LA MACHINE À FLAIRER « El Olf...

By Angulo

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Harry exerce comme policier dans la petite localité de Fordwood, un endroit où tout le monde se connaît et où... More

LA MACHINE À FLAIRER « El Olfateador »
Introduction
Chapitre 238 sur des crimes et des criminels
Chapitre 238 sur des crimes et des criminels

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By Angulo

Pendant plusieurs jours je ne dors presque pas. La nuit dernière je me suis couché tôt; j’étais déjà couché à dix heures. N’ayant rien d’intéressant pour lire, je suis resté longtemps les yeux fixés sur le plafond, et la pensée sur le contrôle du médecin. Le dos me faisait mal, et je ne pouvais pas rester immobile plus de quelques minutes; ainsi donc, même si j’essayais de dormir il ne m’était pas toujours possible de le faire. Le bruit du réveille-matin résonnait dans toute la chambre. De temps à autre je regardais le vieux réveille-matin en plastic de couleur orange, voyant comment les heures passaient et je ne m’endormais pas. Ce n’était pas une affaire de nerfs, malgré que j’étais fort préoccupé par ce que le médecin allait me communiquer. En réalité, il s’agit d’un problème physique. Ici, dans ce maudit village, les hivers son très humides, ce qui fait que, au cours des années, mes os se trouvent défaits. J’éprouve de grandes douleurs des cervicales, et les articulations s’enflent. Je prends une grande quantité de médicaments, mais le rhumatisme semble gagner la bataille. J’ai passé une des nuits les plus dures; je sentais comme si l’on me donnait des coups de pied sur tout le corps. En réalité, seulement pendant quelques minutes je réussis à concilier le sommeil d’une manière discontinue. Lorsque, finalement, à cause de la fatigue, je me suis endormi, le maudit réveille-matin commença à sonner.

—Tais-toi, misérable! —crié-je en lui lançant un coup de poing.

Ensuite, je me suis levé, mais, en m’asseyant au bord du lit, toutes les vertèbres crièrent comme une crécelle. Je pris de l’air en supportant la douleur: j’étais en train de me mentaliser pour le pire. J’avais les médecines dans la cuisine; ainsi, je devais nécessairement me lever pour aller les chercher; sans ce faire, je les prendrais sur le lit sans essayer de me mettre debout. Je pris appui sur la table de nuit d’une main, et de l’autre sur le lit. J’ai pu ainsi étirer les jambes.

Bon, ça n’a pas été trop dur —me dis-je. Mais à peine ai-je donné le premier pas qu’une douleur intense m’a blessé comme une décharge électrique et a remonté depuis le talon au corps tout entier jusque dans la nuque. La douleur me fit presque couler les larmes des yeux; mais, avant d’y penser encore une fois, je me suis mis en marche jusqu’à la cuisine.

Je fis alors du café avec quelques gouttes de lait; chauffé jusqu’à le faire bouillir je le pris ensuite à la fois qu’une collection de pilules de toutes les couleurs. J’attendis les quinze minutes de rigueur tout en contemplant l’horloge numérique du four jusqu’à ce que les médicaments commencent à faire leur effet. Une fois terminé le rituel de tous les matins, et après que les articulations se soient bien chauffées, je pouvais réaliser une vie normale. Je m’habillais alors tranquillement et je sortais à sept heures moins cinq. Les quelques minutes qui restaient pour que l’heure soit complète étaient suffisants pour monter en voiture et parcourir les deux rues qui me séparaient de l’intendance.

Il s’agit d’une petite localité; d’un extrême à l’autre, on peut aller à pied en quelques minutes; et malgré tout, nous allons tous en voiture. En ce qui me concerne, mon âge et mes problèmes justifient cette façon d’agir; en ce qui concerne les autres, ça n’a pas de sens. Je suppose qu’en agissant ainsi, nous nous sentons des personnes plus civilisées. Pourquoi disposer d’une voiture et ne pas l’utiliser? Quoique celle-ci ne soit pas la question correcte, il faudrait dire plutôt: pourquoi acheter une voiture si tu n’en as pas besoin?

