous ma forme de loup-garou !
Elizabeth finit par hocher la tête, visiblement au prix d'un immense effort. Elle serra Lysander dans ses bras avant de soulever Léo et de faire signe aux trois filles de la suivre. Elles montèrent alors dans un bureau qui se trouvait à l'étage, dans lequel les jumelles n'avaient jamais été autorisées à entrer avant.
— Très bien, dit Elizabeth en posant Léo sur une chaise. Je ne vous cache pas que la situation va être difficile, les filles, mais je sais que vous pouvez vous en sortir. Nous avons tout préparé pour cela.
Elle sortit un sac qui se trouvait dans un tiroir et le donna à Lolli en ajoutant :
— Il y a tout ce qui pourrait vous être utile là-dedans. Vous devez trouver un moyen de vous cacher en priorité. Quoi qu'il arrive, n'essayez pas de vaincre le professeur Boyle, compris ? Vous devez le fuir, pas l'affronter !
Lolli aurait voulu poser plein de questions, mais elle était trop bouleversée pour cela. En plus, la seule chose qu'elle aurait vraiment aimé savoir, à cet instant, c'était si ses parents étaient vivants ou non.
— Inès, tu vas devoir les accompagner, dit Elizabeth en se tournant vers elle. Tu seras en danger avec nous...
— D'accord, murmura-t-elle. Et où est-ce que nous devons nous cacher ?
— Vous allez devoir bouger le plus souvent possible pour que le professeur Boyle ne retrouve pas votre trace. Est-ce que vous connaissez déjà un endroit où vous pourriez aller, là, tout de suite ?
— Euh... peut-être chez Kobbey ?
— Je vais vous envoyer là-bas avec un Portoloin, alors, dit Elizabeth en hochant la tête.
— Je croyais qu'on ne pouvait pas créer de Portoloin sans autorisation du Ministère, balbutia Lolli.
— Étant donné la situation, je vais me permettre d'enfreindre la loi, répliqua leur tante en commençant à chercher l'objet idéal.
Elle se figea en entendant des rugissements dans la rue, puis des hurlements de loups. Elle attrapa alors une tasse et pointa sa baguette dessus en prononçant une formule.
— Il devrait partir dans deux minutes, dit-elle en la reposant sur un des deux bureaux. Vous devez tous avoir le doigt dessus à ce moment-là, d'accord ?
Les trois filles hochèrent la tête, mais Léo semblait toujours dans un état second. Lolli le prit par la main pour le forcer à se lever tandis que Lisa se tournait vers Elizabeth :
— Pourquoi tu ne viens pas avec nous ?
— Je dois retenir le professeur Boyle, lui répondit-elle tristement. Et effacer toute trace de votre passage.
— Nous n'allons jamais nous en sortir, sans vous, dit Lisa, les larmes aux yeux. Sans papa et maman...
Sa tante la serra doucement dans ses bras pour la réconforter :
— Ils vous ont laissé une lettre, murmura-t-elle. Il y a tout ce que vous avez besoin de savoir là-dedans, ne vous en faites pas. Ils vont vous aider, même s'ils ne sont plus là.
— Est-ce qu'ils sont vraiment morts ? demanda Lolli d'une voix brisée.
— Je ne sais pas, avoua Elizabeth en se mordant les lèvres.
Léo se mit soudain à se tortiller sur place et enfouit sa tête dans le t-shirt de sa sœur en se remettant à pleurer.
— Plus là... oncle Lysander... plus là aussi...
Elizabeth pâlit d'un coup et, une seconde plus tard, elle avait pris son apparence de demi-vampire sans le vouloir.
— Je vais descendre pour retarder Boyle. Vous avez toutes vos baguettes ?
— Oui, mais est-ce qu'on peut utiliser la magie ? demanda Inès d'un air inquiet.
— Vos vies sont en danger, vous n'avez pas le choix, répondit gravement Elizabeth.
Elle s'arrêta sur le pas de la porte et se tourna une dernière fois vers eux, une lourde peine dans les yeux :
— Vous allez vous en sortir, les enfants. Je vous le promets. Trouvez juste les bonnes personnes.
Sur ces mots, elle sortit de la pièce et referma la porte derrière elle. Inès prit la tasse tandis que Lisa mettait sur son dos le sac que Lolli lui passait, elle-même tenant la main de Léo. Après cela, les trois filles et le petit garçon se rassemblèrent autour de la tasse et posèrent leur doigt dessus, essayant d'ignorer les bruits provenant de la rue qu'ils entendaient.
Quelques secondes plus tard, le Portoloin s'actionna et ils quittèrent la maison de Lysander et Elizabeth.