À peine sorti par la porte de chez moi, me reçoit la peu agréable et intense pluie qui me fait venir à la mémoire les problèmes dont nous souffrons ces derniers temps. De nombreuses fermes étaient inondées par l’eau, et nous devions y aller personnellement pour prendre l’information des dommages afin que, ensuite, les assurances ou le gouvernement s’en responsabilisent. Le ciel noir filtrait la lumière du soleil qui semblait illuminer tout de couleurs de tonalités grises. C’est ce temps humide que mes os ne pouvaient pas supporter; je devrais peut-être solliciter mon déplacement à une zone plus chaude pour pouvoir jouir de ma retraite. Les jours comme celui-ci me causent beaucoup de souffrances. Je ne me souviens même plus depuis quand nous souffrons ce mauvais temps; on dirait qu’il pleut depuis toujours; il m’était impossible de me souvenir d’un jour ensoleillé.

—Merde! dis-je, car je venais de mettre un pied dans une flaque d’eau du pavé en montant dans la voiture.

Après avoir passé un bon moment à cirer les chaussures en les laissant parfaitement propres, mes premiers pas à la sortie de la maison terminent en mettant les pieds dans la boue. Les jours comme celui-ci il vaut mieux rester chez soi. Le vieux Ford eut de la peine à se mettre en marche; le moteur à carburation ne supporte pas facilement l’humidité. Il pleuvait des hallebardes sur les pare-brises, et même avec la vitesse maximale, les essuie-glaces n’étaient pas à même de déloger l’eau. L’un de ces jours je dois en acheter d’autres dans un centre commercial; ceux-ci sont tellement usés qu’ils ne font que rayer le cristal.

Nous disposons d’un parking souterrain, mais personne ne l’utilise, on laisse toujours les voitures sur le trottoir, devant la porte d’entrée. L’idée d’arriver au bureau et prendre un bon café avec des madeleines renforçait ma bonne humeur.

—Bonjour, Jimmy. Où se trouve mon petit déjeuner? —demandais-je à mon compagnon.

—Mais dis donc, n’as-tu pas oublié ton rendez-vous avec le médecin?

—Maintenant?

—Bien sûr, à la première heure.

—Merde alors, je pensais que c’était plus tard.

Il ne manquait plus que ça pour commencer la journée; avoir un rendez-vous avec le docteur était pour moi fort désagréable; j’essaye toujours de me libérer des examens médicaux; mais ces derniers temps, les assurances de travail se montrent fort pointilleuses sur ces sujets et nous obligent à en faire une révision tous les trois mois. Il y a déjà plusieurs années que je ne me présente pas dans un établissement sanitaire; si j’ai des douleurs, je préfère aller à une pharmacie et prendre ce que le pharmacien me conseille. Le fait de passer toute la matinée dans une salle d’attente pleine de monde malade va au-delà de mes forces. Heureusement, je n’ai jamais eu besoin d’être admis dans un hôpital, sauf une fois, lorsque j’avais dix-sept ans, et l’on m’opéra d’appendicite. Aux médecins il vaut mieux les voir de loin; dès qu’ils voient en toi quelque chose, ils commencent à faire des examens, et avant de te rendre compte, tu te vois sur une table d’opération avec les tripes dehors. Malheureusement, cette fois-ci le rendez-vous est inévitable.

—Harry, en ce moment je n’ai rien à faire, si tu veux je t’accompagne, et après nous allons voir la ferme de Merkus.

—Markus Kiusak?

—C’est ça. Il paraît que le ruisseau qui traverse sa ferme est sorti de son lit; il faut rédiger un nouveau rapport.

—Ce sacré mauvais homme, qu’il périsse! —murmurai-je entre mes dents.

Depuis l’affaire de la petite Lisa, je ne puis plus regarder cet homme-là. Quoique les preuves jamais ont été trouvées, et que l’accusation a été rejetée, j’ai toujours pensé qu’il est coupable. Depuis ce drôle de jour, je le tiens parfaitement contrôlé, et je suis sûr que tôt ou tard il va commettre une erreur.

—Bien, sortons car je vais arriver en retard, et n’oublie pas que c’est à toi de payer aujourd’hui le petit déjeuner —dis-je fort convaincu.

—Dès que tu sortiras de l’examen médical je vais t’inviter à un café avec des gimblettes chez Alfred.

—Je doute qu’il soit ouvert si tôt.

—Hier c’était dimanche, et je ne crois pas qu’on ait fermé trop tard…

Rien que de voir l’endroit peint en blanc ça me cause un frisson extrême. Heureusement, à consultation de l’assurance il y avait habituellement peu de monde; il était possible de ne voir qu’une personne qui attendait, mais, dans ce cas-ci j’étais seul. Jimmy est resté en bas dans la jeep avec laquelle nous faisions le service. Il ne se passait jamais rien, mais il suffit que tu te fasses une embardée inattendue pour que l’on t’appelle à la radio pour quelque cas d’urgence. Je suis resté assis dans la salle d’attente pendant quelques minutes avant que l’on m’appelle. Quelques minutes s’étaient écoulées et je commençais à m’énerver; donc, je me suis rapproché de la porte et j’ai frappé avec le bout du doigt.

—Oui? Entrez s’il vous plaît.

—Bonjour. J’avais rendez-vous à la première heure du matin.

—Monsieur Swank, Harry Swank?

—Oui —répondis-je en me surprenant du ton de ma voix faible et tremblante.

Je me suis assis; pendant quelques moments il resta en silence et lisait mon historial clinique. Ensuite, il me posa de nombreuses questions. J’ai dû mentir à plusieurs reprises. Après, on passa à l’examen physique: ici je me trouvais réellement nerveux; j’avais la sensation que ce jeune docteur allait rapidement se rendre compte de mes mensonges, mais il ne dit rien pendant l’exploration. Il montrait un formulaire avec des dessins du corps humain sur lequel il y traçait des croix et des notes. Ma carrière était dans la main de ce grand garçon; il était incroyable qu’il ait eu le temps d’étudier à l’université. Si je le trouvais par hasard dans la rue, je ne lui donnerais plus de dix-huit ans. Après avoir réalisé sur moi de nombreux exercices en linge intérieur, il m’ordonna de m’habiller et de sortir dans la salle, car il devait faire une consultation sur certains aspects. Le local était vide et je me suis assis de nouveau dans l’un de ces sièges en plastique, unis entre eux par une poutre en fer et tous en rang. Il n’y avait pas de télévision et rien pour lire. J’ai essayé donc de me détendre et de ne pas penser aux résultats. J’ai fermé les yeux en respirant lentement, mais la douleur des os ne me laissait pas tranquille. Ainsi donc, le plan ne fonctionnait pas, et mon esprit ne voyait que l’image du jeune docteur en robe blanche m’interdisant le service.

La porte s’ouvrit finalement et le docteur apparut pour m’appeler. L’heure de la vérité est venue. Je me suis assis devant la table tandis que le médecin observait attentivement ma fiche. Je fus tenté de me lever et de m’en aller avant d’écouter des explications; j’étais sur le point d’exploser.

—Eh bien, monsieur Swank, je dois vous communiquer certains désagréables aspects. Si les données des preuves sont correctes, vous souffrez une espèce de déséquilibre neuronal qui pourrait aboutir sur des problèmes moteurs; nous pourrions parler de fortes douleurs dans les articulations et, en conséquence, d’une diminution de la mobilité. Vous dormez bien la nuit?

—Comme un bébé; en général, je dors toute la nuit, et je n’ai pas senti de malaise dans les articulations; bon, disons quelques petits malaises, certainement chose normale à mon âge.

—Voyons. Ce que vous avez entre dans le domaine de la neurologie; moi, je ne puis rien faire. Je vais signer ce rapport comme que vous êtes apte en vue du travail. Si dans les jours qui suivent vous sentez des malaises, venez me voir pour signer l’arrêt de travail pour vous.

—Bien, d’accord. Puis-je m’en aller? —j’avais envie de sortir de là au plus vite.

—Bien sûr; en ce qui me concerne, j’ai fini, mais n’oubliez pas dedemander un rendez-vous en vue de visiter un spécialiste avant de sortir.

Je me suis levé et j’ai abandonné la clinique au plus vite. C’est comme si j’avais ôté de dessus un lourd fardeau. Mon intuition allait dans le sens que la compagnie souhaitait ma permanence dans l’activité; cependant le docteur me parlait comme s’il s’agissait de mauvaises nouvelles, comme si j’essayais de demander un arrêt du travail. En ce qui concerne le rendez-vous avec le spécialiste, je pense le laisser pour plus tard. Pourquoi vais-je souhaiter que quelqu’un me parle de mes problèmes? Je les connais déjà suffisamment.

Dehors, je trouvais Jimmy à l’intérieur du land rover, les vitres couvertes de buée; il écoutait la radio et avait l’air ennuyé.

—Alors, comment ça va?, comment c’a été?, qu’est-ce qu’il t’a dit?

—Il m’a dit que je me trouve comme un garçon de quinze ans.

—Ah, bon! J’étais préoccupé vu le temps que tu y as passé. J’ai pensé qu’on a été en train de te changer quelques pièces.

—Oublie-toi de plaisanteries et allons chez Alfred car j’ai une faim de loup.

Le sacré mauvais temps ne cessaitpas; c’était un de ces jours où l’on croirait que le jour n’est pas encore arrivé, et le temps passe dans l’attente de voir apparaitre le soleil entre les nuages, mais la nuit vient sans s’en rendre compte. Les rues semblaient des rivières. Si cela continue ainsi, je me vois en train de leservice en barque. L’on dirait que ce mauvais et maudit temps se maintient en permanence sur nos têtes. Il vaut mieux penser à quelque chose de plus agréable, et sur ces petites choses qui font que le jour passe… et pour cela, la meilleure façon c’est de prendre les gimblettes de la bonne main de la femme d’Alfred.

De l’extérieur, le bar semblait fermé; on ne voyait personne à l’intérieur, et la porte était fermée. Nous avons laissé la voiture à un mètre de la porte; nous descendons et, en la poussant, elle s’ouvrit. Au fond du local, derrière le comptoir, se trouvait Alfred, le propriétaire du local et la personne qui le gérait. L’extérieur comme l’intérieur étaient couvert de bois, ayant ainsi l’apparence d’un cabaret classique. Nous nous sommes assis sur un tabouret pour déjeuner face au comptoir; le petit local ne disposait que de quelques tables, mais comme Alfred était un bon ami, il préférait manger derrière le comptoir. Nous pourrons donc parler avec lui. En fin, je me trouvais à l’aise en savourant les délicieuses gimblettes que sa femme préparait. Elle les faisait avec grand soin, y ajoutant diverses sortes d’ingrédients naturels. Il y avait une grande variété, depuis celles avec un peu de sucre glacé, jusqu’à celles au chocolat ou des fruits des champs. Le café était l’un des meilleurs de la ville, et on pouvait le comparer parfaitement avec les plus connus. Du coup, j’ai mis de côté tous mes problèmes en dégustant mon déjeuner pendant que le maître du local nous mettait au courant des dernières nouvelles, les habituelles en fin de semaine: un fermier quelconque qui buvait trop et faisait du vacarme.

—Il se fait tard; nous devons passer par la ferme de Merkus.

En entendant ces mots ma faim disparut de forme immédiate. Je n’avais nulle envie de voir ce type-là.

Le ciel, noir comme la nuit, s’illumina brusquement grâce à la lumière d’un éclair. Nous nous sommes mis en marche. Je suis monté et m’assis sur le siège du copilote et descendis la vitre, de telle façon que l’air frais puisse entrer en empêchant l’entrée de la pluie. La vieille voiture de surveillance était un désastre; les tapis étaient là depuis toujours, jamais on ne les avait changées ni nettoyées. L’humidité de l’air se condensait à l’intérieur où il se formait une espèce de brume dont l’odeur était celle des chaussettes usagées. Nous filons en empruntant la rue principale; ensuite, dans un croisement de rues, nous tournons à gauche et suivons une piste de terre. L’eau descendait de la montagne sans contrôle en formant de petits ruisseaux qui passaient d’un endroit à l’autre du chemin entraînant le gravier blanc.

—On dirait que cette fois-ci j’ai réussi à tromper ce médecin…

—Comment te sens-tu dernièrement?

—Tu sais bien que depuis des jours je ne puis pas fermer les yeux pendant la nuit à cause des douleurs; ils s’y ajoutent de fréquents lapsus de mémoire; c’est que les années ne passent pas gratuitement.

Jimmy était mon compagnon de travail depuis plus de vingt-cinq ans. En même temps, il était mon meilleur ami. Lui seul connaissait les problèmes qui m’affectent. Il était un bon policier et l’une des meilleures personnes que je connais, sur qui l’on peut compter pour le meilleur et pour le pire. Je le connus au travail. Je me souviens encore du jour de son incorporation et comment on lui faisait des brimades pendant toute la semaine; mais il n’y avait pas moyen de le mettre en rogne; il acceptait toujours les plaisanteries de la meilleure façon. Depuis plus de vingt ans en service tous deux, nous étions comme de la même famille; je fus même parrain de son mariage. J’ai toujours admiré sa façon d’être: il est capable de séparer son bouleau de la vie personnelle; moi, cependant, je ne l’ai jamais pu réaliser; pour moi, il n’y avait pas moyen de me libérer, surtout après le travail de recherche sur le crime de la petite Lisa.

Le land rover remontait la colline sur une forte dénivellation du terrain le long du chemin. Sur quelques tronçons, les roues piétinaient. Vraiment, la boue de la piste ne facilitait pas la conduction d’une voiture. Markus avait une de ces voitures japonaises excellentes pour se déplacer en ville, mais elle n’était pas à conseiller sur ces lieux. Cependant, son voisin possédait un land rover solide, une vraie antiquaille qui, dans de pareilles situations, lui rendait de grands services. Markus ne s’entendait pas très bien avec lui; en réalité, il ne s’entendait pas bien avec personne. Ainsi donc, en cas de besoin il devait se rendre jusqu’au village en marchant.

Nous sommes descendus de l’autre côté de la montagne vers l’intérieur de la vallée; tout de suite, nous avons vu sa ferme: un terrain clôturé et une petite maison en pierre au centre, à quelque vingt mètres du ruisseau.

—Va parler avec lui s’il te plait. Je préfère rester dans la voiture. Tu sais bien que nous ne nous parlons pas…

—Bon, d’accord, mais tu me dois une bière.

—C’est fait: après le travail nous en prendrons une.

—Demain, plutôt; aujourd’hui j’ai chez moi ma belle-mère et je dois y aller tôt.

D’accord, on le laisse pour demain, mardi. Attends un moment. Le mardi c’est le huit; c’est l’anniversaire de la mort de Lisa; j’ai promis à Margaret de l’accompagner au cimetière.

—C’est vrai. Ça fait combien d’années?

—Vingt ans demain.

—C’est incroyable comment le temps passe.

Je le pris par le bras au moment où il se disposait à sortir et lui remis les bottes d’eau qui se trouvaient derrière nos sièges. La zone était toute couverte d’eau, et dans les secteurs moins profonds l’eau couvrait plus de dix centimètres. Une fois chaussé de façon appropriée, il descendit et alla vers la maison; la constante pluie le frappait de côté et il lui a fallu se mettre le capuchon de la gabardine pour ne pas se mouiller la tête. J’ai pu contempler comment Markus est sorti le recevoir sur le porche. Ils ont parlé pendant quelques secondes et puis ils entrèrent dans la maison. Je me suis bien accommodé sur le siège à la fois que je me disposais à écouter la radio afin de chercher un poste émetteur intéressant. Presque toutes les émissions mentionnaient les inondations et les problèmes que la population est en train de souffrir avec une telle quantité de pluie. Différents experts discutaient sur le fait de savoir si c’était un phénomène occasionnel qui se présentait de façon isolée ou bien s’il s’agissait de quelque chose que l’on puisse attribuer aux problèmes d’ambiance et de changement climatique. D’une façon ou une autre, on ne parlait que de simples spéculations; j’ai donc changé de fréquences jusqu’à ce qu’une vieille chanson commença à sonner; il s’agissait probablement d’un poste émetteur qui transmet uniquement de la musique de rock des années soixante. Quand mon derrière commençait à s’endormir du fait de passer tout ce temps assis sans bouger, Jimmy entra dans la voiture.

—Qu’y a-t-il?

—L’eau lui est entrée jusque dans la cuisine; en plus, tout le terrain de la partie postérieure est couvert par l’eau; là il avait planté des carottes et d’autres produits. J’ai fait un rapport pour qu’il puisse l’envoyer aux responsables de l’assurance.

—Ce maudit travail devrait le faire l’expert de la compagnie; on nous oblige de plus en plus à faire des bêtises; il y a des jours où je ne sais pas si je suis policier ou plombier.

Sur le mêmechemin on fit demi-tour, en prenant soin de ne pas tomber dans le fossé, puisque l’eau empêchait de voir l’inclination et la profondeur du fossé. Ensuite, nous nous sommes dirigés vers la droite. Je regardais fixement le visage de Jimmy en lui demandant où nous allions.

—Nous devons aller voir un moment le vieux Nelson; Markus m’a commenté que son chien ne cesse pas d’aboyer depuis plusieurs jours.

Le vieux Nelson vivait à environ quatre cents mètres de Markus; malgré qu’ils étaient les seuls habitants de la vallée, ils ne se dirigeaient pas la parole. De toute façon, on ne pouvait rien lui reprocher.

Le vieux Nelson était un savant authentique, une preuve bien claire que l’on peut être heureux sans être trop exigeant. Avant de le connaitre, j’avais toujours l’idée que pour survivre il fallait travailler dur; mais lui, non seulement il savait employer le système D, sinon qu’il était persuadé que l’on peut vivre de manière très simple. Sa propriété était plantée, tout autour, d’arbres fruitiersqui n’exigeaient que peu de soins; il suffisait d’allonger les bras pour cueillir les fruits une fois mûrs.

Il avait des fruits frais en toute saison; l’année entière il avait des confitures qu’il préparait lui-même. Un tas de poules lui fournissaient des œufs frais, et deux chèvres —en liberté dans la ferme— lui procuraient du lait avec lequel il faisait ses bons tés, une délicieuse infusion d’intense saveur. Comme il avait du lait en surplus, il l’employait pour faire du fromage. El aussi des amandes, des noisettes, des noix et d’autres fruits secs; il les conservait dans de petits sachets pendant toute l’année. Au bout du terrain, il installa deux ruches qu’il construisit en bois. De cette façon il disposait du meilleur édulcorant pour ses infusions. En plus, il s’entretenait souvent en travaillant son petit jardin potager où il produisait une grande variété de produits. Il consommait peu de viande et beaucoup de verdures; il se maintenait ainsi en bonne santé malgré l’âge.

Le matin, quand il faisait du beau temps, il allait pêcher dans la rivière; ça lui permettait de disposer de truites excellentes. Sa maison n’avait pas de courant électrique, mais il n’en avait pas besoin. Surtout, il aimait lire; en hiver, il profitait des longues nuits pour lire assis à côté du poêle, illuminé grâce à des chandelles, produit de la cire de ses abeilles, des huiles végétales ou de l’alcool éthylique d’élaboration propre, quoique pour certaines personnes, c’était une stupidité de le brûler au lieu de le boire.

Il avait passé presque toute sa vie là; ses enfants, déjà adultes, étaient partis en ville pour y travailler il y a déjà longtemps. Ils venaient le voir seulement de temps en temps. Sa femme était morte l’hiver dernier; depuis, il s’arrange comme il peut. Il avait une petite chienne, un pointer qu’il appelait Lune et qui lui faisait compagnie. Ce qui me préoccupait de cette affaire c’était que, au moins depuis trois jours, on ne le voyait pas dans le village; vu son âge, un jour ou l’autre il allait créer en nous une certaine préoccupation.

Cette fois-ci, nous sommes descendus tous deux de la voiture; on croyait ne pas avoir besoin des bottes d’eau; ce fut une mauvaise idée puisque le terrain était complètement imbibéd’eau; la terre avait absorbé toute l’eau et semblait la crème d’un gâteau. Les chaussures s’adhéraient au sol comme des ventouses, et en allant faire un tour, j’ai perdu l’une de mes chaussures, je me maintenais en faisant des équilibres avec une seule jambe, essayant de faire marche arrière et remettre le pied dedans. L’objectif ne réussit pas, j’ai perdu l’équilibre et j’ai mis les pieds dans la boue jusque la cheville. Une fois solutionné le problème nous avons remonté les marches du porche.

C’était une maison en bois peinte en couleur blanc; dans ses meilleurs moments, elle faisait l’envie des habitants de Fordwood; mais ces derniers temps elle n’avait plus son bon aspect, exigeant maintenant une bonne couche de peinture et des aménagements.

—Ding dong, ding dong! Nel! Nel, tu es là? —j’ai tiré deux fois sur la corde de la petite cloche; ensuite, je l’ai appelé à haute voix.

Une mauvaise sensation parcouru mon corps. Pendant quelques secondes nous avons attendu une réponse. Ensuite, j’ai mis la main sur le pommeau doré de la porte pour voir si elle était ouverte. Juste au moment où nous allions entrer, j’ai entendu la voix de Nelson.

—J’y vais, j’y vais!

Ce fut un soulagement d’écouter sa voix et de le voir apparaitre de façon décidée. Apparemment il avait une excellente santé. Il nous invita à entrer; nous nous sommes assis au salon, près du poêle chauffé au bois où nous rapprochions les pieds pour qu’ils sèchent. Aimablement, il nous invita à prendre du thé. Il n’avait pas souvent de visites, mais il essayait de se montrer toujours fort hospitalier. Tandis que nous sentons de la chaleur en prenant le thé à petites gorgées, nous avons fait allusion au chien. D’abord, il commença par disqualifier son voisin; j’étais totalement d’accord avec lui. S’il y avait une loi quipermettait d’être expulsé du village, je me chargerais tout de suite de la faire accomplir; mais, jusqu’à maintenant nous n’avons rien contre lui, uniquement une supposition qui, en ce cas, s’est transformée en certitude.

—Je ne sais pas ce qui se passe avec Lune; je pense qu’elle a de la fièvre; je serais déjà allé voir le vétérinaire si ce mauvais temps me l’avais permis.

Il aimait bien sa petite chienne car elle seule écoutait ses lamentations. Nous nous sommes offerts pour l’accompagner au vétérinaire; nous ne pouvions pas refuser de rendre ce service au vieux Nelson. Ainsi donc, il nous laissa toute la documentation sur l’animal et elle vint avec nous.

Celui-ci a été un jour ordinaire comme presque chaque jour. Généralement, on essayait de rendre quelque service à la communauté; on perdait bien d’heures à remplir des formulaires. De toute façon, nous nous sentons fort réconfortés chaque fois que nous avons prêté de l’aide à nos voisins.

En peu de temps nous nous sommes présentés devant Richard, le vétérinaire et un bon citoyen et ami; je le visitais quelquefois afin de me procurer une médecine qui puisse soulager mes douleurs, évitant ainsi d’aller chez le médecin. C’était un homme haut et mince avec une moustache touffue.

—Voyons; qu’est-ce que tu as, ma petite? Mettons-la sur la table afin de pouvoir l’ausculter. Voyons, bon… On dirait qu’elle n’a rien de grave; elle aura simplement attrapé froid. Je vais lui donner quelques pastilles et, en peu de jours, elle se sentira comme neuve. Mes meilleurs souvenirs à Nelson, et communiquez-lui que lorsque j’aurai un moment libre je lui ferai une visite.

Aujourd’hui, on dirait que tout va très bien.

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